L’enfant qui tape… Voilà un des comportements les moins facilement acceptés par la société. Et pourtant, c’est un comportement qui se présente très fréquemment. Ce n’est pas du tout anormal de voir un enfant, même tout-petit, adopter un comportement agressif. Pourquoi l’enfant tape-t-il ? Comment y réagir ? Comment l’aider à évoluer dans sa maturité et à réagir autrement ? Autant de questions auquel cet article cherche à répondre.

(Au passage : je m’interroge sur cette société qui considère qu’un enfant qui tape se comporte mal, mais trouve au contraire normal qu’un parent tape son enfant pour lui apprendre à bien se comporter…

Cette contradiction est évidemment à noter dans les bonnes raisons de ne pas taper son enfant.)

Commençons déjà par nous interroger sur les causes. Il est toujours plus efficace de chercher la raison derrière le comportement que de s’adresser seulement au comportement lui-même, c’est à dire à la manifestation extérieure du problème.

Pourquoi tape-t-il ?

En général, quand on en arrive à frapper, c’est qu’on se sent démuni. Frapper, pour un enfant – comme pour un adulte – est un aveu d’impuissance. Celui qui frappe croit qu’il n’a plus d’autre solution !

Plus l’enfant est jeune, moins il a eu le temps de développer des solutions alternatives. Logiquement, un enfant de 2 ans est encore en recherche d’options.
Il est donc assez logique pour lui de taper celui qui l’agresse (en tout cas selon son ressenti), c’est sa manière de se défendre.
Et voilà comment son parent se retrouve sur internet à taper « mon fils de 2 ans tape tout le monde »… à la recherche de solutions !

C’est en grandissant que l’enfant va développer d’autres solutions, moins violentes, et nous pouvons l’y aider.
Et cela prend plus ou moins de temps en fonction des enfants. Certains (surtout s’ils sont hypersensibles) tapent encore à 6 ou 7 ans. Rien d’inquiétant, mais ça vaut la peine de l’accompagner.

Le cerveau de l’enfant est encore en développement. Il apprend énormément, et a des capacités que nous, adultes, n’avons plus. A l’inverse, certains de ses circuits ne sont pas encore complètement mûrs. En particulier, toute la partie de gestion des émotions et des sentiments. Voilà pourquoi un jeune enfant peut se jeter par terre pour hurler et taper des pieds quand il fait face à une trop grande frustration !

Si nous ne faisons jamais ça au bureau, c’est bien sûr parce que nous avons enregistré certaines règles sociales, mais pas seulement ! Nous avons aussi une capacité à processer nos émotions que l’enfant n’a pas encore. Cette partie du cerveau ne sera complètement développée qu’à 25 ans…

Il revient donc au parent d’accompagner l’enfant dans son vécu de l’émotion.

Pour cela, un outil central  : recevoir l’émotion en question !

Il est difficile de vivre sa colère, mais si en plus, la personne qui nous fait face nous commente : « Arrête de t’énerver ! », on va plutôt exploser ! Face à un enfant en colère, on commentera donc plutôt : « Tu sembles très énervé ! ». Le simple fait de voir que l’émotion est perçue par l’entourage aidera à calmer l’enfant.

Si, comme dans le cas qui nous intéresse, l’enfant va jusqu’à en taper un autre (ou un parent), on peut également constater cela : « Tu es tellement énervé que tu n’as pu t’empêcher de me taper ! ». Ce n’est pas la peine de le nier, c’est un fait. On l’observe, c’est tout. Ca ne veut pas dire qu’on est d’accord. On va au contraire passer le message à l’enfant que les émotions sont toutes permises, mais que les actes ne le sont pas. Parce qu’il reste vrai que taper l’autre est inadmissible. On peut donc exprimé notre mécontentement, avec fermeté, et bienveillance à la fois : « Je vois que tu es très énervé ! En même temps, je ne peux pas te laisser taper ton frère. Il va falloir trouver d’autres façons d’exprimer ta colère ! »

Le modèle

Un enfant reproduit ce qu’il observe. Donc, plus l’enfant verra autour de lui des adultes qui tapent, plus il tapera lui-même. Comme nous le disions en début d’article, si nous voulons que notre enfant apprenne à ne pas taper, le premier principe à suivre sera évidemment de ne pas le taper !! Jamais. C’est aussi simple que cela. C’est aussi inadmissible que le fait qu’il frappe ou morde quelqu’un. Si nous voulons lui enseigner le respect des autres, nous devrons lui montre comment cela se vit, verbalement, même lorsque nous perdons patience.

Et si nous sommes à court d’alternatives, passons le temps qu’il faudra à développer d’autres compétences, nous gagnerons bien plus de temps à long terme qu’en entrant dans un rapport de force ou une lutte de pouvoir qui va encourager sa rébellion.

Le temps de pause

L’outil le plus essentiel pour éviter d’exprimer sa colère de telle façon, c’est de prendre un temps de pause.
Là encore, cette méthode est valable autant pour les enfants que pour les parents.
Un temps de pause, cela signifie qu’il faut s’extraire un moment de la situation.

Attention cependant : nous ne sommes pas dans le schéma de l’isolement « pour y réfléchir ». Car, en étant submergé par la colère, on n’est pas capable de réfléchir !! Le vocabulaire utilisé, le ton, notre présentation des choses enfin, fera toute la différence.

Le message : « Je vois que tu es trop énervé pour pouvoir parler pour l’instant. Je te propose de prendre un temps de pause, pour laisser la colère retomber. »

L’idée est qu’il prenne le temps de se reconnecter à lui-même. Alors seulement, il sera possible de parler de la situation.

L’idéal serait de pouvoir l’y aider, l’accompagner dans cette démarche. Surtout pour les plus jeunes.

Cependant, ce n’est pas toujours facile. Je suppose que cela dépend également du parent. De mon côté, je sais que je ne suis pas capable de faire face trop longtemps à une tempête émotionnelle : si je prends trop sur moi pour cela, je serai tellement tendue que c’est ensuite moi qui me mettrai à crier, ce qui n’est pas souhaitable non plus !! Alors, je m’écoute. Lorsque je suis sereine, je reçois et j’écoute tout en continuant à parler doucement. Parfois, je fais appel à l’image de la coupe pour recevoir les pleurs de l’enfant, qui me permet de m’en détacher.
Et puis, lorsque je sens que je ne le peux pas, que je dois également prendre soin de moi pour pouvoir prendre soin des enfants, je fais le choix de laisser le temps à l’enfant de son côté. « Je comprends que tu aies besoin de temps. Tu peux aller pleurer dans ta chambre, si tu veux. »

Jane Nelsen (auteur de la discipline positive) suggère même la création d’un endroit spécial pour le retour au bien être. Cet endroit peut avoir été conçu avec l’adulte en dehors d’un moment de colère. L’enfant peut alors décider d’y mettre un coussin, un livre, ce qu’il veut pour l’aider à se sentir mieux.

Cette méthode est également à utiliser lorsque les enfants se tapent entre eux. Bien sûr, il faudra intervenir, et poser un cadre solide. Mais pour commencer, il vaut mieux les séparer.

Là encore, l’intonation joue un rôle clef. Nous ne choisirons pas de les séparer avec des mots associés à la punition tels que « Chacun dans sa chambre ! Et vous n’en sortez pas avant que je vous le dise ! », mais plutôt : « Je vois deux enfants très énervés, et je crois que vous avez besoin d’un temps de pause. »

Prévenir plutôt que guérir

Autant lorsque l’enfant est sous le coup de la colère, il est impossible de l’atteindre, autant en parler avec lui pendant un moment calme sera une bonne idée.

Plus nous parlerons avec l’enfant de ce que sont les émotions, mieux il pourra les comprendre et les contrôler. Il ne les maîtrisera pas forcément, et ce n’est pas ce que l’on cherche, mais il réagira différemment à son mécontentement.

Donnons-lui le vocabulaire qui convient pour qu’il puisse communiquer ce qu’il ressent, et cherchons des options avec lui :  « Ecoute, je vois que tu as encore du mal parfois à exprimer ta colère autrement qu’en frappant. Est-ce que tu voudrais qu’on réfléchisse ensemble à d’autres façons de réagir ?  »

Et les autres façons de réagir ne manquent pas :
respirer, dessiner sa colère, s’isoler (dans un coin de retour au calme conçu pour, comme évoqué précédemment, c’est encore mieux !), compter jusqu’à 10, courir autour de la table, aller crier dans le jardin…
Une bonne manière d’exposer ces alternatives peut être de construire avec l’enfant une roue des options !

Lorsque l’enfant tape, développer son empathie

Je me joins à Jane Nelsen pour dire que chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.

Lorsque l’enfant tape, il fait une erreur. Ne lui tombons pas tout de suite dessus, il a besoin d’apprendre.

Que va-t-il apprendre cette fois ? L’empathie !

Lorsqu’il sera en mesure de nous écouter (inutile, je le répète, d’essayer de lui parler tant qu’il est sous le coup de la colère), nous pourrons l’encourager à essayer de se mettre à la place de l’autre : « Je crois que tu as fait mal à ton copain. As-tu vu qu’il s’est mis à pleurer ? Sais-tu pourquoi ? »

Un exemple incroyable d’accompagnement de l’enfant vers l’empathie après un épisode où un enfant tape l’autre :  celui du blog Happynaiss avec ses filles.

Lorsque j’ai un épisode de geste violent entre mes plus jeunes, j’en profite pour leur parler de nos valeurs familiales. Je leur explique que dans notre famille, nous aspirons à nous sentir en sécurité. En général, ils sont d’accord sur l’idée ! Et c’est déjà un vrai pas en avant. Cela m’encourage à avoir confiance. Confiance dans le fait qu’en grandissant, ils sauront réagir différemment. Ils sont en train d’apprendre la sociabilisation, et ce n’est pas une mince affaire…

Et si l’enfant nous tape ? Poser nos limites.

Si l’enfant nous tape, c’est encore une opportunité ! L’opportunité de lui donner l’exemple de ce que l’on peut faire lorsque quelqu’un nous tape. Parce que l’enfant apprend par l’exemple, notre façon de réagir l’inspirera le jour où cela lui arrivera. Cela peut nous aider à décider comment nous réagirons face à lui, conscients de l’exemple que nous sommes en train de lui donner.

Pour cela, prenons le temps d’y réfléchir : imaginons qu’un camarade lui donne des coups. Comment voudrait-on qu’il réagisse ? C’est probablement de là qu’il faut partir pour décider comment nous réagirons face à lui.

Je ne sais pas quelle sera votre réponse face à cette question. Chacun la sienne.

De mon côté, je n’ai pas envie qu’il réagisse en rendant les coups (à son petit frère qui n’aura pas encore appris à se contrôler par exemple), ni pour autant qu’il accepte juste de recevoir des coups.
Non, je voudrais qu’il sache poser ses limites, et communiquer le fait qu’il n’est pas d’accord.

Alors, c’est ce que je vais faire.

Je ne le laisse pas me taper, et je le lui dis clairement et fermement : « Je sais que c’est difficile pour toi. En même temps, je refuse de me laisser frapper.« .
Ainsi, je reçois sa colère, je ne l’humilie pas, je suis juste ferme sur ma position. Et si cela ne suffit pas, j’agirai, en m’éloignant, et en restant hors de portée.

Après l’épisode, et pour que ce soit clair, j’en parlerai avec mon enfant.

Je chercherai d’abord à « prévenir plutôt que guérir », comme évoqué plus haut : « Je vois que parfois, tu es tellement énervé que tu as envie de me taper. Tu as le droit d’être d’énervé, mais pas de me frapper. On peut chercher ensemble d’autres moyens d’exprimer ta colère si tu veux. ». Si cela est trop fréquent, je le préviendrai également de la conséquence dans le cas où il n’y parviendrait pas : « Si à un moment où tu n’y arrives pas, tu recommences à me frapper, je changerai de pièce. Je serai ravi(e) de revenir te parler et t’écouter si tu le veux lorsque tu seras prêt à communiquer avec moi sans me taper. »
Ainsi, si cela recommence, effectivement changer de pièce, simplement. Sans trop commenter.
Soit en disant juste : « Tu es énervé. Je ne veux pas me laisser taper. », soit même en ne disant rien, puisqu’il le sait déjà. S’en aller, simplement.
S’il se calme et revient, parfait.
S’il hurle, à nous de revenir au bout d’une minute, et demander : « Je voudrais bien t’aider. Es-tu prêt à ne plus me frapper ? » Simplement.

Parce que c’est bien ce que je voudrais que mon enfant fasse si quelqu’un le tape. Qu’il s’en aille. Pas qu’il se laisse taper. Je lui donne ainsi le modèle de comment poser ses limites physiques. Je me respecte moi-même et lui montre comment faire.

La courbe d’apprentissage

Dans cet apprentissage, comme pour n’importe lequel, le temps est clef. Rome ne s’est pas faite en un jour.

Chez nous, à un moment, on répétait : « on ne tape pas, on ne pousse pas, on exprime sa colère avec des mots ». Parce que mon 3e tapait régulièrement mon 4e.

En théorie, ma priorité était claire : je voulais qu’il apprenne à s’exprimer. Que sa colère ne soit plus communiquée par des gestes, mais verbalement, par des mots. Et, en même temps, je ne voulais pas non plus qu’il crie ! Puis j’ai compris qu’il fallait laisser le temps de l’apprentissage, alors j’ai accepté les cris. Parce qu’il valait mieux qu’il crie plutôt qu’il tape..

Parfois, il faut savoir gérer les priorités, ne pas s’attaquer à tout à la fois.

Et sur son chemin, l’enfant a également besoin de se construire. De construire une image de lui-même selon laquelle il est capable de réagir sans taper. Alors, plutôt que d’insister sur le fait de ne pas taper lorsque cela lui arrive, remarquons plutôt les moments où cela se passe bien.

Ainsi, dans cette période évoquée ci-dessus, je notais : « Dis donc, je t’ai entendu crier, tu étais très enervé !! Et tu as réussi à le dire sans frapper. » Pas besoin de compliment, rien que le fait que vous l’ayez noté suffit ! Ca aide l’enfant à changer l’image qu’il a de lui-même. Parce que si on passe trop de temps à lui dire tout ce qui ne va pas, il ne voit plus qu’il sait faire autrement.

Plus tard, on a travaillé sur les cris…

La clef donc : ne pas se désespérer, persévérer, et surtout, surtout, avoir confiance. Votre enfant apprendra. C’est certain.

Et si vous voulez télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

« Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ou exagérons-nous leur faute pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? »

Cette phrase, issue du livre d’Isabelle Filliozat : Il n’y a pas de parent parfait m’a vraiment laissée songeuse…

Car, c’est certain, face à nos enfants, nous avons une forte tendance à la dramatisation.

Voici ce dont je vous parle dans ce podcast, à travers une anecdote vécue :

Cliquez sur Play pour l’écouter.

Note : Ce podcast reprend à peu de choses près un article que vous avez aimé :
Exagérer les fautes de nos enfants, une manière de se justifier

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Exagérer les fautes de ses enfants 

Bonjour les parents positifs!

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Nous parlons aujourd’hui de la colère parentale. Celle-là même, contre laquelle nous cherchons régulièrement à lutter, et qui revient systématiquement. Vous avez remarqué que nos enfants sont souvent sujet à notre colère, beaucoup plus que d’autres en fait. 

Si un de nos amis renverse un verre, c’est pas grave. Si c’est son enfant, parfois, il ne l’a pas fait exprès. Si c’est le nôtre, il aurait pu faire attention. 

Il y a une citation d’Isabelle Filliozat, qui m’est restée en tête pendant un bon moment et qui m’a laissé songeuse, elle est extraite de Il n’y a pas de parents parfaits. Elle écrit : “Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et qui dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ? Ou exagérons-nous leurs fautes pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? ” 

Alors vraiment ça, c’est intéressant ! Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ? Ou exagérons-nous leurs fautes pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ?

Exemple sur l’exagération des fautes de nos enfants

J’en ai eu  un exemple l’été dernier ! C’était le moment de préparer les valises, parce que nous allions changer d’endroit. J’avais eu une semaine tendue, beaucoup de stress à l’extérieur. Et au moment de préparer les valises, j’aurais voulu que tout se passe facilement. 

Seulement, évidemment, les enfants avaient autre chose en tête que de faire leurs valises, de ranger leurs jouets, et de vérifier sous les lits. Toujours est-il que, tandis que j’étais encore en train d’aider les petits, je vois que les chaussures de mon grand traînent au milieu de la chambre. Et je m’énerve !

Une chose en amenant une autre, on se dispute et je sors de la chambre dans un état de colère forte. Et je me justifie : “Oui, mais aussi, il aurait pu ne pas laisser ses chaussures au milieu de la chambre ! Pourquoi il fait ça ? Alors que je lui ai demandé, une fois, deux fois… ! Et alors, les chaussures…

Oui, d’accord. Lorsque je me calme, je me dis : “Alors, attends, il avait laissé ses chaussures au milieu de la chambre. Soit, il n’aurait pas dû. Mais vraiment, est-ce que je ne suis pas en train d’exagérer sa faute pour me justifier ?

Si, je crois que c’est ce que je fais. J’avais d’autres raisons d’être en colère, d’être stressée, et j’ai versé mon stress sur lui. 

La figure d’attachement

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’on s’autorise à verser notre colère sur ceux qui nous semblent plus proches ? 

On ne ferait pas ça avec des étrangers ou avec des amis. Pourquoi le fait-on sur nos conjoints, sur nos enfants ? D’un certain côté, je me dis que c’est un peu comme la figure d’attachement

Vous savez, la figure d’attachement, c’est ce concept qui veut que notre enfant se dévoile plus en tant que lui-même, avec ses sentiments, avec ses émotions, devant nous que devant d’autres. C’est ce qui explique qu’un enfant qu’on a laissé pendant plusieurs heures avec quelqu’un d’autre, se soit “bien comporté”. Et qu’au moment où on le retrouve, il se mette à pleurer, pleurer et faire des crises. En fait, il se sent en sécurité avec nous. Nous sommes sa figure d’attachement. Il peut se montrer tel qu’il est avec ses stress, avec ses peurs, avec ses difficultés.

Parfois, je me dis que la figure d’attachement, ça marche aussi dans l’autre sens. Nous aussi, nous pouvons nous montrer tels que nous sommes devant notre famille. Nous n’avons pas de risque qu’ils nous abandonnent. Nous sommes en sécurité. 

Pour autant, c’est intéressant d’y réfléchir pour éviter de trop l’utiliser, parce que ce n’est pas ce qui va nous aider à rendre nos relations harmonieuses en famille. Alors, je sais qu’on ne se débarrassera jamais de tout ça parce que, comme le dit Isabelle Filliozat dans cette citation : “Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse”. Oui, il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse. Et il se passera toujours quelque chose en nous qui nous dépasse. 

Au fur et à mesure qu’on avance sur le chemin de la parentalité positive, on apprend à mieux se contrôler, à mieux s’écouter. On apprend à exprimer notre colère d’une autre façon. De façon beaucoup moins blessante que ce qu’on avait l’habitude de faire avant. Et on apprend à mieux gérer les situations. Pour autant, de temps en temps, il se passera encore quelque chose en nous, qui nous dépassera.

Le principe de réparation

Et lorsque ça arrive, nous avons le choix. Je pense que, comme le dit Jane Nelsen :  “Chaque erreur est une opportunité”. En l’occurrence, c’est l’opportunité de montrer ce qu’est le principe de réparation à nos enfants. Et c’est ce que j’ai choisi de faire cet été, une fois que je m’étais accordée mon temps de pause, après que je me sois calmée, je suis retournée voir mon fils de presque 15 ans et je lui ai expliqué ma situation. Je lui ai expliqué pourquoi j’étais stressée. Pourquoi j’avais vraiment envie que les valises soient faites vite pour me sortir de cette situation. Et que je m’en voulais d’avoir évacué mon stress sur lui et que les chaussures au milieu de la chambre ne le justifiaient pas. 

Je pense qu’en faisant ça, je lui ai d’une certaine façon donné un modèle. Un modèle de ce qu’on peut faire quand la situation nous échappe, quand ça nous dépasse. Et depuis, je l’ai vu lui-même le faire. Après des moments de colère, il commence à être capable de revenir vers nous et de dire : “Je suis désolé de m’être emporté comme ça. Je n’aurais pas dû. J’étais énervé pour autre chose”.

Et peu à peu, on progressera ensemble! 

Voilà, c’était la réflexion du jour ! J’espère que ça vous a aidé dans votre cheminement. 

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A bientôt !

Lorsque l’on évoque l’idée d’autonomie de l’enfant, on pense souvent au fait de laisser les enfants faire seuls.
Et c’est effectivement fondamental.
Cependant, la notion d’autonomie ne s’arrête pas là, surtout pour les plus enfants plus âgés.

Car, s’il est vrai que les jeunes enfants aspirent à faire seuls et que respecter cette aspiration les aide effectivement à développer leur autonomie, un autre aspect prend de plus en plus de place au fur et à mesure que l’enfant grandit : celui qui veut que l’autonomie se situe également au niveau de la prise de décision, de la prise de responsabilité.

D’une certaine façon, cet aspect-là est présent dès le départ.
Nous le trouvons déjà dans les notions clefs de la pédagogie Montessori, ainsi que dans Les lois naturelles de l’enfant présentées par Céline Alvarez.
Mais le challenge pour nous parents, pour aider l’enfant à développer son autonomie, n’est pas le même en fonction de l’âge de l’enfant.

C’est pour cette raison que cet article sera écrit en deux parties :
Je laisse Floriane, du blog Parents naturellement, vous parler autonomie, en abordant la question du jeune enfant, comme elle sait si bien le faire, tandis que je m’intéresserai ici au cas de l’enfant un peu plus grand.

Et je crois que pour cet enfant plus grand, lui donner de l’autonomie, cela signifie surtout le laisser être en charge de ce qui le concerne.

Un exemple

Il y a peu, j’avais un rendez-vous avec la directrice du primaire (pour discuter de comment je pourrais aider à mettre en place la discipline positive dans la classe !!).
J’attendais donc dans l’entrée, à côté du bureau de la secrétaire.
Or, les élèves arrivant après la sonnerie doivent retirer un bon de retard avant d’aller en classe.

La cloche sonne, et les élèves continuent d’arriver. Ils sont nombreux à venir chercher leur bon de retard. Je n’y fais d’abord pas bien attention, puis je me mets à observer.
Une maman arrive, avec ses deux enfants, de 9 et 7 ans environ.
Ils entrent tous les 3 dans le bureau, elle est devant eux, donne leur nom à la secrétaire qui remplit les bons, prend les bons, et ressort en demandant à ses enfants de la suivre.
Une minute plus tard, une autre maman arrive, avec sa fille, dans les 7 ans. Elle laisse sa fille entrer dans le bureau, en restant à la porte. La fille s’approche du bureau, donne son nom, prend le papier, et rejoint sa maman.
Je reste songeuse. Je me dis que c’est à travers ce genre de scène qu’on peut deviner à quel point la maman laisse ses enfants assumer leur rôle. Agir par eux-mêmes lorsque cela les concerne.
Je ne préjuge pas de ces familles au quotidien, il faudrait voir plus d’une scène de leur vie pour en savoir plus, personne n’est constant dans ses attitudes ! Je dis seulement que ce genre de situation est exactement de celles qui nous permettent d’aider nos enfants à être autonomes, ou non.

Ainsi, donner de l’autonomie à l’enfant est une démarche quotidienne, à attaquer sur plusieurs fronts.

L’autonomie “physique”

L’autonomie physique, c’est probablement l’angle le plus simple par lequel aborder la question d’autonomie. Parce que c’est celle qui fait le lien avec l’enfant plus jeune.

On va cependant viser de plus en plus haut, au fur et à mesure que notre enfant grandit.

1er exemple : la douche

Ainsi, que l’enfant de 9 ans puisse s’habiller tout seul et se doucher tout seul, c’est évident. Mais devez-vous encore lui enjoindre d’aller prendre sa douche ?

Si c’est le cas, je vous suggère de ne plus le faire. Il est également capable de le faire.

Bien sûr, j’ai déjà entendu des mamans me répondre : “Ah, si je ne le lui dis pas, il ne se lavera pas !”. Ok. S’il a pris l’habitude de ne se doucher que lorsqu’on lui en donne l’instruction, il n’est pas question de le laisser à la dérive du jour au lendemain. Il s’agira plutôt de le mettre en situation de réussite.

“Mon enfant, je réalise que je te rappelle encore régulièrement de te doucher, alors que je pense que tu es tout à fait capable de savoir seul si tu en as besoin. Je te propose donc de te laisser en charge de cette question dorénavant. Est-ce que ça te convient ? Comment penses-tu faire pour ne pas oublier ?”

Vous serez peut-être surpris de constater qu’il/elle est bien plus capable que vous ne le pensez !

Et puis, réfléchissons bien. Qu’est-ce qui est le plus important ? Qu’il soit propre demain, ou qu’il apprenne à se prendre en charge, et à savoir compter sur lui-même plutôt que sur vos instructions ?

Alors, lorsque vous vous lancerez dans l’aventure, laissez-lui du temps. Le temps de l’apprentissage. Ne lui tombez pas dessus le lendemain pour lui dire qu’il ne s’est pas douché. Laissez passer une semaine, puis demandez-lui, sans jugement, et sans reproche : “Alors, comment ça se passe au niveau douches ?” , et vous verrez qu’il cherche vraiment à trouver un fonctionnement qui lui convienne. On ne réussit pas toujours du premier coup, et ça fera partie de son expérience !

Ma fille de 10 ans se charge de ses douches depuis plusieurs années.

Alors, c’est vrai, il arrive encore, de temps en temps, dans des contextes particuliers (pendant les vacances par exemple) que quelques jours passent sans douche… mais l’un dans l’autre, elle retombe toujours sur ses pieds, et elle sait que ses douches ne me concernent pas !

2ème exemple : la lessive

Ensuite, on peut décider d’aller plus loin, en incluant les enfants dans d’autres aspects du fonctionnement de la maison.

Ainsi, mes grands (de 15 et 10 ans) sont en charge de la préparation d’un dîner par semaine. Non seulement cela leur permet d’apprendre à le faire, mais également de sentir qu’ils contribuent à la famille !

Depuis 2 mois, ils sont également en charge de la lessive de leurs draps. Nous en avons parlé avant l’été, et ils se sont mis d’accord pour un lavage deux fois par mois, à date fixe. C’est l’occasion pour eux de collaborer, selon le partage des tâches qu’ils ont décidé ensemble : chacun défait son lit, ma fille lance la lessive, mon fils la passe au sèche-linge et remet les draps propres en boule sur les lits, chacun refait son lit !

Pourquoi ne l’avais-je pas mis en place plus tôt ? Probablement parce que je n’avais pas réfléchi à ce que je pouvais faire pour les aider à avancer vers plus d’autonomie…

Pourtant, je sais bien que les encourager à prendre leur part en charge est la meilleure manière de leur prouver indirectement qu’ils en sont capables, et de développer leur estime de soi en même temps que leur indépendance ! (Tout en m’allégeant, même si ce n’est pas l’objectif premier ! C’est du gagnant-gagnant !)

Comme ça fonctionne bien, j’ai envisagé de leur faire aussi faire les lessives des vêtements, mais c’était un peu plus compliqué. Nous avons ici (à Puerto Rico) des machines énormes, où nous lavons le linge de tous. Pas possible de mettre chacun en charge de sa lessive.

Sauf que.. depuis le passage de l’ouragan, et au moment où j’écris ces mots, notre utilisation électrique est comptée, et nous faisons maintenant des cycles de lessives rapides de 15 minutes, très peu remplies. C’est devenu une opportunité : ils sont à présent chacun en charge de faire leur lessive et de l’étendre. Je pense même enseigner cela à Léon, qui vient de fêter 6 ans.

Je crois que, quel que soit l’endroit du curseur actuel, nous pouvons toujours nous demander : que fais-je pour mes enfants qu’ils pourraient faire seuls ?

Et lorsque nous avons bien compris que continuer à faire pour eux n’est pas les aider, cela devient plus facile.

L’autonomie de “responsabilité”

Je n’ai pas le bon titre, car pas les bons termes pour cette partie, mais ce que je cherche à dire a bien rapport avec la responsabilité : enseigner la responsabilité aux enfants, c’est ne pas prendre en charge ce qui les concerne.

Cela revient un peu à “Rendre à César ce qui appartient à César.”

La scène que je relatais au début de cet article en est une bonne illustration.

On pourrait également se centrer sur la question des devoirs.
Tant d’investissement de la part des parents dans les devoirs de leurs enfants…
Mais ces devoirs sont bien la responsabilité des enfants !!

Vérifier que l’enfant a fait ses devoirs, le contrôler, l’assister, c’est :

  • lui passer le message que nous ne lui faisons pas confiance
  • lui enseigner qu’il a besoin d’aide. S’il devait se prendre en charge, il trouverait probablement ses propres solutions
  • placer une importance sur les devoirs qui fait que ces devoirs deviennent plus notre problème que le sien

Et c’est ainsi qu’on entend des enfants qui se désintéressent complètement des questions scolaires. En fait, depuis longtemps, ils ne travaillent pas pour eux-mêmes, mais bien pour leurs professeurs et leurs parents.

Quelle conséquence cela pourrait-il avoir si nous ne nous impliquions plus dans les devoirs ?

Comme pour l’exemple de la douche, il n’est pas question d’abandonner notre enfant face à lui-même du jour au lendemain. Nous pouvons l’aider à s’organiser, à mettre sur pied un fonctionnement qui lui conviendra.

Malgré cela, il y aura des jours où il oubliera de faire ses devoirs, ou bien où ils seront mal faits, des jours où il aura oublié de réviser et où il aura de mauvaises notes. Soit. Mais cela ne nous affecte pas, cela l’affecte, lui. Le travail scolaire, c’est son univers, pas le nôtre.

Montrons-lui que nous lui faisons confiance pour redresser la barre. Qu’il est normal que trouver le bon fonctionnement prenne du temps, mais que nous ne sommes pas inquiets pour lui.

Notre réponse devra relever moins du “Tu n’as pas révisé ?? Alors que tu savais que tu avais un contrôle ?”, et plus du “Tu avais oublié que le contrôle était jeudi ? Mince… Tu as dû être déçu quand tu t’en es rendu compte ! Comment peux-tu t’assurer de ne pas oublier la prochaine fois ?”

Oui, je sais, c’est difficile !!

Nous serons bien sûr disponibles pour l’aider à trouver des méthodes là où il a du mal, mais pas pour le contraindre. Le contraindre n’aurait du résultat qu’à court terme. Ne perdons pas de vue l’objectif, bien plus important que la note de son prochain contrôle : développer son autonomie ! C’est ce qui lui permettra d’être investi quand il aura réellement passé l’âge que nous nous asseyons à côté de lui pour ses devoirs…

De mon côté, je ne me tiens même pas au courant des devoirs de mes enfants, et de leur planning de contrôles, c’est la meilleure méthode que j’ai trouvée pour ne pas m’investir à leur place !

Car, je le vois bien pour le français, pour lequel je joue le rôle de professeur puisqu’il n’y a en pas à l’école où ils vont – nous vivons à Puerto Rico – il est parfois bien difficile de lâcher-prise quand on constate qu’ils ne font pas leur max… Mais peut-on vraiment toujours faire de son mieux ? Quelle pression !

L’autonomie émotionnelle

Enfin, je voudrais aborder un aspect de l’autonomie qui est peut-être le moins évident : l’autonomie que je qualifierais d’émotionnelle.
Ce que j’entends par là : laisser les enfants vivre ce qu’ils vivent, en étant libres de le vivre à leur manière.

D’un certain côté, c’est une piste que nous suivons déjà depuis qu’ils sont petits en les écoutant et en validant leurs émotions. (et que Floriane expose d’ailleurs dans son article sur l’autonomie des plus jeunes, alors que nous n’en avions pas discuté !)

Cependant, quand ils grandissent, cela va encore plus loin.
Leur laisser leur autonomie devient alors ne plus chercher à savoir tout ce qu’ils vivent. Ne plus mener l’enquête. Les laisser libres de nous raconter ce qu’ils veulent nous raconter et pas plus.

Mon message n’est pas ici celui que j’entends parfois de “Vous n’êtes pas son ami, laissez-lui son jardin secret.”. Non, je pense au contraire qu’on peut être ami, même avec son ado, quand on est capable de l’écouter.

Mais nous ne forçons pas un ami à tout nous raconter. Nous ne le harcelons pas avec nos questions. Nous l’écoutons, c’est tout.

Ce faisant, avec notre enfant comme avec un ami, nous pourrons l’aider à trouver ses propres solutions, en lui posant des questions ouvertes, en l’encourageant à réfléchir, sans lui offrir nos solutions.

C’est également un travail sur nous, parents. Car cela signifie que nous avons atteint le stade où nous sommes capables d’accepter qu’il ne relève plus de notre responsabilité de protéger notre enfant. Nous devons réussir à ne plus avoir peur pour lui, et le laisser affronter le monde, en dehors du nôtre.

Ce sera notre cadeau : lui apprendre, peu à peu, à voler de ses propres ailes. 

Car, pour gagner en autonomie, notre enfant aura besoin de chercher, et trouver, ses propres solutions. Si nous avons tendance à lui offrir les nôtres, il se refermera probablement, pour avoir l’opportunité de prendre ses propres décisions. Et ce ne sera pas notre rôle de remettre ces décisions en question. Il est important qu’ils soient aux commandes. Laissons-leur l’espace pour cela, en n’oubliant pas, surtout, que chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.

Notre travail de soutien deviendra alors de veiller à garder la connexion avec eux.

Pour créer de la complicité, nous pouvons l’encourager à partager en partageant nous-mêmes, ou surtout, on peut créer les moments pour qu’ils puissent s’ouvrir.

Car le partage dépend surtout de l’opportunité, comme je l’ai bien senti lorsque j’ai réussi à passer un moment seule avec ma fille.

Ainsi, pour laisser à nos enfants de l’autonomie émotionnelle, ne cherchons pas à nous renseigner sur les détails de leur vie sans nous, offrons-leur “simplement” du temps et de l’écoute. 

Et j’espère que nous pourrons garder cette attitude et cette relation lorsqu’ils seront adultes, et tout à fait indépendants !

Et vous, que faites-vous pour encourager vos enfants à être autonomes ?

Quand nous devenons parents, nous sommes à l’écoute de nos enfants. C’est bien naturel : ceux-ci ont des besoins, et nous sommes là pour y répondre. Ils sont petits et dépendant de nous.
Puis les enfants grandissent, et ont toujours des besoins, auxquels, en général, nous continuons à répondre. C’est notre responsabilité de parents, et c’est également un plaisir ; parce que nous sommes heureux de remplir notre rôle, de leur apporter du bien-être.

Seulement voilà, à force de vouloir être à l’écoute de nos enfants, nous oublions parfois d’être à l’écoute de nous même. Et c’est là qu’intervient le problème.

Pourquoi est-il important d’écouter nos besoins ?

Pour pouvoir prendre soin de quelqu’un, il faut d’abord être en état de le faire.
L’image la plus claire pour illustrer ce point est celle du masque à oxygène en avion. L’image est classique, mais très parlante. Il s’agit d’enfiler son propre masque à oxygène d’abord, avant d’être capable d’enfiler le sien à l’enfant.

En CNV, le principe est le même : nous ne pouvons offrir d’empathie à personne si nous n’avons pas d’abord pris soin de nous-mêmes, via l’auto-empathie. Ainsi, pour être de meilleurs parents, et dans l’intérêt de nos enfants, prenons d’abord soin de nous-mêmes.

Comment savoir ce dont nous avons besoin ?

L’une des difficultés de cette démarche cependant, est qu’il nous est parfois difficile de savoir quels sont nos besoins. En effet, savoir s’écouter est une compétence que nous n’avons pas apprise. Nous avons majoritairement été élevés hors des principes d’éducation positive que nous apprenons ici, et n’avons pas appris à écouter ce que nous ressentions. Ainsi, si nous essayons aujourd’hui d’apprendre à nous comporter différemment face à nos enfants, il faudrait également apprendre à nous comporter différemment face à nous-mêmes. Peu à peu, cherchons en nous ce que nous ressentons, écoutons notre agacement comme un indice sur nos besoins, et apprenons à les identifier pour y répondre.

Le coût de l’insatisfaction de nos besoins

Si nous persistons dans l’idée que les besoins de nos enfants doivent systématiquement passer d’abord, avant les nôtres, nous risquons d’en payer ensuite les conséquences. Mettre un voile sur nos propres envies, sur nos propres besoins ne va pas les faire disparaître.

Notre patience va s’user, et nous réagirons de moins en moins bien face aux enfants. Impossible de montrer de l’enthousiasme lorsque nous sommes sous le coup de la fatigue, et la tension va monter.

Ensuite, et c’est probablement le plus grave, si nous continuons à négliger nos besoins, nous finirons par nourrir du ressentiment à l’égard de nos enfants. Nous leur en voudrons de notre sacrifice, même s’ils ne le demandaient pas vraiment, et nous nous montrerons d’autant plus désagréables avec eux, malgré toutes nos bonnes intentions.

« Si je veux juste entendre ce qui est vivant chez l’autre, sans prendre en compte ce qui est vivant chez moi, je me fais violence et donc il va y avoir de la violence, il va y avoir cette colère. » Isabelle Padovani

Prendre soin de nous

Ainsi, il est important de prendre soin de nous. Mais voilà… comment faire ?
Comment sortir de cette habitude de déni de soi, pour apprendre à écouter les signes qui nous montrent que nous avons besoin d’une pause ? Comment s’arrêter pour analyser quels sont nos besoins non nourris ?

Dans Parents respectueux, enfants respectueux, les auteurs suggèrent aux parents qui n’en ont pas l’habitude de commencer par s’accorder 10 minutes par jour.
Juste 10 minutes. 10 minutes pour soi qui peuvent être consacrées à ce que nous voulons.
L’annoncer aux enfants. Leur expliquer que c’est un besoin pour mieux s’occuper d’eux ensuite.
Ils sont capables de le comprendre. Probablement pas dès le premier jour, mais petit à petit.

Essayons ensuite d’identifier quels sont nos besoins non nourris. Nous n’avons pas tous les mêmes. Pour certains, il s’agira plus de repos, pour d’autres d’amitié, ou de soutien, de créativité, d’exercice…

Quels que soient les besoins identifiés, n’hésitons pas, à prendre du temps pour nous, ou, comme cela avait été discuté dans “Grandir Autrement”, à écouter  la nécessité de s’accorder des pauses.

Ainsi, nos enfants apprendront à respecter cet espace qui sera le nôtre, qui nous permettra de respirer.
Et cet espace aura d’autant plus de portée qu’il sera aussi un modèle pour eux. Nous leur enseignons comment il est possible de prendre soin de soi-même. Nous leur montrons qu’il est possible de ne pas oublier de se respecter soi-même quand on prend soin des autres.

Et nous leur offrirons des parents plus ouverts, loin du ressentiment de celui qui a besoin de temps seul comme d’un masque à oxygène !!

Si cela vous semble toujours difficile, écoutez au moins cette idée des auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux : « Nous espérons aussi que vous prendrez l’habitude de vous accorder chaque jour quelques instants de réflexion pour vous rappeler avec quelles intentions vous voulez élever vos enfants. »

Car c’est sûr, souvent, on se perd en route, mieux avoir un plan

Pour acheter Parents respectueux, enfants respectueux en format poche (il existe également au format broché, mais j’aime mieux les formats faciles à emporter !) :

« Ne pars pas en courant comme ça !! »
« Non, tu ne peux pas sortir : range ta chambre, plutôt ! »
Etrangement, les enfants ne réagissent pas toujours très positivement à ce genre d’instructions…

Un jour, j’ai rencontré une femme versée dans la parentalité positive qui me disait que, quand ses collègues lui parlaient de leurs enfants qui refusaient d’obéir, elle leur répondait : « Va dans ton bureau ! ».
Il semblerait que cela aidait le collègue estomaqué à se rendre compte à quel point nos manières de parler à nos enfants encourageaient peu à la coopération !!

En fait, nos enfants reçoivent beaucoup, beaucoup, beaucoup d’instructions dans une journée.

Alors, bien sûr, ils se sentent sans pouvoir : on attend parfois d’eux qu’ils soient de simples marionnettes qui exécutent ce qu’on leur demande. Cela ne risque pas de nourrir leur besoin humain de se sentir important !  Mais l’enfant sent bien qu’il est une personne à part entière, et qu’il a un pouvoir de décision, et il entend bien l’exercer ! 

Ca parait logique… personne n’aime entendre « Va dans ton bureau ! »… Ca nous donnerait plutôt envie de nous rebeller, nous aussi, non ?

D’autre part, la majeure partie de ces instructions est formulée comme une interdiction plutôt qu’une permission.
« Ne touche pas à ça ! »

Or, quelles sont les implications de cette négation :

  • Elle invite à se focaliser sur le comportement négatif
  • Elle oblige l’enfant à traduire l’information : je ne dois PAS faire ça… QUE dois-je faire plutôt ?
  • Elle est déprimante : si on me dit sans cesse ce que je fais mal, je ne me sens pas tellement inspiré à faire mieux…

Et voilà pourquoi nous nous retrouvons, sans l’avoir anticipé, dans des luttes de pouvoir

Comment les éviter ?

  • Décrire la situation

Avec un « Ton sac est resté dans le couloir. », l’enfant comprend qu’il doit l’enlever. L’ordre est inutile.
« C’est l’heure du bain. » donne une information sans diriger l’enfant. S’il ne réagit pas, on peut lui donner un choix : « Tu préfères y aller tout de suite, ou lorsque tu auras terminé ton dessin ? »

  • Utiliser des questions ouvertes

« Que te manque-t-il pour être prêt à partir ? » plutôt que « Mets tes chaussures, on s’en va. »
« Où les voitures se rangent-elles ? »

  • Tourner nos instructions de manière positive 

« On marche doucement. » plutôt que « Ne cours pas. »
« Je préfèrerais que tu utilises ton couteau pour pousser. » plutôt que « Ne pousse pas avec les doigts. »

  • Trouver des manières de dire oui

« Oui, dès que ta chambre sera rangée, tu pourras descendre voir le voisin. »
« Oui, tu pourras avoir un bout de gâteau après le repas, au dessert. »

Et vous, comment évitez-vous les luttes de pouvoir ? Avez-vous déjà réussi à mettre ces techniques en place avec succès ?

La confiance en soi… un thème fondamental pour avancer dans la vie ! Cela vaut la peine de s’y pencher, car, bien sûr, elle prend ses racines dans l’enfance.

Cet article est écrit dans le cadre d’un festival d’articles organisé par l’épatante Caro du blog Entrepreneuses à succès.
Le concept : Carolle a fait appel à différents blagueurs pour un tour d’horizon sur le même thème :
« Avoir confiance en soi pour réussir ».
Evidemment, mon regard est tourné vers l’enfant…

Deux groupes d’élèves de CM1 ont reçu une feuille d’exercices. Chaque feuille contient 3 exercices, et le 3è est le même dans les 2 groupes. Ce qui diffère, ce sont les deux premiers : dans un cas, ces deux premiers exercices sont faciles, dans l’autre, ils sont difficiles.
La situation dans laquelle ces élèves se trouvent au moment d’aborder le dernier exercice n’est donc pas la même :
Dans le 1er cas, les élèves viennent de réussir deux exercices (car ils étaient faciles), ils ont compris qu’ils étaient capables de faire les exercices qu’on leur demandait, et abordent ce 3ème exercice avec confiance.
Dans le 2ème cas, les élèves viennent de faire face à des difficultés, de peiner, éventuellement d’échouer à résoudre les 2 premiers exercices. Ils abordent donc le dernier avec un certain découragement.
Vous l’aurez compris : le taux de réussite de ce dernier exercice est bien plus fort dans le premier groupe ! Pourtant, le dernier exercice était identique, et les élèves de niveau équivalent…
Seulement voilà : pour réussir, il ne faut pas seulement savoir faire, il faut aussi avoir confiance en nous !

Bien sûr.
Seulement, comment faire pour avoir confiance en nous ? Qu’est-ce qui explique que certains d’entre nous doutent sans cesse de leurs capacités, et d’autres non ?
C’est probablement le résultat de beaucoup de facteurs combinés, il serait impossible de donner une réponse unique. Je crois cependant que ce genre de qualité a beaucoup à voir avec notre enfance, et notre éducation.

Je voudrais donc soulever le point suivant :
comment aider nos enfants à développer leur confiance en eux ?

Souvent, quand on éduque nos enfants, on est focalisé sur le quotidien, sur les règles, sur le fonctionnement de la maison, et on oublie de se fixer un objectif à long terme, comme une carte de route à suivre pour arriver où l’on voudrait.
Si nous nous arrêtions pour cela, et que nous listions ce que nous aimerions aider à développer chez nos enfants à long terme, il est probable que dans notre liste figurerait “la confiance en soi”.

La confiance en soi, qu’est-ce ?

Avoir confiance en soi, c’est croire en ses capacités. Mais pas seulement. Lorsqu’on a confiance en quelqu’un, cela signifie qu’on a foi en l’autre, confiance en ce qu’il est, en ses valeurs, en ce qu’il dit. La confiance en soi, c’est donc également cela : avoir confiance en ce que nous sommes, en nos valeurs, confiance en ce que nous nous disons à nous-mêmes, c’est à dire en ce que nous ressentons.

Seulement voilà, nous les parents, au moment où nos petits, encore bébés, commencent à exprimer ce qu’ils ressentent, nous avons déjà tendance à le nier : “Chut.. ce n’est rien ! Allons, arrête de pleurer…” “Il n’y a pas de raison de s’énerver !” .. Et plus tard, face aux situations difficiles : “n’aie pas peur !”
Ainsi, en tant que parents, nous faisons souvent fausse route dès le départ, inconsciemment.

Validons les sentiments de nos enfants

C’est le moment de faire une pause. De faire un pas en arrière, et de devenir conscients de ce que nous disons, gardant en tête notre carte de route, celle qui inclut la confiance en soi à développer chez nos enfants.

Car en niant ainsi les sentiments de nos enfants, nous affirmons qu’ils ne peuvent croire en ce qu’ils ressentent. Ils identifient leur détresse, leur colère, leur peur, et, sous prétexte de les rassurer, nous les mettons en doute. Nous leur indiquons de ne pas avoir peur (comme si un sentiment pouvait s’ordonner !), nous leur expliquons que leurs raisons sont mauvaises.

Bien sûr, cela part d’une bonne intention : nous cherchons à les rassurer, à les faire se sentir mieux. Nous n’aimons pas voir nos enfants malheureux. Nous avons en général de bonnes raisons de nier les sentiments de nos enfants.
Ainsi, à mon neveu qui pleurait d’avoir raté sa première étoile, une amie disait : “Mais c’est pas grave ! Tu l’auras l’année prochaine !” La déception n’a donc pas lieu d’être ? Imaginons ce qui peut se passer dans la tête de ce petit garçon : “J’ai tort de pleurer ? Je ne devrais pas ? Ce n’est en fait pas grave ? Pourquoi alors me sens-je ainsi ? Ce n’est peut-être pas normal… Je ne peux pas me faire confiance pour savoir si ce que je ressens est valide, en fait…”
Arrivé à l’adolescence, lorsqu’une personne dominante du groupe voudra entrainer les autres dans une situation dangereuse, il est probable alors que tous ceux qui ne se sentent pas à l’aise avec cette idée se remémorent tous les moments où on leur a dit “N’aie pas peur !” et taisent simplement leur malaise, honteux de le ressentir et de ne pouvoir se faire confiance à eux-mêmes…

Ceux qui réussissent croient en eux-mêmes, savent qu’ils peuvent s’écouter. Savent que ce qu’ils ressentent et ce qu’ils expriment est valide.
Pour les aider à atteindre cet objectif, validons les sentiments de nos enfants.
“Tu es déçu de ne pas avoir eu ta première étoile…” est un bien meilleur accompagnement de l’enfant : il apprend à identifier son sentiment, à le recevoir, et il apprendra même par l’expérience que certains sentiments ne durent pas. Nous l’armons donc bien mieux pour les futures expériences difficiles, qu’il ne manquera pas de vivre !

— Note : si ce thème de validation des sentiments vous inspire, faites donc un tour sur la présentation de ma mini-formation d’accompagnement des émotions

Laissons-les faire seuls !

La confiance en soi, c’est également savoir que l’on est capable.

Dès le plus jeune âge, c’est ce que cherche l’enfant. “Moi tout seul”. Ce n’est pas toujours évident pour nous, parents, parce que nous savons qu’il n’y arrivera pas, ou que ça prendra beaucoup plus de temps et que nous sommes pressés, ou parce qu’il risque d’y avoir des dégâts au passage, parfois simplement parce que nous voulons nous sentir utiles en les aidant…

Toutes ces raisons sont les nôtres, et elles sont valables, mais la force de vie qui anime nos enfants dans ces moments-là est également ce qui nous aidera à suivre le cap.

Laisser l’enfant faire seul est une priorité

Dans la pratique, comment l’appliquer ?

  • lui offrir un environnement à son niveau (beaucoup de bonnes idées pour commencer dès le début, dans cet article de “parents naturellement” sur l’autonomie de bébé)
  • prendre le temps de lui enseigner. “Voici comment on verse le lait dans le bol…”
  • s’il y a des dégâts, c’est également l’occasion d’un enseignement : “Pour nettoyer, tu peux prendre cette éponge-là.”
  • calculer plus de temps pour le lui laisser.

Plus nous laisserons d’autonomie à notre enfant, plus il se sentira capable.
Ainsi, dès qu’ils le peuvent, encourageons-les à participer à la vie familiale.
Même s’ils y sont au départ réticents (parce que nous leur avons donné de mauvaises habitudes), le fait de contribuer sera bénéfique pour leur confiance en eux.

Surtout, surtout, gardons en tête cette idée-là :
“Nous aidons mieux en aidant moins.” Haïm Ginott

Laissons-les décider seuls

Enfin, l’un des points les plus difficiles pour nous, est d’accepter que nos enfants sont capables de prendre leurs propres décisions.
Nous sommes des guides, oui, mais il y a une énorme différence entre l’autorité qui impose et le guide qui inspire.
Si nous attendons de nos enfants qu’ils obéissent à ce que nous leur demandons, sans même y réfléchir, nous ne les aidons pas à développer leur sens des responsabilités, et leur prise d’autonomie. Nous risquons plutôt d’encourager des luttes de pouvoir, ce qui est encore un autre problème. Voilà pourquoi je ne cherche pas à avoir des enfants obéissants. (lien)
Cela ne veut pas dire que nous ne leur demandons plus rien. Au contraire. Un bon leader encourage à la coopération ! Nous chercherons donc à influencer plutôt qu’à imposer.

Et dans les décisions du quotidien, encourageons nos enfants à se poser des questions, à prendre leurs décisions, et à en constater le résultat. Bien sûr, cela veut dire qu’ils feront face à des échecs, que nous ne leur aurons pas évités. Mais c’est ainsi qu’ils apprendront. Et quand ils réussiront, ils pourront être fiers d’eux, fiers d’avoir persévéré, fiers d’avoir accompli quelque chose seuls. Ils s’affirmeront pour ce qu’ils sont, sans se sentir un prolongement de nous.

Alors, nous les aurons vraiment aidés à avoir confiance en eux pour réussir.

Cliquez ici pour consulter les autres articles de ce carnaval sur le thème de la confiance; sur le blog entrepreneuses à succès !

“Voie sans issue”…
Cette photo représente bien ce que nous pourrions ressentir en vivant à Puerto Rico en ce moment ! La tentation est forte en effet de se laisser abattre, de baisser les bras face à l’ampleur de la tâche.
Mais ce n’est absolument pas ce que font les gens ici.
Il s’agit au contraire d’avancer, et d’avancer. Peu à peu.
Des-pa-ci-to, comme le dit cette chanson portoricaine qui a fait le tour du monde !
A l’école, il y a eu quelques dégâts, bien sûr, comme partout.
Mais tout le monde s’est mobilisé.
Deux jours après l’ouragan, comme dans toutes les organisations, moins de la moitié du personnel avait pu être jointe. Et peu se présentaient. Parce que les poteaux de téléphones sont tombés, parce que les routes étaient bloquées (par l’eau, par les arbres), parce que les gens manquent d’essence.

Et pourtant, trois jours après l’ouragan, la communauté était présente : non seulement le personnel qui le pouvait, mais également parents et enfants. Pour balayer, évacuer la route, tirer les branches d’arbres, couper les troncs…

La mobilisation dans les rues est impressionnante !
Et voilà pourquoi je suis ravie d’être ici avec mes enfants.

La situation n’étant franchement pas facile, beaucoup de femmes et enfants s’en vont chez des amis aux US, laissant la situation se rétablir. Il parait qu’à l’aéroport, c’est la lutte !  Je ne les blâme pas, c’est vrai qu’on a pour l’instant l’impression de lutter quotidiennement. J’ai du mal à croire que cet ouragan date seulement d’une semaine…

Et pourtant, ce matin-même, je répondais à une amie de Boston qui me proposait de les rejoindre, que j’aurais l’impression d’abandonner Puerto Rico.

Ce n’est pas le moment de partir.
C’est le moment de découvrir un autre monde.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants les économies d’énergie.

Nous avons la chance d’avoir un générateur dans l’immeuble. Mais la lutte pour le diesel pour qu’il fonctionne est rude. Donc, l’immeuble a mis en place des horaires de fonctionnement. Et quand il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas non plus d’eau, car il faut une pompe pour la faire monter.

Nous ne mettons donc plus la climatisation, les fenêtres sont grandes ouvertes, l’air circule un peu, mais nous avons très chaud, et les moustiques entrent (espérons que personne n’attrape le zika…). Une seule chambre avec climatisation la nuit : nous dormons tous les 6 dans la nôtre !
Le frigo n’est pas ouvert dans les horaires sans électricité, il faut pouvoir s’organiser avant, et ne pas manger une barre de céréales, qui se gardera, mais plutôt une mangue, parce qu’elle va se perdre.

Lorsque l’électricité revient, il faut re-remplir les récipients d’eau : pour boire, mais aussi pour se doucher (parce qu’il arrive également que le générateur tombe en panne et que la douche, prévue au moment où il doit être rallumée, ne soit plus possible), et à côté de chaque lavabo pour se laver les mains.

 C’est le moment d’enseigner à nos enfants la compassion.

Malgré toutes ces difficultés, nous faisons réellement partie des chanceux. Ceux qui sont restés dans leur appartement, qui ont gardé toutes leurs affaires, et qui ont un frigo à peu près maintenu !

D’autres histoires nous parviennent, plus ou moins proches : la soeur du gardien a perdu sa maison. Le monsieur de la maintenance doit trouver une manière de couper l’arbre tombé sur un côté de la sienne. La femme de ménage a eu son appartement inondé, et cherche à faire sécher ses matelas, tout en logeant la famille du dessus car le toit s’est envolé. Celle de mon amie est dans un 2ème refuge : celui qu’elle avait rejoint pour l’ouragan s’est écroulé, et elle n’a plus que ce qu’elle portait sur elle. Nous cherchons à lui apporter des choses, mais elle est injoignable. Vous noterez, bien sûr, que c’est toujours la même chose : ce sont ceux qui ont déjà moins qui se retrouve à perdre ! Et donc…

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la solidarité.

Chercher ce qu’il manque aux gens, trier nos affaires, en donner. Aller déblayer les rues. Oscar aide les personnes plus âgées à monter leurs affaires, en l’absence d’ascenseur. Par deux fois, les gens ont voulu le payer… Je suis contente de savoir qu’il a refusé. Vivons-nous dans un monde dans lequel l’aide gratuite n’est plus possible ? Je veux croire que non.
Nous descendons les poubelles car, sans ascenseur, le seul employé de la maintenance de l’immeuble ne peut pas tout faire. Nous apportons de l’eau au gardien qui n’en a plus.
Nous ne faisons encore pas tout ce que nous pouvons. Mais nous ferons encore. Car Puerto Rico va mettre un sacré temps à se remettre debout. Bientôt, des initiatives plus accessibles se mettront en place.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la patience.

Je crois que c’est le maître mot du moment. Tout va doucement.
Dans une vie dans laquelle nous étions habitués à un rythme de course, cela devient l’inverse.
Attendre.
Attendre que l’approvisionnement du diesel se remette en place.
Attendre que les magasins rouvrent leurs portes. Un par un.
Attendre que les produits arrivent dans les dits magasins.
Attendre que les messages partent (ou arrivent – en général par groupes !)
Attendre que l’internet revienne.
Attendre que l’école reprenne.
Attendre que les banques rouvrent.
Attendre que l’électricité revienne, chaque jour.
Attendre que Puerto Rico se remette…

“T’es pas gentille” dit ce papa à sa petite fille.

J’ai entendu ça il y peu, dans une librairie. La scène semble anodine, mais elle m’a marquée. Justement pour ce côté anodin.
Car j’étais là depuis un moment, et j’ai vu pourquoi, exactement, le papa faisait ce commentaire à sa fille.
Et j’accorde volontiers le bénéfice du doute à ce papa : si je lui demandais de juger honnêtement si le comportement de sa fille signifiait qu’elle n’était pas gentille, il changerait probablement de formulation. Mais même si je suis parfois tentée, ce n’est pas ma place, ce papa ne me demande rien et ne sera certainement pas réceptif à une quelconque intervention (même si parfois je me sens comme un devoir d’invervenir…).

Mais je m’interroge : comment en sommes-nous arrivés là ?
Je veux dire, depuis quand faisons-nous ainsi des commentaires sans vraiment y réfléchir, sans se demander ce que l’on est vraiment en train de dire ? Depuis toujours, ou est-ce notre société trop bousculée qui a fait ça ? Comment devenir conscient de la portée de nos mots ?

Enfin, je vous raconte.
La petite fille a environ 4 ans.
Elle est accompagnée de ses deux parents, qui choisissent un livre pour elle.
Ils sont donc dans un moment où ils ont du temps, et ont envie de faire plaisir à leur fille.

Je les croise tout d’abord au moment où le livre est choisi. C’est un livre qui devrait faire des sons, il n’en fait pas. La petite fille ne comprend pas.
“C’est parce que je ne l’ai pas encore acheté.” dit sa mère. Visiblement, cette explication n’est pas claire…
Même le père la regarde perplexe. A un adulte, la mère donne une vraie explication : “Tu sais, il faut retirer la languette qui empêche de fonctionner avant.” Ah oui.
Je pense : “Tiens, c’est dommage de ne pas avoir saisi l’occasion d’expliquer cela à sa fille, ça l’aurait surement intéressée !”, et je m’éloigne.

Nos chemins se croisent à nouveau au moment où nous quittons l’étage jeunesse en sous-sol pour remonter au rez de chaussée.
La petite fille observe un étalage. Les livres sont beaux, ils sont intéressants.
Bien sûr, en théorie, tous les parents aiment que leurs enfants s’intéressent aux livres, et ceux-là ne font certainement pas exception à la règle puisqu’ils sont venus là pour lui en acheter un !
J’imagine bien une scène où le papa s’agenouille à son côté, et qu’ils observent les livres ensemble, commentant ceux qui ont l’air chouettes, et pourquoi…
Mais ce n’est pas le moment.
Le papa appelle. Et répète : “tu viens ?”.
La petite fille ne réagit pas.
Il menace : “Je repose le livre ??”
La petite fille le regarde, je suppose qu’elle ne comprend pas bien le lien… et hésite.
Alors le papa commente : “T’es pas gentille !” avant de lui prendre le bras pour la tirer vers l’escalier.

Toujours ce temps, qui nous presse, et que nos enfants ne saisissent pas…

Dans Les lois naturelles de l’enfant, Céline Alvarez explique que le cerveau de l’enfant possède un million de milliers de connexions de neurones, soit trois fois plus que l’adulte ! Car il est prédisposé à apprendre. Toute expérience, toute observation, crée une connexion. Il crée en fait, accrochez-vous bien, 700 à 1000 connexions par seconde !! C’est plus tard que l’élagage a lieu pour ne garder que ce qui est utile, et cela explique pourquoi nous en avons moins que lui.

Si ce papa pouvait garder cela en tête, il pourrait observer les livres avec sa fille, laisser son cerveau faire ses connexions, avant de lui prendre doucement la main pour remonter. Il pourrait lui demander de lui dire quand elle sera prête à prendre l’escalier.

Seulement ce papa ne sait pas. Et ne se pose pas la question.

Je ne le blâme pas, il n’est pas différent de beaucoup d’autres, il a été élevé comme cela, et il n’en est pas conscient.

C’est justement pour lutter contre cela que j’écris ce blog ! Pour que nous soyons de plus en plus nombreux à devenir conscients, à nous interroger, à prendre du recul.

C’est une attitude au quotidien, et ce n’est pas facile !
Il y a à peine 3 jours, j’ai fait une réflexion désagréable à mon fils de 15 ans, pour me faire la remarque 5 minutes plus tard que je n’aurais probablement pas parlé de la même manière à, disons, mon frère ! Devenir conscient, c’est la clef ! Un peu plus chaque jour, pas à pas.

En attendant, ce papa dit à sa fille « T’es pas gentille ! », sans même y penser, et moi je reste là, en espérant qu’elle ne le croira pas…

L’éducation traditionnelle a encore du mal à s’éloigner des VEO (ou Violences Educatives Ordinaires) – taper les enfants, les humilier…
Le débat soulevé en France par la proposition de loi “anti-fessée” (qui recouvrait en fait bien plus que la question des fessées) montre bien l’intensité de la polémique sur le sujet.
Les parents voudraient pouvoir employer les méthodes qui leur conviennent avec leurs enfants ! Avec parfois cet argument phare : “J’ai pris des fessées quand j’étais petit, je n’en suis pas mort…”

Ok. Je vois l’idée… mais si on la poussait ?
Considérons un homme qui donne une claque à sa femme. Finalement, juste une claque… elle n’en sera pas morte !
Est-ce que du coup, c’est ok ? Est-ce qu’on rejette toute loi contre les violences en jetant les droits des femmes comme les droits des enfants à la poubelle ?

Je me perds, je m’enflamme, et vais donc de suite m’interrompre pour me recentrer sur l’objet de cet article !

Il est évident que ce « je n’en suis pas mort » ne veut pas vraiment dire ça.
Je sais que l »ambition des parents, même de ceux qui défendent certaines violences faites aux enfants, va au delà de leur survie, j’en suis convaincue.
Ce que je devine, c’est que cela signifie : “Je ne m’en porte pas plus mal.”
Or, je ne pense pas que l’on puisse affirmer cela.

Peut-on vraiment mesurer l’impact de ces punitions corporelles sur la confiance en soi, sur la faculté à prendre des risques, à essayer ?
Sur la manière de percevoir le rôle de l’autorité, de l’obéissance ?
D’ailleurs… le parent qui dit cela est devenu quelqu’un qui considère qu’il est normal de taper un enfant…

Aujourd’hui, sans me lancer dans la défense d’une éducation sans violence, je voudrais simplement vous présenter 6 bonnes raisons de ne pas taper son enfant.

 1. Taper son enfant lui fait mal

Rien que ceci devrait être une raison suffisante !
Il est rare qu’un parent ait vraiment envie de faire mal à son enfant.
Nous aurions même plutôt l’élan de nier leurs moments douloureux, d’où notre tendance à nier leurs sentiments difficiles.
(ce qui, de façon surprenante, est l’un des premiers points sur lesquels on évolue quand on s’intéresse à la parentalité positive)

Pour cette fois, écoutons-nous, et épargnons-leur une douleur venue directement du parent.

A cette idée, certains répondent au contraire que c’est le but : s’il a mal, il n’aura pas envie de recommencer ! C’est toute la « vertu éducative » du procédé…
Oui, mais cela crée une vraie détresse pour l’enfant. Sa famille est théoriquement l’endroit où il se sent en sécurité.
Il a une grande confiance en ses parents, en particulier pour ce qui est de le protéger.
Si ses parents le frappent (en précisant même parfois que c’est « pour son bien » – comme dans le cas d’autres maltraitances), comment l’enfant peut-il vraiment ressentir de la sécurité, fondamentale pourtant pour qu’il donne le meilleur de lui-même ?

C’est tout le principe du développement d’un attachement sécure.
Malheureusement, même des parents aimants utilisent ces moyens ordinaires pour faire en sorte que leur enfant leur obéisse.
C’est peut-être votre cas, et si vous êtes là, c’est déjà un sacré pas !

 2. Cela lui montre que frapper est un acte autorisé

L’éducation passe majoritairement par l’exemple. Nos enfants reçoivent bien moins ce que nous leur disons que ce que nous faisons.

Ainsi, taper sur la main d’un bébé est malheureusement la meilleure manière de lui enseigner que taper fait partie des options possibles…

Si nous frappons l’enfant qui se comporte “mal”, il n’y a pas lieu d’être surpris du fait qu’il se mette lui-même à frapper son camarade qui ne se comporte pas comme il le voudrait. C’est ce que nous lui avons enseigné.

Note : il existe des alternatives dans nos réactions face à l’enfant qui tape.

Le terme « frapper » peut vous toucher, et que votre réaction interne soit de l’ordre de « il y a quand même une différence entre frapper un enfant et lui mettre une petite fessée… »
Et je peux comprendre votre approcher. Donner des fessées est tellement une violence ordinaire qu’il est difficile de le percevoir autrement. Et oui, il y a différents degrés dans la violence, je l’admets.
(c’est tout le principe de cette violence dite ordinaire)
Pour autant, cela reste une violence physique.
– Je vous conseille à ce sujet la lecture de « La fessée », d’Olivier Maurel, dont j’aimerais vous faire un jour un résumé… –
Si on s’ouvre à une petite fessée, pourquoi ne pas s’ouvrir à une « petite claque » ?
Ou en tout cas, il faudra bien comprendre que notre enfant ne fasse pas forcément la différence quand, à son tour, il utilisera la violence face à ceux qui n’auront pas le comportement adéquat…

Je préfère donc avoir un message clair, et pour lui et pour moi : toute forme de violence est à éviter ; on ne doit jamais taper. Point.

 3. Taper un enfant rompt notre relation avec lui

Lorsque nous tapons l’enfant, nous rompons le lien affectif. Il se met automatiquement en position de repli, de rancoeur, de colère.
Il aura évidemment encore moins envie de coopérer.

Alors bien sûr, l’idée, c’est de démontrer une forme d’autorité parentale.
Heureusement, il y a d’autre méthodes pour cela.

A une époque, dans les salles de classe, les enfants désobéissants prenaient des coups de baguette sur les doigts.
Les châtiments corporels envers les enfants étaient monnaie courante.
Depuis que le respect des droits de l’enfant ont fait en sorte d’interdire explicitement ces sévices, les enseignants trouvent d’autres manières de fonctionner.

Je sais… certains croient encore que c’est pour cela qu’il y a tant de violence à l’école !
Les études montrent bien pourtant que la violence appelle la violence.
Allez voir les salles de classe dans lesquelles les enseignants s’attachent à créer une connexion avec les enfants (ceux qui suivent les principes de la Discipline Positive par exemple), et vous verrez que ce n’est pas là que vous trouverez le manque de respect si souvent regretté. Est-ce que c’était vraiment du respect, en fait ?

Revenons à la famille. Un des grands principes de l’éducation bienveillante (et dont j’ai bien constaté les effets autant chez moi que dans les familles que j’accompagne…), c’est de se connecter avant de corriger.

Si nous ne cultivons pas le lien avec notre enfant, on voit les chances de coopération s’amenuiser fortement…
Et clairement, la violence quotidienne ne va pas dans le sens du lien !
(Remarque : c’est également vrai pour le fait de crier… et si c’est encore trop dur pour vous, comme ça l’était pour moi il y a quelques années, procurez-vous mes clés pour arrêter de crier)

4. Cela ne lui enseigne rien

Taper l’enfant pour corriger un comportement, c’est axer l’enseignement sur un réflexe pavlovien : “quand je fais ça, ça me fait mal, donc je ne vais plus le faire.”
Ça marche peut-être sur les chiens (encore que, d’après ce que j’ai entendu dire, cette méthode de dressage de animaux soit également en train d’évoluer…), mais dans la démarche, notre enfant ne comprend pas pourquoi le comportement en question est inapproprié.
Il pourra d’autant moins le comprendre que nous éliminons par nos gestes toute possibilité d’y réfléchir : notre tape lui aura donné une distraction mentale. Il ne pensera plus qu’à cela.

(Cette idée de distraction apparait également dans les critiques de la punition par Haïm Ginott, vous vous en souvenez ?
Et on voit le lien avec le titre de cette partie : plus globabement, punir n’enseigne rien, puisque c’est une méthode éducative qui ne s’intéresse pas aux causes derrière le comportement… et il y a en particulier peu de chances que ça calme les choses)

J’en veux pour preuve cet épisode qui nous a permis de constater à quel point une “simple” tape sur la main de son grand-père est encore présente, même émotionnellement, dans l’esprit de notre fils de 3 ans, un an après les faits…
C’est toujours un peu un traumatisme, en fait… en tout cas, c’est resté dans sa mémoire traumatique, alors que la raison de la tape a, elle, disparu !

Pour moi, éduquer son enfant, c’est l’aider à grandir, ce qui inclut une bonne partie d’apprentissage.
Quand il ne se comporte pas de manière adéquate, c’est qu’il ne sait sûrement pas encore comment faire mieux.
Le taper ne l’aidera pas à développer d’autres compétences !

 5. Taper encourage au mensonge

Si l’enfant n’a pas compris pourquoi son comportement nécessitait correction (!), il comprend au moins que ce n’est pas à notre goût.
Donc, s’il n’est pas prêt à y renoncer, il s’attachera en revanche à faire en sorte que nous ne soyons pas au courant, afin d’éviter nos gestes brutaux.

Le même principe est valable d’ailleurs pour toute forme de punition. Infliger des punitions à l’enfant, c’est l’encourager indirectement à cacher ce qui pourrait nous déplaire…

C’est alors un vrai choix : faire passer l’aspect « éducatif » d’abord, ou la confiance entre l’adulte et l’enfant.

 6. Cela peut détruire son estime de lui-même

Comme nous le soulignions au point 1, un jeune enfant a une grande confiance en ses parents. Il cherchera souvent à justifier leur comportement.
(C’est d’ailleurs aussi l’une des raisons pour lesquelles certains parents se refusent à changer de méthodes éducatives : ils ne veulent en fait pas remettre en cause ce qu’ont fait leurs parents !)

Donc, une partie de lui-même est en colère, plein de ressentiment, et, en même temps, une autre internalise que si le parent frappe, c’est qu’il le méritait.
Il a donc vraiment mal agi, il est mauvais…

Et c’est alors l’image qu’il aura de lui-même… à long terme !

Remarque : il en va bien sûr de même pour toutes les violences verbales et humiliations.
On comprend mieux pourquoi les approches qui s’intéressent de près au développement de l’enfant veulent interdire ces pratiques, qui ont toujours également des effets psychologiques…
Parents et éducateurs ont en fait une vraie responsabilité !
Et en même temps… nous ne sommes pas des super-héros

Anecdote personnelle :
Mon frère faisait partie du groupe “J’ai pris des fessées, je n’en suis pas mort !”.
En prenant le temps d’y réfléchir ainsi, il ne lui a pas fallu plus d’un quart d’heure pour changer d’avis.
Pour moi, c’est la magie qui nait du fait de mettre de la conscience dans nos pratiques.

Et vous ? Cela vous parle-t-il ?

Note : Pour télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

Plus le temps passe, et plus je me rends compte à quel point la parentalité positive est une question de rythme. Pour réussir à en appliquer les principes, il ne faut pas être dépassé par le quotidien. C’est ce qui en fait la difficulté, je crois.
Nous vivons dans un monde dans lequel l’immédiat prime, et les parents ne sont pas toujours prêts à réfléchir à long terme.

Au début de l’année, j’ai répondu à un appel à témoins du magazine « Grandir Autrement » (numéro 63, mars/avril 2017) pour un article intitulé « la nécessité de s’accorder des pauses ».

Sophie Elusse y parle d’abord de la pause qui nous permet de vous ressourcer. Parce qu’avant de pouvoir aider l’autre, et en particulier nos enfants, il faut être en état de le faire. Donc, prendre soin de nous. Bien sûr. (De là, d’ailleurs, ma décision récente de me mettre réellement à la pratique de la méditation en pleine conscience)

Dans le livre Parents respectueux, enfants respectueux, est évoquée l’image du masque à oxygène des avions : mettre le sien pour être en mesure d’aider l’autre. Ce n’est pas la première fois que j’entends cette image, et je l’aime bien. Elle illustre bien le fait que prendre soin de soin n’est pas égoïste, c’est aussi faire en sorte d’être en mesure de prendre soin de l’autre !

L’article fait ensuite écho à ce que j’avais mis en avant dans mon témoignage, sur les pauses de réflexion éducative.
Etre parent est un rôle difficile, parce qu’il met nos nerfs à l’épreuve.
Autour des notions de parentalité positive, ou d’éducation bienveillante, on constate que certains parents en ressentent surtout de la culpabilité, parce que, si le modèle est attirant, il parait hors d’atteinte…
Certains prennent de bonnes résolutions, décident qu’ils ne vont plus crier… puis sortent de leurs gonds, parce qu’ils sont humains, et démunis. Et surtout, parce qu’ils ne s’arrêtent pas.
Je crois que c’est là qu’on a tous besoin d’une pause. Une pause que je qualifierai d’éducative.
Une pause qui va nous permettre de prendre de la distance par rapport à la situation. Pas de l’oublier, mais d’y réfléchir. Pouvoir sortir de notre réaction immédiate pour analyser le problème, et réfléchir à la façon de l’aborder.

Extrait de mon témoignage dans l’article :

Ainsi, Coralie, maman de quatre enfants, envisage la pause comme « nécessaire également en gardant les enfants dans l’équation. Quand je lis des livres d’éducation, j’ai le sentiment de faire une pause, parce que je m’arme pour la famille. J’apprends les compétences qui vont me permettre d’apporter plus d’harmonie à la maison. Ce n’est plus une pause pour autre chose, c’est une pause pour eux. Pas avec eux, mais pour eux. […] Pour moi, voilà la pause fondamentale. Celle qui nous aidera à poursuivre plus sereinement. Celle qui non seulement aidera à débloquer la situation, mais également à nous rendre plus fort en tant que parent. Parce qu’on aura pris le temps de choisir la bonne solution. Il y a souvent plusieurs façons de voir les choses. Et ce n’est pas sous le coup de la colère qu’on va les voir positivement… Alors, mon astuce, si je ne dois en garder qu’une, c’est de faire des pauses, seule ou en couple, qui sont en fait des “moments éducation”, des moments où l’on prend du recul, pour pouvoir décider plus sereinement du chemin à prendre. Et c’est souvent un cercle vertueux: plus on trouve le temps de faire ces pauses, moins il y a de stress à la maison, et moins on en a besoin! »

Enfin, apportant sa touche plus personnelle, l’auteure parle des pauses avec les enfants. Celles dans lesquelles on les inclut : on oublie pour un moment la liste de tout ce qu’il y a à faire, pour choisir plutôt un vrai moment partagé.
Et elle a raison de dire que c’est également important : c’est ce qui nous permettra de nourrir le lien, lien qui est à la source même de la coopération que nous cherchons à développer entre eux et nous !

Et vous, quel type de pauses vous accordez-vous ?