Quand nous devenons parents, nous sommes à l’écoute de nos enfants. C’est bien naturel : ceux-ci ont des besoins, et nous sommes là pour y répondre. Ils sont petits et dépendant de nous.
Puis les enfants grandissent, et ont toujours des besoins, auxquels, en général, nous continuons à répondre. C’est notre responsabilité de parents, et c’est également un plaisir ; parce que nous sommes heureux de remplir notre rôle, de leur apporter du bien-être.

Seulement voilà, à force de vouloir être à l’écoute de nos enfants, nous oublions parfois d’être à l’écoute de nous même. Et c’est là qu’intervient le problème.

Pourquoi est-il important d’écouter nos besoins ?

Pour pouvoir prendre soin de quelqu’un, il faut d’abord être en état de le faire.
L’image la plus claire pour illustrer ce point est celle du masque à oxygène en avion. L’image est classique, mais très parlante. Il s’agit d’enfiler son propre masque à oxygène d’abord, avant d’être capable d’enfiler le sien à l’enfant.

En CNV, le principe est le même : nous ne pouvons offrir d’empathie à personne si nous n’avons pas d’abord pris soin de nous-mêmes, via l’auto-empathie. Ainsi, pour être de meilleurs parents, et dans l’intérêt de nos enfants, prenons d’abord soin de nous-mêmes.

Comment savoir ce dont nous avons besoin ?

L’une des difficultés de cette démarche cependant, est qu’il nous est parfois difficile de savoir quels sont nos besoins. En effet, savoir s’écouter est une compétence que nous n’avons pas apprise. Nous avons majoritairement été élevés hors des principes d’éducation positive que nous apprenons ici, et n’avons pas appris à écouter ce que nous ressentions. Ainsi, si nous essayons aujourd’hui d’apprendre à nous comporter différemment face à nos enfants, il faudrait également apprendre à nous comporter différemment face à nous-mêmes. Peu à peu, cherchons en nous ce que nous ressentons, écoutons notre agacement comme un indice sur nos besoins, et apprenons à les identifier pour y répondre.

Le coût de l’insatisfaction de nos besoins

Si nous persistons dans l’idée que les besoins de nos enfants doivent systématiquement passer d’abord, avant les nôtres, nous risquons d’en payer ensuite les conséquences. Mettre un voile sur nos propres envies, sur nos propres besoins ne va pas les faire disparaître.

Notre patience va s’user, et nous réagirons de moins en moins bien face aux enfants. Impossible de montrer de l’enthousiasme lorsque nous sommes sous le coup de la fatigue, et la tension va monter.

Ensuite, et c’est probablement le plus grave, si nous continuons à négliger nos besoins, nous finirons par nourrir du ressentiment à l’égard de nos enfants. Nous leur en voudrons de notre sacrifice, même s’ils ne le demandaient pas vraiment, et nous nous montrerons d’autant plus désagréables avec eux, malgré toutes nos bonnes intentions.

« Si je veux juste entendre ce qui est vivant chez l’autre, sans prendre en compte ce qui est vivant chez moi, je me fais violence et donc il va y avoir de la violence, il va y avoir cette colère. » Isabelle Padovani

Prendre soin de nous

Ainsi, il est important de prendre soin de nous. Mais voilà… comment faire ?
Comment sortir de cette habitude de déni de soi, pour apprendre à écouter les signes qui nous montrent que nous avons besoin d’une pause ? Comment s’arrêter pour analyser quels sont nos besoins non nourris ?

Dans Parents respectueux, enfants respectueux, les auteurs suggèrent aux parents qui n’en ont pas l’habitude de commencer par s’accorder 10 minutes par jour.
Juste 10 minutes. 10 minutes pour soi qui peuvent être consacrées à ce que nous voulons.
L’annoncer aux enfants. Leur expliquer que c’est un besoin pour mieux s’occuper d’eux ensuite.
Ils sont capables de le comprendre. Probablement pas dès le premier jour, mais petit à petit.

Essayons ensuite d’identifier quels sont nos besoins non nourris. Nous n’avons pas tous les mêmes. Pour certains, il s’agira plus de repos, pour d’autres d’amitié, ou de soutien, de créativité, d’exercice…

Quels que soient les besoins identifiés, n’hésitons pas, à prendre du temps pour nous, ou, comme cela avait été discuté dans “Grandir Autrement”, à écouter  la nécessité de s’accorder des pauses.

Ainsi, nos enfants apprendront à respecter cet espace qui sera le nôtre, qui nous permettra de respirer.
Et cet espace aura d’autant plus de portée qu’il sera aussi un modèle pour eux. Nous leur enseignons comment il est possible de prendre soin de soi-même. Nous leur montrons qu’il est possible de ne pas oublier de se respecter soi-même quand on prend soin des autres.

Et nous leur offrirons des parents plus ouverts, loin du ressentiment de celui qui a besoin de temps seul comme d’un masque à oxygène !!

Si cela vous semble toujours difficile, écoutez au moins cette idée des auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux : « Nous espérons aussi que vous prendrez l’habitude de vous accorder chaque jour quelques instants de réflexion pour vous rappeler avec quelles intentions vous voulez élever vos enfants. »

Car c’est sûr, souvent, on se perd en route, mieux avoir un plan

Pour acheter Parents respectueux, enfants respectueux en format poche (il existe également au format broché, mais j’aime mieux les formats faciles à emporter !) :

« Ne pars pas en courant comme ça !! »
« Non, tu ne peux pas sortir : range ta chambre, plutôt ! »
Etrangement, les enfants ne réagissent pas toujours très positivement à ce genre d’instructions…

Un jour, j’ai rencontré une femme versée dans la parentalité positive qui me disait que, quand ses collègues lui parlaient de leurs enfants qui refusaient d’obéir, elle leur répondait : « Va dans ton bureau ! ».
Il semblerait que cela aidait le collègue estomaqué à se rendre compte à quel point nos manières de parler à nos enfants encourageaient peu à la coopération !!

En fait, nos enfants reçoivent beaucoup, beaucoup, beaucoup d’instructions dans une journée.

Alors, bien sûr, ils se sentent sans pouvoir : on attend parfois d’eux qu’ils soient de simples marionnettes qui exécutent ce qu’on leur demande. Cela ne risque pas de nourrir leur besoin humain de se sentir important !  Mais l’enfant sent bien qu’il est une personne à part entière, et qu’il a un pouvoir de décision, et il entend bien l’exercer ! 

Ca parait logique… personne n’aime entendre « Va dans ton bureau ! »… Ca nous donnerait plutôt envie de nous rebeller, nous aussi, non ?

D’autre part, la majeure partie de ces instructions est formulée comme une interdiction plutôt qu’une permission.
« Ne touche pas à ça ! »

Or, quelles sont les implications de cette négation :

  • Elle invite à se focaliser sur le comportement négatif
  • Elle oblige l’enfant à traduire l’information : je ne dois PAS faire ça… QUE dois-je faire plutôt ?
  • Elle est déprimante : si on me dit sans cesse ce que je fais mal, je ne me sens pas tellement inspiré à faire mieux…

Et voilà pourquoi nous nous retrouvons, sans l’avoir anticipé, dans des luttes de pouvoir

Comment les éviter ?

  • Décrire la situation

Avec un « Ton sac est resté dans le couloir. », l’enfant comprend qu’il doit l’enlever. L’ordre est inutile.
« C’est l’heure du bain. » donne une information sans diriger l’enfant. S’il ne réagit pas, on peut lui donner un choix : « Tu préfères y aller tout de suite, ou lorsque tu auras terminé ton dessin ? »

  • Utiliser des questions ouvertes

« Que te manque-t-il pour être prêt à partir ? » plutôt que « Mets tes chaussures, on s’en va. »
« Où les voitures se rangent-elles ? »

  • Tourner nos instructions de manière positive 

« On marche doucement. » plutôt que « Ne cours pas. »
« Je préfèrerais que tu utilises ton couteau pour pousser. » plutôt que « Ne pousse pas avec les doigts. »

  • Trouver des manières de dire oui

« Oui, dès que ta chambre sera rangée, tu pourras descendre voir le voisin. »
« Oui, tu pourras avoir un bout de gâteau après le repas, au dessert. »

Et vous, comment évitez-vous les luttes de pouvoir ? Avez-vous déjà réussi à mettre ces techniques en place avec succès ?

La confiance en soi… un thème fondamental pour avancer dans la vie ! Cela vaut la peine de s’y pencher, car, bien sûr, elle prend ses racines dans l’enfance.

Cet article est écrit dans le cadre d’un festival d’articles organisé par l’épatante Caro du blog Entrepreneuses à succès.
Le concept : Carolle a fait appel à différents blagueurs pour un tour d’horizon sur le même thème :
« Avoir confiance en soi pour réussir ».
Evidemment, mon regard est tourné vers l’enfant…

Deux groupes d’élèves de CM1 ont reçu une feuille d’exercices. Chaque feuille contient 3 exercices, et le 3è est le même dans les 2 groupes. Ce qui diffère, ce sont les deux premiers : dans un cas, ces deux premiers exercices sont faciles, dans l’autre, ils sont difficiles.
La situation dans laquelle ces élèves se trouvent au moment d’aborder le dernier exercice n’est donc pas la même :
Dans le 1er cas, les élèves viennent de réussir deux exercices (car ils étaient faciles), ils ont compris qu’ils étaient capables de faire les exercices qu’on leur demandait, et abordent ce 3ème exercice avec confiance.
Dans le 2ème cas, les élèves viennent de faire face à des difficultés, de peiner, éventuellement d’échouer à résoudre les 2 premiers exercices. Ils abordent donc le dernier avec un certain découragement.
Vous l’aurez compris : le taux de réussite de ce dernier exercice est bien plus fort dans le premier groupe ! Pourtant, le dernier exercice était identique, et les élèves de niveau équivalent…
Seulement voilà : pour réussir, il ne faut pas seulement savoir faire, il faut aussi avoir confiance en nous !

Bien sûr.
Seulement, comment faire pour avoir confiance en nous ? Qu’est-ce qui explique que certains d’entre nous doutent sans cesse de leurs capacités, et d’autres non ?
C’est probablement le résultat de beaucoup de facteurs combinés, il serait impossible de donner une réponse unique. Je crois cependant que ce genre de qualité a beaucoup à voir avec notre enfance, et notre éducation.

Je voudrais donc soulever le point suivant :
comment aider nos enfants à développer leur confiance en eux ?

Souvent, quand on éduque nos enfants, on est focalisé sur le quotidien, sur les règles, sur le fonctionnement de la maison, et on oublie de se fixer un objectif à long terme, comme une carte de route à suivre pour arriver où l’on voudrait.
Si nous nous arrêtions pour cela, et que nous listions ce que nous aimerions aider à développer chez nos enfants à long terme, il est probable que dans notre liste figurerait “la confiance en soi”.

La confiance en soi, qu’est-ce ?

Avoir confiance en soi, c’est croire en ses capacités. Mais pas seulement. Lorsqu’on a confiance en quelqu’un, cela signifie qu’on a foi en l’autre, confiance en ce qu’il est, en ses valeurs, en ce qu’il dit. La confiance en soi, c’est donc également cela : avoir confiance en ce que nous sommes, en nos valeurs, confiance en ce que nous nous disons à nous-mêmes, c’est à dire en ce que nous ressentons.

Seulement voilà, nous les parents, au moment où nos petits, encore bébés, commencent à exprimer ce qu’ils ressentent, nous avons déjà tendance à le nier : “Chut.. ce n’est rien ! Allons, arrête de pleurer…” “Il n’y a pas de raison de s’énerver !” .. Et plus tard, face aux situations difficiles : “n’aie pas peur !”
Ainsi, en tant que parents, nous faisons souvent fausse route dès le départ, inconsciemment.

Validons les sentiments de nos enfants

C’est le moment de faire une pause. De faire un pas en arrière, et de devenir conscients de ce que nous disons, gardant en tête notre carte de route, celle qui inclut la confiance en soi à développer chez nos enfants.

Car en niant ainsi les sentiments de nos enfants, nous affirmons qu’ils ne peuvent croire en ce qu’ils ressentent. Ils identifient leur détresse, leur colère, leur peur, et, sous prétexte de les rassurer, nous les mettons en doute. Nous leur indiquons de ne pas avoir peur (comme si un sentiment pouvait s’ordonner !), nous leur expliquons que leurs raisons sont mauvaises.

Bien sûr, cela part d’une bonne intention : nous cherchons à les rassurer, à les faire se sentir mieux. Nous n’aimons pas voir nos enfants malheureux. Nous avons en général de bonnes raisons de nier les sentiments de nos enfants.
Ainsi, à mon neveu qui pleurait d’avoir raté sa première étoile, une amie disait : “Mais c’est pas grave ! Tu l’auras l’année prochaine !” La déception n’a donc pas lieu d’être ? Imaginons ce qui peut se passer dans la tête de ce petit garçon : “J’ai tort de pleurer ? Je ne devrais pas ? Ce n’est en fait pas grave ? Pourquoi alors me sens-je ainsi ? Ce n’est peut-être pas normal… Je ne peux pas me faire confiance pour savoir si ce que je ressens est valide, en fait…”
Arrivé à l’adolescence, lorsqu’une personne dominante du groupe voudra entrainer les autres dans une situation dangereuse, il est probable alors que tous ceux qui ne se sentent pas à l’aise avec cette idée se remémorent tous les moments où on leur a dit “N’aie pas peur !” et taisent simplement leur malaise, honteux de le ressentir et de ne pouvoir se faire confiance à eux-mêmes…

Ceux qui réussissent croient en eux-mêmes, savent qu’ils peuvent s’écouter. Savent que ce qu’ils ressentent et ce qu’ils expriment est valide.
Pour les aider à atteindre cet objectif, validons les sentiments de nos enfants.
“Tu es déçu de ne pas avoir eu ta première étoile…” est un bien meilleur accompagnement de l’enfant : il apprend à identifier son sentiment, à le recevoir, et il apprendra même par l’expérience que certains sentiments ne durent pas. Nous l’armons donc bien mieux pour les futures expériences difficiles, qu’il ne manquera pas de vivre !

— Note : si ce thème de validation des sentiments vous inspire, faites donc un tour sur la présentation de ma mini-formation d’accompagnement des émotions

Laissons-les faire seuls !

La confiance en soi, c’est également savoir que l’on est capable.

Dès le plus jeune âge, c’est ce que cherche l’enfant. “Moi tout seul”. Ce n’est pas toujours évident pour nous, parents, parce que nous savons qu’il n’y arrivera pas, ou que ça prendra beaucoup plus de temps et que nous sommes pressés, ou parce qu’il risque d’y avoir des dégâts au passage, parfois simplement parce que nous voulons nous sentir utiles en les aidant…

Toutes ces raisons sont les nôtres, et elles sont valables, mais la force de vie qui anime nos enfants dans ces moments-là est également ce qui nous aidera à suivre le cap.

Laisser l’enfant faire seul est une priorité

Dans la pratique, comment l’appliquer ?

  • lui offrir un environnement à son niveau (beaucoup de bonnes idées pour commencer dès le début, dans cet article de “parents naturellement” sur l’autonomie de bébé)
  • prendre le temps de lui enseigner. “Voici comment on verse le lait dans le bol…”
  • s’il y a des dégâts, c’est également l’occasion d’un enseignement : “Pour nettoyer, tu peux prendre cette éponge-là.”
  • calculer plus de temps pour le lui laisser.

Plus nous laisserons d’autonomie à notre enfant, plus il se sentira capable.
Ainsi, dès qu’ils le peuvent, encourageons-les à participer à la vie familiale.
Même s’ils y sont au départ réticents (parce que nous leur avons donné de mauvaises habitudes), le fait de contribuer sera bénéfique pour leur confiance en eux.

Surtout, surtout, gardons en tête cette idée-là :
“Nous aidons mieux en aidant moins.” Haïm Ginott

Laissons-les décider seuls

Enfin, l’un des points les plus difficiles pour nous, est d’accepter que nos enfants sont capables de prendre leurs propres décisions.
Nous sommes des guides, oui, mais il y a une énorme différence entre l’autorité qui impose et le guide qui inspire.
Si nous attendons de nos enfants qu’ils obéissent à ce que nous leur demandons, sans même y réfléchir, nous ne les aidons pas à développer leur sens des responsabilités, et leur prise d’autonomie. Nous risquons plutôt d’encourager des luttes de pouvoir, ce qui est encore un autre problème. Voilà pourquoi je ne cherche pas à avoir des enfants obéissants. (lien)
Cela ne veut pas dire que nous ne leur demandons plus rien. Au contraire. Un bon leader encourage à la coopération ! Nous chercherons donc à influencer plutôt qu’à imposer.

Et dans les décisions du quotidien, encourageons nos enfants à se poser des questions, à prendre leurs décisions, et à en constater le résultat. Bien sûr, cela veut dire qu’ils feront face à des échecs, que nous ne leur aurons pas évités. Mais c’est ainsi qu’ils apprendront. Et quand ils réussiront, ils pourront être fiers d’eux, fiers d’avoir persévéré, fiers d’avoir accompli quelque chose seuls. Ils s’affirmeront pour ce qu’ils sont, sans se sentir un prolongement de nous.

Alors, nous les aurons vraiment aidés à avoir confiance en eux pour réussir.

Cliquez ici pour consulter les autres articles de ce carnaval sur le thème de la confiance; sur le blog entrepreneuses à succès !

“Voie sans issue”…
Cette photo représente bien ce que nous pourrions ressentir en vivant à Puerto Rico en ce moment ! La tentation est forte en effet de se laisser abattre, de baisser les bras face à l’ampleur de la tâche.
Mais ce n’est absolument pas ce que font les gens ici.
Il s’agit au contraire d’avancer, et d’avancer. Peu à peu.
Des-pa-ci-to, comme le dit cette chanson portoricaine qui a fait le tour du monde !
A l’école, il y a eu quelques dégâts, bien sûr, comme partout.
Mais tout le monde s’est mobilisé.
Deux jours après l’ouragan, comme dans toutes les organisations, moins de la moitié du personnel avait pu être jointe. Et peu se présentaient. Parce que les poteaux de téléphones sont tombés, parce que les routes étaient bloquées (par l’eau, par les arbres), parce que les gens manquent d’essence.

Et pourtant, trois jours après l’ouragan, la communauté était présente : non seulement le personnel qui le pouvait, mais également parents et enfants. Pour balayer, évacuer la route, tirer les branches d’arbres, couper les troncs…

La mobilisation dans les rues est impressionnante !
Et voilà pourquoi je suis ravie d’être ici avec mes enfants.

La situation n’étant franchement pas facile, beaucoup de femmes et enfants s’en vont chez des amis aux US, laissant la situation se rétablir. Il parait qu’à l’aéroport, c’est la lutte !  Je ne les blâme pas, c’est vrai qu’on a pour l’instant l’impression de lutter quotidiennement. J’ai du mal à croire que cet ouragan date seulement d’une semaine…

Et pourtant, ce matin-même, je répondais à une amie de Boston qui me proposait de les rejoindre, que j’aurais l’impression d’abandonner Puerto Rico.

Ce n’est pas le moment de partir.
C’est le moment de découvrir un autre monde.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants les économies d’énergie.

Nous avons la chance d’avoir un générateur dans l’immeuble. Mais la lutte pour le diesel pour qu’il fonctionne est rude. Donc, l’immeuble a mis en place des horaires de fonctionnement. Et quand il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas non plus d’eau, car il faut une pompe pour la faire monter.

Nous ne mettons donc plus la climatisation, les fenêtres sont grandes ouvertes, l’air circule un peu, mais nous avons très chaud, et les moustiques entrent (espérons que personne n’attrape le zika…). Une seule chambre avec climatisation la nuit : nous dormons tous les 6 dans la nôtre !
Le frigo n’est pas ouvert dans les horaires sans électricité, il faut pouvoir s’organiser avant, et ne pas manger une barre de céréales, qui se gardera, mais plutôt une mangue, parce qu’elle va se perdre.

Lorsque l’électricité revient, il faut re-remplir les récipients d’eau : pour boire, mais aussi pour se doucher (parce qu’il arrive également que le générateur tombe en panne et que la douche, prévue au moment où il doit être rallumée, ne soit plus possible), et à côté de chaque lavabo pour se laver les mains.

 C’est le moment d’enseigner à nos enfants la compassion.

Malgré toutes ces difficultés, nous faisons réellement partie des chanceux. Ceux qui sont restés dans leur appartement, qui ont gardé toutes leurs affaires, et qui ont un frigo à peu près maintenu !

D’autres histoires nous parviennent, plus ou moins proches : la soeur du gardien a perdu sa maison. Le monsieur de la maintenance doit trouver une manière de couper l’arbre tombé sur un côté de la sienne. La femme de ménage a eu son appartement inondé, et cherche à faire sécher ses matelas, tout en logeant la famille du dessus car le toit s’est envolé. Celle de mon amie est dans un 2ème refuge : celui qu’elle avait rejoint pour l’ouragan s’est écroulé, et elle n’a plus que ce qu’elle portait sur elle. Nous cherchons à lui apporter des choses, mais elle est injoignable. Vous noterez, bien sûr, que c’est toujours la même chose : ce sont ceux qui ont déjà moins qui se retrouve à perdre ! Et donc…

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la solidarité.

Chercher ce qu’il manque aux gens, trier nos affaires, en donner. Aller déblayer les rues. Oscar aide les personnes plus âgées à monter leurs affaires, en l’absence d’ascenseur. Par deux fois, les gens ont voulu le payer… Je suis contente de savoir qu’il a refusé. Vivons-nous dans un monde dans lequel l’aide gratuite n’est plus possible ? Je veux croire que non.
Nous descendons les poubelles car, sans ascenseur, le seul employé de la maintenance de l’immeuble ne peut pas tout faire. Nous apportons de l’eau au gardien qui n’en a plus.
Nous ne faisons encore pas tout ce que nous pouvons. Mais nous ferons encore. Car Puerto Rico va mettre un sacré temps à se remettre debout. Bientôt, des initiatives plus accessibles se mettront en place.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la patience.

Je crois que c’est le maître mot du moment. Tout va doucement.
Dans une vie dans laquelle nous étions habitués à un rythme de course, cela devient l’inverse.
Attendre.
Attendre que l’approvisionnement du diesel se remette en place.
Attendre que les magasins rouvrent leurs portes. Un par un.
Attendre que les produits arrivent dans les dits magasins.
Attendre que les messages partent (ou arrivent – en général par groupes !)
Attendre que l’internet revienne.
Attendre que l’école reprenne.
Attendre que les banques rouvrent.
Attendre que l’électricité revienne, chaque jour.
Attendre que Puerto Rico se remette…

“T’es pas gentille” dit ce papa à sa petite fille.

J’ai entendu ça il y peu, dans une librairie. La scène semble anodine, mais elle m’a marquée. Justement pour ce côté anodin.
Car j’étais là depuis un moment, et j’ai vu pourquoi, exactement, le papa faisait ce commentaire à sa fille.
Et j’accorde volontiers le bénéfice du doute à ce papa : si je lui demandais de juger honnêtement si le comportement de sa fille signifiait qu’elle n’était pas gentille, il changerait probablement de formulation. Mais même si je suis parfois tentée, ce n’est pas ma place, ce papa ne me demande rien et ne sera certainement pas réceptif à une quelconque intervention (même si parfois je me sens comme un devoir d’invervenir…).

Mais je m’interroge : comment en sommes-nous arrivés là ?
Je veux dire, depuis quand faisons-nous ainsi des commentaires sans vraiment y réfléchir, sans se demander ce que l’on est vraiment en train de dire ? Depuis toujours, ou est-ce notre société trop bousculée qui a fait ça ? Comment devenir conscient de la portée de nos mots ?

Enfin, je vous raconte.
La petite fille a environ 4 ans.
Elle est accompagnée de ses deux parents, qui choisissent un livre pour elle.
Ils sont donc dans un moment où ils ont du temps, et ont envie de faire plaisir à leur fille.

Je les croise tout d’abord au moment où le livre est choisi. C’est un livre qui devrait faire des sons, il n’en fait pas. La petite fille ne comprend pas.
“C’est parce que je ne l’ai pas encore acheté.” dit sa mère. Visiblement, cette explication n’est pas claire…
Même le père la regarde perplexe. A un adulte, la mère donne une vraie explication : “Tu sais, il faut retirer la languette qui empêche de fonctionner avant.” Ah oui.
Je pense : “Tiens, c’est dommage de ne pas avoir saisi l’occasion d’expliquer cela à sa fille, ça l’aurait surement intéressée !”, et je m’éloigne.

Nos chemins se croisent à nouveau au moment où nous quittons l’étage jeunesse en sous-sol pour remonter au rez de chaussée.
La petite fille observe un étalage. Les livres sont beaux, ils sont intéressants.
Bien sûr, en théorie, tous les parents aiment que leurs enfants s’intéressent aux livres, et ceux-là ne font certainement pas exception à la règle puisqu’ils sont venus là pour lui en acheter un !
J’imagine bien une scène où le papa s’agenouille à son côté, et qu’ils observent les livres ensemble, commentant ceux qui ont l’air chouettes, et pourquoi…
Mais ce n’est pas le moment.
Le papa appelle. Et répète : “tu viens ?”.
La petite fille ne réagit pas.
Il menace : “Je repose le livre ??”
La petite fille le regarde, je suppose qu’elle ne comprend pas bien le lien… et hésite.
Alors le papa commente : “T’es pas gentille !” avant de lui prendre le bras pour la tirer vers l’escalier.

Toujours ce temps, qui nous presse, et que nos enfants ne saisissent pas…

Dans Les lois naturelles de l’enfant, Céline Alvarez explique que le cerveau de l’enfant possède un million de milliers de connexions de neurones, soit trois fois plus que l’adulte ! Car il est prédisposé à apprendre. Toute expérience, toute observation, crée une connexion. Il crée en fait, accrochez-vous bien, 700 à 1000 connexions par seconde !! C’est plus tard que l’élagage a lieu pour ne garder que ce qui est utile, et cela explique pourquoi nous en avons moins que lui.

Si ce papa pouvait garder cela en tête, il pourrait observer les livres avec sa fille, laisser son cerveau faire ses connexions, avant de lui prendre doucement la main pour remonter. Il pourrait lui demander de lui dire quand elle sera prête à prendre l’escalier.

Seulement ce papa ne sait pas. Et ne se pose pas la question.

Je ne le blâme pas, il n’est pas différent de beaucoup d’autres, il a été élevé comme cela, et il n’en est pas conscient.

C’est justement pour lutter contre cela que j’écris ce blog ! Pour que nous soyons de plus en plus nombreux à devenir conscients, à nous interroger, à prendre du recul.

C’est une attitude au quotidien, et ce n’est pas facile !
Il y a à peine 3 jours, j’ai fait une réflexion désagréable à mon fils de 15 ans, pour me faire la remarque 5 minutes plus tard que je n’aurais probablement pas parlé de la même manière à, disons, mon frère ! Devenir conscient, c’est la clef ! Un peu plus chaque jour, pas à pas.

En attendant, ce papa dit à sa fille « T’es pas gentille ! », sans même y penser, et moi je reste là, en espérant qu’elle ne le croira pas…

L’éducation traditionnelle a encore du mal à s’éloigner des VEO (ou Violences Educatives Ordinaires) – taper les enfants, les humilier…
Le débat soulevé en France par la proposition de loi “anti-fessée” (qui recouvrait en fait bien plus que la question des fessées) montre bien l’intensité de la polémique sur le sujet.
Les parents voudraient pouvoir employer les méthodes qui leur conviennent avec leurs enfants ! Avec parfois cet argument phare : “J’ai pris des fessées quand j’étais petit, je n’en suis pas mort…”

Ok. Je vois l’idée… mais si on la poussait ?
Considérons un homme qui donne une claque à sa femme. Finalement, juste une claque… elle n’en sera pas morte !
Est-ce que du coup, c’est ok ? Est-ce qu’on rejette toute loi contre les violences en jetant les droits des femmes comme les droits des enfants à la poubelle ?

Je me perds, je m’enflamme, et vais donc de suite m’interrompre pour me recentrer sur l’objet de cet article !

Il est évident que ce « je n’en suis pas mort » ne veut pas vraiment dire ça.
Je sais que l »ambition des parents, même de ceux qui défendent certaines violences faites aux enfants, va au delà de leur survie, j’en suis convaincue.
Ce que je devine, c’est que cela signifie : “Je ne m’en porte pas plus mal.”
Or, je ne pense pas que l’on puisse affirmer cela.

Peut-on vraiment mesurer l’impact de ces punitions corporelles sur la confiance en soi, sur la faculté à prendre des risques, à essayer ?
Sur la manière de percevoir le rôle de l’autorité, de l’obéissance ?
D’ailleurs… le parent qui dit cela est devenu quelqu’un qui considère qu’il est normal de taper un enfant…

Aujourd’hui, sans me lancer dans la défense d’une éducation sans violence, je voudrais simplement vous présenter 6 bonnes raisons de ne pas taper son enfant.

 1. Taper son enfant lui fait mal

Rien que ceci devrait être une raison suffisante !
Il est rare qu’un parent ait vraiment envie de faire mal à son enfant.
Nous aurions même plutôt l’élan de nier leurs moments douloureux, d’où notre tendance à nier leurs sentiments difficiles.
(ce qui, de façon surprenante, est l’un des premiers points sur lesquels on évolue quand on s’intéresse à la parentalité positive)

Pour cette fois, écoutons-nous, et épargnons-leur une douleur venue directement du parent.

A cette idée, certains répondent au contraire que c’est le but : s’il a mal, il n’aura pas envie de recommencer ! C’est toute la « vertu éducative » du procédé…
Oui, mais cela crée une vraie détresse pour l’enfant. Sa famille est théoriquement l’endroit où il se sent en sécurité.
Il a une grande confiance en ses parents, en particulier pour ce qui est de le protéger.
Si ses parents le frappent (en précisant même parfois que c’est « pour son bien » – comme dans le cas d’autres maltraitances), comment l’enfant peut-il vraiment ressentir de la sécurité, fondamentale pourtant pour qu’il donne le meilleur de lui-même ?

C’est tout le principe du développement d’un attachement sécure.
Malheureusement, même des parents aimants utilisent ces moyens ordinaires pour faire en sorte que leur enfant leur obéisse.
C’est peut-être votre cas, et si vous êtes là, c’est déjà un sacré pas !

 2. Cela lui montre que frapper est un acte autorisé

L’éducation passe majoritairement par l’exemple. Nos enfants reçoivent bien moins ce que nous leur disons que ce que nous faisons.

Ainsi, taper sur la main d’un bébé est malheureusement la meilleure manière de lui enseigner que taper fait partie des options possibles…

Si nous frappons l’enfant qui se comporte “mal”, il n’y a pas lieu d’être surpris du fait qu’il se mette lui-même à frapper son camarade qui ne se comporte pas comme il le voudrait. C’est ce que nous lui avons enseigné.

Note : il existe des alternatives dans nos réactions face à l’enfant qui tape.

Le terme « frapper » peut vous toucher, et que votre réaction interne soit de l’ordre de « il y a quand même une différence entre frapper un enfant et lui mettre une petite fessée… »
Et je peux comprendre votre approcher. Donner des fessées est tellement une violence ordinaire qu’il est difficile de le percevoir autrement. Et oui, il y a différents degrés dans la violence, je l’admets.
(c’est tout le principe de cette violence dite ordinaire)
Pour autant, cela reste une violence physique.
– Je vous conseille à ce sujet la lecture de « La fessée », d’Olivier Maurel, dont j’aimerais vous faire un jour un résumé… –
Si on s’ouvre à une petite fessée, pourquoi ne pas s’ouvrir à une « petite claque » ?
Ou en tout cas, il faudra bien comprendre que notre enfant ne fasse pas forcément la différence quand, à son tour, il utilisera la violence face à ceux qui n’auront pas le comportement adéquat…

Je préfère donc avoir un message clair, et pour lui et pour moi : toute forme de violence est à éviter ; on ne doit jamais taper. Point.

 3. Taper un enfant rompt notre relation avec lui

Lorsque nous tapons l’enfant, nous rompons le lien affectif. Il se met automatiquement en position de repli, de rancoeur, de colère.
Il aura évidemment encore moins envie de coopérer.

Alors bien sûr, l’idée, c’est de démontrer une forme d’autorité parentale.
Heureusement, il y a d’autre méthodes pour cela.

A une époque, dans les salles de classe, les enfants désobéissants prenaient des coups de baguette sur les doigts.
Les châtiments corporels envers les enfants étaient monnaie courante.
Depuis que le respect des droits de l’enfant ont fait en sorte d’interdire explicitement ces sévices, les enseignants trouvent d’autres manières de fonctionner.

Je sais… certains croient encore que c’est pour cela qu’il y a tant de violence à l’école !
Les études montrent bien pourtant que la violence appelle la violence.
Allez voir les salles de classe dans lesquelles les enseignants s’attachent à créer une connexion avec les enfants (ceux qui suivent les principes de la Discipline Positive par exemple), et vous verrez que ce n’est pas là que vous trouverez le manque de respect si souvent regretté. Est-ce que c’était vraiment du respect, en fait ?

Revenons à la famille. Un des grands principes de l’éducation bienveillante (et dont j’ai bien constaté les effets autant chez moi que dans les familles que j’accompagne…), c’est de se connecter avant de corriger.

Si nous ne cultivons pas le lien avec notre enfant, on voit les chances de coopération s’amenuiser fortement…
Et clairement, la violence quotidienne ne va pas dans le sens du lien !
(Remarque : c’est également vrai pour le fait de crier… et si c’est encore trop dur pour vous, comme ça l’était pour moi il y a quelques années, procurez-vous mes clés pour arrêter de crier)

4. Cela ne lui enseigne rien

Taper l’enfant pour corriger un comportement, c’est axer l’enseignement sur un réflexe pavlovien : “quand je fais ça, ça me fait mal, donc je ne vais plus le faire.”
Ça marche peut-être sur les chiens (encore que, d’après ce que j’ai entendu dire, cette méthode de dressage de animaux soit également en train d’évoluer…), mais dans la démarche, notre enfant ne comprend pas pourquoi le comportement en question est inapproprié.
Il pourra d’autant moins le comprendre que nous éliminons par nos gestes toute possibilité d’y réfléchir : notre tape lui aura donné une distraction mentale. Il ne pensera plus qu’à cela.

(Cette idée de distraction apparait également dans les critiques de la punition par Haïm Ginott, vous vous en souvenez ?
Et on voit le lien avec le titre de cette partie : plus globabement, punir n’enseigne rien, puisque c’est une méthode éducative qui ne s’intéresse pas aux causes derrière le comportement… et il y a en particulier peu de chances que ça calme les choses)

J’en veux pour preuve cet épisode qui nous a permis de constater à quel point une “simple” tape sur la main de son grand-père est encore présente, même émotionnellement, dans l’esprit de notre fils de 3 ans, un an après les faits…
C’est toujours un peu un traumatisme, en fait… en tout cas, c’est resté dans sa mémoire traumatique, alors que la raison de la tape a, elle, disparu !

Pour moi, éduquer son enfant, c’est l’aider à grandir, ce qui inclut une bonne partie d’apprentissage.
Quand il ne se comporte pas de manière adéquate, c’est qu’il ne sait sûrement pas encore comment faire mieux.
Le taper ne l’aidera pas à développer d’autres compétences !

 5. Taper encourage au mensonge

Si l’enfant n’a pas compris pourquoi son comportement nécessitait correction (!), il comprend au moins que ce n’est pas à notre goût.
Donc, s’il n’est pas prêt à y renoncer, il s’attachera en revanche à faire en sorte que nous ne soyons pas au courant, afin d’éviter nos gestes brutaux.

Le même principe est valable d’ailleurs pour toute forme de punition. Infliger des punitions à l’enfant, c’est l’encourager indirectement à cacher ce qui pourrait nous déplaire…

C’est alors un vrai choix : faire passer l’aspect « éducatif » d’abord, ou la confiance entre l’adulte et l’enfant.

 6. Cela peut détruire son estime de lui-même

Comme nous le soulignions au point 1, un jeune enfant a une grande confiance en ses parents. Il cherchera souvent à justifier leur comportement.
(C’est d’ailleurs aussi l’une des raisons pour lesquelles certains parents se refusent à changer de méthodes éducatives : ils ne veulent en fait pas remettre en cause ce qu’ont fait leurs parents !)

Donc, une partie de lui-même est en colère, plein de ressentiment, et, en même temps, une autre internalise que si le parent frappe, c’est qu’il le méritait.
Il a donc vraiment mal agi, il est mauvais…

Et c’est alors l’image qu’il aura de lui-même… à long terme !

Remarque : il en va bien sûr de même pour toutes les violences verbales et humiliations.
On comprend mieux pourquoi les approches qui s’intéressent de près au développement de l’enfant veulent interdire ces pratiques, qui ont toujours également des effets psychologiques…
Parents et éducateurs ont en fait une vraie responsabilité !
Et en même temps… nous ne sommes pas des super-héros

Anecdote personnelle :
Mon frère faisait partie du groupe “J’ai pris des fessées, je n’en suis pas mort !”.
En prenant le temps d’y réfléchir ainsi, il ne lui a pas fallu plus d’un quart d’heure pour changer d’avis.
Pour moi, c’est la magie qui nait du fait de mettre de la conscience dans nos pratiques.

Et vous ? Cela vous parle-t-il ?

Note : Pour télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

Plus le temps passe, et plus je me rends compte à quel point la parentalité positive est une question de rythme. Pour réussir à en appliquer les principes, il ne faut pas être dépassé par le quotidien. C’est ce qui en fait la difficulté, je crois.
Nous vivons dans un monde dans lequel l’immédiat prime, et les parents ne sont pas toujours prêts à réfléchir à long terme.

Au début de l’année, j’ai répondu à un appel à témoins du magazine « Grandir Autrement » (numéro 63, mars/avril 2017) pour un article intitulé « la nécessité de s’accorder des pauses ».

Sophie Elusse y parle d’abord de la pause qui nous permet de vous ressourcer. Parce qu’avant de pouvoir aider l’autre, et en particulier nos enfants, il faut être en état de le faire. Donc, prendre soin de nous. Bien sûr. (De là, d’ailleurs, ma décision récente de me mettre réellement à la pratique de la méditation en pleine conscience)

Dans le livre Parents respectueux, enfants respectueux, est évoquée l’image du masque à oxygène des avions : mettre le sien pour être en mesure d’aider l’autre. Ce n’est pas la première fois que j’entends cette image, et je l’aime bien. Elle illustre bien le fait que prendre soin de soin n’est pas égoïste, c’est aussi faire en sorte d’être en mesure de prendre soin de l’autre !

L’article fait ensuite écho à ce que j’avais mis en avant dans mon témoignage, sur les pauses de réflexion éducative.
Etre parent est un rôle difficile, parce qu’il met nos nerfs à l’épreuve.
Autour des notions de parentalité positive, ou d’éducation bienveillante, on constate que certains parents en ressentent surtout de la culpabilité, parce que, si le modèle est attirant, il parait hors d’atteinte…
Certains prennent de bonnes résolutions, décident qu’ils ne vont plus crier… puis sortent de leurs gonds, parce qu’ils sont humains, et démunis. Et surtout, parce qu’ils ne s’arrêtent pas.
Je crois que c’est là qu’on a tous besoin d’une pause. Une pause que je qualifierai d’éducative.
Une pause qui va nous permettre de prendre de la distance par rapport à la situation. Pas de l’oublier, mais d’y réfléchir. Pouvoir sortir de notre réaction immédiate pour analyser le problème, et réfléchir à la façon de l’aborder.

Extrait de mon témoignage dans l’article :

Ainsi, Coralie, maman de quatre enfants, envisage la pause comme « nécessaire également en gardant les enfants dans l’équation. Quand je lis des livres d’éducation, j’ai le sentiment de faire une pause, parce que je m’arme pour la famille. J’apprends les compétences qui vont me permettre d’apporter plus d’harmonie à la maison. Ce n’est plus une pause pour autre chose, c’est une pause pour eux. Pas avec eux, mais pour eux. […] Pour moi, voilà la pause fondamentale. Celle qui nous aidera à poursuivre plus sereinement. Celle qui non seulement aidera à débloquer la situation, mais également à nous rendre plus fort en tant que parent. Parce qu’on aura pris le temps de choisir la bonne solution. Il y a souvent plusieurs façons de voir les choses. Et ce n’est pas sous le coup de la colère qu’on va les voir positivement… Alors, mon astuce, si je ne dois en garder qu’une, c’est de faire des pauses, seule ou en couple, qui sont en fait des “moments éducation”, des moments où l’on prend du recul, pour pouvoir décider plus sereinement du chemin à prendre. Et c’est souvent un cercle vertueux: plus on trouve le temps de faire ces pauses, moins il y a de stress à la maison, et moins on en a besoin! »

Enfin, apportant sa touche plus personnelle, l’auteure parle des pauses avec les enfants. Celles dans lesquelles on les inclut : on oublie pour un moment la liste de tout ce qu’il y a à faire, pour choisir plutôt un vrai moment partagé.
Et elle a raison de dire que c’est également important : c’est ce qui nous permettra de nourrir le lien, lien qui est à la source même de la coopération que nous cherchons à développer entre eux et nous !

Et vous, quel type de pauses vous accordez-vous ?

“Pensez qu’à tout moment vos interactions avec vos enfants reposent soit sur l’exercice d’un pouvoir SUR eux, soit sur l’exercice d’un pouvoir AVEC eux.”
Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, Parents respectueux, enfants respectueux.

Vers laquelle de ces alternatives désirons-nous tendre ?

Il est probable que tout soit là, comme je le soulevais déjà dans cet autre article tournant autour de la notion de pouvoir.

Quand nous cherchons à changer notre mode de fonctionnement en éducation, il nous faut réussir à passer au dessus des modèles reçus. Réussir à modifier notre posture en profondeur.

C’est probablement cet exercice qui est le plus difficile.

Lorsque j’ai commencé à suivre le chemin de la parentalité positive, je n’avais pas conscience que ce n’était pas seulement m’armer d’outils pour aider à développer l’harmonie de la famille, mais que j’avançais également vers des termes tels que coopération, respect, considération…

Des termes que chacun apprécie, que tous considèrent positivement, mais qui sont dans la pratique bien moins appliqués que ce que l’on pourrait espérer.

Car lorsque les parents demandent la coopération de leurs enfants, sont-ils bien eux-mêmes dans une attitude de coopération aux besoins de leurs enfants ?

Lire encore et encore est probablement ma manière personnelle de faire pénétrer le message. Une partie de mon enseignement se joue au niveau de l’inconscient. Je sens que ma posture change, sans toujours en identifier les déclencheurs.

Car chacun a son approche pour traduire ce changement de modèle :
Quand je lis Jane Nelsen, je sens que mon message face à mon enfant est : “Je suis dans ton équipe.”
Quand je lis Faber et Mazlish, je m’ouvre à la connexion par l’écoute emphatique.
Quand je lis Thomas Gordon, j’envisage enfin une éducation “sans perdant”.
Quand je lis Marshall Rosenberg, j’appréhende l’équivalence des besoins de chacun.
Peut-être que cette lecture variée, qui me nourrit, vous inspirera.
Si vous pensez que cela peut être le cas, faites donc un tour par ma bibliothèque.

Si la lecture de ces ouvrages n’est pas votre tasse de thé, ou que vous manquez de temps, le format blog peut être un bon compromis.

L’échange avec d’autres parents qui ont les mêmes valeurs également !

Nous vivons dans un monde qui tourne plus souvent autour de la notion de compétition que de celle de coopération.
J’aspire à offrir un autre modèle à mes enfants.

J’ai basculé dans une parentalité consciente du long terme, dans laquelle je m’interroge sur les effets de nos choix éducatifs.

Car je suis pénétrée par le principe suivant :
“La manière dont vous élevez votre enfant n’influera pas seulement sur lui, mais sur la vie de centaines, voire de milliers de personnes qu’il rencontrera dans l’avenir. Vous ne pouvez pas choisir d’exercer ou non une influence sur cette situation d’interdépendance, mais vous pouvez choisir QUELLE influence vous exercez.”
Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, Parents respectueux, enfants respectueux.

Et c’est parce que je crois en l’être humain que je cherche à partager cette aspiration, le plus possible, et que je voudrais vous encourager à faire de même.
Pour que, pas à pas, nous changions le monde.
Etes-vous prêts ?

Un article qui n’en est pas un aujourd’hui : c’est une interview… de moi !

Oui, j’ai été interviewée par Frédérique, une maman sophrologue, également sur le chemin de la parentalité positive !

Elle me fait parler de mon rôle de maman, de mes difficultés, de mes réussites.

Si cela vous intéresse, vous pouvez faire un tour sur son blog, et voir l’interview :

Dans un couple, il y a régulièrement des conflits quant à la discipline à mettre en oeuvre face aux enfants.

Depuis que j’accompagne des parents our le chemin de la parentalité positive, qui demande de remettre pas mal de nos idées reçues en question, j’ai vu bien des cas où les parents ne sont pas en ligne. Evidemment, cela complique d’autant plus la mise en place d’un mode alternatif.

S’il est vrai qu’il n’est pas nécessaire que les parents soient toujours en ligne et « fassent front » face aux enfants, comme on avait tendance à le dire avant, il n’en reste pas moins qu’un parent qui cherche à changer ses façons de faire aura particulièrement de mal à le faire s’il avance seul, voire à contre-courant de son partenaire !

Malheureusement, il n’est pas rare de voir un des parents s’accrocher à des méthodes disciplinaires qui ont « fait leurs preuves » (leurs preuves qu’elles ne marchaient pas, en fait…), et imposer ce qu’il pense savoir. Tandis que l’autre, qui touche du doigt un autre modèle, doute. Et le doute ne permet pas d’imposer.

On touche à une certaine relation de pouvoir dans le couple, cette fois : qui peut imposer son mode de fonctionnement à l’autre ?

Dans Il n’y a pas de parent parfait, Isabelle Filliozat soulève un paradoxe qui me semble particulièrement intéressant : elle observe que c’est souvent le parent le plus présent auprès de l’enfant qui remet les schémas reçus en question. Parce que ses principes se heurtent à la réalité. Parce qu’en faisant vraiment face à l’enfant, il ne peut ignorer ses réactions, son état émotionnel. « Mais, hélas, c’est fréquemment l’autre qui a le pouvoir dans le couple. Parce que c’est lui qui travaille à l’extérieur et ramène l’argent. » écrit Isabelle Filliozat. Si c’est un peu caricatural, ce cas de figure reste cependant fréquent dans notre société qui reste encore très patriarcale…

Nous arrivons donc bien devant un paradoxe : le parent absent sait comment les enfants s’éduquent en théorie, alors que le parent présent doute, et a du mal à imposer son point de vue. 

Face à ce constat, que peut-on faire ?

  • De la communication ! Au fur et à mesure que nous avançons sur notre chemin, partageons nos doutes et nos interrogations. Chez nous, lorsque j’ai pris conscience du tournant éducatif que j’étais en train de prendre, j’ai compris que j’avais besoin d’être accompagnée et soutenue dans cette démarche. Nous avons alors mis en place, Nicolas et moi, des « réunions éducation » hebdomadaires, pour que je lui parle de mes dernières lectures, et de comment elles s’appliquaient à nos enfants.
  • Exprimer notre demande d’aide : Quand on cherche à être sévère face à un enfant, on demande le soutien de l’autre, afin qu’il ne « sape » pas notre autorité. Essayons de faire de même quand on cherche à se connecter à son enfant : demandons de ne pas être interrompus, pour ne pas nuire à ce processus.
  • Amener l’autre à se heurter à la réalité : en le laissant en charge. S’occuper des enfants est beaucoup plus éprouvant que ce que ceux qui le font peu peuvent penser. Je ne dis pas que travailler dans un bureau n’est pas fatigant. Mais c’est émotionnellement beaucoup moins dense. Si le moins présent des parents pouvait passer une semaine seul en charge des enfants, il est fort probable que ses principes seraient ébranlés…
  • Observer des situations qui ne sont pas les nôtres. Lorsque nous sommes impliqués, il est toujours très difficile d’être objectif. Si nous saisissons les opportunités de la vie quotidienne pour observer les autres familles, nul doute que nous trouverons de quoi illustrer nos propos sans mettre en cause l’autre parent. C’est parfois beaucoup plus facile d’avoir un point de vue extérieur, et on peut en tirer un bon enseignement !
  • Enfin, enseigner par l’exemple. J’ai vu des cas où le parent réticent à lire ou même à écouter est amené à changer malgré tout en constatant le changement de dynamique dans la relation des enfants à son conjoint. La difficulté de cette méthode réside dans le fait que cela nécessite d’être fort, de croire suffisamment en soi pour suivre notre chemin, indépendamment de l’autre, en espérant qu’il évolue peu à peu. Pas facile…

Quoi qu’il en soit, et même si l’idéal est bien sûr d’avancer à deux, restez persuadé(e) qu’il vaut mieux pour l’enfant avoir un parent qui l’écoute, plutôt qu’aucun…

Et puis, pour compléter votre approche, je propose une formation :

👉🏻 comment parler sereinement des désaccords éducatifs dans le couple ?