Tous les parents souhaitent voir leurs enfants s’épanouir, se sentir libres, confiants et responsables. Mais comment les accompagner concrètement ? Dans cet article, découvrez pourquoi cultiver l’autonomie et le pouvoir personnel : deux compétences fondamentales dans le développement de chacun.
Ces deux aptitudes aident à faire, mais aussi à être, à choisir, à oser, à devenir soi-même un peu plus chaque jour.
Elles sont liées, parfois même indissociables. Elles s’alimentent l’une l’autre, se chevauchent parfois, et pourtant, chacune a son rôle dans la construction de l’enfant.
On vous propose de les (re)découvrir simplement, avec peut-être un regard un peu neuf.
Note : cet article a été écrit par Emilie
L’autonomie : faire soi-même et s’impliquer
L’autonomie : qu’est-ce que c’est ?
Quand on parle d’autonomie, on pense souvent à des gestes concrets : s’habiller seul, ranger sa chambre, faire ses devoirs, cuisiner… C’est un aspect, c’est vrai, mais l’autonomie ne se résume pas à cela.
C’est une compétence vivante qui évolue avec le temps et l’âge. Par exemple, cela peut aussi être :
- prendre des initiatives
- perservérer dans une tâche
- s’organiser pour que quelque chose aboutisse
- gerer son temps
- Avoir des stratégies pour réguler ses émotions
Pour résumer, l’autonomie, c’est la capacité à agir, prendre en charge, s’organiser par soi-même. C’est ce qui permet à l’enfant de prendre sa place dans le monde, en développant des compétences concrètes… mais aussi une vraie confiance en ses capacités.
L’autonomie, ça se construit
Elle se bâtit petit à petit : on commence par faire avec l’enfant, puis à côté, puis on le laisse faire tout seul.
Et même si ce n’est pas toujours parfait (les oublis de matériel, la cuisine démontée, on connaît !), chaque essai est une avancée. Parce qu’au fond, l’autonomie, ce n’est pas la performance, c’est l’élan vers l’indépendance.
Un enfant autonome n’est pas un enfant qui “gère tout tout seul” : c’est un enfant qui se sent capable, parce qu’on l’accompagne avec bienveillance.
Selon Maria Montessori l’adulte n’est pas celui qui “forme” l’enfant, mais celui qui accompagne ce qui cherche à éclore en lui. Le parent ou l’éducateur est un guide discret, présent, disponible, mais sans interférer inutilement. Elle parlait de “liberté dans les limites”.
Pour qu’un enfant exerce son autonomie, il a besoin de choisir librement… mais dans un environnement où les règles sont claires, les attentes cohérentes, les rythmes respectés.
Ce cadre sécurisant n’est pas une cage, mais une boussole. Il donne à l’enfant la liberté d’expérimenter sans se perdre. C’est là que peut naître une vraie confiance en soi.
Le pouvoir personnel : oser être soi, avec respect
Le pouvoir personnel : de quoi parle-t-on ?
Le mot « pouvoir » peut faire peur. On pense parfois à la domination, à l’autorité, au contrôle.
En réalité il existe deux formes de pouvoirs :
- le pouvoir positionnel : comme un capitaine, un enseignant, un parent. Il découle de la position.
- le pouvoir personnel : il vient d’un ancrage intérieur. Ce pouvoir-là, tout le monde le possède.
Pour chacune de ces formes il existe une utilisation saine du pouvoir.
(et pour mieux le comprendre, je vous encourage à lire mon article « Question de pouvoirs »)
Concentrons-nous ici sur le pouvoir personnel qui est moins visible que l’autonomie.
Il s’agit d’apprendre à le reconnaître, à le nommer, à s’en servir avec respect et conscience.
Là où l’autonomie parle de ce que l’on fait, le pouvoir personnel touche d’abord à ce que l’on est, avant qu’on l’exerce.
C’est cette force intérieure qui permet à un enfant (et à un adulte !) de se sentir légitime, d’oser dire ce qu’il pense, ressentir ce qu’il ressent, poser ses limites, faire des choix alignés, même quand c’est inconfortable.
C’est une force calme, pas une domination. Un enfant qui affirme son pouvoir personnel ne cherche pas à tout diriger : il cherche juste à exister pleinement, sans s’écraser, ni écraser l’autre.
La légitimité, terreau du pouvoir personnel
Cette capacité à oser être soi prend racine dans un sentiment profond de légitimité intérieure. Se sentir légitime, ce n’est pas penser qu’on a toujours raison, mais se sentir autorisé à exister tel qu’on est, à penser par soi-même, à ressentir sans se justifier, à faire entendre sa voix.
Le psychologue Carl Rogers, pionnier de l’approche centrée sur la personne, parlait de “regard positif inconditionnel” un accueil sans jugement, qui aide l’enfant à développer un sens de sa propre valeur. C’est ce type de regard, stable et bienveillant, qui nourrit la légitimité intérieure
Ce pouvoir-là se construit surtout dans la sécurité relationnelle : dans les regards qui valident, dans les “je t’écoute” sincères, dans les “tu as le droit de penser autrement”, dans les moments où on accepte qu’ils disent non… et qu’on leur dise non aussi.
Quand un enfant sent que son point de vue est écouté, que ses émotions ont le droit d’exister sans être corrigées ou minimisées, il se sent digne de confiance, donc digne tout court.
Ex : Une enfant qui défend une camarade à l’école en disant :
« Je trouve que c’est méchant ce que vous dites. »
Elle ose dire ce qui lui semble juste, agit à partir de ses valeurs. Elle exerce son pouvoir personnel.
Deux dimensions qui se répondent, se complètent… et parfois se mélangent
L’autonomie et le pouvoir personnel sont deux forces complémentaires, mais elles ne se développent pas exactement de la même manière.
Autonomie | Pouvoir personnel | |
Centré plutôt sur | le faire | l’être |
Ce qu’on développe | l’action, l’organisation, l’initiative | l’assertivité, l’alignement à ses valeurs. |
Les fondements | la compétence | la légitimité |
L’autonomie permet à l’enfant d’agir, de s’organiser, de se lancer . Elle s’ancre dans le sentiment de compétence : “Je peux”.
Le pouvoir personnel, lui, donne la solidité intérieure. Il s’exprime quand l’enfant affirme une pensée, une émotion, une limite, reste fidèle à lui-même. Il prend racine dans la légitimité : “J’ai le droit d’être moi”.
L’un donne la capacité d’agir dans le monde, l’autre la solidité d’y prendre place, sans se déformer. Ensemble, ils permettent à l’enfant de devenir acteur et auteur de sa vie.
Elles sont comme deux ailes. L’une donne de l’élan, l’autre donne de l’équilibre.
Sans l’autonomie, l’enfant dépend.
Sans le pouvoir personnel, il s’efface.
Il arrive souvent qu’une situation fasse appel aux deux compétences :
Par exemple, un enfant qui choisit ses vêtements fait preuve d’autonomie. Mais s’il les choisit en fonction de ce qu’il aime vraiment, malgré le regard des autres, il active aussi son pouvoir personnel.
Autre exemple, un enfant qui dit “je ne veux pas faire cette activité, je n’aime pas les jeux de ballon” montre qu’il affirme son ressenti (pouvoir personnel). Mais s’il propose d’être arbitre s’organise ou s’investit ailleurs … il fait preuve d’autonomie.
On peut dire que :
- L’autonomie nous rend libres : on sait faire par nous-mêmes.
- Le pouvoir personnel nous rend solides : on sait qui on est, et on ose l’être.
Pourquoi c’est si important de les nourrir…
Ces deux forces permettent à nos enfants de se sentir bien dans leur peau, d’avoir les outils pour faire face aux défis, sans paniquer, ni se soumettre.
Un enfant qui se sent :
- capable d’agir
- autorisé à être lui-même,
- reconnu dans ses besoins
grandit avec plus de confiance, de responsabilité, de respect de soi… et des autres.
Ce sont ces qualités qui favorisent l’estime de soi, des relations saines, une capacité à faire des choix alignés tout au long de la vie.
Dans un monde où l’on parle souvent de performance, de contrôle, ou de pouvoir sur l’autre, il est plus que jamais nécessaire de valoriser l’aspect lumineux de ces compétences – celui qui sert à se relier, s’affirmer, coopérer, créer et grandir ensemble.
En tant que parent, comment accompagner nos enfants ?
On aimerait parfois que ça aille vite pourtant tout ça ne se fait pas en un jour. Et surtout, ça ne se décrète pas. L’autonomie ne s’impose pas (“vas-y, fais tout seul !”) ; le pouvoir personnel non plus (“exprime-toi, allez !”).
Accompagner, c’est souvent oser faire un pas de côté, c’est à la fois ne pas tout faire à la place, mais aussi ne pas disparaître. C’est trouver une juste distance : assez proche pour rassurer, assez loin pour laisser respirer. Ce rôle évolue sans cesse : parfois guide, parfois témoin, parfois simple présence.
On peut imaginer cette posture comme celle d’un tuteur souple : il soutient la croissance sans forcer la direction, ni retenir l’élan. Le parent devient alors gardien d’un espace sécurisé, dans lequel l’enfant peut s’essayer, se tromper, recommencer… et construire peu à peu sa propre manière d’être au monde.
Ce n’est pas toujours confortable, ni évident. Mais c’est dans cette relation vivante, imparfaite et sincère, que l’autonomie et le pouvoir personnel trouvent leur plus beau terrain d’épanouissement.
Voici quelques repères simples à garder en tête pour construire ses forces dans le temps, la confiance et la relation :
- Laisser faire / laisser de l’espace, même si ce n’est pas parfait, même si ca prend plus de temps.
- Écouter pour de vrai.
- Valider les émotions.
- Faire confiance tout en restant présent.
- Accueillir un désaccord
- Ne pas solutionner un problème rencontré mais plutôt accompagner, interroger et les laisser en charge.
- Se rappeler que ces forces grandissent d’autant mieux quand on les incarne aussi du mieux possible, en tant que parent.
Des capsules conçues pour développer l’autonomie et le pouvoir personnel
Autonomie et pouvoir personnel ne sont pas des objectifs à cocher. Ce sont des chemins, des élans, des forces qui se développent dans les petites situations du quotidien.
Ce sont des graines qu’on sème avec amour, patience, et confiance.
Si vous avez envie d’aller plus loin sur comment développer ces compétences de vie, de découvrir des idées concrètes, sensibles, joyeuses pour nourrir ces forces avec vos enfants…
….Nos nouvelles capsules parent/enfant ont été pensées pour explorer ces deux dimensions, avec des jeux, des mises en situation, des défis, des temps de parole…
L’une d’elle porte spécifiquement sur l’autonomie :
- apprendre à s’organiser
- oser faire seul
- tenir un petit engagement
- identifier ses émotions
L’autre met l’accent sur le pouvoir personnel :
- dire non avec respect
- poser une limite
- exprimer un désaccord calmement
- affirmer une valeur ou reconnaître une erreur
Et parfois… les deux se croisent, se mélangent, se renforcent.
Ces capsules ne donnent pas de leçon.
Elles ouvrent des chemins.
Des chemins pour oser essayer, pour mieux se connaître, pour mieux vivre ensemble.
Nous espérons qu’elles vous inspireront et donneront envie d’explorer ce qui cherche si fort à grandir : l’autonomie pour agir, le pouvoir personnel pour exister pleinement. Parce que nourrir ces compétences , c’est offrir à nos enfants la possibilité d’être pleinement eux-mêmes, tout en avançant vers plus de liberté et de responsabilité.
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Note : ces 2 thèmes viennent s’ajouter aux 4 thèmes déjà existants des capsules de l’été :
- le réservoir affectif
- les langages de l’amour
- la pleine conscience
- la gratitude
Parce qu’il est important pour nous de trouver des manières de transmettre ces notions à nos enfants…