Quand nos enfants se disputent, en général, on n’a qu’une hâte : celle que ça s’arrête !! Et dans notre hâte, on commet ces erreurs communes face aux disputes entre enfants.

Malheureusement, ces disputes ne concernent pas que les protagonistes, mais bien tout l’entourage.
Chaque dispute nuit à l’ambiance générale, tout le monde se sent tendu, et toute la suite s’en ressent.

Pourtant, on aimerait bien que nos enfants sachent comment faire face au conflit sans en passer par de l’agressivité et de la violence.
On voudrait que nos enfants expriment différemment leur colère, qu’ils se respectent et qu’ils trouvent des solutions à leurs conflits qui conviennent à tous.

Bien sûr, on est conscient que tout cela demande un apprentissage… mais comment faire pour les y aider ? Pour que ce soit plus rapide ?

Je crois qu’en fait, on s’y prend souvent de manière maladroite, sans même s’en rendre compte.

Aider nos enfants dans leur dispute n’est pas évident. Comme d’habitude, on a tendance à reproduire ce qu’on a appris, même quand on constate que ça n’aide pas tellement la situation à moyen terme. Et c’est comme ça qu’on reproduit, encore et encore, des erreurs communes face aux disputes entre enfants, sur lesquelles j’attire votre attention ici.

Parce qu’on ne sait juste pas comment faire autrement.

Ce qu’en disent les enfants…

Avant d’écrire cet article, j’en ai parlé à mes enfants.

Je leur ai demandé quelles étaient pour eux les attitudes des adultes face à une dispute entre enfants qui étaient aidantes, et celles qui ne l’étaient pas.

Mon fils Léon (10 ans) m’a simplement répondu :

« Celles qui sont aidantes, c’est tout ce que tu fais toi, et celles qui n’aident pas, ce sont celles des autres adultes. »

Alors au delà de la flatterie… il y avait un point important dans sa réponse !

Parce qu’il ne faut pas croire que je suis magiquement compétente quand il s’agit de réagir à une dispute ! Non, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup appliqué, amélioré, affiné, et… en fait j’apprends encore, au quotidien !

S’il a l’impression que mes attitudes sont aidantes, et pas celles des autres, c’est parce que les autres (comme moi il y a quelques années) n’ont pas appris à adopter des attitudes aidantes. Ma manière de réagir aux disputes a complètement changé depuis que je chemine, et j’ai maintenant beaucoup à transmettre sur ce sujet.

C’est pour cela que j’ai créé la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »… mais je vous en reparlerai plus loin !

Quant à ce que m’a dit Anatole, je vous en parle dans la première des erreurs communes

Erreur 1 – Négliger les émotions

Quand il y a une dispute, c’est qu’il y a des émotions. Et, en général, des émotions fortes.

Evidemment : si personne n’était sous le coup de l’émotion, tout se réglerait dans le calme, voire il n’y aurait même pas conflit, parce que chacun aurait la faculté d’écouter l’autre.

Donc, faire fi des émotions présentes, cela revient à nier la dispute.

Cela se traduit par 2 tendances possibles :

celle, justement de vouloir effacer la dispute, ou bien celle de chercher à « raisonner » un enfant encore sous la vague de son émotion.

En « effaçant » la dispute

C’est d’ailleurs parfois littéralement ce qu’on leur dit : « Pas la peine de se disputer pour ça ! ».

En fait, ce n’est pas comme si les enfants AIMAIENT se disputer…

S’ils se disputent, c’est que, pour eux, à ce moment-là, C’EST important.

Suffisamment important pour que ça crée ces émotions.

On ne peut pas toujours le comprendre, et je dois dire qu’il m’arrive encore de leur renvoyer un peu ça… Par exemple en demandant : « C’est tellement important pour toi que ça vaut le coup de se disputer ? »

Quand je dis ça, je l’avoue, mon ton n’est pas toujours exemplaire.. dans le fond, il reflète probablement que je ne trouve pas ça tellement important… mais j’essaye de rester quand même dans l’accueil et la curiosité, comme je le peux, en encourageant quand même à une certaine prise de recul. De mon mieux. Bref.

Tout ça pour dire qu’aborder la situation sous l’angle : « Arrêtez de vous disputer ».. eh bien, comment dire… ça n’a aucune chance de marcher, en fait !

Selon mon fils Anatole (8 ans), une attitude qui n’aide pas du tout, c’est quand l’adulte dit : « Arrêtez, ou je vais devoir vous punir »

Il m’explique que non seulement ça n’aide pas, mais même ça empire les choses !

« Parce que quand on se dispute, on est déjà énervé contre l’autre, alors si en plus on se fait punir, on considère que c’est de sa faute, et on lui en veut encore plus ! »

Logique, non ?

En cherchant à raisonner

L’autre piège, quand on oublie de considérer les émotions, c’est de vouloir directement aller vers un raisonnement pour trouver une résolution.

Sauf que, quand on est sous le coup de l’émotion, on n’est pas capable de raisonner !

Donc, d’abord l’écoute et la validation, ensuite seulement les explications.

Ah tiens, tant qu’on parle d’entrer dans le raisonnement… c’est une transition parfaite pour l’erreur commune suivante.

Erreur 2 – Traiter seulement la partie émergée de l’iceberg

Au moment où on peut vraiment parler avec les enfants, sans que des émotions trop présentes empêchent la conversation, on a cette tendance à rester « collé » à l’épisode.
Comme si, lorsque mon fils Anatole empêche sa copine de tirer dans le ballon, son objectif était vraiment de l’empêcher de tirer dans le ballon !

Si on en reste là, on va entrer dans des considérations du type « toi, quand tu joues au ballon.. », ou « tu peux attendre ton tour ». Bref, on ne va traiter que la partie émergée de l’iceberg, sans chercher à comprendre tout ce qui se joue derrière, sans voir la VRAIE raison de la dispute.

A ce moment-là, pourtant, Anatole cherche à vivre quelque chose de fort pour lui. Il se sent seul, triste, déçu, parce que son copain lui a dit qu’il ne voulait plus jouer avec lui, et il cherche de la compagnie, il voudrait recevoir de l’empathie, il veut sentir qu’il a le pouvoir de faire en sorte que les autres se sentent comme lui et le comprennent….
Waouh ! Mais si on n’adresse que le pied devant le ballon, on passe complètement à côté de tout cet aspect sous-jacent qui est en fait fondamental !

Seulement voilà : pour réussir à aborder les choses autrement, il faut pouvoir prendre du recul, et gagner en conscience.

C’est l’objectif de tout le module 1 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie ».

Erreur 3 – Devenir l’arbitre de la dispute

Ça, c’est vraiment une erreur commune face aux disputes entre enfants. C’est une erreur classique, et normale.

Évidemment, on a vu tous les adultes autour de nous faire de même en grandissant.

Comme s’ils savaient mieux que les enfants ce qui était bien et mal, ce qui nous convenait, et ce qu’il fallait décider.

Bien sûr, nous avons un rôle de guide auprès de nos enfants. Nous avons la responsabilité de leur transmettre certaines valeurs, certaines règles de vie, et en particulier le respect de l’autre. Mais imposer le respect n’enseigne pas le respect.

D’autant que quand on joue le rôle de l’arbitre, on se trompe toujours !

Pourquoi ? Parce qu’on applique alors l’une, l’autre, ou un mélange des 2 méthodes suivantes :

On cherche le coupable

Avant de pouvoir juger, il nous faut comprendre.

Donc, on commence par chercher le « coupable ».

Rien que dans la démarche, on voit déjà qu’on part mal. Enfin, je dis ça avec le recul… peut-être que vous ne le voyez pas encore, parce que vous n’avez pas encore parcouru le chemin que je parcours depuis plusieurs années, et sur lequel j’avance encore !
Laissez-moi donc expliciter un peu mieux ce que je veux dire.

Quand on cherche un coupable, on reste dans une logique binaire de « bien » et de « mal ».
On entretient implicitement l’idée que l’un des deux a tous les torts.
Ce qui aura un tas de conséquences néfastes sur l’ambiance générale à moyen terme :

  • personne ne va vouloir s’excuser, puisque ça voudrait dire prendre TOUS les torts à sa charge. Or, il faut être deux pour se disputer. En général, il y a des torts des 2 côtés, et des raisons des 2 côtés. Quand on apprend nos enfants à demander pardon (et c’est l’objet d’un contenu entier du module 3 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »), on leur apprend en fait à prendre la responsabilité de ce qui les concerne, sans cette notion de « perdre » contre l’autre.
  • celui qui a été déclaré coupable va soit se sentir misérable, et ça ne l’aidera certainement pas à se sentir mieux pour se comporter mieux ; soit il en voudra encore plus à l’autre, et gardera alors un ressentiment qui s’exprimera, sans nulle doute, sous la forme d’une nouvelle dispute dont on vient de semer les graines…
  • celui qui a été déclaré non coupable en ressortira avec un sentiment de supériorité qui confirmera qu’il a raison de se disputer avec son frère / sa soeur, et risque bien de remettre ça en pratique rapidement
  • on encourage un clivage qui crée ou entretient la rivalité

En éducation positive, on ne cherche pas des coupables, on cherche des solutions.

On cherche à être « juste »

D’un certain côté, chercher le coupable, c’est chercher à être juste, chercher à voir où sont les torts, ce qu’il faudrait « réparer »…

Ça part d’une bonne intention : celle de la justice.

Mais que veut dire être juste ?

Sait-on RÉELLEMENT ce qu’il s’est passé ?

Oui, on peut recevoir le récit de l’épisode. Couvre-t-il bien tout ?

A-t-on bien pris en compte que le point de départ, c’était en fait un sentiment de jalousie qui datait de la veille quand… ?

Toute cette partie cachée de l’iceberg… la voit-on ?

Comment peut-on prétendre être juste alors qu’on ne sait pas vraiment ce que chacun vit ?

Ah, et d’ailleurs : quand on intervient pour être sûr que chacun ait « la même chose », est-ce qu’on tient compte des besoins de chacun ?

Pour être juste, vaut-il mieux chercher l’égalité, ou l’équité ?

Argh… tant de questions…

En fait, je crois que ce sont les enfants qui pourront nous aider à être justes. C’est à eux de savoir ce qu’ils vivent, ce qui leur convient, ce qui fera le plus sens en fonction de où ils en sont, et de ce qu’ils sont prêts à accepter, à donner, à recevoir.

On ne peut jamais être juste si on ne les implique pas dans la rechercher de la solution !

Et donc, forcément, en prenant parti, on crée, là encore, du ressentiment.

Bon.

Alors… facile… il suffit de…

Erreur 4 – Les laisser se débrouiller seuls

Ah oui, mais non !

Je sais, cet article vous perturbe. Moi aussi, j’ai été perturbée quand j’ai appris tout ça…

Alors, d’abord, avec ces 3 premières erreurs, on prend conscience de tout ce en quoi on est maladroit quand on intervient dans les disputes.

On s’aperçoit que notre intervention fait plus de mal que de bien.

La conclusion qui s’impose, c’est donc, simplement, d’arrêter d’intervenir ! De les laisser gérer la situation.

Parce que c’est en pratiquant qu’on apprend, donc il s’agit de les laisser pratiquer, expérimenter…

Et vous trouverez effectivement de nombreux articles d’éducation positive qui vous conseilleront ça.

MAIS

mais pour que leur pratique les fasse avancer dans la bonne direction, encore faut-il qu’ils aient un modèle à suivre, non ?

Nos enfants apprennent à parler seuls parce qu’on leur parle.
Si on prononçait devant, 90% du temps, des mots tordus… eh bien ils parleraient avec des mots tordus, évidemment.

Et c’est ce qui se passe avec la gestion de conflit.

Je souhaitre TRÉS fortement que cela change. Mais aujourd’hui, la réalité, c’est que la plupart des adultes

1- ne savent pas mener une gestion de conflit respectueuse

2- ont tendance à user de leur pouvoir pour imposer leur solution

Donc, si on laisse les enfants se débrouiller seuls, ils vont faire la même chose.

cqfd.

DONC

Donc, si on veut réellement amener nos enfants à savoir faire face au conflit autrement qu’en se criant dessus.

Si on veut qu’ils sachent écouter l’autre, qu’ils sachent exprimer leur problème, qu’ils sachent trouver d’autres méthodes que l’agressivité, qu’ils sachent comment chercher des solutions qui pourraient convenir à tous… il va falloir les accompagner.

Seulement, pour ça… il faut savoir le faire. Et on n’a pas appris.

La bonne nouvelle ? On PEUT apprendre !

Et moi, maintenant, je crois vraiment que c’est notre responsabilité.

C’est grâce à cet apprentissage, et cet accompagnement qu’on se retrouve avec un enfant qui a le sentiment que nos attitudes sont aidantes, et que celles des autres adultes ne le sont pas.

Je ne cherche pas à me vanter. Je me suis donnée du mal pour apprendre à sortir du modèle reçu. Et aujourd’hui, je rêve que ce soit le cas pour BEAUCOUP beaucoup plus d’adultes. Parce que ça changerait tout pour nos enfants, et pour le monde en général, si on savait vraiment comment enseigner la paix !

Erreur 5 – Laisser passer l’opportunité

Enfin, vous l’aurez peut-être compris à la lecture de tout ce qui précède, l’erreur que nous faisons devant les disputes de nos enfants, c’est de laisser passer l’opportunité que cette dispute représente.

Oui, la dispute est une opportunité.

Nos enfants ont (comme nous d’ailleurs) une foultitude de compétences relationnelles à développer.

Le conflit sera présent dans leur vie, ça ne fait aucun doute.
Pour que le conflit ne se transforme pas en dispute (c’est à dire la version agressive du conflit, qui, lui, est normal – et même souhaitable parfois, parce qu’il nous encourage à nous remettre en cause), il faut savoir y réagir.

Si on passe d’une dispute à l’autre avec l’attitude du « pompier », en cherchant uniquement, à chaque fois, à éteindre le feu ; sans jamais prendre le temps de leur apprendre à jouer avec les allumettes, alors ils ne développeront jamais ces compétences de vie tellement précieuses !

Alors, ne faisons pas cette erreur.

Au contraire, saisissons cette dispute comme une opportunité d’enseignement, pour, comme l’écrit Morgane en finissant la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie », « ramener de l’harmonie au sein de la famille grâce à l’écoute de tous, parents comme enfants, pour trouver un nouvel équilibre dans le respect de tous. »

Vous êtes partant ?

Être parent demande de l’énergie.

Au quotidien, on s’use et on s’épuise à lutter et à répéter les mêmes choses.

Comment faire autrement ?

Quelle approche pour, peu à peu, sortir de la lutte et entrer en coopération ?

C’est ce dont je vous parle dans ce podcast.

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Préserver son énergie

Je voudrais vous parler d’énergie, parce qu’on en a besoin pour avancer sur ce chemin, pour avancer, parfois à contre-courant de ce que l’on voit autour de nous. Se remettre en question, dans sa parentalité, ça demande une certaine énergie au quotidien, en particulier dans toute cette phase d’apprentissage, qui finalement ne se termine jamais tout à fait. 

Alors, dans le premier épisode de ce podcast, sur le sujet qui s’intitulait “Veiller à son niveau d’énergie”, je vous avais parlé d’attitude, de pratique, de point d’attention quant à notre énergie propre, indépendamment de notre rôle de parent. Aujourd’hui, je voudrais me focaliser sur le fait de préserver son énergie, justement dans notre rôle de parent. 

Comment faire pour éviter cette usure ?

Tous ces moments d’usure, en particulier à travers la répétition, etc, font que notre niveau d’énergie baisse face à nos enfants.

Cette usure fait qu’il est de plus en plus difficile d’adopter les attitudes qu’on aimerait adopter en tant que parents bienveillants.

Pour éviter cette baisse d’énergie, la première chose sur laquelle je voudrais attirer votre attention, qui semble très simple, mais que parfois on néglige : en y prêtant attention, vous verrez que c’est souvent dans les mêmes situations, qu’on “gâche”, qu’on dépense notre énergie. 

C’est-à-dire qu’il y a effectivement des moments qui, dans notre vie de parents, sont plus compliqués que d’autres. Et souvent, ce sont les mêmes situations, qui nous fatiguent, qui se répètent. D’ailleurs, c’est un cercle vicieux parce que, comme on les a parfois inconsciemment identifiés, on s’attend à ce que ce soit difficile et on s’agace avant même que ce soit agaçant

Exemple sur cette usure

Donc, je peux prendre l’exemple de la préparation pour partir à l’école le matin. Si on sait que c’est toujours compliqué de partir à l’école le matin, non seulement on s’agace tous les matins face à la difficulté, mais en plus on est agacé avant même de se heurter à la phase difficile. Parce que d’avance,on a déjà peur que ce soit compliqué. 

J’imagine que vous vous reconnaissez là-dedans. Alors, une des premières choses que je vous encourage à faire et c’est quelque chose qu’on met en place dans la formation Point de rencontre, pour avancer vers de meilleurs échanges avec nos enfants, c’est :

Identifier les moments de tension

Il faut identifier justement ces moments, qui ne sont peut-être pas systématiquement et heureusement, mais régulièrement des moments de tension. Donc, ça peut être effectivement le matin, en partant à l’école, ça peut être au moment du repas, ça peut être au moment des devoirs. 

Souvent, il y a des situations, alors qui sont soit des situations de vie comme celles-ci, soit des attitudes particulières qui, de manière répétée, vont être des moments de tension pour vous, et pendant lesquelles justement vous sentez que votre réservoir d’énergie à vous est en train de se vider. 

Donc, en les identifiant, vous faites déjà un grand pas en avant. Parce que cela va vous permettre de travailler dessus de manière un peu plus focalisée, plutôt que de juste espérer inconsciemment que ça va s’améliorer sans rien y faire. 

Essayez de faire face aux mêmes situations sans changer l’approche de la situation, c’est se préparer à ce que les résultats ne changent pas non plus. Donc voilà, la première chose que je voudrais vous encourager à faire, c’est de vous poser juste quelques minutes pour identifier ces moments, qui sont des moments qui vous activent et donc vous vident en énergie.

Choisir ses batailles

Ensuite, une fois que vous aurez fait ce travail-là, le point suivant, c’est de choisir ses batailles. Et l’expression “choisir ses batailles” en dit long : en général, quand on commence à cheminer sur cette route-là, on est régulièrement dans ces situations-là, dans des batailles. Or, le but, vous le savez bien, c’est de sortir de la bataille, c’est-à-dire que dans une démarche de parentalité positive, on sort de la lutte contre nos enfants et on essaye d’être avec eux. 

D’ailleurs, on dit souvent que la coopération, ce n’est pas l’exercice d’un pouvoir sur quelque chose, mais d’un pouvoir avec. Et ce à quoi on aspire, quand on cherche à développer les compétences de parent positif, de parent bienveillant, c’est à susciter la coopération de nos enfants, à susciter et aussi le vivre nous-mêmes, ça va évidemment dans les deux sens. 

Vous voyez bien que pour susciter la coopération, il vaut mieux éviter de se battre sur tout à la fois. Parce que si on est dans une attitude de lutte contre nos enfants, et en permanence, on ne va pas du tout susciter la coopération, parce que la personne en face de nous, elle est juste fatiguée, elle aussi est usée et elle n’a plus envie de nous écouter. Et donc, effectivement, elle n’aura pas envie coopérer. 

Et voilà comment on rentre dans un cercle vicieux, dans lequel ni les parents ni les enfants ne coopèrent finalement. Donc, afin de pouvoir recréer une ambiance familiale et une connexion, qui vont permettre d’aller vers plus de coopération, l’attitude que je vous encourage à adopter, c’est de choisir ses batailles.

C’est quoi exactement choisir ses batailles ?

Alors, qu’est-ce que ça veut dire exactement,  choisir ses batailles ? Parfois, ça peut faire un peu peur, parce que, quand on entend ça, on peut croire qu’on va renoncer complètement à certaines choses. 

D’ailleurs, on entend souvent choisir, c’est renoncer, alors que ce n’est pas forcément le cas. Donc, il y a plusieurs façons de voir le côté de choisir ses batailles. 

Il y a le fait, effectivement, de voir si dans toutes “les luttes” qu’on mène déjà aujourd’hui, il n’y en a pas certaines sur lesquelles, on ne pourrait pas tout simplement lâcher prise. 

L’exemple d’une de mes clientes

Par exemple, j’ai une de mes clientes qui m’expliquait qu’avant, elle avait pour habitude d’exiger que ses deux garçons prennent la douche dès qu’ils rentraient de l’école ou de la garderie.

En fait, il était déjà assez tard, donc c’était la douche, puis le dîner, puis la préparation au coucher. C’était régulièrement une lutte avec le plus jeune. Alors, elle a remis un peu les choses en question, en s’interrogeant sur le rythme de chacun, sur la relation qu’elle voulait avoir, sur le rythme du dîner également, etc. 

Et finalement, elle s’est rendue compte que ce n’était pas un problème pour elle,  que tout le monde ne soit pas en même temps au dîner. En effet, son mari était régulièrement en déplacement, donc elle dînait seule avec les deux petits. 

Et elle s’est rendue compte que son plus jeune dînait beaucoup plus rapidement que l’aîné. Donc, aujourd’hui, ils ont un rythme différent : quand ils rentrent à la maison, le plus grand va effectivement se doucher, le plus jeune traîne un petit peu d’abord, car il a besoin de son temps à lui, pendant lequel il joue un peu et puis il va se doucher un peu plus tard.

Finalement, au moment où le grand et sa mère ont à peu près terminé cette phase-là, elle se retrouve à commencer le dîner avec son aîné, qui prend beaucoup de temps à manger. En plus, ça lui donne l’opportunité d’un moment en tête-à-tête avec lui, avant que le plus jeune les rejoigne et finisse le dîner avec eux. 

Ainsi, ils finissent quand même tous les trois ensemble et ils font les préparatifs du coucher ensemble. 

Donc, je ne dis pas forcément que c’est ce qu’il faut faire chez vous, parce que chacun à ses principes, ses envies, ce à quoi il tient, etc. Peut-être que pour vous, le dîner familial est important, tous ensemble, et il n’y a aucun problème avec ça. 

Ce que je veux dire, c’est qu’il est intéressant de se poser la question sur certaines choses, pour lesquelles on a l’impression qu’on n’a pas le choix, que c’est comme ça. Et finalement, quand on se recentre sur ce qui est important pour nous, on peut peut-être voir quels sont les ajustements possibles. Ainsi, on peut lâcher prise sur certains points, qui finalement sont peut-être moins importants que d’autres.

Oser se remettre en question

Toujours sur cet exemple de douche : chez moi, les garçons ne se douchent pas tous les jours, pour les deux plus jeunes. Ils se douchent en général un jour sur deux. Pourquoi ? Parce que pour moi, c’est un équilibre qui est OK. 

Peut-être que chez certaines personnes, ce sera quand même tous les jours. Peut-être que chez d’autres, ce ne sera que deux fois par semaine, je n’en sais rien. Chacun son équilibre ! Mais ce qui est important, c’est d’oser se remettre en question

Parce que souvent, ce qui nous manque, c’est vrai dans tous les domaines, et dans la parentalité positive en particulier, c’est d’oublier de remettre en question des choses qui nous semblent un peu obligatoires. Donc ça, c’est la première phase. 

Renoncer

Effectivement, au moment où on réfléchit aux difficultés qu’on a, on peut réfléchir à ce qui est important pour nous et ce sur quoi on peut finalement lâcher prise. Parce que, en réalité, ce n’est pas si important que ce qu’on voudrait bien croire, ou en tout cas pas suffisamment pour l’imposer à un enfant; qui lui pense les choses autrement.

Ça peut être, par exemple, l’importance du petit déjeuner. Vous voyez ce que je veux dire ? Je vous encourage déjà à vous poser cette première question. Et ces choses-là, effectivement, peut-être, qu’on va tout simplement y “renoncer” ou en tout cas, les adapter. Après, il y a tout ce à quoi on ne veut pas renoncer. 

Repousser le reste

Mais ces choses-là, cette démarche de choisir ses batailles, elle est quand même essentielle, parce que l’important, c’est de se dire que tout est un apprentissage et que l’apprentissage est pour eux comme pour nous, d’ailleurs. Et cet apprentissage ne peut pas se faire de façon instantanée, on ne peut pas être sur tous les fronts à la fois. 

Donc dans ce cas-là, quand on choisit, on n’est pas en train de renoncer au reste, on est en train de repousser le reste. C’est-à-dire qu’on accepte le fait qu’il y a comme une courbe d’apprentissage et qu’on va s’attaquer “à une chose après l’autre”

S’atteler à une chose après l’autre

Alors , je vais changer ma phrase d’ailleurs, parce que le verbe “attaquer” entretient cette notion de lutte. On va plutôt s’atteler à une chose après l’autre, s’atteler en équipe. C’est pour ça que je veux sortir de cette notion de lutte.

Donc , on va s’atteler à améliorer une chose après l’autre. Ça veut dire que pendant un certain temps, les autres difficultés, qu’on a et qui ne sont pas listées dans les premières priorités auxquelles on veut s’atteler, vont être résolues plus tard. 

La notion de “On ne peut pas renoncer ou repousser”

Sur ces difficultés, on va effectivement décider consciemment d’y attacher moins d’importance et de moins s’agacer là-dessus. Alors c’est facile à dire ! Je vous entends déjà ! On me l’a déjà dit quand je parlais en atelier de parents, par exemple, de ce concept de choisir ses batailles. Il y a des choses sur lesquelles “on ne peut pas renoncer ou repousser”. 

C’est-à-dire , on ne peut pas les mettre en pause. Avec mon exemple de tout à l’heure, sur le départ à l’école le matin, on ne peut pas le mettre en pause. Il faut bien partir à l’école le matin. OK, c’est vrai, on ne peut pas le mettre en pause. 

Nos sentiments sont créés par nos pensées.

Par contre, la raison pour laquelle on s’énerve, la façon dont se passe finalement le départ à l’école le matin, c’est parce qu’on pense que ça devrait se passer autrement.

Attention, ce que je dis là est lié à nos principes, qui sont en fait assez profonds et forts. C’est le fait que nos sentiments sont créés par nos pensées. Les circonstances sont neutres, et c’est ce que nous nous racontons sur la situation, qui crée ces sentiments d’énervement.

Nier à la réalité

Je vous donne un exemple, on ne va pas s’énerver quand notre enfant de quatre mois ne met pas ses chaussures à la sortie de la maison. Bien sûr que non ! On ne va pas s’énerver, parce qu’on trouve normal qu’il ne mette pas ses chaussures. Si on s’énerve avant de partir à l’école ou de la façon dont ça se passe, c’est parce que quelque part, on a un discours interne qui dit : ça ne devrait pas se passer comme ça ! 

Et quand on dit : ça ne devrait pas, on est en train de nier la réalité, parce que même si ça ne devrait pas, il se trouve que c’est une réalité. 

Ne pas renoncer mais tolérer

C’est comme ça que ça se passe, je ne dis pas forcément qu’on a tort là-dessus, je vous encourage juste à voir le fait que c’est notre discours interne, qui crée cet agacement. Donc, si on décide pendant un certain temps de mettre la question du départ à l’école et des difficultés pour ce départ à l’école de côté, et de se dire pendant un certain temps, j’ai confiance, ça va s’améliorer, mais ce n’est pas ce sur quoi je mets mon énergie pour l’instant. Donc, je vais plus accepter que pour l’instant, ça se passe de cette façon-là. Et après, on verra comment faire pour changer ça.

Déjà, on peut se mettre dans une position de moins s’agacer pour ça. Ainsi, on ne renonce pas , mais on va être plus tolérant sur la façon dont ça se passe dans les moments qui ne sont pas dans nos premières priorités.

Chercher la coopération

Ensuite, pour les moments pour lesquels on veut dépenser de l’énergie, c’est sur ces moments-là qu’on met la priorité sur notre liste. En disant cela, on va améliorer la façon dont ça se passe : je suis fatigué(e) de me battre tous les jours pour qu’ils aillent se doucher, par exemple.

Eh bien ! On va effectivement, dans ce cas-là, chercher la coopération. Moins vous ferez de reproches dans les moments d’énervement, et plus ce sera facile d’obtenir la coopération. 

Parce qu’on a plus envie de coopérer avec quelqu’un qui est dans l’échange, la connexion, dans l’encouragement, qu’avec quelqu’un qui nous fait des reproches tout au long de la journée, même si à ce moment-là en particulier, il n’est pas en train de nous faire des reproches (il est en train d’accepter l’apprentissage !). 

Vous voyez l’idée, c’est l’ambiance générale qui compte ! Il est aussi très important de choisir ses batailles, et ce que l’on met en priorité. 

Alors comment fait-on cet apprentissage ? C’est là que l’on sort “nos outils” et les croyances d’éducation positive : vous obtiendrez toujours plus de résultats en impliquant l’autre. 

C’est-à-dire, que plus vous imposez les choses, plus vous considérez que vous savez comment faire, que c’est vous qui dites et que votre enfant n’a qu’à faire, parce que vous lui dites de faire ça (et c’est tout !), et moins vous aurez de chance que ça fonctionne ! Parce que personne n’a envie d’être une marionnette. 

Donc, la coopération permet de réussir à ne plus avoir besoin de la lutte pour la douche par exemple, ou de lutter pour partir à l’école. 

Comment on va faire pour que ça s’améliore ?

Alors en l’occurrence, c’était moi ! Je me souviens avoir consciemment dit à ce moment-là : on va s’améliorer, parce qu’on est régulièrement en retard. Et je n’aimais pas le moment de stress de départ. Je me suis dit OK, comment faire pour que ça s’améliore ? 

Et au moment où vous décidez ça,  c’est important d’impliquer vos enfants. C’est-à-dire que le but n’est plus d’être dans la lutte. Vous avez donc la possibilité de les faire rentrer dans votre équipe et de leur parler de ce que vous cherchez à obtenir. 

Typiquement, pour cette histoire de retard à l’école, je me suis assise avec les enfants et j’ai dit : voilà, je me rends compte que souvent, quand on part à l’école, on prévoit que l’on part à quinze et puis en fait, on sort à vingt, vingt-cinq.

Et du coup, c’est un moment de stress. Parce que mettre les chaussures et le blouson, ça met beaucoup plus de temps que ce qu’on avait prévu . Et à ce moment-là, je me sens très tendue. Personnellement, j’aimerais bien qu’on arrive à ce que ce soit plus détendu avant et qu’on parte vraiment à quinze. En fait, je me rends compte que je suis en train de mettre cette contrainte, sans vous avoir consulté. Est-ce que ça vous conviendrait de partir à quinze ? Et en l’occurrence, ils étaient tous les deux complètement d’accord. 

Et évidemment, eux non plus ne trouvent pas ça agréable, ce moment de lutte et de stress du matin. Ainsi, on peut en discuter ensemble : quelles idées a-t-on pour faire face à ça ? Pour que ça s’améliore, pour que ce soit plus facile, etc. 

Et dans ces moments-là, on essaye de les laisser suggérer, de les laisser proposer des pistes. Et je vais aller encore plus loin, non seulement vous pouvez essayer de les laisser suggérer des pistes, mais aussi, essayer de ne pas réagir trop vite à ce qu’ils disent.

C’est-à-dire que quand ils suggèrent des idées, qui ne vont pas fonctionner, parce que vous le savez déjà, que ce n’est pas possible, etc. Ne dites pas trop vite que ce n’est pas possible. Dites ok, ça, c’est une idée. Quoi d’autre ? Et est-ce que ça, ça pourrait fonctionner ? Et les encourager à s’interroger eux-mêmes. 

Parce que si trop rapidement, face à la question : comment pourrait-on faire pour partir plus tôt, il y en a un qui dit : c’est facile, il suffit de se réveiller un quart d’heure plus tôt. Et que vous, vous dites moi, je ne suis pas d’accord pour me faire un quart d’heure plus tôt. Ou alors que vous dites non, ça ne marche pas, parce que j’ai déjà fait ça, et en fait, on traîne autant . 

Si tout de suite vous dites non, pour une raison ou pour une autre, ça leur coupe la parole : quoique je dise de toute façon, moi, mes idées, elles ne sont pas bonnes ! Donc, ce n’est pas la peine de suggérer de nouvelles idées. Ainsi, même si moi je n’ai aucune envie de me lever un quart d’heure plus tôt, je vais commencer par réagir en disant : OK, se lever un quart d’heure plus tôt, ça pourrait être une idée, est-ce qu’on en a d’autres ? Et quand on revient sur les idées ou sur le coup, dire OK.  Et comment ça se passerait : est-ce que tu penses que dans ces cas-là, on aurait le même rythme ? Pourquoi penses-tu que l’on a besoin d’un quart d’heure de plus ? Etc. On discute ensemble et on cherche des solutions ensemble. Voilà, je vais m’arrêter sur la démarche de recherche de solutions. 

Si vous voulez plus de détails sur comment faire une recherche de solutions avec les enfants, je vous encourage à aller lire sur le blog l’article qui s’appelle “Trois manières de résoudre un conflit”

Cependant, je pense que vous avez compris l’idée : à chaque situation que vous cherchez à améliorer, il faut chercher à les impliquer et à travailler ensemble, en équipe. 

Se focaliser sur le progrès

Et puis, la dernière attitude qui vous aidera vous et vos enfants, à préserver votre énergie, c’est de vous focaliser sur le progrès.

C’est-à-dire que, quand vous mettez en place quelque chose, quand vous cherchez à améliorer quelque chose, voyez ce qui réussit, voyez les avancées qui sont faites ! Ne cherchez pas tout de suite à être au sommet de la montagne. On en revient à cette notion d’apprentissage et ça, ça va tout changer parce que ça changera aussi votre regard

Ainsi, vous verrez l’énergie que vous économiserez, parce que vous serez dans une énergie bien plus positive, en ayant remarqué que votre enfant avait rangé la boîte de céréales le matin, plutôt qu’en remarquant qu’il n’a toujours pas mis ses affaires au lave-vaisselle. 

Et même s’il n’a pas fini la démarche, il y a un progrès par rapport à avant. Et ce progrès-là montre que peu à peu, les autres étapes vont pouvoir être franchies également. Ça vous encourage à continuer et ça encourage fortement votre enfant à continuer sur cette voie. 

Voilà, j’espère que ce podcast vous aura aidé pour éviter de vous user à répéter encore et encore les mêmes choses, à être dans la lutte au quotidien. Si vous voulez aller plus loin sur ce chemin et améliorer les échanges avec vos enfants, la meilleure solution est de vous inscrire à la formation Point de rencontre, qui vous permettra d’aller plus en profondeur  dans les approches parentales, qui aident aux échanges, à la connexion et dans les outils concrets pour mettre ça en place. 

En attendant, si vous pensez que ce podcast peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à en parler, à le partager et à suivre évidemment les prochains numéros sur la plateforme que vous préférez !

À bientôt.

Être parent, ça demande une sacrée énergie ! Et j’ai tendance à penser : encore plus quand on veut avancer sur le chemin de la parentalité positive, sur lequel les attitudes parentales que l’on cherche à adopter ne sont pas toujours celles qui nous viennent spontanément…

Il est donc important, pour incarner le plus souvent possible le parent que l’on a envie d’être, de préserver notre énergie.

Et cela se joue sur deux plans :

veiller à notre propre énergie, de manière interne,

de préserver notre énergie dans nos interactions avec nos enfants.

Aujourd’hui, je vous parle de notre propre énergie…

La prochaine fois, nous nous focaliserons sur nos attitudes parentales.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Préserver son énergie   

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de préserver son énergie. Ce podcast est le premier de deux podcasts sur le sujet.

Pourquoi parler de ce sujet ?

Parce qu’il faut être honnête, quand on avance sur le chemin de la parentalité positive. Cela demande de l’énergie, c’est réellement un apprentissage. Ce n’est pas en adéquation avec ce qu’on a reçu, ni même avec ce qu’on voit encore au quotidien. Être un parent qui cherche à développer la parentalité positive, la parentalité bienveillante, c’est encore fonctionner à contre-courant, bien que ce soit de plus en plus connu, répandu, accepté, validé.

Validé, c’est un bon terme, parce que je pense que pour le coup, il n’y a plus beaucoup de personnes, qui sont en tout cas des connaisseurs, qui sont contre les principes de la parentalité positive.

On peut critiquer la pression que ça peut mettre aux parents, le côté injonction de la question. Mais les bienfaits, les bénéfices de la parentalité positive ne sont plus à prouver. Et d’ailleurs, il y a de plus en plus de démarches au niveau gouvernemental pour aller vers plus de soutien des parents dans un cadre de bienveillance. Alors, je m’égare un petit peu là ! Ce que je veux dire par là, c’est que ça reste encore différent du modèle qu’on a, et ça demande d’autant plus d’énergie dans notre apprentissage.

Comment apprendre la parentalité positive ?

En fait, je dis souvent à mes clients qu’apprendre la parentalité positive, c’est un peu comme apprendre une langue, c’est-à-dire que ça demande réellement, d’une part, de se former, d’apprendre la théorie, la grammaire, les outils, les formulations, mais également de s’entraîner, de se tromper et de pratiquer.

C’est comme une reprogrammation, un petit peu, de certaines zones de notre cerveau, qui avaient l’habitude de s’accrocher à des principes et des croyances, qui nous semblaient évidents et qu’on est en train de remettre en cause, de bousculer. C’est inconfortable, et  quand c’est inconfortable, ça demande encore plus d’énergie.

2 plans différents

Alors cette énergie, on va y veiller sur deux plans différents. Et c’est pour ça que j’ai coupé ce podcast en deux parties, puisqu’il était un peu long la première fois que je l’ai enregistré tout d’un coup. Donc, je recommence.

Et aujourd’hui, je vais me focaliser sur le fait de veiller sur notre propre énergie, indépendamment de notre rôle de parent. Et la prochaine fois, je vous parlerai de l’énergie qu’on gaspille “dans nos attitudes parentales”, l’usure de la répétition, en particulier.

Pourquoi parler de notre énergie ?

Parce que vous le savez, vous l’avez vu, chez les enfants comme chez nous, plus on est fatigué et moins on a de patience. moins on arrive à piocher dans nos ressources, plus on a l’impression que nos outils ne sont pas disponibles, qu’on n’en est pas capable. Et c’est comme si, parfois, on n’avait rien appris finalement.

Comme s’il y avait une personne en nous qui connaissait la théorie, qui s’en était nourrie, formée. Et puis cette personne-là, elle n’est plus accessible dans les moments où nous sommes vides. Parce que, comme ce ne sont pas encore des réflexes, notre cerveau va au plus vite à ce qu’il connaît.

Or, pour réussir à employer nos méthodes, pour réussir à se recentrer sur nos priorités, sur le parent qu’on a envie d’être et comment il se comporterait, il faut avoir une démarche consciente. On n’est pas encore complètement compétent de manière inconsciente. C’est le stade ultime des étapes de l’apprentissage d’être inconsciemment compétent.

Pour l’instant, comme on est encore en train d’apprendre, parfois, on est carrément, consciemment incompétent, c’est-à-dire qu’on se rend complètement compte que ce qu’on fait ne correspond pas. Mais dans certains moments, on réussit, on est souvent encore consciemment compétent, c’est-à-dire qu’on arrive à faire ce qu’on a envie de faire,  mais il faut pour cela faire intervenir notre conscience.

Or, quand on est vidé, on n’arrive pas à prendre le recul qu’il faut pour être conscient, pour agir en conscience.

Donc, la première étape, pour réussir à rester sur ce chemin de la parentalité positive, même si de temps en temps, on va faire des détours et c’est naturel, c’est de veiller à notre propre énergie.

Le sommeil

Alors, à quoi est liée notre énergie, notre fatigue, le fait d’être vite dépassé(e) ? D’abord, c’est tout simplementlié au sommeil, et c’est exactement comme les enfants. Comme vous le savez, les jeunes enfants, qui n’ont pas fait la sieste par exemple, vont râler toute la soirée. Quand ils se couchent trop tard, le lendemain, c’est difficile, ou alors en fin de soirée, c’est difficile.

Combien de fois m’est-il arrivé de me dire que les enfants pouvaient attendre un peu ? Et puis finalement, la fin de soirée se passait mal et il aurait mieux valu les coucher plus tôt. Finalement, c’était plutôt désagréable, pour nous comme pour eux. Donc la première chose, c’est le sommeil.

La difficulté, c’est de se mettre à dormir plus. Parce que c’est vraiment ça, concrètement, en tant que parents, on peut décider de dormir plus. Et comme ça, on sera plus en forme, plus reposé(e), plus patient(e) avec nos enfants.

La difficulté de cette situation, et c’est souvent ce que me disent les parents, auxquels je souligne l’importance du sommeil pour eux, c’est qu’ils me disent : oui, mais entre le moment où mes enfants se couchent et le moment où moi, je me couche, c’est en fait le moment où j’ai du temps pour moi ! Et donc, je n’ai pas envie de me coucher plus tôt. De plus, si mes enfants se couchent tard, je me retrouve à ne plus avoir de temps pour moi.

Trouver des espaces pour soi

Et pourtant, j’en ai besoin de cet espace. Et évidemment, je le comprends très bien ! On va en parler un peu plus tard, parce que ça fait aussi partie de cette démarche : de veiller à notre propre énergie, d’avoir des choses pour soi, des moments pour soi, en tout cas de faire des choses qui remplissent notre réservoir d’énergie.

La question, c’est : est-ce que dormir remplit aussi notre réservoir ? Donc je vous encourage à vous poser la question : comment pouvez-vous faire si vous avez effectivement l’impression que dormir un peu plus, vous ferait du bien, tout en ne changeant pas toutes vos habitudes forcément ? Je ne dis pas qu’il faut systématiquement, tous les soirs, se coucher plutôt que ce que vous avez l’habitude de faire.

Mais, c’est une des idées que je suggère au début de la formation Point de rencontre, une formation pour améliorer en profondeur les échanges avec vos enfants. Il y a peut-être d’autres pistes que vous pouvez explorer. Par exemple, à un moment, ce que je faisais, c’est qu’au lieu de me coucher un peu plus tôt chaque soir, je ne changeais pas mon heure habituelle de coucher mais, un soir par semaine, je me couchais beaucoup plus tôt (vers 21h, 21h30, j’étais au lit) et ça me permettait de recharger les batteries pour la semaine.

Tenir vos promesses envers vous-même

Alors, ce n’est pas forcément la meilleure méthode, ça dépend des gens, ça dépend de comment vous fonctionnez. Mais dans tous les cas, je vous encourage quand même à réfléchir à ça et aussi à comment “tenir vos promesses envers vous-même”. C’est-à-dire que si vous vous levez le matin en vous disant : “Oh là, là, je suis fatigué(e) ce matin, c’est difficile, ce soir, je me coucherai tôt”.

Essayez de vous faire confiance ! Ainsi, le soir, en vous couchant tôt, vous pourrez vous dire, je m’étais fait une promesse, j’ai envie d’être plus reposée et donc je me couche plus tôt. Même si pour une soirée, vous ratez un peu du temps pour vous-même.

J’insiste donc un peu là-dessus, ça a l’air évident, mais c’est souvent quelque chose qu’on néglige.

Le stress peut facilement nous épuiser

Ensuite, il y a évidemment tout ce qui est rythme, stress, qui peut facilement nous épuiser. Plus on a une vie stressante, et plus notre niveau d’énergie est bas, vide. Alors ça passe évidemment par une vie professionnelle, qui peut être stressante. On entend souvent ça : “Quand je rentre du travail, je suis déjà agacée. J’ai eu une dure journée et je n’ai plus la patience de faire face aux enfants”. Et je ne vais pas vous dire de changer de travail, d’abandonner ou de démissionner.

Peut-être que votre travail vous nourrit, peut-être que vous aimez certains aspects de ce travail et tant mieux, enfin, même beaucoup j’espère! Alors, sur ce plan-là, j’ai encore plusieurs questions à soulever. Ce ne sont pas des conseils que je vous donne, ce sont des questionnements que je voudrais vous encourager à vous poser régulièrement ! Parce que chacun est différent et vos solutions ne seront pas les nôtres, votre solution ne sera pas celle de votre voisin, de votre voisine. Donc, je vous encourage seulement à être conscient de vos choix et de vos décisions.

Fixer la limite

Par rapport à ce travail, si c’est vraiment une question de rythme et de fatigue, vous pouvez peut-être vous interroger sur l’opportunité de parfois terminer un peu plus tôt. Fixez votre limite différemment. Souvent, on fixe soi-même une limite, même de façon inconsciente, de l’heure à laquelle on part. De toute façon, on n’a jamais terminé son travail. Il va falloir le reprendre le lendemain.

Et donc, quelque part, si vous ne rentrez pas à 22h30, c’est bien qu’à un moment vous avez décidé qu’à 19h, c’était terminé.

Donc 19h, c’est OK ! Et si vous décidiez que vous finissiez à 18h30, est-ce que ça changerait réellement quelque chose ? Il y a des expériences qui ont été menées dans les pays où les gens travaillent beaucoup moins longtemps. Et, il en ressort qu’ils ne sont pas du tout moins productifs. Au contraire, ils sont beaucoup plus efficaces pendant le temps de travail à leur disposition. Donc ça, c’est une première question.

Poser son intention

La deuxième, c’est aussi l’image que vous renvoyez à vos enfants.

Alors ça, c’est un peu une digression. Ce n’est pas vraiment le côté énergie, mais c’est intéressant, parce qu’on se rend compte qu’on a souvent une certaine attitude face à nos enfants. Le soir, après le travail, voici une phrase type : “Attend ! J’ai eu une grosse journée, je suis fatigué(e). Je n’ai pas envie de passer plus du temps avec vous, je n’ai pas la patience”.

Mais finalement, dans ce cas-là, on leur transmet que du négatif et non pas le fait que notre travail peut aussi avoir des aspects chouettes. Donc, ce serait intéressant, et ça nous mettrait du baume au cœur, de nous dire : “Qu’est-ce qui était chouette dans mon travail aujourd’hui ?” Et donc de transmettre cette idée positive pour nous, et pour nos enfants également.

Déjà, ça va changer notre attitude ! Et enfin, si vous avez aussi ce problème de “stress du travail”, qui vous empêche d’être un peu plus tranquille et patient(e) le soir, je vous encourage à avoir un petit espace au moment où vous rentrez chez vous, pour ce que j’appelle : poser son intention.

Technique utiliser pour poser son intention

Et là-dessus, j’ai un article sur le blog qui s’appelle “La joie comme intention”, où j’expliquais, la technique que j’utilisais à un moment : quand je rentrais chez moi, je m’arrêtais une minute avant d’ouvrir la porte, pour laisser de côté toutes mes énergies négatives et pour me mettre dans une intention de joie au moment de retrouver mes enfants.

Parce que je m’étais rendue compte que sans faire ça, en fait, j’arrivais un peu fatiguée, avec l’envie de juste me poser et d’avoir justement quelque part cette parenthèse, cet espace de pause avant de rentrer dans la vie familiale. Et mes jeunes enfants, ils se précipitaient vers moi, tout joyeux : “Maman !”, tout contents de me retrouver. Et moi, je n’étais pas dans une bonne énergie pour les accueillir, alors que j’avais envie de savourer ce moment (parce qu’ils ne vont pas se précipiter vers moi en courant, en disant maman, jusqu’à la fin de leur vie).

Donc je me posais un peu, avant d’ouvrir la porte et je me donnais une petite minute à moi-même, pour respirer et pour me reconnecter à la joie que j’avais envie de ressentir quand j’ouvrirais cette porte. Et effectivement, ça changeait mon humeur quand je les  retrouvais.

Calmer le rythme

Voilà donc, ça, c’est l’aspect concernant le stress. Mais dans le terme rythme, il y a évidemment aussi le fait de faire moins de choses. C’est-à-dire qu’on parle, vous en avez peut-être entendu parler, de slow life, de slow parenting ou même, de réellement calmer le jeu en termes de choses à faire dans notre vie, de rythme de vie que l’on s’impose.

Donc, ça veut dire peut-être moins d’activités pour soi, ou pour les enfants. Donc, il est nécessaire parfois de faire des choix.

Ce n’est pas forcément ce qui vous correspond, mais il peut être nécessaire de calmer le rythme et de ne pas chercher à organiser des choses sans cesse, mais prendre juste le temps de profiter de l’instant, de vivre le moment sans avoir d’attentes. Souvent, ça aide aussi à préserver son énergie.

Trouver des choses qui nourrissent notre énergie

Une autre chose qui est importante, c’est de savoir quelles sont les choses que vous prévoyez. Parce que parfois aussi l’énergie, ça ne passe pas par faire moins de choses, mais bien par faire des choses qui nourrissent notre énergie, c’est-à-dire qu’il y a des choses qui nous mettent en énergie et d’autres qui nous vident.

Donc, c’est aussi à nous d’identifier quelles sont les choses qui sont réellement un plaisir,  celles qui nourrissent notre énergie, qui remplissent notre réservoir. Et puis celles qui, au contraire, vont nous user. Et il y a un petit exercice qui est intéressant pour ça, que vous pouvez faire tout(e) seul(e) ou en famille.

Il s’agit de faire la liste de ce qui vous fait du bien, de ce qui vous nourrit, de ce qui vous permet de vous sentir bien, de remplir votre réservoir. Le réservoir affectif, dont on a tous besoin pour avoir de bonnes relations en famille. Identifiez ce qui vous fait du bien, que ce soit seul(e) ou à plusieurs, et essayez de faire les faire un peu plus souvent. Et vous voyez que là, je ne suis pas dans le faire moins de choses, mais je suis dans le plus d’actions qualitatives à faire. En effet, c’est faire des actions supplémentaires qui vous plaisent, qui vont vous remplir en énergie. Et ça, c’est important !

Réagir avant que le réservoir soit vide

J’ai partagé récemment avec certains d’entre vous sur les réseaux sociaux avant de faire cet épisode. Et j’ai noté cette notion très importante, que m’a partagé une de mes clientes, de mes lectrices, qui m’a dit que pour elle, l’important, c’est de réagir avant que le réservoir soit vide.

Et là encore, on revient à cette notion de conscience, c’est-à-dire que souvent, quand on se dit qu’on a besoin de remplir notre réservoir, c’est qu’il est trop tard. On s’en rend compte parce que justement, on a dérapé, parce qu’on était usé(e)s, parce qu’on a perdu nos capacités, nos ressources parentales ou autres. Cependant, ça peut aussi se passer dans d’autres contextes, comme dans le couple par exemple. En effet, on peut réagir autrement que ce qu’on aurait voulu, et différemment de ce que l’on sait faire d’ailleurs.

Donc, ça nous fait en plus tomber dans la culpabilité, le cercle vicieux, etc… Donc avant d’en arriver là, une bonne pratique, c’est de se poser la question sur l’énergie. Et peut-être que c’est un peu ce que je vous disais tout à l’heure, sur cet espace à se donner avant de rentrer chez soi en rentrant du travail. Peut-être que c’est aussi un bon moment pour se donner l’occasion de se poser cette question justement, “Où en suis-je en termes d’énergie ?“ La réponse peut être : “Ah oui, ça va super bien, je n’ai aucun problème, je suis de bonne humeur, plein(e) d’énergie et plein(e) de patience”. Ou est-ce que la réponse est plutôt : “ Je n’en ai plus beaucoup et il va falloir que j’y veille ”  Et dans ces cas-là, n’hésitez pas à le communiquer aussi au reste de votre famille : “Je suis contente de vous retrouver et à la fois je me rends compte que je suis fatigué(e), que j’ai peur de ne pas être très patient(e), est-ce que vous seriez OK pour me laisser dix minutes pour un temps avec moi-même, pour remplir mon énergie (par exemple, avec une de vos activités que vous aviez identifiée comme vous faisant du bien) ?”

Voilà, cette notion de réagir avant qu’il soit trop tard. Ce n’est pas forcément facile, c’est-à-dire que ce n’est pas évident au départ de développer cette conscience de son niveau d’énergie. Donc, je vous encourage justement à le faire régulièrement.

Tomber au fond de notre réservoir

Et puis, quand vous n’avez pas pu le faire et que vous êtes tombé(e) au fond de votre réservoir, que vous étiez vide et que vous aviez mal réagi, dites-vous qu’à ce moment-là, vous avez fait de votre mieux. Votre mieux n’était pas top, mais c’était de votre mieux : si vous avez réagi comme ça, c’est que vous n’aviez pas pu faire autrement. Et donc, il n’est pas question de rester englué(e) dans une culpabilité qui vous fait vous dire que vous n’êtes pas capable.

C’est plutôt : comment je peux faire pour la prochaine fois, réagir avant d’en arriver là pour que mon mieux soit mieux ?

Voilà, j’espère que ça vous donnera des pistes. Et donc, dans mon prochain épisode, je vous parlerai plutôt de comment préserver son énergie réellement dans nos attitudes parentales avec nos enfants,  pour éviter de s’user à répéter à l’infini les mêmes choses.

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À bientôt.

Etre parent n’est certainement pas de tout repos. Le fait d’accompagner nos enfants vers les adultes qu’ils seront est une lourde responsabilité, et nous cherchons perpétuellement comment faire de notre mieux. 

Dans nos questionnements, il est rapidement apparu qu’il existait de multiples manières d’être parent… et que certaines étaient plus populaires, ou plus classiques, que d’autres. 

Le “parent bienveillant” est encore hors norme. Comment réussir à garder le cap, lorsque l’on se sent à contre-courant ? 

— Note :  cet article a d’abord été publié dans Grandir Autrement, numéro 81 de mars-avril 2020 —

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Une démarche éducative alternative

Pour certains d’entre nous, l’éducation bienveillante était une évidence. Pour les plus chanceux, cela leur est même venu naturellement. Mais nous sommes nombreux à ne pas être tombés dedans lorsque nous étions petits, et à continuer à lutter contre nos réflexes acquis pour développer d’autres attitudes parentales. 

Ainsi, nous nous retrouvons dès le départ hors de notre zone de confort, dans notre cheminement vers une éducation plus respectueuse de l’enfant que celle que, souvent, nous avons reçue. La société continue à nous renvoyer un modèle très vertical, qui ne correspond pas à nos aspirations, et crée par là-même la première grande difficulté du parent à contre-courant : le doute ! 

Face aux commentaires de nos connaissances, de certains professionnels même, le parent bienveillant peut prendre peur. Comment être sûr qu’il suit le bon chemin ? Et si c’était une erreur ? Si les autres avaient raison ? Dans cet environnement qui nous ramène encore et toujours à un style éducatif dans lequel l’adulte se place au dessus de l’enfant, il s’agit d’avoir une certaine assurance pour continuer à croire en nous, en notre démarche. Garder le cap demande d’être réellement convaincu. Alors, plus nous avancerons, plus nous consoliderons nos principes, plus nous serons solides et moins le doute nous envahira. A nous donc de bien choisir nos lectures et nos fréquentations pour aider cette avancée, créer pour nous-mêmes un environnement qui nous soutiendra. 

Malheureusement, ce doute n’est pas le seul obstacle en travers de notre chemin…

Le regard des autres

Voici à présent la gêne, voire la honte qui apparaissent. Car, bien que nous sachions bien où nous voulons aller, ce que nous cherchons à développer dans la relation avec nos enfants, nous ne savons pas toujours comment bien réagir au regard des autres lorsque nous ne sommes pas en maîtrise de la situation. Ce qui, convenons-en, arrive régulièrement. Voici quelques conseils pour ce genre de cas. 

Commençons par appliquer l’un des accords toltèques : “Ne faites pas de supposition.”. Il trouve tout à fait sa place ici, car c’est dans notre tête que se situe l’interprétation du regard de l’autre. Elevés pour ne pas déplaire, nous laissons nos craintes prendre le contrôle de nos pensées et nous proposer les interprétations les plus pessimistes. Il devient alors évident que la pensée de l’autre est : “Qu’est-ce qu’elle se débrouille mal ! Elle ne va pas le faire taire ??”. Mais la réalité est qu’il est également possible que cette pensée soit : “Oh, la pauvre… je me souviens de moments avec mes enfants où je n’y arrivais pas mieux !”, ou bien même : “Dis donc, je suis impressionnée qu’elle arrive à garder son calme face à cette crise !”. Evitons donc de broder, et concentrons-nous plutôt sur la partie de la situation qui nous concerne. 

Ce qui m’amène tout naturellement à mon deuxième conseil : se recentrer sur le principal. Car, dans le fond, même s’il s’avérait que l’autre pense réellement ce qui correspond à notre pire interprétation, quel est le plus important pour nous ? De convaincre cette personne que nous ne sommes pas un mauvais parent – selon ses critères en tout cas -, ou de réellement faire ce que nous pensons être le mieux pour notre enfant ? Nous rejoignons alors la question du doute. Plus nous aurons confiance en nos choix éducatifs, et plus il nous sera facile de nous détacher du regard de l’autre pour nous concentrer sur ce qui compte vraiment : notre enfant, notre relation avec lui, et ce que nous lui enseignons dans la situation qui se présente. 

Enfin vient mon troisième conseil, même si je sais d’expérience que cela prend un peu plus de temps. Une fois que nous avons éliminé les suppositions, et que nous sommes restés focalisés sur le principal, nous sommes prêts à inverser complètement la perspective. Fiers d’être restés cohérents avec nos principes, avec nos valeurs, nous pouvons nous permettre de savourer. Nous réjouir de ce que nous réussissons à apporter à nos enfants, malgré le regard des autres. (qui peut même, dans notre esprit en tout cas, devenir admiratif !)

L’entourage de notre enfant

Reste toutefois une difficulté majeure : les autres facteurs d’influence ! Car notre enfant ne reste généralement pas dans notre giron. Il va bénéficier et subir d’autres influences que la nôtre. Or, lorsque l’on est un parent à contre-courant, il y a fort à parier que les influences en question ne soient pas toujours alignées avec ce que nous cherchons à développer chez lui. 

Face à cette réalité, les points de vue sont partagés. Certains pensent qu’il est bon que l’enfant apprenne également ce qu’est “la vraie vie”, et qu’il sache s’y adapter. D’autres, au contraire, cherchent un environnement alternatif, pour éviter que l’enfant soit trop rapidement plongé dans le grand bain.

A chacun de trouver la solution qui lui convient. Dans tous les cas, il est clair que l’enfant aura certainement besoin d’être accompagné dans ses découvertes et sa compréhension des choses. Comprendre que certains adultes trouvent normal de crier et de punir, par exemple. Pourquoi ils font cela, comment y réagir. Comprendre que les relations qui ont parfois lieu dans les cours d’école ne correspondent pas toujours à ce que nous cherchons à développer dans notre foyer… 

Cela passe forcément par une certaine acceptation de notre part : l’acceptation que nous n’avons qu’une zone de contrôle limitée. Changer tout l’entourage est illusoire. Le mieux est probablement d’agir au mieux sur ce que nous contrôlons vraiment, c’est à dire nous-mêmes.

Alors, nos enfants seront capables de transmettre leurs propres limites. C’est ainsi que les miens ont su me dire qu’ils ne voulaient plus aller dans un certain stage, où les animateurs criaient trop. Ayons confiance en eux. 

Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici l’enregistrement.

Chaque année, la même question : que va-t-on offrir pour Noël ? Et ce n’est pas seulement le manque d’idées qui est en question, mais également les préoccupations de l’équilibre, des priorités.

Chaque année, avec mon mari, on débat entre moi qui dis : « ils ont déjà trop de choses ! », et lui qui répond « mais c’est Noël ! ».

Oui, on veut voir briller leurs yeux….

Moi aussi, je suis attachée à la magie de Noël (avec ou sans Père Noël).

Mais on veut quand même leur donner le sens de la mesure.

Surtout que, depuis quelques années, un autre élément s’invite dans la discussion : l’impact environnemental.

Et là, heureusement, on est en ligne mon mari et moi.

Dans notre monde en questionnement écologique, le modèle de la consommation à outrance est un cycle que l’on veut rompre.

Nous aspirons à ce que nos enfants deviennent éco-responsables, comme nous l’apprenons tous, peu à peu.

Faire crouler les enfants sous les cadeaux, ce n’est de toute manière pas une façon pérenne de faire briller leurs yeux… On sait bien que le moment de joie est court, et que tout réside plutôt dans le BON cadeau que dans la multitude !

Oui, nous sommes devenus un peu anti-consommation…

Comment concilier cette envie de faire plaisir à tous, en gardant notre conscience écologique ?

Pas toujours le plus simple, mais pas mal d’idées ne sont pas si compliquées…

Je veux donc vous proposer de faire un tour avec moi dans cette recherche du meilleur cadeau, tout en s’attachant à notre empreinte écologique… vous me direz ce que ça vous inspirera !

Le BON cadeau, celui qui fait plaisir à l’autre

D’abord, je me répète, je crois très fort au fait qu’il est plus important de chercher le cadeau qui va vraiment plaire, que celui qui fait nombre. Et pour trouver ce cadeau, rien de tel que l’observation, comme je le partageais déjà quand Anatole allait avoir 4 ans.

Il y a deux ans, je me rappelle, il était fou de billes. J’avais acheté une petite boite de billes… les autres cadeaux avaient à peine été regardés !!

Et c’est ça le problème, souvent : l’excès !

« Chaque année en France, près de 61 millions de jouets (souvent fabriqués en Asie) sont vendus à Noël, soit plus de huit cadeaux par enfants – qu’ils vont parfois manipuler quelques minutes avant de les laisser de côté ! » (Source : Le figaro)

L’avantage, une fois qu’on a bien saisi le thème qui suscite l’interêt de notre enfant, c’est qu’il est souvent déclinable..

Ce qui n’empêche pas de saisir l’occasion de lui proposer d’ouvrir les horizons… mais en sachant que ça risque de ne pas faire mouche !

On commence donc par une certaine dose d’empathie.

On oublie les « qu’est-ce qui est bien pour un enfant de 8 ans / pour un grand-père / une belle-mère… ? », et on s’interroge plutôt sur ce qui est bien pour LUI, ou pour ELLE !

Parce que je vous rappelle que ce cadeau, il est pour l’autre, pas pour nous !!
Alors, faire un cadeau juste pour faire un cadeau, avec le risque que l’autre n’en fasse rien, c’est quand même dommage, non ?

Ah.. et autre chose aussi : vos enfants ont fondamentalement plus envie de VOUS que de choses.

Notre temps : voici le plus beau cadeau que l’on puisse faire à nos enfants !

Baisser notre impact environnemental, tout en faisant des cadeaux chouettes

Si vous cherchez un peu sur internet, vous trouverez des conseils pour des cadeaux éthiques, voire écolos. (ex : cet article de PositivR)

Mais il n’existe qu’une seule VRAIE façon de baisser notre empreinte écologique : moins consommer !

Et si on évitait de tous acheter des tas de choses neuves ?

Vous croyez pas qu’on a tous un rôle à jouer dans la démarche ?

En tout cas, chez nous, c’est un point important. J’espère que pour vous aussi.

J’admets, parfois, ça complique la démarche. Mais quand même, il y a moyen de faire mieux. Et à chacun de trouver le bon équilibre.

Je vous livre ici quelques bonnes idées, vous y piocherez ce qui vous parlera.

Le cadeau dématérialisé

Voilà déjà une idée immensément déclinable, et qui permet d’offrir de vrais moment plaisirs, partagés ou non.

Chez nous, chaque année, il y a une activité familiale dans les cadeaux. Un vrai cadeau zéro déchet !

(Cette année : un escape game… oui, pour la première fois, on va y aller aussi avec les plus jeunes !)

Pour nos parents, un spectacle ou un concert (à condition, là encore, de prendre le temps de savoir ce qui leur plairait vraiment…).

Une autre idée : une visite atypique.

Une année, j’avais envoyé mes parents faire une visite / enquête de l’opéra Garnier – ils avaient bien aimé !

Vous pouvez aussi envisager un cours !

  • de cuisine
  • de yoga

Ou bien un bon pour un restaurant…

Cette année, j’ai demandé un bon pour un « high tea » à l’anglaise (nous avons emménagé à Londres il y a un peu plus d’un an, et j’aimerais bien découvrir cette tradition !)

Attention quand même au piège du bon : il faut qu’il soit suivi d’action !

Je me souviens d’un Noël où j’étais si contente du bon de mon mari qui m’emmenait dans un grand restau… mais je l’attends toujours ! (bon, peut-être que le COVID s’est glissé entre les deux… mais quand même !)

Le cadeau d’occasion

Bien sûr, on a aussi envie de mettre des objets concrets sous le sapin. (Euh… je ne vous parle pas aujourd’hui de l’impact écologique du sapin, hein… pas tout à la fois..)

Mais a-t-on besoin que ces cadeaux soient neufs ?

D’abord, on peut piocher dans ce qu’on a chez nous : les jouets et livres qui ne servent plus pour les enfants plus jeunes – ou nos romans pour nos frères et soeurs…

Si vous cherchez carrément le jouet éco-responsable, il existe des associations, comme Rejoué, qui récupèrent et réparent (avec un aspect d’inclusion sociale en plus, et en France).

Ensuite, « le bon coin » est mon ami !

J’y trouve tellement de ce que je cherche ! Je sais quel livre / quel jeu de société je veux offrir… (et j’offre régulièrement des livres et des jeux !) alors je tape, et je trouve.

Le plaisir à y jouer sera le même, et l’impact environnemental moindre !

Vous imaginez ce que ça peut changer en termes de production et donc de pollution si ne serait-ce qu’une famille sur 5 se mettait aux cadeaux d’occasion ?

Je sais, je sais, ce n’est pas forcément faisable pour le dernier tome de la série ssss qui vient de sortir…

Alors, celui-là, ok, on l’achètera neuf ! Mais déjà… on aura limité les choses, et ce sera pas mal.

Le cadeau fabriqué

Dernière option, quand même, pour éviter d’acheter : le cadeau fabriqué !

Mais oui, avec vos petites mains !

Alors, on est d’accord, ça prend plus de temps… Mais ça montre aussi à la personne qu’on a pris ce temps pour elle, c’est précieux, ça !

Dans cette veine-là, chacun son talent (et je sais que pour certains, il n’en est même pas question, et c’est ok aussi, c’est juste une idée !).

L’année dernière, pour exemple, j’avais fabriqué une pochette de téléphone en tissu pour ma nièce. (En plus, j’avais utilisé des bouts de tissu venant d’un pantalon usé).

Et j’avais demandé à ma fille Alice de me mettre en valeur certaines citations que je voulais afficher sur le mur de mon bureau. Elle a utilisé des feutres-aquarelles, c’était super beau !

Au cours de l’année, Léon a fabriqué un sac en bandoulière pour l’anniversaire d’une de ses copines.

Ça peut-être un cadre photo, ou un montage photo.

Ou même une idée plus personnelle : ma belle-soeur m’avait offert un sac avec un carnet où elle avait collé ou recopié des recettes de lessive maison et autres gestes écolos, avec des ingrédients pour les faire. Sympa, non ?

Les emballages de ces cadeaux de Noël

Dernier point : je crois que vous avez tous vu les poubelles qui débordaient le lendemain de Noël…

Ca n’a l’air de rien « Oh, une fois dans l’année ! » mais ça a un réel impact.

Allez, quelques chiffres :

En Espagne, 1 million de tonnes de papier et de carton produits en décembre et janvier, soit 25% de plus que le reste de l’année. (et une bonne partie des papiers cadeaux ne sont pas recyclable)

En Bavière, en Allemagne, le gouvernement observe 10 à 15% de déchets en plus pendant les fêtes de fin d’année.

Je vous propose donc, cette année, de voir comment vous pourriez réduire ça…

Le plus écolo ?

Piquez le journal déjà lu du voisin pendant le mois qui précède Noël… et vous aurez du papier à volonté !

(on avait fait ça il y a quelques années, c’était plutôt sympa comme rendu sous le sapin…)

Un peu plus joli ?

Vous pouvez utiliser des anciens magazines, avec de belles photos… Mais en avez-vous ?

Sinon, on reste dans la veine du journal, et on ajoute un bout de scotch de couleur pour habiller, un ruban (qu’on garde pour les prochains cadeaux, bien sûr)…

La touche mode ?

Optez pour le Furoshiki, cet emballage en tissu à la mode japonaise…

Pas obligatoire de l’acheter une fortune : un bout de tissu au mètre peut faire l’affaire !

En plus, il parait que le Furoshiki ne s’offre pas, donc… c’est un investissement que vous pourrez réutiliser.

Dans tous les cas :

Gardez les emballages neufs en bon état, vous les utiliserez de nouveau l’année prochaine !

Parce que franchement, on est mûr pour sortir de l’usage unique, non ?

Baisser l’impact environnemental de nos cadeaux de Noël : Fiche à télécharger

Pour garder toutes ces (bonnes) idées en tête, c’est tout simple :

téléchargez la fiche « Baisser l’impact environnement de nos cadeaux de Noël » en cliquant ici !

Comme bien d’autres parents, vous êtes fatigués d’entendre vos enfants se disputer… Les disputes entre frères et soeurs sont souvent un des premiers vecteurs d’usure des parents.

Ces disputes et autres chamailleries pèsent sur l’ambiance familiale, et vous ne savez pas toujours comment réagir. 

Faut-il intervenir ? Faut-il les laisser gérer la situation ?

D’un certain côté, vous savez que ces disputes sont normales, que les conflits font partie de la vie. Vous aussi, vous vous disputiez avec vos frères et soeurs… 

Mais vous avez quand même envie d’en sortir, de voir un peu plus d’harmonie, entre eux, et dans la famille en général. 

Par ici, on parle régulièrement de l’ambiance familiale, alors, bien sûr, on a aussi travaillé sur les disputes dans la fratrie. Et je vous assure qu’on peut vraiment faire en sorte que les choses changent ! Que les disputes soient moins fréquentes, et que nos enfants sachent comment aborder les conflits posément.

Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici les enregistrements.

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Pourquoi les frères et soeurs se disputent

D’abord, j’aime bien comprendre. 

Je trouve que parfois, rien que de prendre conscience, d’avoir un éclairage autre, ça permet de bouger les choses. 

Alors voilà déjà un bon point de départ : comprendre d’où vient la dispute. 

Ça parait évident, mais on en prend rarement le temps quand on n’y est pas sensibilisé…

Alors, à la place d’essayer de comprendre, on commence en général par passer par les réactions suivantes.

“Que cette dispute disparaisse !”

D’abord, on aimerait bien qu’il n’y ait pas de dispute. Tout simplement. 

Ça a l’air idiot, mais c’est tellement ancré en nous qu’on a tendance à vouloir faire disparaitre cette dispute le plus vite possible. 

Voir nos enfants se disputer, ça heurte notre rêve d’une famille harmonieuse, notre idéal d’enfants qui s’entendent bien.

Voir nos enfants se disputer, ça va à l’encontre de nos besoins de facilité, et de fluidité…

Alors, on commence souvent par tenter de nier cette réalité dont nous ne voulons pas. 

C’est un peu comme pour les émotions…

On voudrait que notre enfant n’ait pas peur, alors on lui dit “ne t’inquiète pas”, comme si ça pouvait suffire à régler le problème…

Face aux disputes dans la fratrie, on va dire “Arrêtez de vous disputer !” , et c’est tout.

Ça revient un peu à fermer les yeux, et à croiser les doigts bien fort en disant “abracadabra” et en espérant que quand on rouvrira les yeux, la dispute aura disparu !

Quand on fait ça, on ne prend tout simplement pas en compte la réalité de ce qu’ils vivent.

“Qu’est-ce qui se passe ?”

Au bout d’un moment, on comprend que la dispute ne peut pas s’envoler si facilement. 

Donc, on passe au traditionnel “Qu’est-ce qui se passe ?”, pour essayer de comprendre, et aider à résoudre le problème. 

Oui, mais… si on en reste à ce qu’il se passe dans cette situation, on reste en fait à la couche superficielle. A ce qui se voit. Mais on ne comprend pas ce qui se joue en toile de fond.

Pensez-y… 

Ça vous est déjà arrivé d’intervenir dans une dispute, de demander ce qu’il se passait, de régler le problème, et de retrouver vos enfants en train de se disputer de nouveau pour autre chose ?

Comme s’ils ne cessaient de se chercher ?

C’est parce que vous n’avez pas touché à la VRAIE raison derrière la dispute ! 

Comprendre la vraie raison de la dispute

Soyons clair, au départ, ce n’est pas évident de changer notre approche. 

Il s’agit de faire un pas en arrière, de prendre un peu de recul. 

Mais contre toute attente, ce n’est en fait pas si compliqué. 

Pour voir vraiment ce qui se joue, il suffit d’être un peu guidé. 

La logique est en réalité simple – la voici : 

Les enfants, comme tout le monde, ont des besoins.

Et, à certains moments, il leur semble que la dispute est la seule stratégie à leur disposition pour nourrir le besoin qui domine. 

C’est aussi simple que ça.

Alors, imaginez : 

si on comprend bien ces besoins – et, bonne nouvelle, ça nous servira dans des tas d’autres situations que celles des disputes dans la fratrie ! – 

puis qu’on fait le lien entre ces besoins et les raisons derrière les disputes, 

alors il est plus simple d’arrêter de nier la réalité, et de chercher ailleurs la porte de sortie, vous ne croyez pas ?

Une fois qu’on voit clairement comment ces besoins peuvent se traduire en disputes, on a enfin d’autres pistes.

Quand on va comprendre ce qui se joue derrière la dispute, on va naturellement arrêter de nier la réalité. Parce que ça reviendrait à nier également le besoin de l’enfant, ou en tout cas de passer outre ce besoin. 

Et à la place, on va essayer de trouver d’autres stratégies pour nourrir ces besoins, pendant et en dehors de la dispute, aussi ! 

De sorte que l’ambiance générale va peu à peu s’apaiser…

Est-ce facile ?

Comme je l’écrivais au début du paragraphe précédent, ce n’est pas évident… simplement parce qu’on ne l’a pas appris.

Mais en fait, ce n’est pas très compliqué. 

Il suffit d’être un peu guidé, un peu formé. 

👉🏻 C’est ce que je propose à travers ma formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »

Ensuite, enfin, on retrouve une sorte de choix dans nos réactions. 

Au lieu de réagir de manière réflexe, parce qu’on ne sait pas trop quoi faire d’autre, parce qu’on se sent démuni, on retrouve une sorte de choix. 

On peut décider, en conscience, de ce qu’on va faire – y compris dans ces moments où l’on sait que notre réaction n’est pas idéale, mais que c’est le mieux dont on est capable à ce moment-là, nous aussi ! 

Comment faire pour que nos enfants s’entendent ?

C’est triste de voir un frère et une soeur, deux frères, ou deux soeurs, qui ne s’entendent pas…

J’entends même parfois des mots forts de la part des parents : « Mes garçons se détestent », « mes filles ne se supportent pas »…

Quand on voit nos enfants qui se provoquent, qui s’agressent, qui se tapent, qui crient l’un sur l’autre, ou tout simplement qui s’ignorent… on se sent parfois dépassé.

On en conclut vite à une mésentente insoluble.

Certains parents avec qui j’échange me disent qu’ils craignent que la relation dans la fratrie ne s’améliore jamais.

C’était par exemple le cas d’Isabelle, qui m’écrivait, en mai : « Mon fils (8ans) fait une sorte de jalousie envers ma fille (3ans) ce qui induit les disputes. 
Mon fils refuse de jouer avec sa sœur alors qu’elle réclame pour jouer avec lui et ça la rend triste. »

Lorsqu’Isabelle passe le pas et décide de s’inscrire à la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie », fin août, elle écrit :

« J’ai l’impression que mes enfants ne tissent pas vraiment de liens entre eux. 
Je vois que ma fille est fort affectée et ça me fait mal au coeur. J’ai le sentiment que mon fils aurait préféré rester un enfant unique et que ma fille rame pour que son frère veuille bien jouer avec elle. »

On imagine aisément la tristesse d’Isabelle, constatant cette indifférence de son aîné envers sa soeur…

D’où vient la complicité entre les frères et soeurs ?

J’aimerais commencer par vous dire que, selon Thomas Gordon, ce n’est pas au nombre de leurs disputes que se dessine la relation future de nos enfants, mais plutôt au nombre de bons moments partagés.

Donc, plutôt que de vous focaliser sur les tensions, voyez tous les moments où cette complicité est déjà là.

Voyez tout ce que vos enfants partagent, ce qu’ils font ensemble, ce qui les unit, et construit peu à peu cette relation de fratrie qui aura toujours des hauts et des bas !

Ce qui ne veut pas dire que l’on ne doit pas quand même agir pour qu’ils se disputent moins (et/ou mieux !).

Ensuite, si vos enfants partagent peu de moments de complicité (comme dans le cas d’Isabelle ci-dessus), il suffit souvent d’un petit ajustement dans notre manière de faire.

Plus nous chercherons à imposer ces moments, moins cela fonctionnera.

En étant dans l’écoute, dans l’observation de ce qui se trame en toile en fond, dans une réaction mesurée et adaptée aux besoins de chacun, on ouvrira l’espace pour que chacun puisse trouver sa place dans la relation à l’autre.

C’est ainsi qu’après moins d’un mois dans la formation, Isabelle me raconte l’anecdote suivante, quasi-inimaginable un mois avant :

« Je ne vais pas écrire tous les exemples ici mais j’ai pu aussi aider mes enfants à désamorcer une dispute : 
Mon fils voulait jouer au camion mais ma fille à la dinette. 
Je leur ai demandé ce qu’ils pouvaient faire pour concilier les deux jeux et pour que cela fasse plaisir à tout le monde. 
Mon fils a alors proposé de jouer au livreur, ma fille faisait la cuisine, ils mettaient les plats dans des doggy bags et venaient me les livrer à la cuisine (pendant que je préparais le souper). »

Alors, je vous parle de comment agir ?

Deux manières d’agir pour que les enfants ne se disputent pas

Quand on identifie les besoins et les raisons derrière les disputes, on peut alors agir de deux manières : 

  • de manière préventive
  • de manière réactive

Réagir de manière préventive

Parfois, un sentiment de rivalité, ou de jalousie s’est installé entre nos enfants.

Il est alors d’autant plus important de savoir comment réagir à la dispute, car, plus on se placera en arbitre, et plus on aggravera les choses !

Mais avant même de parler de comment gérer les disputes, on peut facilement faire évoluer certaines de nos habitudes pour baisser le ressentiment, les frictions, et faire en sorte que nos enfants s’entendent mieux.

C’est une bonne manière d’enclencher un cercle vertueux :

si les conflits diminuent en nombre, toute la famille, parents et enfants, gardera plus d’énergie pour faire face à ceux qui se présenteront encore. 

Or, en tant que parent, on a vraiment des leviers sur lesquels on peut agir pour baisser la rivalité dans la fratrie, pour aider les enfants à se sentir écoutés… des leviers qui sont malheureusement souvent à l’opposé de ce que l’on a tendance à faire ! 

Car la rivalité vient aussi de certaines de nos réflexions, de nos attitudes, ou même de règles que l’on pose, sans bien réfléchir à leur implication…

Tout le module 3 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » est d’ailleurs dédié à ce que j’appelle l’environnement : tout ce qui vient autour des disputes, et qui va nous permettre de réellement baisser le ressentiment, les tensions latentes qui existent souvent entre nos enfants.

Quand j’ai découvert tout cela, je me suis vraiment demandé pourquoi on ne l’avait pas appris !

Vous voyez de quoi je parle ? Toutes ces prises de conscience qui nous viennent quand on chemine vers la parentalité positive, et pour lesquelles on se dit souvent : “Mais pourquoi personne ne m’a jamais expliqué ça avant ??”

Donc, si vous voulez déjà commencer, là, tout de suite, à modifier certaines de vos habitudes pour alléger l’ambiance, 

👉🏻 Téléchargez le guide “Disputes : 6 habitudes à modifier pour les diminuer”

Réagir de manière réactive

Vient le moment de la dispute… et là, il est bon d’avoir des billes. De savoir où on veut aller, et comment on va intervenir (ou pas).

Vous allez voir, dans la suite de cet article, que la manière dont on réagit à la dispute peut vraiment transformer ce moment difficile en une occasion magique !  

Alors, sans plus attendre, je vais vous confier cette approche qui change tout…

Les disputes sont des opportunités d’apprentissage

Oui, j’ai l’intention dans cette partie de vous aider à changer de regard sur les disputes.

Vous allez voir, c’est possible. 

Et rassurez-vous : ça ne veut pas dire qu’il faut garder les disputes dans la fratrie ! Ça va juste bouleverser un peu votre manière de les gérer…

Le manque de respect entre frères et soeurs

Dans le fond, vous savez très bien qu’une vie sans conflit, ce n’est pas possible. 

Le conflit fait partie des relations sociales, et on aura toujours des occasions d’être en désaccord, ou en décalage avec l’autre. Des moments où les besoins de l’autre ne correspondent pas aux nôtres. C’est également vrai entre parents et enfants d’ailleurs, et on sait bien nous-même comme c’est parfois difficile à gérer !

Face à ces situations, ce qui nous pose problème, en réalité, ce n’est pas le désaccord, mais bien la manière d’y faire face. 

Ce que l’on voudrait – en tout cas, je me raconte que vous vous dites ça vous aussi – c’est un monde dans lequel on peut gérer le conflit sans manquer de respect à l’autre. 

Voilà bien pourquoi la manière d’aborder les disputes dans la fratrie sont liées à notre style éducatif.

Vous êtes ici sur le chemin de la parentalité positive, et cette notion de respect de l’autre est précieuse pour vous, comme pour moi. 

Le modèle de la gestion des disputes

Le problème, c’est que ce n’est malheureusement pas le modèle que l’on reçoit en général dans notre société.

Donc, si on laisse les enfants avec ce qu’ils observent autour d’eux, ils apprendront à faire face aux conflits exactement comme ils l’observent, c’est à dire sans respect.

En réglant le conflit par la force, en fait. (qu’elle soit physique ou autre)

Je sais, j’exagère un peu…

En réalité, la gestion du conflit est entrée dans le programme scolaire au primaire !

Bonne nouvelle !

Sauf que… sauf que les adultes qui entourent nos enfants ne sont pas formés à ça…

Honnêtement les choses progressent, et les ressources à ce sujet se multiplient, mais il reste qu’ils ont grandi dans un monde dans lequel on ne le leur a pas appris, alors ils font comme ils peuvent, et ils réagissent eux-mêmes aux conflits avec leur approche du plus fort, en décidant à la place des enfants comment ça doit être réglé.

Bref.

Faut-il intervenir dans ces disputes entre frères et soeurs ?

Voici une question récurrente, et oh combien importante, que je reçois de la part des parents. 

Et la réponse classique à cette question est NON. Y compris sur des sites d’éducation positive.

C’est là que ce que je vais vous dire diverge. Ça va faire toute la différence.

Car, si je suis ce que je cherche à vous enseigner, ma réponse est oui. Un grand OUI !

MAIS

en fait, je devrais plutôt répondre à la normande : ÇA DÉPEND…

C’est vrai qu’on entend souvent qu’il vaut mieux ne pas intervenir dans les disputes entre frères et soeurs, qu’il vaut mieux laisser les enfants gérer leurs conflits seuls… 

Dans la théorie, je voudrais bien pouvoir dire ça aussi. Parce que je sais que les enfants apprennent par l’exemple. Ils voient, ils reproduisent, il leur suffit de s’entrainer. 

MAIS… si on reprend l’idée du modèle précédent, on s’aperçoit que ça ne peut pas marcher. 

Justement parce que si l’on n’intervient pas, nos enfants vont simplement reproduire le modèle reçu, qui leur montre souvent comment on gère le conflit par la force. 

Donc… il va nous falloir intervenir pour leur montrer une autre manière de faire.

C’est aussi simple que ça.

Intervenir de la bonne manière !

MAIS… mais si nous ne savons pas non plus faire autrement ? Parce que nous non plus, on ne l’a pas appris ? Serons-nous alors capables d’intervenir de manière constructive ?

Parce que là, je reviens à l’idée de départ : si vous intervenez pour jouer les arbitres… il vaut effectivement mieux se retenir ! (A condition que cela ne devienne pas trop violent, évidemment)

Jouer les arbitres risque plutôt de mettre encore de l’huile sur le feu !

Donc, si c’est possible, il vaut mieux s’éloigner que de venir arbitrer un conflit qui ne vous concerne pas. 

Cependant, dans ce cas, vous êtes sûr que vos enfants n’apprendront pas à régler leurs conflits respectueusement….

Alors, bien sûr, je voudrais vous encourager au contraire, à intervenir… à condition de savoir comment

Or, la gestion du conflit, c’est comme tout, ça s’apprend !! 

Donc, je résume : 

L’idée c’est d’apprendre la gestion du conflit, puis d’intervenir dans les disputes pour montrer aux enfants comment ça marche, et les aider ainsi à développer cette compétence, avant de se retirer et de les laisser gérer !

Et, franchement, cette compétence, elle leur sera utile à vie (et à vous aussi, au passage !).

Un apprentissage pour la vie

Pensez à toutes ces compétences que l’on voudrait que nos enfants acquièrent…

Il n’y a pas si longtemps, je vous parlais de l’outil des 2 listes, pour penser à notre parentalité à long terme…

J’ai envie de vous faire ici une petite liste des compétences relationnelles que nos enfants peuvent apprendre à développer au détour de leurs disputes : 

  • savoir dire non
  • exprimer ses besoins
  • négocier
  • écouter ses émotions
  • être sensible à celles de l’autre
  • avoir de l’empathie
  • identifier ses limites
  • savoir poser sa limite sans agressivité
  • faire des choix
  • prendre des décisions
  • envisager d’autre possibilités
  • tenir compte de l’autre
  • s’affirmer
  • trouver des solutions ensemble
  • ah, et puis savoir demander pardon ! 

Et voilà comment les disputes dans la fratrie deviennent de vraies opportunités d’apprentissage !

Franchement… Ça ne vous donne pas envie de les voir se disputer maintenant ?

J’ai demandé à Claire, maman de 2 enfants de 3 et 6 ans qui suit la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” quelle était sa plus grande prise de conscience à la fin du premier module, et voici ce qu’elle m’a répondu : 

“Voir les disputes comme des opportunités d’apprentissage. Et donc non seulement pas quelque chose à éviter à tout prix (possibilité de me débarrasser de mon héritage familial dans lequel j’ai appris à me taire plutôt qu’à dire mon désaccord) mais aussi carrément une opportunité de développer un tas de compétences.”

Alors bien sûr… on peut essayer de faire disparaitre les disputes sans passer par cette case “gestion de conflit”, mais qu’est-ce qu’on leur apprendra alors ? 

A refouler leurs opinions, à s’écraser ?

Ce serait quand même dommage de passer à coté de ces opportunités, non ?

Réconcilier les enfants

Je précise quand même un point qui n’est peut-être pas clair dans mes propos…

Il n’est pas question de conclure que les disputes, c’est génial, et qu’on veut continuer à en avoir dans la maison ! 

Non, ce que je veux dire c’est qu’au fur et à mesure que nos enfants développeront toutes ces compétences, les conflits se transformeront de moins en moins en disputes. 

C’est ça, l’idée !! 

On va les accompagner à ça.

C’est un vrai cercle vertueux pour sortir des disputes et que nos enfants trouvent leurs propres moyens de se réconcilier et de faire cohabiter leurs points de vue en cas de conflit.

L’apprentissage

Vous l’avez compris, maintenant. 

Notre rôle de parent, c’est de saisir l’opportunité des disputes pour enseigner toutes ces compétences à nos enfants. 

(Du moins quand on en a l’énergie – parce qu’on fait aussi ce qu’on peut)

Donc, oui, on va intervenir. 

Intervenir pour les encourager à s’écouter soi, puis l’un l’autre. 

Pour leur montrer comment exprimer ce qu’ils ressentent.

Pour les aider à choisir comment ils vont réagir à la provocation éventuelle de l’autre. 

Pour qu’ils sachent comment poser leurs limites. 

Pour qu’ils trouvent des solutions, ensemble.

Car ils en sont capables !! 

C’est pour ça que j’ai eu envie de créer la formation « en finir avec les disputes dans la fratrie », justement pour vous montrer comment faire tout ça, facilement, étape par étape.

C’est l’objet du module 2 de la formation.

Le moment où vos enfants vont gérer seuls leurs conflits

Peu à peu, vous verrez que vous n’aurez plus besoin d’intervenir, car vos enfants sauront trouver leur propre solution sans votre aide. 

Le dernier module de la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” s’intitule d’ailleurs “Savoir s’effacer”, pour identifier ce moment où on peut, en toute confiance, laisser nos enfants gérer ! 

Alors, non seulement vous pourrez savourer le calme dans la famille, mais vous pourrez aussi être fier de ce que vous aurez pu transmettre à vos enfants : des compétences pour la vie ! 

A vous : comment réagissez-vous aux disputes entre les enfants ?

Il est souvent difficile de savoir comment réagir face à un enfant qui ne veut pas faire ses devoirs.

Source de conflits dans bien des familles, les devoirs sont un point de blocage car ils cristalisent certaines de nos peurs autour de l’avenir de nos enfants.

Pourtant, imposer ce travail en étant dans la lutte n’est pas une solution, et n’aidera pas à l’enfant à apprendre à travailler !

Voici donc le thème de ma vidéo : travail scolaire : jusqu’où l’imposer ?

Pour aller plus loin sur cette notion de posture et de motivation interne-externe

👉🏻 Téléchargez mon cycle de 3 vidéos « Comment concilier le plaisir d’être parent et la liberté pour nos enfants d’être qui ils sont ? »

Le mois de septembre avance avec son lot d’activités qui redémarrent, ses nombreux engagements et ses acrobaties avec l’organisation.

Est-il possible d’en faire moins ? D’aller moins vite ? Faudrait-il ralentir ?

Il me semble que c’est en tout cas une bonne période pour faire un pas de côté afin de s’interroger sur notre rythme de vie un peu fou. 

En effet, il y a là de quoi largement vider le réservoir du parent bienveillant

Dans cet article je vous propose de prendre un temps d’observation de votre rythme avant d’ouvrir quelques pistes de réflexion pour vous aider à trouver votre propre tempo.

L’enjeu étant de choisir son rythme en conscience plutôt que de subir, sans même s’en rendre compte, un rythme imposé.

—- Cet article est écrit par Emilie, à partir d’une séance thématique du cercle des parents heureux — 

Le contexte : Un rythme rapide et uniforme

Malgré toutes les machines qui nous aident dans nos tâches quotidiennes, l’amélioration des moyens de communication et des transports, nous avons la vive sensation que la vie s’accélère, que nous sommes pris dans un tourbillon, et que, comme 80% des européens, nous manquons de temps . 

Tout se passe comme si nous avions réinvesti le temps gagné pour répondre à cette forme d’injonction implicite d’être performant dans tous les domaines de notre vie : vie professionnelle , vie familiale , vie culturelle, vie sportive… 

Nous devons être brillants partout, entrainés par une société qui valorise à outrance les valeurs de productivité, de réactivité, d’immédiateté, du « plus vite, plus haut, plus fort ».  

De plus, le sentiment s’impose d’un rythme non seulement rapide mais aussi uniforme

L’exemple le plus flagrant est celui de l’école où chaque classe d’âge doit avancer en même temps.  Pourtant, clairement, certains auraient besoin de ralentir, d’autres d’accélérer encore !

Je pense aussi aux besoins des familles qui sont assez peu respectés, avec des congés de naissance qui restent courts, ou encore, même si on commence à en entendre un peu parler, au rythme spécifique lié au cycle féminin qui est encore largement ignoré. 

Ainsi, plus ou moins consciemment, nous subissons la pression d’un rythme qui s’impose à nous et auquel il est difficile (mais pas impossible !) de résister. 

Se connaitre soi-même pour déterminer « son » bon rythme

Tout le monde ne se sent pas bien dans un rythme identique à celui de l’autre.  

Au-delà même, une personne n’a pas des besoins constants en la matière selon les périodes de sa vie. 

Certains vont s’épanouir en cumulant de nombreuses activités et d’autres en ralentissant. Il n’existe pas de recette universelle. Le dénominateur commun est de faire une pause et de se demander si l’on subit un rythme ou si l’on est à l’aise avec lui

Ainsi, trouver son propre rythme, c’est s’autoriser à observer pour plonger dans l’écoute de ses émotions et de ses besoins et mettre de la conscience dans nos choix.

Quelques outils : 

  • Une astuce issue de la cnv  (communication non violente) consiste à observer sa « boussole intérieure » : si je suis dans la joie , dans l’ouverture alors je suis dans le bon tempo, si au contraire je suis dans la contraction, la fermeture , j’ai sans doute un problème de rythme. Cela génère une frustration que quelqu’un (moi ou un tiers) paiera  forcement à un moment  ou un autre.
  • Pour favoriser le lâcher-prise on peut faire une pause et s’interroger sur nos impératifs. Sont-ils si impératifs, conscients, choisis en accord avec nos valeurs ? Finalement il n’y a parfois pas d’autres impératifs que ceux que l’on se met … En prendre conscience et s’adapter en fonction de notre prise de recul est précieux. 

Du vécu : Récemment nous nous sommes mis beaucoup de pression pour des travaux , pression générant de la fatigue et des tensions. Finalement nous avons revu nos ambitions à plus long terme, cassé le rythme des travaux pour accorder plus de temps à la famille et au repos. « Il n’y a pas d’autres impératifs que ceux que je me mets » à pris tout son sens pour moi sur ce coup là ! 

On peut le dire c’est un effort conscient que de résister à cette injonction inconsciente de faire ! 

  • Être au clair avec notre essentiel, ce qui est le plus précieux pour nous et se consacrer à cette seule priorité sans se laisser interrompre, en posant ses limites.
  • Se demander ce que l’on ferait si nous avions plus de temps et mettre en œuvre le plus petit pas possible en ce sens.

Ralentir

On ne va pas se mentir, on a parfois besoin d’accélérer mais le plus souvent notre quête sera de ralentir, de retrouver un rapport apaisé au temps. C’est ce que nous aborderons dans les points suivants. 

Insérer des bulles de lenteur 

Peut-être avez-vous entendu parler de cette philosophie de vie en plein essor : la slow life. Elle consiste à ralentir pour prendre le temps de vivre , de savourer l’instant présent et les choses simples .

On peut s’en inspirer. Sans être radical, et sans changer complètement de vie, on peut choisir d’insérer des bulles de lenteur dans notre quotidien

Quelques exemples : 

  • Se déplacer à pied ou à vélo (sans compter le nombre de pas ni les calories dépensées : on veut fuir la performance !) , 
  • Prendre vraiment le temps pour une pause déjeuner, même les jours travaillés, sans aucune autre distraction.
  • Être vigilant sur son sommeil (pas moins de 6 heures par nuit)
  • Pratiquer la méditation pour apprendre à revenir à l’instant présent
  • Mettre en place une utilisation raisonnée de son smartphone : diminuer ses applications, choisir avec beaucoup de parcimonie ses notifications, racheter un réveil pour éloigner le portable du lit et pourquoi pas même choisir consciemment de délaisser son portable une heure, une journée ou un week-end. 

Aller moins vite : abandonner le multitâche

Le saviez-vous ?  Contrairement à une attitude valorisée dans notre société , aucun cerveau ne peut porter son attention sur deux choses à la fois (sauf pour les activités devenues réflexes comme la marche) . 

Quand on fait deux choses à la fois le cerveau bascule d’une tâche à l’autre. Certes il s’agit de millièmes de secondes, mais à force de répétition on perdrait jusqu’à 20% de notre temps !  

Autre conséquence : on est moins efficace dans les deux activités, on perd des informations, on commet des erreurs … n’avez-vous jamais connu cela ? Moi si !  

Enfin cette bascule demande énormément d’énergie et entraine de la fatigue, du stress et de l’anxiété.

Il est donc urgent 😉 de ne faire qu’une chose à la fois ! 

Choisir d’en faire moins

Activités extra-scolaires, emploi du temps surchargé le week-end, tout voir, tout faire en voyage pour ne rien manquer … attention à cette course au plus possible d’activités, de richesses, de loisirs, de sorties, de visites. 

Et si nous choisissions consciemment d’en faire moins ? 

La parentalité est une question de rythme. 

Passons à l’adaptation de ces principes dans le domaine de la parentalité. 

Prendre soin de soi 

On ne peut pas s’occuper aussi bien que l’on voudrait de nos enfants si nous ignorons trop nos propres besoins. D’où l’importance de prendre des temps de pause pour s’écouter, de faire des activités qui nous nourrissent (mais pas trop nombreuses !) et de savoir poser nos limites.

Le problème du parent interrompu 

La première réflexion qui vient c’est qu’en tant que parent nous devons forcément être multitâche et sommes très souvent interrompus par les enfants dans ce que nous faisons. 

Plusieurs solutions s’offrent à nous : 

  • Choisir sa priorité et décider ou non de faire ce que nous avons à faire à un autre moment. 
  • Choisir d’impliquer notre enfant dans ce que nous faisons en acceptant que ça prenne plus de temps. 
  • POSER NOS LIMITES, souvent on n’ose pas assez. Il est essentiel de le faire, en  verbalisant « je veux lire ce livre/écouter cette émission/téléphoner à mon ami …. Ça va me prendre tant de temps et ensuite je serais disponible pour toi. »

Il est important que les enfants apprennent à respecter notre temps, qu’ils s’intéressent à ce qui se passe pour leur entourage et qu’ils sachent s’adapter. Pour cela cessons de culpabiliser de ne pas être systématiquement à leur disposition, assumons de nourrir nos propres besoins. Quand nous sommes dans cette énergie d’alignement, cela se passe généralement bien avec les enfants . 

La parentalité positive  : un autre rapport au temps

Quand on chemine sur le sentier de la parentalité positive, le rapport au temps devient autre. 

En effet la philosophie veut que nous entretenions une vision à long terme de ce que nous voulons pour nos enfants. Cela implique que nous acceptions de perdre du temps à l’instant t pour en gagner à moyen et long terme.   

Il s’agit donc encore de ralentir.

Voilà de nombreux outils qui illustrent ce propos : 

  • L’écoute et la validation des sentiments.
  • La recherche de solution.
  • L’anticipation , l’aménagement de l’environnement pour éviter les situations de stress qui peuvent conduire à des crises . 
  • Le moment particulier 
  • Changer d’échelle de temps pour arriver à nos objectifs : voir l’évolution à 3/4 mois plutôt que d’attendre un résultat immédiat obtenu par la contrainte…

Toutes ces pratiques et habitudes nous demandent d’adopter petit à petit (car il n’est pas simple de nous reformater)  un autre rythme que celui prédominant dans la société .

Vivre en harmonie avec les autres

Nous avons jusqu’ici beaucoup parlé du rythme personnel. 

Cependant nous sommes des êtres sociaux et on ne peut faire l’économie de savoir nous adapter au rythme global – parce que c’est ça aussi l’ouverture à l’autre.  

En effet, il n’est pas question de se recroqueviller sur soi au détriment des autres ni de se couper du groupe. 

Et puis certaines contraintes s’imposent à nous : prendre un train, arriver à l’heure à un dîner ou bien manger tous ensemble en famille et c’est aussi une vraie compétence à transmettre à nos enfants que de leur apprendre à s’adapter pour vivre en harmonie . 

L’objectif est de trouver la juste « danse » entre le rythme du groupe et son rythme personnel. 

Ce qui me vient pour parvenir à cette harmonie, c’est que le besoin de respecter son rythme personnel est pondéré par d’autres besoins tout aussi fondamentaux

Ainsi, le besoin d’appartenance poussera chacun à mettre en pause ce qu’il fait pour se rendre à l’heure au rendez-vous avec les copains ; ou le besoin de communiquer amènera tout le monde à se réunir autour de la table pour discuter.

En résumé, si nous ne pouvons pas changer radicalement nos modes de vie, nous pouvons en revanche mettre de la conscience dans nos choix et dans nos activités. 

C’est en effet bien de cela qu’il s’est agi tout au long de cet article : sortir la tête du guidon , questionner notre  rythme personnel qui est unique, se demander s’il nous convient, si on le subit et comment l’articuler avec un rythme global pour vivre en harmonie avec ses valeurs et avec les autres.  

Et vous quel rapport au temps entretenez-vous ?