Comment appréhender les émotions et leur expression avec bienveillance ?

— Note : cet article est d’abord paru dans le magazine Grandir Autrement – N 73 de nov-dec 2018 —-

Lorsque l’on parle d’éducation bienveillante, impossible de ne pas évoquer la question des émotions. Ces émotions qui sont au coeur de la démarche. Car dans une relation de bienveillance, on trouve d’abord de l’écoute. De la compréhension. Or, il n’y a pas de compréhension ou d’écoute si l’on passe outre les émotions. Tant les nôtres que celles de nos enfants.

Malheureusement, nous avons rarement appris à exprimer nos émotions de façon juste. Comment, dans ce contexte, accompagner nos enfants vers l’expression des leurs ?

La négation des émotions

Notre société n’est pas vraiment à l’aise avec les émotions. Il vaut mieux les refouler, les dissimuler. Comme il n’est pas facile de faire face à celles des autres, on a essaye plutôt de les minimiser : “Il n’y a pas de raison d’avoir peur !”, “Pas besoin de s’énerver pour ça”, “Ne sois pas triste…”. Croit-on vraiment que cet impératif va aider la personne à ne plus être triste ?

A force de se rendre compte que nos émotions gênent, nous nous remettons en question. Car, en effet, ai-je “raison” d’avoir peur ? La clef est là, pourtant : il n’y a pas besoin de raison pour ressentir. Le simple fait que l’émotion soit présente est une raison en soi. Nier ce que je ressens, c’est mettre en doute ce qu’il y a au plus profond, c’est ne pas croire en moi-même.

Ainsi, pour développer la confiance en soi d’un enfant, rien de tel pour commencer que de le laisser être à l’écoute de ses émotions. Donc, surtout, surtout, éviter de les nier !

Voyons donc quelles sont les raisons qui nous poussent à nier les émotions de nos enfants.

Eviter les émotions négatives

D’abord, nous n’aimons pas voir nos enfants souffrir. Nous aimerions donc pouvoir leur épargner les émotions négatives. Les en protéger. Seulement voilà, les émotions ont toutes leur raison d’être. Qu’elles soient agréables ou pas. Sans peur, nous irions face au danger, sans colère, nous nous laisserions exploiter… Et puis, dans le fond, sans moments difficiles, nous ne gouterions pas aux moments de bonheur !

Nos enfants vont donc devoir apprendre à faire face à ces émotions désagréables. Notre rôle est donc de les aider à traverser leurs premières difficultés. S’y entrainer près de nous leur permettra de le faire en sécurité. Lorsque la situation les rend tristes, laissons-les expérimenter la tristesse. Aidons-les à identifier alors ce qu’ils ressentent, à le comprendre, puis à s’apercevoir d’eux-mêmes que la tristesse s’estompe, et qu’ils sont encore debout. Alors, ils auront appris à traverser l’émotion. Ils auront appris que les émotions viennent, et passent.

Simplifier la vie quotidienne

Pour être tout à fait honnête, il y a une autre raison à notre tendance à la négation des émotions. Une raison plus personnelle : notre besoin de simplicité. Parce que, franchement, ce serait plus facile que le diner se déroule sans cette tempête émotionnelle parce que la couleur du verre ne convenait pas… En tant que parents, nous nous épuisons parfois à faire face à ces complications quotidiennes. Et avons d’autant plus de mal à les supporter que leurs raisons nous semblent futiles. Ce qui explique que nous dénigrions parfois les sentiments qui s’y rapportent exprimés par nos bambins. C’est pourtant voir les choses de notre perspective. Pour eux, la couleur du verre importe, car elle fait vraiment partie de leur monde actuel. Parce que choisir la couleur, c’est l’opportunité de prendre une décision, ce dont nous leur offrons peu l’occasion.

Afin de sortir de ce blocage, deux attitudes me semblent primordiales. La première : ne pas prendre les choses personnellement. Car, dans la majorité des cas, l’enfant ne cherche pas à nous compliquer la vie. Il cherche à répondre à une force interne qui l’aide, lui, à maitriser son monde. Si nous arrivions à nous défaire de l’agacement de son opposition, nous aurions déjà plus de facilité à l’écouter et l’accepter. La deuxième : considérer ces moments d’émotion forte comme des opportunités. L’opportunité d’accompagner notre enfant. De l’aider à accueillir l’émotion, à l’identifier, puis à la traverser. Ainsi on l’aide à développer une compétence fondamentale dans sa vie présente et future. En sachant qu’au passage, les connexions dans son cerveau se développent, et que la gestion des émotions lui deviendra de plus en plus accessible.

Accompagner nos enfants

Concrètement, comment cela peut-il se passer ? Comment réellement aider nos enfants à traverser ces émotions ? La première étape, vous l’aurez compris, est d’apprendre à ne plus les nier. Ce qui est réellement une étape en soi, tant cette tendance est ancrée dans notre société. Ensuite, nous pouvons aider l’enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent : “J’ai l’impression que cela t’a rendu triste.”, “Tu m’as l’air sacrément en colère !”. Le simple fait de se sentir entendu permettra à l’enfant de s’apaiser, tout en identifiant ce qu’il se passe en lui. Parfois, l’enfant aime à parler des émotions de façon plus distante. On peut alors se tourner vers des livres sur le sujet, qui serviront de point de départ à des discussions plus personnelles.

L’étape suivante, lorsque l’enfant commencera à identifier ce qui lui arrive, et qu’il se sentira le droit de l’exprimer, sera de l’aider à canaliser cette expression. Car si les émotions sont toutes valables, les manières de les exprimer ne le sont pas forcément… Chacun devra trouver en lui, et développer, ses facultés de gestion des émotions. Pour cela, nous pouvons leur faire des suggestions. Chercher le contact. Respirer. Attendre. L’idée est de faire en sorte que l’enfant voie qu’il dispose de ressources, et que c’est son choix qui le guidera. Construire avec lui une roue des options est une manière puissante de le lui montrer.

Cependant, et je me sens moi-même concernée par ces mots, l’enfant apprend plus de ce qu’on lui montre que de ce qu’on lui enseigne. La meilleure manière, donc, de lui apprendre à exprimer ses émotions de manière adaptée, c’est de l’apprendre nous-mêmes… de lui en donner le modèle !

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

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