Articles qui parlent des émotions ou des sentiments et de la façon de les recevoir

Archive d’étiquettes pour : sentiments

— Note : cet article est d’abord paru dans le magazine Grandir Autrement – N 73 de nov-dec 2018 —-

Lorsque l’on parle d’éducation bienveillante, impossible de ne pas évoquer la question des émotions. Ces émotions qui sont au coeur de la démarche. Car dans une relation de bienveillance, on trouve d’abord de l’écoute. De la compréhension. Or, il n’y a pas de compréhension ou d’écoute si l’on passe outre les émotions. Tant les nôtres que celles de nos enfants.

Malheureusement, nous avons rarement appris à exprimer nos émotions de façon juste. Comment, dans ce contexte, accompagner nos enfants vers l’expression des leurs ?

La négation des émotions

Notre société n’est pas vraiment à l’aise avec les émotions. Il vaut mieux les refouler, les dissimuler. Comme il n’est pas facile de faire face à celles des autres, on a essaye plutôt de les minimiser : “Il n’y a pas de raison d’avoir peur !”, “Pas besoin de s’énerver pour ça”, “Ne sois pas triste…”. Croit-on vraiment que cet impératif va aider la personne à ne plus être triste ?

A force de se rendre compte que nos émotions gênent, nous nous remettons en question. Car, en effet, ai-je “raison” d’avoir peur ? La clef est là, pourtant : il n’y a pas besoin de raison pour ressentir. Le simple fait que l’émotion soit présente est une raison en soi. Nier ce que je ressens, c’est mettre en doute ce qu’il y a au plus profond, c’est ne pas croire en moi-même.

Ainsi, pour développer la confiance en soi d’un enfant, rien de tel pour commencer que de le laisser être à l’écoute de ses émotions. Donc, surtout, surtout, éviter de les nier !

Voyons donc quelles sont les raisons qui nous poussent à nier les émotions de nos enfants.

Eviter les émotions « négatives »

D’abord, nous n’aimons pas voir nos enfants souffrir. Nous aimerions donc pouvoir leur épargner les émotions négatives. Les en protéger. Seulement voilà, les émotions ont toutes leur raison d’être. Qu’elles soient agréables ou pas. Sans peur, nous irions face au danger, sans colère, nous nous laisserions exploiter… Et puis, dans le fond, sans moments difficiles, nous ne gouterions pas aux moments de bonheur !

Nos enfants vont donc devoir apprendre à faire face à ces émotions désagréables. Notre rôle est donc de les aider à traverser leurs premières difficultés. S’y entrainer près de nous leur permettra de le faire en sécurité. Lorsque la situation les rend tristes, laissons-les expérimenter la tristesse. Aidons-les à identifier alors ce qu’ils ressentent, à le comprendre, puis à s’apercevoir d’eux-mêmes que la tristesse s’estompe, et qu’ils sont encore debout. Alors, ils auront appris à traverser l’émotion. Ils auront appris que les émotions viennent, et passent.

Simplifier la vie quotidienne

Pour être tout à fait honnête, il y a une autre raison à notre tendance à la négation des émotions. Une raison plus personnelle : notre besoin de simplicité. Parce que, franchement, ce serait plus facile que le diner se déroule sans cette tempête émotionnelle parce que la couleur du verre ne convenait pas… En tant que parents, nous nous épuisons parfois à faire face à ces complications quotidiennes. Et avons d’autant plus de mal à les supporter que leurs raisons nous semblent futiles. Ce qui explique que nous dénigrions parfois les sentiments qui s’y rapportent exprimés par nos bambins. C’est pourtant voir les choses de notre perspective. Pour eux, la couleur du verre importe, car elle fait vraiment partie de leur monde actuel. Parce que choisir la couleur, c’est l’opportunité de prendre une décision, ce dont nous leur offrons peu l’occasion.

Afin de sortir de ce blocage, deux attitudes me semblent primordiales. La première : ne pas prendre les choses personnellement. Car, dans la majorité des cas, l’enfant ne cherche pas à nous compliquer la vie. Il cherche à répondre à une force interne qui l’aide, lui, à maitriser son monde. Si nous arrivions à nous défaire de l’agacement de son opposition, nous aurions déjà plus de facilité à l’écouter et l’accepter. La deuxième : considérer ces moments d’émotion forte comme des opportunités. L’opportunité d’accompagner notre enfant. De l’aider à accueillir l’émotion, à l’identifier, puis à la traverser. Ainsi on l’aide à développer une compétence fondamentale dans sa vie présente et future. En sachant qu’au passage, les connexions dans son cerveau se développent, et que la gestion des émotions lui deviendra de plus en plus accessible.

Accompagner nos enfants

Concrètement, comment cela peut-il se passer ? Comment réellement aider nos enfants à traverser ces émotions ? La première étape, vous l’aurez compris, est d’apprendre à ne plus les nier. Ce qui est réellement une étape en soi, tant cette tendance est ancrée dans notre société. Ensuite, nous pouvons aider l’enfant à mettre des mots sur ce qu’il ressent : “J’ai l’impression que cela t’a rendu triste.”, “Tu m’as l’air sacrément en colère !”. Le simple fait de se sentir entendu permettra à l’enfant de s’apaiser, tout en identifiant ce qu’il se passe en lui. Parfois, l’enfant aime à parler des émotions de façon plus distante. On peut alors se tourner vers des livres sur le sujet, qui serviront de point de départ à des discussions plus personnelles.

L’étape suivante, lorsque l’enfant commencera à identifier ce qui lui arrive, et qu’il se sentira le droit de l’exprimer, sera de l’aider à canaliser cette expression. Car si les émotions sont toutes valables, les manières de les exprimer ne le sont pas forcément… Chacun devra trouver en lui, et développer, ses facultés de gestion des émotions. Pour cela, nous pouvons leur faire des suggestions. Chercher le contact. Respirer. Attendre. L’idée est de faire en sorte que l’enfant voie qu’il dispose de ressources, et que c’est son choix qui le guidera. Construire avec lui une roue des options est une manière puissante de le lui montrer.

Cependant, et je me sens moi-même concernée par ces mots, l’enfant apprend plus de ce qu’on lui montre que de ce qu’on lui enseigne. La meilleure manière, donc, de lui apprendre à exprimer ses émotions de manière adaptée, c’est de l’apprendre nous-mêmes… de lui en donner le modèle !

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, je ne peux que vous conseiller de suivre mon atelier vidéo « Accueillir les émotions de nos enfants ».
Il vous permettra d’ajuster vos réactions et d’aider vos enfants dans cette démarche !

Développer l’empathie de nos enfants… On en rêve tous, non ? Parce que, finalement, l’empathie, c’est bien la base de tout. Si nous avions appris, dès tout jeunes, à être à l’écoute de l’autre, à comprendre ce qu’il ressent, ce serait bien plus simple d’avoir des relations respectueuses avec chacun… Ce serait plus naturel d’être aimable, et de respecter les limites de l’autre. Du coup, ce serait même plus naturel de poser nos propres limites, tout en comprenant que ce sont les nôtres, et qu’accuser l’autre au passage ne nous aidera pas. Un idéal, carrément.

L’empathie… de quoi parle-t-on ?

Je ne vais pas ici m’avancer sur la définition précise de l’empathie, parce que je lis et j’entends des choses différentes, et ne voudrais surtout pas contribuer au flou artistique qui règne autour de cette notion.

Je vais plutôt vous expliquer ce que cela signifie pour moi.

L’empathie est une notion émotionnelle (vous avez constaté à quel point les émotions sont au coeur de tout ce cheminement ?). C’est ce qui nous permet d’écouter vraiment l’autre, de le comprendre, et de l’appréhender, non seulement sur le plan cognitif, mais également sur le plan émotionnel.

L’empathie nous permet de vraiment comprendre ce qui vit l’autre. De nous projeter. De sorte que cela devient alors naturel de le soutenir, et de faire attention à lui.

On parle également d’auto-empathie, lorsque qu’on est capable d’être ainsi à l’écoute de soi-même, ce qui est d’ailleurs probablement le point de départ pour développer ensuite l’empathie envers les autres…

Développer l’empathie des enfants, est-ce réellement possible ?

J’ai eu l’occasion il y a quelques semaines d’interviewer une maîtresse d’école qui a décidé de mettre l’empathie au coeur de son projet de classe. Et ce qui s’est développé dans sa classe semble magique. Je vous en parlerai bientôt, promis.

En tout cas, nul doute ne subsiste. Oui, il est possible de développer l’empathie. 

Encore faut-il que cela nous soit proposé. Faire attention aux autres, essayer de comprendre ce qu’ils vivent, ce qu’ils ressentent, c’est un exercice quotidien. 

Vous vous êtes sûrement rendu compte déjà que s’ouvrir aux émotions, ce n’est pas évident. Souvent élevés dans un contexte qui ne laissait pas beaucoup de place à celles-ci, nous n’avons pas appris à écouter les nôtres, et avons tendance à nier celles des autres.

Cependant, pour vous qui êtes sur ce blog, l’intérêt de s’ouvrir aux sentiments n’est pas une idée nouvelle. Voilà pourquoi, aujourd’hui, j’ai voulu aller plus loin, et vous parler de s’ouvrir à l’empathie !

Ma méthode pour développer l’empathie : saisir les occasions

Finalement, ce que je vous propose est assez simple. 

Partant du principe que l’empathie correspond au fait de comprendre les émotions de l’autre, j’ai commencé à jouer avec cette idée avec mon fils Anatole, 4 ans.

Je suppose que vous avez, comme moi, entendu vos enfants vous demander, un jour : « Pourquoi il pleure, ce garçon ? », lorsqu’il croisait un enfant en pleurs dans la rue. Avant, je répondais simplement que je ne le savais pas, avant de passer à autre chose.

Maintenant, je saisis l’occasion, et, tout en admettant effectivement que je ne le sais pas, je propose à mon fils d’imaginer les raisons possibles.

Ce que cela donne

Ainsi, la semaine dernière – et c’est ce qui m’a donné envie de vous partager cette idée -, j’étais seule avec Anatole, et nous nous rendions au marché.

Sur le chemin, nous sommes passés à côté d’un garçon qui pleurait. Il avait environ 6 ans, et était accompagné de son papa, de son grand frère, et de son petit frère en poussette. Après la question classique, Anatole et moi avons discuté de raisons possibles pour lesquelles ce petit garçon pouvait bien pleurer. 

“Parce qu’il est avec son papa alors qu’il voudrait être avec sa maman.” me suggère Anatole.
– Au passage, je note le message de mon fils, qui traverse une période d’insécurité dans laquelle il veut sans cesse être avec moi ! –
C’est le point de départ d’une discussion. 

Oui, il est possible que ce garçon veuille être avec sa maman. Et pourquoi sa maman n’est pas là ? Et comment peut se sentir le papa ? (“Triste, parce que lui il veut être avec le garçon…”)
Nous creusons cette piste. Et je laisse Anatole dérouler son scénario.

Puis, j’ouvre les possibilités : “Et est-ce qu’on pourrait imaginer une autre raison pour laquelle ce garçon pleure ?
– oui
– alors… pourquoi il pleure ?
– Peut-être parce que lui et le bébé, ils ne veulent pas aller au marché.
– ah. Et pourquoi est-ce qu’ils ne veulent pas aller au marché ?
– parce que… parce que… parce que le papa leur a dit qu’ils allaient aller en voiture, et eux, ils veulent aller à pied !
– ah, c’est pour ça qu’il pleure ?
– oui
– Et alors qu’est-ce qu’il pourrait faire le papa ?
– il pourrait dire “je suis désolé”, mais le petit garçon, il serait quand même triste.”
Et ça continue !

“Est-ce qu’on a encore une autre idée de pourquoi ce petit garçon était en train de pleurer ?”
Tant que mon fils est ouvert à cette discussion, nous imaginons. Puis, il me dira qu’il ne veut plus discuter de ça et nous pourrons changer de sujet.

L’effet de ce genre d’exercice

Grâce à cette démarche, mon Anatole s’ouvre à l’idée que les raisons pour lesquelles ce petit garçon peut être en train de pleurer sont infinies. 
Et il s’exerce à les deviner. 

Ce n’est pas une démarche évidente, car elle implique la partie de son cerveau qui n’est pas encore mature. Et justement, je crois fermement au fait que plus je l’encourage à créer des connexions dans cette zone-là, plus il lui sera facile d’y faire appel lorsqu’il en aura besoin.

Ainsi, j’espère que cette démarche lui servira lorsqu’il fera face à des camarades de classe en détresse, par exemple. S’interroger devrait lui permettre d’être plus à l’écoute. 

Et c’est grâce à cette empathie, qu’il aura peu à peu développée, qu’il pourra plus facilement trouver des solutions en cas de conflit. Car la compréhension de ce qui est vivant chez l’autre en est un pré-requis !

Et vous, quelles méthodes avez-vous pour développer l’empathie chez vos enfants ?

Mars 2018 – San Juan, Puerto Rico

Quatre semaines se sont écoulées depuis le premier atelier partagé avec les enseignants de l’alliance française. Cette fois, ce n’est pas 12, mais 16 personnes qui se présentent, pour cet atelier autour de méthodes pour encourager la coopération des élèves.

Pour préparer cet atelier, j’ai, comme d’habitude, puisé dans diverses inspirations : un peu de Discipline Positive, un peu de Faber et Mazlish, un peu de formation suivie en ligne, et, bien sûr, du vécu…

Je saupoudre tout cela de ma personnalité, en y apportant ma propre structure, et me retrouve avec un atelier qui parlera à la fois de besoin d’attention et de pouvoir, qui parlera d’écoute, d’empathie, de sentiments, et qui creusera des alternatives aux instructions directes.

J’ai particulièrement aimé l’activité interactive autour des questions de curiosité, qui permettent de comprendre comment une différence dans notre attitude d’adulte peut encourager des réactions tellement différentes chez les enfants auxquels nous nous adressons.

L’un des participants est venu me voir à la fin, pour me dire simplement : « Merci, j’ai adoré. »

Je prends vraiment beaucoup de plaisir à ces ateliers, je me réjouis d’en avoir encore deux avec ce même groupe, et j’espère également pouvoir continuer dans le futur !

 

Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Et nous faisons tous face à des épreuves, plus ou moins lourdes, plus ou moins difficiles à traverser. Certaines, cependant, peuvent également se voir comme des opportunités.  J’avais soulevé cette idée déjà une semaine après le passage de l’ouragan Maria, qui a « abattu » Puerto Rico.

Alors, quand Caroline, du blog Le colibri imparfait, a choisi ce thème pour son carnaval d’articles (c’est à dire un ensemble d’articles écrits par plusieurs blogueurs autour d’un même thème), j’ai décidé de saisir cette occasion pour revenir dessus.

Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre

Je me rends bien compte qu’il peut sembler facile pour moi, ici, derrière mon ordinateur, d’écrire qu’une épreuve peut se révéler une opportunité. Que certains d’entre vous vivent ou ont vécu des épreuves qui me seront toujours épargnées. Mon propos n’est absolument pas de minimiser ces épreuves, ou de dire qu’il suffit de se secouer pour que l’épreuve devienne une opportunité. Mais je pense que cette idée peut être creusée.

Alors que je réfléchissais à cet article, j’ai d’un coup posé mes lunettes, et discuté avec ma voisine de bureau (Hum.. comprendre ma voisine de café, car mon « bureau » accepte aussi de servir d’autres personnes…). Je la connais pour la voir quotidiennement dans ce café, et je sais qu’elle a traversé une sacrée épreuve.

Elle travaillait aux US dans les services sociaux, récupérant les enfants en situation trop difficile. En situation que nous ne pouvons même imaginer. Elle vivait des scènes du type aller dans un squat de drogués et y trouver un bébé dans une poubelle… Et ce travail s’est révélé de plus en plus difficile, de plus en plus pesant pour elle, et pour sa santé. Jusqu’à ce que sa famille décide de la sortir de là.
Depuis, elle a changé de vie. Sa soeur et elle ont acheté chacune un petit appartement à Puerto Rico, et elle revit, semble-t-il.

Je lui ai donc demandé son point de vue sur la question. Et c’est elle qui m’a répondu : « Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre. », phrase suffisamment explicite pour que je décide de l’utiliser comme titre de cette introduction !

La porte se ferme…

Bien sûr, ce qu’on en voit d’abord, c’est l’épreuve. C’est la porte qui se ferme. Pire. On ne voit même pas encore que la porte se ferme. On se demande seulement « Pourquoi moi ? ». On n’a pas de vision de ce qu’il se passe parce qu’on est incapable de prendre du recul par rapport à la situation. On est sous la vague, et on pense que c’est la fin. Tout simplement.

Seulement, pour reprendre encore une phrase de ma voisine de café : « Tant que l’on est vivant, il n’y a pas de fin. »

Peu à peu, on commence à s’en rendre compte. A voir que la porte s’est fermée.
Et l’on se sent victime. On ne se rend pas compte que l’on a du pouvoir.
S’arrêter là est – indirectement- notre choix. Notre responsabilité.

Cette épreuve n’est pas tout ce dont nous sommes capables.

Encore une fois, je ne cherche ici à heurter personne. Il n’est certainement pas facile de sortir de cette impasse, et quand je dis que cela relève de notre responsabilité, je ne dis pas que cela se fera sans mal. Je ne dis pas qu’ouvrir l’autre porte est chose aisée. Jamais. Mais certaines étapes pourront nous rendre les choses un peu plus simples.

Vivre nos émotions sans culpabilité

L’acceptation

Pour moi, la clef est là.

Lorsque María nous est tombé sur le coin de la tête (Je parle de l’ouragan, pas d’une femme), nous cherchions à relativiser. A nous raccrocher au fait que ce que nous vivions n’était pas si dur que cela, qu’il y avait bien des gens dans tes situations bien pires… Et c’était vrai, bien sûr. Mais savoir qu’il y avait pire ne nous aidait pas tellement. Ca ne nous permettait qu’à arriver à la conclusion que « nous n’avions pas le droit de nous plaindre. »

En fait, nous tombions naturellement dans une démarche de négation des sentiments. Et cela ne nous permettait pas de traverser ce que nous vivions.

Jusqu’à ce qu’un jour, forte de mes compétences parentales, je réalise que ce que je vivais, ce que je ressentais était valide. Par le simple fait que je le ressentais. Une émotion, un sentiment, n’a pas besoin de raison d’être. Sa seule présence suffit à justifier son existence. J’ai donc décidé de m’ouvrir à mes propres sentiments. 

Cela n’exclue pas la compassion pour ceux qui sont dans une situation pire, certainement pas.

Mais le fait que d’autres vivent des événement plus difficiles n’enlève rien à la difficulté de notre propre situation. D’ailleurs, on trouve toujours des gens qui vivent des choses pires dans d’autres endroits du monde ! Je crois que je ne veux même pas commencer à évoquer toutes les épreuves dont nous pourrions parler ici..

Nous pouvons donc séparer les choses, et être conscients que : « oui, certains vivent des choses plus dures. En même temps, ce que je vis est difficile pour moi. J’ai le droit d’être triste, d’être en colère, d’être frustrée, d’avoir du mal à faire face. J’en ai le droit, je n’ai pas besoin de me montrer plus fort pour le principe. Je serai fort en acceptant de partager ce que je vis. »

Le partage

Ensuite, je pense que ce qui peut aider, c’est justement de partager cette situation. De bénéficier d’une réelle écoute de la situation.

Car je peux clairement ici parler d’opportunité ! S’ouvrir aux autres de ce que nous ressentons, c’est bien l’opportunité de :

  • renforcer notre échange et notre connexion avec l’autre
  • donner l’exemple à nos enfants du fait que nos sentiments sont valides, quels qu’ils soient
  • vivre le fait qu’une émotion se traverse
  • se découvrir soi-même dans une période de trouble

Et à notre tour, nous écouterons, ce qui nous permettra de

  • renforcer notre échange et notre connexion avec l’autre (oui, je l’écris de nouveau, et ça en vaut la peine, car c’est réellement puissant !)
  • développer notre empathie

Chez nous

Sur ce plan-là spécifiquement, je peux vous dire que j’ai appris des choses.

Je sais qu’avoir appris avant à manoeuvrer mon bateau parental par temps calme m’a aidée dans cette tempête, même si ce n’a pas toujours été suffisant.
Mais j’ai bien pu communiquer avec mes enfants sur le fait que je n’étais pas un super-héros.
J’ai aussi eu occasion de constater comme ils étaient capables de m’apporter du soutien lorsque j’en avais besoin !

J’ai aussi pu avancer dans la connaissance de moi-même. Car je me suis rendue compte que les moments les plus stressants pour moi étaient ceux où nous devions nous adapter aux changements. Les moments où nous savions d’avance que nous n’aurions pas de générateur pouvaient s’organiser. Mais les jours où le générateur devait s’allumer et tombait en panne ont été bien plus stressants pour moi. J’ai réalisé à quel point j’avais besoin de contrôle dans ma vie.. Et c’est bien ce que nous avions évoqué lorsque nous avions parlé de carte dominante dans notre personnalité !

Vivre le moment présent

Après « vivre nos émotions », je vous parle de « vivre le moment présent ». Décidément, il semble que la pleine-conscience se soit un peu immiscé dans ma vie

En effet, je pense que pour réussir à avancer, il faut avoir admis que nous traversons une tempête.

Comprendre nos difficultés

« Les circonstances sont neutres », dit Clothilde de Change ma vie. (Un podcast que je vous recommande chaleureusement !).

Car, face à des circonstances identiques, nous réagissons les uns et les autres de manière différente. Ce qui fait notre difficulté, c’est notre propre interprétation de la situation, avec notre système de pensées.

Lorsque l’on commence à en être capable, il peut donc valoir la peine de s’attarder un moment sur ce qui nous est le plus difficile à vivre dans l’épreuve à laquelle nous faisons face.

L’anxiété nous aveugle. Elle fait grandir le problème. Cherchons ce qui est le plus problématique, et cela pourra déjà nous aider à circonscrire un peu la question.

Si je reprends l’exemple de l’ouragan ici, comme vous l’avez vu, chez moi, la difficulté majeure était le manque de contrôle. Nous avons donc mis en place tout un système qui permettait d’y faire face. Des repas froids et plus simples, des réserves en conserve, toujours, pour faire face à l’absence d’alternatives. Le moins de choses possibles dans le frigo, qui ne marchait pas pendant 12h ou parfois 24 ou 36. Des bassines d’eau dans les douches…

Cela semble évident ? Oui, sûrement, mais ca me permettait de faire partiellement face au problème. Ou du moins, à mon problème. Car pour d’autres, le problème n’était pas celui-ci. J’ai vu des parents pour lesquels la fermeture de l’école, dans un premier temps, puis leurs horaires réduits, dans un deuxième, constituait une réelle inquiétude. Inquiétude d’un retard scolaire pour leur enfant. Pour moi, ceci n’a jamais été une préoccupation.. Chez eux, la mise en place devra donc être différente !

Un pas après l’autre

Vivre le moment présent, c’est également se focaliser sur celui-ci. Avancer un pas après l’autre. Ne pas encore trop s’inquiéter de la suite mais bien de traverser ce que nous visons à ce moment-là. Se poser la question, jour après jour, de ce qui doit être fait ce jour-là.

Cela permet à la fois d’être concentré, de ne pas se perdre dans des projections incertaines, et d’avancer.

Et c’est à force d’avancer, tout en nous donnant le temps de traverser nos émotions, que nous parviendrons enfin à apercevoir le contour de la porte à ouvrir…

Chercher le positif

Enfin, pour croire en l’existence de cette porte que nous allons bientôt pousser, mieux vaut s’attacher à voir le positif que le négatif de notre situation.

Là encore, je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais je sais aussi que l’on peut bien souvent trouver du positif à notre situation.

Pour illustrer ce point je ne vous parlerai pas de nous cette fois, mais d’Anne-Dauphine Julliand, que j’ai eu la grande joie d’écouter de vive voix au festival des rendez-vous de juillet à Autun en juillet 2017

Si vous ne la connaissez pas, Anne-Dauphine Julliand est, entre autres, l’auteur de Deux petits pas dans le sable mouillé. Dans ce livre, elle raconte la vie et la mort de sa fille, porteuse d’une maladie génétique. Bien sûr, le livre est dur, et triste. Et, en même temps, il est étrangement porteur de joie. La phrase la plus célèbre de ce livre est d’ailleurs : « Ajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie ». Il est impressionnant de constater comme cette famille a su, dans les moments les plus difficiles, accepter ce qu’ils vivaient, s’entourer de chaleur, et choisir de voir le positif.
(Si l’aventure de ce livre marquant vous tente, en voici le lien Amazon : Deux petits pas sur le sable mouillé )

Un exemple que tout est possible.

… une autre porte s’ouvre

Oui, à un moment donné, lorsque nous sommes prêts, une autre porte va s’ouvrir.

La difficulté vient du fait que cette autre porte ne nous apparait pas immédiatement, évidemment. La porte ne brille pas, ne se montre pas. Il nous faut la chercher. Et c’est pourquoi les étapes précédentes sont si importantes.

Et lorsque l’on commence à l’apercevoir, même si nous ne sommes pas encore prêts à avancer, il s’agit d’avoir confiance. Confiance qu’à un certain moment, nous serons capables de l’emprunter, de passer cette porte.

Et la passer n’est pas égoïste. Ce n’est pas irrespectueux pour l’épreuve, ou les personnes, que nous laissons derrière. Au contraire. C’est les respecter que de décider de continuer. De choisir de ne pas se laisser abattre.

Nous revenons ici à la notion du choix. Un choix que nous avons vu s’affirmer ici, à de multiples reprises, avec la propagation du #PRselevanta : « Puerto Rico se lève ». (L’opportunité -encore – pour moi de me rendre compte à quel point je m’étais attachée à ce pays..)

La situation ne sera plus jamais la même, et nous aurons toujours des regrets. Mais c’st un nouveau début. Un début dans lequel nous sommes capables de choisir de rester positif.

Ensuite…

Quelque temps plus tard, un temps qui dépendra probablement de la difficulté de l’épreuve vécue, on pourra discuter des opportunités que cette épreuve nous a effectivement offertes.

C’est un exercice que j’ai mené hier, avec ma famille.
Alice (11 ans), et Oscar (15 ans) n’ont pas hésité à dire également qu’ils percevaient cette épreuve comme une opportunité. Qu’est-ce que vivre cet ouragan leur a apporté ?

D’abord, le plus évident :

  • Se rendre compte de notre chance d’avoir au quotidien ce qui semble évident : la lumière par exemple !!
  • Prendre conscience de ce que d’autres peuvent vivre plus régulièrement dans d’autres coins du monde…
  • Développer les contacts avec les voisins, se connaitre, se soutenir face aux difficultés, partager nos joies (dois-je préciser que le jour où l’électricité nous est revenue – 53 jours après l’ouragan – nous avons immédiatement organisé un gros apéro festif en bas de l’immeuble ?)

Mais le plus marquant a été pour eux :

  • Apprendre la cohabitation : être tous dans la même chambre, se réveiller avec un petit frère en travers de son lit…
  • Former une équipe : installer ensemble les « tormenteras » avant que l’ouragan n’arrive, essorer l’eau qui s’infiltrait, puis s’aider les uns les autres dans la logistique du quotidien..
  • Partager tant de moments en famille ! En vivant ensemble, vraiment ensemble, entre le salon et notre chambre, nous partagions plus de temps. Quasiment tous les soirs, après avoir couché les plus jeunes, nous faisions un jeu de société à 4, souvent à la bougie…

Est-ce possible que je sente même chez eux une pointe de nostalgie quand nous reparlons de ces quelques semaines si stressantes ? Eh oui…

Nous avons donc conclu la conversation en décidant de nous remettre à jouer plus souvent !

Et si vous souleviez cette conversation chez vous ? Que diraient les membres de votre famille ? Pensent-ils également que les épreuves peuvent se révéler des opportunités ?

Nos émotions sont parfois difficiles à comprendre.. Celles de l’autre difficiles à recevoir, ou à décoder. En fait, cela vient du fait que beaucoup d’entre elles sont ce que l’on peut appeler « réactions émotionnelles parasites », ou « sentiments parasites ». Ces sentiments parasites ne sont pas vraiment des émotions. Ils sont beaucoup plus complexes. Et c’est ce qui les rend difficiles à décoder.

Que sont donc ces sentiments parasites ? Et d’où viennent-ils ?

Note : cet article est le deuxième de ma série sur « la grammaire des émotions« , une formation de l’EIREM, l’école de formation d’Isabelle Filliozat. Le premier article portait sur la différence entre émotion, sentiment, et sensation.

La différence entre une émotion, et une réaction émotionnelle parasite

Une émotion, comme nous l’avons expliqué quand nous l’avons différenciée du sentiment, est une décharge brève liée à un stimulus extérieur.

L’émotion est naturelle, et nécessaire. C’est un signal d’alarme, qui permet l’évacuation de la tension (positive ou négative) face à une situation particulière. On peut alors considérer la réaction appropriée. (ou adaptée, d’une certaine façon, à la situation).

Malheureusement, la vie nous place régulièrement dans des circonstances dans lesquelles nous négligeons notre détresse émotionnelle. C’est particulièrement le cas lorsque nous sommes fatigués

L’émotion n’est alors pas exprimée, le besoin reste non assouvi. Ces émotions refoulées conduisent plus tard à des réactions émotionnelles parasites.

Ces réactions parasites (ou sentiments parasites) sont donc liées à notre histoire, et seront, de ce fait, souvent incompréhensibles par notre entourage… Ce qui aura pour conséquence d’irriter l’autre ! De la même manière, lorsque nous nous sentons irrités par la réaction émotionnel de l’autre, il y a fort à parier qu’il exprime en fait un sentiment parasite. D’où l’intérêt de mieux comprendre ce que c’est.

Nous classerons ces réactions émotionnelles parasites en deux, ou trois, catégories, selon la façon de considérer les choses :

  • les réactions disproportionnées
  • les réactions inappropriées
  • les réactions irrationnelles, qui sont simultanément disproportionnées et inappropriées !

Les réactions émotionnelles disproportionnées

Ici, l’émotion exprimée est bien celle qui correspond à la situation, mais elle s’exprime de manière disproportionnée. Deux cas de figure peuvent expliquer cela.

Les élastiques

La situation nous renvoie à une autre situation passée. Une situation dans laquelle notre émotion n’a probablement pas pu être exprimée, et que nous n’avons donc pas réglée. Cette histoire nous pèse, parfois sans même que nous en ayons réellement conscience.
Nous réagissons alors à la situation actuelle avec un ressenti lié à la situation passée…

Dans ce cas, l’expression de l’émotion est en fait inutile. Il s’agirait plutôt de revenir sur la situation du passé pour l’exprimer en la rapprochant réellement du contexte qui s’y rapporte.

En écrivant cela, je pense à des cas dans lesquels ces élastiques peuvent être très lourds, et les situations du passé bien difficiles à débloquer. (J’imagine des enfants battus par exemple).
Cependant, c’est parfois beaucoup plus simple que cela.

Je repense en effet à une anecdote vécue l’été dernier. Lors de notre semaine de vacances en commun, j’ai partagé avec mon frère et ma belle-soeur mes préoccupations de plus en plus importantes sur la sur-consommation. La manière dont j’essayais de moins consommer, et ce genre de choses, dont il n’est pas question ici ! Et je sentais que ce discours agaçait mon frère, qui pourtant n’est pas du tout le genre à être bloqué sur ces questions… J’ai donc fini par lui poser directement la question, essayant simplement de comprendre ce qui l’embêtait dans mes réflexions à ce sujet. En fait, il s’avère qu’il avait passé un week-end quelques semaines auparavant avec des amis, et que l’une des personnes présentes revenait sur ce thème avec tant de régularité et de véhémence que cela lui avait déplu. De sorte que lorsque j’abordais ce sujet, cela le renvoyait à ce week-end, et qu’il se refermait. Situation assez simple en fait, et, une fois que nous l’avons éclaircie, nous nous sommes beaucoup mieux compris, au lieu de continuer à nous agacer mutuellement à ce sujet ! (Pas trop, heureusement…)

Les « collections de timbres »

Voici un cas que nous avons, je crois, tous vécus. Une situation qui déclenche chez nous une émotion, que nous n’exprimons pas parce qu’elle n’est pas si forte, parce que ce n’est pas grave, ou bien parce que cela ne se fait pas. (Et c’est vrai parfois, cela ne se fait pas). Ou bien que nous ne voulons pas gâcher le moment… Les raisons ne manquent pas !

Seulement, ces émotions s’accumulent, s’empilent, puis une goutte d’eau… et le vase déborde ! Alors, notre réaction est effectivement disproportionnée, et l’autre ne peut pas être en mesure de la comprendre et de la recevoir !

J’imagine que vous connaissez ça… Suggestion pour y faire face : la méditation !

Les réactions émotionnelles inappropriées

Cette fois, nous sommes dans un cas où l’émotion exprimée n’est pas disproportionnée en intensité, mais elle est inappropriée. Inappropriée dans le sens où nous exprimons une émotion qui n’est pas celle qui « conviendrait » dans cette situation. Nous avons en fait remplacé notre émotion appropriée par un sentiment de substitution.

Il peut y avoir différentes raisons à cela.

Une émotion non autorisée

Un cas classique : « Un homme n’a pas peur ! » .. et le petit garçon apprend à refouler sa peur, pour la remplacer par… de la colère probablement, beaucoup mieux reçue dans sa famille comme un sentiment bien masculin ! (Là où, à l’inverse, des petites filles apprendront à substituer la tristesse à la colère, parce qu’une fille en colère, ça n’est pas beau…)

Oui, il est possible que certaines émotions ne nous aient pas été autorisées lorsque nous étions jeunes. Et que nous ayons appris à les substituer par d’autres. Il sera alors compliqué de revenir à l’émotion de départ…

Je ne sais si j’ai raison de rapprocher ce que je vais dire de ce paragraphe, mais cette idée d’une émotion qui se substitue à une autre me fait grandement penser à ce que disait Thomas Gordon. Que la colère n’était souvent pas le sentiment premier. Lors de ce stage de la grammaire des émotions, j’entends en tout cas que « la colère n’est pas l’émotion la plus importante, mais c’est souvent celle qui ouvre. » Ce qui expliquerait que l’on en passe régulièrement par cette colère pour débloquer d’autres sentiments plus enfouis….

Des émotions qui se cumulent

Parfois, c’est encore plus complexe : notre émotion est en réalité un mélange d’émotions. Un mélange tel que nous n’arrivons plus à les exprimer, car l’une bloque l’autre…

La jalousie par exemple, serait un mélange de colère et de peur. Comment être clair alors dans l’expression de l’émotion ?

Il faudrait d’abord apprendre à s’écouter, et, comme pour le monstre des couleurs, apprendre à démêler tout ça…

Les réactions émotionnelles irrationnelles

Enfin, c’est parfois encore plus complexe que tout cela ! Certaines de nos réactions émotionnelles sont à la fois disproportionnées ET inappropriées.

Je ne maîtrise pas bien ce sujet, mais je vais vous transmettre ce que j’en ai compris.

La contagion

Les émotions sont toutes potentiellement contagieuses. Nous l’avons tous ressenti dans un contexte de joie, ou de peur, même de colère ! Il me semble ressentir cela régulièrement : « attraper » l’émotion de l’autre. Quand mon fils me regardent avec un sourire jusqu’aux oreilles, je ressens sa joie. Quand mon mari s’énerve, je m’énerve à mon tour.

Je voudrais savoir faire preuve d’empathie, et comprendre les émotions des autres. Mais la contagion va au-delà de l’empathie : c’est carrément de la sympathie. On ne se contente pas de comprendre l’émotion de l’autre, on se met à la ressentir également… Mais ce n’est pas vraiment notre émotion !

Les transmissions trans-générationnelles

Bon. Je ne commenterai pas sur ce point, parce que je suis ignorante. Il semblerait qu’il soit possible que certaines émotions traversent les générations (et pourraient même en sauter). La transmission serait génétique.
C’est la répétition et la disproportion de l’émotion qui peuvent indiquer le problème.
Si le thème vous parle, il faudra vous renseigner sur l’analyse transactionnelle.

La phobie

La phobie simple est une réaction émotionnelle (en l’occurence une peur) « simplement » disproportionnée. Nous sommes alors dans le cas précédent, et cette phobie est un élastique. Il faudrait rechercher la source de la peur dans notre passé pour la laisser s’exprimer.

Cependant, il arrive qu’à l’élastique s’ajoute une substitution, ce qui rend notre peur inappropriée en plus de disproportionnée, car elle porte alors sur un autre objet que sur la source de départ. La encore, la répétition et la disproportion sont un indice du problème.

Il faudra alors peut-être procéder à un vrai travail d’analyse pour comprendre où le problème prend sa source et laisser alors la peur s’exprimer, pour que la personne puisse prendre du pouvoir sur sa peur.

La projection

Parce que l’on ne veut (ou ne peut) pas exprimer notre propre émotion, nous projetterons sur l’autre soit l’émotion elle-même, soit la source de cette émotion. Par exemple, c’est l’autre qui fait peur, ou l’autre qui a peur.

Les conséquences de ces réactions irrationnelles

Lorsque de telles réactions irrationnelles sont présentes chez quelqu’un, elles peuvent avoir des « issues dramatiques », selon le schéma suivant.

Si j’ai trop mal,

  • je deviens fou
  • je fais mal aux autres
  • je me fais mal à moi-même (ou je risque ma vie…)

Une remarque importante pour les parents

Lorsque l’on comprend le nombre de cas où nos réactions émotionnelles peuvent ne pas être alignées à la situation, on imagine combien nos réactions peuvent être décalées face à nos enfants. Particulièrement dans ce contexte éducatif, où notre propre histoire peut avoir tant d’influence !

Alors, une idée à retenir pourrait être celle-ci : si le comportement de notre enfant nous pose problème, le parent peut déjà travailler sur le problème que ça lui pose à lui, et voir ensuite si la situation n’a pas changé avant de chercher à le régler.

Pas facile à accepter, hein ??

Pour « résumer » tous ces sentiments parasites

  • Réaction appropriée et proportionnée = émotion naturelle – Il convient alors de l’accepter, et de la traverser en l’exprimant.
  • Réaction appropriée mais disproportionnée = élastique, ou collection de timbres – Identifier la situation du passé ou l’origine de la collection
  • Réaction proportionnée mais inappropriée = substitution – Retrouver la véritable émotion
  • Réaction inappropriée et disproportionnée = contagion, transmission trans-générationnelle, phobie, ou projection – Mener une analyse…

Si ce sujet vous intéresse, et que vous voulez en savoir plus sur toutes ces émotions, je vous suggère la lecture de Que se passe-t-il en moi ? d’Isabelle Filliozat

Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de vous parler de ce livre pour enfants : la couleur des émotions.

Un livre pour enfants ?

J’ai peu l’habitude sur ce blog de partager des avis de livres pour enfants, car mes articles reflètent plutôt mon cheminement en tant que parent. L’idée est d’avancer ensemble vers la parentalité positive, en se focalisant sur les réflexions autour de nos postures parentales, et leurs applications avec les enfants.

Cependant, à force d’avancer, je me trouve en décalage avec certaines lectures du soir…

Certains livres qui trainaient dans la bibliothèque des enfants depuis mon aine ne me semblent aujourd’hui plus adaptés, et je fais régulièrement un tri.

Et puis, il y a des découvertes. Des livres qui collent bien à ce que je cherche aujourd’hui à enseigner à mes enfants !

Alors, je ne vais pas me lancer dans une liste complète de nos ouvrages, mais je voudrais vous en partager un, de temps en temps. Un bien choisi, un qui en vaut vraiment la peine. Un que, du coup, vous connaissez peut-etre déjà, mais cela permettra à ceux qui ne le connaissent pas de le découvrir !

Quelle est l’histoire de « La couleur des émotions » ?

Le livre raconte l’histoire d’un monstre de couleurs, auquel une petite fille suggère de mettre de l’ordre dans ses émotions. Chaque émotion (et non sentiment) est expliquée, et une couleur lui est associée.

Ensuite, les couleurs sont séparées, pour que les choses soient plus claires, et le monstre se sent mieux, moins « embrouillé » !

Ce que j’aime dans ce livre

J’aime la simplicité de ce jeu de couleurs, qui permet aux petits de se représenter les émotions. C’est une manière très visuelle de comprendre ce qui peut se passer en eux.

Ainsi, ils peuvent ensuite dire qu’ils se sentent « jaune », ou « rouge ».
Ce livre est d’ailleurs utilisé dans bien des maternelles…

Pendant des mois, mon fils Léon (5 ans) faisait des dessins de couleurs emmêlées, pour nous offrir à la fois de la joie et de l’amour, par exemple !

L’apprentissage des émotions n’est pas toujours évident, et j’aime le fait que ce livre accompagne la discussion sur ce qu’est une émotion, ce à quoi elle sert. Il peut servir de point de départ pour discuter de quand on se sent comme-ci ou comme-ca.

En devenant un parent positif, je suis devenue convaincue de l’importance du fait d’écouter ce que nous ressentons, et nous ne l’avons pas appris petits.

Et à la fois, le vocabulaire est suffisamment riche pour que le livre résiste à des lectures répétées.

Version pop-up, ou non

Chez nous, le hasard a voulu que le livre arrive en version pop up. (Nous vivons loin et nous le sommes fait apporter). Il est très beau en pop up. Les constructions sont bien faites, et permettent meme une petite manipulation des flacons.

Cela dépend de l’age de vos enfants cependant. A choisir, j’aurais pris le livre sans popup, pour que les enfants puissent le manipuler et le manipuler à loisir, sans risque de l’abîmer.

Et puisque je soulève la question de l’âge : je pense que ce livre est adapté à partir d’environ 3 ans jusqu’à environ 7 ans. Encore une fois, le vocabulaire aide à prolonger l’interêt du livre. Cependant, après cet âge, ils auront certainement besoin de plus de précision.

Je complète ici ce commentaire sur l’âge des lecteurs par le témoignage d’ une maman (avec son autorisation) reçu après parution de cet article. Cette maman écrit :
« A la maison, mon petit (2 ans) a tout de suite adoré ce livre ! Il le lit presque tous les jours en décrivant les émotions, on les exagère et on les mime, et il les utilise dans le quotidien. En plus d être un beau livre c est un super outil pour communiquer !
Je l avais à l origine acheté pour mon filleul de 5 ans mais mon fils se l’est tout de suite approprié. Il est en version non pop up de notre côté pour qu’ il puisse le manipuler mais ça l aide vraiment à comprendre ce qu’ il peut ressentir. Il va souvent le chercher quand il est en colère, il montre les pages concernées et souvent ça désamorce la crise. »

Pour aller plus loin

A partir de ce livre, existent des tas d’idées d’activités. Il suffit pour cela de regarder sur internet !

Nous avons de notre côté, comme je le disais plus haut, adopté les couleurs dans notre vocabulaire. De plus, nous avons eu l’occasion de faire quelques activités de dessins et de peinture mettant en scène le monstre des couleurs.

autour de la colère

Plus récemment, cherchant à développer le vocabulaire émotionnel des plus jeunes (et le mien au passage..), j’ai créé avec eux des cartes spécifiques. Elles proposent des gradations dans les sentiments, tournant autour d’une émotion centrale.

autour de la joie

Chaque « jeu » de cartes reprend la couleur de l’émotion de laquelle nous sommes partis. Ainsi, les enfants s’y retrouvent, et cette introduction de nouveau vocabulaire n’est qu’un prolongement.

autour de la tristesse

Pour acheter la couleur des émotions :

En version popup :

En version « normale » :

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

La grammaire des émotions est une formation de l’école Filliozat.

Lorsque j’ai décidé de d’accompagner les parents, je me suis demandé quelles formations existaient, et j’ai découvert l’EIREM, l’Ecole des Intelligences Relationnelle et Emotionnelle, créée par Isabelle Filliozat.

Je ne pouvais envisager de suivre leur formation de coach en vivant à Puerto Rico, mais je me suis d’office inscrite à une formation de 3 jours intitulée « La grammaire des émotions », que j’ai suivie en juin 2016.
(oui, j’ai mis beaucoup de temps à écrire cet article !)

Cette formation permet de mieux comprendre nos émotions, nos réactions, savoir si nos réactions peuvent être reçues, comment décoder celles des autres, ce que sont les réactions émotionnelles excessives, développer son savoir-faire relationnel.
Nul doute que cela m’aiderait dans mes relations aux autres parents, autant que pour moi-même !!

En préalable de ce stage, nous devions lire Que se passe-t-il en moi ? , et, si le thème vous intéresse, cela peut déjà vous en apprendre pas mal !

A posteriori, et si longtemps après, je peux surtout vous dire que cela m’aide en tant que maman : avant de pouvoir accompagner nos enfants, il faut d’abord se connaitre soi-même, il faut savoir s’écouter, se comprendre, et ce travail est également très difficile.

J’ai eu la chance de croiser Isabelle Filliozat au festival d’Autun en juillet 2017, et de lui en parler. J’avais apporté mon livret de formation de « la grammaire des émotions », et elle me l’a dédicacé d’un mot qui va dans ce sens, écrivant :

« A Coralie
Pour mieux écouter et surtout entendre nos enfants, nous avons besoin de faire de la place à l’intérieur de nous ! Apprendre à écouter l’enfant que nous étions, redécouvrir l’intensité de nos émotions, mesurer la complexité de nos sentiments d’enfant, tout cela nous permet d’être présent à ces êtres qui nous sont si chers, nos enfants !
Isabelle »

Mes articles ne remplaceront jamais les expériences de la formation, les échanges, la bienveillance du groupe qui nous a permis de vraiment vivre ce qui nous était expliqué à travers de différents exercices, de différentes « expérimentations émotionnelles »… mais il permettra de parcourir certaines des notions vues, et de s’en approcher.

La formation étant longue est riche, je vous partagerai ce que j’en ai retenu par bouts.

Libre à vous d’aller consulter les articles s’y rapportant !

1ère partie : Sensation, sentiment, émotion – quelle différence ?

Il règne souvent une grande confusion entre ces termes, qui désignent pourtant des concepts différents. Les distinguer n’est pas forcément nécessaire, mais je trouve ça intéressant. Et cette formation m’a appris à le faire.

Dans cet article spécifique, vous apprendrez donc à :

  • Faire la différence entre sensation, sentiment, et émotion
  • Identifier le lien entre sentiment et émotion
  • Comprendre les raisons d’être des émotions

Lien vers l’article : sensation, sentiment, émotion – quelle différence ?

2ème partie : les réactions émotionnelles parasites

Décoder les émotions n’est pas chose aisée. D’autant moins qu’une bonne partie de ces émotions, exprimées ou entendues, sont en fait des sentiments parasites.

Disproportionnées, ou même inappropriées, ces réactions nous déstabilisent.

Pour apprendre ce que sont ces sentiments parasites, d’où ils viennent, lire l’article s’y rapportant !

Lien vers l’article : les réactions émotionnelles parasites

3ème partie : De la blessure, au trauma, à la réparation

En attente de rédaction…

4ème partie : Dans la relation à l’autre

En attente de rédaction…

Si ce sujet vous intéresse, et que vous voulez en savoir plus sur toutes ces émotions, je vous suggère la lecture de Que se passe-t-il en moi ? d’Isabelle Filliozat

Faire face à la colère d’un enfant n’est jamais chose facile. En tant que parents, nous devons les accompagner, et leur enseigner à contrôler leurs émotions fait partie de cet accompagnement. Il existe pour cela plusieurs méthodes, que nous pouvons varier, et l’une d’entre elles est : la roue des options.

Apprendre à gérer des émotions

Un jeune enfant qui se met en colère, cela se voit, et s’entend ! Principalement, parce que l’enfant ne sait pas contrôler ses émotions. Comme l’explique Catherine Gueguen, son cerveau n’est pas encore mature. Il est donc parfois physiquement impossible pour lui de dépasser l’émotion de manière immédiate. Il n’arrive pas à revenir dans un état émotionnel plus calme.

C’est la raison pour laquelle, avant de se lancer dans des explications, nous devons encourager l’enfant à sortir de la vague de l’émotion. Plusieurs méthodes pour cela : l’aider à se concentrer sur quelque chose de son environnement, parler de son émotion.. Dans tous les cas, commencer par cette étape avant d’expliquer.

Cependant, apprendre à gérer ses émotions, pour un enfant, comme pour nous, c’est également savoir quoi faire pour cela ! Et ce n’est pas inné. Nous gagnerions tous à avoir à notre disposition une liste d’actions qui pourraient nous aider à nous calmer. Alors, petit à petit, prenant l’habitude de la consulter régulièrement, nous pourrions apprendre à mieux répondre à nos besoins, à faire preuve d’auto-empathie, et à traverser enfin nos émotions difficiles.

Qu’est-ce que la roue des options ?

La roue des options, c’est exactement ça : une liste de ce qui peut aider !
Le format de la roue permet de mettre en valeur le fait que l’idée est de faire un choix entre les différentes options (bien qu’il ne soit jamais interdit d’en choisir plusieurs !)

Ainsi, l’idée est que, lorsqu’il se sent dépassé, l’enfant puisse consulter sa roue, et ses options, et choisir ce qui va l’aider à ce moment-là. La roue répond ainsi aux deux objectifs parallèles de :

  • calmer son état émotionnel en le faisant se concentrer physiquement sur quelque chose
  • s’entrainer à prendre soin de lui-meme dans les moments où il en a besoin

Sa conception

La roue des options sera d’autant plus efficace que l’enfant aura pris part à sa conception. Impliquer l’enfant dans la démarche lui permet de s’en sentir acteur. Ensuite, lorsqu’il l’utilise, cela ne lui est pas imposé : c’est son propre travail, ses propres idées.

Bien sûr, le niveau d’implication dépendra de l’âge de l’enfant. Plus il sera jeune, il plus il sera difficile pour lui de trouver les idées lui-même.

Cela faisait déjà un bon moment que j’avais entendu parler de la roue des options ! Elle fait partie des outils proposés par la Discipline Positive, en particulier dans un cadre scolaire.

Et pourtant, tout en y pensant régulièrement, j’ai laissé passer des mois avant de la mettre en place. Parce que ce n’était pas le bon moment, parce que j’y pensais alors même que mon fils était sous le coup de la colère, donc incapable de mener cette démarche, parce que, parce que…

Et puis, un jour, grâce à un nouveau partage de mon amie Gwen de Petit bout par petit bout, qui avait construit sa propre roue des options de la colère avec son fils (vous pouvez voir son récit ici), j’ai décidé de faire comme elle : arrêter de tergiverser !

Le samedi, donc, j’ai pris un papier de brouillon, et j’ai dit à mon Léon, 6 ans, que nous allions faire une activité ensemble. Anatole, 3 ans et demi, s’est immédiatement approché.
Je leur ai expliqué que nous allions réfléchir ensemble à ce qui pouvait nous aider quand nous nous sentions très en colère ou très tristes, et noter nos idées.  Tout en parlant, je partageais ma roue en secteurs angulaires, et Léon a immédiatement commencé à lancer des idées. J’ai tout noté, même si ça signifiait avoir un secteur qui disait « compter jusqu’à 10 », et l’autre « compter jusqu’à 100″… Anatole a aussi lancé quelques idées, pas toujours très claires (« faire vite »… j’ai cru comprendre qu’il voulait dire que si on n’aimait pas ce qu’on devait faire, il valait mieux le faire vite), mais peu importe, au moins, il participait !

Et voici notre première roue des options terminée !

Cependant, ne pensez pas que nous nous soyons arrêtés en si bon chemin, non !

Une fois cette roue terminée, avec les illustrations de leurs mains, Léon m’a dit qu’il avait encore plein d’idées et qu’il voudrait en faire une autre !

Rebelote donc ! Et voici notre deuxième roue d’options :

Les idées n’ont effectivement pas manqué ! Et Léon m’a même fait ajouter – en dehors de la roue tant pis – le fait de mettre sa main sur notre main à 6 doigts !!

L’activité, déjà, avait été un succès, restait à voir à l’usage…

L’utilisation de la roue des options

Dès ce week-end là, j’ai mis la roue en pratique. Au premier moment difficile, j’ai été cherché la roue, et j’ai dit calmement : « Je vais te lire les idées qu’on a écrites pour aider à se sentir mieux. »

Rien que le fait de lire les options était déjà tellement puissant pour aider l’enfant à calmer son état émotionnel, tant pour Anatole que pour Léon, que rien que pour ça, ça valait la peine de l’avoir faite !

Ensuite, vient la phase du choix. Si celui-ci est difficile, pour les plus jeunes en particulier, pour lesquels trop de choix les perd, nous pouvons aider à le limiter, en répétant ceux que nous savons leur plaire.
« Alors, tu penses que tu préfèrerais un câlin, ou jouer avec le Mack ? »

Et, croyez-le ou non, ça a marché de manière magique ! Certes, certaines options ne sont jamais utilisées. Anatole revient généralement sur le câlin, mais peu importe. Ils savent qu’ils auront d’autres options lorsqu’ils en auront besoin, c’est également le but de la démarche. Comme le matin où, après avoir vu la roue des options, ils m’ont demandé de lire un livre. (Je ne sais plus lequel en avait eu besoin et l’avait choisi, mais l’autre s’est joint à nous, et nous avons pu tous nous reconnecter, et c’est bien cela qui nous aide ensuite à avancer, non ?)

Développement de l’empathie

Un autre bénéfice de cette roue que je n’avais pas anticipé, c’est qu’elle aide à développer l’empathie.

Il y a quelques semaines, je me suis moi-même agacée. Je ne sais plus pourquoi, ni comment je l’exprimais, mais j’étais clairement tendue. Je n’avais en fait pas assez dormi. Et voilà mon Léon qui vient dans la cuisine, et qui, sans un mot, me tend les roues, me laisse les prendre, et s’en va…. Oui, moi aussi, je pouvais chercher ce qui pourrait bien m’aider ! (Devrais-je d’ailleurs faire une roue des options pour moi ? C’est une idée !)

Quelques jours plus tard, alors que je dépose Léon devant sa classe, il voit l’un de ses camarades en train de pleurer. Il regrette de ne pas avoir sa roue avec lui… Je lui suggère qu’il pourrait peut-être lui en parler… Le soir, Léon me raconte qu’il a effectivement été voir son copain, et qu’il lui a dessiné une autre roue !

Enfin (et c’est ce qui m’a finalement poussée à écrire cet article), hier, alors que je sortais de chez moi, je vois les roues par terre devant la porte.
Je demande à Leon :
« Pourquoi la roue est là ?
– parce qu’Anatole pleurait quand tu es partie hier, alors je lui ai donné les roues pour qu’il trouve une solution.
– Et ça a marché ?
– Oui
– Qu’a-t-il choisi ?
– Le câlin. Je le lui ai fait. »

Voir nos enfants résoudre leurs problèmes et faire preuve d’empathie, se soutenir l’un l’autre…

Encore un rappel que nous ne nous trompons pas de chemin !!

Suite à mon précédent podcast sur la négation des sentiments, celui-ci s’intéresse à la question suivante, qui m’a été posée :
Pourquoi ne pourrait-on pas expliquer en plus de valider le sentiment des enfants ?

En fait, ce n’est pas que nous ne pouvons pas, c’est que cela se fait en deux temps.
Explication dans le podcast !

Cliquez sur Play pour l’écouter

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription. 

Validation des sentiments

Aujourd’hui, nous parlons encore validation des sentiments. Dans mon dernier podcast, je vous avais expliqué l’importance de valider les sentiments des enfants, à l’inverse de la tendance que nous avons parfois à les nier. La démarche de validation des sentiments aide l’autre à se sentir écouté et validé et à lui-même s’écouter et se faire confiance.

Un exemple sur le sujet

Prenons un exemple.
Ce matin, j’ai accompagné Anatole dans sa classe et il aurait voulu y apporter une petite voiture. La maîtresse la lui a refusée parce que les jouets ne sont pas autorisés en classe. 

Il pensait vraiment qu’il pourrait le faire, et quand la maîtresse lui a dit non, il a fondu en larmes.
À ce moment-là, je peux basculer dans l’explication et lui dire : 
“Anatole, ce qui se passe, c’est que les jouets sont interdits en classe. Tu comprends, la maîtresse, elle ne peut pas autoriser une voiture à toi et pas aux autres. Après les autres, ils vont être jaloux, etc…”.

Toutes ces explications sont valables. 

Le problème, c’est que sous le coup de l’émotion, l’enfant n’est pas capable d’écouter les explications. 

Alors certaines mamans me disent : 

D’accord. Valider l’émotion. D’abord lui dire : “Anatole, je comprends que tu sois triste”, mais pourquoi on ne pourrait pas faire les deux ?
Pourquoi on ne pourrait pas lui dire : “Anatole, je comprends que tu sois triste, mais tu vois bien que la maîtresse ne peut pas accepter les jouets en classe.”

En fait, ce n’est pas qu’on ne peut pas faire les deux vraiment.

On VA faire les deux, mais dans des temps différents. 

Encore une fois : sous le coup de l’émotion, l’enfant n’est pas capable de raisonner. Toutes nos explications tomberont dans le vide.
C’est un peu vrai pour n’importe quel être humain, mais pour l’enfant encore plus. 

Pourquoi ?
Parce que la partie à l’avant du cerveau – le néocortex qui permet de réguler les émotions, mais aussi de raisonner, d’analyser et d’observer – , cette partie-là, n’est pas encore tout à fait mûre.

Et au moment où l’enfant est encore dans l’émotion, son cerveau archaïque, celui qui est le siège des émotions, prend le dessus et l’autre partie est complètement incapable de fonctionner. 

Ce n’est pas qu’il ne le veut pas, ce n’est pas qu’il le refuse, c’est qu’il n’en est pas capable. 

Ainsi, parce qu’il est en train de pleurer parce que la maîtresse lui refuse la petite voiture, mes explications seront complètement vaines, elles ne l’atteindront pas. 

Aider l’enfant à se reconnecter

L’important, c’est d’abord de l’aider à se reconnecter, à revenir dans un état émotionnel neutre. Et valider l’émotion, c’est aussi une façon de faire ça. 

Donc, face à mon Anatole qui pleure, je commence par reconnaître son émotion : “Anatole, tu es triste et oui, toi, tu voulais vraiment apporter ta petite voiture”. 

Et je m’approche de lui, j’ai un geste tendre, un câlin.
En général, je le prends dans les bras jusqu’à ce que l’émotion tombe un peu.

Si je vois qu’elle persiste, que c’est trop dur pour lui de se reconnecter, je vais lui proposer, on ne peut pas vraiment dire une activité, mais une technique de pleine conscience.

Et par pleine conscience (j’imagine que le terme peut en effrayer certains), je ne parle pas d’une méditation avec mon enfant. Je parle juste de quelque chose qui l’aidera à revenir dans le moment présent. 

Par exemple, sur le tapis de la classe, il y a un alphabet.
Alors, je lui dis : “oh, je vois un A sur le tapis, tu le vois ?”
Ce n’est pas seulement de la distraction parce que je vais revenir à l’histoire de départ. C’est plutôt une façon d’engager la partie réflexive de son cerveau sur un sujet complètement neutre. 

Ainsi, le fait de fixer son attention sur le tapis, de chercher le “A”, fait que l’émotion se stabilise, se calme. Il sort un peu de la vague sous laquelle il a été englouti et il observe le “A”.
Il arrive régulièrement, tout comme cela a été le cas ce matin justement, que cela ne suffise pas. 

Parfois c’est magique, parfois ce n’est pas assez. Ce matin, son émotion était trop forte.

Il s’est calmé un peu, le temps de voir le “A”. Et puis il s’est remis à pleurer en disant :  “Je

voulais la voiture…”

Le niveau neutre

Et je comprends ! Bien sûr, il voulait la voiture.
Alors, je suis restée d’abord dans une démarche de distraction en lui disant : “Ce tapis, il est vraiment chouette pour pratiquer les lettres de l’alphabet” parce que je sais que c’est un sujet qui l’intéresse en ce moment. 

Regarde : “a, b, c, d, e, f, g” et il m’a regardée et cette démarche-là, déjà, l’a calmé.
Une fois qu’il était dans un niveau neutre, on a pu reparler de la voiture. Je lui ai dit : “Tu sais, Anatole, la maîtresse, elle a une règle comme quoi, il n’y a pas de jouets dans la classe”. Et bien sûr qu’il était encore triste, mais il n’était plus sous le coup de l’émotion. 

Donc vraiment, quand on se demande si on ne peut pas faire les deux, ce n’est pas qu’on ne peut pas faire les deux, c’est qu’on ne peut pas les faire dans le même temps. 

Le “mais” est une parole piège

Quand on cherche à les faire dans le même temps, on a tendance à utiliser le “mais”.

“Anatole, je comprends que tu sois triste, mais la maîtresse ne veut pas.”

Le “mais”, c’est une parole piège.
En fait, la parentalité positive, c’est vraiment une question de communication.
C’est comme un nouveau langage. (ça prend du temps, d’ailleurs.)

Et dans ce nouveau langage, il y a quelques mots qu’il faut vraiment apprendre à utiliser de moins en moins.
Le “mais” en fait partie parce que nous partons avec de bonnes intentions en disant : “Anatole, je vois que tu es triste”, en validant émotion, “mais la maîtresse…” – et ce “mais” vient comme effacer tout ce qu’on vient de dire avant. Ça l’annule. 

C’est un des pièges soulevés par les auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux dans la partie où elle expose ce qui nuit à la coopération. 

Ce qui fait que quand on rajoute notre explication juste derrière la validation du sentiment, on annule un peu notre validation du sentiment. 

L’important, au moment où l’enfant est sous l’émotion, c’est vraiment de se sentir écouté, de se sentir en lien avec la personne en face. 

Ça va être ça notre priorité.

Concentrons-nous là-dessus d’abord, et, une fois que l’émotion est atténuée, alors nous pourrons passer aux explications.

Avec un enfant plus grand

Je voudrais préciser encore autre chose. 

Mon exemple concerne ici un petit enfant : Anatole a trois ans et demi, presque quatre ans. 

Quand l’enfant est plus grand, est-ce que la démarche est la même ? 

En fait, encore plus. Quand l’enfant est plus grand, disons avec ma fille de 10 ans, il est fort probable qu’elle se fasse beaucoup moins envahir par l’émotion, parce qu’elle a déjà appris à mieux la contrôler, à ne pas l’exprimer de la même façon. Elle n’éclate pas en sanglots. 

Mais pour autant, elle se retrouve quand même, comme nous, dans des situations dans lesquelles un sentiment est fort pour elle. Un sentiment d’injustice, de la colère, de la jalousie. 

Et dans ces moments-là, notre rôle de parent, c’est de recevoir l’émotion. 

Et là, j’irai encore plus loin que dans le cas précédent. C’est qu’une fois que l’enfant se reconnecte à lui-même, l’idée n’est même plus de lui donner l’explication.

L’idée est de l’accompagner à trouver l’explication et à la comprendre. 

On bascule alors dans ce qu’on appelle une écoute active, c’est-à-dire qu’on va l’écouter en l’aidant à s’exprimer, en renforçant ce qu’il dit, en le laissant cheminer plutôt que de lui expliquer comment sont les choses, comme si nous le savions de toute façon mieux que lui. 

Si nous l’accompagnons pour que lui-même fasse le chemin et comprenne d’où vient la difficulté, il avancera de lui-même et beaucoup mieux. 

Nous l’aurons alors aidé à grandir. 

L’écoute active : une illustration

Je vais également vous donner un exemple.
L’autre jour, ma fille a eu une difficulté avec une de ses amies. 

Elle était très triste, elle me raconte qu’elles se sont disputées. Elle me raconte l’épisode. Moi-même, en écoutant l’épisode, j’étais furieuse contre son amie et je me suis retenue de le dire parce que l’important, ce n’est pas mon opinion, c’est la sienne. 

J’ai juste reçu son émotion. 

J’ai dit :
“Je comprends que tu te sentes mal !”
“Eh oui, c’est difficile ça…”
“Et du coup, tu es en colère.”

… en reprenant ce qu’elle me disait.

Et puis, au fur et à mesure, elle s’est mise à elle-même rentrer dans une phase de réflexion. “Tu comprends, elle ne peut pas me faire ça !

– Oui

– et en même temps, je n’ai pas envie de ne plus être amie avec elle…

– non, parce que si t’es plus amie avec elle, elle va te manquer

– exactement ! 

– …

– Mais est-ce que c’est vraiment une amie si elle me fait ça ?”

 C’est incroyable de constater comme nos enfants sont capables de mener ce raisonnement sans que nous le fassions à leur place. 

Pour moi, entendre ma fille dire : “Est-ce que c’est vraiment une amie si elle me fait ça ?” plutôt que de lui dire, moi : “Mais en même temps, Alice, ce n’est pas vraiment une amie si elle te fait ça !” , ça change tout !

Ça l’aide tellement plus à grandir d’avoir vécu ça, de l’avoir expérimenté, d’être arrivée à cette conclusion elle-même

Parce que d’autres situations comme ça, elle en aura, et je ne serai pas toujours là. 

L’idée n’est pas que moi, je lui dise comment mener sa vie ou que je lui fasse les leçons de la vie.

L’idée, c’est que je l’accompagne pour les découvrir. 

En l’occurrence, pour l’anecdote, cette histoire s’est bien terminée puisque le lendemain, nous avons pris un moment toutes les deux qui a été l’occasion d’un moment particulier pendant lequel je lui ai expliqué quelques principes de CNV (communication non violente)  et des conseils que la CNV donnait pour aborder une situation de conflit comme ça. 

Comment parler de nos sentiments et de nos besoins, comment essayer d’aller sur la colline de l’autre pour comprendre ses sentiments et ses besoins…

Et après cette démarche-là, elle a pu être claire sur la façon dont elle allait aborder son amie.

Elle a laissé passer quelques jours, et puis elles se sont revues, et elles ont pu vraiment discuter, échanger. Alice s’est sentie rassurée par rapport aux intentions de son amie. Et l’amitié a repris de plus belle !

Je me rends compte que j’ai un petit peu dérivé du sujet, alors, je vais m’arrêter là. J’espère que cela est clair pour vous !

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

Le premier livre d’éducation que j’ai vraiment lu, c’est celui-ci : L’éveil de votre enfant, de Chantal de Truchis-Leneveu, il y a déjà 15 ans de cela !
Cela faisait donc un moment que je voulais en faire ici un bref résumé, et que, prise par autre chose, ce résumé restait en bas de ma liste.

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Je saisis aujourd’hui l’opportunité du carnaval d’articles (c’est à dire un thème traité à la fois par plusieurs blogueurs) lancé par Sonia, du blog Danse prénatale sur le thème “LE livre à lire pendant votre grossesse”.

Si je n’ai pas lu ce livre à proprement parler pendant la grossesse, je l’ai lu lorsque mon aîné avait tout juste quelques mois, et il m’a énormément apporté.

En particulier, sur le thème de l’autonomie.

En avant-propos, l’auteur, Chantal de Truchis-Leneveu, explique que le fondement de ce qu’elle présente dans son livre découle des principes observés et décrits dans la pouponnière de Loczy. Je sais que cet exemple de Loczy est aujourd’hui présenté aux psychologues et autres professionnels de la petite enfance, et c’est pourquoi je le précise ici.

Principe fort : l’enfant est acteur de son développement. 

Sommaire de l’éveil de votre enfant

Afin que vous ayez une meilleure idée du contenu du livre, en voici le sommaire.

Chapitre 1 : Découvrir un bébé
Chapitre 2 : Les soins quotidiens, moments privilégiés d’échange
Chapitre 3 : Le temps éveillé ou la liberté de mouvements et d’activités
Chapitre 4 : Les jouets et les aménagements
Chapitre 5 : Le droit à l’émotion
Chapitre 6 : L’apprentissage de la réalité et de la vie sociale
Chapitre 7 : Séparation, histoire de toute vie humaine
Chapitre 8 : Accueil, mode d’emploi
Chapitre 9 : Et pour nous les parents ?

Tous les chapitres sont intéressants, en particulier parce qu’ils invitent à un nouveau regard sur l’enfant, à plus d’écoute et d’échange.

Une introduction à la parentalité positive ?

En reprenant ce livre, que je n’ai pas lu depuis des années, je suis surprise d’y voir toute une partie sur le droit à l’émotion. Et en particulier ce sous-titre, qui me semble si important aujourd’hui : “Parler ne supprime pas la difficulté”. Ainsi, l’auteur encourage à l’écoute de l’émotion, à son acceptation, principe même de l’éducation positive. L’avais-je compris à l’époque ?

De la même manière, je trouve dans le chapitre 6 une présentation brève de “Trois conceptions de l’éducation” :
Penser que l’on doit dresser l’enfant
Penser que l’on a à aider l’enfant à comprendre le pourquoi des exigences
Adopter le laisser-faire

Quel lien fort entre cette liste d’options, et le positionnement de la parentalité positive, ni autoritarisme, ni permissivité ! Même si ce livre ne développe pas complètement les principes de parentalité positive, nous voyons bien que nous y sommes déjà un peu ! Je comprends que ce livre m’ait tant parlé à l’époque.

Mais ce que j’ai le plus retenu de ce livre, ce que j’ai le plus appliqué, c’est tout ce qui touche à la liberté de mouvements, et aux activités.

La motricité libre

Dans ses premières années de vie, l’enfant développe sa motricité de manière époustouflante. Et nul besoin pour cela de l’y encourager. En revanche, il est bon de ne pas l’entraver.

J’ai retenu ainsi deux principes fondamentaux :
1- ne pas mettre l’enfant dans une position qu’il ne maîtrise pas (assis sur un canapé coincé par des coussins, posé sur une balançoire…)
2- ne pas le mettre en position de dépendance de l’adulte dans ses mouvements

Deux exemples concrets pour illustrer ce dernier point, qui pour moi est fondamental puisqu’il relève autant du développement que de l’autonomie de l’enfant :

Le toboggan

Tout comme l’explique Floriane dans son article sur l’autonomie du tout petit, dans la partie sur la motricité libre, nul besoin de mettre l’enfant sur le toboggan avant qu’il soit capable d’y monter. Ce n’est pas que l’enfant ne l’apprécierait pas, mais il serait alors dans une relation de dépendance totale par rapport au parent : impossible de renouveler l’expérience sans l’adulte.

Or, l’enfant est tout aussi content de développer sa motricité en apprenant à monter sur la première marche du jeu, à passer le pont… Et lorsque, enfin, il saura monter seul jusqu’en haut du toboggan, son bonheur à le descendre en sera décuplé. Alors, vous pourrez vous réjouir pour lui de le voir remonter, seul et capable, pour recommencer !

La marche

Lorsque nous expliquions que nous ne voulions pas prendre les mains de notre fils pour l’aider à marcher, les gens nous regardaient comme des extra-terrestres… Et c’est bien dans ce livre que j’ai lu cette idée. En fait, l’enfant a déjà bien à faire en apprenant à se mettre debout seul, en apprenant à passer les obstacles à 4 pattes, à descendre les escaliers à reculons, etc… Il se mettra à marcher lorsqu’il sera en mesure de marcher, simplement.

Je ne sais pas bien ce qui nous pousse, en tant que parent, à vouloir accélérer cette étape. Une fierté mal placée ?? Pourtant, nous n’encourageons pas la marche ainsi, au contraire, car l’enfant développe alors de mauvais appuis en se pendant à nos doigts, en plus d’une totale dépendance tant que cette étape n’est pas terminée.

L’avantage de cette indépendance : 

Comme mes enfants n’allaient que là où ils pouvaient aller seuls, ils ont pu seuls découvrir leurs limites. Lorsqu’ils montaient quelque part, je n’avais pas peur. Je savais qu’ils avaient pris les bons appuis, qu’ils avaient confiance en eux-mêmes, qu’ils maitrisaient ce qu’ils faisaient.

Et même plus tard, nous avons gardé ce principe : si mon fils me demande de le monter dans l’arbre, je lui dis : “Tu peux monter où tu veux tant que tu le fais seul. Si tu ne peux pas le faire sans aide, c’est que c’est encore trop dangereux pour toi.”

Pour l’aspect pratique, le livre liste et décrit des tas d’aménagements et d’activités pour l’enfant en fonction de son âge, de 0 à 20 mois.

Et également…

Pour terminer, l’auteur soulève des questions importantes pour le quotidien de l’enfant :
les moments de séparation
les structures d’accueil, voir comment il y sera accueilli et respecté
et ouvre enfin sur l’attitude du parent, et sur son propre vécu.

Ainsi, je ne peux que conseiller aux futurs parents et aux parents de jeunes enfants de lire ce livre, qui vous aidera énormément en terme d’accompagnement de votre enfant vers son propre développement.

Et lorsque vous l’aurez lu, venez donc m’en parler ici !