Articles qui parlent des émotions ou des sentiments et de la façon de les recevoir

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On dit toujours que le meilleur enseignement, c’est l’exemple.

Les enfants apprennent en nous observant. « Soyons le type de personne que nous voulons que nos enfants soient. »

Hier, j’en ai été témoin, de manière incroyable.

Nous avons déjà parlé à maintes reprises de l’importance de la validation des sentiments, et nous avons déjà vu l’effet que cela pouvait avoir sur les enfants, ajouté à d’autres compétences ou pas…

Hier matin, donc, nous faisons face à une de ces situations où l’enfant cherche une validation de son sentiment :

C’est l’heure de partir pour l’école. Anatole (2 ans et demi) est normalement en charge d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, mais Oscar est trop pressé, et appuie. Anatole se met à pleurer. L’ascenseur contient déjà des voisins, nous montons donc, avec Anatole en pleurs.

Alice se baisse à son niveau et lui demande :
“Anatole, tu es triste ?
– ouuuiiii….
– parce que toi tu voulais appuyer sur le bouton de l’ascenseur ?
– ouuuiiii…
– et tu n’as pas pu ?
– noon…
– eh oui, ça, c’est triste !”

Non seulement après ça Anatole se calme (très bon exemple de validation des sentiments, suffisante à l’apaisement ), mais surtout surtout, j’ai été impressionnée par la réaction d’Alice !!

Je ne lui ai pas expliqué, à elle, la démarche de validation des sentiments, comment diable l’a-t-elle si bien intégrée ??

J’ai senti comme une bouffée de joie.

Bien sûr, parce que cela signifiait que nous avions suffisamment intégré le principe pour qu’il devienne le modèle que nous donnons, mais surtout parce que je m’apercevais qu’Alice avait inconsciemment intégré qu’un sentiment, ça se reconnait. Pour elle, c’est devenu naturel.

Oui, on l’a vu déjà : l’enfant s’exprime plus facilement devant sa figure d’attachement.

Je le constate au quotidien.

La semaine dernière, quand Léon (presque 5 ans) est sorti de sa classe, il s’est mis à pleurer. Sans que je sache pour quoi. Je l’ai pris dans mes bras et lui ai doucement demandé : « Tu veux m’expliquer, ou tu veux juste un câlin ? ». Il est resté dans mes bras une minute sans rien dire, puis il s’est calmé, et a pu se détacher. Il avait seulement besoin qu’on reçoive son émotion. Je n’ai pas su pourquoi.

Cette semaine, c’était le tour d’Anatole (2 ans et demi). J’arrive à l’école, et le vois au milieu de ses camarades, tranquille. Dès qu’il me voit, il se met à pleurer : « Je veux pas ce pantalon ! ». Oui, il a encore du mal avec le retrait des couches, et il avait été changé… Le pantalon ne lui plaisait pas… Mais il m’attendait pour le dire. Il avait besoin de la sécurité dans laquelle il pouvait s’exprimer.
Sa figure d’attachement était arrivée.

Pour l’histoire, j’ai validé le sentiment, simplement.
« Ce pantalon ne te plait pas ?
– nooon…, toujours pleurant
– on en changera quand on arrivera à la maison ?
– d’accooord ! »
Il ne pleure plus.

Je suis dans le chapitre 3 de Au coeur des émotions de l’enfant, et je note ici qu’on peut oublier d’écouter sans même s’en rendre compte…

On l’a déjà vu dans « J’ai tout essayé ! » , quand on a parlé de la période du « non », un petit enfant découvre un jour qu’il est lui, et cherche à s’individualiser, à prendre son autonomie, ses décisions propres pour se et nous prouver qu’il existe indépendamment de nous.
De la même manière, quand il nous dit ce qu’il ressent, il n’est pas forcément en train de demander quelque chose, ou de se plaindre, il cherche réellement à nous dire ce qu’il ressent, simplement : il cherche à dire JE.
Ainsi, par exemple, il nous dit “Maman, je n’aime pas quand tu t’en vas…”
Et nous lui répondons “Tu sais bien que je dois aller travailler !”
Il est en train de se sentir exister, et nous lui parlons d’autre chose.
Il parle de lui, nous parlons de nous.
En ne répondant que sur le contenu, et non sur l’émotion, on risque de lui faire passer le message que ce qu’il ressent n’a pas d’importance.
En recevant au contraire ses émotions, on lui permet d’exister : « Je sais que tu n’aimes pas quand je pars… Tu préfèrerais que je reste avec toi. » On peut même ajouter (je l’ai testé, ça aide) : « Tu sais ce que je vais faire ? Sur le chemin pour aller travailler, je penserai à toi. »
“Je suis celui que je me SENS être.” écrit Isabelle Filliozat.

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Ce soir, nous avons une petite copine de Léon (4 ans et demi) à la maison. Léon est très content à l’idée de jouer avec elle, mais elle n’a pas tellement envie d’être avec lui… En fait, il voudrait construire un téléphérique, et elle ne veut pas.

Leon est bloqué, il pleure, pleure, pleure.

Je décide de suivre le guide.

Phase 0 : Je vais près de lui, j’essaye de l’entourer de tout mon amour, il me repousse.

Phase 1 : Je reste en face de lui, et le couve de mon regard tendre, en lui disant que je suis là pour le moment où il voudra me parler. Pour ne pas me laisser atteindre, j’imagine devant moi une coupe qui me permet de recevoir ses pleurs sans qu’ils me pénètrent, comme suggéré dans « Il me cherche ! ».

Finalement, il me tend les bras, se blottit un moment contre moi, puis se dégage et m’explique qu’il voulait faire le téléphérique avec Pauline…

Phase 2 : l’écoute et la validation des sentiments

« Oui, je vois que tu te sens malheureux, tu voulais vraiment faire le téléphérique  et tu voulais vraiment le faire avec Pauline.. C’est triste qu’elle ne veuille pas le faire avec toi, parce que toi tu adores construire des choses… »

Phase 3 : celle que j’aime bien : concéder dans l’imaginaire
« Ce qui serait bien, ce serait d’avoir un copain qui adore construire comme toi ! Comme ça vous pourriez construire plein de choses ensemble… »

Phase 4 : le choix
« Voyons, qu’est-ce qui est le plus important pour toi ? Construire le téléphérique, ou être avec Pauline ? » Réponse : être avec Pauline.
« D’accord, on va lui demander ce qu’elle veut faire. » Réponse : dessiner.

Phase 5 : recherche de solutions (venant de moi, mais c’est mieux que rien !)
« Alors, j’ai plusieurs idées de ce que vous pourriez faire :
Tu pourrais dessiner avec elle ; ou bien tu pourrais construire ton téléphérique dans le salon, pendant qu’elle dessine à côté, comme ça, vous seriez ensemble en faisant chacun ce que vous voulez ; ou encore tu pourrais lui demander si elle veut dessiner sur ton téléphérique… »

Finalement, c’est la 3è solution qui a été adoptée, et ils jouent tous les deux très bien ensemble !
Je me sens toute contente de moi…

Comme bien d’autres livres de parentalité positive,  « Il me cherche ! »  d’Isabelle Filliozat inclut une partie dédiée à l’accueil des émotions.
Pourrons-nous jamais assez insister sur ce point ?

Faber et Mazlish le faisaient déjà, dans Parler pour que les enfants…, dans Parents épanouis, enfants épanouis, dans Frères et soeurs sans rivalité.

Isabelle Filliozat en parle évidememment beaucoup dans Au coeur des émotions de l’enfant, et le sujet revient dans les livres d’Elizabeth Crary, de Siegel… et j’en rate.

L’accueil des émotions est fondamental dans tout échange, tant avec les enfants qu’avec les adultes d’ailleurs , et c’est probablement sur ce point que la communication non violente recoupe le plus les principes de la parentalité positive.

Je crois vraiment que donner cet exemple aux enfants, c’est déjà participer à une société meilleure, dans laquelle les gens s’écoutent, développent une certaine empathie…

Dans cette partie-là, tout ceci n’est pas ré-exposé, mais quelques idées sont données pour l’expression de ces émotions sur un plan plus physique :
– Inviter à « secouer » l’émotion, en bougeant les bras, en dansant…
– Pour nous : accueillir les larmes de l’enfant en m’imaginant les recevoir dans un récipient que je tiens devant moi (pour ne pas prendre le tout en plein cœur). C’est le genre d’idée qui me semble un peu ridicule en théorie, mais j’ai quand même décidé d’essayer, et je suis effectivement restée complètement calme devant les pleurs…
– Frapper dans un coussin de colère, avec des gestes amples et un plexus bien ouvert
– Aider l’enfant à calmer sa respiration en se mettant dans son dos, et en l’enveloppant dans ses bras
– Face à une situation qui fait peur de façon répétée : jouer la situation de peur avec lui, pour apprendre à la dominer
– Baisser la dose de sucre !

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On a parlé précédemment de l’expression des sentiments devant la personne d’attachement.
J’en ai eu un exemple clair hier.
Alice (9 ans) avait rdv chez la dentiste. C’est une dentiste qui ne fait entrer que les enfants, laissant les parents dans la salle d’attente.
Hier donc, la dentiste lui a arraché une dent de lait pour faire de la place à la suivante… et j’ai vu entre 2 portes, avec des larmes qui coulaient sans bruit sur ses joues…
Ca m’a fait de la peine.
Elle n’a rien dit à la dentiste, a tout supporté sans commentaire.
Une fois sortie, elle a pleuré dans mes bras. Elle était enfin dans le bon entourage pour s’exprimer…

C’est incroyable comme cette méthode de validation des sentiments fonctionne bien avec Léon (4 ans et demi) !

Je l’avais tout d’abord apprise dans Parler pour que les enfants… Puis déjà appliquée, et je continue.

La semaine dernière, il m’explique que son camp d’été à l’école ne lui plait pas, parce que dans la salle où ils sont, il n’y a pas de table comme dans sa salle de classe habituelle, et ils n’ont donc pas l’autorisation de manger quelque chose en arrivant. (Ce qui était visiblement sa façon de prendre le temps d’entrer dans l’environnement.)
Je lui commente : « Tu sais ce qui serait chouette ? S’il y avait un trou dans le mur de ta classe, comme ça, tu pourrais te glisser dedans pour aller prendre ton snack sur les tables que tu aimes bien ! »
Problème terminé.

Ce matin, nous arrivons à l’ėcole quand je remarque que nous avons oublié le jeu que l’on devait apporter pour partager. Pas de problème, Léon m’explique que je n’ai qu’à retourner le chercher et revenir le lui apporter. Ah non, je ne vais pas faire ça, ça me prendrait trop de temps… Il pleure.
Je ne me démonte pas : « Ce qui serait chouette, ce serait que notre appartement soit juste en face de l’école ici, comme ça, là, je pourrais vite retourner le chercher et te l’apporter, ce ne serait pas trop long ! » Ça l’a fait rire, parce qu’en face de l’école, c’est un hôpital !
Fin du problème.

Je continue à être émerveillée par cette technique toute simple !

Il est rare que l’on exprime clairement ce qu’on ressent.
Parfois, c’est pour ne pas blesser l’autre, parfois, c’est une norme sociale.
L’enfant nous regarde et comprend qu’il ne faut pas.
Il ne faut pas avoir envie que disparaisse ce petit frère qui prend tant de temps à sa maman, il ne faut pas avoir envie de taper le copain qui lui a pris son jouet…

Pourtant, tous ces sentiments sont valables. Il est bien sûr fondamental en revanche de faire la différence entre l’envie et la réalisation de cette envie.
Les sentiments sont valides rien que parce qu’ils sont, comme on l’a déjà dit dans Parents épanouis, enfants épanouis. (chapitre 2 : leurs sentiments sont bien réels)
Dans Au cœur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat revient sur ce point. Empêcher l’enfant de ressentir, c’est brimer sa confiance en soi, son estime : il a tort de ressentir ce qu’il ressent, il doit le réprimer, il est mauvais…
Non, expliquons-lui au contraire qu’il est normal de ressentir : « Tu dois être triste qu’elle te dise ça  ! », on peut même lui montrer qu’on l’accepte avec ses sentiments : « Je comprends que tu sois en colère et je t’aime tout pareil. » (Citation Isabelle Filliozat)

 

Ce matin justement, on en parlait avec Léon (4 ans). Nous traversons une période où son petit frère (2 ans) ne cesse de le taper. Je sais que ça passera, mais en attendant… Pfff… Disons que j’ai hâte que ça passe !
En tout cas, je parlais avec Léon, lui commentant justement qu’on avait hâte qu’Anatole apprenne à ne plus taper, et il m’a fait cette réflexion si juste : « Moi aussi parfois j’ai envie de le taper. Mais je ne le fais pas. » Je suis ravie de constater que cette différence est claire pour lui !
Quant à l’expression de ses sentiments, parfois il dit aussi : « J’ai envie de jeter Anatole dans un volcan ! » Le message est clair…

Une notion qui semble simple mais que je n’avais pas mesurée avant : la facilité d’expression devant la figure d’attachement. Ce terme, « figure d’attachement », je l’emprunte à Isabelle Filliozat.
Où décrit-elle ce phénomène, je ne le sais plus.

Etait-ce dans « J’ai tout essayé ! », dans « Il me cherche ! » , dans Au coeur des émotions de l’enfant ?

Elle parle ainsi de la personne, dans l’entourage de l’enfant, souvent la maman, avec laquelle l’enfant se sent suffisamment en confiance pour s’exprimer.

Et voilà pourquoi l’enfant, parfois, se « comporte bien » avec d’autres, et se met à râler, chouiner, pleurer, dès que sa mère apparaît : parce qu’il se sent enfin en confiance, et se sent donc enfin le droit d’exprimer ses sentiments.
Quelle frustration, non ??
Donc, si on se résume, l’enfant qui pleure avec sa mère, c’est parce qu’il se sent bien…
Enfin… Suffisamment bien pour dire qu’il n’est pas bien !!
Une manière clairement plus positive de voir les choses !

Il est certain qu’on a tous vécu des moments où on a vu l’enfant ne montrer ses émotions qu’une fois en présence de sa figure d’attachement..
Un exemple concret personnel.

« Gardons-nous de minimiser les émotions de l’enfant » dit Isabelle Filliozat dans Au cœur des émotions de l’enfant.
Bien sûr, j’avais déjà lu ça dans les livres de Faber et Mazlish. Il s’agit d’accueillir les émotions de l’enfant (ou de quiconque d’ailleurs), pas de les nier, ni de les négliger. Il ne sert à rien d’expliquer que « ce n’est pas grave », pour lui, ça l’est.
Ça semble simple, ce n’est pas si évident, parce que ce n’est pas toujours le modèle qu’on observe (c’est marrant, ça m’a récemment choquée dans une des petites histoires du père castor, moi qui aime tant ces livres…).

Dans Au coeur des émotions de l’enfant, l’auteur raconte l’histoire d’un petit garçon qui éclate en sanglots quand son ballon éclate. Au lieu de lui dire que ce n’est pas grave, l’adulte lui demande :
« Qu’est-ce que c’est ce ballon pour toi ?
– Tout meurt ! répond l’enfant, mon papi, il est mort la semaine dernière. »
Bien sûr, ce n’est pas toujours aussi extrême ! mais …. Certains sanglots peuvent en cacher d’autres…
Il faut donc s’interroger sur le vécu de l’enfant, comme dans le cas de la fille de nos amis récemment arrivés dans le pays, qui a du mal à s’endormir seule.

En suivant cette logique, l’auteur écrit, je cite :
« Toujours le laisser exprimer son émotion, accompagner la décharge de pleurs, de cris, de tremblements, sans tenter de le calmer. Pleurer, crier, trembler, sont ses façons de dire sa souffrance, de libérer ses tensions, de se récupérer. »
Ok, je comprends. Seulement, moi j’ai un problème : en libérant ses tensions, il m’en donne à moi ! J’ai du mal à rester détendue quand j’entends crier comme ça…
Il me semble que mon grand petit de 4 ans et demi devrait être capable de mieux faire face à sa frustration et ne pas éclater en sanglots si souvent. C’est aussi ce que dit son extraordinaire maîtresse.
Alors quoi ? Comment laisse-t-on s’exprimer les sentiments en restant sain d’esprit ??

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