Quand on devient parent, pas facile de savoir comment réagir face aux comportements de nos enfants. D’autant qu’on ne ressent pas toujours les mêmes choses face aux mêmes comportements… Vous avez déjà remarqué ça ? Thomas Gordon (un des auteurs phares de la parentalité positive) propose une image très simple de la chose, à travers son concept de « fenêtre d’acceptation ». Cette fenêtre nous permet de simplement faire un pas en arrière et prendre conscience (et la responsabilité) de ce qui se passe avec notre enfant, puis, surtout, d’adapter notre communication. Ça vous dit d’en savoir plus ? C’est parti.

Accepter l’imperfection

Nous avons beau être devenus des parents, nous n’en restons pas moins des êtres humains.
Avec nos sentiments, nos émotions, nos pensées, nos caractères, notre sensibilité… nos limites aussi !

Pour beaucoup d’entre nous, devenir parent signifie mettre de côté toutes ces choses pourtant naturelles pour devenir une sorte de super-héros.
Ne jamais faire d’erreur. Etre un parent parfait.
Se sacrifier pour son enfant, toujours faire passer ses besoins avant les nôtres, quitte à en être frustré. Rester tolérants, réceptifs et pleins d’amour quelles que soient les circonstances.

Et pourtant… En agissant ainsi, outre le fait que nous mettons en péril notre propre équilibre psychologique, nous perdons davantage en efficacité auprès d’eux que si nous restions vrais.
Pensez-vous que nos enfants ont plus intérêt à grandir auprès de personnes qu’ils pensent infaillibles, ou qu’il est préférable pour eux de constater que tout le monde a ses faiblesses, et que par conséquent ils ont eux aussi le droit de faire des erreurs sans pour autant se sentir jugés ou médiocres ?

Même si cela part d’une bonne intention, le fait de vouloir paraître toujours en contrôle traduit finalement une idée de supériorité du parent.
Si nous voulons que nos enfants nous partagent leurs joies et leurs peines, en nous faisant confiance, nous leur devons de rester authentiques.
Ainsi, nos enfants sauront qui nous sommes, vraiment.

La fenêtre d’acceptation de Thomas Gordon

Une fois que nous acceptons le fait que nous avons nos limites, nous réalisons que celles-ci nous sont propres.
C’est-à-dire que les autres parents n’ont pas nécessairement les mêmes que nous. Et c’est vrai également de notre conjoint…

Définition de la fenêtre d’acceptation

Voyons donc le schéma d’acceptation que propose Thomas Gordon, pour nous aider à comprendre comment être en phase avec nous-mêmes.

Le principe est simple : lorsque notre enfant se comporte d’une façon qui ne nous dérange pas, nous éprouvons de l’acceptation. Lorsque son comportement devient problématique de notre point de vue, nous basculons dans l’inacceptation.

Ainsi, si l’on considère un rectangle, appelé « fenêtre d’acceptation » , qui représente l’ensemble des comportements possible de notre enfant,

on peut le diviser ensuite en deux parties :

Un comportement se situant dans la zone d’acceptation pourrait par exemple être le fait que votre fils de quatre ans joue avec ses petites voitures à quelques mètres de vous pendant que vous repassez du linge.
Si toutefois il passe plusieurs fois entre vos jambes manquant de vous faire chuter alors que vous avez le fer chaud dans les mains, son comportement devient inacceptable pour vous.

La ligne qui sépare la zone d’acceptation de la zone d’inacceptation est plus ou moins basse selon le taux d’acceptation du parent.

Note : En fait, on peut aller plus loin dans ce concept de la fenêtre d’acceptation, puisque Thomas Gordon parle aussi de la zone dans laquelle la situation est inacceptable pour l’enfant, alors qu’elle l’est pour nous. Je ferai à ce sujet un autre article, car je ne voudrais pas vous perdre…

Facteurs qui influencent les zones d’acceptation et d’inacceptation

Notre caractère et/ou nos croyances

Ce taux d’acceptation est influencé en partie par notre caractère : les personnes ouvertes d’esprit, tolérantes, en paix avec elles-mêmes et indépendantes dans leur façon de penser et d’être sont en général capables d’une plus grande acceptation vis-à-vis des enfants, comme avec le reste des gens.
A l’inverse, les personnes qui jugent facilement, ne paraissent jamais satisfaites, sont fermées et strictes et montrent très peu d’acceptation.

Précisons cependant que l’on peut être tout à fait ouvert et tolérant et avoir quand même une zone d’acceptation face aux enfants réduites, simplement parce que cela correspond à nos croyances !
Vous savez, tous ces principes que l’on nous a répétés à nous, quand on grandissait, et qui sont encore communément admis :
« Un enfant ne devrait pas…. » , « C’est un caprice… »… tous ces principes de l’éducation traditionnelle qui ont pénétré nos propres modes de pensées, qui créent encore des connexions entre nos neurones.
Cela demande du temps d’évoluer dans nos croyances pour évoluer dans nos méthodes éducatives ! Il est naturel que notre manière d’éduquer dépende de ce que nous avons nous-mêmes reçu…
Bref.

Le caractère de l’enfant

Les zones de notre fenêtre d’acceptation dépendent aussi du caractère de l’enfant.
Car l’usure est un facteur fort de l’acceptation ou de l’inacceptation !
Certains enfants ont un caractère plus facile à accepter (pour nous) que d’autres. C’est un fait.
C’est marrant d’ailleurs de constater que

  1. ce qui est difficile à accepter pour nous n’est pas toujours la même chose que ce qui est difficile pour l’autre
  2. les enfants considérés « difficiles » ont parfois des qualités et compétences qui leur seront bien plus utiles à long terme !

En tout cas, il est normal de ne pas avoir le même degré d’acceptation à l’égard de tous nos enfants.
On peut comprendre que certains parents s’en sentent coupables, mais c’est pourtant tout à fait légitime.
En fonction de notre histoire, de nos valeurs, de nos blessures, de nos valeurs, on réagit à des choses différentes.
Ah.. et puis on cherche souvent plus de simplicité au quotidien !
Parfois je me dis : « Ce serait plus simple parfois d’avoir des enfants qui juste obéissent sans commenter ! ». Pourtant, je sais bien que l’obéissance n’est pas une qualité que je cherche à développer chez eux..

Parfois, notre acceptation variable est inconsciente : on l’enfouit car on en a honte.
On peut par exemple manifester davantage d’acceptation pour un enfant timide que pour un enfant aventurier et actif,  pour un enfant curieux que pour un distrait, etc…
Je ne dis pas ici qu’il ne faut rien y faire. Il est toujours bon de s’en rendre compte et de chercher d’où vient ce décalage, pour progresser dans notre acceptation. Mais ne pas rester dans la culpabilité. La considérer comme d’habitude comme une bonne prise de conscience pour avancer.

Notre état d’énergie

Nous avons globalement conscience de nos limites, ou de nos principes. Nous savons ce qui est acceptable ou non de notre point de vue.
Et nous pensons souvent que cette limite est fixe.
Pourtant, nos limites se déplacent avec notre humeur…
Une chose  acceptable à un instant t peut nous rendre irritable après une journée éreintante. On l’a tous déjà expérimenté !

A l’inverse, vous m’avez comprise, quelque chose qui nous agace habituellement peut nous paraître finalement sans gravité un jour où nous sommes particulièrement de bonne humeur, que nous avons appris une bonne nouvelle, que nous sommes bien avec des amis, détendus…

Encore une fois, pour bien éduquer nos enfants, il faut prendre d’abord soin de nous !

Car notre état, physique ou psychologique, influe sur notre perception de ce qu’il se passe autour de nous. D’ailleurs, c’est autant valable pour nous-mêmes que pour nos enfants.

Le contexte

Enfin, notre limite entre les zones dépendra également du lieu où nous nous trouvons.
Un comportement acceptable chez nous ne l’est peut-être pas chez des amis…

Regard des autres, bonjour !

Rester vrai en toute circonstance

La « fausse acceptation »

Parfois, un comportement nous agace, mais on se sent coupable de ce sentiment. Alors, on l’accepte quand même.
On a l’impression que le comportement de l’enfant ne devrait pas nous incommoder, on tente de se convaincre qu’il est acceptable.
De la sorte, on n’est pas en accord avec nous-même. On ressent une certaine émotion négative mais notre attitude ne reflète pas ce qu’il se passe en nous.
(Ou du moins le croit-on… car il est fréquent que notre attitude non-verbale le montre !)
On bouge alors faussement la limite des zones de notre fenêtre d’acceptation, et Thomas Gordon parle de « fausse acceptation ».

Le problème vient, je crois, du fait que l’on croit qu’avoir une attitude bienveillante signifie accepter l’enfant tel qu’il est, et on oublie de respecter nos propres limites.
D’un côté, c’est normal : on a grandi dans une société autoritaire, donc votre coach parental a plutôt insisté sur l’écoute de l’enfant, sur le fait d’accueillir avec bienveillance ce qu’il vit. Et il a eu raison !! C’est fondamental pour commencer : aller enfin à la rencontre de notre enfant !
Thomas Gordon parle par exemple beaucoup d’écoute active, et c’est effectivement une bonne manière d’instaurer des relations positives.
Pourtant, culpabiliser les parents qui ne sont pas toujours dans l’acceptation de leur enfant est contre-productif. Parce que ce n’est pas la réalité. On peut aimer inconditionnellement, mais pas tout accepter avec calme…
(ah.. le calme en toute circonstance… j’appelle ça « Le mythe du parent zen ».)
L’approche empathique est une chose. S’oublier soi-même au risque de basculer dans la permissivité en est une autre…

Lorsque l’on tombe dans cette « fausse acceptation », dont parle Thomas Gordon, il se passe deux choses :

1- A la longue, une frustration s’installe et on peut éprouver du ressentiment envers son enfant. (On retrouve ici l’idée déjà vue dans Parents respectueux, enfants respectueux que les parents ont aussi des besoins !)

2- Nos enfants, très sensibles à une multitude de signaux non verbaux, et très doués pour décoder notre pensée réelle, reçoivent un message mixte. Ils peuvent même finir par nous en vouloir de ne pas être sincères envers eux.

Thomas Gordon suggère de savoir se situer sur la fenêtre d’acceptation

Pour sortir de cette « fausse acceptation », la première étape essentielle est évidemment de savoir vous situer sur cette fenêtre d’acceptation !

Soyez clairs avec VOTRE fenêtre d’acceptation : soit le comportement est dans VOTRE zone d’acceptation, soit il ne l’est pas. (oui, je mets « VOTRE » en majuscules, pour insister sur le fait qu’elle vous est propre, ça aidera quand je vous parlerai, juste un peu plus bas, de prendre sa responsabilité !)

Oui, il vous appartient de clarifier comment vous vous sentez, ce qui vous manque, ce à quoi vous aspirez, afin d’adopter, pour vous et votre enfant, un cadre bienveillant.
(Et c’est comme ça que le chemin de la parentalité positive devient un chemin de développement personnel… mais c’est une autre histoire !)

La place de la communication

Pourquoi est-ce si difficile parfois de poser des limites ? Parce qu’on ne sait pas toujours le faire de manière bienveillante.

Je ne vais pas vous faire ici une formation de communication. Bien communiquer est vraiment un art qui s’apprend, et j’en ai de nouvelles preuves tous les jours, autant par mes succès qu’avec mes échecs.

Notre manière de communiquer, telle qu’on l’a apprise de nos parents autoritaires, est souvent décourageante. En la reproduisant, on craint de tomber dans une certaine violence éducative, et il devient parfois plus simple de « simplement » devenir permissif… C’est vrai que c’est compliqué !

Ici, je vais vous parler quand même d’un outil précieux, un premier vrai pas vers une communication non-violente :

Le message JE

Quand on a des limites à poser, qu’on sent qu’on se situe dans la zone d’inacceptation de notre fenêtre d’acceptation, Thomas Gordon nous suggère d’utiliser le « Message JE ».

Le message JE, c’est l’idée de commencer notre phrase par « JE », tout simplement.

Pourquoi ? Parce que ça nous permet de prendre la responsabilité de ce qu’on veut dire. Et ça, c’est la clef pour ne pas diminuer notre enfant, justement, donc pour rester dans le respect de l’autre, prôné par l’éducation positive. Quel exemple, lorsqu’on y parvient !

Exemples :
Au lieu de « Tu m’agaces avec ton jeu bruyant ! », on dira plutôt : « J’ai du mal avec le bruit : ce jeu-là, c’est dehors. »
Au lieu de : « C’est fini, le pain ! Tu as vu tout ce que tu as mangé ! », on essayera de dire : « Je pense que ça fait assez de pain pour ce soir, on peut passer à autre chose. »

Le lien à travers l’authenticité

Enfin, avantage non négligeable : en restant vrai, on garde la connexion avec notre enfant. On est authentique, ce qui renforce le lien.

Or, ce lien est à la fois la fondation et l’aboutissement d’une relation parent-enfant harmonieuse  (et la clef d’une vraie coopération…) !

Alors, prêts à vous exprimer clairement sur votre zone d’acceptation ?

Dire à nos enfants que nous les aimons… Cela suffit-il à ce qu’ils le ressentent ? Quel est le langage d’amour de nos enfants ?

Oui, chacun a son langage… On exprime notre amour de la même manière que celle qu’on a de le recevoir, et c’est déjà pas mal ! Mais ce n’est pas toujours le même langage que l’autre.

Comment faire alors pour réellement faire passer notre message ? Pour que notre enfant ressente en profondeur que nous l’aimons ?

C’est ce que je vous explique dans cette vidéo, en partant du livre Les langages d’amour des enfants, de Gary Chapman.

NOTE : Pour aller plus loin, vous pouvez également visionner mon atelier sur Les 5 langages de l’amour.

Dans la série « la littérature jeunesse qui correspond à nos valeurs d’éducation positive », voici un joli album qui devrait vous plaire ! (et allez voir aussi ce que je vous propose d’autres dans cette catégorie..)


En tout cas, chez nous, il est bien validé.

« Le sais-tu ? Que tu ne dois pas tout savoir… » – de Mylen Vigneault et Maud Roegiers – affiche la couleur dans son titre.

Non, l’enfant ne doit pas tout savoir.
Seulement, est-ce vraiment le message qu’il reçoit au quotidien ?
L’exigence de l’apprentissage, des devoirs, les réflexions sur son rythme, sur la nécessité de lui répéter les choses…

Et si on changeait un peu notre message ?
C’est ce à quoi ce livre (que je suggère pour les 4-8 ans) nous encourage !

(pour voir les autres livres qui nous ont enchantés, faites un tour par ma bibliothèque.)

Point de départ

 « Tu es haut comme trois ou quatre pommes et, déjà, on te dit que tu devras apprendre plein de choses…

Mais qu’est-ce qu’il est vraiment important de savoir à ton âge ?

….

A toi de voir, mais voilà ce que j’aimerais te dire… »

Les messages qui ouvrent sur autre chose

Chaque page contient alors un « J’aimerais te dire… » plein de poésie.

Quelques extraits, qui m’ont particulièrement plu :

« J’aimerais te dire que tu as raison de prendre ton temps pour observer les papillons et les crapauds, les pissenlits et les graffitis. »

Chacun trouve dans un livre ce qui lui parle, n’est-ce pas ? Cette notion de prendre son temps est une vraie question chez nous, alors que notre petit Anatole (6 ans) aime prendre le sien… Or, il est rare qu’il reçoive le message qu’il a raison de le faire !!

Une autre page propose :

« Que parfois, nous les adultes, nous oublions que tu ne dois pas encore tout savoir. Il est alors important que tu nous dises de lâcher la pression…

Tout le monde peut se tromper, les tout-petits comme les très grands. La Terre continuera de tourner quand même ! »

– Ben bien sûr !! commente en général Anatole à ce moment-là.. Je crois qu’il ne comprend pas bien qu’on puisse envisager que la Terre arrête de tourner.. Un bon message pour nous les grands, n’empêche !

« J’aimerais te dire qu’il te reste beaucoup, beaucoup de choses à apprendre, et c’est ça qui est chouette ! »

Oui, c’est ça qui est chouette ! Et les dessins qui illustrent me plaisent vraiment !

Et pour terminer

« Enfin, si tu n’as qu’une chose à retenir de tout ça, j’aimerais que ce soit ceci :

Ta mission dans la vie, c’est de faire ce qui te rend heureux, tout simplement.

Tu es une personne vraiment fantastique !

Le sais-tu ?  »

Lors des premières lectures, Anatole me répondait que non, il ne le savait pas…

Alors, ça a été l’occasion d’en discuter. Pourquoi ne l’avais-je pas fait avant ?

Rester dans un état qui nous permet de réagir comme nous aimerions le faire face à nos émotions, ce n’est pas toujours évident. Pour nos enfants, dont le cerveau n’a pas encore terminé sa maturation, ça l’est encore plus. Nous pouvons cependant les aider à développer les compétences qui les y aideront. Pour cela, il est utile de savoir ce qu’est le « cerveau du oui »..

Avez-vous déjà entendu cette expression ? Pour moi aussi, elle est nouvelle. Le cerveau du oui est présenté dans le livre « Le cerveau qui dit oui », du Dr Daniel Siegel et Tina Payne Bryson.

Je n’en ai pas encore terminé la lecture, mais je trouve déjà intéressante leur présentation de la « zone verte », qui illustre bien ce qu’il peut se passer face à une émotion forte.

Je vous ai donc fait une petite vidéo à ce sujet, la voici !

Nous avons déjà évoqué le fait qu’au fur et à mesure de notre avancée sur le chemin de la parentalité positive, nous sentions le besoin de modifier un peu l’environnement. La littérature jeunesse est l’un des domaines dans lequel cela se ressent le plus. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de choisir de retirer des livres de notre bibliothèque. Des livres que j’avais pourtant lus à mes aînés sans qu’ils ne me posent problème. Ma conscience s’est éveillée, et je ne les lis plus de la même manière. Je fais plus attention aux exemples que je donne à mes enfants. Évidemment, cela soulève donc une autre question : où trouver des livres adaptés à nos principes ? Une littérature jeunesse qui ne se contente pas de ne pas nous heurter mais qui soutient notre démarche.

Le livre que je veux vous présenter aujourd’hui entre dans ce cadre. (pour avoir quelques autres références de livre, faites donc un tour par ma bibliothèque…)

L’histoire de « Tu es comme tu es. »

Nous ne sommes pas ici dans le roman d’aventures ! L’histoire est très simple. C’est celle d’un petit lapin, de ses échanges avec son entourage, et de ses questionnements. L’accent est donc plutôt mis sur les sentiments de ce petit lapin, et le regard qu’il pose sur le monde.

Au départ, il s’agit simplement de rencontres successives avec une souris, et un cheval, qui le trouve l’un grand, l’autre petit. Le lapin, un peu perdu, ne comprend pas comment il peut être simultanément grand et petit… et s’en ouvre à sa maman, qui lui  explique un peu la question de référentiel, et termine par cette réponse un peu obscure : « Tu es comme tu es, et je t’aime comme tu es. »

Le lapin n’est pas sûr de bien comprendre, mais il reçoit le message d’amour inconditionnel.

Pour l’instant, cela parait un peu simpliste, mais… vous allez voir que ça ne l’est pas autant que ce que l’on croit !

Le jour suivant, le lapin est successivement qualifié de méchant, et de gentil. De nouveau dérouté, il en parle à son papa, qui lui répond, je vous le donne en mille : « Tu es comme tu es, et je t’aime comme tu es. »

Cette réponse ne vient pas seule. Le papa prend le temps d’écouter, d’expliquer d’où vient le jugement de chacun. D’aider son fils à comprendre ce qui a pu se passer pour chacun de ses interlocuteurs.

Grâce à cette nouvelle compréhension, le petit lapin va pouvoir vivre une amitié qui partait mal…

Le message au coeur du livre

Lorsque le papa aborde la question de la perspective de chacun sur le jugement de « méchant » ou « gentil », on comprend déjà mieux pourquoi l’auteur a commencé par les notions de grand et petit. L’enseignement du référentiel est tellement clair lorsque l’on parle de taille, que cela aide à mieux le comprendre ensuite.

Puis, le papa livre au lapin un puissant secret :

« Quand quelqu’un te dit quelque chose sur toi, il te révèle toujours quelque chose sur lui-même en même temps. »
« Par exemple, quand Ronald affirme que tu es méchant, il te fait également savoir qu’il est triste et fâché. »

Et là, on touche à un point plus délicat ! Comprendre d’où viennent les mots de l’autre peuvent nous aider à comprendre ce qu’il nous dit de lui-même. Comprendre ce qui est vivant chez lui.

C’est compliqué dans la pratique, et le petit lapin se retrouve dans une situation courante : il se retrouve « attaqué » par le copain qui lui dit qu’il est méchant, il a évidemment envie de réagir vivement.

Le lien avec la CNV

Nous sommes ici au coeur de la Communication Non Violente (=CNV). Réussir à écouter l’autre avec le coeur, au lieu de prendre les choses personnellement. C’est souvent difficile, bien sûr ! Comment ouvrir son coeur lorsque l’on se sent attaqué ?

La CNV parle de 4 modes d’écoute : les oreilles « chacal » ou les oreilles « girafe », et dans chaque cas, tournées vers l’intérieur ou vers l’extérieur.

Ici, le message propose de mettre des oreilles girafe vers l’extérieur, pour bien entendre ce que vit l’autre. Comprendre que lorsqu’il nous dit quelque chose sur nous, il nous dit également quelque chose sur lui-même. Puis choisir, en conscience, de réagir à ce message caché de lui-même, plutôt qu’au plus direct.

Un livre qui soutient mes valeurs

Vous l’aurez compris : ce livre correspond exactement au genre de chose que j’ai envie de lire à mes enfants au quotidien. Parce qu’il soutient les valeurs que je cherche à leur transmettre (et à développer moi-même d’ailleurs..). Parce qu’il me permet d’illustrer facilement l’apprentissage que je leur souhaite.

Je vous le recommande donc chaleureusement.

Pour quel âge ?

Arrivé à ce stade, la question fréquente concerne l’âge des enfants auxquels le livre s’adresse. Je l’ai testé avec mes deux plus jeunes, qui ont 5 et 7 ans. Les deux l’ont trouvé super, et sont vraiment en plein dans l’âge cible. Je dirai que l’on peut commencer à 4 ans (pas avant, car il est un petit peu long), et probablement l’étirer jusqu’à 8, ne serait-ce que pour encourager l’échange sur ce thème.

Prolongement

Pour terminer, je voudrais juste ajouter que j’apprécie particulièrement les livres dont je sens qu’ils sont facilement intégrés par les enfants. Et cela se voit facilement lorsqu’ils y font référence.

Quand j’entends Anatole me dire : « Je sais ce que tu peux me répondre, maman… tu peux me dire « Tu es comme tu es » ! », je vois que le livre fait son effet !

A votre tour… aimez-vous semer des graines par les lectures du soir ?

L’enfant arrive comme un cadeau, et nous est confié par la vie, pendant un moment. En tant que parent, qu’aimerions-nous lui offrir pour la suite ? L’indépendance, nécessairement, la confiance, probablement. Tout ce que nous aimerions lui offrir passe en tout cas par un fondamental : la sécurité émotionnelle. 

Sans cette sécurité-là, impossible de s’écouter, impossible de croire en soi. Alors qu’à l’inverse, quand les besoins d’acceptation et d’amour inconditionnel sont comblés pendant la petite enfance, cela jette les bases de l’acceptation de soi : “Je suis accepté par les autres, donc je peux m’accepter moi-même.”

C’est le point de vue que nous proposent Sara Hart et Vitoria Kindle-Hodson dans Parents respectueux, enfants respectueux, au chapitre sur la clé 3 : Créer sécurité, confiance, et sentiment d’appartenance.
Et ce point de vue résonne chez moi. 

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que nous soulevons ces thèmes, qui ont déjà trouvé beaucoup d’écho chez moi. 
L’appartenance, en particulier, c’est un des piliers de la discipline positive, qui le présente comme l’une des deux nécessités de base de tout être humain. 

La sécurité émotionnelle a un impact physique sur l’enfant

Aujourd’hui, les neurosciences permettent d’observer réellement l’impact sur un enfant d’un stress éducatif par rapport à un environnement dans lequel il se sent en sécurité. 

Cela a aidé bien des éducateurs à prendre conscience de l’impact de ce besoin de sécurité émotionnelle. (A ce sujet, cette présentation de Catherine Gueguen est riche d’enseignement)

Car si l’enfant ne se sent pas en sécurité, mais sous stress – le paragraphe suivant discutera de ces formes de stress – son cerveau produit des hormones qui désactivent les zones de la pensée, de l’apprentissage, du raisonnement. Son développement cérébral se ralentit. Et son aptitude à rentrer en relation avec les autres est gravement altérée. Ce qui crée finalement un cercle vicieux… 

Nos actions influent sur la sécurité émotionnelle de l’enfant

C’est évident. Notre comportement face à notre enfant influe sur son sentiment de sécurité. 

Si nous adoptons une éducation pleine de menaces, qui le contrôle par la peur de la punition, de l’humiliation, du jugement, des cris (voire des coups..), l’enfant vit sous stress. 
Pas évident en tant que parent de nous débarrasser de toutes ces méthodes dont nous avons hérité.. Et ce sujet est heureusement de plus en plus soulevé, les parents de plus en plus soutenus et aidés, lorsqu’ils le veulent. Il s’agit tout d’abord d’expliquer, de sensibiliser, de diffuser la conscience dans notre société de l’effet de ces VEO (Violences Educatives Ordinaires)

Ainsi, dans les foyers où les VEO sont fréquentes, l’enfant sous stress se met à douter de lui-même. Il préférera alors rester le plus possible dans les schémas qu’il connait, ne pas prendre de risque, et se fermer aux découvertes et aux possibilités d’apprentissage. Son désir d’exploration baisse.  
On imagine alors à quel point, de nouveau, son développement risque d’être freiné ! 

Le livre nous propose même d’aller plus loin, en soulevant l’idée que ce ne sont pas seulement nos actions qui ont une influence, mais également notre “état d’esprit et de coeur” pendant ces actions. C’est un point de vue dont je me sens moi-même convaincue, ayant observé à maintes reprises comment des situations presque similaires peuvent renforcer ou affaiblir la connexion entre parent et enfant, en fonction simplement du ton employé pour présenter les choses…

La dernière phrase du paragraphe qui présente cette idée me renvoie à ma recherche de joie : 
“Quoi que vous fassiez, vos enfants se rappelleront surtout l’état dans lequel vous êtes, la vie que vous anime, la joie que vous dégagez – ou pas.”

Voyez les choses du point de vue de votre enfant

Afin d’apporter à notre enfant la sécurité émotionnelle, la confiance dont il a tant besoin, l’une des attitudes qu’il nous faut développer est celle de réussir à voir les choses du point de vue de notre enfant. 

Nous cherchons alors à partager avec lui ses difficultés, à célébrer ses succès, en somme, pour reprendre les termes de Jane Nelsen, nous sommes dans son équipe ! 
Rien de plus puissant pour leur montrer qu’ils sont importants pour nous, et renforcer cette sécurité émotionnelle. 

Pour cela, il s’agit également de bien garder en tête le stade de développement de son enfant. 
Par exemple, il est bien normal qu’un tout jeune enfant, centré sur lui-même et sur la découverte du monde, ne soit pas encore capable de tenir compte de l’autre, et ne veuille pas lui prêter ses jouets, ou dire pardon. 
Le forcer ne va pas l’aider à développer sa confiance. Il conviendra plutôt de laisser le temps à l’apprentissage…

Pour l’adolescence, c’est parfois encore plus délicat (et, en tant que mère d’ado, je le confirme !). Nos grands sont bien grands, et pourtant, il semble qu’ils manquent parfois de discernement… Ce chapitre nous rappelle qu’ils sont également encore en train de mûrir, et qu’ils ont leurs propres défis à relever. 
En fait, je vous citerai ici directement le livre, parce qu’il me semble que cela vaut la peine de se le répéter tel quel : “Les adolescents ont besoin de deux choses : de la pratique et la patience de leurs parents lorsqu’ils commettent des faux pas.”

De plus, et c’est là encore délicat, je le sais, il faut tenir compte de la personnalité et du style d’apprentissage de chacun. Nos enfants sont tous différents, et différents de nous également… Etre parent, c’est développer des trésors de tolérance pour la différence ! 

Cherchez la connexion – toujours

Pour terminer, le principal. 
On aura beau chercher les méthodes et les recettes, ce qui reste la base de toute cette éducation, c’est la connexion. 

Cette connexion qu’il est si difficile de trouver, de chercher au quotidien, au milieu des moments de stress. Connexion parfois difficile d’entretenir, et surtout, de mettre en priorité. 

Quelles méthodes pour y parvenir ? 

D’abord, l’écoute. L’écoute de l’enfant, l’écoute de ses sentiments, de ses besoins, l’écoute sans jugement pour essayer de le comprendre, pour essayer de nouveau de faire équipe avec lui. Il est différent, il a le droit de l’être. Sommes-nous curieux de savoir qui il est, plus que de lui imposer qui il doit être ?

Ensuite, se libérer du ressentiment. 
Je ne sais pas pour vous, mais ça, pour moi, c’est très compliqué. 
Au cours de ces dernières années, et de mon avancée sur le chemin de la parentalité positive, les choses se sont réellement améliorées, profondément, et nos relations sont bonnes. 
Mais nous ne sommes pas des super-héros, et parfois, ça dérape encore. Dans ces cas-là, j’ai énormément de mal à laisser filer mon ressentiment ! 

Nos enfants, eux, y arrivent beaucoup mieux, l’avez-vous remarqué ? Leur humeur revient généralement bien plus rapidement au beau fixe, ce qui, en général, m’agace encore plus. 
Parce que nous, les adultes, avons appris la rancune. 
Pourtant, ici – heureusement que je continue de lire pour m’inspirer -, les auteurs nous suggèrent de nous en inspirer plutôt. Parce que si nos enfants rétablissent si vite la connexion, c’est un modèle pour nous. C’est un cadeau de confiance : ils nous disent que nous n’avons pas besoin d’être parfaits pour être aimés ! 
Et nous sommes capables de leur offrir la même chose en retour. 

Une dernière réflexion

Enfin, pour ceux d’entre nous qui avons encore du mal à lâcher le contrôle face à leurs enfants, je terminerai sur l’idée suivante, également piochée de ce chapitre. 

S’ils ressentent une acceptation inconditionnelle à la maison, les enfants seront plus à même de se laisser guider par les parents, plutôt que d’essayer de remplir leur besoin d’acceptation à l’extérieur.

A méditer…

Pour acheter Parents respectueux, enfants respectueux en format poche (il existe également au format broché, mais j’aime mieux les formats faciles à emporter !) :

J’ai déjà partagé avec vous auparavant l’opinion de Thomas Gordon sur la méthode traditionnelle de récompenses et punitions, telle qu’il l’a exposée dans Eduquer sans punir. Ce chapitre se focalise sur les récompenses, et creuse la question de leur efficacité ou plutôt de leur inefficacité. Gordon parle ici de récompenses en général, et de compliments en particulier.

– Moi qui ai justement un article sur les compliments en gestation depuis plusieurs mois, peut-être aurai-je enfin l’inspiration qu’il me faut pour le ressortir lorsque j’aurai terminé le résumé de ce chapitre ? –

Les récompenses, une banalité

Pour commencer, il est intéressant de noter à quel point l’utilisation de récompenses est répandu. Que ce soit en classe pour contrôler le comportement des plus jeunes, ou à la maison.

Dans la classe, tableau de récompenses, voire coffre au trésor sont là pour encourager les enfants à bien se comporter. Et j’en ai déjà observé le résultat néfaste chez mon fils de 6 ans

A la maison, il n’est pas rare que le dessert vienne récompenser les légumes avalés. Je sais ce que vous pensez en lisant cette dernière phrase. (« Mais je ne vais quand même pas le laisser manger le dessert alors qu’il n’a pas mangé les légumes ?! » ) Et cela vaudra la peine de revenir dessus, pour parler de la posture à adopter dans un tel cas, pour réussir à encourager notre enfant à manger lesdits légumes, sans pour autant passer par une négociation à la récompense type « Si tu manges bien tes légumes, tu pourras avoir un bon dessert. » Cela dépasserait cependant ce dont Thomas Gordon parle ici, et je vais essayer de rester centrée, si vous le voulez bien.

Pour que les récompenses soient efficaces – aspects techniques

Ici, Gordon entre dans les détails techniques, expliquant que l’éducation par la récompense doit suivre un mode opératoire particulier. 

Ainsi, il est important, lorsque l’on veut, par ce moyen, encourager un comportement, de réagir de manière immédiate lorsque ce comportement est adopté. 

De plus, il faudrait pouvoir garder une forte cohérence : récompenser systématiquement le comportement en question, et s’assurer qu’aucune récompense n’est obtenue lorsque le comportement est inadéquat. C’est ce que font les dresseurs d’animaux, et c’est à ce prix que l’éducation par récompense peut fonctionner. 

Dans la vie réelle, c’est bien plus difficile. Prenons l’exemple d’un enfant en classe, dont la maitresse veut récompenser le bon comportement.
Sera-t-elle toujours bien là pour le voir et réagir ? Ne va-t-il pas également recevoir la récompense du rire des copains lorsqu’il adopte certaines attitudes qui dérangent la maitresse ?
L’obtention de la récompense en fonction du comportement n’est donc pas constante et cohérente… et cela nuit à son efficacité !

Difficultés rencontrées

Comme, selon ce que nous venons de dire, la mise en place de ce système de manière systématique est quasi-impossible, les adultes qui y ont recours se retrouvent rapidement face à des difficultés… qui les amènent souvent à évoluer de la récompense à la punition !

Et lorsque ce n’est pas le cas, ils se heurteront alors au fait que pour que la récompense continue de séduire, il faudra qu’elle ait de plus en plus de valeur. Eh oui, sinon, l’effet s’affaiblit avec le temps. D’ailleurs, même quand la valeur de la récompense augmente en fait, l’effet s’affaiblit avec le temps.

On peut alors arriver à cette situation absurde dans laquelle l’absence de récompense est interprétée comme une punition. Et on ne s’en sort plus !

Quand le seul but de l’enfant est la récompense

Voilà le coeur de l’affaire. La récompense est un mode d’encouragement via évaluation externe plutôt que motivation interne. 

Or, comme le soulignait Celine Alvarez lors de sa conférence, comme nous l’avions également évoqué avec le piège des récompenses, le plaisir de l’acte pour l’acte disparait lorsque la motivation est purement externe.

Pire encore, non seulement l’enfant perd son enthousiasme et sa motivation, mais il risque d’avoir sans cesse besoin, pour avancer, d’une évaluation externe dont il s’est mis à dépendre.

En fait, l’enfant perd le plaisir de l’acte que l’on récompense, mais pas du jugement de l’autre, qui devient indispensable.

NOTE : Ici, comprenons bien que les compliments sont directement considérés comme des récompenses. 
(Pour ceux d’entre vous pour lesquels cette idée est nouvelle, je vous encourage, en attendant que j’en sorte un nouveau, à lire mes premiers articles à ce sujet, même s’ils datent un peu : d’autres manières d’encourager dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, et une illustration du fait que « bien », ce n’est pas assez bien dans Parents épanouis, enfant épanouis.)
Ce chapitre traite d’ailleurs également des compliments en tant que tels, et j’en reprendrai les grandes lignes dans un autre article, parce que cela vaut la peine de s’y attarder.

Un mot sur la compétition

Quand on creuse cette question de récompenses, de motivation externe, on dérive assez naturellement vers une vraie réflexion autour du système scolaire tel que nous le connaissons, et en particulier de l’usage des notes.

Car faire étudier l’enfant avec pour but central d’obtenir de « bonnes » notes, ou en tout cas, des notes qui seront qualifiées de bonnes lorsque nous les comparerons à la moyenne, c’est créer justement une motivation externe.

J’ai soulevé cette question hier au diner familial. Mon fils Oscar (15 ans) opine que la compétition permet de donner le meilleur de soi-même. C’est possible. Cependant, certains opinent, comme André Stern, que le meilleur engrais du cerveau, c’est l’enthousiasme. Or, si la motivation externe tue le plaisir de la tâche elle-même, alors comment cultiver l’enthousiasme de l’apprentissage ??
J’ai hâte, pour creuser cette question, de lire le nouvel ouvrage de Catherine Gueguen : Heureux d’apprendre à l’école, dont je ferai un commentaire sur le blog, évidemment(Si vous avez trop hâte de voir les commentaires des autres, en voici déjà le lien)

En tout cas, la position de Thomas Gordon sur ce point est très claire, puisqu’il choisit d’inclure dans ce chapitre la citation suivante :
« Nous détruisons la passion désintéressée d’apprendre qui est innée chez les enfants et se montre si forte quand ils sont petits, en les encourageant au travail avec des récompenses mesquines et méprisables, telles que médailles d’or, bons points, tableaux d’honneur, mentions diverses, listes de mérites, etc. Bref, pour avoir l’ignoble satisfaction de se sentir meilleur que les autres. » (Holt, 1968)

Je vous laisserai sur cette citation, pour la digérer, et me dire ce que vous en pensez en commentaire si le coeur vous en dit, parce que je pense qu’à elle-seule, elle mérite un débat !

« C’est par leurs choix et les leçons qu’ils en tireront qu’ils en apprennent le plus dans leur vie. » écrivent Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, les auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux. Il serait donc fondamental, pour les accompagner sur ce chemin de la découverte et de l’apprentissage, d’appuyer les choix faits par nos enfants.

Vous avez probablement observé vos enfants se rebeller face aux décisions qui leur sont imposées. Et si la notion de choix changeait cette dynamique ? C’est ce que nous allons creuser ici.

L’importance du choix dans l’apprentissage

Le choix joue un rôle fondamental dans le développement de l’enfant, et dans la vie de l’adulte.
Pourquoi ? Parce que cette notion de choix intervient sur deux plans différents.

Le libre arbitre

Faire un choix, c’est exercer son libre arbitre.
Or, cette aspiration à décider, à exercer son pouvoir personnel, est une aspiration fondamentale de l’être humain. Une manière de se sentir exister.

Ainsi, la capacité de faire des choix correspond au fait de mûrir. Plus on grandit, et plus on se sent l’envie et la capacité de faire ces choix. Et on progresse de plus en plus vers l’autonomie, par notre pouvoir de décision.

L’apprentissage par l’expérience

Oui, le choix est au coeur de l’expérience. Car l’expérience réside en fait dans le résultat obtenu après le choix.

Je me souviens que c’est une idée que nous avions déjà évoquée. En effet, dans mon article autour de la conférence à Autun de Céline Alvarez, j’avais parlé de son message autour de l’erreur. « C’est l’effet de surprise, c’est à dire la différence entre la prédiction et le résultat, qui crée les réajustements neuronaux. Et de ces réajustements découlent les apprentissages. »

L’importance pour l’enfant de faire ses propres choix est donc également dans le fait que cela lui permettra d’en observer les résultats, et d’apprendre.

Lorsque l’enfant a peu de choix

En réfléchissant à l’importance du choix dans l’apprentissage, tel que présentée ci-dessus, on s’interroge. En effet, ces arguments semblent couler de source.

Prenons donc d’abord un moment pour comprendre pourquoi les parents ne laissent pas le choix.

Pourquoi les parents ne laissent-ils pas les enfants penser et agir pour eux-mêmes ?

Une question importante à laquelle les auteurs du livre apportent deux réponses.

  • Parce qu’ils attendent une certaine manière de faire. Les parents ont déjà en tête une méthode, qui combine efficacité et précision. La méthode expérimentale de leur enfant ne leur convient souvent pas !
  • Parce qu’il faut du temps et de la patience pour laisser l’enfant faire par lui-même. Ce dont nous manquons souvent…

L’impact de ce manque de choix

D’abord, personne n’aime se voir imposer les choix de quelqu’un d’autre. (Il suffit, pour s’en convaincre, de nous mettre dans cette position…). De ce fait, évidemment, plus nous imposerons nos choix à nos enfants, plus nous créerons d’occasions de conflits. Plus nous verrons se développer les luttes de pouvoir.

Et puis, le choix imposé est dangereux : si nous indiquons à notre enfant une manière d’agir, et que cela ne se déroule pas bien, c’est bien sur nous que retombe la responsabilité. Lui, ne faisant qu’obéir, n’a pas de responsabilité dans l’affaire !

Pire encore, à plus long terme, si notre enfant se voit régulièrement refuser ses idées, que ses parents ne soutiennent pas ses choix, il risque d’en déduire que ses idées ne sont simplement pas valables. Devenu adulte, il peut toujours craindre que ses avis n’aient aucun interêt, qu’ils ne vaillent pas la peine d’être partagés…

En fait, ces enfants privés de choix ne se sentent pas capables et compétents, tout simplement. Est-ce ce que nous voulons pour nos enfants ?

Lorsque l’enfant peut exercer ses choix

A l’inverse, bien sûr, on commence à voir se profiler les avantages de soutenir les choix de nos enfants.

Les qualités qu’il développe au passage

J’aime, depuis que j’ai compris l’importance d’avoir un projet parental, penser aux qualités et compétences qui se développent chez mes enfants lorsque je choisis un mode d’éducation plutôt qu’un autre.

Dans ce cas du choix, je trouve l’exercice assez facile à faire.

  • Prise de décision
  • Sens critique
  • Analyse
  • Autonomie
  • Confiance en soi

Je choisis de mettre cette confiance en soi à part, parce qu’elle me semble tellement, tellement importante !! J’ai l’impression qu’on avance tellement mieux dans la vie lorsqu’on a confiance en soi

Alors, je cherche au quotidien à envoyer un message de confiance à mes enfants. Oh, je n’y arrive pas toujours. Je tombe régulièrement, comme tout parent, dans les critiques, et les reproches. Toutes ces choses qui ne nourrissent ni le lien, ni sa confiance en lui, ni la coopération…

Mais je m’accroche, et j’ai confiance, j’avance. De même, je pense qu’en l’aidant à prendre conscience de l’éventail de choix qui se présentent à lui au quotidien, et en appuyant sa décision face à ces choix, je lui envoie un message de confiance fort. Un message de confiance sur son aptitude à gérer ce choix.

Les bénéfices pour notre propre développement

Avantage supplémentaire : nous ne sommes pas en reste dans cette démarche.
Car faire en sorte d’appuyer les choix de nos enfants, c’est progresser nous-mêmes.

Cela nous oblige en effet à mieux écouter. Ce qui est déjà une sacrée force. Savoir écouter l’autre, c’est le point de départ pour mieux le comprendre. Cela aide à développer l’empathie.

Et puis, nous nous rendrons ainsi compte qu’il existe d’autres manières de faire que la nôtre, qui peuvent également donner de bons résultats (et si ce n’est pas le cas, apprenons à nous mordre la langue, pour ne pas dire « Je te l’avais bien dit ! »).

Ainsi, nous développerons notre tolérance, notre respect de l’autre. Et croyez-moi, cela peut nous aider, non seulement dans nos relations avec nos enfants, mais également avec les autres !

Changeons cette dynamique !

Bien. Je suis convaincu. Seulement voilà, plus facile à dire qu’à faire.
C’est vrai. Mais pas d’inquiétude, nous allons prendre les choses dans l’ordre.

Vaincre les raisons qui nous freinent

Pour commencer, revenons sur les raisons soulevées plus haut, qui découragent les parents de laisser le choix à l’enfant.

Nous parlions d’abord de la manière de faire. Et d’efficacité. En fait, nos enfants n’ont pas les mêmes objectifs que nous. C’est un point qui peut aider à considérer les choses autrement.

Ainsi, je me souviens d’un exemple que donnait Maria Montessori. Elle parlait d’un jeune enfant qui portait une pile de linge d’un bout de la pièce à l’autre. Là où l’adulte aurait pu transporter la pile en un trajet, de manière beaucoup plus « efficace », l’enfant prenait un linge après l’autre. Et le plus intéressant vient ensuite : une fois la pile terminée, voilà notre enfant qui recommence, dans l’autre sens ! Pour lui, l’objectif n’est pas que le linge soit de l’autre côté. L’objectif est de s’entrainer à le porter. Ce qui est en soi une occupation incroyable pour un jeune enfant !

Ne soyons donc pas trop prompts à juger l’efficacité des choix de nos enfants…

Ensuite, nous soulevions notre manque de temps.

S’il est vrai que faire pour l’enfant est plus rapide sur le coup, nous oublions souvent, dans la course folle de notre vie quotidienne, l’investissement à plus long terme. Car plus nous laisserons l’enfant développer ses propres compétences, plus il deviendra autonome, et moins nous aurons besoin de faire pour lui.

Le choix fait d’ailleurs bien partie des compétences listées par Floriane, de parents naturellement, lorsque nous avions écrit à 4 mains sur l’autonomie, et qu’elle avait évoqué l’autonomie du jeune enfant.

De plus, je vous le rappelle, un autre effet secondaire de ces choix laissés à l’enfant, sera de faire baisser la fréquence des luttes de pouvoir. Là encore, cela vaut la peine d’investir un peu de temps !

Je sais que ce n’est pas toujours facile. Il vous faudra adapter le moment de l’apprentissage.

Prenons un exemple concret : je voudrais que Léon (6 ans), apprenne à changer les draps de son lit. Je ne vais pas le lui enseigner le matin avant de partir à l’école ! Je vais choisir un moment calme pendant le week-end, pour participer au changement des draps. Et je lui donnerai le choix de commencer par un côté ou par l’autre. Puis le choix du drap par lequel on va remplacer celui qu’on enlève. Le choix d’apporter les draps sales dans le panier avant, ou après avoir mis les nouveaux, etc… Ca va me prendre un peu de temps. Mais Léon se sentira impliqué, et capable. Et de fait, il sera capable, bientôt capable de changer ses draps seul !

Leur donner des opportunités

Avant d’en arriver à appuyer les choix de nos enfants, il faudra d’abord leur donner l’occasion de faire des choix ! Qu’ils apprennent peu à peu à développer cette compétence. Chaque choix est un renoncement. Il n’est donc pas toujours évident de choisir en étant sûr de soi…

(C’est rigolo, d’ailleurs – rien à voir – :  je lis en ce moment un roman historique, dans lequel l’auteur nous montre un Charles IX incapable de faire des choix, demandant sans cesse l’approbation de sa mère Catherine de Médicis. Comme quoi, dans toute famille, ce genre de situation arrive !)

Notre rôle de parents sera donc double, je crois.

  • trouver les opportunités de laisser des choix à nos enfants, dès le plus jeune âge
  • les aider à investiguer les conséquences de leurs choix, pour qu’ils les fassent de manière éclairée. La décision, ensuite, leur appartiendra.

Pour le premier point, nous avons déjà souvent parlé de l’importance du choix pour le jeune enfant.
Puis, au fur et à mesure qu’ils grandissent, ils pourront être de plus en plus sollicités :

Et lorsqu’ils deviennent adolescents, cela nous demandera encore plus d’efforts peut-être. Il faudra accepter une certaine perte de contrôle ! Pour que le choix de l’ado ne se limite pas à choisir entre se conformer à nos décisions et se rebeller…

Nos propres choix

Partant cette fois de l’idée que nous jouons également un rôle de modèle auprès de nos enfants, nous pouvons les aider à explorer cette notion de choix en parlant des nôtres.

Exprimer nos choix simplement. Partager parfois nos hésitations, ce qui nous a amené à choisir d’une certaine façon. Notre regret, même de ne pas avoir pu choisir deux options à la fois !

Parler de nos choix ratés, de ce que nous aurions parfois pu faire différemment.

Discuter des choix que nous avons à faire, et que nous faisons. Nous pouvons même leur demander leur opinion, leur montrant qu’il peut être intéressant de discuter d’une idée, que la décision prise finalement corresponde à l’opinion de l’autre ou non.

C’est à vous

Etes-vous prêts ? Voici le défi que je vous lance aujourd’hui.

La prochaine fois que vous désirez décider pour votre enfant, faites une pause. Respirez, réfléchissez aux options, et offrez un choix à votre enfant. Et voyez ce que ça donne…

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Les adeptes de la parentalité positive, dont je fais partie, sont persuadés que la méthode traditionnelle d’éducation ne fonctionne pas. La « méthode traditionnelle », cela veut dire le système de récompenses et punitions. Nous en avons déjà parlé ici, et cette idée n’est pas nouvelle pour vous. L’objectif de cet article est de vous transmettre le point de vue de Thomas Gordon sur la question. Et pour cela, je m’inspirerai du deuxième chapitre de Eduquer sans punir. Une lecture qui vous encouragera à réfléchir de nouveau à cette méthode traditionnelle, pour vous aider à vous faire votre propre opinion.

Sur quels principes repose cette méthode traditionnelle d’éducation ?

Tous les parents qui appliquent cette méthode traditionnelle n’ont pas forcément réfléchi aux principes qu’elle véhicule. (C’est bien toute l’idée de l’avancée sur ce chemin, d’ailleurs ! Prendre conscience de tout ce qui se joue de manière inconsciente chez nous, ne serait-ce que parce que c’est le modèle que nous avons reçu !)  Deux d’entre eux sont cependant fondamentaux pour croire à cette méthode.

L’obéissance

Bien sûr, ce que cherche le parent qui use de la récompense et de la punition, c’est l’obéissance de son enfant ! Le parent maintient dans ce cas une relation purement verticale avec son enfant : lui est au dessus, et l’enfant, en dessous, doit obéir. Il est difficile de penser autrement la relation adulte-enfant, puisqu’elle nous a été enseignée ainsi. De mon côté, je vous en ai déjà parlé, je ne cherche pas à avoir des enfants obéissants. Je préfère que mes enfants gardent un sens critique, qu’ils puissent décider d’obéir ou non en fonction d’une certaine fidélité à leurs valeurs. Ce qui ne m’empêche pas de leur demander de la coopération ! Mais j’essaye de faire en sorte que ce soit bien des demandes, et non  des exigences (merci M Rosenberg), même si j’admets volontiers que c’est parfois frustrant !! Ce principe d’obéissance est pourtant souvent pensé pour le bien de l’enfant. Car, après tout, c’est un modèle auquel il faudra bien qu’il se plie dans le monde extérieur ! La relation parent-enfant n’est pas la seule relation d’obéissance à laquelle nous sommes exposés dans notre vie. On peut encore évoquer la relation au professeur ou autre personnel de l’école (qui peut parfois être effrayante), l’obéissance à son supérieur dans l’entreprise, au dirigeant d’un pays, à son mari lorsqu’on est une femme…. Ah.. Certains de ces modèles évoluent quand même ! J’ai donc confiance en l’évolution de la société, vers des relations plus respectueuses, pas seulement entre femme et époux, mais également entre adultes et enfants ! Mais je m’égare et dépasse ici les propos de Thomas Gordon. Revenons à nos moutons.

Le jugement

Dans la mesure où l’adulte va agir pour modifier le comportement de l’enfant, c’est qu’il considère que son jugement sur le comportement de l’enfant est le bon. Nous sommes toujours dans un modèle de relation verticale, dans laquelle l’adulte est considéré supérieur à l’enfant, et en particulier plus compétent, et meilleur juge. Quoi qu’il en soit, il faut donc que l’adulte, que l’on peut également qualifier ici de « contrôleur » juge le comportement de l’enfant afin de décider comment le corriger. On peut s’interroger -je prends de nouveau des licences- sur l’objectivité de ce jugement. Puisqu’un jugement sur l’autre dépend de notre propre jeu de valeurs. Est-on en droit de l’imposer à l’autre ? Ce qui est sûr, c’est qu’on touche de nouveau bien à la différence entre l’obéissance et la morale, la première correspondant au fait de faire ce que l’on nous demande, que cela soit bon ou non, la deuxième à faire ce qui est bon, que cela soit ce que l’on nous demande ou non… Gordon soulève en tout cas l’idée que ce jugement est fréquemment fait par rapport à nos propres intérêts. Il cite l’exemple parlant d’un professeur qui exclue un élève de la classe parce qu’il perturbe celle-ci. Et en effet, cela gène en particulier le professeur qui aimerait ne pas être interrompu. Cet exemple fait d’ailleurs écho chez moi à une anecdote vécue, lorsque j’ai commencé à appliquer chez moi les principes de ma formation de  discipline positive en classe. Lorsque nous cherchions avec ma fille et son camarade des méthodes pour faire en sorte que nos cours de français soient moins interrompus par leurs histoires, le camarade propose de donner une récompense à celui qui interrompra le moins. Ainsi, quand un professeur (en l’occurence moi) lui demande quelques chose, il ne s’y trompe pas : il considère que c’est dans le seul interêt du professeur qui est donc responsable de trouver une autre motivation pour ses élèves. Ma réponse l’a pris par surprise. Je lui ai en effet expliqué ma perspective. Que j’aimerais que sa raison pour ne pas interrompre ne soit pas une récompense, mais bien de participer à un cours plus agréable pour tous. Et c’est effectivement ce qui s’est finalement passé ! Comme quoi, cela vaut la peine d’avoir confiance

Est-ce plus facile ?

Avertissement : ce paragraphe est une réflexion toute personnelle, et non une retranscription de ce que dit Gordon. D’une certaine manière, je comprends bien que tout est plus facile lorsque l’enfant obéit ! Ou, du moins, que cela serait plus facile si l’enfant obéissait tout le temps. Parce qu’alors, il nous suffirait de lui indiquer ce qu’il a à faire, et nous n’aurions pas à nous battre pour que cela se fasse ! Etre parent est un travail épuisant, et nous aimerions bien que nos enfants nous le simplifient parfois… Finalement, notre jugement sur cette nécessité d’obéissance correspond bien à un jugement par rapport à nos propres intérêts. Bien vu. Seulement, j’y vois deux problèmes majeurs.
  1. De toute façon, nos enfants n’obéissent pas systématiquement. Jamais. Ce n’est donc pas plus facile. Et je crois même plus difficile de se raccrocher à ce modèle qui voudrait qu’ils obéissent. Car nous ne cessons alors de nous heurter à des situations ressenties comme des échecs, et pour nous, et pour eux.
  2. Au passage, nous ne développons absolument pas les qualités que nous aimerions voir plus tard chez nos enfants. Ni l’autonomie, ni la prise de décision, ni le sens critique, ni la confiance en eux… Si tout ceci ne vous apparait pas clairement, je vous encourage à passer un moment à concevoir votre plan de route parental !

Que faut-il pour que cette méthode fonctionne ?

Le pouvoir du contrôleur

La base de tout ce système, c’est le pouvoir du contrôleur. Dans ce chapitre, le pouvoir est au coeur du discours. En effet, pour que le contrôleur puisse mettre en place la carotte et le bâton, ces motivations externes à adopter un certain comportement, encore faut-il qu’il ait un pouvoir sur l’enfant. Et ce pouvoir découle du fait qu’il ait les moyens de satisfaire ou d’empêcher les besoin s de l’enfant. Nous sommes dans une logique de contrôle externe pur, ne laissant pas de place au contrôle interne. Et ce contrôle externe n’est rendu possible que par la position de l’adulte. C’est lui qui a effectivement à sa disposition les moyens physiques de satisfaire l’enfant, ou non.

L’impact sur la relation

Ainsi, l’interêt du contrôleur est de garder l’enfant dans une position qui permet à l’adulte de garder les rênes. (Tiens, nous filons la métaphore de la carotte et du bâton !) Ce qui aura pour résultat « une relation de dépendance et de crainte ». L’enfant attend en effet au quotidien le jugement et le bon vouloir de l’adulte… Je pense que l’on peut rapprocher ce commentaire de ce que dit Jane Nelsen de la punition. Dans La discipline positive en effet, Jane Nelsen présente ce qu’elle nomme les « 4 R de la punition » : Rancoeur, Revanche, Rébellion, Retrait. Dans tous les cas, on se retrouve dans une relation qui est loin de répondre à ce besoin de connexion que nous avons déjà évoqué. Fondamentale dans une relation harmonieuse, la connexion est ce qui nous permettra d’espérer la coopération de notre enfant. Les méthodes traditionnelles de récompenses et punitions sont donc de nouveau un frein à cette coopération

Grosse surprise quand l’enfant grandit…

Autre problème de ces méthodes : l’écart entre les moyens de l’adulte et ceux de l’enfant se résorbe au fur et à mesure que celui-ci grandit. Ainsi, l’adulte perd peu à peu son pouvoir sur les besoins de son enfant, et, par effet immédiat, il perd le contrôle ! Et nous voilà avec des parents qui ne comprennent plus leur adolescent… Quand il était petit, il était si mignon… et maintenant, il n’écoute plus rien !!! Je reprendrai ici simplement les mots de Gordon : « Comme ils ne peuvent plus contrôler leur enfant, comme ils n’ont jamais appris à l’influencer, ils se sentent impuissants. »

Un mot sur les conséquences

Je noterai sobrement le fait que Gordon écarte ici également toute forme de conséquence, qu’il considère être souvent assimilable à une punition. J’ai besoin de réfléchir et formuler encore les arguments qu’il formule ici. Car je suis convaincue qu’il y a une vraie différence entre la punition et la conséquence. Mais je sais aussi que c’est une compétence qu’il est difficile de maîtriser. Nous avons d’ailleurs déjà soulevé la nécessité de chercher à avancer vers la recherche de solutions plutôt que vers les conséquences. Je crois qu’une grande part de la différence tient également à notre posture, notre communication, notre intention en fait. Et cette intention n’est pas toujours évidente à identifier. Je trouve ainsi régulièrement des exemples de situations identiques qui pourraient tout aussi bien être interprétées comme une punition, ou comme une conséquence, selon la manière dont la communication est menée. Je reviendrai donc sur ce thème.

Comment changer notre posture ?

Rome ne s’est pas faite en un jour, et nous aurons besoin d’abord de faire preuve de bienveillance envers nous-mêmes tandis que nous cherchons à avancer sur ce chemin de parentalité positive. Pour commencer cependant, je vous propose les étapes suivantes, au rythme de questions à vous poser à vous-mêmes.
Vous voulez, vous aussi, apprendre ces alternatives ? 👉🏻 Inscrivez-vous à la formation « Sortir des punitions »

Pour prendre de la distance par rapport au jugement du contrôleur

  • Suis-je en train de juger l’autre ?
  • Quelqu’un d’autre que moi poserait-il le même regard ?
  • Puis-je trouver la raison positive qu’a la personne que je juge pour agir ainsi ?

Par rapport à notre schéma de pensée

  • Quelles sont, selon-vous, les raisons qui poussent les parents à rester dans ce schéma traditionnel ?
  • Quels en sont les avantages et les inconvénients  ?
Enfin, pour conclure, et malgré la longueur de cet article que je pensais au départ plus court, il me reste à vous indiquer que les chapitres suivants du livre reviendront en détail sur chacune de ces méthodes. Gordon y expliquera pourquoi, selon lui, les récompenses sont inefficaces, puis pourquoi les punitions sont inefficaces. N’oubliez pas, avant de partir, de laisser en commentaire vos réponses aux questions ci-dessus !

Si nous parvenions à voir les besoins derrière l’action, il y a fort à parier que nous arriverions à réagir différemment. Ce serait alors un cercle vertueux : au lieu d’accuser, de reprocher leurs actions aux autres, nous pourrions les comprendre, et entrer en lien avec eux. Alors, notre échange ne serait plus conflictuel, mais plutôt un apprentissage commun.

« Se connecter avant d’enseigner. » comme le prônent tant la CNV que la Discipline Positive.

Et je vous le concède, c’est loin d’être facile !! Très loin d’être facile. Mais cela ne signifie pas qu’il faille renoncer. Nous avancerons et progresserons pas à pas, petit à petit.

Ainsi, loin de renoncer, je cherche au contraire à développer cette attitude. Or, la lecture de la clef n2 de Parents respectueux, enfant respectueux : voir les besoins derrière toute action y contribue.
Cet article est un résumé du chapitre qui présente cette clef.

Tout comportement est une tentative de satisfaire un besoin

Le livre reprenant les principes de la communication non violente, les prémisses sont les suivantes :

  • Tous les êtres humains ont des besoins
  • Tout comportement est une tentative de satisfaire un besoin

Ainsi, nos enfants (tout comme nous, ou n’importe qui) ont des besoins, et cherchent, par leur comportement, à les satisfaire. S’adresser au comportement seul, sans chercher à comprendre le besoin derrière est donc très limité, et limitatif. Nous aurons bien plus de chances d’avancer en nous intéressant au besoin derrière le comportement.

Nous avions d’ailleurs déjà touché ce thème lorsque nous avions décidé de poser un nouveau regard sur les comportements inappropriés.

Marshall Rosenberg appelait cela « voir ce qui est vivant chez l’autre« . Et en effet, lorsque nous parvenons à voir ce qui motive l’autre, de manière positive, il est plus facile de ne pas réagir avec aigreur ou colère ! Un vrai travail sur nous même…

Ici, les auteurs citent Proust :  » Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » Et c’est bien de cela qu’il s’agit : avoir de nouveaux yeux…

Différence entre besoin et stratégie

L’un des obstacles principaux au fait de chercher le besoin derrière le comportement réside dans la confusion que nous faisons souvent entre le besoin et la stratégie.

Je m’explique.

Lorsque notre enfant veut continuer à jouer au lieu d’aller prendre le bain, il n’a pas besoin de jouer. Jouer est sa stratégie pour nourrir son besoin d’amusement.
Lorsque notre ado nous répond de nous mêler de nos affaires lorsque nous lui demandons s’il est prêt pour son contrôle du lendemain, il n’a pas besoin de nous envoyer promener. C’est sa stratégie pour répondre à son besoin de confiance.

Si nous parvenons à dé-coreller le besoin et la stratégie, cela peut ouvrir des pistes ! Car, alors, nous pourrons être créatifs et chercher d’autres stratégies pour combler les mêmes besoins. Des stratégies qui répondent si possible aux besoins de tous, c’est à dire au nôtre autant qu’à celui de notre enfant.
Ainsi, si mon ado a besoin de confiance, j’ai, moi, besoin de respect. Et cela peut être discuté !

Note : pour s’exercer à voir cette différence entre besoin et stratégie, je vous conseille de jouer avec mes cartes besoins !

Comprendre ce qu’est un besoin

Seulement voilà : pour pouvoir en discuter, il faut d’abord être clair sur ce qu’est un besoin.
Or, le langage courant ne nous aide pas à démêler besoin et stratégie.

« J’ai besoin que tu sois au lit. » est, par exemple, un contre-sens. Nous n’avons jamais besoin que l’enfant soit au lit. Nous avons besoin plutôt qu’il soit reposé le matin, ou bien nous avons besoin de solitude le soir, et qu’il aille au lit est un moyen pour répondre à ces besoins.

Sura Hart et Victoria Kindle-Hodson proposent ici de progresser dans notre appréhension des besoins en cherchant régulièrement à les identifier derrière les comportements de notre entourage.

Une autre activité proposée, qui m’inspire : discuter des besoins lors d’une réunion familiale, en cherchant ensemble les besoins universels. Ces besoins qui peuvent motiver une action, et qui sont communs, finalement, à tous les êtres humains !

Le sentiment, indicateur du besoin

Selon la théorie de la communication non violente, nos sentiments sont des indices d’un besoin nourri ou non.

Ainsi, les sentiments positifs nous montrent que nous satisfaisons l’un de nos besoins ; les sentiments négatifs, au contraire, que l’un au moins de nos besoins n’est pas nourri.

Seulement, nous faisons rarement le raisonnement qui nous permettrait de relier la manière dont nous nous sentons avec le besoin présent derrière…

C’est pourtant bien la compétence que nous cherchons ici à développer, en tant que parent. En effet, un enfant qui se sent bien se comporte bien. Donc, si notre enfant se comporte de manière inadéquate, c’est qu’il ne se sent pas bien, et nous chercherons alors à comprendre quel est son besoin non nourri.

(A condition d’être émotionnellement disponible pour cela… Je ne sais pas vous, mais moi, il m’arrive de savoir lire le comportement de mon enfant, et n’avoir aucune envie pour autant de l’aider à nourrir son besoin. Pourquoi ? Probablement parce que ce besoin est trop en compétition avec le mien ! Ah oui, parce que, grande nouvelle : les parents ont également des besoins !)

L’écoute, à la clef de la satisfaction mutuelle des besoins

Si nous parvenons…. Non, laissez-moi reformuler cela. Lorsque nous parvenons – c’est bien mieux, j’ai confiance en nous ! – à écouter notre enfant, à recevoir son sentiment, et le besoin derrière, alors, la connexion se fait.

Les enfants, comme n’importe qui, ont envie d’être entendus. Et lorsqu’ils le sont, ils seront bien plus ouverts à la coopération. Cette coopération, qui est à l’opposé des luttes de pouvoir dans lesquelles tant de parents et enfants tombent !!

Ainsi, si nous acceptons d’écouter pourquoi notre enfant réagit négativement, que nous reflétons son besoin, il sera probablement réceptif lorsqu’ensuite, nous lui parlerons de notre besoin. Et nous pourrons alors, ensemble, trouver un fonctionnement qui réponde aux deux besoins !

Pour terminer, l’exercice proposé…

Comme nous y encouragent les auteurs, je décide, avant de conclure, de me poser la question. Quel est mon sentiment, là, tout de suite ? Et quel besoin se cache derrière ?

…eh bien…

Je me sens joyeuse d’avoir écrit cet article. Un sentiment positif, un besoin assouvi, donc. Et en effet avoir écrit cet article répond à deux besoins, sur des plans différents :

  • le chapitre lui-même, son contenu et l’apprentissage qu’il m’apporte, il nourrit mon besoin d’harmonie car je sais que plus j’arriverai à développer cette compétence, plus mes relations avec les autres seront apaisées
  • le fait d’avoir relu puis rédigé le résumé de ce chapitre me permet de développer encore mon blog, ce qui nourrit mon besoin de partage et de de développement.

J’espère pouvoir garder ce sentiment en moi pendant quelque temps….

Et vous, comment vous sentez-vous ? Et le besoin ?

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