La méthode traditionnelle : récompenses et punitions

Les adeptes de la parentalité positive, dont je fais partie, sont persuadés que la méthode traditionnelle d’éducation ne fonctionne pas. La « méthode traditionnelle », cela veut dire le système de récompenses et punitions. Nous en avons déjà parlé ici, et cette idée n’est pas nouvelle pour vous. L’objectif de cet article est de vous transmettre le point de vue de Thomas Gordon sur la question. Et pour cela, je m’inspirerai du deuxième chapitre de Eduquer sans punir. Une lecture qui vous encouragera à réfléchir de nouveau à cette méthode traditionnelle, pour vous aider à vous faire votre propre opinion.

Sur quels principes repose cette méthode traditionnelle d’éducation ?

Tous les parents qui appliquent cette méthode traditionnelle n’ont pas forcément réfléchi aux principes qu’elle véhicule. (C’est bien toute l’idée de l’avancée sur ce chemin, d’ailleurs ! Prendre conscience de tout ce qui se joue de manière inconsciente chez nous, ne serait-ce que parce que c’est le modèle que nous avons reçu !)  Deux d’entre eux sont cependant fondamentaux pour croire à cette méthode.

L’obéissance

Bien sûr, ce que cherche le parent qui use de la récompense et de la punition, c’est l’obéissance de son enfant ! Le parent maintient dans ce cas une relation purement verticale avec son enfant : lui est au dessus, et l’enfant, en dessous, doit obéir. Il est difficile de penser autrement la relation adulte-enfant, puisqu’elle nous a été enseignée ainsi. De mon côté, je vous en ai déjà parlé, je ne cherche pas à avoir des enfants obéissants. Je préfère que mes enfants gardent un sens critique, qu’ils puissent décider d’obéir ou non en fonction d’une certaine fidélité à leurs valeurs. Ce qui ne m’empêche pas de leur demander de la coopération ! Mais j’essaye de faire en sorte que ce soit bien des demandes, et non  des exigences (merci M Rosenberg), même si j’admets volontiers que c’est parfois frustrant !! Ce principe d’obéissance est pourtant souvent pensé pour le bien de l’enfant. Car, après tout, c’est un modèle auquel il faudra bien qu’il se plie dans le monde extérieur ! La relation parent-enfant n’est pas la seule relation d’obéissance à laquelle nous sommes exposés dans notre vie. On peut encore évoquer la relation au professeur ou autre personnel de l’école (qui peut parfois être effrayante), l’obéissance à son supérieur dans l’entreprise, au dirigeant d’un pays, à son mari lorsqu’on est une femme…. Ah.. Certains de ces modèles évoluent quand même ! J’ai donc confiance en l’évolution de la société, vers des relations plus respectueuses, pas seulement entre femme et époux, mais également entre adultes et enfants ! Mais je m’égare et dépasse ici les propos de Thomas Gordon. Revenons à nos moutons.

Le jugement

Dans la mesure où l’adulte va agir pour modifier le comportement de l’enfant, c’est qu’il considère que son jugement sur le comportement de l’enfant est le bon. Nous sommes toujours dans un modèle de relation verticale, dans laquelle l’adulte est considéré supérieur à l’enfant, et en particulier plus compétent, et meilleur juge. Quoi qu’il en soit, il faut donc que l’adulte, que l’on peut également qualifier ici de « contrôleur » juge le comportement de l’enfant afin de décider comment le corriger. On peut s’interroger -je prends de nouveau des licences- sur l’objectivité de ce jugement. Puisqu’un jugement sur l’autre dépend de notre propre jeu de valeurs. Est-on en droit de l’imposer à l’autre ? Ce qui est sûr, c’est qu’on touche de nouveau bien à la différence entre l’obéissance et la morale, la première correspondant au fait de faire ce que l’on nous demande, que cela soit bon ou non, la deuxième à faire ce qui est bon, que cela soit ce que l’on nous demande ou non… Gordon soulève en tout cas l’idée que ce jugement est fréquemment fait par rapport à nos propres intérêts. Il cite l’exemple parlant d’un professeur qui exclue un élève de la classe parce qu’il perturbe celle-ci. Et en effet, cela gène en particulier le professeur qui aimerait ne pas être interrompu. Cet exemple fait d’ailleurs écho chez moi à une anecdote vécue, lorsque j’ai commencé à appliquer chez moi les principes de ma formation de  discipline positive en classe. Lorsque nous cherchions avec ma fille et son camarade des méthodes pour faire en sorte que nos cours de français soient moins interrompus par leurs histoires, le camarade propose de donner une récompense à celui qui interrompra le moins. Ainsi, quand un professeur (en l’occurence moi) lui demande quelques chose, il ne s’y trompe pas : il considère que c’est dans le seul interêt du professeur qui est donc responsable de trouver une autre motivation pour ses élèves. Ma réponse l’a pris par surprise. Je lui ai en effet expliqué ma perspective. Que j’aimerais que sa raison pour ne pas interrompre ne soit pas une récompense, mais bien de participer à un cours plus agréable pour tous. Et c’est effectivement ce qui s’est finalement passé ! Comme quoi, cela vaut la peine d’avoir confiance

Est-ce plus facile ?

Avertissement : ce paragraphe est une réflexion toute personnelle, et non une retranscription de ce que dit Gordon. D’une certaine manière, je comprends bien que tout est plus facile lorsque l’enfant obéit ! Ou, du moins, que cela serait plus facile si l’enfant obéissait tout le temps. Parce qu’alors, il nous suffirait de lui indiquer ce qu’il a à faire, et nous n’aurions pas à nous battre pour que cela se fasse ! Etre parent est un travail épuisant, et nous aimerions bien que nos enfants nous le simplifient parfois… Finalement, notre jugement sur cette nécessité d’obéissance correspond bien à un jugement par rapport à nos propres intérêts. Bien vu. Seulement, j’y vois deux problèmes majeurs.
  1. De toute façon, nos enfants n’obéissent pas systématiquement. Jamais. Ce n’est donc pas plus facile. Et je crois même plus difficile de se raccrocher à ce modèle qui voudrait qu’ils obéissent. Car nous ne cessons alors de nous heurter à des situations ressenties comme des échecs, et pour nous, et pour eux.
  2. Au passage, nous ne développons absolument pas les qualités que nous aimerions voir plus tard chez nos enfants. Ni l’autonomie, ni la prise de décision, ni le sens critique, ni la confiance en eux… Si tout ceci ne vous apparait pas clairement, je vous encourage à passer un moment à concevoir votre plan de route parental !

Que faut-il pour que cette méthode fonctionne ?

Le pouvoir du contrôleur

La base de tout ce système, c’est le pouvoir du contrôleur. Dans ce chapitre, le pouvoir est au coeur du discours. En effet, pour que le contrôleur puisse mettre en place la carotte et le bâton, ces motivations externes à adopter un certain comportement, encore faut-il qu’il ait un pouvoir sur l’enfant. Et ce pouvoir découle du fait qu’il ait les moyens de satisfaire ou d’empêcher les besoin s de l’enfant. Nous sommes dans une logique de contrôle externe pur, ne laissant pas de place au contrôle interne. Et ce contrôle externe n’est rendu possible que par la position de l’adulte. C’est lui qui a effectivement à sa disposition les moyens physiques de satisfaire l’enfant, ou non.

L’impact sur la relation

Ainsi, l’interêt du contrôleur est de garder l’enfant dans une position qui permet à l’adulte de garder les rênes. (Tiens, nous filons la métaphore de la carotte et du bâton !) Ce qui aura pour résultat « une relation de dépendance et de crainte ». L’enfant attend en effet au quotidien le jugement et le bon vouloir de l’adulte… Je pense que l’on peut rapprocher ce commentaire de ce que dit Jane Nelsen de la punition. Dans La discipline positive en effet, Jane Nelsen présente ce qu’elle nomme les « 4 R de la punition » : Rancoeur, Revanche, Rébellion, Retrait. Dans tous les cas, on se retrouve dans une relation qui est loin de répondre à ce besoin de connexion que nous avons déjà évoqué. Fondamentale dans une relation harmonieuse, la connexion est ce qui nous permettra d’espérer la coopération de notre enfant. Les méthodes traditionnelles de récompenses et punitions sont donc de nouveau un frein à cette coopération

Grosse surprise quand l’enfant grandit…

Autre problème de ces méthodes : l’écart entre les moyens de l’adulte et ceux de l’enfant se résorbe au fur et à mesure que celui-ci grandit. Ainsi, l’adulte perd peu à peu son pouvoir sur les besoins de son enfant, et, par effet immédiat, il perd le contrôle ! Et nous voilà avec des parents qui ne comprennent plus leur adolescent… Quand il était petit, il était si mignon… et maintenant, il n’écoute plus rien !!! Je reprendrai ici simplement les mots de Gordon : « Comme ils ne peuvent plus contrôler leur enfant, comme ils n’ont jamais appris à l’influencer, ils se sentent impuissants. »

Un mot sur les conséquences

Je noterai sobrement le fait que Gordon écarte ici également toute forme de conséquence, qu’il considère être souvent assimilable à une punition. J’ai besoin de réfléchir et formuler encore les arguments qu’il formule ici. Car je suis convaincue qu’il y a une vraie différence entre la punition et la conséquence. Mais je sais aussi que c’est une compétence qu’il est difficile de maîtriser. Nous avons d’ailleurs déjà soulevé la nécessité de chercher à avancer vers la recherche de solutions plutôt que vers les conséquences. Je crois qu’une grande part de la différence tient également à notre posture, notre communication, notre intention en fait. Et cette intention n’est pas toujours évidente à identifier. Je trouve ainsi régulièrement des exemples de situations identiques qui pourraient tout aussi bien être interprétées comme une punition, ou comme une conséquence, selon la manière dont la communication est menée. Je reviendrai donc sur ce thème.

Comment changer notre posture ?

Rome ne s’est pas faite en un jour, et nous aurons besoin d’abord de faire preuve de bienveillance envers nous-mêmes tandis que nous cherchons à avancer sur ce chemin de parentalité positive. Pour commencer cependant, je vous propose les étapes suivantes, au rythme de questions à vous poser à vous-mêmes.
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Pour prendre de la distance par rapport au jugement du contrôleur

  • Suis-je en train de juger l’autre ?
  • Quelqu’un d’autre que moi poserait-il le même regard ?
  • Puis-je trouver la raison positive qu’a la personne que je juge pour agir ainsi ?

Par rapport à notre schéma de pensée

  • Quelles sont, selon-vous, les raisons qui poussent les parents à rester dans ce schéma traditionnel ?
  • Quels en sont les avantages et les inconvénients  ?
Enfin, pour conclure, et malgré la longueur de cet article que je pensais au départ plus court, il me reste à vous indiquer que les chapitres suivants du livre reviendront en détail sur chacune de ces méthodes. Gordon y expliquera pourquoi, selon lui, les récompenses sont inefficaces, puis pourquoi les punitions sont inefficaces. N’oubliez pas, avant de partir, de laisser en commentaire vos réponses aux questions ci-dessus !
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4 réponses
  1. Picard
    Picard dit :

    Votre article est un ramassis de bêtises. La relation d’un enfant à son parent ne peu être en aucun cas horizontale puisque que l’enfant est à la charge du parent, dont il doit éduqué le protégé l’instruire et lui donner toutes les clefs pour s’en sortir dans sa vie future. L’obéissance d’un enfant dans ce cas là est essentiel, car il ne pourra apprendre quand écoutant ses parents. nous pourrons constaté la disparition presque total du respect et de l’éducation dans notre monde moderne, les enfants avec une éducation toujours plus libertaire se trouve pour la plus grande majorité en grande difficulté sociale ou scolaire. Ainsi je vais prendre l’exemple du règne animal ou quand dans une meute ou une communauté il y a toujours une relation hiérarchisé entre les adultes et les petits.Non sans quoi tous respect des enfants envers leurs parents disparaît . Je ne prône pas la violence ni la répression envers nos progénitures, mais les enfants ne sont pas les égaux des parents, je n’identifie cependant pas l’enfant comme inférieur, ni l’adulte comme supérieur, mais plutôt comme d’un professeur à son élève. Votre texte est dangereux car il persuade que dans notre société actuel nous devons laissé les enfants roi resté capricieux, colérique et individualiste. Je pense qu’il y à du bon dans la méthode traditionnel, qu’il y à du bon dans la méthode positive et du mauvais dans les deux, donc au lieu de privilégier plutôt l’un ou l’ autre il serait bien d’arrêté de donner des leçon d’éducation car en tant que parent je sais pertinemment que tous dépend de l’enfant et de la situation.

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Et en effet, vous donnez, dans votre commentaire, un bel exemple de votre manière de vivre le respect, en commençant par « votre article est un ramassis de bêtises. »…

      Répondre
  2. Marie - japprendsaetremaman.com
    Marie - japprendsaetremaman.com dit :

    Quand je lis le commentaire de Picard, je me dis qu’une majorité de parents que je vois dans la rue, à la sortie de la crèche ou de l’école auraient pu l’écrire. En effet, peu de personnes prennent le temps de remettre en question l’éducation traditionnelle qu’elles ont pour la plupart reçue et peu ont la force d’affronter leur passé. Car oui, ça peu être dur de l’affronter parfois. Et elles répètent les mêmes gestes, les mêmes mots sans se rappeler que cela les blessaient enfant. En effet, il apparaît de prime abord beaucoup plus simple (en apparence et à court terme) de faire plier l’enfant par la force que de construire au fil du temps une relation de coopération avec lui. Un parent autoritaire exige une obéissance immédiate, sans soupçonner qu’en exigeant, il rabaisse son enfant. En faisant cela, il se croit respecté mais en fait il est seulement craint. Puis les années passent. Combien d’adolescent ayant subi ce genre d’autoritarisme se rebelleront ou s’autodétruiront ? Combien d’adultes couperont les liens avec leurs parents faute d’une relation basée sur l’empathie et l’amour inconditionnel? Ce sont des questions que tous parents, moi comprise, doivent se poser pour maintenir un lien d’amour avec leurs enfants.
    Alors il est vrai, la répétition des consignes, l’explication maintes et maintes fois, prennent plus de temps qu’une punition, mais au final, cela paie, j’en suis sûre. Pour exemple, ma fille de 3 ans a réussi dernièrement à prendre les feutres qui sont sur une étagère et a commencé à mettre quelques traces sur les murs. Je pense qu’elle se doutait qu’il ne fallait pas le faire, alors elle m’a appelée et m’a montré une des traces. Comme je ne l’ai pas grondée et ne la punie jamais, mais lui réexplique que le coloriage se fait sur une feuille, elle n’a pas eu peur de me dire ou étaient toutes les autres traces et nous avons pu les effacer ensemble (utilisation de la conséquence: « on répare une faute » et non « je te punis ») car elles étaient toutes fraîches. Bon c’est juste un exemple, mais si ça peut faire réfléchir quelques parents, mon exemple aura servi 😉
    L’éducation positive et bienveillante peut être difficile à mettre en place car nos habitudes sont toutes autres, mais c’est à force d’efforts que nous parents, y arriveront. Notre plus grand souhait est que nos enfants soient heureux n’est-ce-pas, alors laissons les regards désapprobateurs des autres de côté et soutenons nos enfants dans leur éducation. Éduquer prends du temps, beaucoup de temps.

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  3. Guffond
    Guffond dit :

    Un article intéressant basé sur un livre intéressant. Comme pour toute lecture, il est important de prendre du recul et de se faire son avis en fonction de sa vision des choses, ses priorités, sa famille. Je vous remercie pour cette chronique. Le chemin vers une parentalité plus respectueuse est long mais si honorable et bénéfique, pour l’enfant ainsi que pour le parent. Certains parleront de manipulation lorsqu’on propose un choix à un enfant car le but final reste le même comme aller au bain, avant ou après le repas ? Cependant, il est certain que le ressenti n’est pas le même entre l’injonction / l’ordre / la menace et proposer un choix. Sans parler que nos enfants nous imitent… alors oui faisons de notre mieux en tant que parent mais surtout parlons à nos enfants comme nous attendons qu’on nous parle.

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