Articles qui parlent des émotions ou des sentiments et de la façon de les recevoir

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L’enfant qui tape… Voilà un des comportements les moins facilement acceptés par la société. Et pourtant, c’est un comportement qui se présente très fréquemment. Ce n’est pas du tout anormal de voir un enfant, même tout-petit, adopter un comportement agressif. Pourquoi l’enfant tape-t-il ? Comment y réagir ? Comment l’aider à évoluer dans sa maturité et à réagir autrement ? Autant de questions auquel cet article cherche à répondre.

(Au passage : je m’interroge sur cette société qui considère qu’un enfant qui tape se comporte mal, mais trouve au contraire normal qu’un parent tape son enfant pour lui apprendre à bien se comporter…

Cette contradiction est évidemment à noter dans les bonnes raisons de ne pas taper son enfant.)

Commençons déjà par nous interroger sur les causes. Il est toujours plus efficace de chercher la raison derrière le comportement que de s’adresser seulement au comportement lui-même, c’est à dire à la manifestation extérieure du problème.

Pourquoi tape-t-il ?

En général, quand on en arrive à frapper, c’est qu’on se sent démuni. Frapper, pour un enfant – comme pour un adulte – est un aveu d’impuissance. Celui qui frappe croit qu’il n’a plus d’autre solution !

Plus l’enfant est jeune, moins il a eu le temps de développer des solutions alternatives. Il est donc assez logique pour lui de taper celui qui l’agresse (en tout cas selon son ressenti), c’est sa manière de se défendre.

C’est en grandissant que l’enfant va développer d’autres solutions, moins violentes, et nous pouvons l’y aider.

Le cerveau de l’enfant est encore en développement. Il apprend énormément, et a des capacités que nous, adultes, n’avons plus. A l’inverse, certains de ses circuits ne sont pas encore complètement mûrs. En particulier, toute la partie de gestion des émotions et des sentiments. Voilà pourquoi un jeune enfant peut se jeter par terre pour hurler et taper des pieds quand il fait face à une trop grande frustration !

Si nous ne faisons jamais ça au bureau, c’est bien sûr parce que nous avons enregistré certaines règles sociales, mais pas seulement ! Nous avons aussi une capacité à processer nos émotions que l’enfant n’a pas encore. Cette partie du cerveau ne sera complètement développée qu’à 25 ans…

Il revient donc au parent d’accompagner l’enfant dans son vécu de l’émotion.

Pour cela, un outil central  : recevoir l’émotion en question !

Il est difficile de vivre sa colère, mais si en plus, la personne qui nous fait face nous commente : « Arrête de t’énerver ! », on va plutôt exploser ! Face à un enfant en colère, on commentera donc plutôt : « Tu sembles très énervé ! ». Le simple fait de voir que l’émotion est perçue par l’entourage aidera à calmer l’enfant.

Si, comme dans le cas qui nous intéresse, l’enfant va jusqu’à en taper un autre (ou un parent), on peut également constater cela : « Tu es tellement énervé que tu n’as pu t’empêcher de me taper ! ». Ce n’est pas la peine de le nier, c’est un fait. On l’observe, c’est tout. Ca ne veut pas dire qu’on est d’accord. On va au contraire passer le message à l’enfant que les émotions sont toutes permises, mais que les actes ne le sont pas. Parce qu’il reste vrai que taper l’autre est inadmissible. On peut donc exprimé notre mécontentement, avec fermeté, et bienveillance à la fois : « Je vois que tu es très énervé ! En même temps, je ne peux pas te laisser taper ton frère. Il va falloir trouver d’autres façons d’exprimer ta colère ! »

Le modèle

Un enfant reproduit ce qu’il observe. Donc, plus l’enfant verra autour de lui des adultes qui tapent, plus il tapera lui-même. Comme nous le disions en début d’article, si nous voulons que notre enfant apprenne à ne pas taper, le premier principe à suivre sera évidemment de ne pas le taper !! Jamais. C’est aussi simple que cela. C’est aussi inadmissible que le fait qu’il frappe ou morde quelqu’un. Si nous voulons lui enseigner le respect des autres, nous devrons lui montre comment cela se vit, verbalement, même lorsque nous perdons patience.

Et si nous sommes à court d’alternatives, passons le temps qu’il faudra à développer d’autres compétences, nous gagnerons bien plus de temps à long terme qu’en entrant dans un rapport de force ou une lutte de pouvoir qui va encourager sa rébellion.

Le temps de pause

L’outil le plus essentiel pour éviter d’exprimer sa colère de telle façon, c’est de prendre un temps de pause.
Là encore, cette méthode est valable autant pour les enfants que pour les parents.
Un temps de pause, cela signifie qu’il faut s’extraire un moment de la situation.

Attention cependant : nous ne sommes pas dans le schéma de l’isolement « pour y réfléchir ». Car, en étant submergé par la colère, on n’est pas capable de réfléchir !! Le vocabulaire utilisé, le ton, notre présentation des choses enfin, fera toute la différence.

Le message : « Je vois que tu es trop énervé pour pouvoir parler pour l’instant. Je te propose de prendre un temps de pause, pour laisser la colère retomber. »

L’idée est qu’il prenne le temps de se reconnecter à lui-même. Alors seulement, il sera possible de parler de la situation.

L’idéal serait de pouvoir l’y aider, l’accompagner dans cette démarche. Surtout pour les plus jeunes.

Cependant, ce n’est pas toujours facile. Je suppose que cela dépend également du parent. De mon côté, je sais que je ne suis pas capable de faire face trop longtemps à une tempête émotionnelle : si je prends trop sur moi pour cela, je serai tellement tendue que c’est ensuite moi qui me mettrai à crier, ce qui n’est pas souhaitable non plus !! Alors, je m’écoute. Lorsque je suis sereine, je reçois et j’écoute tout en continuant à parler doucement. Parfois, je fais appel à l’image de la coupe pour recevoir les pleurs de l’enfant, qui me permet de m’en détacher.
Et puis, lorsque je sens que je ne le peux pas, que je dois également prendre soin de moi pour pouvoir prendre soin des enfants, je fais le choix de laisser le temps à l’enfant de son côté. « Je comprends que tu aies besoin de temps. Tu peux aller pleurer dans ta chambre, si tu veux. »

Jane Nelsen (auteur de la discipline positive) suggère même la création d’un endroit spécial pour le retour au bien être. Cet endroit peut avoir été conçu avec l’adulte en dehors d’un moment de colère. L’enfant peut alors décider d’y mettre un coussin, un livre, ce qu’il veut pour l’aider à se sentir mieux.

Cette méthode est également à utiliser lorsque les enfants se tapent entre eux. Bien sûr, il faudra intervenir, et poser un cadre solide. Mais pour commencer, il vaut mieux les séparer.

Là encore, l’intonation joue un rôle clef. Nous ne choisirons pas de les séparer avec des mots associés à la punition tels que « Chacun dans sa chambre ! Et vous n’en sortez pas avant que je vous le dise ! », mais plutôt : « Je vois deux enfants très énervés, et je crois que vous avez besoin d’un temps de pause. »

Prévenir plutôt que guérir

Autant lorsque l’enfant est sous le coup de la colère, il est impossible de l’atteindre, autant en parler avec lui pendant un moment calme sera une bonne idée.

Plus nous parlerons avec l’enfant de ce que sont les émotions, mieux il pourra les comprendre et les contrôler. Il ne les maîtrisera pas forcément, et ce n’est pas ce que l’on cherche, mais il réagira différemment à son mécontentement.

Donnons-lui le vocabulaire qui convient pour qu’il puisse communiquer ce qu’il ressent, et cherchons des options avec lui :  « Ecoute, je vois que tu as encore du mal parfois à exprimer ta colère autrement qu’en frappant. Est-ce que tu voudrais qu’on réfléchisse ensemble à d’autres façons de réagir ?  »

Et les autres façons de réagir ne manquent pas :
respirer, dessiner sa colère, s’isoler (dans un coin de retour au calme conçu pour, comme évoqué précédemment, c’est encore mieux !), compter jusqu’à 10, courir autour de la table, aller crier dans le jardin…
Une bonne manière d’exposer ces alternatives peut être de construire avec l’enfant une roue des options !

Lorsque l’enfant tape, développer son empathie

Je me joins à Jane Nelsen pour dire que chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.

Lorsque l’enfant tape, il fait une erreur. Ne lui tombons pas tout de suite dessus, il a besoin d’apprendre.

Que va-t-il apprendre cette fois ? L’empathie !

Lorsqu’il sera en mesure de nous écouter (inutile, je le répète, d’essayer de lui parler tant qu’il est sous le coup de la colère), nous pourrons l’encourager à essayer de se mettre à la place de l’autre : « Je crois que tu as fait mal à ton copain. As-tu vu qu’il s’est mis à pleurer ? Sais-tu pourquoi ? »

Un exemple incroyable d’accompagnement de l’enfant vers l’empathie après un épisode où un enfant tape l’autre :  celui du blog Happynaiss avec ses filles.

Lorsque j’ai un épisode de geste violent entre mes plus jeunes, j’en profite pour leur parler de nos valeurs familiales. Je leur explique que dans notre famille, nous aspirons à nous sentir en sécurité. En général, ils sont d’accord sur l’idée ! Et c’est déjà un vrai pas en avant. Cela m’encourage à avoir confiance. Confiance dans le fait qu’en grandissant, ils sauront réagir différemment. Ils sont en train d’apprendre la sociabilisation, et ce n’est pas une mince affaire…

Et si l’enfant nous tape ? Poser nos limites.

Si l’enfant nous tape, c’est encore une opportunité ! L’opportunité de lui donner l’exemple de ce que l’on peut faire lorsque quelqu’un nous tape. Parce que l’enfant apprend par l’exemple, notre façon de réagir l’inspirera le jour où cela lui arrivera. Cela peut nous aider à décider comment nous réagirons face à lui, conscients de l’exemple que nous sommes en train de lui donner.

Pour cela, prenons le temps d’y réfléchir : imaginons qu’un camarade lui donne des coups. Comment voudrait-on qu’il réagisse ? C’est probablement de là qu’il faut partir pour décider comment nous réagirons face à lui.

Je ne sais pas quelle sera votre réponse face à cette question. Chacun la sienne.

De mon côté, je n’ai pas envie qu’il réagisse en rendant les coups (à son petit frère qui n’aura pas encore appris à se contrôler par exemple), ni pour autant qu’il accepte juste de recevoir des coups.
Non, je voudrais qu’il sache poser ses limites, et communiquer le fait qu’il n’est pas d’accord.

Alors, c’est ce que je vais faire.

Je ne le laisse pas me taper, et je le lui dis clairement et fermement : « Je sais que c’est difficile pour toi. En même temps, je refuse de me laisser frapper.« .
Ainsi, je reçois sa colère, je ne l’humilie pas, je suis juste ferme sur ma position. Et si cela ne suffit pas, j’agirai, en m’éloignant, et en restant hors de portée.

Après l’épisode, et pour que ce soit clair, j’en parlerai avec mon enfant.

Je chercherai d’abord à « prévenir plutôt que guérir », comme évoqué plus haut : « Je vois que parfois, tu es tellement énervé que tu as envie de me taper. Tu as le droit d’être d’énervé, mais pas de me frapper. On peut chercher ensemble d’autres moyens d’exprimer ta colère si tu veux. ». Si cela est trop fréquent, je le préviendrai également de la conséquence dans le cas où il n’y parviendrait pas : « Si à un moment où tu n’y arrives pas, tu recommences à me frapper, je changerai de pièce. Je serai ravi(e) de revenir te parler et t’écouter si tu le veux lorsque tu seras prêt à communiquer avec moi sans me taper. »
Ainsi, si cela recommence, effectivement changer de pièce, simplement. Sans trop commenter.
Soit en disant juste : « Tu es énervé. Je ne veux pas me laisser taper. », soit même en ne disant rien, puisqu’il le sait déjà. S’en aller, simplement.
S’il se calme et revient, parfait.
S’il hurle, à nous de revenir au bout d’une minute, et demander : « Je voudrais bien t’aider. Es-tu prêt à ne plus me frapper ? » Simplement.

Parce que c’est bien ce que je voudrais que mon enfant fasse si quelqu’un le tape. Qu’il s’en aille. Pas qu’il se laisse taper. Je lui donne ainsi le modèle de comment poser ses limites physiques. Je me respecte moi-même et lui montre comment faire.

La courbe d’apprentissage

Dans cet apprentissage, comme pour n’importe lequel, le temps est clef. Rome ne s’est pas faite en un jour.

Chez nous, à un moment, on répétait : « on ne tape pas, on ne pousse pas, on exprime sa colère avec des mots ». Parce que mon 3e tapait régulièrement mon 4e.

En théorie, ma priorité était claire : je voulais qu’il apprenne à s’exprimer. Que sa colère ne soit plus communiquée par des gestes, mais verbalement, par des mots. Et, en même temps, je ne voulais pas non plus qu’il crie ! Puis j’ai compris qu’il fallait laisser le temps de l’apprentissage, alors j’ai accepté les cris. Parce qu’il valait mieux qu’il crie plutôt qu’il tape..

Parfois, il faut savoir gérer les priorités, ne pas s’attaquer à tout à la fois.

Et sur son chemin, l’enfant a également besoin de se construire. De construire une image de lui-même selon laquelle il est capable de réagir sans taper. Alors, plutôt que d’insister sur le fait de ne pas taper lorsque cela lui arrive, remarquons plutôt les moments où cela se passe bien.

Ainsi, dans cette période évoquée ci-dessus, je notais : « Dis donc, je t’ai entendu crier, tu étais très enervé !! Et tu as réussi à le dire sans frapper. » Pas besoin de compliment, rien que le fait que vous l’ayez noté suffit ! Ca aide l’enfant à changer l’image qu’il a de lui-même. Parce que si on passe trop de temps à lui dire tout ce qui ne va pas, il ne voit plus qu’il sait faire autrement.

Plus tard, on a travaillé sur les cris…

La clef donc : ne pas se désespérer, persévérer, et surtout, surtout, avoir confiance. Votre enfant apprendra. C’est certain.

Et si vous voulez télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

Ce matin, je me sens contente en amenant les petits à l’école. Nous nous sommes bien organisés, nous sommes en avance, ce qui est loin d’être toujours le cas.

Il ne fait pas trop chaud, Anatole (3 ans), de bonne humeur, sautille devant Léon (6 ans) et moi, avec des chaussures qui appartenaient auparavant à Léon.

Léon commente :
“Ces chaussures, elles sont rarement à Anatole.
– Qu’est-ce que ça veut dire qu’elles sont “rarement” à Anatole ?
– Tu ne connais pas le mot “rarement” ? C’est rare que tu ne connaisses pas un mot.
– Je connais le mot “rarement” mais je ne comprends pas la manière dont tu l’utilises ici.
– Et bien, je dis que ces chaussures sont rarement à Anatole ! (avec un ton un peu plus ferme)
– Oui, mais…
– Mais tu comprends rien !! (Cette fois, il s’énerve carrément…)  Elles sont rarement à Anatole !!! se met-il à crier. (On nous regarde même depuis le trottoir d’en face)
– J’aimerais bien que tu ne me cries pas dessus.  – dis-je très calmement, je m’admire moi-même !
– Mais c’est parce que..; oh !!! Tu comprends rien ! crie-t-il encore
– J’essaye de comprendre, et j’aimerais que tu ne me cries pas dessus.”
Cette fois, il ne peut plus se contenir, il lâche son sac, crie, et s’éloigne.

Bon, je respire, et ça me donne le temps de me dire que peu importe l’utilisation du mot “rarement”, le fait qu’il se mette dans cet état-là prouve probablement qu’il y a autre chose, un autre problème que je n’ai pas perçu, et que cette frustration sur notre incompréhension n’est qu’un prétexte.

Inutile de me focaliser sur la pointe de l’iceberg et d’adresser son comportement à ce moment-là, il sera plus utile d’en identifier la cause.

Je décide donc – ouf, je n’y arrive pas toujours !! – de lâcher prise sur le fait de me parler mal, et d’essayer d’écouter ce qu’il peut se passer.

Je m’arrête, et ne dis plus rien, en attendant qu’il récupère son sac.
C’est encore une petite difficulté, car le sac est resté quelques mètres derrière, et je n’ai aucune envie d’aller le chercher.
“Mon sac est trop lourd !!
– Je veux bien le porter si tu veux, dis-je sans bouger.
– Il est trop lourd, je ne peux pas aller le chercher !
– Tu as su le porter jusqu’ici, et tu l’as lâché parce que tu étais énervé. Je ne retournerai pas le chercher, mais je pourrai le porter à partir d’ici si tu veux.
– Il est trop lourd !! Et en plus, je ne veux pas aller à l’école !”

Nous y voilà…. Problème d’école…
Je ne réagis pas encore. Une chose après l’autre. 

Nous en sommes encore à la question du sac. J’attends sans rien dire, calmement.
Heureusement que nous sommes partis tôt ce matin… La parentalité positive est également une question de rythme !
Je me rappelle la crise d’Anatole de la semaine dernière, alors que nous étions déjà en retard : j’étais tellement stressée que je n’arrivais plus du tout à gérer et nous sommes tous arrivés énervés à l’école !
Mais ce matin, ça se passera mieux, j’ai confiance.

Et en effet, en peu de temps, Léon se calme un peu. Il récupère son sac et me rejoint.
Je prends le sac et nous marchons encore un peu sans rien dire.
Lorsque je le sens un peu plus posé, je commence à lui caresser la nuque.
Immédiatement, il s’arrête et me fait un câlin !
Il a suffi d’un simple geste d’affection pour me reconnecter…

Je peux maintenant creuser le sujet :
“Tu dis que tu ne veux pas aller à l’école ?
– Non !
– Que se passe-t-il ?
– Je ne peux pas apporter mon Mack à l’école !!”
Il s’agit du nouveau camion qu’il a eu pour son anniversaire, quelques jours auparavant.

“Ah… Toi, tu aurais aimé pouvoir apporter ton Mack..
– Oui ! J’ai envie de jouer avec !
– Tu voudrais l’apporter pour pouvoir jouer avec, ou pour le montrer aux copains ?
– Pour jouer avec !
– C’est une bonne nouvelle que ce soit pour jouer avec : parce que tu pourras jouer avec à la maison, alors que tu ne peux pas le montrer aux copains à la maison.
– Oui, mais je veux l’apporter à l’école !!”
Cette fois, nous ne sommes plus dans la colère, mais dans la tristesse.

Alors, je décide, pour mieux le recevoir, de basculer dans la technique magique de l’imaginaire !
“Si tu pouvais apporter ton Mack, tu l’apporterais vide, ou avec des voitures dedans ?
– Avec 16 voitures dedans ! “
On change d’humeur : voilà mon Léon qui se met doucement à sourire…

Je pousse la projection :
“A l’école, il y a des voitures aussi, non ?
– Oui… J’ai une idée ! Je l’apporterais avec 16 voitures, et les copains pourraient jouer avec mes voitures pendant que je mettrais des voitures de l’école dans mon Mack.
– Ah, ce serait chouette, ça ! Et comment ferais-tu pour ne pas mélanger tes voitures et celles de l’école ?
– Ben, je connais mes voitures ! Je les retrouverais !”

A ce moment-là, nous arrivons devant la porte de l’école. Mon Léon n’est pas complètement au top, mais il a pu s’exprimer, il s’est projeté, il a mieux accepté les contraintes, et il n’est plus ni en colère ni triste au moment où il entre dans sa classe.

Je me félicite d’avoir pu l’accompagner, nous pouvons à présent passer chacun à l’étape suivante de notre journée, sereinement.

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

La confiance en soi… un thème fondamental pour avancer dans la vie ! Cela vaut la peine de s’y pencher, car, bien sûr, elle prend ses racines dans l’enfance.

Cet article est écrit dans le cadre d’un festival d’articles organisé par l’épatante Caro du blog Entrepreneuses à succès.
Le concept : Carolle a fait appel à différents blagueurs pour un tour d’horizon sur le même thème :
« Avoir confiance en soi pour réussir ».
Evidemment, mon regard est tourné vers l’enfant…

Deux groupes d’élèves de CM1 ont reçu une feuille d’exercices. Chaque feuille contient 3 exercices, et le 3è est le même dans les 2 groupes. Ce qui diffère, ce sont les deux premiers : dans un cas, ces deux premiers exercices sont faciles, dans l’autre, ils sont difficiles.
La situation dans laquelle ces élèves se trouvent au moment d’aborder le dernier exercice n’est donc pas la même :
Dans le 1er cas, les élèves viennent de réussir deux exercices (car ils étaient faciles), ils ont compris qu’ils étaient capables de faire les exercices qu’on leur demandait, et abordent ce 3ème exercice avec confiance.
Dans le 2ème cas, les élèves viennent de faire face à des difficultés, de peiner, éventuellement d’échouer à résoudre les 2 premiers exercices. Ils abordent donc le dernier avec un certain découragement.
Vous l’aurez compris : le taux de réussite de ce dernier exercice est bien plus fort dans le premier groupe ! Pourtant, le dernier exercice était identique, et les élèves de niveau équivalent…
Seulement voilà : pour réussir, il ne faut pas seulement savoir faire, il faut aussi avoir confiance en nous !

Bien sûr.
Seulement, comment faire pour avoir confiance en nous ? Qu’est-ce qui explique que certains d’entre nous doutent sans cesse de leurs capacités, et d’autres non ?
C’est probablement le résultat de beaucoup de facteurs combinés, il serait impossible de donner une réponse unique. Je crois cependant que ce genre de qualité a beaucoup à voir avec notre enfance, et notre éducation.

Je voudrais donc soulever le point suivant :
comment aider nos enfants à développer leur confiance en eux ?

Souvent, quand on éduque nos enfants, on est focalisé sur le quotidien, sur les règles, sur le fonctionnement de la maison, et on oublie de se fixer un objectif à long terme, comme une carte de route à suivre pour arriver où l’on voudrait.
Si nous nous arrêtions pour cela, et que nous listions ce que nous aimerions aider à développer chez nos enfants à long terme, il est probable que dans notre liste figurerait “la confiance en soi”.

La confiance en soi, qu’est-ce ?

Avoir confiance en soi, c’est croire en ses capacités. Mais pas seulement. Lorsqu’on a confiance en quelqu’un, cela signifie qu’on a foi en l’autre, confiance en ce qu’il est, en ses valeurs, en ce qu’il dit. La confiance en soi, c’est donc également cela : avoir confiance en ce que nous sommes, en nos valeurs, confiance en ce que nous nous disons à nous-mêmes, c’est à dire en ce que nous ressentons.

Seulement voilà, nous les parents, au moment où nos petits, encore bébés, commencent à exprimer ce qu’ils ressentent, nous avons déjà tendance à le nier : “Chut.. ce n’est rien ! Allons, arrête de pleurer…” “Il n’y a pas de raison de s’énerver !” .. Et plus tard, face aux situations difficiles : “n’aie pas peur !”
Ainsi, en tant que parents, nous faisons souvent fausse route dès le départ, inconsciemment.

Validons les sentiments de nos enfants

C’est le moment de faire une pause. De faire un pas en arrière, et de devenir conscients de ce que nous disons, gardant en tête notre carte de route, celle qui inclut la confiance en soi à développer chez nos enfants.

Car en niant ainsi les sentiments de nos enfants, nous affirmons qu’ils ne peuvent croire en ce qu’ils ressentent. Ils identifient leur détresse, leur colère, leur peur, et, sous prétexte de les rassurer, nous les mettons en doute. Nous leur indiquons de ne pas avoir peur (comme si un sentiment pouvait s’ordonner !), nous leur expliquons que leurs raisons sont mauvaises.

Bien sûr, cela part d’une bonne intention : nous cherchons à les rassurer, à les faire se sentir mieux. Nous n’aimons pas voir nos enfants malheureux. Nous avons en général de bonnes raisons de nier les sentiments de nos enfants.
Ainsi, à mon neveu qui pleurait d’avoir raté sa première étoile, une amie disait : “Mais c’est pas grave ! Tu l’auras l’année prochaine !” La déception n’a donc pas lieu d’être ? Imaginons ce qui peut se passer dans la tête de ce petit garçon : “J’ai tort de pleurer ? Je ne devrais pas ? Ce n’est en fait pas grave ? Pourquoi alors me sens-je ainsi ? Ce n’est peut-être pas normal… Je ne peux pas me faire confiance pour savoir si ce que je ressens est valide, en fait…”
Arrivé à l’adolescence, lorsqu’une personne dominante du groupe voudra entrainer les autres dans une situation dangereuse, il est probable alors que tous ceux qui ne se sentent pas à l’aise avec cette idée se remémorent tous les moments où on leur a dit “N’aie pas peur !” et taisent simplement leur malaise, honteux de le ressentir et de ne pouvoir se faire confiance à eux-mêmes…

Ceux qui réussissent croient en eux-mêmes, savent qu’ils peuvent s’écouter. Savent que ce qu’ils ressentent et ce qu’ils expriment est valide.
Pour les aider à atteindre cet objectif, validons les sentiments de nos enfants.
“Tu es déçu de ne pas avoir eu ta première étoile…” est un bien meilleur accompagnement de l’enfant : il apprend à identifier son sentiment, à le recevoir, et il apprendra même par l’expérience que certains sentiments ne durent pas. Nous l’armons donc bien mieux pour les futures expériences difficiles, qu’il ne manquera pas de vivre !

— Note : si ce thème de validation des sentiments vous inspire, faites donc un tour sur la présentation de ma mini-formation d’accompagnement des émotions

Laissons-les faire seuls !

La confiance en soi, c’est également savoir que l’on est capable.

Dès le plus jeune âge, c’est ce que cherche l’enfant. “Moi tout seul”. Ce n’est pas toujours évident pour nous, parents, parce que nous savons qu’il n’y arrivera pas, ou que ça prendra beaucoup plus de temps et que nous sommes pressés, ou parce qu’il risque d’y avoir des dégâts au passage, parfois simplement parce que nous voulons nous sentir utiles en les aidant…

Toutes ces raisons sont les nôtres, et elles sont valables, mais la force de vie qui anime nos enfants dans ces moments-là est également ce qui nous aidera à suivre le cap.

Laisser l’enfant faire seul est une priorité

Dans la pratique, comment l’appliquer ?

  • lui offrir un environnement à son niveau (beaucoup de bonnes idées pour commencer dès le début, dans cet article de “parents naturellement” sur l’autonomie de bébé)
  • prendre le temps de lui enseigner. “Voici comment on verse le lait dans le bol…”
  • s’il y a des dégâts, c’est également l’occasion d’un enseignement : “Pour nettoyer, tu peux prendre cette éponge-là.”
  • calculer plus de temps pour le lui laisser.

Plus nous laisserons d’autonomie à notre enfant, plus il se sentira capable.
Ainsi, dès qu’ils le peuvent, encourageons-les à participer à la vie familiale.
Même s’ils y sont au départ réticents (parce que nous leur avons donné de mauvaises habitudes), le fait de contribuer sera bénéfique pour leur confiance en eux.

Surtout, surtout, gardons en tête cette idée-là :
“Nous aidons mieux en aidant moins.” Haïm Ginott

Laissons-les décider seuls

Enfin, l’un des points les plus difficiles pour nous, est d’accepter que nos enfants sont capables de prendre leurs propres décisions.
Nous sommes des guides, oui, mais il y a une énorme différence entre l’autorité qui impose et le guide qui inspire.
Si nous attendons de nos enfants qu’ils obéissent à ce que nous leur demandons, sans même y réfléchir, nous ne les aidons pas à développer leur sens des responsabilités, et leur prise d’autonomie. Nous risquons plutôt d’encourager des luttes de pouvoir, ce qui est encore un autre problème. Voilà pourquoi je ne cherche pas à avoir des enfants obéissants. (lien)
Cela ne veut pas dire que nous ne leur demandons plus rien. Au contraire. Un bon leader encourage à la coopération ! Nous chercherons donc à influencer plutôt qu’à imposer.

Et dans les décisions du quotidien, encourageons nos enfants à se poser des questions, à prendre leurs décisions, et à en constater le résultat. Bien sûr, cela veut dire qu’ils feront face à des échecs, que nous ne leur aurons pas évités. Mais c’est ainsi qu’ils apprendront. Et quand ils réussiront, ils pourront être fiers d’eux, fiers d’avoir persévéré, fiers d’avoir accompli quelque chose seuls. Ils s’affirmeront pour ce qu’ils sont, sans se sentir un prolongement de nous.

Alors, nous les aurons vraiment aidés à avoir confiance en eux pour réussir.

Cliquez ici pour consulter les autres articles de ce carnaval sur le thème de la confiance; sur le blog entrepreneuses à succès !

Etude de cas pratique !

Nous sommes dans un magasin, et notre petit s’intéresse de très près à ce lion en peluche… Comment faire pour éviter la crise ??

D’abord, rappelons-nous que le fait qu’il s’y intéresse ne veut pas forcément dire qu’il le veut. « Montrer n’est pas vouloir », comme le disait Isabelle Filliozat.

Nous commencerons donc par réagir en partageant son enthousiasme : « Dis donc, il est gros, ce lion ! »

Si l’enfant continue à vouloir le regarder, ou qu’il nous demande clairement de l’acheter, on passe à la phase suivante :
« Il te donne envie, je comprends. Si tu veux, tu peux le regarder encore un peu avant qu’on continue nos courses. »
(oui, nous étions un peu pressés, mais nous perdrons moins de temps à regarder le lion une minute qu’à nous battre contre un enfant qui pleure parce qu’on n’a pas daigné écouter son envie. D’ailleurs, si le magasin n’est pas trop grand, on pourrait même le laisser seul devant le lion pendant qu’on va cherche notre yaourt…)
Si c’est le fait de le toucher qui l’attire vraiment, on peut décider plutôt de réagir ainsi : « Tu voudrais le prendre dans tes bras pendant qu’on fait les courses et revenir le reposer avant qu’on passe à la caisse ? »

D’ailleurs, ces deux options pourront nous servir pour lui donner un choix dans nos limites s’il répète qu’il veut qu’on le lui achète : « Ecoute, tu peux le regarder une minute, ou bien le prendre dans tes bras pendant les courses. Pendant que tu décides, j’avance vers le pain, tu me rejoins dès que tu es prêt. »
(Ca c’est important aussi, dans notre attitude : on avance comme si la cause était déjà gagnée, ainsi, on refuse de rentrer dans un jeu de pouvoir)

On évite d’ailleurs de rentrer dans le jeu de l’enfant qui insiste en ne se répétant pas trop. Si l’enfant redemande l’achat du lion, nous répondrons sobrement : « Tu connais déjà la réponse à cette question. » Mais on peut avoir, comme le suggérait Catherine Dumontheil-Kremer dans Poser des limites à son enfant, au  chapitre sur le fait de refuser, un petit carnet pour les envies, et lui suggérer de dessiner un lion dessus !

Ou bien, ce sera peut-être le moment de lui concéder dans l’imaginaire :
« Qu’est-ce que tu ferais si on pouvait acheter ce lion ? » tout en lui prenant la main pour le faire avancer… Il entrera alors dans sa description de sa façon de jouer avec le lion, et on pourra sourire et participer, jusqu’à ce qu’on arrive à lui montrer autre chose.

Encore mieux que la distraction visuelle : impliquer notre enfant en lui demandant de l’aide. « Tu pourrais aller me chercher une baguette ? Elles sont là, regarde, dans ce panier. »

Il y a fort à parier que toutes ces méthodes vous permettront de couper à bien des problèmes d’envie dans les magasins. Cependant, il y aura toujours les cas (surtout si l’enfant est fatigué) où rien ne fonctionnera, et où on se retrouvera simplement face à un enfant hurlant, malgré tous nos essais…

Ne le prenons pas personnellement. Souvenons-nous, il est petit, son néo-cortex n’est pas encore complètement développé, il ne sait pas bien gérer ses émotions. Alors, nous recevrons l’émotion, en essayant de rester détachés (c’est parfois difficile pour nous aussi, surtout si nous sommes fatigués !), et en oubliant le regard des autres : « Oui, je sais, tu voulais vraiment acheter ce lion… », et dès que ce sera possible, essayer de baisser la charge émotionnelle en l’aidant à revenir à l’instant présent : « Est-ce que tu vois quelque chose de bleu ? », « Entends-tu la musique qui passe ? ».

Dans tous les cas, notre enfant aura grandi : car il aura fait face à sa frustration.

Il l’aura traversée, plus ou moins facilement, et cela l’aidera à y refaire face quand elle se représentera.

Car l’occasion d’être frustré se représentera, c’est sûr. Nous n’aidons pas nos enfants en les en protégeant. Alors prenons cette difficulté du moment comme une opportunité : l’opportunité de les accompagner dans cet apprentissage. De les aider à grandir.

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

J’ai lu ce livre l’été dernier avant de suivre une formation de 3 jours à l’EIREM, l’école des intelligences relationnelles créée par Isabelle Filliozat, intitulée « La grammaire des émotions« .

Pour une fois, ce livre ne traite pas d’éducation, mais bien d’introspection. Il parle d’émotions et de sentiments, il aide à mieux s’écouter…

Je l’ai lu à vitesse grand V avant la formation, et je l’ai aimé, pour l’espace qu’il m’a donné.
Il me faudra cependant prendre le temps de le reprendre pour vous en parler plus…

Un des premiers pas à faire sur le chemin de la parentalité positive, c’est celui de la découverte des émotions et des sentiments.

Comprendre ce qu’est une émotion, oui, mais surtout, se rendre compte de la tendance que nous avons à les nier. Pas seulement ceux des enfants, ceux de tous. Ou du moins, de nier les sentiments négatifs. (J’utiliserai ici, à tort, les termes sentiments et émotions de manière interchangeable)

Nous n’arrivons simplement pas à les recevoir.

Ainsi, quand quelqu’un nous partage ses craintes, nous lui répondons : « Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer ! ». Si notre ami nous partage sa déception, nous lui redonnons espoir : « C’est normal de ne pas réussir tout de suite, ça viendra ! ». Lorsque notre conjoint(e) nous parle de son agacement contre son chef qui a coupé le projet, nous justifions : « Il a sûrement de bonnes raisons pour ça, même si tu ne le sais pas. »

Oui, c’est quotidien… « Ca ne vaut par le coup de te fâcher pour ça ! », « Ne l’écoute pas, il n’y connait rien. », « Il n’y aucune raison d’avoir peur ! »

Seulement voilà, réfléchissons-y : la personne en face se sent-elle réellement mieux quand nous lui suggérons de « ne pas s’inquiéter », ou pense-t-elle plutôt que nous ne la comprenons pas ?

J’en avais déjà été témoin : parfois, on voudrait juste pouvoir s’exprimer et être écouté…
Alors, d’où nous vient cette tendance ?

Pourquoi nions-nous les sentiments de l’autre ?

Parce que nous ne voulons pas qu’il se sente mal, tout simplement. 

Il y a quelques semaines, j’ai croisé dans la rue un papa portant sa petite fille de 18 mois, en pleurs. Il lui disait : « non, non, arrête de pleurer, tout va bien. Ce n’est pas grave, ça n’a pas d’importance… ». Pourtant… si elle pleurait, c’est bien que pour elle, ça avait de l’importance, n’est-ce pas ?
Que veut en fait dire ce papa ? Je crois qu’il veut surtout dire « Je n’aime pas te voir mal ma petite fille, j’aimerais pouvoir faire en sorte que tu te sentes bien, tout de suite ! »

Oui, on veut résoudre le problème.
Pourtant, et je crois très important de s’arrêter sur ce point, les sentiments négatifs font également partie de la vie.
Il est illusoire de penser qu’il est possible de ne pas les ressentir.

Si on accepte cette idée, la question est :

Que pouvons-nous faire pour aider nos enfants à les traverser ?

Les nier ? Ou les reconnaître, les laisser en vivre l’expérience, et s’apercevoir d’eux-mêmes qu’ils ne durent qu’un temps ?

Lorsqu’on nie le sentiment de notre enfant, lorsqu’on lui dit qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur, ou qu’on lui affirme que ce qui le rend triste n’est « pas grave », on lui enseigne indirectement à ne pas avoir confiance en ce qu’il ressent. On lui enseigne qu’il a tort dans ses sentiments même.

Est-ce possible d’avoir tort dans ses sentiments ?? Non, bien sûr que non ! Nous pouvons nous interroger sur les raisons qui font que nous ressentions les choses plus ou moins fortement, d’où cela nous vient, mais nous n’avons jamais tort de le ressentir ! Le simple fait que le sentiment soit présent est une raison en soi.

En accueillant plutôt l’émotion de l’enfant, on l’aide à l’identifier, on l’aide à se comprendre, à se connaître, à se faire confiance, on l’aide à savoir qu’il sait traverser cette émotion, on l’aide à grandir.

J’aurais aimé apprendre à accueillir mes émotions, moi… Ce serait probablement plus facile aujourd’hui pour identifier mes moments de tristesse, ceux où l’agacement arrive, avant que la colère ne monte…

Et si nous offrions cette capacité à nos enfants ? Celle de vivre leurs émotions en les reconnaissant. Ce qui veut dire que nous n’éviterons pas toujours la difficulté, que nous ne la nierons pas, que nous le laisserons s’exprimer. (et parfois, oui, on en a parlé, ça voudra dire le laisser pleurer…)

Attention, c’est difficile, ce n’est pas le modèle que nous avons reçu…

Y sommes-nous prêts ?

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

Un chapitre intéressant du livre Au coeur des émotions de l’enfant, d’Isabelle Filliozat, intitulé « Il m’énerve avec ses jérémiades« . On a beau savoir qu’il est important de recevoir les émotions de nos enfants (on l’a déjà vu dans les oeuvres de Faber et Mazlish, d’Isabelle Filliozat, d’Elizabeth Crary…), on se retrouve parfois simplement exaspéré !

Selon Isabelle Filliozat, plusieurs hypothèses sont possibles :

1- On est épuisé.

Quand un enfant est fatigué, c’est flagrant, il réagit beaucoup plus fort, il est beaucoup plus râleur, on l’a tous constaté. (Je l’ai vécu cet après-midi même !)
Et bien il en est de même pour nous : quand on est épuisé, on se met en colère « pour un rien ».
Alors parfois, osons poser la limite : la lessive ne se fera pas, il vaut mieux se poser, aller se coucher plus tôt. Si on n’est pas reposé, on aura forcément moins de patience !

2- Nos besoins sont en compétition avec ceux de nos enfants

Quand on est soi-même en colère, et qu’on refuse de le reconnaître, les enfants sont souvent capable de s’en apercevoir. Ils ne savent alors plus sur quel pied danser, ils vont probablement avoir un comportement qui déclenchera notre colère. Effet secondaire intéressant d’ailleurs : quelque part ils nous aident à faire sortir notre émotion ! Dommage seulement que ce soit contre eux…

Mais c’est également à nous de reconnaître nos limites, de les poser, de les communiquer. C’est ce qu’on a déjà vu dans ce même livre sur nos besoins en compétition, et ça rejoint également ce que disait Elizabeth Crary sur la nécessité de montrer le modèle en termes de limites.

3- L’émotion exprimée n’est pas juste, c’est une émotion parasite.

Le jour où je prendrai enfin le temps de finir d’expliquer les choses apprises dans mon stage de «  », j’expliquerai mieux le concept de l’émotion parasite.

On parle ici d’une émotion qui en cache une autre. Il est possible, tout comme pour nous dans le cas précédent, que la source de la colère exprimée par l’enfant ne soit pas celle qu’on voit : il s’énerve contre son frère parce qu’il est en colère contre son copain…
Seulement voilà, et c’est ce qui biaise souvent les réactions : si l’émotion exprimée n’est pas juste, on est incapable de la recevoir ! Il faudrait ici avoir le recul suffisant pour réfléchir avant d’agir, pour identifier ce qui peut se cacher…

Pour en avoir plus sur les émotions parasites, dont j’ai plus entendu parler lors de mon stage de  grammaire des émotions, vous pouvez aller lire mon article spécifique : les réactions émotionnelles parasites. 

4- C’est une émotion que l’on ne se permet pas.

Il arrive que nous ayons appris à refouler un certain type d’émotion. On n’a pas le droit d’avoir peur, ou de pleurer, ou d’exprimer sa colère… alors on ne supporte pas que nos enfants le fassent. L’exemple le plus classique est probablement le père « fort » qui ne peut pas accepter que son fils se montre « faible » en termes d’émotions…
C’est difficile de se remettre en question sur ce point, parce que comprendre qu’on a appris à s’interdire une émotion, c’est également remettre en cause nos propres parents… Le veut-t-on ?

5- Cela nous rappelle notre enfance.

Là, on va encore un cran plus loin que dans le point précédent : l’émotion de l’enfant nous renvoie à une blessure de notre enfance.
C’est une idée que j’ai déjà régulièrement vue, et dont je notais précédemment qu’elle me restait distante, mais il reste nécessaire de revenir dessus, parce que c’est visiblement un problème courant. Dans certains cas, on ne peut bien écouter son enfant que si on guérit de nos propres blessures. Il s’agit d’accepter notre colère d’enfant, rencontrer l’enfant en question, le comprendre. Certains parents auront pour cela besoin d’aide.

Retour vers l’article du livre

Nous abordons ici la 3è compétence clef présentée comme fondamentale par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.

(Tout comme dans le résumé du chapitre précédent, je conseille aux lecteurs de commencer par lire l’article du livre, en lien ci-dessus, avant de s’attaquer à cet article-ci.)

Compétence relationnelle n 3 : Gérer les émotions

Ceux qui fréquentent déjà ce site savent que les émotions sont un sujet récurrent et fondamental. Fondamental au sens même de fondation, dans la relation que l’on cherche à mettre en place quand on chemine vers la parentalité positive. Je vais donc essayer de faire passer ici les idées comme elles sont dans le livre, tout en renvoyant à ce qu’on a déjà vu…

Voici donc ce qu’Elizabeth Crary dit sur « Ce que les enfants ont besoin de savoir sur les émotions » :

  • Un vocabulaire émotionnel

Dans le premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, l’un des conseils donné pour valider les sentiments était de donner un mot au sentiment.
Plus le temps passe, et plus je me rends compte du pouvoir des mots.
Et savoir nommer ses émotions nécessite d’abord d’avoir du vocabulaire.
Il est difficile d’exprimer la différence entre du bleu roi et du bleu marine si personne ne nous a enseigné ce vocabulaire. Il en va de même pour les émotions.
Je me rends compte que c’est une de mes failles.
Certes, j’écoute l’émotion de mes enfants, mais je ne leur offre pas un vocabulaire varié en la matière. Anatole me dira “Mamaaaaaan, Léon m’a pris ma voiture et ça m’a rendu triste !”
“Triste” est devenu un mot un peu passe partout, pour dire qu’il ne se sent pas bien.
Pourtant, comme l’écrit ici Elizabeth Crary,  il y a bien des nuances dans les sentiments : on est embêté, énervé, ou furieux; on est hésitant, effrayé, ou pétrifié…
Essayons de leur donner la palette des couleurs, pour les aider à identifier ce qu’ils ressentent.
Peut-être faut-il pour ça commencer par savoir décrire ce que l’on ressent soi-même ?

  • Les émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises

On l’a déjà vu : “L’ émotion est valable par le simple fait qu’elle existe » dit le Dr Haim Ginott.
Cette idée d’accepter l’émotion pour ce qu’elle est, sans la juger, me fait profondément penser aux principes de pleine conscience…
Pour Elizabeth Crary, l’émotion est une information. Par exemple, la peur peut nous renseigner sur le fait que nous devons être sur nos gardes…
Quand nous nions les sentiments « nous enseignons à l’enfant à ne pas avoir confiance en ce qu’il éprouve ». Je me souviens encore de la façon dont j’avais été marquée par le chapitre sur l’enfant qui se fait confiance, dans Parents épanouis, enfants épanouis.

  • Les sentiments changent

Les enfants vivent dans le présent. Ils n’ont pas encore bien conscience que ce qu’ils ressentent passera. Plus cette conscience progressera, plus il sera facile de faire face à leurs émotions.

  • Sentiment et action sont différents et à séparer

Comme on l’avait écrit dans le résumé du chapitre 2 de Parents épanouis, enfants épanouis, « tous les sentiments sont autorisés, les actions sont limitées. » Et c’est ce que les enfants vont devoir apprendre. Une émotion n’entraîne pas obligatoirement telle ou telle action. Plus l’enfant a d’options, mieux il saura faire face.

  • Il existe de nombreuses façons d’exprimer ses sentiments

Certaines sont utiles, d’autres font mal. La technique la plus fondamentale est probablement de savoir rétablir le calme en soi. Pour cela, on peut trouver plusieurs idées : des façons de bouger, de faire du bruit, de penser, de se réconforter, de créer (vous vous souvenez de l’idée du dessin ?), de faire de l’humour… Certaines idées viendront spontanément à l’enfant, d’autres devront lui être suggérées, ou montrées.

Elizabeth Crary a d’ailleurs écrit une série de petits livres à destination des enfants, remplis de différentes façons de réagir face à un sentiment. Léon et moi avons commencé à lire « I feel frustrated », et c’est très bien fait. Ca n’existe malheureusement pas en français, mais c’est un bon moyen de proposer différentes réactions aux enfants. Je ferai un article dessus prochainement.

Le rôle des parents

Comme on peut s’y attendre, le rôle des parents suit les points précédents sur ce que les enfants doivent savoir sur les émotions.

  • utiliser un vocabulaire émotionnel, tant pour partager ce que nous ressentons que pour refléter ce qu’ils semblent ressentir.
  • faire la différence entre sentiment et comportement
  • clarifier les limites
  • enseigner des compétences pour gérer les émotions

Utiliser le parentage STAR

(Pour savoir ce qu’est le parentage STAR, voir cet article)
Comme pour les premières compétences (l’appartenance et les limites), l’auteur applique la méthode STAR à des exemples, en gardant bien en tête la compétence à développer, et l’étape de développement de l’enfant.

Je vais développer ici, pour plus de clarté, un des exemples :
Jean-Marc part à un camp scout avec son père. Son petit frère, Antoine, a très envie d’y aller aussi. Il insiste, sans succès. Tandis que Jean-Marc prend ses chaussures, Antoine subtilise la lampe de poche. Jean-Marc, ne la trouvant, va voir sa mère et accuse Antoine de l’avoir prise.

S : Stop et mise au point
Antoine est visiblement déçu, mais les choses s’améliorent : il n’a ni frappé, ni cassé quoi que ce soit. il s’agit donc de travailler sur la déception.

T : Trouver des idées
Refléter les sentiments : « Tu es déçu de que ton frère parte camper et pas toi. »
Clarifier les règles : « Je comprends que tu sois déçu, mais tu peux trouver une autre manière d’exprimer tes sentiments »
Donner le choix entre 2 options : « Quand tu te sens déçu, au lieu de cacher les affaires des autres, tu peux faire une activité que tu aimes, ou bien parler à quelqu’un de ce que tu ressens. »
Remarquer les améliorations : « Antoine, j’ai remarqué que tu étais énervé, mais tu t’es souvenu de ne pas frapper. Tu gagnes en maîtrise de soi ! » Note : Pour être efficace, mieux vaut éviter de commenter le mauvais comportement au même moment.
Eviter que le problème ne se pose : Je pourrais organiser des activités sympas pour Antoine, pour qu’il ne se sente pas aussi déçu.
Montrer l’exemple, mettre des mots sur ses propres émotions : « je suis triste que ton papa et Jean-Marc partent camper. Ils vont me manquer. Mais je vais écouter beaucoup de jazz ce week-end parce qu’on ton papa n’aime pas du tout ça, et moi j’adore ! »
Enseigner à Antoine à penser positivement : « Tu peux te sentir déçu de ne pas aller camper, ou content que nous puissions passer du temps ensemble toi et moi»
Rappeler à Antoine qu’il est responsable de ses sentiments : « Tu peux choisir de rester déçu ou de te sentir heureux. Les sentiments changent naturellement si tu les laisses évoluer. C’est ton choix. »

Encore une fois, à la lecture de toutes ces idées, on voit qu’on navigue partiellement en terrain connu, avec la validation des sentiments, le choix, les règles… Mais j’aime voir tous ces exemples, parce que ça donne une perspective bien concrète de ce à quoi on peut arriver quand on prend le temps d’y réfléchir. Comme quoi, encore une fois, c’est bien ça le secret : prendre le temps d’y réfléchir !

A : Agir concrètement
Je vais reconnaitre les sentiments d’Antoine et partager ce que je fais dans une situation semblable. Je lui rappellerai qu’il es responsable de ses sentiments.

R : Revoir et corriger
Le jour suivant, je verrai comment aura évolué la situation. Si Antoine se sent toujours déçu, je clarifierai ses options et lui proposerai de l’aide : « Je vois que tu veux toujours être en colère. Si tu veux changer de sentiment, tu peux me demander des idées. »

Là encore, le chapitre présente 2 autres exemples, qui sont tout aussi intéressants.

Dans tous les cas, il est important de se rappeler l’étape de développement de l’enfant, de lui laisser la responsabilité de ses sentiments, et de modeler. Encore une fois, modeler ne signifie pas qu’on ne s’énerve jamais, mais on prend la responsabilité de ses émotions.
Il y a ainsi une différence forte entre « Vous me mettez en colère. Je ne peux pas réfléchir quand vous faites autant de bruit. » et « Je me sens en colère quand j’ai besoin de silence et que mes enfants sont en train de se chamailler. »… Vous la voyez ?

Mais le livre ne se termine pas là : s’il est important de voir gérer les émotions générées par certaines situations, il faut également faire face aux situations elles-mêmes !
Et pour cela, le dernier chapitre : compétence 4 – résoudre les problèmes.

Retour à l’article du livre.

Selon Isabelle Filliozat, dans Au coeur des émotions de l’enfant, cette question est « à éviter absolument ».

En lisant ça, je comprends mieux pourquoi certains parents trouvent que ce livre de l’enfant est difficile à lire. J’ai lu des commentaires disant que dans ses livres plus récents, Isabelle Filliozat adoptait des formulations moins culpabilisantes. En effet, on comprend que celle-ci puisse dérouter…
Nous avons tous un jour ou l’autre demandé à nos enfants « Pourquoi tu pleures ? ».
Alors lire que la question est « à éviter absolument » nous renvoie à notre échec. Et ce n’est probablement pas toujours facile à lire.

Heureusement pour moi, je ne me culpabilise pas facilement. Comme on a déjà parlé, je suis en paix avec l’idée que je ne suis pas parfaite, et j’aime apprendre pour m’améliorer.

Je continue donc ma lecture sans sourciller.

Eviter « Pourquoi tu pleures ? », disions-nous.
Pour 2 raisons.
D’abord parce que cette tournure est culpabilisante. (ah, tiens, justement…)
Je suppose que cela dépend du ton, mais je crois que je comprends ce qu’elle veut dire. Demander pourquoi peut sous-entendre qu’il n’y a pas de raison. Donc que, dans une certaine mesure, l’enfant a tort de ressentir l’envie de pleurer. Or nous savons que les sentiments sont valables par le simple fait qu’ils existent. Ils n’ont pas besoin de raison d’être. Bon.

Ensuite et surtout, parce que « Pourquoi » amènerait l’enfant dans une démarche de raisonnement, d’explication. Alors qu’au moment où il pleure, il est dans l’émotion. Et c’est bien ça qu’il veut d’abord nous faire entendre. L’auteure propose donc un « Que se passe-t-il ? » ou « Qu’est-ce que tu ressens ? », qui le renvoie à son vécu. Le temps des explications viendra ensuite.

Ca me fait penser à une discussion d’un de mes derniers ateliers.

Une maman, très appliquée, avait noté un épisode de dispute entre ses enfants.
Le petit frère arrive en criant :
« Mamaaan… Mon frère m’a tapé ! – Qu’est-ce que tu lui as fait ?  » répond la maman.

Bien sûr, il y a probablement une raison, bonne ou mauvaise (enfin, toujours mauvaise puisque ce n’est jamais une bonne façon de s’exprimer) pour laquelle le frère a tapé, mais recevons-nous le sentiment du garçon qui a été tapé en posant cette question ?
Avec le groupe, on a remplacé la réponse par « J’imagine que ça ne t’a pas plu ! »
Quand l’enfant aura été entendu, on pourra passer à la phase des explications !

L’idée est la même en fait : personne n’est vraiment capable de discuter et de régler les problèmes tant qu’il est envahi par son émotion ! Il faut d’abord savoir la recevoir, l’exprimer, et passer au dessus…

Qu’en pensez-vous ? Prêts à changer votre formulation ?

Retour vers l’article du livre

Quand on arrive au stade où nos sources se multiplient, on n’arrive plus toujours à bien savoir où on a d’abord lu ou entendu certaines idées.

Il est des principes qui font leur chemin chez nous, au point que ça nous devient évident, et c’est probablement une bonne nouvelle : la preuve que l’idée a réellement pénétré…

Ainsi, il est probable qu’on n’ait pas bien fait attention à une idée à la lecture d’un livre, mais qu’en la retrouvant dans un autre ouvrage, elle fasse écho. C’est ce que je ressens en lisant ce passage de Au coeur des émotions de l’enfant : 

« Porter un réel interêt aux sentiments et aux pensées d’un enfant l’aide à être lui-même. »

Une idée déjà soulevée plus tôt dans l’ouvrage, quand nous notions que l’enfant cherchait à dire JE. Mais également présente dans les ouvrages de Faber et Mazlish (Je pense en particulier au chapitre sur les sentiments de Parents épanouis, enfants épanouis).

Ici, Isabelle Filliozat détaille ce point.
Et, bien sûr, ce n’est qu’un tout petit extrait de ce livre, mais je le trouve tellement important à la relecture, que je décide qu’il vaut la peine d’être noté :
« Accompagner un enfant dans la conscience de lui-même, c’est tout d’abord l’écouter vraiment, sans le juger, sans le conseiller, sans tenter de le diriger, simplement en lui permettant de mettre des mots sur ce qu’il vit, en l’aidant à identifier, à accepter et à comprendre ce qui se passe en lui. »

Ainsi, le rôle du parent va être d’aider l’enfant à canaliser ses émotions, à les exprimer de manière adéquate. Et pour ça, il faut être capable (et c’est difficile !) de ne pas prendre les choses personnellement.

Un exemple : Un enfant qui nous tape en disant qu’il ne nous aime pas a besoin de nous. Si on l’envoie se calmer dans sa chambre, il se sentira abandonné. Il est en fait en train de chercher notre contact, allant jusqu’à mettre en jeu son amour pour nous. Il ne cherche pas à nous blesser ! Il est simplement envahi par son émotion et ne sait pas y faire face.
Si nous le pouvons, donnons-lui par notre attitude l’occasion de constater qu’on peut être envahi par une émotion, même forte, sans être détruit. Ca l’aidera à se construire et à y faire face seul en grandissant.

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