Lorsque la colère nous emporte, nous perdons souvent nos moyens et disons des choses que nous regrettons ensuite.
Ainsi, si la fatigue est l’ennemi numéro 1 du parent positif, la colère en est clairement l’ennemi numéro 2 !
Heureusement, j’ai la solution :
il suffit de ne pas s’énerver !
…
Oui, je sais…
Je reprends. Voyons plutôt les choses avec réalisme.
Première partie : Quels sont les arguments qui vont nous permettre de moins nous énerver ?
1- Baisser le niveau de conflit en incluant les enfants dans l’établissement des règles.
Nous sommes toujours plus enclins à suivre des règles à l’établissement desquelles nous avons contribué, et il en est de même pour nos enfants.
En effet, si nous leur avons demandé de participer à la décision, c’est que nous avons écouté leur besoin, nous en avons tenu compte. La règle va donc mieux leur correspondre, et nous aurons dans la démarche répondu à leurs nécessités de base qui sont d’appartenir et d’avoir de l’importance.
2- Développer une plus grande tolérance face aux comportements inadéquats de nos enfants.
Mieux comprendre les étapes de développement de l’enfant nous permet de mieux les accepter. Oui, mon enfant a le droit d’être frustré. Non, il ne fait pas un caprice, il n’a pas encore appris à gérer ses émotions.
Savoir que le petit a parfois besoin du geste pour comprendre l’instruction, que le moyen aura besoin qu’on entende son sentiment, nous permettra de le considérer avec bienveillance. De mieux comprendre le message derrière le comportement.
Or, ce qui nous met en colère, c’est le décalage entre la façon dont on voudrait qu’ils se comportent et la réalité. Mieux on acceptera la réalité, plus il nous sera facile de rester patient. En poussant le raisonnement, comme le dit mon mari avec ironie : “Pour ne pas s’énerver, il suffit de n’avoir aucune attente !” Il n’est évidemment pas question d’en arriver là, mais quand même de développer notre « fenêtre d’acceptation », dans une démarche de respect mutuel.
3- Changer de regard sur l’erreur.
Continuité claire du point précédent, apprendre à voir l’erreur comme une opportunité plutôt qu’un échec nous permettra également d’adopter une autre approche face à certains comportements irritants. Nous en avions en effet parlé lorsque nous avions expliqué la différence entre punition et conséquence : n’oublions pas que nous sommes tous imparfaits, et que nous avons le droit à l’erreur ! Nos enfants sont encore plus que nous sans cesse dans l’apprentissage, et vont commettre des erreurs. C’est ainsi qu’on apprend.
4- Eviter de parler, ou de parler trop.
Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais de mon côté, c’est très clair : plus je parle, plus je risque de déborder…
C’est pourquoi j’essaye d’économiser mes mots.
Soit en m’en passant complètement, et en passant à l’écrit, cela fonctionne plutôt bien avec mon ado.
Soit en me limitant, usant de la méthode de Faber et Mazlish d’un mot pour obtenir la coopération. Ca permet d’économiser beaucoup d’énergie !
Soit en suivant les directives de mon garde-fou, mon mari, qui connait mon problème, et me chuchote parfois : “trop long”, quand je dérive. – une remarque par rapport à cette dernière technique : si je suis déjà partiellement noyée, ça ne marche pas plus que les autres, et ça peut faire dévier ma colère sur lui… Oups… peut-être mieux que rien ?
5- Marquer un temps de pause.
Dernière étape avant le point de non retour : lorsque nous sentons l’agacement monter en nous, nous pouvons tenter d’endiguer le flot.
Pour cela, encore faut-il savoir s’écouter… Ce qui n’est pas évident, puisqu’on ne nous l’a pas appris, mais je suis persuadée que nous pouvons le développer. En tout cas, je travaille dessus, petit pas à petit pas.
Ainsi, il arrive que nous sentions qu’il est temps de se retirer de la situation.
Plusieurs méthodes sont alors possibles :
On peut s’en aller. Vraiment. Physiquement. Aller dans une autre pièce, le temps que la tension redescende.
On peut se retirer simplement de la conversation : “En fait, je ne suis pas capable d’en parler maintenant. Il faut que je me calme, on reprendra cette conversation à un autre moment.”
On peut juste faire une pause. Un peu de silence, une bonne grosse respiration. (“Maman, tu fais des efforts ?” me demande alors Anatole, 3 ans.) Ecouter les bruits autour… Objectif : faire baisser le niveau émotionnel avant de réagir.
6- Avoir un rappel visuel.
Au début, quand on décide qu’on va moins s’énerver, moins crier, on est vite rattrapé par les vieilles habitudes. C’est une étape pendant laquelle il peut être utile d’avoir un rappel visuel. Chez nous, c’est une main à 6 doigts qui m’a permis de trouver ce chemin. Une main affichée dans le salon, visible de tous, et sur laquelle j’allais poser ma propre main pour faire mon temps de pause.
Certains mettent ces rappels à plusieurs endroits, pourquoi pas les endroits clefs (la porte de la maison, devant laquelle on s’énerve que les enfants ne soient pas encore prêts à partir pour l’école, la salle de bain, que sais-je..?). Ca peut être gros pour être bien visible, ça peut être juste un petit rond qui nous rappelle de respirer.
Chacun son cadre.
Ainsi, appliquant toutes ces méthodes, nous aurons normalement réussi à faire notablement baisser le niveau de stress dans la maison, et de ce fait la fréquence de nos colères. C’est déjà une réussite à savourer. Une réussite qui nous prouve que nous sommes sur le bon chemin, et que nous en sommes capables. Et nous allons encore avancer.
Vous avez l’impression de trop crier ?
Voir l’atelier « Des clefs pour arrêter de crier » vous permettra de sortir de cette situation !
Deuxième partie : la colère viendra quand même !
Cependant, il est probable que cette colère reviendra quand même. Et c’est normal. Parce que nous sommes humains, et que la colère fait partie des émotions données à l’humain. Comme toutes les émotions, elle a sa fonction. Elle nous encourage à poser nos limites, à faire valoir ce que nous sommes.
Ces limites variant d’une personne à l’autre, certaines seront certainement douées de plus de patience que d’autres. Je fais plutôt partie de celles qui n’en ont pas tellement, et celle-ci est encore régulièrement mise à l’épreuve, quand les petits inondent la salle de bain, ou que mon ado ne supporte pas qu’on lui parle normalement… Et donc, oui, parfois, c’est comme une vague, la colère arrive, et je me retrouve submergée !
Je vous rappelle que nos sentiments aussi sont bien réels. Il est inutile de nier notre colère…
En revanche, l’astuce consiste, en théorie, à exprimer sa colère sans attaquer le caractère de l’enfant.
“Sans attaquer le caractère de l’enfant”, ça veut dire sans l’insulter, sans le mépriser, sans le diminuer… et pour cela, rien de tel que le message “Je”. C’est à dire parler de nous. De ce que nous ressentons, sans accuser l’autre.
Prendre la responsabilité de nos sentiments, en lien avec nos besoins.
Voyez plutôt… Sentez-vous la différence entre :
« Vous faites trop de bruit, je n’en peux plus ! » et « J’ai besoin de silence pour travailler. »
« Tu as encore tapé ton frère ?? Combien de fois faudra-t-il te le dire ? » et « Je suis furieuse quand je vois un enfant qui en tape un autre !! »
« Tu peux arrêter de m’agresser ? » et « Je n’aime pas qu’on me parle agressivement. »
Le message de fond est le même, et je sais, je sais, que parfois, on a juste envie de le dire sans prendre de gants parce que justement on est en colère, et que, mince, c’est pas juste ! mais face à un message qui attaque, l’autre se mettra systématiquement en position de défense, et on ne risque pas de résoudre les choses. Plutôt de les aggraver…
Nous sommes ici aux frontières avec la CNV (Communication Non Violente), et je me réjouis de suivre une formation spécifique sur ce thème l’été prochain ! Je suis persuadée que cela m’aidera à mieux transmettre mon message…
Alors, soyons l’adulte, et apprenons (petit à petit, avec bienveillance envers nous-même également) comment exprimer notre colère sans accuser !
Ainsi, nous leur donnerons en même temps l’illustration de ce que nous leur disons régulièrement : que les sentiments sont autorisés, les actes pas toujours !
Nous leur disons : « Tu as le droit d’être en colère, mais pas de taper ton frère. Il faut apprendre à exprimer ta colère avec des mots. ». Nous nous dirions peut-être : « Tu as le droit d’être en colère, il faut apprendre à l’exprimer en gardant une attitude respectueuse… »
(Pour plus d’inspiration sur des manières d’exprimer sa colère, vous pouvez consulter le chapitre à ce sujet de Parents épanouis, enfants épanouis)
Bonne chance !!