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Pourquoi je vous parle aujourd’hui du syndrome de la bonne élève ? Ce syndrome qui vient de l’habitude de faire ce qu’on nous demande, de correspondre à ce que l’on attend de nous… on se conforme, parce que ça plait, alors, on se sent apprécié (pour ce que l’on fait, non pour ce que l’on est, notez le bien !).
Le problème.. c’est que ça peut nous suivre loin.

J’avais senti ce syndrome en moi depuis un moment, mais il revient actuellement en force. Je vous explique.


Etre entrepreneur, c’est un vrai cheminement personnel.

Ça me met face à des questionnements que je ne savais même pas avoir en moi…

Alors, récemment, j’ai décidé de demander l’aide d’une coach.

Pour creuser, pour comprendre, pour débloquer.

Ma première séance a été intense, et elle m’a fait sentir comment mon syndrome de « bonne élève » (un syndrome qui concerne particulièrement les filles/femmes) m’immobilisait…

Or, ce syndrome-là, il vient clairement de mon enfance, de mon environnement (familial et scolaire), alors, j’ai voulu vous en parler dans ce podcast.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription. 

Le syndrome de la bonne élève

Bonjour les parents qui cheminent, 

Aujourd’hui, je voudrais vous faire un petit podcast en mode improvisé pour vous parler de ce que je suis en train de vivre : comment ça résonne en moi, comment ça peut se relier au thème de l’éducation. Je pense que vous serez beaucoup à vous reconnaître dans ce que j’appelle : le syndrome de la bonne élève. Alors, je dis le syndrome de la bonne élève, ça peut évidemment être le syndrome du bon élève, et ça peut s’appliquer à n’importe lequel de nos enfants.  

Pourquoi je parle de ça aujourd’hui ? C’est parce que j’ai commencé, depuis hier, une démarche d’accompagnement par un coach. Je me suis rendue compte, depuis bien longtemps, que comme tout le monde, j’avais des blocages internes. Ces croyances qui étaient plus ou moins identifiées, étaient limitantes pour avancer sur mon chemin et pour me permettre de réaliser tout ce que je voudrais réaliser. 

Le principe de l’auto-sabotage

Vous connaissez probablement le principe de l’auto sabotage. Selon ce principe, même si on pense que l’on veut quelque chose, qu’on veut aller vers quelque chose, on a une autre partie à l’intérieur de nous qui se comporte de façon à ce qu’on n’atteigne pas nos objectifs. C’est un peu comme si on était en train d’avancer, de conduire notre voiture vers un endroit et en même temps, on appuie très fort sur le frein. 

Alors, évidemment ça crée une double frustration! Parce que l’on sent, d’une part, qu’on n’y arrive pas, qu’on n’arrive pas là où on voudrait, sans bien comprendre pourquoi. Mais en plus, au passage, on s’épuise! Puisqu’on lutte doublement pour faire avancer cette voiture alors qu’on appuie sur le frein, à cause de toutes ces questions d’auto sabotage. Je sentais qu’elles étaient liées à des croyances limitantes, que je n’avais pas bien identifiées ou en tout cas, dont je n’arrivais pas à me débarrasser. Et je devrais d’ailleurs en parler au présent: des croyances limitantes dont je n’arrive pas à me débarrasser! Sont-elles liées à la peur de l’échec ou de la réussite? Je n’en sais rien… J’imagine que ces deux notions sont d’ailleurs finalement assez proches,

Le cheminement intérieur

J’ai décidé de commencer un travail avec un coach pour essayer de réfléchir à tout ça. Pour enfin comprendre ce qui se passait en moi, ce que je voulais vraiment et comment avancer. Parce que je suis convaincue que, dans toute chose, dans le développement personnel, dans la connaissance de nous-mêmes, dans l’alignement avec qui on est, ce qu’on veut, vers où on veut aller, il y a vraiment une étape de recherche intérieure de formation, d’être guidée, d’être aidée exactement comme sur le chemin de la parentalité positive. 

La voix interne

Alors, pourquoi je vous raconte tout ça ? C’est parce que hier, pendant ma première séance, au début de la séance, ma coach m’a demandé ce que j’attendais d’elle. Et alors que je lui répondais sur ce que j’attendais d’elle, il y avait une petite voix interne, une fois que j’avais l’impression d’avoir répondu à la question, qui me disait : Est-ce que c’est bien ça ? Est-ce que c’est la bonne réponse? Est-ce que j’ai dit ce que les autres disent, ce qu’il fallait dire? Est-ce que j’en ai assez dit ?Est-ce que j’en ai trop dit? J’avais l’impression qu’il fallait toujours que je vérifie si ma réponse était la bonne réponse. 

Alors que si j’y réfléchis de manière raisonnable, je sais bien qu’en l’occurrence, il n’y a pas de bonnes et de mauvaises réponses. C’est une attente qui est toute personnelle, qui m’appartient, qui me ressemble. Et si les réponses des autres sont différentes, en fait, c’est logique et c’est normal ! 

Pourquoi est-ce que j’ai cette petite voix interne qui s’interroge sur la validité de ma réponse? Parce que j’ai ce syndrome de la bonne élève, qui veut être sûr qu’elle a répondu comme il fallait aux questions qu’on lui posait, qu’elles répondent aux attentes. 

La scolarité nous fait-elle entrer dans un moule ?

Alors, j’ai été effectivement une bonne élève dans ma scolarité . J’ai suivi le chemin que tout parent attend de son enfant: des bonnes notes durant toute ma scolarité, des classes préparatoires, des études d’ingénieur et je ne m’en plains pas ! J’ai trouvé cela bien, ça n’a pas été forcé ! J’appréciais vraiment ce que je faisais. Je me suis épanouie en classe préparatoire. J’adorais ça, tout comme mon fils aujourd’hui! Et je ne pense pas qu’il aurait fallu suivre un autre chemin. 

Mais je m’aperçois aujourd’hui que ce syndrome de la bonne élève va plus loin. C’est un peu la question de la poule et de l’œuf : peut-être qu’à force de me conformer à ce qu’on attendait de moi, je suis restée dans cette attitude. Ou peut-être finalement que j’ai appris à me conformer à ce qu’on attendait de moi, sans m’en rendre compte. Et aujourd’hui, dans mon quotidien, alors que j’ai plus de quarante ans, j’ai encore cette petite voix qui se demande si j’ai la bonne habitude, la bonne réponse.

La peur comme frein à la prise de décision

Et le problème avec ce syndrome de la bonne élève, ce n’est pas seulement cette petite voix qui me fait m’interroger (ce qui est déjà en soi un peu inquiétant, je trouve au bout d’un certain moment) mais c’est aussi que ça me freine. Et c’était ça, ma prise de conscience hier : ça me freine dans mes prises de décision! J’ai énormément de mal à me décider aujourd’hui dans mon rôle d’entrepreneure, sur les actions à mener, dans quel ordre, quelles priorités, … 

Et je comprends enfin que cette difficulté de choix, cette difficulté que j’ai parfois à mettre la casquette  du décideur dans mon entreprise, plutôt que celle de l’ouvrier, est due au fait que j’ai peur de me tromper ! J’ai peur de ne pas faire les bons choix. J’ai peur de me lancer dans des actions qui ne sont pas celles que j’aurais dû faire, pas celles qui vont marcher.

C’est ça que j’ai réalisé hier et que je voudrais partager avec vous : une partie de moi pense que c’est tellement plus facile de ne pas décider, de juste exécuter ce que les autres ont décidé pour moi, parce que au moins, je n’en ai pas la responsabilité !

L’éducation positive pour contrer ce syndrome de la bonne élève

Et c’est là, voyez-vous, qu’il y a un grand lien avec la manière dont on cherche à éduquer nos enfants, avec l’éducation positive telle que je la vis !  C’est-à-dire aider nos enfants à savoir ce qu’ils veulent, à savoir vers où ils veulent aller, à avoir confiance en eux et à prendre leurs responsabilités. En évitant de leur donner des ordres, des instructions en permanence, c’est aussi leur laisser la possibilité d’exprimer leur libre arbitre, de s’exercer à l’exercice de leur pouvoir personnel et donc d’en assumer, d’une certaine façon, les conséquences (quelles qu’elles soient!). Et ce n’est pas si grave, parce que ce sont leurs choix ! 

Je me rends compte qu’aujourd’hui, c’est peut-être ce dont je n’ai pas bénéficié enfant et qui me freine dans ma vie d’adulte pour avancer : j’ai peur intérieurement, j’ai peur de prendre mes propres décisions !

L’impact de ce syndrome sur ma vie d’adulte

Voilà, j’attire votre attention là-dessus, parce que quand j’ai analysé ça (ce qui était un peu nouveau en moi), j’avais déjà ressenti ce syndrome de la bonne élève. Mais je n’avais jamais réalisé à quel point ce syndrome m’immobilisait et m’immobilise encore dans mes décisions en tant qu’ entrepreneure

Parce que quand on est entrepreneure, on a beaucoup plus de décisions à prendre que quand on est dans une entreprise salariée ! Dans celle-ci, on a toujours quelqu’un au-dessus, qui nous dit un peu ce que l’on doit faire, même si ce n’est pas dans chaque micro actions du quotidien.

Prendre du recul pour avancer

Je me suis dit que c’était important de prendre ce recul, pour se rendre compte de l’impact que cela peut avoir à long terme sur nous mais aussi notre entourage.

On doit également y penser par rapport à nos enfants. C’est parce que ce syndrome naît en particulier pendant la scolarité (ce n’est pas pour rien que ça s’appelle le syndrome de la bonne élève). De plus,la scolarité est un thème vraiment sensible: on vit dans une société dans laquelle la réussite passe par le métier, la réussite sociale, la réussite financière. Le métier passe par le diplôme, le diplôme passe par la scolarité et donc on est nombreux en tant que parents à craindre pour nos enfants, à vouloir être sûr qu’ils fassent de bonnes études 

Comment outrepasser la pression scolaire

J’échange régulièrement avec des parents qui se retrouvent finalement, même quand ils sont ouverts à un autre mode d’éducation,dans une position de contrôle plus ou moins fort, en ce qui concerne la scolarité. Est-ce que tu as bien fait tes devoirs? Est-ce que tu as bien répondu? Et nos enfants reçoivent déjà énormément cette pression : avec le cadre contrôlant extérieur de la part des enseignants (puisque c’est vraiment le modèle dans lequel nous grandissons en France). 

Le système français (j’insiste même si ce n’est pas le thème de ce podcast, parce que mes enfants ont été dans d’autres systèmes et j’ai vu d’autres façons de faire), est vraiment dans la démarche de : les enfants font ce qu’on leur demande comme on le leur demande, en répondant d’une façon juste ou fausse aux questions posées, et il n’y a pas tellement d’alternative.  

Il n’y a pas tellement libre cours à ce qu’ils veulent, ce qu’ils ne veulent pas, ce qui leur semble juste à eux, même si ce n’est pas exactement ce que demande le professeur, et ce depuis le plus jeune âge. 

Donc je pense que c’est important, pour nous en tant que parent, et puis, si les enseignants m’entendent, (c’est encore mieux!), de réfléchir à comment aider nos enfants également à savoir que : c’est OK de suivre un autre chemin, c’est OK de ne pas répondre de façon conventionnelle, de faire ses propres choix, que ça marche ou que ça ne marche pas. Parce que même si ça ne marche pas, ils auront appris quelque chose au passage. Et pour qu’ils n’aient pas cette peur de se tromper (qu’on développe chez nos enfants et qui risque de les immobiliser encore à l’âge adulte, comme ça m’immobilise encore moi aujourd’hui). 

Donc, voilà ! C’est ce que j’avais envie de vous partager aujourd’hui!

J’espère que tout cela vous parle. Si vous pensez que ça peut aider d’autres parents, partagez-leur ce podcast.

Suivez-moi sur les réseaux sociaux. Et si vous voulez en parler plus longuement, écrivez-moi sur coralie@les6doigtsdelamain.com ou venez vous inscrire sur le blog. Je serai ravie de poursuivre cette conversation avec vous, à très vite ! 

Dans mon dernier partage, je vous ai parlé de l’exercice des 2 listes que je trouve très utile pour prendre du recul sur le quotidien, et voir un peu plus à long terme ce que nous cherchons à développer, pour nous, et pour nos enfants.

Cette idée de long terme est vraiment fondamentale pour ancrer sa pratique de la parentalité positive, et l’intégrer plus largement dans une vraie philosophie de vie.
Pour nous en parler, je cède encore une fois ma plume à Emilie, membre du cercle des parents heureux.
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Skipper le navire de la parentalité positive implique par nature des passages de houle, de brouillard et des choix de directions. 

Pour ne pas nous perdre dans l’océan nous avons besoin d’une boussole qui nous donnera le cap. La feuille de route sera cette boussole. 

Au quotidien, il n’est pas toujours facile de garder l’équilibre pour ne pas chavirer : 

Dans nos vies, au rythme parfois fou, le pari est de trouver l’harmonie entre le fonctionnement du quotidien et notre vision de ce que l’on veut transmettre à long terme à nos enfants

Au sein de notre famille, il s’agit de partager nos valeurs et d’écrire ensemble l’histoire familiale dans le respect de la singularité de chacun. 

Entre les partenaires, l’enjeu est de concilier les aspirations personnelles, celles à deux, ainsi que les choix éducatifs.

Pour nous-même, le défi est d’incarner les valeurs et attitudes que nous souhaitons voir se développer chez nos enfants.

Aussi, pour affronter les nombreux aléas de la navigation, construisons ensemble une feuille de route

Qu’est-ce que construire sa feuille de route ? 

Très concrètement, il s’agit de prendre un temps formel en couple pour discuter de ce que l’on veut vivre au sein de notre famille. 

Quelques questions nous aideront à démarrer ce brainstorming : 

  • Qu’aspirons-nous à vivre en famille ? / Qu’est ce qui est important pour nous ?
  • Comment voyons-nous notre mission de parents ? / Avec quelles intentions interagissons-nous avec nos enfants ?  
  • Qu’espérons-nous pour nos enfants à long terme ?/ Comment les imaginons-nous à l’âge adulte ?/ Avec quels objectifs élevons-nous nos enfants ? 

Ensuite il s’agit de décliner les réponses à ces questions en : 

  • Objectifs à long terme. 
  • Attitudes à encourager. 
  • Valeurs à développer. 

Pourquoi faire une feuille de route ? 

Raison numéro 1 : une philosophie de vie. 

Loin d’être une succession de techniques à appliquer, la parentalité positive est une véritable philosophie. 

En effet, si l’on applique mécaniquement une gamme d’outils, sans l’ancrage du cœur, sans l’intention de la connexion, alors les enfants ne seront pas dupes. 

Nous obtiendrons peu, nous nous épuiserons et nous risquons de nous noyer face aux difficultés.

Du vécu. 

J’ai observé que je peux utiliser la même technique auprès de mes fils, employer exactement les mêmes mots, si, prise par le quotidien , je n’ai pas rempli leur réservoir c’est peine perdue ! 

De même si le ton qui va bien n’y est pas (souvent à cause cette fois de mon propre réservoir vide) j’observe que je n’obtiens jamais la coopération.

« Il y a des habits par terre dans la salle de bain. »

Avec les réservoirs plein et un ton léger sans accusation ni exigence ça marche, en mode impatient ou déconnecté c’est vain ! 

En posant les fondations solides à partir desquelles nous souhaitons accompagner nos enfants, la feuille de route permet d’ancrer notre intention et de revenir s’y ressourcer quand on est secoué par les aléas de la vie !  

Raison numéro 2 : Questionner nos habitudes parentales. 

La feuille de route va nous aider à prendre du recul et à choisir de sortir (ou pas) des conditionnements : habitudes familiales, sociétales et culturelles qui nous imprègnent. 

Pourquoi j’agis comme cela ? 

Est-ce que je dis ou je fais cela par habitude ? 

Parce que mes parents faisaient comme ça ? 

Parce que c’est le comportement dominant dans la société ? 

Du vécu.

L’un de mes enfants, peu tactile, est très mal à l’aise avec l’habitude de faire la bise pour dire bonjour et au revoir. 

Cela m’a d’abord gênée car ce n‘est pas évident d’assumer le regard des autres.

Je me suis questionnée. La bise sert à établir un lien, à reconnaitre l’autre, il me semble.

J’en ai parlé avec mon fils et je l’ai accompagné pour trouver une autre stratégie et assumer son choix. 

Je suis maintenant sereine. Je vois que ce défi développe les valeurs de prise de responsabilités, d’oser être soi-même tout en respectant les autres, de confiance en soi, de créativité et d’ouverture à de nouvelles stratégies. 

Raison numéro 3 : Prendre conscience de sa manière d’être parent.

La feuille de route va nous permettre de penser, d’agir et de nous exprimer en conscience. 

On le voit dans l’exemple précédent, la réflexion en amont permet de mieux assumer nos choix parfois à contre-courant, de mieux vivre le regard des autres, de nous sentir plus assurés et plus ancrés. 

Raison numéro 4 : Être en ligne dans le couple. 

La feuille de route nous assure d’être en ligne avec notre partenaire, elle permet à chacun de s’emparer de la philosophie de la parentalité positive évoquée plus haut. 

Elle diminue ainsi le décalage qui peut parfois se créer dans le couple. 

Face aux désaccords du quotidien, elle nous aide à lâcher-prise en nous rappelant que sur nos objectifs à long terme et nos valeurs nous sommes parfaitement en phase. 

Elle soude le couple en soulignant les valeurs communes. 

Enfin elle crée du sens et permet un passage de relai cohérent et plus serein. 

Raison numéro 5 : Grandir en famille.

En rédigeant la feuille de route on se rend rapidement compte que ces valeurs et attitudes ne concernent pas seulement les enfants. 

Avoir cette réflexion nous pousse en effet à observer nos propres comportements. Incarnons-nous chacune de ces valeurs et attitudes ? 

Par exemple est ce que je suis persévérant, généreux ou débrouillard comme je le souhaite pour mon enfant plus tard ? 

Cette réflexion nous conduira souvent à travailler sur nous-même pour acquérir les attitudes que l’on veut voir se développer chez nos enfants.

Quel impact de la feuille de route sur le quotidien ? 

Adopter de nouvelles lunettes

Souvent il faut trouver un équilibre entre nos besoins immédiats et nos objectifs à long terme.  

Comment faire quand notre enfant ne coopère pas comme on le voudrait ? 

Dans ce cas, avoir en tête sa feuille de route aide surtout à changer de lunettes. 

On pose plus facilement un regard bienveillant sur son enfant et on voit mieux le besoin derrière le comportement.  En effet les difficultés du présent sont parfois le signe d’une compétence à long terme qui se développe. 

Faciliter la relation horizontale

Grâce à la feuille de route, on bascule plus spontanément de la parentalité verticale à une relation de parentalité horizontale puisqu’on s’applique à tous les mêmes attitudes. 

Modeler

Enfin, elle a un impact fort sur le modèle donné en nous poussant à faire vivre nous aussi les valeurs qui y sont inscrites. 

Foire aux questions

1. Que contient la feuille de route ? 

On y inscrit nos valeurs profondes, ce qui nous anime. On n’est pas sur des règles de vie du quotidien mais sur une philosophie. 

On utilise des mots ou expressions courts : avoir confiance en soi, oser suivre son élan , être autonome , débrouillard , tolérant, respecter le vivant…

Souvent, on va se rendre compte au cours de la réflexion qu’on peut rapprocher certaines valeurs et attitudes. Un plan se dessine ainsi naturellement . 

Par exemple du particulier au général :  construction de l’individu dans sa singularité, puis ce qui relève de son rapport aux autres et enfin au monde. 

2. A quoi ressemble la feuille de route ?

C’est plus pratique si elle est succincte pour s’y référer d’un seul coup d’œil. Elle est affichée dans un endroit visible pour nous soutenir. 

Ex : une feuille A4 imprimée et accrochée sur le frigo.

3. Comment organiser sa rédaction 

En 3 temps : 

  1. Réflexion chacun de son côté sur ce que l’on veut pour que nos enfants soient des adultes épanouis.
  2. Partage et débat. 
  3. Rédaction de la feuille familiale.

Libre à chacun de se bloquer quelques heures pour dérouler ce processus en une fois ou bien de le laisser infuser plusieurs jours. 

4. Quand réaliser cette feuille route ? 

Tous les moments sont les meilleurs ! Ça peut être n’importe quand : à la naissance d’un enfant, suite à un défi, quand on en ressent l’envie, l’énergie… 

5. Cela a t-il du sens de faire cette feuille de route seul(e) ? 

Oui ! Ça permet de nous poser les questions à nous-même, d’incarner les valeurs et de nous ancrer.  Cela peut aussi offrir un point d’accroche pour discuter dans le couple. 

6. Les enfants connaissent-ils la feuille de route ? 

Le fait que ce soit au départ une réflexion d’adulte semble important pour les fondations. 

Pour autant, selon le ressenti personnel, les habitudes familiales et l’âge des enfants, la feuille peut être source de discussion, surtout si elle est affichée en évidence. Les plus grands pourraient même l’enrichir.

Pour les plus jeunes, on s’attachera surtout à leur transmettre le fond en le modelant et en verbalisant les valeurs familiales (on cherche la coopération pas l’obéissance, on est une équipe …). 

7. La feuille de route évolue-t-elle ? 

Oui absolument. 

Si l’évolution ne devrait pas être drastique puisque cette feuille reflète ce que l’on est au plus profond de nous, on peut par exemple y ajouter un élément suite à notre expérience du quotidien ou aux défis liés à l’âge des enfants. 

Exemples : Savoir accueillir ses émotions pour en faire une force / Développer une intelligence manuelle pour être débrouillard/ Être soi-même et s’affranchir du regard des autres … ou tout autre thème qui aurait pu nous échapper à la construction de la feuille. 

Mon article touche à sa fin, j’espère vous avoir donné l’envie de construire cette précieuse boussole afin de ne pas vous perdre dans la navigation mouvementée de la parentalité positive !  Il est précieux de pouvoir revenir à votre bonne vieille carte en cas de tempête ! 

Racontez-moi ce que vous en pensez, votre expérience et pourquoi pas son contenu si vous mettez la feuille de route en place chez vous. 

A quoi tient la capacité au bonheur ? Nous savons aujourd’hui que le bonheur n’est pas lié à la facilité de notre situation de vie. Certaines personnes ont « tout pour être heureux », et ne le sont pas. D’autres, au contraire, vivent des difficultés immenses, et gardent la foi en la vie, le sourire, la confiance. Il suffit souvent d’une vie simple pour être bien. Alors, d’où ça vient ? Comment être heureux ? Est-ce que ça s’apprend ? Est-ce que ça s’enseigne ? Oui, peut-on peut apprendre le bonheur aux enfants ? C’est ce dont j’aimerais parler aujourd’hui…

A la poursuite du bonheur

Droit inaliénable

Chaque individu, probablement, est en quête du bonheur. Une quête tellement fondamentale qu’elle est inscrite en droit inaliénable dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique :

« Nous tenons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leurs créateurs de certains Droits inaliénables, parmi lesquels la Vie, la Liberté, et la poursuite du Bonheur. »

Ensuite, bien sûr, chacun a sa propre manière de trouver le bonheur… ou du moins de chercher comment être heureux !

Cette quête du bonheur explique-t-elle partiellement le consumérisme américain, encouragé par des publicités qui induisent que posséder tel ou tel produit vont permettre le bonheur ? Je ne me lancerai pas dans ce débat ici.

Ce que je voudrais partager en revanche, c’est cette aspiration qui nous anime, en tant que parents, à chercher le bonheur non seulement pour nous, mais également pour nos enfants.

Transmettre la faculté au bonheur à nos enfants

Lorsque j’anime des ateliers pour les parents, je prends toujours un moment, lors de la première séance, pour faire le point sur ce que l’on aimerait voir plus tard chez nos enfants.

Une manière d’encourager les parents à faire un premier pas vers leur plan de route parental.

C’est une bonne méthode également pour s’interroger sur nos valeurs, sur nos priorités.

Si je vous donne une liste de qualités, de compétences, de valeurs positives, vous allez me dire que vous aimeriez toutes les voir chez vos enfants. Evidemment ! Mais en réalité, on se rend compte que nous ne plaçons pas tous nos priorités aux mêmes endroits.

Hier soir, avec le Cercle des parents heureux, nous avons partagé une séance atelier sur nos « feuilles de route », et ça a été l’occasion de voir à quel point ce que nous avions chacun noté reflétait ce qui comptait pour nous, et de pousser la réflexion, encore.

Enfin, tout ça pour dire qu’en général, lors de cet exercice, on trouve un parent qui évoque cette aptitude au bonheur. Parce que dans le fond, c’est bien ça l’essentiel, non ? Que souhaite-t-on le plus pour nos enfants ? Qu’ils soient heureux… Mais cela ne nous tombe pas simplement dessus, l’important, en fait, c’est qu’ils trouvent comment être heureux !

Comment être heureux ?

Une fois qu’on a posé cet objectif, on n’a pas pour autant trouvé la recette. Si elle existait, cela se saurait !

Et si la recette était propre à chacun ? Je dis souvent à mes enfants « Tu es responsable de ton bonheur. »

Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’il y a des méthodes, et qu’on peut choisir, plutôt que de simplement attendre que le bonheur nous tombe dessus, de les apprendre, pour apprendre à être heureux.

Se connaitre, s’écouter, se faire confiance

Plus j’avance dans la vie, et plus je perçois qu’effectivement, la recette est, et doit être, individuelle.

Ce qui implique que pour trouver notre propre recette, il faut d’abord se connaître.

Notre société laisse peu le temps à l’introspection, mais quand même…

Ces dernières années, on parle de plus en plus de méditation, en pleine conscience ou pas, (la pratique de la méditation m’avait bien inspirée moi-même, et je poursuis cette démarche de manière irrégulière), de prendre le temps, de faire des pauses.

Prendre conscience qu’il y a un monde en nous, et qu’il en vaut la peine. Qu’être fidèle à ce que nous sommes  a plus de prix que celui de se conformer…

Encore faut-il savoir s’écouter ! Pas toujours simple, on ne l’a pas appris !

Qu’est-ce que je ressens, là, maintenant ? Quels sont mes besoins ?

Première étape dans la démarche : s’ouvrir à ses émotions, à celles de nos enfants. (Vous n’y êtes pas ? Commencez par ma formation en 15 jours sur le sujet : Accompagner les émotions, et votre perspective sur ce sujet aura déjà un peu changé…)

Alors seulement, on pourra s’interroger sur la manière dont nous répondons à ces besoins, sur ce qui nous nourrit, indépendamment peut-être de ce qui est attendu de nous.

Chercher comment concilier nos besoins avec ceux des autres, trouver des consensus, être authentique.

Et nos relations s’en trouveront enrichies !

Savourer

Un autre aspect qui me parait fondamental dans cette capacité au bonheur est celui de savourer.

Savoir savourer ce que l’on a, ce que l’on vit.

Arrêter d’attendre. Ne pas se dire que tout ira bien quand..

Ce moment est ce qu’il est. La vie, c’est maintenant. Prenons ce qu’elle nous offre, et savourons-le.

Cela n’empêche pas les projets, ni l’ambition. On peut toujours continuer à avancer, à améliorer, à « chercher le mieux », comme on dit dans le cercle. Mais le chemin est également appréciable.

Garder la joie de vivre pendant notre cheminement, avoir confiance, profiter.. Voici des valeurs que j’aimerais transmettre à mes enfants !

Concrètement, comment le vit-on ? Et comment le transmet-on, pour apprendre le bonheur à nos enfants ?

Je réunis ces deux questions dans mon titre, parce que les deux se font simultanément, je crois.

On transmet beaucoup plus par notre exemple, notre modèle, que parce que ce que l’on dit, c’est bien connu.

C’est merveilleux d’ailleurs, parce que cela veut dire qu’il « suffit » de se consacrer à notre propre apprentissage pour le transmettre à nos enfants. Voilà pourquoi ce chemin de parentalité positive est devenu un chemin de développement personnel.

Donc, pour transmettre à nos enfants une certaine aptitude au bonheur, il s’agit d’abord de la développer pour nous-mêmes.

Car apprendre le bonheur à nos enfants, c’est d’abord les aider à développer cette aptitude au bonheur, qui dépend de chacun.

On ne pouvait pas mieux tomber, les recherches en psychologie positive de ces dernières décennies nous y aident, nous donnent enfin des pistes sérieuses.

La gratitude

D’abord, première réponse apportée par la psychologie positive à « comment être heureux ? » :  la gratitude !

Ça, c’est déjà une très bonne manière de savourer ce que l’on a !

Etre conscient des petits bonheurs de la vie, prendre le temps de s’arrêter dessus, d’en prendre conscience, d’en être heureux, justement. De remercier la vie pour cela.

Alors, oui, mes grands se moquent un peu de mon expression de la gratitude parfois : « #gratitude » disent-ils un peu ironiquement… mais je sais qu’ils reçoivent le message.

Gratitude d’avoir une famille unie

Gratitude du temps partagé

Gratitude de pouvoir aider les autres

Gratitude d’apprendre, tous les jours, de nouvelles choses

Gratitude de voir la pleine lune, si belle…

Savez-vous qu’en prenant l’habitude de noter chaque jour nos gratitudes de la journée, on entraine vraiment notre cerveau à se focaliser sur le positif, et à être plus heureux ?

C’est d’ailleurs le premier exercice que nous propose Tal Ben-Shahar dans son bouquin « Apprendre à être heureux« …

Désirer ce que l’on a déjà

Dans la même veine, mais encore en amont, je me suis mise à prendre le temps de désirer ce que j’ai déjà. Et à le verbaliser.

Par exemple, il m’arrive de dire, alors que je suis sur le canapé, à lire un livre à mon fils : « Je désire avoir mon petit garçon blotti contre moi pendant que je lui lis l’histoire… Oh ! Je l’ai ! »

Récemment, j’ai vu une petite vidéo qui m’a interpellée, et m’a confortée sur cette voie.

C’est l’extrait d’un cours de philosophie de André Comte-Sponville, de Genève, intitulé « La phrase la plus triste de l’histoire de la philosophie. »

Pour bien la comprendre, il faut voir la vidéo. Cependant, en voici l’essentiel :

  • La phrase en question :

« Ainsi, toute notre vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. » Schopenhauer

  • Souffrance -> parce que je désire ce que je n’ai pas
  • Ennui -> parce que j’ai ce que, dès lors, je ne désire plus

Ca rejoint bien ce que l’on disait, non ? Moi, en tout cas, j’en déduis que si je veux le bonheur, si je veux sortir de cette oscillation de la souffrance à l’ennui, et compte tenu de cette démonstration, il suffit que je désire ce que j’ai !

cqfd.

Qu’en dites-vous ?

Il y a peu, j’ai assisté à une présentation sur le thème de la culpabilité. Cette conférence était organisée par une association de familles, alors évidemment, le public était majoritairement composé de parents, mais le thème était la culpabilité en général. Au début de la présentation, l’intervenante a demandé à chacun de citer une situation dans laquelle nous nous sentions coupables.
Une bonne moitié des réponses concernait le comportement face aux enfants :
“Je me sens coupable quand je crie sur mes enfants.”
“Je me sens coupable quand je n’arrive plus à être patiente en fin de journée.”
“Je me sens coupable quand je n’arrive pas à me faire obéir et que je bascule dans la force.”

La culpabilité est un sentiment très présent chez les parents, et particulièrement chez les mères.
J’avais donc envie de vous en parler.

Comme d’habitude, écrire m’aide à réfléchir. Et ce n’est sûrement pas un hasard si je trouve aujourd’hui une illustration concrète de ce thème dans ma vie personnelle.
J’ai commencé à écrire cet article il y a quelques jours, et ce matin, justement, je me sens coupable…
Je vais donc vous raconter pourquoi, en toute honnêteté, et en ravalant ma honte.

Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici l’enregistrement.

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Mes premiers mots de l’année

Le contexte

Nous sommes en vadrouille en famille en Inde. Cette nuit, notre camp de base est un genre de lodge au bord d’une réserve d’oiseaux, en pleine nature. C’est super beau.
Nous logeons dans des espèces de grandes tentes-maisons. Et c’est ici que nous avons fêté le nouvel an.

Ce matin, c’est le bruit de Léon fermant la tente en sortant qui m’a réveillée. Il avait été très discret, ai-je découvert ensuite, puisqu’il s’était habillé dans le presque noir, et avait bien bordé ses doudous avant de sortir.
Il est ensuite allé rejoindre son frère et son copain devant la tente voisine, et ils se sont mis à jouer.
Seulement voilà, leur enthousiasme occultait complètement l’heure…
Nous sommes le matin du 1er janvier, il est 7h30, et eux crient.
Moi… je m’énerve !

Un déclencheur

On est tous plus ou moins résistant au manque de sommeil. Je ne lui suis pas.
Pour moi, la fatigue est réellement un ennemi. Elle a facilement pour effet de me transformer en sorcière.
Comme je le sais, je m’énerve d’avance, et le bruit le matin est un de mes déclencheurs : je n’arrive pas à supporter que ceux qui sont réveillés ne fassent pas attention à ceux qui dorment. Je me répète que c’est un manque de respect dingue, alors même que l’autre voix dans ma tête sait que cela n’a rien à voir, que les enfants oublient et ne se rendent pas compte… Mais c’est malgré tout souvent la première voix qui l’emporte, malheureusement.

Et c’est ce qui se passe ce matin, alors que je me lève pour dire :
“Oh, les gars !! Y’a des gens qui dorment dans ce camp ! Il y a nous de ce côté, et d’autres gens de l’autre côté !
Alors soit vous êtes capables de jouer dehors sans faire de bruit, soit c’est dans les tentes avec un bouquin, c’est clair ?”

Hum…. comme parent positif, on fait mieux…

C’est drôle d’ailleurs ; on sent dans mes mots que j’ai intégré certains principes, qui ressortent même dans la colère.
Je ne leur dis pas qu’ils sont insupportables : je décris la situation, je leur donne un choix et une conséquence claire.
J’aurais presque pu dire la même chose et que ce soit adapté.
Seulement les mots ne font pas tout. Ici, mon ton est agressif.
Quoi que je dise, je le dis mal. Je ne suis pas dans l’encouragement, mais dans le rabaissement. Je ne suis pas dans l’écoute mais dans l’imposition et l’exigence. Je ne suis pas dans la coopération mais dans le reproche et le pouvoir.

La culpabilité pointe son nez

Je me recouche, aussitôt envahie par la culpabilité.
Mes premiers mots de l’année seront donc ceux-là. Une agression. Je ne peux plus changer ça.

Et puis… comment puis-je leur demander de parler gentiment quand je leur donne ce modèle-là moi-même ?
Je respire.

Changement d’approche

Cinq minutes plus tard, quand les cris reprennent (ils font à présent un concours de lancer de billes et hurlent : “gagné !!”), je ressors calmement, m’approche, et leur dis :
“Ecoutez, les gars. D’abord, je voudrais vous demander pardon du ton que j’ai utilisé avant.
Ensuite, je vois que c’est vraiment difficile pour vous de ne pas crier.
Vos billes arrivent juste devant la tente des voisins, et vous les gênez forcément.
Vous aurez encore plein d’autres moments dans la journée pour jouer à ça, et faire du bruit.
Là, maintenant, il vaudrait mieux trouver une activité qui ne dérange pas les autres.”
Alors, Léon part en courant : “Je vais à la cible !”.
Il y a en effet une cible avec un arc et des “flèches” au bout en caoutchouc dans la partie commune du camp, un peu plus loin des dormeurs.

Les deux autres veulent suivre.
“Aucun problème, leur dis-je, il faut juste être habillé pour aller là-bas.”
Ils rentrent dans leur tente pour enlever les pyjamas.
Je retourne dans la mienne, un peu soulagée.
Mais je sais que je ne dormirai plus.

Comment je me sens

Honnêtement, mes sentiments sont confus à ce moment-là :

  • un reste de culpabilité
  • un soulagement d’avoir su redresser la barre
  • un sentiment d’injustice parce que finalement, ma nuit a bien été interrompue
  • de l’acceptation, parce que ce sont des enfants
  • du ressentiment quand même à cause de cette interruption.

Pour autant, je me dis :
Oui, il est injuste que je sois réveillée parce qu’ils font trop de bruit, alors qu’ils auraient pu -ils auraient dû même !- jouer calmement.
Mais voyons les choses objectivement : est-ce que les agresser aide à résoudre la situation ?
Absolument pas !
On peut même penser, et observer, que c’est lorsque j’aborde les choses calmement que les solutions apparaissent.
J’aurai donc toujours plus à gagner à éviter l’agression.
A court terme pour mon sommeil, à long terme encore plus, pour tous leurs conflits à venir, au cours desquels ils vont vraisemblablement user des techniques qu’ils auront observées.

Et je reste donc, avec mon sentiment de culpabilité.
Que vais-je en faire ? On en parle ?

Qu’est-ce que la culpabilité ?

Commençons par le commencement. D’où vient ce sentiment de culpabilité ?
Qu’est-ce qui se joue en nous pour faire naître cette expérience émotionnelle, somme toute plutôt désagréable ?

Voilà la première chose que nous explique Camille Sépulchre, l’intervenante, et que je note immédiatement en gras, tant ça me parait limpide.

La culpabilité nait d’un conflit psychique : elle vient du décalage entre moi tel(le) que je voudrais être, et moi tel(le) que je suis.

C’est exactement ce qui s’est joué ce matin : le décalage entre la maman positive, qui enseigne à ses enfants, par le modèle, à parler gentiment, qui fait preuve de tolérance pour leur temps d’apprentissage, et celle qui s’est mise à agresser ses enfants de but en blanc.
Ce décalage a immédiatement déclenché ma culpabilité.

Pour notre esprit, la culpabilité est alors une façon de réparer : on s’en veut et ça répare un peu ce qu’on a fait.
Vous avez déjà senti ça ?

Nous sommes juges de nous-mêmes

Discuter de cette culpabilité est également l’occasion de revenir sur un point fondamental : la responsabilité de nos sentiments.
C’est une notion fondamentale, très bien expliquée dans la CNV (cf. Les mots sont des fenêtres) :
nous sommes responsables de nos sentiments.

Si vous lisez cela pour la première fois, vous pouvez être surpris.
L’idée est pourtant simple. Des circonstances identiques font naitre des sentiments différents.
Je suis facilement agacée par quelque chose qui, au contraire, plait à mon voisin. C’est donc bien que ce n’est pas la situation elle-même qui engendre mon sentiment, mais moi.
Ou, plus précisément, mes pensées.

Dans le cas de la culpabilité, nos propres pensées sont des jugements.
“Je n’aurais pas dû..”, “J’ai tort…”, “Je ne suis pas capable..”, “Je devrais…”

Nous sommes notre propre juge, et nous nous jugeons nous-mêmes très durement.
Cependant, le fait que cette culpabilité découle de nos pensées en fait un sentiment réellement très personnel.
D’autant qu’elle est particulièrement influencée par nos expériences passées, comme nous allons le voir.

Les différentes formes de culpabilité

Ces pensées qui créent chez nous un sentiment de culpabilité viennent elles-mêmes de niveaux différents.
Elles viennent :

  • de nous et de nos aspirations
  • de ce que la société nous a transmis
  • de ce que nos parents et ancêtres nous ont transmis

Plus la culpabilité vient de loin, plus elle est inconsciente.
Car beaucoup de nos jugements sur nous-mêmes sont directement liés à des croyances qui sont véhiculées sans même que l’on en ait vraiment conscience.

Quelques exemples de ce que peut nous avoir transmis la société :
“Je dois savoir gérer mon travail, ma famille, et ma maison.”
“Je ne suis pas là pour me faire plaisir.”
“Les enfants doivent obéir aux adultes.”
“Je dois penser aux autres avant de penser à moi.”
“Un garçon, ça ne pleure pas.”
“Il faut être efficace.”
“Il faut travailler à corriger ses faiblesses plutôt que se focaliser sur ses forces.”

Quelques exemples de ce que peuvent nous avoir transmis nos parents, qui se confond parfois avec ce que nous a transmis la société :
“Je n’ai pas le droit à l’erreur.”
“Je me débrouille seul.”
“On ne peut pas savourer si on n’a pas d’abord souffert.”
“La vie, c’est comme un match de boxe, il faut être le premier.” (spéciale dédicace à mon grand-père qui nous disait ça régulièrement… Heureusement, on n’écoutait pas toujours !)

Toutes ces croyances ancrées en nous, influencent nos pensées, qui, à leur tour, créent ce sentiment de culpabilité.
Par rapport au geste qu’on vient de faire, à la pensée de ce qu’on aurait pu commettre…
Et que l’on traduit par ce genre de pensées, mi-conscientes :
“Je ne suis pas à la hauteur de ce que les gens attendent de moi.”
« Je ne passe pas assez de temps avec mes enfants. »
En fait, nous sommes en décalage avec une certaine idéalisation de nous-mêmes.

Nous voyons bien ici la part de l’inconscient dans ce sentiment de culpabilité :
1- la culpabilité vient du décalage de ce que nous sommes avec l’idée que nous nous faisons de ce que nous “devrions” être.
2- or, ce que nous devrions être vient de nos croyances héritées de nos parents et de la société.

Ce qui est clair, c’est que plus nous nous situons dans l’inconscient, et plus il est difficile de passer au dessus de notre sentiment de culpabilité.

La culpabilité est un signe de bonne santé psychologique

En effet, que serait un monde sans culpabilité ?
Alors, on verrait probablement :
un manque de scrupules, un égoïsme absolu, un manque d’empathie…
Bref, éradiquer la culpabilité ne serait pas une bonne idée !
Comme tous les sentiments, en fait, la culpabilité a bien une raison d’être.

Notre sentiment de culpabilité prouve que nous savons reconnaitre le bien et le mal.
Seuls les vrais psychopathes n’ont pas de culpabilité !

La culpabilité nous arrive sans que nous le choisissions.
En revanche, nous avons alors le choix de ce qu’on fait de cette culpabilité.
C’est à nous de décider comment y réagir.

Que peut-on faire de notre culpabilité ?

Il y a quelques années, j’écrivais ici-même que “notre culpabilité est une bonne nouvelle.
J’expliquais en effet que la culpabilité était pour moi une prise de conscience qui pouvait servir de point de départ, et c’est ce dont nous allons parler ici.

Culpabilité saine et culpabilité malsaine

Il existe en fait deux manières de vivre notre culpabilité.
On peut parler de culpabilité saine et de culpabilité malsaine.

Culpabilité malsaine

Je me figure la culpabilité malsaine comme un boulet à notre pied.
Cette culpabilité est celle que l’on ressasse, en boucle.
Plus on s’enfonce, plus elle est présente. Plus elle est présente, plus on se juge, et plus cela détruit notre estime de nous-même. C’est alors un cercle vicieux, très pénible.

La culpabilité malsaine nous immobilise, c’est évidemment celle dont on veut le plus se débarrasser.
Cependant, s’en débarrasser ne veut pas dire faire une croix sur la culpabilité dans son ensemble, mais plutôt décider d’agir pour en faire une culpabilité saine.

Culpabilité saine

La culpabilité saine, elle, est plutôt un moteur.
Lorsque l’on sait la recevoir, elle nous donne l’énergie qu’il nous faut pour avancer.

On a vu déjà que la culpabilité découlait d’un décalage entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être. En prendre conscience permet d’entamer un travail sur soi.

Travailler sur soi n’est pas toujours simple, car cela implique souvent une remise en question qui nous rend inconfortable. Sans parler du temps d’investissement nécessaire.
Mais notre culpabilité est sans aucun doute une motivation : l’envie de ne plus la ressentir nous poussera à avancer ! Voilà pourquoi je parle de moteur…

Cependant, l’action ne sera pas toujours la meilleure voie à suivre. En fait, la culpabilité saine engendrera toujours une réflexion chez nous.
Ensuite, nous déciderons s’il convient d’entrer en action ou non.

Deux scénarios sont possibles :

  • Agir pour se transformer
  • Surmonter notre culpabilité

Agir pour se transformer : la méthode

Nous parlons ici d’utiliser la culpabilité comme moteur pour se transformer. Pour tendre un peu plus vers cet idéal que nous avons en tête et qui nous fait nous sentir coupable.
Encore faut-il savoir comment faire cela.

Je vais donc vous livrer ici un exemple personnel, que Camille, la présentatrice, m’a aidée à creuser lors de sa présentation.

Ma situation

“Je me sens coupable quand j’en veux à mon mari de prendre du temps pour lui.”

Oui… je l’avoue (et j’ai un peu honte).
Le week-end, mon mari trouve de plus en plus souvent l’occasion de faire un peu de saxophone.
Une partie de moi se réjouit qu’il renoue avec cette passion qui a été un peu moins présente ces dernières années, et l’autre lui en veut d’y consacrer du temps.
En toute objectivité, je sais que je ne devrais pas lui en vouloir. (Vous remarquez le “je ne devrais pas”, qui parle de qui j’ai envie d’être). Ce n’est pas comme s’il ne s’impliquait pas dans la maison ou avec les enfants. Il trouve honnêtement le bon équilibre, et pourtant, je sens cette négativité en moi, que je ne voudrais pas ressentir !

Camille m’a encouragée à chercher les conflits intérieurs et les idéalisations auxquelles cette situation me renvoyait.

La situation est celle qu’elle est. Soit.
J’ai donc le choix : soit je reste avec ça, je me morfonds, et je tourne en rond avec l’idée que je ne devrais pas ressentir ça, mais sans rien y faire, ce qui devient un boulet à mon pied (culpabilité malsaine), soit je décide d’entamer un travail qui me permettra de mieux comprendre ce qui se joue.

Recherche des idéaux cachés derrière ma culpabilité

On voit bien qu’il y a ici un décalage entre qui je suis dans cette situation et la personne que j’aimerais être. Je vais donc m’y arrêter un moment.

Quel est mon idéal ?
J’aimerais être contente pour lui.
J’aimerais moi aussi prendre du temps pour moi. → Ah ! Il y a également de la jalousie là-dessous ! Mais pourquoi est-ce que je ne prends pas du temps pour moi ?
Je voudrais avoir une maison qui tourne (et pour cela, j’y consacre de l’énergie, c’est mon choix)
Je voudrais qu’il soit présent à ses enfants. – Hum… voilà qui nécessite également une réflexion plus poussée : d’abord, parce qu’il est présent à ses enfants – pas un week-end sans un jeu de société par exemple -, ensuite parce que je sais bien que pour être réellement présent à ses enfants, il faut également prendre du temps pour soi !

Voici donc mon idéal, très clair :
me réjouir qu’il puisse prendre du temps pour lui sans arrière-pensée
et prendre également du temps pour moi sans arrière-pensée

Une réflexion qui se prolonge

Dans les jours qui suivent cette présentation, j’ai l’occasion de pousser encore un peu cette réflexion.
Je m’aperçois que la construction de notre équilibre de vie crée un décalage entre nous.
Du fait que je travaille à la maison, j’ai parfois l’occasion de prendre du temps pour moi dans la semaine. Bien sûr, comme tout le monde, je cours plutôt après le temps ! Mais quand même, convaincue que respirer et remplir mon réservoir est fondamental, faute de quoi je ne suis pas la maman que j’ai envie d’être, je m’accorde des pauses qui me font du bien.
De son côté, Nicolas a peu d’occasion de faire de même. Faire du saxophone est son moment. Et je sais que lorsqu’il a pu souffler dans son saxo, il est ensuite plus détendu, et s’occupe par exemple plus facilement du bain des enfants. Parce qu’il a rempli son réservoir.

La transformation

Cela n’a l’air de rien, mais cette analyse m’a aidée à passer à l’action.
Le week-end suivant, je sens une vraie transformation en moi.
Nicolas part faire du saxo, et moi, je me réjouis pour lui. Réellement, et sincèrement !

Reste à voir si cela durera, mais je sens bien que j’ai franchi un pas important.
D’ailleurs, je n’hésite plus à aller prendre un bain avec un bon livre, dont je sors à mon tour plus reposée ! Cela va également avec un apprentissage du lâcher-prise qui m’appartient complètement.

Quand nous ne sommes pas dans l’action : surmonter la culpabilité

Il existe encore des tas de situations où il est possible de se sentir coupable sans que nous puissions agir pour que la situation change.
Prenons le cas de quelqu’un qui a du mal à supporter d’être privilégié sans l’avoir forcément mérité.
Ex : “J’ai des enfants facilement, alors que ma voisine n’y arrive pas.”

Encore une fois, tout le monde ne ressent pas de la culpabilité dans une telle situation. Mais, si nous nous plaçons dans le cas d’une maman qui en ressentirait, voyons quel serait l’idéal derrière ce sentiment.
Probablement quelque chose de l’ordre de :
« Dans mon idéal, tout le monde a les mêmes chances, et dans mon idéal je ne fais pas face à la tristesse de l’autre. Dans mon monde idéal, je ne rendrais personne triste. »

Pas possible de changer la situation, mais pourquoi pas essayer de développer son empathie, d’écouter l’autre, d’adapter son comportement…

Et puis, on peut se poser soi-même la question suivante : “Je ressens de la culpabilité. Qu’est-ce que j’en fais pour moi ?”
Surmonter sa culpabilité dans ce cas peut signifier s’en débarrasser par la gratitude.
Reconnaître qu’on n’est pas responsable de la situation des autres, et se sentir reconnaissant de ce que l’on vit.

Un choix

Voilà, je vous ai livré tout ce que je savais, ou presque.
Je sais qu’il me reste à mener le travail que je vous ai décrit plus haut sur la situation exposée en début d’article. J’ai commencé à le faire, mais j’aimerais mener ce travail à son terme pour vous en parler un peu plus sans alourdir cet article déjà long.

Une chose à retenir en tout cas : on ne choisit pas de se sentir coupable, mais on choisit bien ce que l’on fait de cette culpabilité.
Pour moi, le choix est désormais fait : je veux embrasser ma culpabilité pour chercher les idéaux et croyances qui se cachent derrière.
Attendre que les choses changent d’elles-mêmes ne fonctionne pas.

Et vous, quand ressentez-vous de la culpabilité ?

Cela fait maintenant quelques années que j’avance sur le chemin de la parentalité positive, et il n’y a aucun doute sur le fait que notre famille a énormément évolué. Ne croyez pas pour autant que tout roule toujours sans accroc. Non, je continue à avoir des moments difficiles ; des moments de découragement, de doute (enfin, non, pas vraiment de doute, quand même !).  Ce que j’ai pu observer cependant, c’est que ces moments sont directement liés, non pas au comportement des enfants, mais plutôt à la manière dont je me sens, moi. Voici donc la conclusion à laquelle je suis arrivée, qui devrait peut-être plutôt être un point de départ : la bienveillance commence par soi-même.

— Note : cet article fait partie d’un carnaval d’articles organisé par mon amie Emma, du blog Parent plus qu’imparfait, sur le thème : “Parentalité bienveillante : et si la bienveillance commençait par soi-même ?” Vous pourrez donc bientôt trouver ici un lien vers l’ensemble des articles écrits sur ce thème par les différents blogueurs participant à ce carnaval —

Devenir un parent bienveillant

L’intention, d’abord.

Nous qui avançons sur le chemin de la parentalité positive avons en commun cette aspiration à nous améliorer dans notre posture parentale.

Je crois que nous avons tous pris conscience de la nécessité d’évoluer dans nos habitudes et dans nos croyances, pour offrir à nos enfants un autre modèle. Pour cela, nous sommes prêts à nous remettre en question, à chambouler les schémas, pour adopter d’autres attitudes.

De nouvelles aptitudes

Forts de cette conviction, nous piochons dans tout ce qui est à notre disposition pour apprendre, et nous imprégner d’un autre modèle. Avancer doucement vers le parent que nous rêvons d’être nous demande de développer certaines compétences dont nous ignorions jusqu’à l’existence auparavant : compétences d’écoute, de communication, de perspective…

Nos enfants sont nos meilleurs maîtres, et, si cela demande de l’énergie, quel bonheur de voir notre relation évoluer, et nos enfants grandir en confiance.

Difficulté de garder le cap

Malheureusement, ce chemin est semé d’embûches.

Car un apprentissage prend du temps. Nous avançons bien, mais faisons aussi régulièrement des pas en arrière, volontairement ou non. Et cela peut être difficile à accepter.

Qu’est-ce qui se met ainsi en travers de notre chemin ?

  • le regard des autres, leurs commentaires : je vois beaucoup de parents qui ne se sentent pas soutenus dans leur démarche (car devenir un parent bienveillant est encore à contre-courant), et qui ont bien du mal à conserver leur énergie dans un environnement négatif…
  • la difficulté de trouver notre équilibre : savoir se positionner de manière adéquate en alliant fermeté et bienveillance , réussir à rester bienveillant sans tomber dans la permissivité, écouter son enfant et lâcher prise, tout en s’écoutant soi-même… pas toujours facile
  • nos dérapages – en théorie, tout est clair, on sait comment réagir. En pratique, on craque. Parce qu’on n’a pas le temps, ou la patience, parce que nos anciens réflexes l’emportent dans la tempête !

“Pour se comporter bien, il faut se sentir bien”

Voilà l’une des croyances fondamentales de l’éducation positive.

Le vrai parent bienveillant est celui qui a compris que si notre enfant a un comportement inapproprié, c’est que quelque chose ne va pas bien.

C’est grâce à ce principe que nous réussissons à poser un regard bienveillant sur notre enfant, pour essayer de le comprendre et appréhender les choses autrement que selon le schéma vertical dont nous avons usuellement hérité.

Poser un regard bienveillant sur nous-mêmes

Et si nous réussissions à présent à nous appliquer ce principe à nous-mêmes ?? Car voilà, je crois, la raison de nos dérapages évoqués ci-dessus : si nous ne comportons pas “bien”, c’est que nous ne nous sentons pas bien !!

A chaque fois que notre comportement (de parent en particulier, mais pas seulement) ne correspond pas à ce que nous avions fixé, nous pouvons choisir :

Rester sur nos erreurs et les condamner n’est pas bienveillant. Accepter nos erreurs et chercher à les réparer correspond bien plus à ce que nous cherchons à enseigner à nos enfants, non ?

C’est cela, au quotidien, appliquer la bienveillance à tous les niveaux.

Avez-vous déjà remarqué, par exemple, que notre fatigue a généralement raison de notre humeur ? Chez moi, c’est simple : si je ne dors pas assez, je sais que j’ai tout de suite plus de chances de voir surgir la sorcière en moi…

Or, pour nous sentir bien, il ne suffit pas de bien dormir, l’équation, comme pour les enfants, est plus complexe…

Comment vivre la bienveillance en commençant par nous-mêmes ?

Je crois que la première pierre à poser, encore une fois, est un changement de perspective : arrêter de considérer que commencer par nous-mêmes est égoïste.

C’est toujours cette image du masque à oxygène dans les avions : il nous est bien expliqué de commencer par l’enfiler nous-mêmes avant de le passer à nos enfants. C’est évident : si nous manquons nous-mêmes d’oxygène, nous n’en aurons pas pour bien nous occuper de nos enfants.

S’occuper de nous, c’est donc aussi faire ce qu’il faut pour bien nous occuper de nos enfants. C’est remplir d’abord notre propre réservoir.

Alors, concrètement, comment cela peut-il se traduire ?

Essayons d’y réfléchir comme si nous cherchions à aider nos enfants… Oui, nous cherchons au quotidien à leur apporter l’environnement qui va leur permettre d’appréhender la vie sereinement. A leur offrir les conditions nécessaires à être bien pour faire face à la vie avec appétit.

Et pour cela, par quoi commençons-nous ?

D’abord, par leurs besoins physiques : le sommeil, comme nous l’avons déjà évoqué, des repas équilibrés, et la sécurité.

Puis, par leurs besoins émotionnels : l’écoute, le temps partagé, le plaisir de l’instant.

Et si nous suivions le même ordre pour nous-mêmes ? Car, pour nous aussi, tout ceci est important !

Veillons donc à nos besoins physiques, puis à nos besoins émotionnels. Si nous sentons que nous avons besoin d’un temps personnel, prenons-le ! C’est une manière de se respecter soi-même, et le point de départ d’une sérénité qui aura sans aucun doute un impact positif dans notre vie.

le pouvoir de l’auto-empathie

Avez-vous déjà entendu ce terme ? Je l’ai découvert dans un tout petit livre de Philippe Beck, et je le trouve très intéressant.

Il s’agit de vivre l’empathie pour nous également. Oui, nous cherchons à développer l’empathie de nos enfants, pour les aider à grandir dans un monde où ils ne se sentent pas seuls, mais connectés. Et je sais qu’en faisant cela, nous encourageons un changement de la société dans laquelle nous vivons, c’est magique !

Seulement voilà, l’empathie, cela vaut la peine de la vivre également pour soi-même. Car nous sommes responsables de notre propre bonheur. (Ouh là.. ça vous fait peur, ou ça vous libère, cette phrase ?)

Alors, pour donner la meilleure version de nous-mêmes, soyons d’abord à l’écoute de nous-mêmes ! Pas égoïstes, pas auto-centrés, pas individualistes, mais à l’écoute, vraiment. Sans quoi, si nous passons à côté de nous, il va être compliqué d’avancer réellement avec les autres…

L’impact de cette auto-bienveillance sur le modèle que nous donnons

Permettez-moi enfin de boucler la boucle.

Si notre objectif est de devenir un parent bienveillant, nul doute que nous chercherons à recevoir les émotions de notre enfant, à essayer de l’aider à développer la confiance en lui, le fait de s’écouter et de se respecter lui-même. De prendre soin de lui plutôt que de s’appliquer à faire toujours ce que les autres attendent de lui.

L’accepter et lui apprendre à s’accepter pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il fait (l’un des pièges de l’amour conditionnel)

Seulement voilà, arrêtez-moi si je me trompe, mais vous avez sûrement déjà entendu dire que la meilleure manière d’enseigner était de donner l’exemple, non ?

Alors, si nous désirons réellement enseigner cette bienveillance à nos enfants, ne serait-il pas judicieux de leur montrer comment nous vivons ces valeurs nous-mêmes ?

L’impact de développer ces principes pour nous-mêmes, et pas seulement par l’enseignement, peut être très fort. Cela me fait d’ailleurs penser à une étude citée par Catherine Gueguen dans Heureux d’apprendre à l’école. Elle explique que lorsque les enseignants ont été formés à la bienveillance, les résultats dans la classe s’en ressentent. Vous voyez ce que cela signifie ?? Que sans enseigner directement les principes aux enfants, la simple attitude des adultes qui les entourent les aide à développer leur confiance en eux…

Alors, êtes-vous prêts à commencer à appliquer cette bienveillance à vous-mêmes ?

Vous qui me lisez êtes déjà dans une démarche d’avancement vers la parentalité positive. On parle également de parentalité bienveillante, de parentalité consciente. Quels que soient les mots, l’important, c’est que vous avez à coeur d’offrir à vos enfants une éducation qui les aidera à grandir avec confiance. Vous voulez leur montrer qu’il existe un chemin pavé de respect, et d’écoute. Et, au passage, vous aspirez à une ambiance plus sereine. Il y a quelques jours, je vous parlais de la difficulté d’être parents. Je vous expliquais ce qui, selon moi, était la source principale de nos difficultés du quotidien. Ce modèle que nous recevons tous les jours, depuis tout petit. Cet apprentissage inconscient du rôle du parent dont nous n’arrivons plus à sortir. Et pourtant.. c’est possible ! Oui, il est possible d’améliorer l’ambiance familiale, il est possible d’apprendre une autre parentalité.  Aujourd’hui, justement, je voudrais évoquer le cheminement du parent positif.

Qui suis-je pour vous parler de devenir un parent positif ?

Si vous êtes arrivé ici par hasard, laissez-moi vous parler un peu de moi…

Je m’appelle Coralie, et j’ai 4 enfants, de 5 à 17 ans. Comme tous les parents, j’ai connu avec eux des moments merveilleux, et des moments de cauchemar. L’éducation m’a toujours intéressée, et j’ai même suivi une formation de guide Montessori lorsque j’étais enceinte de ma deuxième.

Pourtant, il y a environ 5 ans, je me suis retrouvée dans une situation qui ne correspondait absolument pas à ce que je voulais pour notre famille… Fatiguée, stressée, dépassée, j’employais de plus en plus régulièrement des méthodes qui ne fonctionnaient pas.

Et puis… et puis j’ai vu mes grands qui criaient sur les petits, comme je le leur avais montré, sans le vouloir ! Et là, j’ai compris. J’ai compris que cela devait changer.

Quelques années plus tard, j’ai énormément évolué. Je ne suis pas une maman parfaite, simplement parce que cela n’existe pas, et je n’y aspire pas. Mais la dynamique familiale a changé.

Non, il n’est pas possible de ne jamais se mettre en colère, mais ma manière de l’exprimer est différente. Je ne parle pas toujours gentiment, loin de là, mais je crie vraiment rarement.

Et pourtant, je viens de loin ! Je n’étais pas de ces personnes naturellement calmes, et je ne le suis toujours pas. J’ai cependant appris à changer ma façon de réagir aux événements. Appris à considérer mes enfants avec bienveillance, à les impliquer dans ma démarche éducative.

Si j’y suis parvenue, les autres le peuvent aussi ! C’est pour cela que j’ai commencé à partager mon cheminement. Avec mes proches, tout d’abord, puis avec d’autres…

C’est devenu mon métier. Je suis accompagnante en éducation positive.

Voilà ce que cela peut donner, voilà le genre de message que je reçois régulièrement :

« Je sens des changements en moi , des convictions qui s’ancrent , une meilleure lecture des comportements (des enfants comme des miens ) ,  de belles réussites et des vieilles réactions qui surgissent encore  ( que je réalise et analyse ce qui est assez inconfortable comme tu nous le disais ) .
Je trouve que mes garçons aussi développent petit à petit de nouvelles compétences . » (mail d’Emilie, pendant qu’elle suivait la formation POINT DE RENCONTRE)

« Je n’aurais pas cru que le changement soit possible ainsi. » Delphine

La clef : comprendre qu’il faut être deux pour se battre

Dit comme cela, ça semble évident, mais on l’oublie souvent… On a facilement tendance, et c’est normal, à considérer qu’on se bat « à cause de l’autre ». Bien sûr, il y a toujours différents points de vue sur la situation, et chacun considère que c’est de la faute de l’autre, sinon, on ne se battrait pas.
Il n’en reste pas moins qu’il faut être deux pour se battre.

Donc, si nous luttons contre notre enfant, c’est que nous choisissons d’entrer dans cette lutte.

Comme le dit Marshall Rosenberg, je ne peux pas contrôler l’autre, mais je peux me contrôler moi. Pour moi, tout part de là. Continuer à entrer dans des luttes de pouvoir contre nos enfants ne va pas nous aider à améliorer notre relation avec eux. Trouver des ressources en nous pour réagir autrement a au contraire le pouvoir de tout changer !

Alors, on accepte tout ?

Je sais ce que vous allez me dire : il y a certaines choses auxquelles je ne peux pas renoncer !!

Bien sûr ! Et c’est là l’une des difficultés de l’exercice. Lorsque l’on découvre la parentalité positive, on est souvent un peu perdu, et, par peur de « mal » faire, on se retrouve parfois à juste laisser faire. Mais l’éducation positive n’est pas synonyme de permissivité !

Notre posture peut cependant évoluer. Plutôt que de m’opposer à mes enfants, en cherchant à leur imposer ce que je veux, je vais essayer de les écouter, de les comprendre.

Les comprendre ne veut pas dire tout accepter ! Mais je vais alors pouvoir mieux les aider, les accompagner. D’un seul coup, je ne suis plus contre eux, mais avec eux. C’est tellement reposant !

Une anecdote autour des légumes

Laissez-moi vous raconter une histoire, qui illustre ce point. 

Un jour, je discutais avec une maman autour du thème « faire manger ses légumes à son enfant avant le dessert ». Ceci était également une question récurrente pour moi, auparavant. Mais lorsque je discute avec mon amie, je réalise que je ne me bats plus. Pas parce que j’ai renoncé, mais parce que mes enfants mangent leurs légumes.
J’expliquais donc à mon amie que j’avais l’impression que mes enfants avaient bien compris que leur alimentation devait comporter des légumes, et que la question ne se posait plus vraiment.
Ce n’est pas venu tout seul. Je sais qu’il y a eu un moment où j’ai fait un réel effort pour lâcher-prise. Pour que ce ne soit pas un sujet d’opposition. Pour accepter de laisser couler un peu, en ayant confiance que cette habitude se prendrait. Je me souviens encore de ce débat interne.

Le soir-même de cette conversation, cependant, mon fils Anatole, 4 ans, me demande, alors qu’il a encore plein de salade dans son assiette : « Maman, j’ai mangé mon maïs, est-ce que je peux avoir le dessert ? »
Cela m’a fait sourire intérieurement. Moi qui croyais ne plus avoir ce genre de questions… Mais ça a été l’occasion de m’observer. D’observer comment mes réactions avaient changé, et pourquoi je ne me battais plus à ce sujet.
Je lui ai tranquillement répondu :
« Qu’est-ce que tu voudrais comme dessert ?
du yaourt avec du sucre brun
Hum… Ca va être bon, ça ! Tu seras content d’avoir le yaourt quand tu auras fini ta salade !
Oui
Ok, alors je vais aller le chercher pendant que tu la manges.
D’accord. »
Et Anatole a tranquillement mangé sa salade, tandis que j’’allais préparer son bol de yaourt.
Cela n’a pas été une lutte, parce que je ne suis pas entrée dans la conversation avec cette attitude. Je n’ai pas répondu « Non, tu dois d’abord manger ta salade ! ». J’ai intégré l’idée que des mots comme « non », et « tu dois » sont des déclencheurs de conflit, et je m’en éloigne naturellement, sans plus avoir à y penser. (La plupart du temps… Je vous rassure, je dérape encore régulièrement, je ne suis pas un super-héros !)

Ainsi, je ne renonce pas à ce qui compte à mes yeux. En l’occurence, le fait qu’il mange les légumes. Mais ma communication est différente. C’est ça, devenir un parent positif. Et ça change tout. 

Cela prend-il beaucoup de temps ?

Lorsque je discute avec les parents, beaucoup pensent que devenir un parent positif prend du temps, et qu’ils ne le pourront pas.

Alors, pour ceux qui croient cela, je voudrais leur répondre tout de suite : NON.

Non, ça ne prend pas du temps. En tout cas, pas plus que le temps qu’on perd à se battre avec eux !!

« Si je fais pas ça [attitudes positives], les choses n’avancent pas, et je passe mon temps après à répéter… alors qu’en fait, j’ai juste pas choisi la bonne option au départ ! » Thècle, maman d’un garçon de 5 ans et d’une fille de 3 ans.

A l’inverse, lorsqu’on prend le temps d’aborder nos enfants sous le bon angle, les choses vont plus vite…

Si on a l’impression que cela prend du temps, c’est parce qu’il s’agit de développer chez nous de nouveaux réflexes qui ne nous semblent pas naturels parce que pas acquis. C’est cela qui prend du temps.

Le temps passé ensuite avec les enfants n’est, lui, pas plus long. Du tout. Et même quand on en « perd » à discuter avec eux, à expliquer, à chercher des solutions, on en gagne ensuite, grâce aux compétences qu’on aura tous développées au passage !

Ainsi, la seule difficulté, c’est de démarrer. Ensuite, il suffit de faire un pas après l’autre. C’est un cheminement. Une avancée. C’est celle que je vous propose avec la formation POINT DE RENCONTRE.

Imaginez… imaginez ce que cela sera pour vous si vous parvenez, enfin, à rompre le modèle reçu, à percevoir autrement votre relation avec votre enfant. Ce que deviendront vos échanges, et vos partages lorsque votre maison sera enfin sereine….

Être parent… l’une des choses les plus naturelles du monde, n’est-ce pas ? Oui, cela ne devrait pas être difficile d’être parent. Depuis la nuit des temps, tous les animaux ont des bébés, les protègent, les aident à grandir, puis les laissent voler de leurs propres ailes. Pas besoin d’apprendre comment, la nature est bien faite !
Et pourtant… quelques années plus tard, nous nous rendons compte que ce n’est pas aussi simple que ce que nous croyions.
Non seulement il est difficile d’être parent, mais c’est particulièrement difficile d’être parent aujourd’hui.
Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Comment se fait-il que nous ne soyons pas aussi compétents que ce que nous le pensions ?
Et quelles sont les difficultés qui s’ajoutent aujourd’hui ? Est-il possible de faire autrement ?

Une évolution que nous n’avions pas anticipée…

Les premiers temps : bébé arrive

Portés par notre instinct, nous aussi, nous sommes devenus parents. Ravis, ravis de cette nouvelle étape, plein de rêves et d’aspirations pour ce petit être qui venait rejoindre notre noyau familial. Les premiers moments ont souvent été plus durs que ce que l’on avait imaginé : les nuits hachées, les pleurs incompréhensibles…

Mais on sait que cela ne dure qu’un temps, alors on s’accroche ! Et bien nous en prend : quel bonheur de voir notre petit être découvrir le monde, apprendre, tout doucement… Nous apprenons à être parent, en même temps qu’il apprend ce qui l’entoure. Un échange, une magie…

Petit homme apprend à marcher

Puis vient le moment où notre enfant apprend à marcher, et nous l’accompagnons ! C’est incroyable, il a fait un pas !! Oui, il a appris, tout seul ou presque, à se mettre debout, à mettre un pied devant l’autre. Cette phase est l’une des plus belles de la vie, je crois, car c’est le moment où nous avons le plus confiance en notre enfant !

Nous savons qu’il va marcher, nous n’en doutons pas. Nous admirons les pas qu’il fait. Certes, il tombe. Mais nous y attachons peu d’importance. Car nous savons que cela fait partie de son apprentissage, et savons qu’il recommencera, encore et encore, et qu’il réussira. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. D’ailleurs, c’est bien ainsi que nous lui communiquons notre admiration. Nous nous réjouissons avec lui des pas qu’il fait, nous l’accueillons dans nos bras au bout de son chemin.

A aucun moment ne nous viendrait l’idée de lui dire : « Mais enfin ! Pourquoi tu tombes ? Je sais bien que tu sais marcher, puisque je t’ai vu faire des pas plusieurs fois ! Alors fais le tout le temps maintenant !! Ça suffit de ne pas vouloir ! ». Non.. cela semblerait sacrément saugrenu, n’est-ce pas ?

Les choses s’accélèrent

Seulement voilà : les difficultés d’être parent arrivent progressivement. Notre enfant sait bien marcher, maintenant, et continue de grandir. Mais il a encore beaucoup de choses à apprendre.

Et, alors qu’il apprend encore, nous avons perdu notre regard bienveillant. Nous oublions que c’est encore un apprentissage. Nous voulons qu’il “marche” sur tous les sujets.
Qu’il se couche tous les soirs sans problème, qu’il se lave les dents, dise bonjour et parle gentiment. Qu’il “gère” ses émotions et n’embête pas son frère.
A chaque faux pas, il est difficile de ne pas lui tomber dessus ! De ne pas lui reprocher sa chute.

Et notre vie se complique

Peu à peu, les sujets d’agacement deviennent quotidiens.

C’est la fin de la journée, les choses n’ont pas forcément été faciles au travail, et nous aspirons simplement à un moment calme et apaisé… Il semble que notre enfant ne conçoive pas les choses sous le même angle.
Tout devient compliqué, et nous ne comprenons pas pourquoi ! La frustration monte, nous avons l’impression qu’il nous cherche !

Voilà qu’à notre tour, nous ne parvenons pas à « gérer » nos émotions, et nous nous mettons à crier pour obtenir ce que nous voulons !!
Nos manières bienveillantes des premiers temps fichent le camp…
Est-ce possible de ne pas nous énerver ?

Bienvenue culpabilité !

Un peu plus tard, notre enfant couché, notre agacement retombé, nous repensons au parent que nous avons été, celui que nous aimerions être (surtout avec tout ce que nous lisons sur le sujet, qui transforme parfois le parent bienveillant en parent parfait)… et la culpabilité pointe son nez. Ce n’était clairement pas le parent que nous avons envie d’être que nous avons vu ce soir.

Cette culpabilité, c’est un vrai sujet d’actualité. Combien de fois ai-je lu que la parentalité positive créait un sentiment de culpabilité chez les parents ? Oui, être parent aujourd’hui, c’est d’autant plus difficile que les injonctions sont nombreuses… Je vous en reparle un peu plus loin !

Bien sûr, il peut tous nous arriver d’avoir des jours plus difficiles que d’autres ! Une charge émotionnelle qui nous pèse. Est-ce vraiment à notre enfant de payer ?
Non bien sûr, mais il semble que ce parent dont on ne veut pas, pointe son nez plus souvent que prévu…

Que s’est-il passé, bon sang ? A quel moment avons-nous commencé à déraper ?

Difficulté d’être parent : quand et comment avons-nous perdu notre regard bienveillant ?

Cela s’est passé sans que nous ne nous en rendions compte, simplement parce que nous ne l’avons pas choisi.

Nous ne sommes évidemment pas levés un matin en nous disant : « Bon, maintenant, quand il ne sera pas d’accord pour faire ce que je lui demande, je lui crierai dessus. » Evidemment pas !

Alors… comment est-ce arrivé ?

Notre approche de la relation parent/enfant

En fait, je crois que ce n’est vraiment pas de notre faute. Au début de cet article, nous parlions du fait que devenir parent était la chose la plus naturelle au monde.

Oui, nous avons vu nos propres parents agir, nous avons vu nos oncles et tantes, les parents de nos amis, puis nos amis eux-mêmes. Des occasions d’observer des relations adultes/enfants, nous en avons tous les jours ! Rien de nouveau sous le soleil, suffit de suivre les flèches.

Comme nos enfants aujourd’hui, nous avons appris de ce que nous voyions. Et que nous voyons encore.

Il s’agit, le plus souvent, d’une éducation autoritaire, mettant en pratique les idées suivantes :

  • un adulte est supérieur à un enfant
  • lorsqu’un adulte dit quelque chose, l’enfant doit obéir
  • si l’enfant exprime son désaccord, il est insolent
  • l’enfant ne doit pas déranger l’adulte
  • s’il fait quelque chose qu’il ne doit pas faire, il sera puni
  • si je ne contrôle pas mon enfant, je suis un mauvais parent
  • c’est « pour leur bien »
  • ….

Notre regard bienveillant est donc parti naturellement… parce que nous ne l’avions jamais vraiment eu : il n’est accordé qu’aux tout petits. Après, la pensée commune, c’est “Tu es grand maintenant. Tu as l’âge de comprendre”. Et dès que l’enfant comprend, il doit obéir. Ou le parent doit le faire obéir. Voilà l’idée.

Nos neurones ont créé les connexions adaptées

Eh ben oui ! Au fur et à mesure que nous avons été témoins, en grandissant, de tous les comportements en accord avec les croyances listées ci-dessus, nous avons intégré les mêmes principes.

Dans notre cerveau, les connexions se sont créées pour faire correspondre nos propres comportements à ceux que nous observions. D’où nos difficultés à voir les choses autrement.

Aujourd’hui, nous aimerions nous comporter différemment, utiliser des méthodes alternatives d' »autorité positive », mais nous sommes pris au piège :

Pris au piège de la reproduction du schéma reçu ! 

Le voilà notre problème central. Celui qui est à la source de tout le reste. Notre société dans son ensemble reste dans le schéma. Et le reproduit.

Lorsque l’on veut en sortir, lorsque l’on cherche à éduquer nos enfants selon un autre modèle, selon un schéma plus bienveillant, il se passe alors deux choses :

1- nous nageons à contre-courant, ce qui est épuisant

2- nous luttons contre notre propre cerveau, en sortant de notre zone de confort, celle que nous connaissons le mieux.

Comprenez-vous mieux pourquoi c’est si difficile ?

Difficulté d’être parent : Pourquoi est-ce particulièrement criant pour le parent d’aujourd’hui ?

Les connaissances du 21è siècle

Je suppose que chaque nouvelle génération se pose ses questions. Que nous avons tous tendance à vouloir trouver nos méthodes. Nos parents ont déjà voulu briser les codes : ils ont connu mai 68, ils ont cherché leur voie.

A leur époque, des initiatives d’éducation différente fleurissent. C’est l’époque de Libres enfants de Summerhill , mais cela reste marginal, un peu hippie…

Aujourd’hui, un nouveau paramètre est à prendre en compte : celui de la science.

Les neurosciences affectives ont fait leur entrée, et viennent appuyer les théories selon lesquelles un enfant entouré de bienveillance va mieux se développer.

Des gens “sérieux” prennent alors le relais des non violents des années 70. La recherche d’harmonie n’est plus un phénomène marginal. On peut désormais l’affirmer, sans aucun doute possible : les violences ordinaires sont nocives. La punition est violente.

Les courants éducatifs et pédagogiques positifs et bienveillants se développent : Montessori, Discipline Positive, Faber et Mazlish. Et je ne parle pas seulement éducation, moi qui m’inspire au quotidien des principes de la communication non violente !

Il y va donc de notre responsabilité collective de faire évoluer les choses, de modifier nos pratiques éducatives, et de faire enfin entrer la bienveillance dans notre quotidien.

Le message est désormais transmis par des personnalités en vue. En France, on peut citer Catherine Gueguen, Céline Alvarez, Boris Cyrulnik, Isabelle Filliozat… moi ! (euh… je me rajoute un peu trop vite peut-être ?)

L’initiative du gouvernement de créer la commission des 1000 jours est bien le signe de cette prise de conscience réelle et nécessaire.

Et le rapport de la commission est clair :

[…] les violences éducatives ordinaires, engendrent non seulement stress et peur, elles peuvent aussi affecter négativement le développement de lenfant, et donc directement sa faculté dapprendre.

Tout nous encourage donc à être des parents bienveillants.

Plus de retour en arrière possible pour le parent d’aujourd’hui

Voilà. Le mal est fait : nous avons pris conscience de ce qu’il se passait. Plus possible de nous mettre des œillères. Il va falloir tenir compte de ces informations, et évoluer.

Exactement comme pour la protection de l’environnement : on en peut plus dire qu’on ne savait pas.

On sait que pour aider nos enfants à être des enfants heureux, et même des adultes heureux, il s’agit de faire en sorte que l’éducation de l’enfant soit positive et bienveillante.

Mais on en revient alors à ce que l’on disait plus haut : c’est très difficile !

Difficile à cause de ces fichues connexions neuronales que nous avons déjà faites en grandissant… Bon sang, heureusement que le cerveau est encore plastique !

Oui, nous avons besoin de nous transfomer un peu en coach parental, pour montrer d’autres manières de faire à nos enfants. Sortir de notre zone de confort et chercher plus loin.

D’un certain côté, c’est quand même sacrément chouette, tout ça ! C’est même carrément enthousiasmant !!

Plus on lit sur l’éducation positive, et plus on se met à croire à ce modèle inspirant, bienveillant… on croit enfin qu’un monde meilleur est possible… en commençant par l’éducation.

Mais on est un peu coincé : coincé entre ces aspirations, et les manières de faire que l’on apprises, et dont on est encore témoin au quotidien…

Que faire alors, pour être parent aujourd’hui ?

Tout commence par cette prise de conscience. Celle que, j’espère, vous aviez déjà, ou vous venez d’avoir. Celle qui vous permet de comprendre d’où vient notre posture parentale, et pourquoi il est si difficile d’en sortir.

Un choix, d’abord

Une fois qu’on en arrive là, on peut enfin prendre une vraie décision. Je dis une vraie décision, parce que ce n’est plus une attitude qui découle de ce que nous avons reçu, ou du fait que l’on suive ce qui est en vigueur autour de nous. A ce stade, nous avons compris ce qui se jouait. Nous avons mis des mots sur l’origine du problème. Il nous reste à prendre notre responsabilité et à faire un choix.

Choix 1 : la liberté complète pour nos enfants

On peut décider d’agir de manière totalement opposée.  D’arrêter de subir les schémas, de ne plus priver les enfants de leur droit à l’expression, de les laisser décider de ce qu’ils veulent, et de ne plus chercher à leur imposer ce que nous voulons, en aucune façon. Qu’ils grandissent sans contrainte aucune.

Ce n’est pas mon choix.
Parce que nous vivons en société, parce que la liberté de l’un s’arrête là où commence celle de l’autre. Je veux aider mes enfants à exercer une certaine liberté, tout en tenant compte de l’autre.
Ma manière d’éduquer, de façon bienveillante, n’est pas du laxisme. Je m’attache aussi à poser des limites.

Choix 2 : le statut quo

On peut décider de rester dans la norme. De se conformer aux règles de la société.
Parce qu’après tout, on ne va pas changer tout le monde, et nos enfants vont se heurter à ce monde-là.
C’est une possibilité.

On peut éduquer nos enfants comme on l’a vu faire, comme l’environnement nous y pousse encore insidieusement, sans se poser plus de question.

C’est probablement le plus simple, en tout cas pour notre cerveau qui n’aime pas qu’on remette en cause ses croyances.
Ça posera des problèmes entre nous à l’adolescence, lorsque notre enfant refusera cette dynamique, mais cela nous paraitra normal, comme aux autres, qui luttent avec leurs enfants.

Cependant, les mots ont parfois leur importance : j’aime ceux de « parentalité consciente », qui me poussent à adopter une manière d’éduquer qui vise à élever mes enfants, dans tous les sens du terme. Et je suis persuadée que c’est également votre cas, vous qui lisez ces mots.
Ne laissez pas le chemin vous décourager ; vous en êtes capables, tout comme moi !

Choix 3 : participer à changer le monde

Ou bien, on peut décider que si, on veut changer le monde !
Que l’on aspire à autre chose, pour nous, pour nos enfants, et pour la société dans son ensemble. Que l’on va se donner du mal pour ne pas reproduire le schéma reçu, sans pour autant lâcher prise.

C’est le choix que j’ai fait.

D’abord, parce que je crois très fort au fait que c’est ce qu’il y a de mieux pour mes enfants. Que cela les aidera à développer leur autonomie, leur responsabilité, leur motivation et leur confiance en eux.

Ensuite, parce que je crois que c’est ce qu’il y a de mieux pour moi.

Parce que je vois comment la relation que je crée avec mes enfants me permet d’éviter d’entrer bêtement dans des luttes de pouvoir dont personne ne sort gagnant. Parce que j’aspire à une ambiance plus posée, plus sereine. Parce que je ne veux pas être contre mes enfants, mais avec eux !

Parce que je sais que parents et enfants peuvent se retrouver, faire équipe, dans un cadre bienviellant.

Enfin, parce que je crois en un monde meilleur. Parce que j’aspire à vivre dans une société dans laquelle chacun fait attention à l’autre, dans laquelle chacun écoute l’autre, sans l’agresser, sans le rabaisser.
Un monde qui donne de la place à l’empathie.

Et que la seule manière d’avancer vers ce monde-là, c’est que chacun d’entre nous offre un autre modèle à nos enfants.

Et le mettre en place

Si vous avez choisi l’une des deux premières options, il y a de fortes chances que vous ne soyez plus en train de me lire.

Si, en revanche, vous choisissez, comme moi, la 3è voie, vous devez probablement vous demander comment la mettre en place !

J’ai deux bonnes nouvelles pour vous :

1- vous prenez cette décision au bon moment ! Car nous sommes de plus en plus nombreux à suivre cette voie-là. Les ressources ne manquent donc pas.

2- notre cerveau est plastique. Ce qui signifie que ce que nous choisissons de faire, et la répétition de ces choix, vont avoir un effet sur nos connexions. Nous pouvons réellement changer. Apprendre autre chose à notre cerveau !

De mon côté, j’ai beaucoup changé. Il faut dire que j’ai passé beaucoup de temps à en consulter, des ressources, pour dépasser les difficultés d’être parent ! Cela m’a énormément aidée à évoluer. Mais je sais que tout le monde n’a pas autant de temps à y consacrer que ce que j’ai fait. Or, je vous l’ai dit, je rêve que le modèle change, partout ! J’ai donc à cœur de vous y aider, chacun d’entre vous.

Voilà pourquoi, afin de faciliter votre cheminement, j’ai conçu une formation, que j’ai appelée POINT DE RENCONTRE. Parce que POINT DE RENCONTRE vous aidera à avancer vers le point de rencontre de VOTRE famille !

Oh, ce n’est pas une baguette magique. Vous l’avez compris, rompre les schémas est une vraie démarche.
C’est pourquoi le cheminement que je vous propose va durer une année.
1 année pour peu à peu modifier notre manière de penser, d’appréhender la relation, d’écouter notre enfant.

Je vous assure, ça passe vite.
Et au bout d’un an, vous ne serez plus la même personne.
Si vous ne faites rien en revanche… on se reparle dans un an..

Alors, ça vous tente ??

Dans mon prochain article, je vous parlerai justement de comment devenir un parent positif. Restez à l’écoute !

Rester dans un état qui nous permet de réagir comme nous aimerions le faire face à nos émotions, ce n’est pas toujours évident. Pour nos enfants, dont le cerveau n’a pas encore terminé sa maturation, ça l’est encore plus. Nous pouvons cependant les aider à développer les compétences qui les y aideront. Pour cela, il est utile de savoir ce qu’est le « cerveau du oui »..

Avez-vous déjà entendu cette expression ? Pour moi aussi, elle est nouvelle. Le cerveau du oui est présenté dans le livre « Le cerveau qui dit oui », du Dr Daniel Siegel et Tina Payne Bryson.

Je n’en ai pas encore terminé la lecture, mais je trouve déjà intéressante leur présentation de la « zone verte », qui illustre bien ce qu’il peut se passer face à une émotion forte.

Je vous ai donc fait une petite vidéo à ce sujet, la voici !

Avril 2018 – San Juan, Puerto Rico

Pour mieux répondre à l’intérêt qu’a suscité la conférence sur les luttes de pouvoir, nous décidons d’organiser une deuxième conférence dans la foulée.

Encore une fois, mon thème préféré. Celui qui chamboule.

Dans cette conférence, j’explique aux parents la différence entre le contrôle externe et la motivation interne.

Nous discutons les effets que peuvent avoir les punitions et les récompenses sur les enfants. Pour certains parents, c’est la première fois qu’ils prennent de la distance par rapport à ces méthodes. La première fois qu’ils s’interrogent sur leur effet à long terme.

Je ne suis pas surprise. Nous ne sommes pas nombreux à remettre en cause ce qui nous semble évident. Il faut un déclic, un jour, pour nous ouvrir les yeux. Ce déclic peut avoir plusieurs formes. Ce peut être une conférence, oui, ou bien un livre, un(e) ami(e), une discussion…

Quoi que ce soit, je suis ravie de jouer ce rôle pour certains.

Le matin même de cette conférence, j’ai croisé une maman qui est venue me voir pour me dire que j’avais ouvert pour elle un monde nouveau.

Et j’ai bien l’intention de continuer à faire exactement cela !

Avril 2018 – San Juan, Puerto Rico

L’une des personnes présentes à mes conférences à l’alliance française m’a demandé d’en faire une dans le centre dont elle fait partie. Nous choisissons de commencer, là aussi, par les luttes de pouvoir.

Nul doute que ce thème touche beaucoup de familles : ce sont 25 mamans qui se présentent pour cette conférence /déjeuner.

Pour une bonne partie d’entre elles, c’est leur premier contact avec l’éducation positive.

Comme d’habitude, je diffuse mon message à travers ma propre expérience. Je vois bien que cela en inspire une bonne partie. Difficile cependant de ne pas résister à ce changement de posture que je leur propose.

« Cela est « bien joli » dans la théorie, mais ça ne marcherait pas chez moi… » pense une partie d’entre elles.

Je sais. Pas toujours facile de croire que notre famille en est également capable. Et pourtant, nous n’avons rien de plus que les autres. Si ça marche chez nous, ça marchera chez eux.

Cela fait peur, et il est bien naturel de se raccrocher à ce qu’on connait. Je n’ai pas d’inquiétude cependant. Je sais que cette conférence a planté des graines. Des graines d’autant plus solides qu’une partie de l’assistance est déjà plus avancée, et peut témoigner des effets observés avec leurs enfants !

De nouveau, mon rôle est d’aider à ouvrir un peu les consciences. Ensuite, chacun fera ce qu’il décidera, ce qui lui correspondra.