Bienveillance bien ordonnée commence par soi-même

Cela fait maintenant quelques années que j’avance sur le chemin de la parentalité positive, et il n’y a aucun doute sur le fait que notre famille a énormément évolué. Ne croyez pas pour autant que tout roule toujours sans accroc. Non, je continue à avoir des moments difficiles ; des moments de découragement, de doute (enfin, non, pas vraiment de doute, quand même !).  Ce que j’ai pu observer cependant, c’est que ces moments sont directement liés, non pas au comportement des enfants, mais plutôt à la manière dont je me sens, moi. Voici donc la conclusion à laquelle je suis arrivée, qui devrait peut-être plutôt être un point de départ : la bienveillance commence par soi-même.

— Note : cet article fait partie d’un carnaval d’articles organisé par mon amie Emma, du blog Parent plus qu’imparfait, sur le thème : “Parentalité bienveillante : et si la bienveillance commençait par soi-même ?” Vous pourrez donc bientôt trouver ici un lien vers l’ensemble des articles écrits sur ce thème par les différents blogueurs participant à ce carnaval —

Devenir un parent bienveillant

L’intention, d’abord.

Nous qui avançons sur le chemin de la parentalité positive avons en commun cette aspiration à nous améliorer dans notre posture parentale.

Je crois que nous avons tous pris conscience de la nécessité d’évoluer dans nos habitudes et dans nos croyances, pour offrir à nos enfants un autre modèle. Pour cela, nous sommes prêts à nous remettre en question, à chambouler les schémas, pour adopter d’autres attitudes.

De nouvelles aptitudes

Forts de cette conviction, nous piochons dans tout ce qui est à notre disposition pour apprendre, et nous imprégner d’un autre modèle. Avancer doucement vers le parent que nous rêvons d’être nous demande de développer certaines compétences dont nous ignorions jusqu’à l’existence auparavant : compétences d’écoute, de communication, de perspective…

Nos enfants sont nos meilleurs maîtres, et, si cela demande de l’énergie, quel bonheur de voir notre relation évoluer, et nos enfants grandir en confiance.

Difficulté de garder le cap

Malheureusement, ce chemin est semé d’embûches.

Car un apprentissage prend du temps. Nous avançons bien, mais faisons aussi régulièrement des pas en arrière, volontairement ou non. Et cela peut être difficile à accepter.

Qu’est-ce qui se met ainsi en travers de notre chemin ?

  • le regard des autres, leurs commentaires : je vois beaucoup de parents qui ne se sentent pas soutenus dans leur démarche (car devenir un parent bienveillant est encore à contre-courant), et qui ont bien du mal à conserver leur énergie dans un environnement négatif…
  • la difficulté de trouver notre équilibre : savoir se positionner de manière adéquate en alliant fermeté et bienveillance , réussir à rester bienveillant sans tomber dans la permissivité, écouter son enfant et lâcher prise, tout en s’écoutant soi-même… pas toujours facile
  • nos dérapages – en théorie, tout est clair, on sait comment réagir. En pratique, on craque. Parce qu’on n’a pas le temps, ou la patience, parce que nos anciens réflexes l’emportent dans la tempête !

“Pour se comporter bien, il faut se sentir bien”

Voilà l’une des croyances fondamentales de l’éducation positive.

Le vrai parent bienveillant est celui qui a compris que si notre enfant a un comportement inapproprié, c’est que quelque chose ne va pas bien.

C’est grâce à ce principe que nous réussissons à poser un regard bienveillant sur notre enfant, pour essayer de le comprendre et appréhender les choses autrement que selon le schéma vertical dont nous avons usuellement hérité.

Poser un regard bienveillant sur nous-mêmes

Et si nous réussissions à présent à nous appliquer ce principe à nous-mêmes ?? Car voilà, je crois, la raison de nos dérapages évoqués ci-dessus : si nous ne comportons pas “bien”, c’est que nous ne nous sentons pas bien !!

A chaque fois que notre comportement (de parent en particulier, mais pas seulement) ne correspond pas à ce que nous avions fixé, nous pouvons choisir :

Rester sur nos erreurs et les condamner n’est pas bienveillant. Accepter nos erreurs et chercher à les réparer correspond bien plus à ce que nous cherchons à enseigner à nos enfants, non ?

C’est cela, au quotidien, appliquer la bienveillance à tous les niveaux.

Avez-vous déjà remarqué, par exemple, que notre fatigue a généralement raison de notre humeur ? Chez moi, c’est simple : si je ne dors pas assez, je sais que j’ai tout de suite plus de chances de voir surgir la sorcière en moi…

Or, pour nous sentir bien, il ne suffit pas de bien dormir, l’équation, comme pour les enfants, est plus complexe…

Comment vivre la bienveillance en commençant par nous-mêmes ?

Je crois que la première pierre à poser, encore une fois, est un changement de perspective : arrêter de considérer que commencer par nous-mêmes est égoïste.

C’est toujours cette image du masque à oxygène dans les avions : il nous est bien expliqué de commencer par l’enfiler nous-mêmes avant de le passer à nos enfants. C’est évident : si nous manquons nous-mêmes d’oxygène, nous n’en aurons pas pour bien nous occuper de nos enfants.

S’occuper de nous, c’est donc aussi faire ce qu’il faut pour bien nous occuper de nos enfants. C’est remplir d’abord notre propre réservoir.

Alors, concrètement, comment cela peut-il se traduire ?

Essayons d’y réfléchir comme si nous cherchions à aider nos enfants… Oui, nous cherchons au quotidien à leur apporter l’environnement qui va leur permettre d’appréhender la vie sereinement. A leur offrir les conditions nécessaires à être bien pour faire face à la vie avec appétit.

Et pour cela, par quoi commençons-nous ?

D’abord, par leurs besoins physiques : le sommeil, comme nous l’avons déjà évoqué, des repas équilibrés, et la sécurité.

Puis, par leurs besoins émotionnels : l’écoute, le temps partagé, le plaisir de l’instant.

Et si nous suivions le même ordre pour nous-mêmes ? Car, pour nous aussi, tout ceci est important !

Veillons donc à nos besoins physiques, puis à nos besoins émotionnels. Si nous sentons que nous avons besoin d’un temps personnel, prenons-le ! C’est une manière de se respecter soi-même, et le point de départ d’une sérénité qui aura sans aucun doute un impact positif dans notre vie.

le pouvoir de l’auto-empathie

Avez-vous déjà entendu ce terme ? Je l’ai découvert dans un tout petit livre de Philippe Beck, et je le trouve très intéressant.

Il s’agit de vivre l’empathie pour nous également. Oui, nous cherchons à développer l’empathie de nos enfants, pour les aider à grandir dans un monde où ils ne se sentent pas seuls, mais connectés. Et je sais qu’en faisant cela, nous encourageons un changement de la société dans laquelle nous vivons, c’est magique !

Seulement voilà, l’empathie, cela vaut la peine de la vivre également pour soi-même. Car nous sommes responsables de notre propre bonheur. (Ouh là.. ça vous fait peur, ou ça vous libère, cette phrase ?)

Alors, pour donner la meilleure version de nous-mêmes, soyons d’abord à l’écoute de nous-mêmes ! Pas égoïstes, pas auto-centrés, pas individualistes, mais à l’écoute, vraiment. Sans quoi, si nous passons à côté de nous, il va être compliqué d’avancer réellement avec les autres…

L’impact de cette auto-bienveillance sur le modèle que nous donnons

Permettez-moi enfin de boucler la boucle.

Si notre objectif est de devenir un parent bienveillant, nul doute que nous chercherons à recevoir les émotions de notre enfant, à essayer de l’aider à développer la confiance en lui, le fait de s’écouter et de se respecter lui-même. De prendre soin de lui plutôt que de s’appliquer à faire toujours ce que les autres attendent de lui.

L’accepter et lui apprendre à s’accepter pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il fait (l’un des pièges de l’amour conditionnel)

Seulement voilà, arrêtez-moi si je me trompe, mais vous avez sûrement déjà entendu dire que la meilleure manière d’enseigner était de donner l’exemple, non ?

Alors, si nous désirons réellement enseigner cette bienveillance à nos enfants, ne serait-il pas judicieux de leur montrer comment nous vivons ces valeurs nous-mêmes ?

L’impact de développer ces principes pour nous-mêmes, et pas seulement par l’enseignement, peut être très fort. Cela me fait d’ailleurs penser à une étude citée par Catherine Gueguen dans Heureux d’apprendre à l’école. Elle explique que lorsque les enseignants ont été formés à la bienveillance, les résultats dans la classe s’en ressentent. Vous voyez ce que cela signifie ?? Que sans enseigner directement les principes aux enfants, la simple attitude des adultes qui les entourent les aide à développer leur confiance en eux…

Alors, êtes-vous prêts à commencer à appliquer cette bienveillance à vous-mêmes ?

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