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Cela fait maintenant quelques années que j’avance sur le chemin de la parentalité positive, et il n’y a aucun doute sur le fait que notre famille a énormément évolué. Ne croyez pas pour autant que tout roule toujours sans accroc. Non, je continue à avoir des moments difficiles ; des moments de découragement, de doute (enfin, non, pas vraiment de doute, quand même !).  Ce que j’ai pu observer cependant, c’est que ces moments sont directement liés, non pas au comportement des enfants, mais plutôt à la manière dont je me sens, moi. Voici donc la conclusion à laquelle je suis arrivée, qui devrait peut-être plutôt être un point de départ : la bienveillance commence par soi-même.

— Note : cet article fait partie d’un carnaval d’articles organisé par mon amie Emma, du blog Parent plus qu’imparfait, sur le thème : “Parentalité bienveillante : et si la bienveillance commençait par soi-même ?” Vous pourrez donc bientôt trouver ici un lien vers l’ensemble des articles écrits sur ce thème par les différents blogueurs participant à ce carnaval —

Devenir un parent bienveillant

L’intention, d’abord.

Nous qui avançons sur le chemin de la parentalité positive avons en commun cette aspiration à nous améliorer dans notre posture parentale.

Je crois que nous avons tous pris conscience de la nécessité d’évoluer dans nos habitudes et dans nos croyances, pour offrir à nos enfants un autre modèle. Pour cela, nous sommes prêts à nous remettre en question, à chambouler les schémas, pour adopter d’autres attitudes.

De nouvelles aptitudes

Forts de cette conviction, nous piochons dans tout ce qui est à notre disposition pour apprendre, et nous imprégner d’un autre modèle. Avancer doucement vers le parent que nous rêvons d’être nous demande de développer certaines compétences dont nous ignorions jusqu’à l’existence auparavant : compétences d’écoute, de communication, de perspective…

Nos enfants sont nos meilleurs maîtres, et, si cela demande de l’énergie, quel bonheur de voir notre relation évoluer, et nos enfants grandir en confiance.

Difficulté de garder le cap

Malheureusement, ce chemin est semé d’embûches.

Car un apprentissage prend du temps. Nous avançons bien, mais faisons aussi régulièrement des pas en arrière, volontairement ou non. Et cela peut être difficile à accepter.

Qu’est-ce qui se met ainsi en travers de notre chemin ?

  • le regard des autres, leurs commentaires : je vois beaucoup de parents qui ne se sentent pas soutenus dans leur démarche (car devenir un parent bienveillant est encore à contre-courant), et qui ont bien du mal à conserver leur énergie dans un environnement négatif…
  • la difficulté de trouver notre équilibre : savoir se positionner de manière adéquate en alliant fermeté et bienveillance , réussir à rester bienveillant sans tomber dans la permissivité, écouter son enfant et lâcher prise, tout en s’écoutant soi-même… pas toujours facile
  • nos dérapages – en théorie, tout est clair, on sait comment réagir. En pratique, on craque. Parce qu’on n’a pas le temps, ou la patience, parce que nos anciens réflexes l’emportent dans la tempête !

“Pour se comporter bien, il faut se sentir bien”

Voilà l’une des croyances fondamentales de l’éducation positive.

Le vrai parent bienveillant est celui qui a compris que si notre enfant a un comportement inapproprié, c’est que quelque chose ne va pas bien.

C’est grâce à ce principe que nous réussissons à poser un regard bienveillant sur notre enfant, pour essayer de le comprendre et appréhender les choses autrement que selon le schéma vertical dont nous avons usuellement hérité.

Poser un regard bienveillant sur nous-mêmes

Et si nous réussissions à présent à nous appliquer ce principe à nous-mêmes ?? Car voilà, je crois, la raison de nos dérapages évoqués ci-dessus : si nous ne comportons pas “bien”, c’est que nous ne nous sentons pas bien !!

A chaque fois que notre comportement (de parent en particulier, mais pas seulement) ne correspond pas à ce que nous avions fixé, nous pouvons choisir :

Rester sur nos erreurs et les condamner n’est pas bienveillant. Accepter nos erreurs et chercher à les réparer correspond bien plus à ce que nous cherchons à enseigner à nos enfants, non ?

C’est cela, au quotidien, appliquer la bienveillance à tous les niveaux.

Avez-vous déjà remarqué, par exemple, que notre fatigue a généralement raison de notre humeur ? Chez moi, c’est simple : si je ne dors pas assez, je sais que j’ai tout de suite plus de chances de voir surgir la sorcière en moi…

Or, pour nous sentir bien, il ne suffit pas de bien dormir, l’équation, comme pour les enfants, est plus complexe…

Comment vivre la bienveillance en commençant par nous-mêmes ?

Je crois que la première pierre à poser, encore une fois, est un changement de perspective : arrêter de considérer que commencer par nous-mêmes est égoïste.

C’est toujours cette image du masque à oxygène dans les avions : il nous est bien expliqué de commencer par l’enfiler nous-mêmes avant de le passer à nos enfants. C’est évident : si nous manquons nous-mêmes d’oxygène, nous n’en aurons pas pour bien nous occuper de nos enfants.

S’occuper de nous, c’est donc aussi faire ce qu’il faut pour bien nous occuper de nos enfants. C’est remplir d’abord notre propre réservoir.

Alors, concrètement, comment cela peut-il se traduire ?

Essayons d’y réfléchir comme si nous cherchions à aider nos enfants… Oui, nous cherchons au quotidien à leur apporter l’environnement qui va leur permettre d’appréhender la vie sereinement. A leur offrir les conditions nécessaires à être bien pour faire face à la vie avec appétit.

Et pour cela, par quoi commençons-nous ?

D’abord, par leurs besoins physiques : le sommeil, comme nous l’avons déjà évoqué, des repas équilibrés, et la sécurité.

Puis, par leurs besoins émotionnels : l’écoute, le temps partagé, le plaisir de l’instant.

Et si nous suivions le même ordre pour nous-mêmes ? Car, pour nous aussi, tout ceci est important !

Veillons donc à nos besoins physiques, puis à nos besoins émotionnels. Si nous sentons que nous avons besoin d’un temps personnel, prenons-le ! C’est une manière de se respecter soi-même, et le point de départ d’une sérénité qui aura sans aucun doute un impact positif dans notre vie.

le pouvoir de l’auto-empathie

Avez-vous déjà entendu ce terme ? Je l’ai découvert dans un tout petit livre de Philippe Beck, et je le trouve très intéressant.

Il s’agit de vivre l’empathie pour nous également. Oui, nous cherchons à développer l’empathie de nos enfants, pour les aider à grandir dans un monde où ils ne se sentent pas seuls, mais connectés. Et je sais qu’en faisant cela, nous encourageons un changement de la société dans laquelle nous vivons, c’est magique !

Seulement voilà, l’empathie, cela vaut la peine de la vivre également pour soi-même. Car nous sommes responsables de notre propre bonheur. (Ouh là.. ça vous fait peur, ou ça vous libère, cette phrase ?)

Alors, pour donner la meilleure version de nous-mêmes, soyons d’abord à l’écoute de nous-mêmes ! Pas égoïstes, pas auto-centrés, pas individualistes, mais à l’écoute, vraiment. Sans quoi, si nous passons à côté de nous, il va être compliqué d’avancer réellement avec les autres…

L’impact de cette auto-bienveillance sur le modèle que nous donnons

Permettez-moi enfin de boucler la boucle.

Si notre objectif est de devenir un parent bienveillant, nul doute que nous chercherons à recevoir les émotions de notre enfant, à essayer de l’aider à développer la confiance en lui, le fait de s’écouter et de se respecter lui-même. De prendre soin de lui plutôt que de s’appliquer à faire toujours ce que les autres attendent de lui.

L’accepter et lui apprendre à s’accepter pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il fait (l’un des pièges de l’amour conditionnel)

Seulement voilà, arrêtez-moi si je me trompe, mais vous avez sûrement déjà entendu dire que la meilleure manière d’enseigner était de donner l’exemple, non ?

Alors, si nous désirons réellement enseigner cette bienveillance à nos enfants, ne serait-il pas judicieux de leur montrer comment nous vivons ces valeurs nous-mêmes ?

L’impact de développer ces principes pour nous-mêmes, et pas seulement par l’enseignement, peut être très fort. Cela me fait d’ailleurs penser à une étude citée par Catherine Gueguen dans Heureux d’apprendre à l’école. Elle explique que lorsque les enseignants ont été formés à la bienveillance, les résultats dans la classe s’en ressentent. Vous voyez ce que cela signifie ?? Que sans enseigner directement les principes aux enfants, la simple attitude des adultes qui les entourent les aide à développer leur confiance en eux…

Alors, êtes-vous prêts à commencer à appliquer cette bienveillance à vous-mêmes ?

Je vous avais fait part en janvier de ma décision de prendre mon fils Léon, 7 ans, en école à la maison. Cela fait maintenant 4 mois, et je vous en ai peu parlé depuis. Non parce que je n’avais rien à dire, mais parce qu’avec l’IEF, tout d’un coup, notre temps s’envole… Et pourtant, ce parcours est intéressant, je crois. Comment s’est passée l’adaptation, comment nous sommes-nous finalement organisés, quelle sera la suite… En somme, quel est le bilan, après 4 mois d’école à la maison ? J’avais pas mal d’interrogations sur la manière dont se déroulerait l’IEF, aujourd’hui j’ai plus de réponses. C’est ce dont je voudrais vous parler aujourd’hui.

Est-ce que Léon se sent bien en école à la maison ?

Commençons pas le commencement. Nous avions décidé de retirer Léon de l’école parce qu’il y était mal, alors la première question à laquelle je voudrais répondre, c’est celle de savoir s’il se sent mieux.

Là, aucun doute : c’est le jour et la nuit !

Depuis que nous avons mis l’IEF en place, mon fils s’est remis à respirer autrement. Déjà, les pipis au lit avaient disparu depuis que la décision avait été prise. Et à partir du moment où il est resté à la maison, nous avons retrouvé notre joli sourire. Lui qui était devenu tendu et agressif s’est détendu. On sentait qu’il pouvait de nouveau s’épanouir.

Il adore avoir du temps pour lui, l’école ne lui manque absolument pas, il trouve son équilibre, c’est un bonheur.

Les liens sociaux

Nous avons quatre enfants. Nos enfants ne sont donc jamais très longtemps tout seuls… (nous non plus, d’ailleurs !). Léon et Anatole, qui sont les plus proches, en particulier. Dans tous les moments où son petit frère n’est pas à l’école, Léon joue avec lui. Beaucoup.

Cependant, Léon a également l’occasion de voir d’autres enfants :

  • le jeudi, nous allons régulièrement en forêt rejoindre d’autres enfants qui sont également instruits en famille.
  • après l’école, nous invitons parfois l’un de ses copains de CE1. En général, environ une fois par semaine. Et ça se passe bien.
  • le vendredi, il m’accompagne dans ma séance de Discipline Positive en classe de CP. Il n’y prend pas une part active, mais reste dans le groupe et assiste à la conversation. Souvent, nous arrivons en avance, et il participe d’abord à la fin de la récréation.
  • il fait également partie des farfadets (des scouts, en plus jeune). Une fois par mois, il participe donc à la rencontre d’une dizaine d’enfants.

Léon n’est donc pas isolé. D’ailleurs, il n’exprime aucun manque sur ce point-là. Si c’était le cas, il serait facile de trouver d’autres occasions de retrouver des enfants en IEF comme lui, car de nombreuses rencontres et sorties sont organisées. Je ne l’ai pas beaucoup fait parce que nous n’en ressentons pas le besoin, ni lui, ni moi.

L’apprentissage académique

Léon « travaille » beaucoup moins que lorsqu’il était à l’école, c’est évident. Il passe énormément de temps dans les BD. Astérix, Léonard, les schtroumpfs, n’ont plus de secret pour lui (merci la bibliothèque). Mais… n’avons-nous fait que ça pendant 4 mois ?

Le contenu

Il est tres facile d’apprendre des tonnes de choses au quotidien, sur tout un tas de sujets ! Ceux qui pratiquent le « unschooling » (soit aucun enseignement formel) en savent quelque chose.

Je crois cependant qu’il est plus facile d’avancer en francais avec un minimum d’enseignement formel. Nous réservons donc un temps de travail à cela, et nous y glissons également les maths !

Certes, Léon écrit beaucoup moins que ce qu’il ferait s’il était en classe. Cela ne nous a pas empêchés de faire de la grammaire, et d’apprendre les conjugaisons. Nous avons un classeur pour les fiches, qui contient tout ce que l’on apprend. Au niveau mathématiques, nous avançons également bien, dans les différentes opérations en particulier. Pour ces deux matières, j’applique pas mal de méthodes Montessori, et cela nous convient bien.

Le temps de travail

Le rythme n’est pas évident à trouver. Au début, nous travaillions le matin, jusqu’au déjeuner. Je me suis vite rendue compte que nous n’avions absolument pas besoin de tout ce temps-là ! Donc, l’horaire de travail a été raccourci et placé, au fil de nos envies, à des moments variants. Cela manquait de cadre… Nous avons alors convenu que ce serait fixe : tous les matins de 8h30 à 10h. Cela a très bien fonctionné pendant un bon moment. Depuis le retour des vacances, mon emploi du temps s’est alourdi, et les séances de travail de Léon s’en ressentent. Elles ne sont plus quotidiennes. Cela ne m’inquiète pas, et lorsque nous travaillons, c’est souvent tres efficace.

Je suppose que toutes les familles qui essayent de trouver l’équilibre entre le temps de travail et le reste passent par ces changements : essayer, observer, voir ce qui marche, changer, recommencer… C’est aussi ça la vie ! Egalement un apprentissage en soi !

L’apprentissage informel

La magie de l’école à la maison est là : dans l’apprentissage informel, qu’il soit autonome ou non.

Les sorties

D’abord, il y a tout ce qu’on a eu l’occasion de voir et d’apprendre lors de nos sorties :

J’ai très vite acheté le pass annuel du palais de la découverte et cité des sciences (c’est le même). Malheureusement, la cité des sciences est un peu loin.. Moins facile donc, mais quand même, entre les fois où nous avons l’énergie d’y aller, et les moments palais de la découverte, on a appris tellement de choses dont nous n’aurions probablement pas parlé autrement :

  • le lien entre les saisons et la rotation de la terre autour du soleil, les jours qui rallongent et raccourcissent, les étoiles dans le ciel…
  • les poissons électriques : pour se défendre ou pour communiquer
  • les bactéries du corps humain, l’intestin, le microbiote
  • le fonctionnement des gênes dominants et récessifs, l’hérédité

Léon est systématiquement passionné, et, je dois dire, moi aussi ! A chaque fois, je ressors en me disant qu’il faut qu’on y aille plus souvent !

Vous l’aurez compris, je suis plus attirée par les sciences… Mais j’ai quand même saisi cette occasion du temps que nous avions pour initier Léon à l’art :

  • au musée d’Orsay, où il a apprécié les statues, et découvert les impressionnistes
  • à l’atelier des lumières où mes parents l’ont amené voir une expo de Van Gogh en sons et lumières

Nous allons aussi bien plus régulièrement à la médiathèque, et piochons au hasard de nos trouvailles dans : ce qui se trouve sous Paris, les cathédrales, les atlas… (et les BD !)

Sans aller loin

Et puis, il y a tout ce que l’on apprend sans bouger, juste parce qu’on suit l’énergie insufflée par l’enfant.

Nous avons ainsi passé des jours à dessiner et colorier tous les drapeaux d’Europe, et à les disposer sur le sol en fonction de la position du pays correspondant. Nous avons lu la signification des couleurs qui les composent, grâce à l’excellent livre « Les drapeaux du monde expliqués aux enfants« . C’était incroyable de voir Léon se passionner pour cela, et identifier les positions des pays d’Europe…

Nous avons également créé un herbier avec les feuilles que nous avons trouvées dans la rue, et appris à identifier le noisetier, le bouleau, le marronnier, et autres arbres que je regardais à peine avant de prendre le temps de le faire avec lui.

Nous faisons régulièrement des parties de jeux de société, et nous cuisinons. (Quels progrès sur ce plan-là !!)

Il bricole toujours beaucoup, et construit ses propres objets… il a également appris à coudre.

Et puis, bien sûr, il est au point sur l’invasion de la Gaule par Jules César (et le village qui résiste encore et toujours à l’envahisseur), et sur la forêt palombienne (celle du Marsupilami), qui l’a mis sur la trace de l’Amazonie, que nous avons pu repérer dans l’atlas, et dont il connait également la faune par « la cabane magique » !

Est-ce que je me sens bien en école à la maison ?

Enfin, pour faire écho à la première question que j’ai soulevée, je terminerai avec cette question qui, cette fois, me concerne. Car nous sommes en fait deux à faire l’école à la maison. La question se pose donc de savoir si cette solution convient à tous.

Vous vous en souvenez, lorsque nous avons pris cette décision, elle était temporaire.

Je suis tellement contente de voir tous les aspects que je viens de vous présenter que je me suis cependant sérieusement interrogée sur l’opportunité de continuer. Je vois le bonheur de la douceur du rythme, des moments partagés, de l’apprentissage plaisir, et je me dis que ce serait chouette de continuer…

Et en même temps.

En même temps, c’est clair : je manque de temps pour moi.

L’école à la maison, c’est top, mais ce n’est pas l’équilibre que je recherche, ou en tout cas, pas en ce moment. Depuis le début, je suis frustrée de tout ce temps que je n’ai plus pour continuer à développer mon activité au rythme que j’aimerais. Frustrée par les réunions auxquelles je ne me rends pas. Par les idées qui me viennent et que je n’ai pas le temps d’implémenter.

Et pourtant, j’ai déjà l’impression de voler tous les moments que je peux pour travailler entre deux activités…

Alors, j’ai décidé que l’expérience s’arrêterait là pour le moment.

Léon et Anatole ont été acceptés tous les deux à partir de septembre dans une autre école, où je sais que l’ambiance est plus bienveillante. Ce n’est pas mon école idéale, mais elle offre un bon équilibre entre ce que je cherche et ce que je peux offrir.

Je suis ravie d’avoir eu l’occasion de vivre cette expérience. L’occasion se représentera peut-être un jour. Mais aujourd’hui, j’ai envie et besoin d’autre chose. Je vous dis souvent que pour bien s’occuper de ses enfants, il faut d’abord prendre soin de soi. Remplir d’abord son propre réservoir. C’est le choix que je fais.

Qu’en pense Léon ?

Léon aimerait continuer à rester à la maison. Il me suggère même des idées d’organisation : « Tu me donnes plus de travail en autonomie, et tu fais les leçons à Anatole, et après c’est lui qui apprendra le travail en autonomie, et comme ça, tu pourras travailler ! ». Mais il comprend. Il appréhende un peu le retour à l’école, sans plus.

Et puis, hier, nous avons eu un échange que je crois assez déterminant.

Il venait de passer la journée entière au centre aéré, ce qui n’arrive à peu près jamais. J’animais une formation en multi accueil, et n’étais pas disponible. Lorsque je l’ai récupéré, il m’a dit qu’il n’aimait pas certains animateurs. Il me raconte : « C’est fou, il y en a qui ne savent pas que ce n’est pas agréable de pousser ! »
Récit rapporté de sa conversation avec l’animateur Momo :
« Momo, tu peux arrêter de me pousser s’il te plait ?
– pourquoi ?
– parce que c’est désagréable…
– oui, ben si c’est désagréable, t’as qu’à aller plus vite, et puis c’est tout ! »

Il enchaine avec l’anecdote suivante où un animateur, trouvant qu’il trainait en rentrant de leur sortie, lui a dit : « Ca suffit d’être derrière ! Si ça continue, dès qu’on arrive au centre, tu es puni ! »

Je me suis alors mise à sa hauteur, et je lui ai dit :

« Tu vois, c’est pour ça que j’ai envie d’avoir plus de temps pour travailler. Parce que j’en ai assez de vivre dans un monde où les adultes parlent comme ça aux enfants, juste parce qu’ils en ont le pouvoir.

Ce matin, j’ai passé du temps avec des dames super qui gardent des enfants avant la maternelle, et qui apprennent à parler autrement, justement. Et j’ai envie de partager ça encore, et encore. D’aider le plus de gens possible à changer. J’ai besoin d’avoir plus de temps, pour aider à changer tout ça ! »

Je crois qu’il a compris.

Pour que les relations soient harmonieuses, il faut d’abord que chacun ait un réservoir affectif plein. Nous l’avions évoqué lorsque je vous avais présenté cette notion de réservoir affectif, ou réservoir d’amour. En tant que parents, nous veillons donc à contribuer à remplir les réservoirs de nos enfants, mais aujourd’hui, je voudrais insister sur l’idée de remplir notre propre réservoir !

Ma quête quotidienne

Ma quête quotidienne, c’est d’être la maman que j’ai envie d’être. Il y a d’autres choses dans la vie que d’être maman, et j’ai besoin de me remplir sur plusieurs fronts à la fois, mais pour moi, ce rôle là, il est important, il est fondamental. Ce n’est pas le seul, mais il est fondamental.

Donc, c’est ma quête centrale, être la maman que j’ai envie d’être, j’ai aligné ma vie sur cette valeur-là, en ce moment. Ces dernières années, je me suis formée, développée, j’ai grandi en compétences pour avancer sur le chemin qui ferait de moi la maman que j’avais envie d’être. Est-ce que j’ai réussi ? Pas encore, et probablement jamais, mais je me suis quand même rapprochée de cette maman.

Pourquoi parler de remplir mon réservoir affectif ?

Vous vous interrogez sur le lien entre cette quête et le réservoir, le voici.

Sur ce chemin, j’ai découvert aussi que pour être le parent que l’on a envie d’être, ça demande de l’énergie. Au quotidien. Ca demande de l’énergie pour poursuivre cette quête et se développer et grandir, mais ça demande de l’énergie dans tous les petits instants du quotidien aussi. Pour ne pas retomber dns les anciennes habitudes, pour ne pas craquer dans tous ces petits moments où nos enfants testent notre patience. Sans vouloir la tester, mais où finalement notre patience est testée.

Si je veux être la maman que j’ai envie d’être, il faut que mon réservoir affectif soit plein. Ou du moins qu’il ne soit pas vide. Il faut que je veille à moi.

Je sais que beaucoup de parents qui, comme moi, placent l’accompagnement de leurs enfants dans leurs priorités, se perdent au passage. Ils pensent qu’en prenant soin d’eux-mêmes, ils volent du temps à leurs enfants, ils pensent qu’en prenant soin d’eux-mêmes, ils n’avancent pas vers leur objectif. Et ce que je voudrais leur dire aujourd’hui, c’est justement que, en prenant soin de soi en tant que parent, on est aussi dans la démarche d’avancer vers le parent que l’on voudrait être.

Parce que si mon réservoir est vide, alors nul doute que je vais me mettre à crier sur mon enfant, nul doute que je ne vais pas réagir comme j’en aurais envie. Parce que je serai fatiguée, épuisée, et parce que je n’arriverai plus à me contrôler, je n’arriverai plus à avoir le discernement dont j’ai envie.

Il est donc fondamental de faire attention à mon réservoir affectif avant de pouvoir prendre soin de mes enfants.

Chacun est responsable de son propre réservoir affectif

Autre chose qu’il est important de rajouter : je suis responsable de mon réservoir affectif. Parfois, quand on parle de remplir le réservoir affectif des enfants, on transmet involontairement l’idée que nous sommes responsables de remplir leur réservoir affectif. Et pourtant, nous ne le sommes pas.

Chacun est responsable de son propre réservoir. Nos enfants sont responsables du leur, nous sommes responsables du nôtre. Le fait que nos enfants sont responsables du leur, ça nécessiterait peut-être un article à part entière…

Pourquoi parle-t-on de faire attention à remplir le propre réservoir affectif  de nos enfants ?

Je le vois plus sous l’angle du regard qu’on pose sur eux. Du fait que beaucoup des choses que nous faisons ne vont pas dans le sens de remplir leur réservoir, mais plutôt dans celui de le vider. Alors, si nous y sommes sensibilisés, nous pourrons changer cette dynamique, et plutôt contribuer à le remplir.

Etre sensibilisé au réservoir d’amour de nos enfants, c’est aussi essayer de comprendre pourquoi ils réagissent d’une certaine façon. D’autant qu’ils sont plus jeunes, ils n’ont pas encore développé les aptitudes nécessaires à prendre soin d’eux-mêmes, et ils vont l’apprendre peu à peu. Je prendrai probablement le temps d’en reparler.

Notre propre réservoir

Aujourd’hui, ce sur quoi je voudrais plus insister, c’est le fait que nous sommes responsables de notre propre réservoir. Ca vaut la peine de le rappeler, car, de la même façon, on pourrait attendre de nos enfants, de notre conjoint, d’amis, qu’ils soient en charge de remplir notre réservoir affectif. En fait, nous sommes en charge de remplir notre propre réservoir affectif.

Bien sûr, certaines actions de notre entourage nous y aident. Lorsque l’on rentre à la maison, et que notre enfant se précipite vers nous avec un grand sourire et les bras tendus, cela contribue à remplir notre réservoir. Quand notre conjoint nous soutient, nous partage son admiration pour l’un de nos succès, cela contribue à remplir notre réservoir affectif. Lorsque l’on déjeune avec un ami proche, et que l’on passe tout le déjeuner à rire avec lui, cela contribue à remplir notre réservoir affectif.

Mais quand même. D’une part, pour ces moments-là, il faut s’y être ouvert. Soi-même. C’est nous qui avons prévu ce déjeuner, c’est nous qui rentrons en accueillant notre enfant avec le sourire… D’autre part, s’il n’y a pas ces moments-là, s’il n’y a pas ces circonstances-là, nous avons quand même les ressources en nous, la capacité de remplir notre réservoir nous-mêmes.

C’est plus ou moins facile, selon les circonstances, les contraintes que l’on a dans la vie, mais c’est quand même toujours dans une certaine mesure un choix, un choix de vie, à condition qu’on le mette dans nos priorités.

Aujourd’hui, je voudrais donc vous encourager à réfléchir, pour vous-mêmes à ce qui peut remplir votre réservoir affectif. Et pour l’illustrer, je vais vous parler de mon propre cas, ce qui dans ma vie remplit mon réservoir. Mais avant cela, laissez-moi vous donner une petite marche à suivre.

4 étapes pour remplir notre propre réservoir

La démarche est la suivante.

1- Comprendre que l’on a besoin que notre réservoir soit rempli

A ce stade, j’espère que vous n’avez plus besoin d’en être convaincu.

2- Comprendre que l’on est responsable de remplir son propre réservoir

C’était l’objet du paragraphe précédent.

3- Se poser la question de ce qui remplit notre réservoir

C’est ce que je vous invite à faire, là, maintenant.

Lorsque l’on se pose la question de ce qui nous nourrit, on peut commencer par observer ce qui nous fait du bien. Quels sont les moments dans la journée – posez-vous la question : aujourd’hui, hier, avant-hier.. le week-end, à la maison, au travail… – qui vont ont procuré des émotions positives ? Ce sont ces choses-là qui ont rempli votre réservoir affectif.

4- Décider de ce que l’on peut faire en ce sens

Ensuite, une fois qu’on a identifié ce qui peut remplir notre réservoir, on peut se demander comment créer plus de ces moments-là.

Une remarque intéressante, c’est que cela peut dépendre de la période, de ce qu’il y a dans nos vies. Ca dépend de ce que l’on traverse, de ce à quoi l’on est sensible, de l’environnement.
Les balades sur la plage qui me faisaient tant de bien à Puerto Rico ne sont plus possibles aujourd’hui ! Alors, je réfléchis à la manière de mettre en place des moments en forêt. C’est moins facile, alors ce n’est pas encore fait, mais ça viendra probablement.

Non seulement les choses peuvent dépendre du moment, mais il ne faut hésiter à vérifier également si on est toujours aligné avec les décisions qu’on a prises. Il peut arriver que cela change. Par exemple, faire un certain sport peut remplir notre réservoir à un moment donné, puis on peut se rendre compte que, finalement, ce n’est plus le cas. Parce que le sport nous plait moins que ce que l’on croyait, le nouveau professeur nous plait beaucoup moins que l’ancien, nos priorités sont différentes… pour tout un tas de raisons, il peut arriver que les actions que l’on a mises en place pour remplir notre réservoir ne soient plus alignées avec nos envies.

Ne pas hésiter à se poser cette question de l’alignement, quitte à faire des modifications. Nul besoin de considérer que les choses sont figées.

Ce qui remplit mon réservoir

Comme promis, à titre d’illustration, je vais vous parler de ce qui me nourrit en ce moment, dans ma vie telle qu’elle est aujourd’hui.

Une approche générale

Quand on fait les choses, beaucoup plus souvent que ce que l’on croit, ce sont des choix, et non des obligations. Par exemple, j’ai parfois l’impression de passer un temps fou à la préparation des repas. Je tombe parfois dans le travers de m’en plaindre : « Tous les soirs, ça revient… Je dois préparer les repas pour la famille, je dois couper les légumes… passer du temps à cuisiner.. ». Or, si l’on y réfléchit vraiment, je pourrais très bien acheter des pizzas surgelés pour tous les soirs, ça me prendrait beaucoup moins de temps, et ce serait beaucoup plus efficace. Mais je choisis d’offrir à ma famille des repas variés et équilibrés. Je ne dois pas, je choisis de.

Et lorsque l’on décide de voir les choses comme ça, lorsque l’on décide, sur chaque acte quotidien, de se dire « Je ne dois pas, je choisis de », (Je ne dois pas emmener mes enfants à l’école, je le choisis), notre façon de vivre les choses est différente. Appréhender la vie comme ça, c’est une bonne manière de remplir son réservoir !

Avancer chaque jour

Ce qui me nourrit le plus, ce dont j’ai le plus besoin pour me sentir pleine d’énergie, c’est de savoir que j’apprends, et que j’avance chaque jour. Certains jours, évidemment, sont meilleurs que d’autres. Je ne suis pas un super-héros ! Mais avancer chaque jour, pour moi, c’est continuer d’essayer de mettre en place des attitudes qui ressemblent à mes principes. D’aborder la vie différemment, tout comme dans mon paragraphe précédent. Et je savoure chaque réussite, parce que c’est toujours un pas dans la bonne direction.

Mes lectures

Je mets ce terme au pluriel, parce que j’ai toujours plusieurs lectures en cours. Ne serait-ce que parce que j’alterne entre les lectures d’éducation positive, de développement personnel et les romans. Chaque lecture m’apporte à réfléchir et/ou à rêver. Un moment de lecture, c’est toujours riche pour moi (d’ailleurs, je n’hésite plus à abandonner, ou à parcourir en diagonale un livre qui ne me donne pas envie de m’accrocher. Il y a trop de bons livres pour perdre son temps…).
J’adore lire, et je trouverai toujours un moment pour cela, même si c’est seulement au coucher. Je me débrouille souvent pour être au lit suffisamment tôt pour en profiter.

Les moments partagés

J’aime les gens. Alors, j’adore partager des moments avec ceux que j’aime. Avec la famille, avec les amis. J’adore voir des amis, j’adore quand on rit en famille.

Je nourris mon réservoir lorsque l’on fait des jeux de société. A deux, à quatre.. Avec un petit, avec un grand. Faire un jeu de société, c’est un moment partagé que j’apprécie.

Et pour partager des moments avec ceux qui sont loin, je n’hésite pas à appeler. Cela n’arrive jamais aussi souvent que je le voudrais, parce que, bien sûr, notre vie quotidienne est toujours une course. Mais lorsque je passe une demi-heure avec une amie au bout du monde, je n’ai jamais l’impression d’avoir perdu mon temps.

Une tasse de thé

Oui, ca a l’air idiot… mais boire une tasse de thé remplit mon réservoir. C’est mon moment, j’ai l’impression de prendre un moment pour moi.

Là encore, on rejoint le fait de choisir d’appréhender la vie de manière différente, pas vrai !

Respirer

Je ne le fais pas assez souvent, mais je sais que respirer est une manière de m’assurer du niveau de mon réservoir. Non seulement de le remplir, mais aussi de m’y connecter. D’être à l’écoute de moi-même pour vérifier où j’en suis.

Lorsque j’avais fait mon défi de 8 semaines de méditation quotidienne, je m’étais bien rendue compte que cela me faisait du bien. Peu à peu, j’en ai perdu la pratique. Aujourd’hui, je médite peu souvent. A chaque fois pourtant, j’aime. Et lorsque je prends le temps, ne serait-ce que de respirer, ça me fait toujours du bien.

Accompagner les parents

Ce qui me nourrit le plus, en ce moment, c’est mon métier ! J’adore encourager mon entourage à avancer sur le chemin de la parentalité positive. J’en parle souvent, évidemment, avec les gens qui m’entourent, mais j’ai également des échanges avec vous, les lecteurs. J’adore avoir vos retours.

A chaque fois que je me rends à une formation, à une conférence, je me sens portée et inspirée.

Et l’une de mes plus belles expériences, qui me nourrit beaucoup, c’est de suivre les parents qui se sont inscrits à la formation POINT DE RENCONTRE en mai ! Il y a là une vingtaine de familles, qui avancent au quotidien vers une meilleure ambiance familiale. Avec des hauts et des bas, bien sûr, le chemin est parfois semé d’embûches, mais, là aussi, je savoure chacune de leurs réussites.

Récemment, je leur ai demandé de faire un peu le point, de voir s’ils avaient noté une évolution entre le début de la formation et maintenant, et quand je lis leurs retours, je me sens nourrie !

J’ai reçu par exemple les messages suivants :

« Grâce aux outils donnés par la formation, je vois vraiment comme j’évite les conflits inutiles en utilisant d’autres chemins pour formuler mes demandes et les règles (plutôt que des ordres). Je prends soin du lien avec mon fils tout en lui laissant sa liberté et vois comme il est heureux de faire par lui-même, de contribuer à la famille. »

« Cette formation nous a transformés dans le sens où on se comprend mieux en tant que parents ce qui nous permet par la même occasion de mieux comprendre nos enfants et échanger avec eux, ce n’est pas magique tout ne change pas du jour au lendemain, toutefois on est plus confiant car on a des outils et qu’on se sent entouré. »

Ca nourrit mon réservoir affectif de savoir que j’aide ces parents. Que je les aide à faire une différence chez eux. De savoir que la formation les encourage à prendre du temps pour eux, pour leur famille, et à avancer vers le parent qu’ils voulaient être.

Ca me nourrit tellement que je sais maintenant que je ne m’arrêterai pas. J’aimerais pouvoir offrir ça à tous les parents que je croise ! Je sais que ce n’est pas possible. D’une part, parce qu’il faut que les parents soient motivés. Ce travail, c’est d’abord le leur. Ensuite, parce que si je veux le faire bien, il faut que je le fasse peu à peu, pour pouvoir vraiment accompagner les gens.

Je vais donc finir la formation avec les familles qui la suivent, et j’ouvrirai de nouveau les portes en décembre, pour un nouveau groupe. Un groupe de parents motivés pour améliorer les échanges avec leurs enfants.
Je suis actuellement en préparation pour que tout soit en place à temps, et que je sois disponible pour suivre les parents qui se lanceront alors dans l’aventure.

— Note : cet article a été écrit fin 2018.
Depuis, non seulement il y a effectivement eu un nouveau groupe qui a débuté en décembre 2018, mais encore un autre en juillet 2019, puis un autre en décembre 2019, etc…. et ça n’arrête plus.
Si vous souhaitez vous joindre aux parents qui cheminent avec POINT DE RENCONTRE, c’est par ici ! —

A votre tour : demandez-vous ce qui vous nourrit, ce qui pourrait remplir un peu plus votre réservoir, dès aujourd’hui.
Dites-le moi en commentaire, et voyez quelle différence ça peut faire sur le parent que vous serez.

Quand nous devenons parents, nous sommes à l’écoute de nos enfants. C’est bien naturel : ceux-ci ont des besoins, et nous sommes là pour y répondre. Ils sont petits et dépendant de nous.
Puis les enfants grandissent, et ont toujours des besoins, auxquels, en général, nous continuons à répondre. C’est notre responsabilité de parents, et c’est également un plaisir ; parce que nous sommes heureux de remplir notre rôle, de leur apporter du bien-être.

Seulement voilà, à force de vouloir être à l’écoute de nos enfants, nous oublions parfois d’être à l’écoute de nous même. Et c’est là qu’intervient le problème.

Pourquoi est-il important d’écouter nos besoins ?

Pour pouvoir prendre soin de quelqu’un, il faut d’abord être en état de le faire.
L’image la plus claire pour illustrer ce point est celle du masque à oxygène en avion. L’image est classique, mais très parlante. Il s’agit d’enfiler son propre masque à oxygène d’abord, avant d’être capable d’enfiler le sien à l’enfant.

En CNV, le principe est le même : nous ne pouvons offrir d’empathie à personne si nous n’avons pas d’abord pris soin de nous-mêmes, via l’auto-empathie. Ainsi, pour être de meilleurs parents, et dans l’intérêt de nos enfants, prenons d’abord soin de nous-mêmes.

Comment savoir ce dont nous avons besoin ?

L’une des difficultés de cette démarche cependant, est qu’il nous est parfois difficile de savoir quels sont nos besoins. En effet, savoir s’écouter est une compétence que nous n’avons pas apprise. Nous avons majoritairement été élevés hors des principes d’éducation positive que nous apprenons ici, et n’avons pas appris à écouter ce que nous ressentions. Ainsi, si nous essayons aujourd’hui d’apprendre à nous comporter différemment face à nos enfants, il faudrait également apprendre à nous comporter différemment face à nous-mêmes. Peu à peu, cherchons en nous ce que nous ressentons, écoutons notre agacement comme un indice sur nos besoins, et apprenons à les identifier pour y répondre.

Le coût de l’insatisfaction de nos besoins

Si nous persistons dans l’idée que les besoins de nos enfants doivent systématiquement passer d’abord, avant les nôtres, nous risquons d’en payer ensuite les conséquences. Mettre un voile sur nos propres envies, sur nos propres besoins ne va pas les faire disparaître.

Notre patience va s’user, et nous réagirons de moins en moins bien face aux enfants. Impossible de montrer de l’enthousiasme lorsque nous sommes sous le coup de la fatigue, et la tension va monter.

Ensuite, et c’est probablement le plus grave, si nous continuons à négliger nos besoins, nous finirons par nourrir du ressentiment à l’égard de nos enfants. Nous leur en voudrons de notre sacrifice, même s’ils ne le demandaient pas vraiment, et nous nous montrerons d’autant plus désagréables avec eux, malgré toutes nos bonnes intentions.

« Si je veux juste entendre ce qui est vivant chez l’autre, sans prendre en compte ce qui est vivant chez moi, je me fais violence et donc il va y avoir de la violence, il va y avoir cette colère. » Isabelle Padovani

Prendre soin de nous

Ainsi, il est important de prendre soin de nous. Mais voilà… comment faire ?
Comment sortir de cette habitude de déni de soi, pour apprendre à écouter les signes qui nous montrent que nous avons besoin d’une pause ? Comment s’arrêter pour analyser quels sont nos besoins non nourris ?

Dans Parents respectueux, enfants respectueux, les auteurs suggèrent aux parents qui n’en ont pas l’habitude de commencer par s’accorder 10 minutes par jour.
Juste 10 minutes. 10 minutes pour soi qui peuvent être consacrées à ce que nous voulons.
L’annoncer aux enfants. Leur expliquer que c’est un besoin pour mieux s’occuper d’eux ensuite.
Ils sont capables de le comprendre. Probablement pas dès le premier jour, mais petit à petit.

Essayons ensuite d’identifier quels sont nos besoins non nourris. Nous n’avons pas tous les mêmes. Pour certains, il s’agira plus de repos, pour d’autres d’amitié, ou de soutien, de créativité, d’exercice…

Quels que soient les besoins identifiés, n’hésitons pas, à prendre du temps pour nous, ou, comme cela avait été discuté dans “Grandir Autrement”, à écouter  la nécessité de s’accorder des pauses.

Ainsi, nos enfants apprendront à respecter cet espace qui sera le nôtre, qui nous permettra de respirer.
Et cet espace aura d’autant plus de portée qu’il sera aussi un modèle pour eux. Nous leur enseignons comment il est possible de prendre soin de soi-même. Nous leur montrons qu’il est possible de ne pas oublier de se respecter soi-même quand on prend soin des autres.

Et nous leur offrirons des parents plus ouverts, loin du ressentiment de celui qui a besoin de temps seul comme d’un masque à oxygène !!

Si cela vous semble toujours difficile, écoutez au moins cette idée des auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux : « Nous espérons aussi que vous prendrez l’habitude de vous accorder chaque jour quelques instants de réflexion pour vous rappeler avec quelles intentions vous voulez élever vos enfants. »

Car c’est sûr, souvent, on se perd en route, mieux avoir un plan

Pour acheter Parents respectueux, enfants respectueux en format poche (il existe également au format broché, mais j’aime mieux les formats faciles à emporter !) :

Question numéro 5 des 7 questions à se poser dans Au coeur des émotions de l’enfant.

Dans tous ces livres, on parle beaucoup de l’acception des sentiments de l’enfant, on parle de comprendre les motivations de leurs comportements, on parle d’observation des symptômes, de remplir leur réservoir d’amour…
De belles idées, mais, comme je l’écrivais déjà dans quel est son vécu ?, arrive le moment où on a aussi envie que nos propres besoins soient entendus !!

C’est pour ça que j’ai l’impression que ce chapitre-là est écrit pour moi…
Les enfants ont des comportements d’enfant… « Être Parent, écrit Isabelle Filliozat, c’est accepter  de mettre de côté pour un temps nos besoins propres pour satisfaire ceux de ces êtres vulnérables. Mais ce n’est ni simple ni facile. »

Etre Parent est une occupation à plein temps

L’auteure écrit même : « C’est reposant d’aller au bureau, on y est reconnu, considéré, … On peut souffler un peu. […] Les mères au foyer n’ont pas cet espace pour s’évader et se ressourcer. »
Je ne suis pas tout à fait dans ce cas, puisque je ne suis pas à temps plein avec les enfants, qui sont à l’école jusqu’à 14h45,  mais il est certain que je manque de reconnaissance…
« Si nous ne reconnaissons pas nos besoins, […] il est probable que nous aurons du mal à donner à nos enfants ce dont ils ont besoin. C’est donc un devoir parental que d’écouter et de reconnaître ses propres besoins. »
Bien dit.
On arrive alors à la clef de tout.
Dans le cas de conflit de besoins, Isabelle Filliozat affirme que la compétition n’est pas notre seule option, et nous suggère la coopération, toujours plus efficace à long terme.

Exemple : « Je désire boire mon thé en paix, comment peux-tu faire pour protéger mon temps de petit-déjeuner ? »
Est-ce que ça marcherait déjà avec Anatole (2 ans et demi) ??

En tout cas, je retiens cette phrase :
« Écouter ses propres besoins n’est pas se comporter en égoïste. »
Cela rejoint d’ailleurs ce que j’ai lu dans Parents respectueux, enfants respectueux sur les besoins des parents.

Et en parallèle quand même : reconnaissons les besoins de l’enfant, et apprenons à supporter davantage.
J’ai encore du chemin à faire. Je progresse, je commence à savoir reconnaître mes besoins. Mais je ne sais pas toujours bien fixer les limites. (Cela dit, depuis que j’accepte de prendre du temps pour moi, ça m’aide !)

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