La semaine dernière, j’avais un rendez-vous avec la professeur d’anglais de ma fille Alice, en 5e. C’était un rendez-vous à ma demande, suite à un épisode délicat. Ce n’est pas la première fois que je me sens en désaccord avec l’attitude d’un professeur. Plus j’avance sur le chemin de l’éducation bienveillante, plus souvent je me sens en décalage avec d’autres adultes. Il est devenu important pour moi de savoir le communiquer. En voici une illustration.

Préalable

Le matin de ce rendez-vous, j’ai écrit un mail à tous les abonnés des 6 doigts de la main (si vous n’en faites pas partie, je vous invite à corriger cela au plus vite en me laissant votre adresse dans ce formulaire) leur expliquant le contexte, et leur demandant leurs conseils.

J’ai eu plusieurs réponses intéressées et intéressantes, et j’avais promis de tenir mes abonnés au courant de la manière dont se passerait l’entretien. C’est le point de départ de cet article.

Le contexte

Au début de la semaine précédente, les élèves ont présenté un devoir maison qui, semble-t-il, ne correspondait pas à ce que voulait la prof. Elle a donc apporté pas mal de modifications aux papiers de certains élèves, à coup de blanc correcteur.

Ma fille, cependant, avait trop écrit, et les corrections auraient pris trop de temps. La prof a donc décrété que « ce n’était même pas la peine de commencer », et a simplement froissé le papier d’Alice pour le jeter à la poubelle…

L’histoire ne s’arrête même pas là : le papier en question devait leur servir pour le contrôle qui suivait, Alice a dû se débrouiller sans. « Tu n’as qu’à le faire de tête ! » lui a dit sa prof.
Heureusement, elle était au point sur ce qu’elle avait préparé, et a eu 15/15 au contrôle en question.

Pour autant, ce qui me gêne le plus dans cette histoire, c’est cette étape de papier à la poubelle !
Bon sang, est-ce qu’on trouverait cela normal dans un bureau ? Si le chef d’équipe jetait le travail de quelqu’un ainsi, ne considérerait-on pas qu’il lui manque de respect ?
Qu’est-ce qui autorise les adultes à se comporter ainsi avec les enfants ?

Et comment peuvent-ils ensuite demander du respect de la part des élèves, s’ils n’en montrent pas de leur côté ?
Comment faire en sorte d’encourager le monde à réfléchir en terme de respect mutuel ?

Cet épisode est encore pour moi une illustration du fait que le respect est une notion toute relative.

Dans le monde de l’éducation, de surcroit, un professeur pense-t-il qu’un élève peut ressortir motivé d’un tel échange ?

J’ai demandé ce rendez-vous, parce que je ne serais pas alignée avec mes valeurs si je ne cherchais pas à partager ce message avec cette enseignante. Je ne suis cependant pas très à l’aise… Comment va-t-elle me recevoir ?

Je sais que cela dépendra beaucoup de la manière dont je l’aborderai moi-même : il s’agit de faire en sorte qu’à mon tour, je ne lui manque pas de respect. Sinon, je ne risque pas d’être entendue.

Dans l’ensemble

Dans l’ensemble, l’entretien s’est bien passé.

Soit, j’y avais pas mal réfléchi, et je suis contente de la manière dont j’ai réussi à mener les choses. Je sais cependant que j’aurais pu être mal reçue, et cela n’a pas été le cas. Mon interlocutrice a été plutôt réceptive, et ce n’était pas facile pour elle non plus.

Je sais aussi que ce genre d’entretien ne se serait pas passé de la même manière il y a quelques années.

Je trouve toujours impressionnant de constater comment ce que j’ai appris sur le chemin de la parentalité s’applique dans mes relations avec les adultes également.

Première étape : se connecter à l’autre

Ainsi, ma première idée était de d’abord mettre en place une connexion.
En effet, si j’abordais directement un point difficile, j’avais moins de chances d’être écoutée (et encore moins entendue) que si j’échangeais d’abord pour créer un lien.

J’ai donc commencé mon entretien de la manière la plus neutre possible, remerciant la professeur de me recevoir, lui partageant le fait que j’avais déjà hésité à la voir au début de l’année, pour lui parler d’Alice, et que j’avais finalement décidé de les laisser prendre leurs marques. Que j’aimerais bien avoir son retour sur Alice maintenant.

Alice est en effet un cas particulier : elle arrive en 5è dans une classe d’anglais « normale », alors qu’elle sort de 7 années en école américaine, elle est donc parfaitement bilingue.

Sa prof me répond (avec un peu plus de mots que ça) que tout va bien. Je lui parle quand même du fait qu’Alice ne se sent pas très motivée, ce qui se comprend, et elle revient sur l’idée de laisser Alice lire des livres en anglais pendant le cours, puis de lui faire des compte-rendus écrits une à deux fois par semaine, plutôt que de suivre le cours avec les autres.

Je suis surprise par cette entrée en matière, qui est de bon augure ! La prof se montre en effet flexible, prête à voir la spécificité de chacun. Pourtant, cette idée avait déjà été soulevée en début d’année, et non suivie parce qu’elle demandait à Alice de suivre le cours en même temps qu’elle lisait… Il est possible qu’elle ait eu besoin de vérifier les acquis d’Alice, avant d’être à l’aise avec ce fonctionnement, ou bien qu’elle ait eu peur d’un sentiment d’injustice des autres élèves. Je ne sais pas, et ne le saurai pas. Je suis cependant ravie de cet arrangement, qui n’était pas mon but premier mais promet de changer les choses pour Alice désormais !

Deuxième étape : aborder la situation qui pose problème

Je savais que cela représentait le moment délicat.
Là encore, j’avais réfléchi en amont à la meilleure manière d’aborder les choses.

Finalement, c’est un message d’une lectrice, reçu juste avant mon entretien, qui m’avait offert l’accroche qui me semblait la plus appropriée : lui demander simplement de me raconter sa propre version de l’incident.

J’aimais beaucoup cette idée, pour deux raisons. D’abord parce qu’elle me permettait de m’ouvrir sincèrement à une autre perspective sur l’épisode. Ensuite parce que cela me donnerait l’occasion d’entendre la position de ce professeur sur son geste, pour pouvoir ajuster mon discours.

J’ai donc simplement fait la transition suivante :
“L’autre raison pour laquelle je voulais vous rencontrer, c’était pour parler d’un épisode de la semaine dernière. Il semblerait que les élèves aient dû préparer des notes sur des personnages, Alice avait choisi Alexander Hamilton, et visiblement, certains élèves avaient trop rédigé, et vous avez dû faire des corrections.
Pouvez-vous me dire ce qu’il s’est passé à ce moment-là avec Alice ?”

Etrangement, mon interlocutrice se met alors à réfléchir. “Avec Alice… ? Voyons… Non, je ne me souviens de rien de particulier…”
Je suis estomaquée… Est-ce réel ? Est-ce feint ? Je choisis de faire confiance, et réponds :
“Ça ne vous a pas marquée… C’est fou, je suis contente de venir vous voir, parce que chez nous, ça a été un épisode marquant.”

A présent, à moi de raconter l’épisode. Et je fais attention à ne pas lui dire “vous”, pour essayer de dépersonnaliser la scène, et qu’elle ne se sente pas trop attaquée. Parce que si mon discours provoque une position de défense, je ne pourrai plus faire passer mon message.

“Encore une fois, c’est un peu un téléphone arabe, mais ce qu’Alice m’a dit, c’est :
“Quand la prof a vu tout ce que j’avais écrit, elle a dit “ce n’est pas même pas la peine de commencer”, elle a froissé ma feuille, et l’a mise à la poubelle.”
Autant vous dire qu’en me racontant ça, elle pleurait…”
Réponse de la prof : “Je suis désolée qu’elle l’ait pris comme ça…”

Moi, intérieurement : “Mais bon sang, comment voulez-vous qu’elle le prenne ??”
Moi, extérieurement : “C’est à dire que parfois, on ne se rend pas compte, mais… si vous étiez dans une équipe, que vous rendiez un travail, et que le chef d’équipe jette ce travail à la poubelle, il est probable que vous ne le prendriez pas bien, non ?”

Troisième étape : la justification

C’est amusant, au paragraphe précédent, j’ai écrit que c’était le moment délicat, mais maintenant que j’en arrive à cette étape, j’ai envie de dire que c’est celle-ci !

Parce qu’on entre à ce moment-là dans l’étape dans laquelle la prof essaye d’expliquer son geste, de le justifier d’une certaine manière, ce que je peux comprendre.

J’ai déjà souvent été prise en faute, en contradiction avec mes principes, et il n’est pas rare qu’au lieu de simplement répondre “Tu as raison, je suis désolée”, je commence par me justifier. Si l’on est honnête, je crois que cela nous arrive à tous, non ?

Je sais donc qu’il faut lui laisser cet espace. Espace pendant lequel ni elle ni moi ne sommes bien à l’aise, mais j’ai besoin de ce temps pour passer ensuite à la présentation de mes valeurs.

Elle m’a donc expliqué qu’elle ne pensait pas à mal avec ce geste. Que, certes, il était probablement maladroit, mais qu’il fallait qu’elle puisse poser des limites, sinon les élèves n’apprennent pas à suivre les instructions. Que les notes prises servaient ensuite pour la rédaction individuelle en classe, qu’il n’aurait pas été juste de laisser Alice avec ses notes déjà rédigées alors qu’elle ne les avaient pas laissées aux autres. (Seulement, Alice avait trop écrit pour que cela puisse être ajusté).

Je sens bien pendant qu’elle m’explique cela, qu’elle est nerveuse. Des plaques rouges apparaissent sur son cou. Pour moi, c’est bon signe. Cela prouve qu’elle n’est effectivement pas fière de son geste, et que ses justifications ne la convainquent pas vraiment. Ce qui signifie qu’elle sera probablement réceptive à mon message.

Quatrième étape : partage de mes valeurs

Je suis venue pour cela, je tiens à partager ce en quoi je crois.
Après l’avoir écoutée, je lui explique donc, en essayant d’y mettre les formes, pour lui montrer que je reçois sa gêne :
“Je sais que nous avons tous parfois des attitudes qui ne correspondent pas à ce que nous aimerions. Ici, je dois dire que je vois deux conséquences, qu’il me semblait important de discuter.

La première, c’est la motivation. Je suis justement en train de lire le dernier livre de Catherine Gueguen, je ne sais pas si vous la connaissez (non), qui parle d’études montrant que le lien entre l’enseignant et l’élève rend l’élève plus motivé, et que ses résultats s’en ressentent, évidemment. Or, il me semble qu’un enfant qui voit son devoir partir à la poubelle risque de ne pas être motivé à le faire la fois suivante. – ce à quoi la prof ne peut qu’acquiescer –

La deuxième, c’est le respect. Nous, les adultes, demandons souvent que les enfants nous respectent, et pas seulement au sens de suivre les consignes, mais vraiment au sens de respect, d’humain à humain. Or, nous oublions souvent de les respecter de notre côté. Et je crois que c’est très important dans une relation, de respecter l’autre pour pouvoir être respecté.

A ce moment-là, j’ai dit ce que j’avais à dire, et j’ai de la chance, car je sens bien que la prof est réceptive à ce que je dis, qu’elle est ouverte à mon partage. Seulement, même dans ce cas, puisque la conversation part d’une attitude sienne à l’encontre de ces principes, il est impossible qu’elle ne se sente pas accusée.

Or, de nouveau, ce n’est pas mon but. Parce que je sais d’expérience que le message est moins bien reçu dans ce cas-là. Il s’agit donc de vérifier cela, et de l’atténuer.

Cinquième étape : me sortir du rôle du juge

Pour la vérification, c’est facile, puisque la prof elle-même me dit : “Je me sens un peu comme au tribunal.” Là, au moins c’est clair.
Elle complète : “Je vous assure que j’ai toujours le souci de faire en sorte que les élèves se sentent bien dans ma classe. J’ai effectivement eu un geste inapproprié, je ne m’en suis pas rendue compte, et je suis désolée de l’impact qu’il a eu sur Alice. Mais j’ai du mal à vous entendre, parce que j’aime mes élèves et j’essaye vraiment de les écouter.”
Et je la crois. Tous, à notre niveau, on essaye, et on arrive plus ou moins bien selon les jours…

A moi de reconnecter, maintenant.
“Je suis désolée que vous vous sentiez ainsi. Je ne veux pas me poser en donneuse de leçons. Je vous remercie de me partager ce que vous sentez, ce n’est pas facile. Je sais que nous essayons tous de faire de notre mieux, et nous avons des failles, parce que nous ne sommes des super-héros.
Je ne vous connais pas. Chez les profs, comme chez tout le monde, il y a tout un spectre, et je ne sais pas où vous vous situez sur ce spectre. Aujourd’hui, j’entends que vous êtes réceptive à ce que je dis.
Comme vous le savez, nous venons d’un autre environnement. Les enfants étaient à l’école américaine jusqu’à cet été, et je savais qu’en rentrant en France, nous ferions face à un autre style éducatif, et que ce ne serait pas toujours évident.
Aujourd’hui, je voulais vous parler de cet épisode, parce que si je ne le faisais pas, j’aurais le sentiment de ne pas être alignée avec mes valeurs.
Ce n’est pas non plus évident pour moi, mais c’était important, et je vous remercie de m’avoir écoutée.”

Sixième étape : conclusion

Cette fois, nous avons dit tout ce qu’il y avait à dire. Et la prof me surprend en allant plus loin.
Elle me dit qu’elle va parler à Alice, et s’excuser.

Et en effet, elle le fera l’après-midi même, gardant Alice après le cours pour lui parler. Je ne peux que saluer le courage de cette prof. J’imagine que ce n’est pas facile de s’excuser auprès d’un élève. Certains penseraient y perdre de l’autorité. Pour en avoir parlé avec Alice, je crois qu’ici, au contraire, elle en a gagné.

Les leçons revues au passage

Ce que j’aime dans ce genre de situations, c’est qu’elles sont toujours l’occasion de revoir un peu la théorie en la mettant en face de la pratique.

La raison positive derrière le comportement

Nous avons déjà parlé du fait que derrière tout comportement, existe une raison positive. C’est une notion qui m’avait marquée dans une conférence de Marshall Rosenberg.

C’est vrai pour les enfants, c’est vrai aussi pour les adultes. Parfois, pour s’en rendre compte, il faut réussir à enfiler nos oreilles de girafe, ce qui n’est pas toujours évident.
Ici, je dois dire que je n’ai pas cherché la raison positive. Elle m’est quand même apparue au fur et à mesure de notre entretien.

La prof fait face à un problème : certains de ses élèves ne font pas leurs devoirs seuls, et reviennent avec des phrases complètement rédigées par leurs parents. Je n’y avais même pas pensé, car je crois très fort à l’autonomie dans les devoirs. Seulement, les élèves sont tous différents, et ce problème est une réalité pour cette prof.

Pour éviter ce problème, elle essaye de concentrer la production d’écrit en classe. Elle voulait donc que les élèves fassent leurs recherches à la maison pour avoir leurs renseignements sous forme de prise de notes, avant de rédiger leur présentation en classe, à l’aide de ces notes. Si les élèves reviennent avec des phrases rédigées, impossible pour elle de savoir s’ils les ont vraiment rédigées seuls.

Voilà pourquoi elle a procédé à des adaptations, et, de nouveau, le texte d’Alice était trop long. Elle s’est donc retrouvée bloquée : impossible de tout modifier, mais impossible aussi de le lui laisser, pour des raisons d’équité…

Bien sûr, il y avait d’autres manières de faire que de jeter le devoir à la poubelle, mais, au moins, on comprend d’où vient la décision. Ma fille ne l’avait pas compris, et trouvait très injuste de devoir faire sa rédaction sans avoir ses informations.

L’importance d’être authentique

Deux illustrations ici de ce point, que je cherche de plus en plus à vivre au quotidien.

D’abord, en continuation du paragraphe précédent sur la raison positive.
Il me semble que si la professeur avait pu communiquer sur la raison pour laquelle elle ne voulait pas laisser son devoir à Alice ; si elle avait utilisé, comme elle l’a fait devant moi, le terme d’équité, il est probable que non seulement Alice l’aurait mieux compris et mieux reçu, mais que ce geste ne lui aurait pas échappé. Car il lui aurait alors suffi de laisser la copie sur son bureau.

Nous avons eu un petit échange sur ce point (la difficulté d’être authentique), et elle a admis que, sur le coup, elle n’avait peut-être pas en tête les termes qu’elle a utilisés ensuite en m’expliquant la situation.

Et je ne suis pas surprise. Nous nous laissons souvent happer par nos émotions du moment. Pour elle, peut-être à ce moment-là, la frustration de devoir faire face à l’urgence des modifications, de ne pas avoir été claire dans ses instructions… et ces émotions prennent le dessus, nous aveuglant pour nous comporter ensuite de manière authentique.

Apprendre à nous écouter, à comprendre ce qu’il se passe en nous, faire preuve d’auto-empathie m’apparait aujourd’hui comme la pratique de toute une vie…
(d’où l’importance, je crois, de commencer cette écoute plus tôt avec nos enfants. Pour cela, une seule solution : apprendre à accompagner leurs émotions)

Ensuite, j’ai l’impression que la raison pour laquelle cet entretien s’est bien passé, c’est parce que nous avons chacune eu des moments d’authenticité, justement. Moi, lorsque j’ai partagé que ce n’était pas facile, mais que j’avais besoin d’être alignée avec mes valeurs ; elle, lorsqu’elle m’a partagée qu’elle avait l’impression d’être au tribunal.

Ces moments où nous avons pu montrer chacune ce qui était vivant en nous ont été déterminants pour notre échange.

Je sais que nous voyons tous le monde avec un biais qui nous permet de confirmer ce en quoi nous croyons déjà. Je suis donc, comme tout le monde, sous influence. C’est sûrement sous cette influence que j’ai pris ça comme une nouvelle confirmation que le monde serait plus agréable si nous apprenions tous à être authentiques…

Qu’en pensez-vous ?

L’école à la maison… est-ce réellement possible ? En quoi est-ce une école ? Officiellement, le terme est IEF : Instruction en Famille. Il est donc bien question d’instruction. Pourtant, les parents qui choisissent cette option n’ont en général pas de diplôme d’enseignant… Comment s’organiser lorsque rien ne nous a été fixé ? Par où commencer ? Faut-il continuer à suivre le rythme de l’école ou adopter sa propre organisation ? Délayer un peu d’enseignement formel au milieu d’autres activités, ou bien laisser l’enfant guider les choses ?

Depuis que je vous ai fait part, il y a 3 semaines, de notre décision de passer Léon, 7 ans, en école à la maison, j’ai reçu pas mal de questions de votre part.

Si vous avez raté les premiers épisodes de ce partage, n’hésitez pas à aller lire les deux articles précédents sur ce thème :
J’ai décidé de faire l’école à la maison avec mon fils de 7 ans
Ecole à la maison : mes interrogations

Lors de mon dernier article, je vous avais promis de vous parler plus spécifiquement de la partie enseignement. C’est donc mon but aujourd’hui. Comme nous ne faisons l’IEF que depuis 2 semaines, je vais surtout partager avec vous mes perspectives. Comment je vois les choses, comment je pense m’organiser… Il sera intéressant de voir, dans quelques mois, si la réalité suit bien ce que je prévois !

Par où commencer l’école à la maison : d’abord un choix d’approche

Avant de commencer, je voudrais qu’une chose soit claire : tout ce que je vais exposer là m’appartient. Ce que je veux dire par là, c’est que je n’ai d’autre ambition que de vous partager la manière dont je vois les choses pour mon fils et moi.

En aucun cas je ne voudrais affirmer que c’est la seule, ou même la meilleure, manière de faire. C’est plutôt celle qui nous correspond, à nous.

Chaque famille en IEF trouve son propre fonctionnement, sa propre organisation pour mettre en place l’école à la maison. D’abord, parce que les raisons pour faire l’IEF sont variées, ensuite parce que notre manière d’appréhender les choses peut également diverger.

Ainsi, j’ai déjà rencontré des familles dans lesquelles aucune forme d’enseignement formel n’est dispensé. Ce n’est pas mon choix. Pour autant, je respecte pleinement cette approche, qui leur correspond probablement. A l’inverse, certaines familles choisissent dans ce cas de suivre un enseignement par le CNED. Ce n’est pas non plus mon choix. Je comprends cependant que cela puisse rassurer des parents que l’éloignement de leur enfant à l’enseignement classique inquiète un peu.

L’important, je crois, c’est que chacun puisse trouver l’équilibre qu’il cherche. Nous faisons tous du mieux que nous pouvons, avec le contexte qui nous est propre.

École à la maison : savoir ce qui devrait être enseigné

Que l’on choisisse d’introduire une forme d’enseignement formel ou non, la question de ce qui devrait être enseigné se posera à un moment ou à un autre, ne serait-ce que parce que les familles qui font le choix de l’école à la maison ne sont pas complètement lâchées dans la nature. (Je vous en parlerai ci-dessous).

Comment, donc, peut-on savoir ce qui devrait être enseigné ? Ou, en tout cas, ce que notre enfant apprendrait s’il était à l’école…

Je trouve assez rigolo de voir que cette question se pose, en fait. Je veux dire, pas qu’elle se pose, mais qu’elle inquiète. Parce qu’il est en réalité très facile de trouver cette information !

On peut tout simplement s’adresser à des amis qui ont leur enfant à l’école et en parler avec eux…

On peut également, c’est certainement le plus efficace, aller consulter des manuels scolaires, voire des cahiers de vacances qui reprennent tout ce qui a été couvert pendant l’année. Cela donne une bonne trame pour savoir ce que l’on devrait aborder si l’on désire suivre le programme.

D’autre part, nombre de blogs existent autour de l’école à la maison, qui permettent non seulement d’avoir des infos sur le programme, mais également, si on le souhaite, des idées d’activités.  Je pourrai, si cela vous intéresse, vous en proposer quelques-uns. Je dois dire cependant, que, comme je fais un peu les choses à ma sauce, selon mon organisation, je n’ai pas encore passé beaucoup de temps sur ces blogs !

École à la maison et organisation : la gestion du temps

Pour l’instant, voici comment je prévois les choses.

Je n’ai pas l’intention de laisser de côté l’apprentissage formel, mais je n’ai pas l’intention d’y consacrer tout notre temps non plus. Je trouve mon équilibre entre les deux.

Routine du matin

Pour commencer, notre routine du matin n’a pas changé. Pas de raison pour qu’elle change : nos autres enfants vont à l’école (enfin… à la maternelle, au collège, et au lycée), et il nous faut en particulier accompagner Anatole, 5 ans, tous les matins.

Léon est donc réveillé en même temps que son frère, et suit, comme lui, la routine de préparation à l’école. Ensuite, selon que c’est moi ou mon mari qui accompagne Anatole, la journée se décale un peu ou pas.

Séance d’enseignement formel

En tout cas, une fois que nous sommes tous les deux prêts, nous commençons par le formel.

On sort les cahiers, et on se lance. En général, nous commençons par une phrase dans laquelle Léon doit identifier le verbe et le sujet. Puis, il remplace le sujet par un pronom. Au fur et à mesure, je fais évoluer l’exercice. Par exemple, mon sujet est un groupe nominal au singulier, et on le transforme au pluriel, avec accord du verbe…

Ensuite, on enchaine avec une autre forme d’enseignement : soit on reste sur du français, soit on passe à des mathématiques. La semaine dernière, il a construit une table d’additions.

Ce temps d’enseignement « formel » (je mets « formel » entre guillemets, parce que j’utilise parfois des méthodes un peu atypiques, dont je vais vous parler un peu plus loin) dure plus ou moins longtemps en fonction de notre programme pour la suite de la journée, ou de l’enthousiasme de Léon.

Si je vois que son activité lui plait, j’essaye de faire en sorte de ne pas l’interrompre, pour qu’il en profite le plus possible.

Je ne m’inquiète pas, en revanche, si la séance n’est pas très longue : je sais qu’en tête à tête ainsi, il apprend bien plus vite qu’en classe ! En revanche, je cherche à varier l’approche si je sens que je n’ai pas réussi à l’accrocher.

Il arrive que nous ayons alors un temps de pause. Je mets parfois celui-ci à profit pour travailler de mon côté, ou bien nous faisons une activité ensemble.

Préparation du repas

En fin de matinée (à moins que nous soyons de sortie), nous préparons ensuite le déjeuner ensemble. C’est un point que j’avais peu anticipé, et que je savoure particulièrement ! Peu à peu, je lui enseigne à préparer les aliments lui-même, et nous partageons toujours un bon moment.

J’ai d’ailleurs une petite anecdote à vous raconter, en rapport avec ce dernier point.
Hier matin, j’étais malade. Il n’y a donc pas eu école à la maison, car je suis restée au fond de mon lit. En fin de matinée, Léon vient me voir, et me déclare : « Il est 11h, je vais aller préparer le déjeuner. », puis vient me chercher une demi-heure plus tard. Il m’explique qu’il n’a pas pu faire de brocolis, parce qu’il n’y en avait plus, et a donc choisi pour légumes les restes de la veille, mais qu’il a préparé des pâtes pour aller avec. Effectivement, il y avait deux assiettes servies sur la table, avec les légumes réchauffés, et des spaghettis, qu’il avait cuits et égouttés tout seul… Moi qui cherche à développer l’autonomie chez mes enfants, je suis servie !

Et ensuite…

L’après-midi, ma foi, cela dépend.

On peut faire encore un peu d’apprentissage si rien d’autre n’a été prévu, mais dans ce cas je prévois en général quelque chose de plus informel. La semaine dernière, par exemple, il a construit une roue des saisons, en notant les mois, et en coloriant les saisons.
Ou bien, nous organisons un petit atelier couture…

Les sorties

Et puis, il y a les jours où nous sommes de sortie :

  • le premier mardi, nous sommes allés au palais de la découverte, suivre un atelier sur les saisons, après une séance de planétarium, c’était excellent !
  • le premier jeudi, nous avons rencontré un groupe de familles en IEF pour balade et pique-nique en forêt. Léon avait apporté de quoi bricoler (marteau, clous, scie), ils s’en sont donné à cœur joie !
  • le deuxième mardi, nous devions aller à la cité des sciences, mais il neigeait, et les transports étaient perturbés… Nous en avons donc profité pour faire une séance de bonshommes de neige !
  • le deuxième jeudi, nous avons fait l’impasse sur le pique-nique, parce que j’avais peur du froid.. mais nous avons quand même de nouveau rejoint le groupe en forêt après le déjeuner. Je ne l’ai pas regretté, la forêt sous la neige était magnifique ! Et ça a été l’occasion d’une grande balade avec Léon.
  • Et les deux vendredis, j’ai emmené Léon avec moi pour ma séance de Discipline Positive en classe. J’interviens en effet toutes les semaines dans une classe de CP (encore un thème dont j’aimerais vous parler plus longuement bientôt…). La maîtresse et la classe l’ont très bien accueilli, et lui a beaucoup apprécié.

Je pense que ce rythme et cette organisation se répéteront probablement. Deux bonnes sorties par semaine, cela me parait un excellent équilibre – car l’école à la maison, ce n’est pas qu’à la maison !

Note plus tard : pour voir ce qui a finalement été fait… c’est plutôt dans le « bilan après 4 mois » !

Quelqu’un va-t-il vérifier ce que je fais ?

Ceux qui font déjà l’IEF savent déjà qui vérifie quoi.

C’est cependant une question que l’on m’a beaucoup posée ces dernières semaines, ce qui est logique. Alors, pour ceux d’entre vous qui s’interrogent, je vous explique !

Comme je l’écrivais plus haut, les familles qui adoptent l’école à la maison, ne sont pas laissées sans contrôle. Non, elles font en fait l’objet de deux types de vérification.

La première est faite par la ville. En effet, la mairie est en charge de l’aspect social. L’idée, lors d’un entretien, soit en mairie, soit au domicile, sera de vérifier que l’enfant est bien entouré, qu’il ne vit pas dans des conditions insalubres, qu’il n’est pas mal traité, etc… (Et je ne veux pas de commentaire sur le fait que l’établi de bricolage de Léon est installé dans le sous-sol, cela ne veut pas dire que je l’enferme toute la journée à la cave !)

La deuxième émane du rectorat. C’est à eux de vérifier le côté instruction. Pour cela, ils procèdent, selon ce que j’ai compris, à une inspection par an. (Peut-être deux la première année, ou en cas de difficulté). Cependant, cette inspection ne s’attache pas non plus à chaque point du programme. L’idée est plutôt de s’assurer que l’enfant apprend des choses, progresse, que tout est mis en place pour l’accompagner dans son apprentissage. Et si ce n’était pas le cas, l’inspecteur tire la sonnette d’alarme, et laisse un peu de temps pour redresser la barre.

En serai-je capable ?

J’ai constaté que beaucoup de mamans se posaient cette question.
Et je ne parle pas ici du fait de consacrer tout son temps à son enfant, et ne plus en avoir pour soi, ce qui est, comme je vous l’ai partagé dans mon article sur mes interrogations autour de l’école à la maison, une de mes inquiétudes.
Non, je parle bien de capacité d’enseignement.

Eh bien, j’ai beaucoup de chance, parce que cet aspect ne m’inquiète pas du tout. Mais alors, vraiment pas ! Au contraire, je me sens armée pour cela, et en plus, j’aime ça !

D’ailleurs, j’ai toujours fait un peu de « coschooling ». Avez-vous déjà entendu ce terme ?
Il désigne le fait de faire avec ses enfants des activités d’enseignement, alors qu’ils vont déjà à l’école.
Pourquoi le faire ? Par exemple, parce que l’on constate que son enfant développe un intérêt pour quelque chose qui ne lui est pas enseigné. Typiquement, il y a quelques semaines, j’ai fait avec Anatole, une activité autour des unités et des dizaines…

Dans cette démarche, je suis sacrément aidée par deux choses :

  • ma formation de guide Montessori 3-6 ans. En effet, au cours de celle-ci, j’ai appris plein de méthodes originales pour l’enseignement des mathématiques en particulier. (que j’adore !)
  • mon expérience d’enseignement du français à mes deux grands pendant les 7 années écoulées. Au cours de ces années, j’ai couvert pour Alice (et avec l’aide du CNED) tout le programme de français du CP à la 6e. Je suis donc bien au fait du contenu, et de l’ordre dans lequel les choses progressent…

Enfin, au-delà de ces aspects « techniques », mon meilleur atout est probablement mon goût pour l’enseignement. Certes, ce n’est pas mon métier, mais j’aime accompagner un enfant vers la connaissance. J’aime l’encourager à trouver les réponses à ses questions, le suivre et le précéder lorsqu’il témoigne d’un intérêt.

Je n’ai donc aucun doute que Léon et moi allons apprendre des tas de choses au cours des mois qui viennent !

Faire l’école à la maison est une vraie décision. Une décision pour laquelle, au cas par cas, il s’agit de peser le pour et le contre. Beaucoup d’interrogations surgissent. Chaque cas est particulier, évidemment, mais beaucoup de ces préoccupations sont communes. Lorsque je vous ai fait part, la semaine dernière, de notre décision de passer Léon, notre fils de 7 ans, en école à la maison, je vous ai promis que je vous ferai part de la manière dont j’entrevois les choses, avant d’avoir commencé. C’est l’objectif de mon article aujourd’hui. (Et pour ceux qui veulent comprendre comment nous en sommes arrivés à cette décision, et comment le vit Léon, il faut aller lire l’article précédent !)

L’aspect social

Première préoccupation : l’aspect social. C’est l’un des arguments les plus cités contre l’école à la maison, et c’était également l’un de mes freins, à chaque fois que l’idée me traversait.

D’ailleurs, lorsque j’ai commencé à envisager cette éventualité plus concrètement il y a quelques mois, j’en ai parlé lors d’une réunion de famille avec nos ainés. (Oscar, 16 ans, et Alice, 11 ans). L’opinion d’Oscar était claire : il ne faut pas sortir Léon de l’école. « Tu ne peux pas le couper de ses copains. »

Je ne sais pas si Oscar réussit à se projeter à l’âge de son petit frère. Pour lui, à 16 ans, être seul à la maison est inenvisageable. Il a oublié qu’à l’âge de Léon, lorsque je l’emmenais à des anniversaires, il restait dans un coin à lire… Je ne dis pas pour autant qu’il a tort. Au contraire, je l’écoute. Je suis d’accord qu’il est important de rencontrer du monde. Je suis même consciente, au delà des copains, que l’école a un vrai rôle social !

L’école apporte certaines choses que l’on ne pourra jamais avoir chez soi

Oui, c’est sûr. Dans un contexte d’apprentissage social, il est certain que je ne pourrai jamais proposer à mon enfant ce qu’il vit à l’école.

La diversité des gens qu’il y rencontre.
Le groupe, et ce que cela implique.
La cour de récréation avec des jeux partagés, et des partenaires qui changent.
L’organisation de la classe.
Le respect de l’autre, lorsqu’il ne traverse pas les mêmes phases de concentration.
La variété des échanges.
La réalisation de son identité par rapport aux autres.
Les codes de la vie en société.

Ca en fait des choses, que l’on apprend plus en groupe que seul chez soi !

Mais… à quel prix ?

Et pourtant, je ne trouve pas cet apprentissage suffisant. Probablement parce que, tel qu’il lui est fourni, dans cette école, il ne correspond pas à ce que je voudrais lui transmettre.

Soit, en le prenant à la maison, je le coupe de l’apprentissage du fonctionnement du groupe, et de l’organisation de la classe. Je le prive aussi, et c’est dommage, d’une sacrée diversité.

Mais je ne considère pas que je le prive beaucoup en ce qui concerne le respect de l’autre, la variété des échanges, la construction de son identité.

Parce que, sur ces plans-là, j’aurais plutôt tendance à dire qu’il désapprend plus que ce qu’il apprend ! (Selon mes critères, évidemment !)

Je ne trouve pas dans cette école, en terme de respect, ce que j’aimerais y voir.

Le modèle donné par les adultes ne me semble pas respectueux des enfants.

L’enseignement du respect entre enfants me semble absent.

Au milieu de cet environnement, je ressens surtout deux choses :

  • d’abord, que mon fils devient plus agressif. Dans ses mots, dans ses attitudes. Au lieu d’apprendre à sociabiliser, il apprend à agresser…
  • Ensuite, et c’est lié, que sa confiance en lui en prend un coup. D’un côté parce que lorsqu’il sent l’agressivité des autres, il se remet en cause. D’un autre côté, parce que lorsqu’il prend du recul par rapport à son propre comportement, il s’en veut énormément, et dit même qu’il voudrait ne pas exister…

Pour moi, clairement, le prix à payer pour l’apprentissage du groupe est trop lourd dans ce contexte !

Apprentissage social : est-ce bon de garder mon fils dans une bulle ?

On peut se poser la question suivante, qui m’a valu bien des échanges sans conclusion avec des amis : est-ce qu’il est bon de protéger nos enfants de cette ambiance qui manque de bienveillance, ou vaut-il mieux qu’ils apprennent à y faire face ?

En effet, on ne peut pas changer le monde, ou du moins pas du jour au lendemain. (Mais, comme dirait Léon, justement, on y contribue !). Alors, puisque nos enfants vont bien devoir vivre dans ce monde-là, est-ce leur rendre un service que de les en sortir ?

Je n’ai pas de réponse absolue sur cette question, je ne détiens évidemment pas la vérité, si tant est qu’il y ait une vérité…

Mon opinion, cependant, c’est que pour faire face au manque de bienveillance, il faut déjà être un peu solide. Avoir de bonnes bases.

Or, à 7 ans, on est surtout en train de se construire.

En lisant Catherine Gueguen par exemple, on voit si l’un enfant est sous stress, son cerveau sécrète du cortisol, et que cela freine le développement du cerveau, et en particulier les facultés d’empathie. C’est un cercle vicieux. A l’inverse, un enfant entouré de bienveillance voit son cerveau se développer, son empathie grandir, ses facultés d’apprentissage également, sous l’effet de l’ocytocine.

Moi qui suis un parent qui chemine, je me bats au quotidien contre mes vieilles habitudes pour apporter à mes enfants un environnement qui va les aider à grandir avec confiance. Alors, laisser l’environnement scolaire leur désapprendre tout ce que j’essaye de mettre en place, non merci !

Je vois bien que la question n’est pas la même pour Alice, par exemple, qui a presque 12 ans, et qui s’est déjà pas mal construite. Elle a une maturité qui lui permet de prendre du recul par rapport à ce qu’elle voit. De se faire sa propre idée.

Je n’affirmerai certainement pas qu’elle est hermétique à une ambiance négative, mais elle a les outils pour y faire face, justement. Alors, dans son cas, effectivement, la réponse peut être qu’il vaut mieux qu’elle l’apprenne.

Mon fils, lui, est trop jeune. Il a d’abord besoin de poser ses propres bases au soleil afin de pouvoir ensuite tenir dans la tempête.

C’est du moins ce que nous lui souhaitons.

Occasions de rencontres en IEF

Avant même l’apprentissage du groupe, il y a les amitiés. Tout simplement.

C’est d’ailleurs souvent la première question que l’on pose aux enfants de nos amis : “Ca se passe bien à l’école ? Tu as des copains ?”. Comme si la mission première de l’école était d’être un lieu de rencontre. Des amis offerts sur un plateau, bien plus qu’un lieu d’apprentissage.

Leur moment préféré ? Les récrés, sans aucun doute ! Le travail scolaire, lui, ne s’effectue que parce qu’il est obligatoire, pour faire plaisir aux enseignants, et aux parents. Mais, encore une fois, je m’égare… Nous parlions donc des rencontres.

Sur ce point, deux actions sont, je crois, primordiales.

La première, c’est d’entretenir les relations avec les copains qu’il s’est faits à l’école. C’est assez facile : il y en a deux, ils vivent tout près, nous connaissons les parents, et je peux même récupérer lesdits garçons de temps en temps à l’école, puisque je vais continuer à y aller pour Anatole !

La deuxième, c’est de chercher des occasions de rencontres avec d’autres enfants en IEF. (Pour rappel : IEF – Instruction En Famille, c’est le terme officiel de l’école à la maison). Et pour cela, aujourd’hui, on est verni : il y a internet et les réseaux sociaux ! J’ai donc commencé à m’inscrire à des groupes IEF pendant les vacances de Noël, et suis déjà entrée en contact avec plusieurs personnes qui vivent à proximité. J’ai même appris que tous les jeudis, c’est balade et pique-nique en forêt pas loin de chez nous pour tous ceux de la zone.

C’est rigolo, en fait. Cet aspect de manque de rencontres est souvent un frein au passage à l’école à la maison, et mes premières recherches ont l’air de montrer qu’en réalité, il y a un sacré potentiel ! Alors, c’est sûr, il va falloir voir à l’usage. Mais quand même, je me dis que si cela se savait, il y aurait peut-être plus de familles qui feraient ce choix, et donc encore plus de gens à rencontrer !

Le temps pour moi

Egoïstement, l’un des plus grands freins pour moi au passage à l’école à la maison, c’est mon propre temps. Oui, j’adore organiser des activités pédagogiques. J’adore voir l’intérêt de mon enfant quand je lui parle de grands nombres.

Mais ai-je vraiment envie de faire cela à temps plein ? En suis-je seulement capable ?

Je n’oublie pas que pour être une maman positive, il faut d’abord remplir mon propre réservoir affectif. Je ne suis pas sûre de réussir à le faire si je n’ai pas de temps pour moi. Sans compter que je n’ai pas l’intention d’abandonner mon métier qui me nourrit tant : celui d’accompagner les parents sur le chemin de la parentalité positive, au travers de ce blog et des formations que je vous propose.

J’ai donc commencé à y réfléchir. Et je me suis dit plusieurs choses.

Léon a 7 ans

Il est donc tout à fait capable de passer de longs moments plongé dans une activité en solitaire, si je lui dis que j’ai besoin de travailler.

D’autre part, lui et moi avons déjà pas mal de pratique en terme de recherche de solution. Je sais qu’il est capable de prendre mon besoin en considération. Nous allons donc pouvoir décider ensemble d’un mode de fonctionnement qui me permettra de continuer mon activité.

Je me dis même que c’est encore une opportunité : ayant moins de temps, je vais bien devoir apprendre à être plus efficace !

Des moments de garde

J’assume très bien l’idée que faire l’école à la maison, ca ne veut pas forcément dire être à temps plein avec son enfant.

Depuis le mois d’octobre déjà, nous avons deux jeunes qui, en pointillés, viennent garder les garçons après l’école. Pas parce que c’est nécessaire, mais pour entretenir les langues qu’ils ont apprises avant que nous revenions en France : l’une est hispanophone, l’autre est anglophone. Je n’ai pas l’intention de changer ce fonctionnement, et je me dis que je pourrai peut-être décaler un peu les horaires pour pouvoir m’échapper un peu plus tôt, travailler à la bibliothèque, et rentrer un peu plus tôt pour passer plus de temps avec Anatole également, puisque c’est une autre de mes préoccupations (voir plus bas).

Des échanges avec d’autres mamans

Là, c’est moi qui brode… Je suis comme ça, moi ! Toujours en train de bouillonner d’idées, tout en sachant qu’elles ne risquent pas de toutes déboucher… Mais il faut bien commencer par les avoir pour qu’elles fonctionnent, n’est-ce pas ?

Alors voilà : je me dis que je ne suis certainement pas la seule à avoir cette préoccupation. Donc, si je tombe sur une autre maman comme moi, qui n’habite pas loin, avec qui ça accroche bien… peut-être que l’on pourrait mettre en place un roulement ponctuel ? Quelque chose du type : tous les mardis matins, les enfants sont ensemble, une fois, c’est moi qui m’en occupe, une fois c’est toi ! Ce qui pourrait nous offrir de vrais créneaux.

Comment je vais le vivre…

Tenant compte de tout cela, je sais que ce ne sera pas forcément un long fleuve tranquille.

Le sentiment qui prédomine en moi en ce moment, à la veille de commencer, c’est l’enthousiasme. Je me réjouis de toutes les portes qui s’ouvrent, de toutes les perspectives d’apprentissage que je perçois.

Mais je sais aussi que ce sera probablement un enchainement de joies et de difficultés. Qu’il y aura forcément des jours de désenchantement.

Nous verrons bien !

Le décalage avec son petit frère

Indépendamment des avantages et inconvénients de l’IEF pour Léon, une de nos préoccupations est la réaction d’Anatole.

Anatole a tout juste 5 ans, il est en grande section, et continue, lui, à aller à l’école. Comme je vous l’expliquais lors de mon article sur ce choix d’école à la maison, nous ne pensons pas que ce choix se justifie pour lui.

Il n’en reste pas moins que lorsqu’il sera confronté au quotidien au fait que son frère reste à la maison avec maman, pendant que lui va à l’école, il risque de se sentir mis de côté…

L’annonce

Nous avons attendu que tout soit sûr avant d’en parler à Anatole. Finalement, au début des vacances de Noël, alors que nous étions tous les 6 ensemble, j’ai partagé le fait qu’il y allait avoir un changement dans la maison, et j’ai expliqué que Léon allait commencer l’école à la maison.

Anatole a été beaucoup moins perturbé que ce que nous pensions. Il s’est presque contenté d’un “d’accord”, même quand je l’ai aidé à se projeter en lui parlant des matins où il irait à l’école, et que Léon n’irait pas.

Par la suite

Léon a évoqué plusieurs fois pendant les vacances le fait qu’il n’allait plus aller à l’école. Cela n’a pas eu l’air de perturber Anatole plus que de raison.

Je l’ai même entendu lui répondre une fois : « Moi, j’aime bien ma maitresse, je suis content de retourner à l’école.”. Pour être honnête, je ne suis pas totalement sûre qu’il ne le disait pas pour s’en convaincre lui-même.

Que ce soit le cas ou pas, il semble garder son chemin tranquillement pour l’instant.

Rester à l’écoute

J’ai pas mal d’expérience maintenant des changements de situation avec les enfants. Nous avons vécu suffisamment de changements de pays, et/ou d’écoles pour cela, avec chacun de nos 4 enfants. Je sais donc qu’il faut rester vigilant.

Il ne s’agit pas de créer une histoire là où il n’y en a pas, mais bien de laisser l’enfant exprimer ses sentiments, et d’être à l’écoute. Pas chercher à le rassurer à tout prix, simplement être là pour l’accompagner dans ce qu’il traverse.

Sur ce plan, heureusement, j’ai désormais confiance en nous tous pour savoir accompagner les émotions.

L’apprentissage scolaire

Je suis consciente que le grand absent de mon article, c’est l’enseignement. Pourtant, c’est bien cela au départ, la raison d’être de l’école. Donc, lorsque l’on retire son enfant de l’école, on doit s’interroger sur la manière dont va se passer dorénavant l’enseignement.

En fait, vous pourrez trouver ça étrange, mais ce n’est absolument pas une inquiétude pour moi, au contraire !! Oui, au contraire, cet aspect là m’enchante !

Comme je sais, par les messages que j’ai reçus, que ce sujet vous intéresse, et qu’il mérite d’être creusé, je préfère écrire un article spécifique sur le sujet : organiser l’apprentissage en école à la maison.

En attendant, n’hésitez pas à commenter cet article, pour me dire ce que vous pensez de toutes ces réflexions, et à le partager si vous pensez qu’il peut intéresser des amis.

Grand changement chez nous, en ce début d’année : nous allons commencer l’école à la maison !
Je suppose que vous aussi, il vous est arrivé d’avoir des frustrations par rapport à l’école. D’avoir l’impression que votre enfant n’y trouvait pas ce que vous aimeriez lui offrir. Et, comme moi, jusqu’ici, vous vous êtes adapté. Vous avez accueilli les aspects positifs (parce qu’il y en a), en essayant de passer outre ce qui ne vous convenait pas. Car il faut tout prendre en compte : l’aspect académique, l’aspect social, l’entourage… Mais c’est comme un jeu de balancier : au moment où ce qui ne nous convient pas devient trop lourd, que fait-on ? Deux possibilités : on change d’école… ou on déscolarise ! Décision enfin prise pour nous : nous allons faire l’école à la maison – autrement appelée IEF – au moins temporairement.

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Le contexte scolaire

Léon a 7 ans. Il est en CE1.
Il a un parcours un peu atypique, puisqu’il n’avait pas été en école française avant cette année.

D’abord, il est né au Mexique, où il a été, très jeune, en école Montessori. Nous avons ensuite déménagé pour Puerto Rico, avant ses 3 ans, et là encore, nous avons mis Léon en école Montessori.
Un an avant notre retour en France, en prévision de la transition délicate, nous avons décidé de le transférer, ainsi que son petit frère, dans une école plus classique, dans laquelle étaient déjà nos ainés depuis notre arrivée à Puerto Rico.

Ecole plus classique, certes, mais une école américaine. Et franchement, l’ambiance à l’américaine est nettement plus positive ! Je savais donc que le retour en France serait probablement un peu délicat à gérer.

La différence entre la bienveillance à l’américaine, et ce que j’avais pu observer de l’entourage à la française m’effrayait un peu. Je me doutais que ce pourrait être un choc pour tous. Cependant, « le pire n’est pas certain », et je sais qu’il existe aussi en France beaucoup d’écoles et d’enseignants qui sont tout à fait bienveillants et encadrent les enfants avec confiance. Pas de faux procès en avance donc. Et, tout en sachant que l’école à la maison pouvait être une solution de repli, nous avons inscrit tous nos enfants en école publique. (Un en maternelle, un au primaire, une au collège, et un au lycée !)

Pour Léon, je pensais que cela serait doublé d’une petite difficulté académique. En effet, entrer en CE1, à un âge où les enfants savent lire et écrire en francais, ce n’est pas forcément évident. D’autant moins que l’année dernière, il était en équivalent grande section, car aux USA, les enfants entrent en « grade 1 » à 6 ans révolus, et il est né en octobre. Certes, je lui avais appris à lire en francais à la maison, mais je me doutais qu’il risquait de ne pas avoir la même aisance que ses camarades, surtout à l’écrit.

Beaucoup de raisons, donc, pour être attentif, et j’ai rencontré la maitresse dès la première semaine pour lui faire part de ces particularités.

Les premiers temps

Finalement, les premiers temps se sont plutôt bien passés.
Léon s’est rapidement fait des amis, et l’aspect académique n’a en fait posé aucun problème. Il a mis quelques semaines à prendre le coup de main pour écrire en cursive, et voilà.

En revanche, au niveau de l’ambiance, nous avons senti que les choses étaient plus difficiles.

D’abord, il a commencé par se plaindre de sa maîtresse : elle crie, elle a déchiré une page du cahier du copain parce que ce n’était pas bien fait… (Ca existe encore, ça ??)

Puis, il est revenu avec le vocabulaire de la cour de récré… Les gros mots, pour commencer, mais aussi l’agressivité. Il disait à son petit frère des choses comme « Je vais te défoncer ! ». Pardon ???

Ensuite, il nous a expliqué qu’il se faisait « insulter » par les plus grands… et cela lui donnait envie de s’insulter lui-même : pourquoi donc essayait-il de leur parler ?

Il s’est mis à pleurer à l’idée d’aller à l’étude : « Maman, les maîtresses, elles crient quand on fait des erreurs, alors que toi, tu m’expliques ! ».

Jusqu’à ce qu’apparaissent les signes les plus évidents : le pipi au lit régulier.

Bon. Il fallait prendre les choses au sérieux.

Notre recherche de solution

Bien sûr, nous n’avons pas décidé de basculer du jour au lendemain.

Il fallait reprendre les points un à un, et réfléchir aux diverses solutions envisageables.

Les petites actions locales

D’abord, plus d’étude. Il y allait de temps en temps pour me permettre de travailler un peu plus longtemps. Tant pis, il n’irait plus. J’avais la chance d’être flexible, et je pouvais donc le récupérer à 16h30.

On a développé les relations avec les proches copains, en les invitant à la maison. Cela l’a bien sûr aidé à se sentir mieux, mais ce n’était pas suffisant.

A la maison, j’ai discuté avec lui de l’agressivité qu’il observait à l’école, que c’était normal qu’en recevant ce modèle, il l’intègre partiellement, mais que nous aspirions à une ambiance plus sereine à la maison, et qu’il lui faudrait éviter d’agresser son petit frère comme il se mettait à le faire.

Enfin, ses grands frères et soeurs ont discuté avec lui d’attitude à adopter face aux plus grands, pour qu’il ne se sente plus tant intimidé.

Cependant, la question est importante. Il se durcit face à l’agression, mais est-ce réellement ce que je veux développer chez mon enfant ?? Pas du tout !

Puis-je faire le métier que je fais, accompagner les parents vers plus de bienveillance, croire en un monde meilleur, et accepter que mon fils apprenne que la vie est dure et qu’il faut y faire face ??

Recherche d’autre école

En parallèle, tout en pensant déjà à la possibilité de faire l’école à la maison, j’ai commencé les recherches d’autres écoles. Car si une chose était sûre, c’est que ces petites actions pouvaient éventuellement permettre de patienter, mais ne seraient absolument pas une solution à long terme.

J’ai la chance d’accompagner une institutrice de CP dans une école privée assez proche, dans le cadre de séances de discipline positive en classe. Si ces séances (bénévoles) sont possibles, c’est parce que la directrice de cette école est d’avis de considérer chaque enfant dans son individualité, et a su susciter cela chez ses enseignants. J’ai donc choisi de discuter de mon problème avec cette directrice. Et nous avons envisagé de transférer Léon dès la rentrée de janvier. Mon fils était ravi ! Mais finalement.. pas de place pour janvier, il faudra attendre septembre.

J’ai également considéré une école Montessori, dans la ville d’à côté. J’ai assisté à leur présentation. Bien sûr, le contexte est attirant. L’ambiance n’a rien à voir. D’abord, je connais bien la pédagogie Montessori, et je la trouve très adaptée à mon fils. D’autre part, la directrice nous a parlé de bienveillance, avant même de nous parler Montessori, c’est plutôt bon signe ! Mais.. mais l’école est loin (j’ai mis une demi-heure avec mes grandes jambes), et elle est chère ! Solution éliminée.

Dernier rendez-vous avec la maitresse

Pendant cette phase de réflexion, je pensais encore qu’il fallait quand même communiquer avec la maitresse de mon fils. Essayer d’attirer son attention sur ce qui se passait pour lui. J’ai donc pris un nouveau rendez-vous avec elle.

Et je me suis sentie complètement en décalage.

La maitresse n’avait absolument pas ressenti le mal-être de mon Léon. Elle me disait au contraire que Léon était très mignon, et se débrouillait très bien en classe.
Soit. Mais il a perdu son stylo bleu, et n’ose pas vous en parler. « Ah bon ? Pourtant, je ne lui crie pas dessus, à lui ! ». Est-il besoin d’en dire plus ?

Je ne jette pas la pierre à cette maitresse. Je sais qu’elle essaye de bien faire, mais que, comme nous, les parents, elle se retrouve régulièrement dans des situations où elle craque. Sa formation ne lui a pas permis de voir comment la bienveillance aide les enfants à grandir, et à réussir. Elle n’a pas eu l’occasion de s’ouvrir à autre chose que l’éducation traditionnelle à la française.

D’autant moins que la directrice de l’école est elle-même très « traditionnelle ».
Elle dit par exemple : « Moi, je ne dis pas bonjour aux enfants le matin, je considère que c’est à eux de le faire. » Clairement, cette directrice n’a pas entendu parler de la force du modèle, et des neurones miroirs. Alors, si l’on considère les choses ainsi, peut-on attendre des enseignants qu’ils laissent le temps d’apprentissage aux enfants ??

Non, je ne jette pas la pierre à cette maitresse, mais je choisis autre chose pour mon fils.

A 7 ans, on est encore en construction. Je refuse de prendre le risque que mon enfant sorte d’un an de cette ambiance avec une confiance en lui détruite. L’école à la maison, pour nous, aujourd’hui, c’est lui offrir un autre environnement.

Pourquoi seulement Léon ?

Vous l’avez compris, cette situation n’a pas été anticipée, elle nous est un peu tombée dessus par défaut.
Malgré cela, lorsqu’on arrive à cette décision, on s’interroge sur l’application de celle-ci à un enfant, ou à plusieurs…
Pour l’instant, elle ne s’applique qu’à Léon.

En effet :

  • la question ne se pose pas vraiment pour les grands. Oscar est en terminale, et, même s’il a passé le bac francais en candidat libre l’année dernière (il en a d’ailleurs fait une video), il est mieux préparé dans un lycée pour son bac S à venir, sans compter le dossier pour la suite ! Alice est en cinquième, et s’y sent bien. Elle s’est fait des amis, et si certains de ses profs ne correspondent pas aux critères éducatifs que nous cherchons à développer chez nous, elle a la maturité qu’il faut pour avoir du recul sur la question.
  • pour Anatole, le plus jeune, on pourrait s’interroger car son école dépend de la même directrice. Cependant, en étant encore du côté maternelle, il bénéficie d’un cadre bien différent. Et surtout, sa maîtresse est super. Donc, pas de raison de le changer pour l’instant. En revanche, il est clair pour nous qu’il ne restera pas dans cet établissement l’année prochaine, pour son CP.

Et puis, pour l’instant, cet aménagement est annoncé temporaire. Car l’école avec laquelle j’ai pris contact devrait nous prendre les deux garçons l’année prochaine.

Je me laisse donc le loisir de vivre cette opportunité sans stress, et de décider plus tard si c’est une expérience à prolonger, ou non !

Concrètement, cela commencera la semaine prochaine, car j’avais déjà un déplacement de prévu cette semaine. Cela tombe bien : il a ainsi quelques jours pour clore les choses de manière plus posée, tant avec ses camarades qu’avec les maitresses, et l’école.

Les perspectives que me donne l’IEF ou école à la maison

IEF, c’est le terme officiel : Instruction en Famille.
Car si l’instruction est obligatoire en France, l’école ne l’est pas. On peut donc choisir de mener cette instruction en famille, et c’est même beaucoup plus facile que ce que l’on peut croire (il suffit de deux lettres pour déclarer que notre enfant ne va plus à l’école) !

Cet article se prolonge, alors que je voulais également vous parler des perspectives que je vois, avant de commencer. Je voudrais développer les aspects de cette décision qui m’enchantent, et ceux qui m’inquiètent. Comme je suis très bavarde, et que je sais qu’il me faudra encore du temps pour les développer, je vous en reparlerai dans un prochain article !

Rendez-vous donc la semaine prochaine, pour parler de nos débuts, et de ce que j’anticipe.

Sachez cependant, que me réjouis à l’idée de tout ce que nous allons avoir l’occasion de faire ensemble, lui et moi ! Il faut dire que l’idée de l’école à la maison me tente depuis que mon grand est petit… Finalement, c’est donc une chance que ces difficultés m’offrent, je n’aurais sans doute jamais passé le pas autrement.

Et vous, l’école à la maison vous attire-t-elle ?

Avez-vous déjà rêvé de changer le monde ? Etes-vous conscient que vous le faites déjà… par l’éducation que vous transmettez aux enfants qui vous entourent !

Changer le monde… seulement quelques personnes exceptionnelles…

Pour moi, jusqu’à il y a quelques années, cette idée de changer le monde était réservée aux jeunes encore plein d’illusions, et à quelques personnes vraiment exceptionnelles, comme Gandhi, ou Nelson Mandela…

Tiens, justement, en parlant de Mandela… Je ne sais pas à quel point vous connaissez l’histoire de Mandela. Comme nous avons vécu en Afrique du Sud, je m’y suis particulièrement intéressée. Et il est clair que nous ne parlons pas d’un individu lambda… Je ne vais pas vous faire ici un cours d’histoire (j’en serais d’ailleurs incapable), mais c’était quelqu’un avec une force de caractère hors du commun. Qui faisait passer sa lutte devant ses propres intérêts. Alors, oui, une personne avec un tel sens d’abnégation pouvait changer le monde…

Je sais, je sais qu’il existe d’autres sortes de héros. Après tout, l’histoire nous a prouvé que monsieur tout le monde était capable d’actes héroïques. Mais enfin, vous voyez ce que je veux dire, quand même ?

Seulement voilà, laissez-moi partager avec vous une phrase de Nelson Mandela, justement, que j’aime beaucoup :
“L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde.”

Un « simple » professeur

Et c’est là que ma vision a commencé à changer. En fait, beaucoup de gens participent à changer le monde ! le concept ne se limite pas aux actions d’éclat. C’est l’histoire du colibri, chacun fait sa part. (Ca me fait penser à la chanson de Goldman : « Il changeait la vie. » – d’où le titre de ce paragraphe pour ceux qui connaissent la chanson !)

Or, dans cette histoire de changement du monde, je suis d’accord avec Mandela : l’éducation tient, selon moi, une part centrale. Eduquer, c’est créer autre chose pour la génération suivante.

Si l’on va encore un cran plus loin, pour vraiment changer le monde, il faut changer la manière d’éduquer. Donc, il faut d’abord éduquer ceux qui éduquent ! C’est à dire les parents et les enseignants, principalement.

Pour être concret : dans notre famille, depuis que je me suis formée à l’éducation positive, ce qu’on transmet à nos enfants a changé, et leur avenir par la même occasion ! J’ai appris qu’être parent pouvait s’apprendre. Ou du moins, un parent conscient de ce qu’il cherche à passer ou pas à la génération suivante.

Alors, en accompagnant maintenant des parents et des professeurs, je me suis mise, peu à peu à vraiment considérer que je contribuais à changer le monde !

La perception de mon fils

J’en ai eu la confirmation il y a quelques semaines, alors que je rentrais de l’école avec mes plus jeunes garçons, Léon, 6 ans, et Anatole, 4 ans.
Je venais de donner une conférence, le matin-même, et je décidai que Léon était assez grand pour commencer à savoir quel est mon métier, et lui parle de cette conférence que je venais de donner.
Après une explication sur ce qu’est une conférence, je lui précise que ma conférence portait sur l’éducation positive.
“Tu sais ce que c’est, l’éducation positive ?
– Non
– Eh bien, par exemple, je dis aux parents que si leur enfant pleure en disant qu’il est triste, ça ne l’aidera pas de lui répondre “Mais non, arrête de pleurer !”, et qu’il vaut mieux parfois simplement lui dire : “Je vois que tu es triste.”
– …. Ca peut changer le monde, ça !

Quelle allégresse, au moment où j’entends mon fils me dire cela !!

“Ca me fait plaisir que tu dises ça, Léon, parce que c’est exactement ce que je pense. Que ça peut changer le monde…
– Ben oui, parce que souvent tu parles de pollution, et de pas consommer, et tout ça, pour changer le monde, mais ça aussi, ça peut changer le monde !”

Eh oui… mon fils de 6 ans mesure déjà que la validation des sentiments, ça crée un monde différent ! Et c’est bien parce que je partage cette vision des choses que je mets toute mon énergie à continuer à diffuser ce message auquel je crois, pour essayer d’accompagner les parents qui cherchent à leur tour à apprendre les principes de l’éducation positive.

A chaque fois que je reçois des messages des parents que j’accompagne, que ce soit dans le cadre d’ateliers ou conférences, ou dans le cadre de la formation Point de rencontre, je suis renforcée dans cette idée. Convaincue que c’est ainsi que la bienveillance se répandra. Ravie de voir que ces principes gagnent du terrain, de constater au quotidien que chacun peut avancer.

Je fais le plus beau métier du monde !

Sortie d’école, passage au parc. Puis, 18h, c’est l’heure de rentrer. Mais les enfants ne l’entendent pas toujours de cette oreille… Il semble que partir du parc ne soit pas le moment le plus facile, ni pour les parents, ni pour les enfants. Doit-on vraiment lutter pour quitter le parc ?

La semaine dernière, le temps était beau, et j’ai décidé de faire un tour par le parc avant de rentrer chez moi. Là, je me suis posée dix minutes sur un banc. Mais cette heure de départ du parc a été difficile pour moi. Maintenant que j’ai avancé sur le chemin de la bienveillance, il devient de plus en plus dur d’assister à certaines scènes de luttes entre parents et enfants…

J’ai été ce jour-là témoin de deux épisodes, coup sur coup. Deux épisodes qui m’ont marquée. J’ai même pris des notes de ce que j’entendais. Laissez-moi vous raconter aujourd’hui le premier d’entre eux.

La scène elle-même

La maman est assise sur un banc, en train de remettre ses chaussures à sa petite, d’environ 4 ans. Pendant ce temps, sa fille ainée, 6 ou 7 ans, court sur l’herbe devant. Seulement, cela n’est pas au goût de la mère, qui voudrait que la grande reste assise.

« Graciela, viens ici !
Viens ici maintenant !
Viens ici ou je vais perdre confiance en toi…
Graciela !!! »
Tandis que la maman s’égosille, la fille court, sans répondre, et s’éloigne.

Jusqu’au moment où la mère, à bout, se lève, laisse la petite, et court attraper la grande, qu’elle attrape par le bras pour la ramener au banc.

Tout en revenant vers ledit banc, elle lui commente : « Graciela, je ne suis pas contente ! Regarde ta soeur, elle reste bien sur le banc, elle ! Combien de fois ai-je dit ton nom ?? Tu as perdu le privilège d’aller au parc demain… »

La fille s’assied donc sur le banc, mais ne cesse d’avoir un comportement « agaçant » : elle touche sa soeur, tire la plante à coté, se lève et se rassied, etc… Tandis que la mère la reprend de manière permanente : « Arrête Graciela. Fais-le doucement. Ton comportement ne me plait pas. Donne la main à ta soeur. »

Finalement, les chaussures sont mises, et les trois se lèvent, en se tenant la main, pour aller jusqu’à la voiture, garée à 20 m de là, juste au bord du parc.

Mes pensées pendant cette scène

Je m’interroge. Vraiment. J’ai l’impression que cette lutte-là n’a vraiment aucune raison d’être !! Qu’elle aurait pu être très simplement évitée. Parce qu’après tout, quelle nécessité d’avoir la grande assisse à côté de la petite pendant le temps des chaussures ?

J’aurais très bien vu la même scène avec la maman mettant les chaussures à la petite, et la grande courant juste devant (devant étant déjà hors des jeux, donc la grande savait qu’elles partaient), puis, au moment où les chaussures sont mises, un simple appel de la maman, du type « Graciela, ça y est, on y va ! », qui aurait indiqué à Graciela que la course pouvait finir devant la voiture. (Aucune rue à traverser, ni rien…).
Bon.

Et même si, pour une raison qui m’échappe, la mère ne voulait pas de ce scénario, on peut penser à des améliorations dans la communication.

Imaginons par exemple un « Graciela, tu peux venir avec nous s’il te plait, j’aimerais qu’on parte ensemble dès que j’ai terminé avec les chaussures ? ». Cela aurait sûrement plus encouragé Graciela que « Viens ici maintenant ! », non ?

Et si ce n’était toujours pas le cas… Cet épisode. Ces trente secondes pendant lesquelles Graciela fait passer le plaisir de courir devant l’injonction de sa mère signifient-elles vraiment que sa mère va « perdre confiance » en elle ? Ou est-ce que, comme souvent, la mère dit des choses qu’elle ne pense pas vraiment ?

Je continue…

La mère finit par aller chercher sa fille. Il y a encore une chance de se reconnecter, de choisir de ne pas s’entêter sur une voie dont on sent bien qu’elle va mal finir. Il est possible de rattraper la fille et de lui dire : « Ecoute, je vois que tu as très envie de courir. Seulement, ça me complique les choses. Ta soeur est sur le banc, et j’ai besoin que tu restes à côté, pour ne pas avoir à te chercher. Tu peux m’aider en faisant ça ? »

Mais non. Cette mère choisit de dire plutôt « Regarde ta soeur ». Ce qui, inévitablement, contribue à créer de la rivalité dans la fratrie. J’imagine très bien ce qu’il se passe à ce moment-là dans la tête de Graciela : « Ah ben oui, celle-là, évidemment, elle fait tout bien, et après, maman se fâche contre moi.. » Aucune complicité. La petite, d’ailleurs, peut penser qu’elle n’a rien à voir dans cette histoire, et préfèrerait qu’on ne parle pas d’elle. Ou bien, elle peut en déduire qu’elle est plus digne d’amour que sa soeur qui se fait passer un savon, et qu’elle vaut mieux qu’elle. Que d’ailleurs sa soeur l’énerve, parce qu’à cause d’elle, elle risque d’être également privée de parc le lendemain. Ce qui n’aidera pas non plus leurs relations.
Bon.

Je ne suis pas surprise, ensuite, que Graciela continue à « chercher les ennuis ». Maintenant que j’ai l’oeil exercé, je vois le besoin derrière le comportement. Elle n’a évidemment aucune envie de coopérer, mais plutôt de se venger. Elle ne se sent en aucun cas écoutée, mais plutôt rejetée… tout ça parce qu’elle courait dans l’herbe.

Et pourtant, ça aurait pu être si simple…

Aucun jugement

Voilà, les filles sont parties. Et je reste là, avec mes interrogations. Je ne juge pas cette maman. J’observe seulement. Je vois tout ce qui aurait pu être fait différemment. Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Probablement parce qu’elle ne sait pas comment. Parce qu’elle n’a jamais eu l’occasion de tomber sur un écrit, ou quelqu’un, qui l’a encouragée à réfléchir autrement, à remettre en cause certaines de ses méthodes, de ses principes parentaux. Elle pense, comme beaucoup, que lorsqu’un parent dit à un enfant « Viens ici, maintenant ! », l’enfant doit obéir. Un point c’est tout.

Il est également possible que cette maman ait été fatiguée. Qu’elle n’avait pas l’énergie qu’il aurait fallu pour se reconnecter quand cela a commencé à dériver.
Dans ce cas, peut-être aurait-il mieux valu ne même pas passer par la case parc ?
Parce que finalement, le passage par le parc ne l’aura pas aidée à retrouver de l’énergie, à re-remplir un peu son réservoir d’amour, mais aura en fait eu l’effet inverse. Ce qui n’augure rien de bon pour la fin de la journée après le retour à la maison…

Il y a quelques années, j’aurais pu être cette maman. Je me félicite d’avoir pu avancer sur le chemin de la parentalité positive, et évoluer dans mes relations avec nos enfants.

Je me demande comment je pourrais approcher cette maman, dans ce parc, pour lui dire qu’il existe un autre chemin. Qu’il est possible de faire autrement. Cela me semble impossible, et pourtant, je sais que je suis capable de l’aider. C’est délicat. J’aurais aimé que quelqu’un m’aide lorsque je vivais ces scènes-là, je crois.

Elle est partie sans que je ne dise rien, et en me laissant avec cette interrogation… et celle de savoir si elle déciderait finalement de retourner au parc le lendemain !

La joie comme intention… ou comment l’ambiance familiale peut changer par un simple changement de priorité !

Il y a quelques semaines, je vous parlais de mon envie de mettre la joie en priorité dans ma famille.

Retour sur cette expérience, qui s’avère particulièrement efficace !

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Ma réflexion sur la joie

Ici Coralie, du blog 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Lors de mon dernier podcast, je vous parlais de la joie. Et je partageais avec vous le fait que j’avais envie de la mettre plus dans mes priorités au quotidien dans nos relations familiales.

Je m’étais en effet fait la réflexion qu’en avançant sur le chemin de la parentalité positive, j’avais réussi à apprendre comment être beaucoup moins en conflit avec mes enfants, j’avais réussi à leur apprendre également à être moins en conflit entre eux, et que l’ambiance à la maison en avait été changée. Et que malgré tout ça, j’avais envie d’aller plus loin, pour non seulement avoir des relations plus calmes, mais également plus joyeuses.

Et je vous avais promis de faire un retour là-dessus, et de vous dire comment ça s’était passé.
Alors voilà, c’est mon objectif aujourd’hui : quel a été l’impact de cette réflexion ? Ai-je réussi à fixer la joie comme priorité ?

Tout a changé !

En fait, c’est vraiment intéressant de voir à quel point un simple changement d’état d’esprit peut changer les choses. Je ne vais pas vous dire que depuis que j’ai décidé de me focaliser sur la joie, tout a changé.
Je ne vais pas vous dire que, du jour au lendemain, la joie a été omniprésente dans mon foyer. Non, tout n’a pas changé, ceci d’autant moins que je n’ai pas réussi à garder cette joie en tête tous les jours.

Cependant, les jours où elle était effectivement présente dans mon esprit, la dynamique a été différente. Alors, j’y ai réfléchi et j’ai cherché à l’analyser un peu. Comprendre ce que ça avait vraiment changé.

Déjà, noter très clairement la responsabilité qu’on a, nous, en tant que parents, sur l’ambiance familiale.
Bien sûr, les enfants en ont une également ; bien sûr, leur comportement a une influence ; mais notre façon de réagir à ce comportement peut également tout changer. J’en étais déjà persuadée, cependant, je vois que ça peut aller encore un cran plus loin avec cette idée de joie.
Parce que c’est, comme je l’ai dit au début, certains jours mon seul état d’esprit qui décide de se focaliser sur la joie qui fait que mon attitude est différente, et que l’ambiance est différente.
Parce que, oui, j’ai vu des ambiances différentes les jours où j’étais vraiment focalisée dessus.

Comment ça s’est traduit concrètement ?

D’abord,

le premier point,

il est très clair, c’est que j’ai choisi de me remplir de la joie que j’observais. C’est à dire que, au lieu de considérer que lorsque mes plus jeunes enfants exprimaient leur joie, c’était.. on va dire normal, et me comporter moi « comme si de rien n’était », j’ai eu une démarche consciente de me remplir de leur joie, de rire avec eux, d’essayer de comprendre ce qui les enthousiasmait et de m’enthousiasmer avec eux.

Et ça, déjà, c’est fort, parce que ça m’a permis d’entretenir ma propre décision.

C’est à dire que, d’aborder les choses avec joie, et de trouver encore plus de joie en la puisant chez eux. Finalement, c’était eux qui remplissaient mon réservoir.

Ce premier point-là, je pense que tous les parents de jeunes enfants peuvent le vivre.

C’est moins évident chez les enfants plus grands, qui n’ont pas la même manière d’exprimer leur joie, cependant c’est quelque chose à chercher également, se réjouir de ce qu’ils partagent, au lieu de facilement considérer que ça a peu d’intérêt.

Le deuxième point

est plus personnel, et j’imagine qu’il se déclinera différemment, selon les parents et le caractère de chacun. Parce que nous sommes tous des adultes différents, face à des enfants différents. Mais surtout des adultes différents. Et chez moi, il y a un grand besoin de contrôle. C’est d’ailleurs un thème que nous avons déjà abordé, lorsque nous avons parlé de comment notre personnalité influence celle de nos enfants, et que nous avions fait l’analyse de la carte dominante.

Alors, pour choisir la joie au dessus de ce besoin de contrôle, ça m’a demandé du lâcher-prise.
Le lâcher-prise, c’est sûrement plus facile pour certains parents que pour d’autres ! Et, dans la théorie, je sais que le lâcher-prise est important, je l’ai déjà mis en place à de multiples reprise, et j’y repense régulièrement. Mais cette fois, au lieu de choisir le lâcher-prise, j’ai choisi la joie, et le lâcher-prise est venu naturellement.

Etrangement, ça a été, du coup, beaucoup plus facile. Parce que, du coup, ce n’était plus un choix « négatif », c’est à dire un choix de ne pas voir quelque chose, de ne pas prêter attention à un comportement qui m’aurait déplu, de ne pas me battre pour, comme lorsqu’on choisit ses batailles, ce qui est très important ; ca a été au contraire un choix positif.

Je choisis la joie.

Et évidemment, naturellement, ça veut dire que, lorsque mes enfants se sont levés de table pour montrer le dernier enchaînement de danse, avec la chanson qui va avec, qu’ils ont apprise pendant leur cours de sport, je n’ai pas eu besoin de m’imposer de ne pas réagir au lever de table pour ne pas me battre, j’ai savouré le partage de la chanson, le rire des autres, et effectivement, le fait de se lever de table à ce moment-là n’avait aucune importance !

Ca a été un lâcher-prise naturel. Ca ne veut pas dire que les règles ne doivent pas exister, ça ne veut pas dire qu’on ne va pas revenir dessus, mais ça veut dire que l’on choisit ses priorités. Je peux vous dire que chez nous, les diners où je suis arrivée avec une posture d joie ont été réellement différents !

Enfin,

le troisième point,

c’est que j’ai cherché à mon tour à créer de la joie. Et ça, oui, ça me demande encore un effort, parce que ce n’est pas mon caractère naturel forcément, mais il y a eu plusieurs moments où j’ai plus facilement basculé dans une parentalité que l’on qualifie de ludique, pour ceux qui connaissent, dans laquelle on prône le jeu avec l’enfant, non seulement pour se défaire de situations de conflit, ce que je faisais déjà, mais également en dehors de tout contexte, simplement comme moyen de connexion.

Alors, le jeu comme moyen de connexion, c’est quelque chose que, chez nous, on utilise beaucoup, de façon tranquille, encore une fois. C’est à dire que nous faisons beaucoup de jeux de société. Mais, cette fois, j’ai mis en place également du jeu plus vivant. Des jeux de chatouilles, des jeux de semi-bagarre, des moments où l’on danse, des choses qui ne me viennent pas forcément naturellement, mais qui permettent également de changer l’ambiance.

Et c’est drôle de voir à quel point c’est facilement suivi ! On commence avec un enfant, et puis ils s’y mettent tous. Et alors moi qui ai des enfants d’âges différents, puisque l’aîné a 15 ans, et le dernier 4, je peux vous dire que dans ces moments-là, les écarts d’âge s’effacent ! C’est assez magique.

Quelle est la leçon à retenir de tout ça ?

C’est le fait qu’on peut effectivement avoir une influence sur la façon dont les choses se passent par la simple posture dans laquelle on se met.

De nouveau, ce n’est pas une baguette magique, parce qu’il y a des jours où je suis plus stressée que d’autres, où je suis plus fatiguée que d’autres, et où la joie me viendra moins naturellement, mais le fait de l’avoir à l’esprit peut réellement changer les choses.

Et dans cette démarche, une astuce toute simple :

Avant de rentrer chez moi, j’y réfléchis. Je pose mon intention, dans les 2 minutes qui précèdent le moment ù je passe la porte. Je ne cherche pas à enchainer les choses, à être encore sur mon téléphone,etc. Non, pendant ces 2 minutes, je respire,  je souris, et je pose mon intention de joie. La suite en découle naturellement. Même si j’ai encore parfois besoin de m’y reconnecter.

Je ne peux donc que vous conseiller de faire la même chose. De réfléchir à la priorité pour vous, et, si c’est la joie, comme ça l’était pour moi ces dernières semaines, et, j’espère les prochaines semaines également, connectez-vous à cette intention avant de rentrer chez vous, et essayez de la garder présente. Et voyez la différence.

Si vous pensez que dans cette démarche, ce podcast peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à le partager.
Et n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire comment la joie a pu être mise en place chez vous.

A bientôt !

Note : cette notion d’intention m’a paru tellement efficace que c’est devenu la première astuce de mes « 39 astuces d’éducation positive« . A vous de découvrir les 38 autres !

Dans la classe de mon fils, en grande section de maternelle, la maîtresse a mis en place un système de récompenses. Ainsi, si le comportement est bon pendant la journée, l’enfant gagne une « glace » en papier sur son cône de la semaine, et si sa glace comporte bien 5 boules en fin de semaine, alors il gagne un droit exceptionnel. (Par exemple celui d’apporter un jouet à l’école, ce qui a été l’occasion pour nous de cette réflexion sur le message de confiance que j’ai déjà partagée avec vous).

Malheureusement, je sais que ce système de récompenses est un piège. Un piège qui donne des résultats à court terme, mais qui ne développe absolument pas la motivation interne de l’enfant, au contraire !!

Pourquoi utiliser les récompenses ?

D’un côté, je comprends cette maîtresse. Son objectif est d’avoir une classe relativement « tranquille » pour transmettre son apprentissage. Il n’est aisé, je m’en doute, de motiver le groupe entier à participer à cette ambiance de classe. Elle ne veut pas avoir à faire la police en posant des punitions. Elle choisit donc une « méthode douce » en mettant en place ces récompenses.

Cela lui demande d’ailleurs une certaine organisation. Il lui faut d’abord bien insister dès le début de l’année sur le fonctionnement. (Je peux vous dire que nous en avons entendu parler à la maison dès les premiers jours).

Ensuite, il lui faudra juger chaque jour du comportement de l’enfant sur la journée. Ce qui, d’ailleurs, me parait bien difficile… Comment résumer le comportement de toute une journée ? Il me semble à moi que dans une même journée, un enfant, comme tout autre être humain, va passer par des moment où il va se sentir bien et se comporter bien, et d’autres ou ce sera le contraire. Un « trop mauvais » comportement effacerait alors tous les autres bons moments de la journée ? Ou bien est-ce une moyenne ?? Je ne sais…

La motivation de l’enfant

En général, ça marche ! Les enfants ont effectivement tendance à faire plus attention à leur comportement, parce qu’ils veulent gagner la récompense. De nouveau, à court terme.

Parce que leur motivation est alors claire : si j’obtiens les 5 glaces, j’aurai le droit d’apporter mon jouet à l’école ! C’est vrai que c’est motivant…

Cependant, interrogeons-nous un peu sur cette motivation. Il est évident qu’il s’agit d’une motivation purement externe, et absolument pas interne.

Parfois, face aux difficultés que nous posent certains comportements inappropriés, nous cherchons la méthode qui marche pour faire changer ce comportement. Cependant, la parentalité positive encourage à réfléchir un peu plus, pour prendre conscience de l’impact de nos méthodes sur le plus long terme.

Ici, il est utile de suivre la suggestion de  Marshall Rosenberg. Ne pas se demander seulement quel est le comportement que l’on voudrait modifier, mais également quelle motivation nous voudrions que l’enfant ait pour changer de comportement…

Discussion avec Léon de sa motivation

Un matin, j’ai donc voulu vérifier cela avec mon fils. Je l’ai un peu interrogé. Je vous retranscrits approximativement notre conversation.

« Léon, explique-moi. Que faut-il faire pour gagner les glaces ?
– Il faut se comporter bien.
– Et qu’est-ce que ça veut dire bien se comporter ?
– Ben… il faut pas faire des choses mal.
– Comme quoi, par exemple ?
– Par exemple, si tu tapes un copain, tu peux pas gagner la glace.
– Ok. Et pourquoi les maitresses ne veulent pas que tu tapes un copain ?
– Parce que sinon je gagne pas la glace !! »

C’est limpide, non ??

Et que se passera-t-il quand mon enfant grandira ? Quand la glace et sa suite (de pouvoir apporter un jouet à l’école) n’aura plus l’attractivité qu’elle a aujourd’hui ? Mon fils aura-t-il bien eu le temps d’apprendre l’empathie qu’on ne lui enseigne pas pour l’instant ?

Le message derrière la récompense

Je sais que mon récit ici, et la réflexion qui est derrière, peut déranger.
Parce qu’il n’est pas facile de remettre en question des systèmes qu’on pensait être bons, et qui, de surcroit, fonctionnaient. Je le sais, je ne cesse de passer par les memes étapes depuis quelques années ! Mais cela ne m’arrête plus. Je suis contente de pousser la réflexion, et de constater qu’on peut réellement évoluer dans notre manière de penser.

Je vais donc vous relater également un autre échange avec mon fils, toujours autour de ce système.
C’était peu après notre échange de ce jour où il aurait voulu apporter son camion à l’école.

Léon me dit que s’il gagne ses 5 glaces, il pourra apporter son camion.
« Je ne sais pas Léon, je ne connais pas bien les règles de ta maitresse. Pour tout te dire, je m’y intéresse peu, parce que je n’aime pas ce système de glace.
– Mais maman ! C’est la seule manière pour que je puisse apprendre à bien me comporter ! »

Je marque un blanc. Que mon fils se sente persuadé que « l’acheter » est la seule manière possible pour qu’il apprenne m’attriste tellement.

« Eh bien justement non. Moi, j’ai plus confiance en toi que ça. J’ai confiance que tu es capable de bien te comporter, même s’il n’y a pas de glaces à gagner ! »

Bon sang… quand mettrons-nous la priorité sur le fait de développer les compétences à long terme de nos enfants ??

J’ai confiance… j’avance.

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce thème vous intéresse, vous aurez peut-etre envie de lire mon livret « Tout ce qu’il faut savoir sur les punitions et les récompenses pour s’en débarrasser. »

Face à des situations qui nous déplaisent, il n’est pas toujours facile de se concentrer sur le message que nous voulons faire passer à nos enfants. Et pour moi, ces derniers temps, un des messages les plus importants, c’est celui de la confiance. Je tiens à montrer à mes enfants que j’ai confiance en eux. Confiance en leurs capacités, confiance en leurs progrès. Parce que je suis persuadée que c’est ce regard confiant qui les aidera justement à grandir.

Or, nous avons eu l’occasion cette semaine d’avoir une vraie conversation à ce sujet avec mon mari. Je pense que notre situation est commune, et vaut la peine d’être partagée.

Le contexte

Notre fils Léon voulait apporter son camion Mack à l’école, avec des voitures dedans. (Oui, ce même camion dont nous avions déjà discuté ce matin où j’avais su garder la tête froide !).

Normalement, on n’a pas le droit d’apporter des jouets à l’école. Mais la maitresse utilise un système de récompenses du comportement (que je déteste). Et ce système prévoit que lorsque l’élève s’est bien comporté dans la semaine, il gagne quelque chose, comme par exemple, le droit d’apporter un jouet.

Nous sommes donc à peu de jours de celui où Léon pourra apporter un jouet, et il veut apporter son camion. Seulement voilà, Nicolas (mon mari) est contre cette idée. (J’ajoute qu’elle ne m’emballe pas non plus, mais nous allons en reparler…)

Alors, au départ, ça se passe comme cela : Léon est tout excité, et nous explique qu’il va apporter son camion et ses voitures à l’école ! Nicolas se tourne vers lui, et annonce « Je ne suis pas d’accord. »
Oups… voilà notre Léon qui déchante d’un coup ! Il a même envie de quitter la table…

Nicolas se rend vite compte de sa maladresse, et rattrape le coup, de sorte que nous puissions discuter calmement de la question du camion.

Analyse parentale…

Quel est le problème en fait ? Pourquoi ne sommes-nous pas enchantés par cette idée du camion ?

Premier et deuxième niveaux de réponse

Parce que nous avons peur, à l’idée d’un partage groupé en cours de récréation, que l’une des voitures soit perdue. D’autant plus que Léon prévoit d’y inclure certaines des nouvelles voitures de son frère !

Mais ce n’est peut-être pas tout…

Le lendemain, lors de notre balade sur la plage, je pousse Nicolas à aller plus loin dans sa réflexion. Il dit que d’une certaine façon, il veut protéger Léon de la tristesse que lui engendrerait la perte d’une voiture. Il veut également protéger Anatole qui a probablement dit oui sans en mesurer le risque. Ce ne serait pas juste qu’Anatole perde une voiture dans l’affaire.

Enfin, il veut également s’épargner la scène qui s’ensuivrait si l’un d’eux perdait une voiture…

Un raisonnement qui ne tient pas vraiment debout !

Hum… il y a donc aussi une dimension toute personnelle. Qui se comprend très bien. Il est naturel de vouloir éviter les difficultés, non ?

Or, être parents, bon sang, c’est déjà bien assez difficile !

Seulement, cela marcherait s’il était possible que l’enfant ne veuille pas apporter les voitures, donc ne les perde pas, ce qui éviterait qu’il pleure de les avoir perdues !

A l’inverse, si nous l’empêchons d’apporter les voitures, nous nous éviterons les pleurs liés à une éventuelle perte de voiture, mais nous devrons de toute façon faire face à l’opposition préalable à cette décision purement arbitraire. Donc, je doute que ce soit vraiment plus facile en fait…

Et surtout… le message derrière notre réaction

Le véritable problème est là, selon moi.
En effet, en communiquant de façon si ferme, quel message fait-on passer ?
Celui que nous ne lui faisons pas confiance !!! Nous prévoyons d’avance qu’il va perdre des voitures.

Je sais bien que ce n’est pas vraiment un manque de confiance en lui, en l’occurence ; plutôt en ses camarades… Mais je l’entends un peu comme le « tu vas tomber ! ». Avertissement qui montre bien le peu de confiance en notre enfant que nous avons, et qui, de plus, ne va certainement pas l’aider à avoir confiance en lui…

Au pire

Que peut-il arriver de pire, en fait ? Qu’il perde effectivement des voitures. Bon. Finalement, il n’y a pas non plus péril en la demeure…

Donc, cette analyse menée, on peut s’interroger vraiment : qu’est-ce qui est le plus important pour nous ? Pour moi, la réponse est claire (et finalement, pour Nicolas également) : montrer à notre fils que nous lui faisons confiance, et l’aider à grandir dans la démarche.

Comment transformer cette difficulté en opportunité ?

Etrangement, je pense que la lecture qui m’a le plus aidée dans cette circonstance, face à mon fils de 6 ans, c’est celle de la discipline positive pour les adolescents. Probablement parce que je viens de le terminer enfin (après une pause de plus d’un an), et que ce que je suis en train de lire trouve toujours un écho dans ce que je suis en train de vivre…

L’encourager à envisager les conséquences

Oui, notre fils n’a que 6 ans, et n’a peut-être pas réfléchi à ce qu’il pouvait advenir de ses voitures.

Notre rôle de parent sera donc de l’aider à y réfléchir. Et de l’encourager à envisager les différentes possibilités, afin de prendre sa décision en connaissance de cause.

Nous lui demandons donc :

« Comment feras-tu pour ne pas perdre des voitures à l’école ?
– Avant de partir de l’école, je compterai si elles sont toutes là, et je demanderai qu’on me les rende.
– Resteront-elles tout le temps dans ta classe ?
– Non, elles viendront à la récréation.
– Et à la récréation, y a-t-il des enfants qui ne sont pas de ta classe ?
– oui, les autres classes aussi.
– Alors, comment feras-tu si quelqu’un qui n’est pas de ta classe a gardé une voiture ?
– Aïe… « 

Là, il y a une pause. Il réfléchit. C’est le moment où il pourrait décider, si la difficulté l’emporte sur le plaisir d’apporter son camion, qu’il vaut mieux le laisser à la maison. Mais ce n’est pas le cas.

« Je vais bien regarder qui prend des voitures, et je les compterai à la fin de la récréation. »

Cette fois, nous savons qu’il sait à quoi il s’expose, qu’il a réfléchi à la conduite à tenir. Sa décision n’est donc plus impulsive, elle est réfléchie.

Reste une précaution

Si sa décision est claire, il faudrait quand même s’assurer que son petit frère a bien compris ce à quoi il s’exposait également.

Nicolas s’en assure : « Je vois que tu as des idées pour t’assurer de revenir avec tes voitures. Malgré tout, il se pourrait que l’une d’elles soit perdue. Je m’inquiète un peu du fait que tu emportes des voitures qui ne t’appartiennent pas, surtout les nouvelles d’Anatole. Il faudrait bien vérifier avec lui. »

Anatole (3 ans), qui n’a pas perdu une miette de tout cet échange, est clair : « En fait, je veux pas que tu prends mes voitures. » (en langue originale -à son âge, on maîtrise mal le subjonctif) – Eh oui, lui n’a pas l’excitation de jouer avec à l’école pour compenser le risque !

Pas de problème, Léon décide qu’il ne prendra pas les nouvelles voitures d’Anatole.

Nous soutenons la décision

Maintenant que nous avons bien tenu notre rôle en l’aidant à réfléchir aux précautions à prendre, c’est l’heure de nous effacer, et de simplement soutenir la décision de notre fils.

(Et j’en profite pour rappeler que soutenir les décisions, c’est également aider nos enfants à être autonomes !)

Ainsi, nous lui montrons vraiment que nous lui faisons confiance. Que nous savons qu’il est capable de se tenir à tout ce qu’il vient de décider et de revenir avec toutes ses voitures.

C’est en tout cas une opportunité pour lui d’essayer.

Et si cela ne marche pas ?

L’échec est possible bien sûr. Parce que pour réussir, il faut également se tromper. Parce que l’apprentissage passe par l’expérience, qui est bien plus porteuse de leçon que le fait de ne pas faire, finalement ! Car, là encore, je garde en tête ce qu’en dit Jane Nelsen : l’erreur est une opportunité d’apprentissage !

Pour moi, l’apprentissage se ferait ici sur deux niveaux différents.

L’organisation, et les précautions pour ne pas perdre de jouets

Evidemment, cette histoire aurait pour résultat d’encourager Léon à prendre plus de précautions la prochaine fois qu’il voudrait apporter un jouet quelque part.

Il conviendra alors de réfléchir avec lui à ce qu’il aura pu se passer. Car les possibilités sont multiples !

Il peut avoir oublié les précautions à prendre sur le moment, parce que trop excité par le jeu, ou parce qu’il y aura eu trop d’enfants autour de lui. Parce que cela aurait été trop précipité, parce qu’il pensait à autre chose à la fin de la journée…

Ou bien il pourrait avoir bien pensé à tout ça, mais avoir eu des difficultés à faire face à certains enfants qui ne voudraient pas l’écouter. Ou ne s’être rendu compte de rien !

Dans tous les cas, il pourra en tirer une leçon ! Peut-être celle de ne pas apporter un jouet qui se « découpe » en tant de bouts à l’école. Peut-être de mieux surveiller. Peut-être un pense-bête à mettre en place, ou bien demander de l’aide à la maîtresse, que sais-je ?

Quelle que soit la conclusion, je suis convaincue que cet apprentissage vaut bien une voiture perdue, non ?

L’expérience émotionnelle

Quelles qu’en soient les raisons, si Léon revient avec moins de voitures, il sera triste. C’est presque sûr. Et il faudra effectivement faire face à sa détresse à ce moment-là.

Il va de soi que nous ne lui dirons pas « ce n’est rien, juste une petite voiture », parce que ce serait nier le sentiment.

Et ce ne sera pas non plus le moment de lui dire « Je te l’avais bien dit ! »… Je sais, ce sera difficile de se retenir, parce que, bon sang, on le lui aura bien dit ! Mais ce n’est pas ainsi que nous l’aiderons à grandir. Il le sait bien que nous le lui avons dit… Et se sent déjà assez mal comme ça ! Il ne me semble pas nécessaire de remuer le couteau dans la plaie.

Il vaut mieux se re-focaliser sur la confiance que nous cherchons à transmettre, et basculer, lorsque l’émotion se sera calmée, sur l’analyse évoquée ci-dessus. Ainsi, nous lui enseignons que l’on apprend de ses erreurs, et qu’on peut s’ajuster, pour réussir la fois suivante !

Mais alors… nous aurons échoué à le protéger de ce sentiment désagréable ?

Oui, et heureusement. Parce qu’il y a bien quelque chose qu’il ne faut pas oublier de se répéter régulièrement : les sentiments désagréables font partie de la vie.

Ne vaut-il pas mieux qu’il l’expérimente lors de la perte d’une petite voiture que plus tard, face à des choses bien plus difficiles à digérer ? Qu’il vive le fait que cette émotion arrive, se vit, puis s’en va…

Finalement, c’est bien ce type d’expérience qui lui enseignera la résilience !

Et en vrai… que s’est-il passé ?

Ah ah ! Ce qu’il s’est passé a peu d’importance dans cette histoire, en fait !

Il me semble que l’important, c’est de mener toute cette réflexion, toute cette analyse qui nous aide à être de meilleurs parents pour nos enfants.

A faire nos choix en sachant ce que nous cherchons  à leur transmettre.

Cependant, lorsque j’ai raconté cet épisode à une amie, cette question lui brûlait les lèvres, ce que je comprends !

Alors voilà, je vais satisfaire votre curiosité : Léon est rentré de l’école avec son camion, et toutes ses voitures. Et quand nous lui avons demandé si cela avait été difficile, il nous a répondu que « pas du tout ».

Comme quoi, finalement, ça valait la peine de lui faire confiance, non ?

Une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de vous parler de ce livre pour enfants : la couleur des émotions.

Un livre pour enfants ?

J’ai peu l’habitude sur ce blog de partager des avis de livres pour enfants, car mes articles reflètent plutôt mon cheminement en tant que parent. L’idée est d’avancer ensemble vers la parentalité positive, en se focalisant sur les réflexions autour de nos postures parentales, et leurs applications avec les enfants.

Cependant, à force d’avancer, je me trouve en décalage avec certaines lectures du soir…

Certains livres qui trainaient dans la bibliothèque des enfants depuis mon aine ne me semblent aujourd’hui plus adaptés, et je fais régulièrement un tri.

Et puis, il y a des découvertes. Des livres qui collent bien à ce que je cherche aujourd’hui à enseigner à mes enfants !

Alors, je ne vais pas me lancer dans une liste complète de nos ouvrages, mais je voudrais vous en partager un, de temps en temps. Un bien choisi, un qui en vaut vraiment la peine. Un que, du coup, vous connaissez peut-etre déjà, mais cela permettra à ceux qui ne le connaissent pas de le découvrir !

Quelle est l’histoire de « La couleur des émotions » ?

Le livre raconte l’histoire d’un monstre de couleurs, auquel une petite fille suggère de mettre de l’ordre dans ses émotions. Chaque émotion (et non sentiment) est expliquée, et une couleur lui est associée.

Ensuite, les couleurs sont séparées, pour que les choses soient plus claires, et le monstre se sent mieux, moins « embrouillé » !

Ce que j’aime dans ce livre

J’aime la simplicité de ce jeu de couleurs, qui permet aux petits de se représenter les émotions. C’est une manière très visuelle de comprendre ce qui peut se passer en eux.

Ainsi, ils peuvent ensuite dire qu’ils se sentent « jaune », ou « rouge ».
Ce livre est d’ailleurs utilisé dans bien des maternelles…

Pendant des mois, mon fils Léon (5 ans) faisait des dessins de couleurs emmêlées, pour nous offrir à la fois de la joie et de l’amour, par exemple !

L’apprentissage des émotions n’est pas toujours évident, et j’aime le fait que ce livre accompagne la discussion sur ce qu’est une émotion, ce à quoi elle sert. Il peut servir de point de départ pour discuter de quand on se sent comme-ci ou comme-ca.

En devenant un parent positif, je suis devenue convaincue de l’importance du fait d’écouter ce que nous ressentons, et nous ne l’avons pas appris petits.

Et à la fois, le vocabulaire est suffisamment riche pour que le livre résiste à des lectures répétées.

Version pop-up, ou non

Chez nous, le hasard a voulu que le livre arrive en version pop up. (Nous vivons loin et nous le sommes fait apporter). Il est très beau en pop up. Les constructions sont bien faites, et permettent meme une petite manipulation des flacons.

Cela dépend de l’age de vos enfants cependant. A choisir, j’aurais pris le livre sans popup, pour que les enfants puissent le manipuler et le manipuler à loisir, sans risque de l’abîmer.

Et puisque je soulève la question de l’âge : je pense que ce livre est adapté à partir d’environ 3 ans jusqu’à environ 7 ans. Encore une fois, le vocabulaire aide à prolonger l’interêt du livre. Cependant, après cet âge, ils auront certainement besoin de plus de précision.

Je complète ici ce commentaire sur l’âge des lecteurs par le témoignage d’ une maman (avec son autorisation) reçu après parution de cet article. Cette maman écrit :
« A la maison, mon petit (2 ans) a tout de suite adoré ce livre ! Il le lit presque tous les jours en décrivant les émotions, on les exagère et on les mime, et il les utilise dans le quotidien. En plus d être un beau livre c est un super outil pour communiquer !
Je l avais à l origine acheté pour mon filleul de 5 ans mais mon fils se l’est tout de suite approprié. Il est en version non pop up de notre côté pour qu’ il puisse le manipuler mais ça l aide vraiment à comprendre ce qu’ il peut ressentir. Il va souvent le chercher quand il est en colère, il montre les pages concernées et souvent ça désamorce la crise. »

Pour aller plus loin

A partir de ce livre, existent des tas d’idées d’activités. Il suffit pour cela de regarder sur internet !

Nous avons de notre côté, comme je le disais plus haut, adopté les couleurs dans notre vocabulaire. De plus, nous avons eu l’occasion de faire quelques activités de dessins et de peinture mettant en scène le monstre des couleurs.

autour de la colère

Plus récemment, cherchant à développer le vocabulaire émotionnel des plus jeunes (et le mien au passage..), j’ai créé avec eux des cartes spécifiques. Elles proposent des gradations dans les sentiments, tournant autour d’une émotion centrale.

autour de la joie

Chaque « jeu » de cartes reprend la couleur de l’émotion de laquelle nous sommes partis. Ainsi, les enfants s’y retrouvent, et cette introduction de nouveau vocabulaire n’est qu’un prolongement.

autour de la tristesse

Pour acheter la couleur des émotions :

En version popup :

En version « normale » :

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.