Grand changement chez nous, en ce début d’année : nous allons commencer l’école à la maison !
Je suppose que vous aussi, il vous est arrivé d’avoir des frustrations par rapport à l’école. D’avoir l’impression que votre enfant n’y trouvait pas ce que vous aimeriez lui offrir. Et, comme moi, jusqu’ici, vous vous êtes adapté. Vous avez accueilli les aspects positifs (parce qu’il y en a), en essayant de passer outre ce qui ne vous convenait pas. Car il faut tout prendre en compte : l’aspect académique, l’aspect social, l’entourage… Mais c’est comme un jeu de balancier : au moment où ce qui ne nous convient pas devient trop lourd, que fait-on ? Deux possibilités : on change d’école… ou on déscolarise ! Décision enfin prise pour nous : nous allons faire l’école à la maison – autrement appelée IEF – au moins temporairement.
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Le contexte scolaire
Léon a 7 ans. Il est en CE1.
Il a un parcours un peu atypique, puisqu’il n’avait pas été en école française avant cette année.
D’abord, il est né au Mexique, où il a été, très jeune, en école Montessori. Nous avons ensuite déménagé pour Puerto Rico, avant ses 3 ans, et là encore, nous avons mis Léon en école Montessori.
Un an avant notre retour en France, en prévision de la transition délicate, nous avons décidé de le transférer, ainsi que son petit frère, dans une école plus classique, dans laquelle étaient déjà nos ainés depuis notre arrivée à Puerto Rico.
Ecole plus classique, certes, mais une école américaine. Et franchement, l’ambiance à l’américaine est nettement plus positive ! Je savais donc que le retour en France serait probablement un peu délicat à gérer.
La différence entre la bienveillance à l’américaine, et ce que j’avais pu observer de l’entourage à la française m’effrayait un peu. Je me doutais que ce pourrait être un choc pour tous. Cependant, « le pire n’est pas certain », et je sais qu’il existe aussi en France beaucoup d’écoles et d’enseignants qui sont tout à fait bienveillants et encadrent les enfants avec confiance. Pas de faux procès en avance donc. Et, tout en sachant que l’école à la maison pouvait être une solution de repli, nous avons inscrit tous nos enfants en école publique. (Un en maternelle, un au primaire, une au collège, et un au lycée !)
Pour Léon, je pensais que cela serait doublé d’une petite difficulté académique. En effet, entrer en CE1, à un âge où les enfants savent lire et écrire en francais, ce n’est pas forcément évident. D’autant moins que l’année dernière, il était en équivalent grande section, car aux USA, les enfants entrent en « grade 1 » à 6 ans révolus, et il est né en octobre. Certes, je lui avais appris à lire en francais à la maison, mais je me doutais qu’il risquait de ne pas avoir la même aisance que ses camarades, surtout à l’écrit.
Beaucoup de raisons, donc, pour être attentif, et j’ai rencontré la maitresse dès la première semaine pour lui faire part de ces particularités.
Les premiers temps
Finalement, les premiers temps se sont plutôt bien passés.
Léon s’est rapidement fait des amis, et l’aspect académique n’a en fait posé aucun problème. Il a mis quelques semaines à prendre le coup de main pour écrire en cursive, et voilà.
En revanche, au niveau de l’ambiance, nous avons senti que les choses étaient plus difficiles.
D’abord, il a commencé par se plaindre de sa maîtresse : elle crie, elle a déchiré une page du cahier du copain parce que ce n’était pas bien fait… (Ca existe encore, ça ??)
Puis, il est revenu avec le vocabulaire de la cour de récré… Les gros mots, pour commencer, mais aussi l’agressivité. Il disait à son petit frère des choses comme « Je vais te défoncer ! ». Pardon ???
Ensuite, il nous a expliqué qu’il se faisait « insulter » par les plus grands… et cela lui donnait envie de s’insulter lui-même : pourquoi donc essayait-il de leur parler ?
Il s’est mis à pleurer à l’idée d’aller à l’étude : « Maman, les maîtresses, elles crient quand on fait des erreurs, alors que toi, tu m’expliques ! ».
Jusqu’à ce qu’apparaissent les signes les plus évidents : le pipi au lit régulier.
Bon. Il fallait prendre les choses au sérieux.
Notre recherche de solution
Bien sûr, nous n’avons pas décidé de basculer du jour au lendemain.
Il fallait reprendre les points un à un, et réfléchir aux diverses solutions envisageables.
Les petites actions locales
D’abord, plus d’étude. Il y allait de temps en temps pour me permettre de travailler un peu plus longtemps. Tant pis, il n’irait plus. J’avais la chance d’être flexible, et je pouvais donc le récupérer à 16h30.
On a développé les relations avec les proches copains, en les invitant à la maison. Cela l’a bien sûr aidé à se sentir mieux, mais ce n’était pas suffisant.
A la maison, j’ai discuté avec lui de l’agressivité qu’il observait à l’école, que c’était normal qu’en recevant ce modèle, il l’intègre partiellement, mais que nous aspirions à une ambiance plus sereine à la maison, et qu’il lui faudrait éviter d’agresser son petit frère comme il se mettait à le faire.
Enfin, ses grands frères et soeurs ont discuté avec lui d’attitude à adopter face aux plus grands, pour qu’il ne se sente plus tant intimidé.
Cependant, la question est importante. Il se durcit face à l’agression, mais est-ce réellement ce que je veux développer chez mon enfant ?? Pas du tout !
Puis-je faire le métier que je fais, accompagner les parents vers plus de bienveillance, croire en un monde meilleur, et accepter que mon fils apprenne que la vie est dure et qu’il faut y faire face ??
Recherche d’autre école
En parallèle, tout en pensant déjà à la possibilité de faire l’école à la maison, j’ai commencé les recherches d’autres écoles. Car si une chose était sûre, c’est que ces petites actions pouvaient éventuellement permettre de patienter, mais ne seraient absolument pas une solution à long terme.
J’ai la chance d’accompagner une institutrice de CP dans une école privée assez proche, dans le cadre de séances de discipline positive en classe. Si ces séances (bénévoles) sont possibles, c’est parce que la directrice de cette école est d’avis de considérer chaque enfant dans son individualité, et a su susciter cela chez ses enseignants. J’ai donc choisi de discuter de mon problème avec cette directrice. Et nous avons envisagé de transférer Léon dès la rentrée de janvier. Mon fils était ravi ! Mais finalement.. pas de place pour janvier, il faudra attendre septembre.
J’ai également considéré une école Montessori, dans la ville d’à côté. J’ai assisté à leur présentation. Bien sûr, le contexte est attirant. L’ambiance n’a rien à voir. D’abord, je connais bien la pédagogie Montessori, et je la trouve très adaptée à mon fils. D’autre part, la directrice nous a parlé de bienveillance, avant même de nous parler Montessori, c’est plutôt bon signe ! Mais.. mais l’école est loin (j’ai mis une demi-heure avec mes grandes jambes), et elle est chère ! Solution éliminée.
Dernier rendez-vous avec la maitresse
Pendant cette phase de réflexion, je pensais encore qu’il fallait quand même communiquer avec la maitresse de mon fils. Essayer d’attirer son attention sur ce qui se passait pour lui. J’ai donc pris un nouveau rendez-vous avec elle.
Et je me suis sentie complètement en décalage.
La maitresse n’avait absolument pas ressenti le mal-être de mon Léon. Elle me disait au contraire que Léon était très mignon, et se débrouillait très bien en classe.
Soit. Mais il a perdu son stylo bleu, et n’ose pas vous en parler. « Ah bon ? Pourtant, je ne lui crie pas dessus, à lui ! ». Est-il besoin d’en dire plus ?
Je ne jette pas la pierre à cette maitresse. Je sais qu’elle essaye de bien faire, mais que, comme nous, les parents, elle se retrouve régulièrement dans des situations où elle craque. Sa formation ne lui a pas permis de voir comment la bienveillance aide les enfants à grandir, et à réussir. Elle n’a pas eu l’occasion de s’ouvrir à autre chose que l’éducation traditionnelle à la française.
D’autant moins que la directrice de l’école est elle-même très « traditionnelle ».
Elle dit par exemple : « Moi, je ne dis pas bonjour aux enfants le matin, je considère que c’est à eux de le faire. » Clairement, cette directrice n’a pas entendu parler de la force du modèle, et des neurones miroirs. Alors, si l’on considère les choses ainsi, peut-on attendre des enseignants qu’ils laissent le temps d’apprentissage aux enfants ??
Non, je ne jette pas la pierre à cette maitresse, mais je choisis autre chose pour mon fils.
A 7 ans, on est encore en construction. Je refuse de prendre le risque que mon enfant sorte d’un an de cette ambiance avec une confiance en lui détruite. L’école à la maison, pour nous, aujourd’hui, c’est lui offrir un autre environnement.
Pourquoi seulement Léon ?
Vous l’avez compris, cette situation n’a pas été anticipée, elle nous est un peu tombée dessus par défaut.
Malgré cela, lorsqu’on arrive à cette décision, on s’interroge sur l’application de celle-ci à un enfant, ou à plusieurs…
Pour l’instant, elle ne s’applique qu’à Léon.
En effet :
- la question ne se pose pas vraiment pour les grands. Oscar est en terminale, et, même s’il a passé le bac francais en candidat libre l’année dernière (il en a d’ailleurs fait une video), il est mieux préparé dans un lycée pour son bac S à venir, sans compter le dossier pour la suite ! Alice est en cinquième, et s’y sent bien. Elle s’est fait des amis, et si certains de ses profs ne correspondent pas aux critères éducatifs que nous cherchons à développer chez nous, elle a la maturité qu’il faut pour avoir du recul sur la question.
- pour Anatole, le plus jeune, on pourrait s’interroger car son école dépend de la même directrice. Cependant, en étant encore du côté maternelle, il bénéficie d’un cadre bien différent. Et surtout, sa maîtresse est super. Donc, pas de raison de le changer pour l’instant. En revanche, il est clair pour nous qu’il ne restera pas dans cet établissement l’année prochaine, pour son CP.
Et puis, pour l’instant, cet aménagement est annoncé temporaire. Car l’école avec laquelle j’ai pris contact devrait nous prendre les deux garçons l’année prochaine.
Je me laisse donc le loisir de vivre cette opportunité sans stress, et de décider plus tard si c’est une expérience à prolonger, ou non !
Concrètement, cela commencera la semaine prochaine, car j’avais déjà un déplacement de prévu cette semaine. Cela tombe bien : il a ainsi quelques jours pour clore les choses de manière plus posée, tant avec ses camarades qu’avec les maitresses, et l’école.
Les perspectives que me donne l’IEF ou école à la maison
IEF, c’est le terme officiel : Instruction en Famille.
Car si l’instruction est obligatoire en France, l’école ne l’est pas. On peut donc choisir de mener cette instruction en famille, et c’est même beaucoup plus facile que ce que l’on peut croire (il suffit de deux lettres pour déclarer que notre enfant ne va plus à l’école) !
Cet article se prolonge, alors que je voulais également vous parler des perspectives que je vois, avant de commencer. Je voudrais développer les aspects de cette décision qui m’enchantent, et ceux qui m’inquiètent. Comme je suis très bavarde, et que je sais qu’il me faudra encore du temps pour les développer, je vous en reparlerai dans un prochain article !
Rendez-vous donc la semaine prochaine, pour parler de nos débuts, et de ce que j’anticipe.
Sachez cependant, que me réjouis à l’idée de tout ce que nous allons avoir l’occasion de faire ensemble, lui et moi ! Il faut dire que l’idée de l’école à la maison me tente depuis que mon grand est petit… Finalement, c’est donc une chance que ces difficultés m’offrent, je n’aurais sans doute jamais passé le pas autrement.
Et vous, l’école à la maison vous attire-t-elle ?