L’autre jour, j’étais assise sur un banc avec mon plus jeune fils, Anatole, 3 ans.

Nous avions un petit moment à tuer, et je sais qu’il aime jouer avec les doigts, c’est donc ce que je décide de faire.

« Tu te souviens du nom des doigts, Anatole ? Tu voudrais que je te les répète ?
Voici le pouce, l’index, le majeur, l’annulaire, et l’auriculaire… »
Anatole les dit en même temps que moi.

Comme je le vois intéressé, je continue, et j’invente :
« Le pouce demande à l’auriculaire : « Dis donc, auriculaire, tu voudrais bien jouer avec moi ? Parce que les autres sont trop grands, ils me font un peu peur… Toi, tu es petit comme moi, on pourrait devenir amis ? » « Oui, dit l’auriculaire ! Je vois ce que tu veux dire, à moi aussi, ils me font un peu peur, on peut jouer ensemble si tu veux ! »
Et le pouce, et l’auriculaire, se mettent à jouer ensemble…

Mais l’auriculaire remarque : « Pouce, tu sais, c’est vrai que tu es petit comme moi, mais tu n’es pas aussi fin, tu es beaucoup plus large que moi… Et pourtant, on s’amuse bien ensemble ! Peut-être qu’avec les autres aussi, on s’amuserait bien ? On pourrait inviter index à jouer avec nous, qu’en penses-tu ? » « D’accord » dit le pouce…
« Dis, index, tu voudrais jouer avec nous ? », « Bien sûr, répond index, moi je suis toujours content de jouer ! »
Alors, pouce, auriculaire, et index, jouent ensemble.

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A ce moment-là de mon histoire, Léon (5 ans), s’approche et se met également à observer l’histoire de ma main.
—-

Auriculaire dit : « Index, tu sais, je suis contente que tu joues avec nous, parce qu’on avait un peu peur de toi, parce que tu es un peu grand… et puis finalement, on joue bien avec toi ! Est-ce que tu sais si as quelque chose en commun avec moi ?

– oui, répond index, regarde, j’ai 3 phalanges, comme toi, 1-2-3, alors que pouce n’en a que 2… Mais pouce est petit, comme toi, alors que moi je suis grand. Finalement, on est tous pareils, et tous différents. Et on s’amuse bien ensemble ! »

Les 3 doigts continuent de jouer. Puis ils se disent : « Et si on invitait aussi majeur et annulaire ? »

Ils s’approchent, et leur demandent : « Est-ce que vous voulez jouer avec nous ?
– oh oui, répondent majeur et annulaire. Merci de nous demander ! On vous voyait jouer là, et on n’osait pas vous demander de jouer avec vous, parce que vous étiez déjà un groupe…
– c’est fou, ça ! dit pouce, parce que nous non plus on n’osait pas vous demander de jouer avec nous parce qu’on avait un peu peur, on se sentait trop petit ! »

Finalement, pouce, et auriculaire, et index, et majeur, et annulaire jouent tous ensemble, et ils sont très contents !!

—-

Alors, je me tourne vers mes garçons, fascinés par l’histoire, et leur demande :
« Et vous, ça vous arrive de bien jouer avec des gens qui sont différents de vous ? »

Sans hésiter, Léon me répond : « Oui, avec Adrian : moi je suis rose, même si on dit blanc, et lui il est marron, même si on dit noir, et on joue très bien ensemble ! »

Je suis émerveillée par la facilité avec laquelle les enfants comprennent les histoires….

Notre fils Oscar (14 ans) est passionné de cartes pokemon.
Ca peut surprendre à cet âge-là, c’est comme ça.
Mais comprenons-nous bien. Il n’est pas passionné des cartes simplement en tant que collectionneur : il aime jouer.

En fait, c’est complexe, il y a toute une stratégie à développer, et on peut facilement y passer des heures… c’est le problème.
Le week-end, il se rend à des compétitions (ça ressemble aux lieux dans lesquels certains faisaient des jeux de rôle quand nous étions jeunes), et s’entraine pendant la semaine.
Et tout ceci avec succès : il est devenu champion régional de Puerto Rico (où nous habitons) !
Cependant, une passion, ça prend du temps !

Il y a environ… je dirais bien 3/4 mois, nous nous sommes trouvés face à une situation qui avait clairement débordé, et plus beaucoup de temps pour autre chose que les Pokemon…
Cela a donné lieu d’abord à pas mal de discussion entre Nicolas et moi, sur le thème : « Comment faire pour fixer des limites, sans aller contre notre fils ? »

Oui, sans aller contre notre fils. Parce que, ne nous faisons pas d’illusion : à 14 ans, s’il juge que notre règle n’est pas juste, il fera bien ce qu’il voudra. Nous n’avons pas de vrai moyen de « contrôle », même si c’était notre méthode éducative…
Ainsi, si nous décidions de simplement lui interdire de jouer pendant la semaine par exemple, il se débrouillerait pour le faire en cachette, quand nous ne le voyons pas. On l’encouragerait donc au mensonge, tout en nourrissant chez lui un sentiment de rancune contre nous.

Nous savons donc que nous marchons sur des oeufs.
Comment aborder les choses pour qu’elles soient claires, sans pour autant le braquer ?

Et c’est là la force de la parentalité positive : nous sommes dans son équipe. C’est notre attitude, celle qu’on cherche à adopter, et à développer, c’est donc ainsi que nous l’aborderons. Nous n’imposerons pas, mais nous influencerons, si nous le pouvons.

Un dimanche soir, donc, au retour d’un de ces tournois, j’aborde la question avec Oscar. (Nous avions prévu d’en parler ensemble Nicolas et moi, avec lui, mais les jours passent, et l’occasion ne se présente pas, alors nous avons décidé que je le ferai seule. Mais je sais que nous sommes en ligne sur la démarche.)

Je fais très attention de bien valider ses sentiments, afin de me connecter avec lui avant de pousser la réflexion. Pour qu’il m’écoute, j’ai besoin qu’il sache que je le comprends et l’accepte, d’abord.

Voici à peu près ce que ça a pu donner :
« Oscar, je voulais te parler des Pokemon. C’est une passion pour toi, et je suis franchement ravie de voir que tu as une passion. Visiblement, ça te procure beaucoup de joie, et, en plus, tu as su te développer et réussir, et j’imagine comme ça doit être satisfaisant !
Cependant, j’ai également observé que cette passion te consume quasiment tous tes moments libres. Tu lis beaucoup moins qu’avant, tu étudies moins, tu ne fais presque plus de piano… et je m’interroge : est-ce que c’est vraiment ce que tu veux ? »

La clef est là : le fond de l’affaire, ce n’est pas de lui dire que ce n’est pas bien, que nous ne sommes pas d’accord. Il a le droit d’avoir d’autres envies que les nôtres ! La question, c’est vraiment de l’inclure dans la démarche, de le mettre en face de lui-même. De ses propres choix. La solution ne réside pas dans le contrôle extérieur, mais bien dans l’auto-contrôle !

Je le vois pensif, et ouvert. Il m’écoute parce que mon ton n’est pas celui de quelqu’un qui juge, ou qui accuse. Je suis avec lui.

Je complète :
« Je pense que ce qu’il se passe, c’est que c’est très tentant. Evidemment, tu es devenu bon aux Pokemon, c’est un plaisir rapide et facile. Il est certain que se mettre à travailler ta chimie, ou ton morceau de piano, ça t’amène des résultats moins immédiats, c’est beaucoup plus fastidieux… Alors, il est tellement plus simple de sortir tes cartes que d’ouvrir le piano… Je comprends bien ça ! C’est naturel de se laisser tenter à ce qui est plus facile ! Mais je te repose la question : est-ce vraiment ce que tu veux ? Aimes-tu les Pokemon au point que tu veux y sacrifier tous tes autres intérêts ? Plus de piano, plus de lecture, plus de sciences ? »

Je vois bien qu’il y réfléchit honnêtement, et il admet facilement que non, en fait, ce n’est pas vraiment ce qu’il veut, et que c’est vrai que c’est juste tellement plus facile qu’autre chose…
Je conclus donc la conversation ce jour-là en lui disant simplement d’y réfléchir.
De réfléchir à l’équilibre qu’il voudrait atteindre, et qu’on pourrait en reparler.

Le lendemain, il vient spontanément me voir, et me dit :
« J’y ai réfléchi, tu as raison. Je ne peux pas jouer à Pokemon tous les jours et ne rien faire d’autre. J’ai décidé que j’allais jouer seulement le mardi, et un jour de week-end pour les tournois. C’est tout. »

C’est bien plus contraignant que ce que nous lui aurions fixé si nous l’avions décidé nous-mêmes, et pour être honnête, je doute qu’il puisse se tenir à si peu, mais je ne dis rien. C’est à lui d’en faire l’expérience.

Le mardi, donc, Oscar joue sans scrupule.
Le mercredi, non.
Le jeudi, manque de chance, il reçoit des cartes qu’il avait commandées… L’excitation prend le dessus ! Il ouvre le paquet, essaye de jouer avec. A ma remarque qu’on est jeudi, il répond qu’il ne peut pas ne pas essayer ses cartes avant le tournoi du dimanche !! Il jouera donc encore le vendredi… joue-t-il aussi le samedi ? Je ne me souviens plus.
Ce dont je me souviens, en revanche, c’est de notre discussion du dimanche.

L’avantage des trajets vers les tournois, c’est qu’ils nous donnent l’occasion de passer des moments en tête à tête, ce qui n’est pas si courant quand on a 4 enfants (en fait, c’est un peu notre moment particulier…).

De manière surprenante, compte tenu de la façon dont il l’a appliqué dans la semaine, c’est encore lui qui aborde le sujet :
« Alors, qu’est-ce que tu penses de ces nouvelles règles par rapport au temps de Pokemon ?
– Pour être honnête, je réponds, je ne sais pas ce que j’en pense : tu ne les as pas du tout suivies cette semaine…
– Oui, non.. mais c’est parce que j’ai reçu les nouvelles cartes jeudi !
– Peut-être, mais le fait est que c’est impossible de savoir ce qu’on en pense…
– Tu as raison. Bon. Je trouve quand même que ces règles étaient bonnes sur le principe, et je vais essayer de m’y tenir cette semaine. »

J’ai appris qu’il fallait laisser le temps aux apprentissages. C’est normal. C’est vrai pour nous autant que pour eux. Nous attendrons donc une semaine de plus.

Le lundi, tout va bien. Le mardi, comme prévu, il joue. Le mercredi, je vois Oscar avec ses cartes en main, et me contente de lui dire : « Oscar, on est mercredi. » Il les pose.
Le jeudi, idem. « Oscar, on est jeudi ». Il pose encore ses cartes, en soupirant un peu.
Je ne me souviens plus de la fin de la semaine, mais le dimanche, la conversation est un petit peu différente. Il a eu l’occasion de vraiment tester sa décision, et partage son expérience avec moi : « Bon. Je me suis rendu compte que seulement le mardi, ce n’était pas suffisant pour me préparer pour le tournoi du week-end. Et puis c’est trop difficile de ne vraiment rien faire d’autre de toute la semaine. Alors, j’ai décidé d’assouplir les règles. Ce sera mardi et vendredi. Et même un peu, mais pas trop, le jour du week-end sans tournoi. » Je ne dis rien. Mon rôle est terminé.

Cette fois, les règles sont suivies à la lettre. Il a trouvé son équilibre, et s’en déclare ravi le dimanche suivant !

Il aura fallu 3 semaines pour affiner sa limite, pour la tester, pour l’appliquer. Mais il y est parvenu. Seul. Et sans aucun conflit avec nous.

Je suis fière de nous, de la façon dont nous avons su remplir notre rôle de parents, et dont nous l’avons aidé à grandir, en le mettant en situation de maîtrise. (Cette expérience nous aidera d’ailleurs quelques mois plus tard, lorsque se présentera la question de l’étude du francais. Je vous en parlerai dans un prochain article…)

Il est fier de lui, et d’avoir su mettre en place ses propres limites.

Pour la petite histoire, et puisque j’écris cet article avec des mois de retard, je préciserai qu’aujourd’hui ces règles ne sont plus en vigueur. Parce qu’elles ne sont plus nécessaires. Oscar a retrouvé un équilibre, et joue toujours, mais laisse également de la place au reste. Il a appris à se limiter.

En terminant cet article, je pense de nouveau au fait que je ne crois plus au fait que l’adolescent se montre forcément rebelle. Je pense vraiment que cela dépend beaucoup de notre attitude en tant que parents. Quelle est notre position : sommes-nous contre lui ou dans son équipe ?

Ce matin, alors que nous nous apprêtons à prendre le petit-déjeuner, Nicolas (mon mari) s’aperçoit qu’il lui manque du fromage blanc.

Il décide d’aller en acheter rapidement au coin de la rue.

C’est déjà l’occasion d’un exercice de communication entre nous.
Comme je suis en pleine lecture de cet ouvrage de CNV Les mots sont des fenêtres, nous avons en ce moment pas mal d’échanges sur ce que nous ressentons, sur nos besoins, et je trouve toujours ça très enrichissant.

En l’occurence, je me sens frustrée de devoir l’attendre alors que j’étais prête à petit-déjeuner ; lui sent qu’il profiterait plus de son petit-déjeuner avec du yaourt.

Bon, je me mets dans un autre mode, et sors mon livre de CNV pour profiter de mon attente de manière constructive !

Il est sur le point de partir quand Anatole (3 ans) lui demande d’aller avec lui. Nous savons tous les deux qu’ils mettront bien plus de temps avec les petites jambes d’Anatole. Il hésite. Je propose à Anatole de plutôt lui lire une histoire.

Anatole est d’accord pour l’histoire, mais… « D’abord je vais aller chercher du fromage blanc avec papa, et après tu me lis l’histoire !
– Ca, ça pose un problème, lui expliquè-je, parce que quand ton papa reviendra avec le yaourt, j’aurai envie de petit-déjeuner avec lui.

Une pause.

– J’ai une idée ! (J’adore quand il dit ça !)  D’abord, je vais aller chercher le yaourt avec mon papa, et après tu prends le petit-déjeuner, et après tu me lis l’histoire ! »

Allez… accord conclu !

J’adore ces moments où je constate que, du haut de ses 3 ans, il a déjà appris à considérer les besoins et envies de chacun pour chercher un consensus, et l’exprimer par son « j’ai une idée ! »…

La semaine dernière, j’ai emmené mon grand (14 ans) chez l’orthodontiste.

Ca me prend toujours du temps : le cabinet est à 20 minutes en voiture, donc 40 aller-retour, sans compter le rendez-vous lui-même…
Heureusement, dans ce cabinet, je peux me connecter au wifi, et ainsi travailler pendant qu’Oscar est en soins.

Cette fois, lorsqu’Oscar ressort, je suis au milieu de quelque chose, que je ne veux pas interrompre. Je lui partage ma surprise qu’il soit déjà sorti, et lui dis que je n’ai pas fini ce que je faisais.

Il s’avance seul vers le secrétariat, et m’appelle.

« Maman, je t’attends ! »  … « Maman, il faut prendre le prochain rdv ! » … « Maman !! »

Je pose mes limites :

« Oscar, je t’amène chaque fois chez l’orthodontiste, et ça me prend du temps. Ce n’est pas un problème, je le fais avec plaisir parce que c’est mon rôle de maman. Mais là, je suis au milieu de quelque chose que je voudrais terminer, j’ai besoin de 5 minutes, et je prendrai le rdv quand j’aurai terminé. »

Oscar patiente, mais reste visiblement agacé, trouvant visiblement anormal que je le fasse patienter !

Lorsque nous sortons de là, évidemment, mon humeur n’est pas non plus au beau fixe, et le contexte semble annoncer que le retour se déroulera dans le silence, pour éviter les échanges du type :
« Franchement, t’es pas très sympa ! C’est pas comme si tu avais des choses urgentes à faire ensuite..
– Non, mais c’est toi, je vois pas pourquoi j’attendrais ! » etc…

Sauf que, pour une fois, j’ai une idée lumineuse !

Ca fait des mois qu’Oscar me dit qu’il aimerait essayer de conduire, ce qui est impossible près de chez nous, où c’est trop urbain. Or, nous sommes cette fois dans un parking quasiment vide.
Soudainement, je m’arrête, et lui demande : « Tu veux essayer de conduire ? »
Il est évidemment enchanté !

Tandis que nous changeons de places, je lui commente : « J’ai l’impression que tu n’es plus si pressé, finalement… »

Ca suffit à lui donner la perspective du moment… Il voit que je prends du temps pour lui, et se rend compte qu’il aurait bien pu en prendre pour moi. Il me demande pardon, et nous passons un quart d’heure à faire des manoeuvres.

Nous nous sommes re-connectés !

Lors d’un de mes ateliers, nous avons travaillé sur les difficultés qu’une maman avait avec son fils de 2 ans et demi, qui jetait ses jouets en bois par le balcon, du haut du 9ème étage…

Je trouve utile de rapporter ici cet exemple, parce qu’il montre bien comment les conséquences, bien que n’ayant rien à voir avec les punitions, peuvent priver de l’opportunité d’apprentissage, et comment on peut aller plus loin vers la recherche de solution.

En effet, la conséquence dans ce cas précis est assez simple à trouver : il suffit de fermer le balcon !

Ce serait bien une solution au problème, mais ça ne permet pas d’aider ce garçon à être en situation de maîtrise, comme le dit Jane Nelsen dans la discipline positive

Parfois, il n’y a pas le choix, parce que l’enfant n’est pas prêt. La conséquence supprime donc la cause, jusqu’au moment où il le sera. Mais il est clair que la conséquence s’intéresse au passé, là où la recherche de solution se focalise le futur.

Ainsi, nous mettons au point les étapes de recherche de solution de cette maman avec son garçon.

Au préalable, il s’agit de choisir son moment. Que le parent et l’enfant soient bien disponibles pour la conversation. « Je voudrais te parler de quelque chose, es-tu disponible maintenant ? »

Puis suivre les étapes :

D’abord, se connecter :

  • commencer par reconnaître les sentiments et besoins de l’enfant : « Je vois que tu aimes jeter des jouets par le balcon, parce que tu aimes les voir tomber, tu aimes en observer le mouvement. »
  • puis parler de ses propres sentiments et besoins : « De mon côté, ça me fait peur de te voir jeter les jouets par le balcon, parce que j’ai peur que quelqu’un passe en bas au même moment, et ça pourrait le blesser très fort ! Ou bien abîmer une voiture… »

Ensuite enseigner en entrant dans la recherche de solution elle-même :

  • « Est-ce qu’on pourrait trouver une solution qui nous convienne à tous les deux ? » : c’est le moment de lister (par écrit, pour donner de l’importance à la démarche, et pour pouvoir relire la liste) toutes les idées suggérées, bonnes ou mauvaises.
  • Revoir ensuite les solutions ensemble, commenter sur chacune, voir si elle convient aux deux parties… et choisir ce qui va être mis en place.

Dans ce cas précis, la maman trouve avec son fils des choses qui pourraient effectivement être jetées par le balcon, et les dessine sur un papier qu’elle affiche sur le balcon pour que ce soit clair : des petites boules de papier, des morceaux de papier, des feuilles d’arbre, pas de pierre !

Puis, elle prend quand même ses précautions, expliquant à son fils l’éventuelle conséquence de ne pas suivre les décisions prises : « Si je te vois de nouveau jeter un jouet par le balcon, je devrai fermer la porte, et tu ne pourras pas y retourner de la journée. »

Pendant 3 jours, tout se passe bien. Le garçon jette des petits bouts de papier.
Puis, il tente de nouveau de jeter un jouet.
Sa mère ferme donc le balcon, et, bien sûr,  le garçon pleure.

Comme nous en parlions dans l’article sur les conséquences, ce n’est pas la peine alors d’insister sur : « Je t’avais dit que tu ne devais pas ! Et tu l’as fait quand même ! ». Bien sûr,  on est énervé, mais culpabiliser l’enfant ne l’aidera pas à croire en sa capacité de faire des meilleurs choix.

Suivant ce qu’on avait anticipé, sa maman a donc d’abord reçu son sentiment : « Je sais que tu es triste, que tu aimerais bien pouvoir être encore sur le balcon. » Puis, tout en reprenant le cadre, elle lui exprime sa confiance pour la fois suivante : « Demain, lorsque je rouvrirai le balcon, je suppose que tu jetteras seulement ce sur quoi nous sommes tombés d’accord. »

Je ne vais pas vous dire que le garçon se calme alors instantanément, parce que l’expérience reste négative, mais il a alors l’opportunité d’apprendre, de grandir, de prendre ses responsabilités tout en sachant que sa mère croit toujours en lui.

Le lendemain, le balcon est rouvert, et il n’y aura plus jamais de jouet volant.

Depuis ce jour, cette maman apporte régulièrement un petit seau au parc, pour pouvoir rapporter des feuilles d’arbres pour avoir des réserves, ça leur donne même une activité de parc ! Et puis, ils ont aussi décidé de pouvoir « jeter » des gouttes d’eau à l’aide d’un spray…

Quelques semaines plus tard, l’affiche a disparu, parce qu’elle ne servait plus.

Avant de conclure, je voudrais préciser que, parfois, la solution trouvée ne fonctionne pas.

Ce n’est pas une raison pour abandonner : laissez du temps pour tester la solution, puis revenez dessus, disons une semaine plus tard, en fonction de ce dont il s’agit.

Alors, on peut discuter de nouveau : « Alors, que penses-tu de la façon dont ça s’est passé cette semaine ? », avec éventuellement un commentaire du type « Je dois dire que je ne suis pas ravie de la façon dont ça s’est déroulé cette semaine.. » si c’est le cas ! Puis décidez ensemble s’il vaut la peine de laisser plus de temps à la solution préalablement choisie, ou s’il vaut mieux la modifier. Toute mise en place demande du temps, l’important, c’est d’avancer ensemble, en mettant l’enfant en position de maîtrise. L’encourager à prendre ses propres décisions, comme nous l’avons fait avec notre ado

Avez-vous réussi à mettre cette démarche en place avec votre enfant ? Racontez-le ci-dessous !

Cette semaine, je suis allée passer la matinée dans une grand parc avec Léon et Anatole (5 et 3 ans) qui n’ont plus école.
Nous avons été rejoints par une amie dont la fille a l’âge d’Anatole.

Ils jouent tous les trois, ensemble ou pas, selon les moments.
Tout se passe plutôt bien.

Arrive cependant le moment où Anatole vient me voir pour me demander de l’aider à récupérer son avion, que la petite lui a pris. En effet, Emma est en train de jouer avec Léon un peu plus loin, et ils ont chacun un avion.

Le problème, c’est que j’ai apporté deux avions, pas trois !

Je m’approche donc des enfants et commence ma démarche de résolution de problème : “Emma, Anatole a envie de jouer avec son avion…. Le problème, Anatole, c’est qu’Emma a aussi envie de jouer avec l’avion. En fait, on a deux avions, et il y a trois enfants, quelle solution pourriez-vous trouver ?

C’est la phrase clef : en effet, quand j’explique cette démarche de résolution de conflit, j’insiste toujours auprès des parents sur le fait qu’il faut essayer de laisser la porte ouverte aux enfants pour qu’ils trouvent leur propre solution. Parfois elle est très proche de ce que nous aurions essayé de mettre en place, parfois non ! Le fait de les encourager à résoudre eux-mêmes la question a de multiples avantages :

  • ça les entraine à entrer dans la démarche de résolution
  • ça leur prouve qu’ils en sont capables
  • ça les implique beaucoup plus, et leur permet en particulier de prendre en compte leurs besoins, même lorsqu’ils ne les ont pas bien exprimés.

J’attends donc leurs propositions.

Emma déclare : “Je peux jouer un moment avec, et puis ensuite le lui donner pour qu’il puisse jouer.”
Bien sûr, ça me parait une bonne solution, mais je ne pose aucun jugement, et demande :
“Ca te conviendrait ça, Anatole ?
– Non, moi je veux pas qu’elle joue avec.”
Bon… mon Anatole, qui n’est pas dans son assiette, n’est pas très flexible aujourd’hui…

“Emma, cette solution ne convient pas à Anatole.
Léon, est-ce que toi tu voudrais prêter ton avion à Emma ?
– hum.. laisse-moi réfléchir… Je sais ! On peut donner les 2 avions à Anatole, et Emma et moi, on va jouer sur ces jouets-là !”

Après vérification, tout le monde est d’accord pour cette solution !
Voilà bien une solution à laquelle je n’aurais jamais pensé !
Il s’avère que le besoin de Léon et Emma était de jouer ensemble, plus que d’avoir l’avion.

Je me félicite de leur avoir laissé le champ libre !

Récemment, j’ai eu l’occasion, encore une fois, d’accompagner mes plus jeunes dans leur démarche de négociation.

Je faisais face à un problème récurrent :
lorsque j’arrivais à la maison, les 2 couraient vers moi pour se jeter dans mes bras, provoquant régulièrement les pleurs de celui qui arrivait en 2ème !

Un jour enfin, je décidai de m’attaquer à cette question, en les impliquant dans la recherche de solution.

Je suis donc les étapes prescrites, validant d’abord leur point de vue et leurs sentiments, avant de les encourager à chercher une solution.

« Anatole, je vois que lorsque je rentre, tu as envie d’être le premier à me faire un câlin, et que ça te rend triste quand Léon arrive avant toi…
Léon, je vois que toi aussi, tu as envie d’être le premier à me faire un câlin !
Or, ce n’est pas possible qu’Anatole soit le premier, et que Léon soit aussi le premier !
Moi, j’adore vous faire des câlins à tous les deux, mais ça me fait de la peine de voir que chaque fois, l’un de vous est triste..
Comment pourrait-on faire pour régler ce problème ? »

Bien sûr, j’ai envie de leur suggérer d’instaurer des tours, tout simplement, mais j’ai appris déjà : si c’est moi qui apporte la solution, j’ai moins de chance qu’elle leur convienne !!

Et puis, faisons confiance à nos enfants : parfois, ils ont des idées que nous n’aurions pas !

J’attends donc.

Léon (5 ans) a évidemment déjà fait face à ce genre de situation… alors sa solution vient facilement :

« J’ai une idée : on pourrait dire un jour Léon, un jour Anatole, un jour Léon, un jour Anatole. »

Bon, on progresse. « Ca me parait effectivement une solution… »

Je me tourne vers Anatole : « Ca te convient, ça, Anatole ? » (toujours valider avec l’autre, et bien montrer cette étape, parce que c’est également ce qui permet à celui qui suggère de comprendre que sa solution n’en est pas une tant que l’autre ne l’approuve pas…)

Anatole (3 ans) répond : « Non. J’ai une idée : un jour Anatole, un jour Anatole, un jour Anatole… » Je crois que je commence à comprendre… mais non ! la suite me surprend : « un jour Léon, un jour Léon, un jour Léon. »

Tiens ? Il veut faire 3 fois l’un, 3 fois l’autre ! J’imagine que pour lui, changer tous les jours, ce n’est pas suffisant pour « remplir son réservoir » ! Intéressant…

Léon est-il d’accord ?
On a une petite discussion sur le vocabulaire, un échange sur la façon de décrire la solution d’Anatole, mais Léon est d’accord !!

Je demande donc : « Comment va-t-on faire pour suivre ça ?
– on va faire un dessin ! répond Léon  »

Aussitôt dit, aussitôt fait, Léon prend une feuille, écrit « Anatole, Anatole, Anatole, Léon, Léon, Léon », sous la surveillance d’Anatole, et, dans les jours qui suivent, nous consultons cette feuille au quotidien pour rappeler où nous en sommes ! Plus de problème !!

Ces enfants continuent de m’impressionner…

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En finir avec les disputes dans la fratrie !

Concéder dans l’imaginaire… C’est une des méthodes proposées par Faber et Mazlish dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, dans le chapitre sur la validation des sentiments.

Pour ceux pour lesquels la validation des sentiments est encore un nouveau concept, je vous suggère de lire d’abord l’article qui parle de pourquoi nous nions les sentiments des enfants.

Ainsi cette technique de concéder dans l’imaginaire permet à l’enfant de se sentir écouté, et je l’ai déjà appliqué de nombreuses fois, particulièrement avec les petits.

Lors de mon 1er atelier mexicain, je racontais en particulier une de mes premières anecdotes vécues aux mamans, au cours de laquelle j’avais imaginé, pour répondre à un enfant assoiffé, que nous avions un robinet d’eau dans la voiture, suivant un exemple directement issu du livre…

L’après-midi même, je suis dans la voiture de mon amie, avec 2 enfants à l’arrière, et son fils (8 ans) demande à boire. Nous n’avons rien, alors il geint… Je vois mon amie qui se retient de lui dire « Je t’avais bien dit d’apporter une bouteille d’eau !! » puisqu’elle avait suivi le premier jour d’atelier le matin même !! Mais je sors alors l’anecdote de ma manche (pensant que ça ne marcherait peut-être pas avec son fils de 8 ans), et mime le robinet, puis lui tend un verre imaginaire… qu’il s’empresse de prendre et boire, à la grande stupéfaction de mon amie ! (Et de la mienne, parce que je le croyais un peu grand pour ce truc !) Nous ne parlons plus d’eau pendant au moins 10 minutes…

Quelle meilleure démonstration aurais-je pu lui donner ?? Je suis persuadée qu’elle retiendra cette technique !

Chez nous, en tout cas, cette méthode continue de faire ses preuves, et nous l’utilisons très régulièrement avec Anatole (3 ans).

Alice d’ailleurs l’a bien observé, et s’en sert également, sortant un pansement imaginaire de sa poche quand il le réclame, « peignant » son pyjama dans les couleurs voulues… C’est incroyable comme il est content qu’on l’écoute de cette façon, et comme son désir semble alors magiquement comblé !

La position de l’autorité permet parfois des attitudes qui peuvent vraiment faire peur.

Je l’ai constaté il y a quelques mois.

Dans la partie sur la peur d’Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat parle entre autres de celle d’un professeur, et je voulais raconter cette anecdote que nous avons vécue. Notre grand (14 ans maintenant) avait l’année dernière un professeur avec lequel il ne s’entendait pas bien, qui était également conseiller d’éducation.

En tant que conseiller d’éducation, il avait eu l’occasion l’année précédente (donc quand Oscar avait 12 ans) de mettre une heure de colle à Oscar pour bruit dans la bibliothèque, punition qu’il avait doublée parce qu’il l’avait trouvé en train de faire ses devoirs pendant la dite heure… (en fait, il ne lui avait pas dit, mais il considérait qu’il ne devait RIEN faire pendant cette heure-là. Juste rester les bras croisés… Je me demande s’il sait ce qu’est un enfant), puis lors de la 2e, il n’a pas été lui dire qu’elle était terminé, et au bout d’une heure et demie, quand Oscar a enfin osé aller vérifier, il était parti chez lui…

Bon, c’était une anecdote.

Puis, ça a été son professeur, et Oscar a passé l’année à dire que ce prof ne l’aimait pas. J’en doutais un peu, parce que ce n’est pas ça qu’il me disait. Le cours était d’un niveau particulièrement élevé (ici, il existe des cours qui mélangent les niveaux, et Oscar était le seul élève de 3è dans un cours qui mélangeait d’autres de seconde, 1e, et terminale…) et, quand je le croisais, il me disait qu’Oscar était l’un de ses meilleurs élèves. Il a cependant un humour étrange, (oui, étrange.. du type : « Monsieur, je n’ai pas bien compris ça, vous pourriez le ré-expliquer ? – oui, je pourrais…. Mais je ne le ferai pas. ») et je pensais que ces deux-là ne se comprenaient juste pas.  L’année s’est terminée, et Oscar a réussi son examen de fin d’année dans cette matière. Affaire terminée.

Mais cette année, Oscar a encore eu des problèmes avec lui, en tant que conseiller d’éducation. Jusqu’à ce qu’il me demande d’être à ses côtés pour aller lui parler. Je sais que mon rôle est d’aider mon fils à s’affronter aux situations de la vie. Je n’allais pas exposer le cas moi-même, mais je servirai de présence. Oscar dit que cet homme ne lui parle pas de la même manière quand je suis là, ce qui est très probable.

Nous avons donc discuté avant de la situation, de ce qu’il allait lui dire, de comment lui démontrer qu’on prenait en compte les instructions données, etc… et nous sommes allés voir ce monsieur. Je me suis contentée d’un « Bonjour, nous sommes ici parce qu’Oscar voulait vous parler. », puis j’ai laissé mon fils prendre le relai. Et là, je n’ai pas reconnu mon Oscar… Lui qui est si à l’aise avec les adultes, si ouvert, qui aime prendre sa place, il avait les yeux baissés, il parlait doucement, il était fébrile ! J’étais témoin de sa peur !

L’affaire s’est réglée, en théorie. En pratique, Oscar s’est remis dans les problèmes parce qu’il n’avait pas compris ce qui lui avait été dit ! J’étais là pourtant, c’était clair.. Mais, enfermé dans sa peur, il n’avait pas été en mesure d’entendre !! La peur avait bloqué ses autres facultés ! Je ne pensais pas cela possible…

Plus tard, en en reparlant avec mon mari, nous nous sommes fait la réflexion que le succès d’Oscar dans son cours de l’année précédente était en fait encore plus louable que ce que nous pensions : réussir à s’investir comme il l’a fait alors qu’il avait une telle peur du prof, ça demandait une sacrée maturité ! Je n’ai pas manqué de lui en faire la remarque ensuite.

La politesse… Pas toujours facile à inculquer.

Elle reste pourtant une de nos demandes fortes de l’éducation des enfants. Non sans raison. La politesse a une raison d’être : c’est une marque de connexion avec les autres. C’est faire partie de la société que de reconnaitre l’autre par une marque de politesse.

Je me rappelle d’un chapitre sur ce sujet dans Bébé made in France de Pamela Drukerman. Cette américaine qui a élevé ses enfants à Paris commente sur bien des différences culturelles dans le domaine de l’éducation. Sur le chapitre sur la politesse, elle explique que si les américains demandent systématiquement à leurs enfants de dire « s’il te plait » et « merci », les français y ajoutent « bonjour » et « au revoir ». Selon elle, c’était une façon de valider la présence de l’enfant. De le voir, de l’accueillir. On lui dit « bonjour », cela signifie qu’il compte, il nous salue également pour créer un lien, nous ne nous ignorons pas. J’ai bien aimé cette explication.

Vraie ou fausse, ce qui est sûr, c’est que je me rappelle avoir parfois lutté avec Oscar pour qu’il dise bonjour quand on arrivait chez des gens. C’était il y a bien 10 ans, avant que je découvre la parentalité positive. Lorsque ça m’arrive encore aujourd’hui avec mes plus petits, je sais qu’il n’est pas nécessaire de les contraindre. Respectons plutôt la difficulté du 1er contact, ça viendra tout seul.

Ces derniers temps, j’ai trouvé une autre approche sur le fait de remercier qui m’enchante, parce qu’il est non seulement en ligne mais même illustrateur de la parentalité positive.

Les bonnes vieilles méthodes de « J’ai pas compris », « Quel est le mot magique ? » ou ne pas donner ce qui est demandé tant que le « merci » n’a pas été dit place l’enfant dans une position d’infériorité, et ne l’encourage à dire merci que dans la mesure où il n’a pas le choix puisque nous utilisons notre pouvoir sur lui de manière coercitive : tu n’auras rien si tu ne dis pas « s’il te plait »…

Tout change si on accepte l’idée que l’enfant voudra spontanément coopérer si on lui donne l’opportunité de voir le point de vue de l’autre. C’est une dynamique toute différente qui se met alors en place.

Ainsi, si l’un de mes petits ne dit pas « merci », par exemple à mon amie Anne-Lise, je lui glisse simplement : « Tu sais, je crois qu’Anne-Lise aime bien qu’on lui dise merci. » 

Je montre ainsi à l’enfant que je lui fais confiance pour décider lui-même quoi faire une fois qu’il aura l’information de comment se sent mon amie. Une confiance qui continuera lorsque l’enfant grandira, et qui fera la différence.

Il est très rare que cette phrase ne soit pas suivie de « Merci, Anne-Lise. »

D’ailleurs, comme il a appris à le communiquer simplement, sans contrainte, il arrive qu’Anatole (3 ans), me dise, après m’avoir remerciée pour quelque chose : « Tu peux me dire « de rien » maman ? »
C’est tout simple, on échange nos envies sans diminuer l’autre.

Essayez, vous verrez !
(Et si ça ne marche pas dès la première fois, n’en faites pas toute une histoire, ça viendra.)