Comme moi, vous avez découvert la parentalité positive depuis un certain temps, et comme moi, vous avez appris que les cris généraient du stress qui n’était pas bon pour le développement du cerveau de notre enfant / ado !

Et tant mieux d’ailleurs, parce que, dans le fond, c’est bien ce que vous voulez : « ne plus crier ». C’est ce qui rendra votre maison plus zen ! Peut-être même que, comme moi, c’est pour ça que vous avez commencé à cheminer !

Et, au fur et à mesure qu’on apprend, qu’on progresse, ça marche !!

Oui, au risque d’agacer les personnes qui n’y sont pas encore (mais qui y parviendront, et prenez plutôt ça comme une inspiration), je le dis : je ne crie quasiment plus. Vraiment.

Seulement voilà, on a beau avoir appris tous les outils, être fier de nos progressions, quel que soit le stade où on est, il existe encore des moments où on se sent l’envie de craquer !!

En général, ça se déroule comme ça : on fait face à une situation pour la 4 567è fois, alors, on prend sur nous, on respire fort, et, avec toute la patience qu’on a pu réunir, on décide d’utiliser simplement la description : « Oscar, ton sac est dans l’entrée. » C’est une réussite ! Mais on n’est pas même pas content de soi, parce qu’on est trop concentré sur la domination de notre colère…  Et c’est là que ça peut déraper. Parce que si le-dit Oscar répond quoi que ce soit qui ne soit pas « oups, je suis désolé, bien sûr ma maman chérie, j’y vais de suite ! », alors, on a juste envie de hurler : « Oscaaaar !! Tu peux pas virer ton sac de l’entrée, non ?? Ca fait 50 fois que je te le dis !! »

Bon, heureusement, j’ai testé une astuce pour ces jours où on sent qu’on n’a pas la patience !

C’est tout simple : on l’écrit. Gentiment.

Comme ça, on respecte nos principes, et surtout, on ne rentre pas dans un échange…

Donc, comme montré sur la photo de cet article, un petit mot gentil : « Oscar, tu peux vérifier l’état de l’entrée STP ? ». Il y a fort à parier qu’il ne fera pas d’analyse graphologique pour s’apercevoir qu’on a visiblement écrit un peu violemment, et qu’il le prendra au sérieux parce que si sa mère se fend d’un message écrit, c’est que c’est le moment de ne pas laisser le sac !!

Après, plus tard, quand on est calmé, que le sac est rangé, que les plus petits sont couchés, alors on peut s’asseoir avec notre Oscar, et lui demander : « Comment est-ce qu’on peut faire pour que ton sac ne soit plus au milieu de l’entrée quand je rentre ? ». On sera alors dans une recherche de solution avec lui, en lui donnant l’opportunité de prendre en compte notre besoin, et on pourra ainsi l’aider à grandir. Ouf.

Nous avons beaucoup parlé récemment de la différence entre le fait d’appliquer la parentalité positive et celui d’accepter tout de nos enfants…

Non, je le répète, parentalité positive ne veut pas dire éducation permissive !

Et cependant, je comprends que certains parents n’arrivent pas à trouver le bon équilibre, parce que face à la résistance de leurs petits, ils ne peuvent les laisser seuls.

Oui, la bienveillance nous enseigne à recevoir les émotions, et je pourrais le répéter beaucoup, mais il est aussi important de recevoir les nôtres !!

Donner l’opportunité à nos enfants d’écouter notre émotion, c’est aussi les respecter.

Ainsi, il n’est pas rare que je dise à Anatole, 3 ans : « Moi, j’aime bien qu’on me parle gentiment. », et, en général, ça suffit pour qu’il cesse de geindre et reformule sur un ton plus agréable… Ce à quoi je réponds : « Ah, c’est agréable quand tu me parles comme ça ! »

Mais parfois, ça ne marche pas bien, et il faut savoir résister à plus. Je crois quand même que c’est nécessaire, et c’est pourquoi je voudrais partager cette anecdote.

C’est l’heure du coucher. Je suis dans la chambre d’Anatole, qui joue. Je lui indique que c’est l’heure de mettre le pyjama, mais il ne sourcille pas. J’essaye différentes méthodes : le choix, l’appeler, le lâcher-prise, rien ne marche.

Au bout d’un moment, comme je sens mon propre agacement monter (ouf, je commence enfin à savoir m’écouter un peu !), je déclare :

« Bon, voilà ce que je vais faire. Je vais aller dans le salon lire un livre avec Alice, tu pourras nous rejoindre quand tu auras mis ton pyjama. » et je sors.

Anatole, bien sûr, se met à pleurer…. « Noooon… je veux que tu me mettes le pyjamaaaa… »

Mais je ne sourcille pas, ne dis rien, et continue mon chemin.

Et je sais que c’est le moment où je perds certain(e)s d’entre vous : il ne faut pas laisser un enfant pleurer !!

J’ai cependant 2 remarques importantes à faire, avant que vous lisiez la suite :
1- Il ne va pas mal, il est seulement contrarié, et à cet âge, pleurer est simplement une façon de l’exprimer, ce que je le laisse faire, évidemment. On touche ici à la validation des sentiments : quand on cherche à ce qu’il ne pleure plus, c’est qu’on voudrait « régler le problème ». Mais il est des problèmes qui ne se règlent pas immédiatement, l’émotion  peut être vécue et traversée. En tant qu’adulte, nous avons du mal avec les pleurs comme moyen d’expression, et c’est probablement une des raisons pour lesquelles nous avons tendance à nier les sentiments.
2- Vaudrait-il vraiment mieux, comme je le vois souvent, que je remballe encore mon agacement montant pour faire face, jusqu’au moment où je ne le peux plus et que je me mets à hurler ? Ca ne me semble pas beaucoup plus bienveillant….

Alors je l’ai laissé, et je me suis mise dans le canapé avec ma fille pour lire un livre (parce qu’après tout, elle aussi elle a le droit à une maman détendue !).

Les pleurs d’Anatole ont duré environ 1 minute. Puis, on ne l’a plus entendu.
Jusqu’à ce qu’il accoure, un grand sourire aux lèvres, en pyjama, claironnant : « Je suis prêt ! », et que je l’accueille sur le canapé pour continuer l’histoire avec nous !

Note : si cette question de validation des sentiments vous fait du pied, n’hésitez pas, et allez jeter un oeil à ma formation à l’accompagnement des émotions en 15 jours

Lors d’un de mes derniers ateliers, nous en sommes venus à parler des compliments évaluatifs.

Oui, on a tendance à évaluer par nos compliments.

Faber et Mazlish parlaient déjà de remplacer cette forme de compliments par des compliments descriptifs. Que c’était à la personne elle-même de tirer les conclusions de la description, qu’on se construisait mieux ainsi.

Depuis, j’en ai lu et écouté plusieurs exemples et illustrations, diverses expériences menées, qui montraient comment les compliments qui évaluent ne font que renforcer la motivation externe et fléchir la motivation interne, ce qui va à l’encontre de ce que nous voulons développer chez nos enfants…

Lors de cet atelier, j’en ai reçu une illustration frappante, que je voudrais partager.
Nous en avons parlé brièvement, parce que ce n’était pas vraiment le thème de l’atelier, mais je donnais l’exemple le plus classique aux parents :
« Je suis fier de toi ! » disons-nous à nos enfants, quand nous devrions plutôt leur dire : « Tu dois être fier de toi ! », évitant ainsi le jugement extérieur et encourageant plutôt son estime personnelle !

Le lendemain, une maman me raconte que cette remarque l’a fait réfléchir, parce que, 2 jours auparavant, justement, ils avaient eu un entretien avec l’instituteur de leur fils (7 ans), et en étaient sortis en lui commentant que suite à tout ce que l’instituteur avait dit, ils étaient très fiers de lui ! Alors, après l’atelier, cette matin en a reparlé à son fils, lui demandant :

« Tu sais, je repensais à l’entretien avec ton instituteur, et tout ce qu’il avait dit. Tu dois être fier de toi, non ?
– Ca compte ? » lui répond son fils….
La mère était médusée !
« Bien sûr que ça compte !! D’ailleurs, ce n’est pas que ça compte, c’est l’essentiel !! Beaucoup plus important que le fait de savoir que nous sommes fiers de toi ou pas !
– Ah… Tu pourrais me redire ce qu’il a dit, alors ? »

Ne nous approprions pas les réussites de nos enfants : ils ne réussissent pas pour nous, mais bien pour eux, c’est le message à leur transmettre !

Tous les parents le savent : le prêt de jouets est un problème récurrent entre les plus jeunes.
On touche à une vraie compétence à développer en termes de limites : ce sont mes affaires, ce sont tes affaires.
Depuis plusieurs mois maintenant, j’ai mis en place une façon de réagir qui marche particulièrement bien, (probablement trouvée dans le livre de Crary mis en lien ci-dessus, mais je ne saurais l’affirmer) et qui permet d’enseigner l’empathie.
Après la règle du “On ne peut pas prendre un objet que l’autre a dans les mains sans demander la permission.” (Oui, je sais, c’est plus une limite qu’une règle, contrairement à ce qu’on avait lu qu’il valait mieux faire dans “Il me cherche !”… J’ai pourtant l’impression que ce serait très artificiel dans l’autre sens… ), on guide la solution en posant le cadre.

Disons par exemple que Léon (5 ans) veuille prendre le train qu’Anatole (3 ans) a dans les mains. Anatole crie, bien sûr. Dans ces cas-là, je m’approche et dis :
“Léon, je vois que tu as très envie de ce jouet, mais tu sais qu’on ne peut pas le prendre sans demander la permission…
Anatole, j’ai l’impression que Léon a très envie de ce jouet. Tu pourras le lui donner quand tu auras terminé avec ?
– Oui, répond Anatole (Ca n’arrive quasiment jamais que l’enfant me réponde non dans ce cas… comme on parle de quand il aura terminé !)
– Merci. Léon, Anatole est d’accord pour te le donner quand il aura terminé.”

Notez bien que nous avons pris le temps dans cette démarche de valider les sentiments, pas seulement de donner la règle. C’est un point essentiel pour connecter avec l’enfant, pour qu’il se sente compris, et soit donc plus à même d’écouter.

Avec les plus jeunes, l’attente étant encore difficile pour eux, ça peut s’accompagner de “En attendant, tu peux dessiner, ou bien jouer avec ce train-là.”

En tout cas, l’objectif est atteint : chacun apprend à écouter l’envie de l’autre, et à la respecter. Ensuite, il n’est pas rare d’entendre celui qui avait le jouet dire à l’autre : “J”ai terminé !”

Cette intervention est récurrente, parce qu’ils mettront du temps à apprendre à faire ça d’eux-mêmes… Mais j’avais confiance que ça viendrait.
Et effectivement, il y a quelques semaines, j’ai eu le plaisir de voir Anatole (3 ans) s’asseoir à côté de Léon, et lui dire tranquillement : “Léon, quand tu auras fini avec Buzz Lightyear, je va le prendre.”

Chez nous, il y a les tee-shirt d’école (qui ont le logo de l’école), et les autres.
Un matin, Anatole (3 ans) me déclare :
« – Je veux le tee-shirt tout bleu.
– Ah.. aujourd’hui, il y a école. (Je donne l’information, plutôt que de dire non, vous vous souvenez de cette astuce ?)
– Je veux aller à l’école avec le tee-shirt bleu. (mince.. ça n’a pas marché… mais j’ai plus d’un tour dans mon sac !)
– Tu pourras mettre le tee-shirt bleu en rentrant de l’école si tu veux. Tu veux le ranger ou le poser là pour le trouver en rentrant ? (le choix !)
– Non, je veux le laisser par terre.
– Ca ne fait pas partie des options. Tu peux le remettre dans le tiroir ou le poser là.
– …
Et là, j’ai enfin compris que parfois, il ne faut pas trop s’entêter, pour ne pas entrer dans un combat dont personne ne sort vainqueur, alors j’avance, comme si c’était déjà fait.
(Ca m’était déjà arrivé face à son opposition…)
– Pour le tee-shirt d’école, tu veux le orange, ou le violet ?
– Je veux le poser là ! (en prenant son tee-shirt bleu), et je veux le violet !
– Tiens, le voilà. »
Je me félicite intérieurement…

Je voudrais encore vous parler aujourd’hui de la force du “moment particulier”, dont nous avons déjà parlé, en théorie, puis en pratique.

Je ne suis toujours pas constante dans l’application de ce moment, mais j’en vois pourtant bien le pouvoir, donc je vais quand même essayer de vous inciter à le mettre en place, ne serait-ce que de temps en temps.

Ma fille Alice (10 ans) adore les activités manuelles. Elle a trouvé une méthode pour fabriquer des baguettes magiques (type Harry Potter) et voudrait en faire avec moi…

Un mercredi, lorsqu’elle me demande, je fais attention à bien répondre.
“Aujourd’hui, je dois aller travailler.. Voyons voir… demain, on n’aura pas le temps non plus… mais vendredi, on fait ça ensemble ! En attendant, aujourd’hui, j’avais juste 5-10 minutes, ça me ferait quand même plaisir de les passer avec toi. Est-ce que tu pourrais déjà m’expliquer comment on va les faire ? Et puis, on peut vérifier qu’on a le matériel nécessaire ?”

On a donc passé 5 minutes ensemble, à voir le matériel, et comment on allait les fabriquer.
Rien que d’en parler, Alice était ravie !!
Le soir, je lui ai répété que j’avais aimé ses explications, et que je me réjouissais à la perspective de l’atelier du vendredi.

Le vendredi donc, quand je suis rentrée, un peu après elle, elle avait déjà tout préparé.
Une nappe de protection sur la table, le matériel d’activités manuelles, le pistolet à colle…
On a passé une petite demi-heure à faire nos baguettes, et c’était un vrai moment partagé !

Maintenant, en plus de pouvoir en reparler, on a les baguettes elles-mêmes pour s’en souvenir !

La semaine dernière, nous avons joué un peu l’école buissonnière, et j’en ai été ravie, parce que ça a été une occasion d’enseigner à ma fille une manière simple d’éviter le mensonge !

Il y a quelques années, je pensais qu’il ne fallait pas rater l’école. Jamais. Mais le fait de vivre à l’étranger et d’avoir parfois des occasions rares de faire des choses importantes et précieuses m’a fait un peu évoluer. Je continue à envoyer mes enfants un peu malades à l’école, mais il m’arrive de m’assouplir dans une circonstance comme celle qui suit.

Nous avions des cousins de passage chez nous pour la semaine.

Les enfants s’entendent très bien, mais, les miens n’étant pas en vacances, ils n’avaient que quelques heures chaque fin d’après-midi à passer ensemble.

Un soir où nous, les parents, étions de sortie, ils en ont bien profité, et se sont couchés trop tard ! Or, je sais qu’Alice (10 ans) a du mal à tenir quand elle manque de sommeil. J’avais peur de l’impact sur l’ambiance générale…

Il se trouve qu’en plus, c’était une semaine particulière à l’école, parce que les 2/3 des enfants étaient partis en excursion pour la semaine (une excursion hors de prix), et que les autres travaillaient en projet de façon plus détendue. Du coup, on s’est dit qu’il valait mieux la laisser dormir, arriver un peu tard un matin ne serait pas bien grave, et qu’il était plus important qu’elle continue à profiter de ses cousins pour les 2 jours qu’il restait !

Je l’ai donc accompagnée à l’école à 10h… Elle était angoissée, parce qu’elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir dire à la maitresse !! J’ai pris les choses très simplement : « Si elle demande une explication, on lui dira que tu as tellement profité de tes cousins de passage que tu t’es couchée trop tard et avais vraiment besoin de dormir ce matin, sinon tu n’aurais pas pu être efficace sur ton projet. Et si elle ne demande pas, on ne lui dira juste rien. Dans tous les cas, il n’y a aucune raison de mentir, la vérité est toujours la meilleure version. »

Elle avait l’air sceptique…

Mais nous sommes arrivées à l’école, et je l’ai accompagnée dans sa classe. J’ai dit à sa maitresse : « Bonjour, désolée, nous sommes très en retard aujourd’hui !
– ah oui, je ne t’attendais plus Alice ! Tu peux aller chercher ton travail. »
Et voilà, Alice m’a souri, et je l’ai laissée.

C’est si simple parfois !

Depuis que nous avançons sur le chemin de la parentalité positive, nous avons beaucoup avancé dans la reconnaissance des sentiments.

Je comprends réellement à quel point savoir écouter ce que l’on ressent peut nous aider à nous comprendre, et à identifier notre besoin. Seulement, c’est tellement loin de ce qu’on nous a enseigné que ça reste très difficile pour moi. J’ai du mal à dire ou même savoir ce que je ressens. J’apprends.

Il m’est arrivé une chose rigolote. Une anecdote en fait, mais qui illustre assez bien ce point pour que j’aie eu envie de l’écrire..

J’étais en train de préparer un genre d’apéritif/pique-nique pour le déjeuner, parce que nous avions décidé de grignoter tout en faisant un jeu de société.

Arrivent mon mari et mon plus grand, et je leur annonce que j’ai presque terminé, en leur montrant l’hummus, et autres éléments que je venais de préparer. Ils commentent qu’ils aimeraient bien également des bâtons de carottes et de concombre. Ok, nous en avons. Je commence à les sortir du frigo. Seulement, pendant ce temps, chacun des deux dit quelque chose du style : « ok, je vais juste faire…x… et je reviens. », et disparait !

Je me retrouve seule dans la cuisine, les carottes en main, prête à les éplucher, quand je réalise… que je n’ai aucune envie d’éplucher ces carottes qui ne sont même pas pour moi, alors que j’ai déjà préparé tout le reste, et que je trouve gonflé de venir me dire ce qu’il leur manque et disparaitre ainsi !

Alors, sans m’énerver, je prends mon verre, et vais sur la terrasse le siroter avec mon bouquin, en attendant leur retour.

Quand ils ré-apparaissent, je leur dis simplement, et sans agressivité : « J’ai réalisé que je n’avais pas envie de préparer les carottes toute seule, alors j’attends que vous le fassiez, vous me direz quand ce sera prêt ! »

Ca m’a fait un bien fou de me sentir capable de m’écouter !!

Je vous ai pas mal parlé ces derniers temps de mon plaisir de constater que notre éducation apportait vraiment des changements de fond, d’être témoin des compétences que nos petits avaient déjà su développer.

J’ai partagé que cela me confortait sur le fait qu’on était sur le bon chemin.

J’en ai encore eu un exemple récemment.
Léon et Anatole (5 et 3 ans) prennent le bain ensemble. Et ils aiment tous les deux se mettre assis sous l’eau qui coule, toujours plus chaude que celle de la baignoire. Alors, bien sûr, ça crée parfois quelques problèmes…

Ce soir-là, alors qu’ils sont seuls dans le bain, j’entends le ton qui monte… J’ouvre la porte et demande :
« Vous pensez que vous pouvez trouver une solution qui convienne aux deux ?
– On est en train d’en discuter, maman ! » répond Léon.

Je ressors donc, et les laisse « en discuter ». Je ne sais pas comment la conversation a été menée, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y avait ensuite plus de cris !

Hier, je discutais avec une amie au sujet de la rivalité entre ses enfants.

Les dits-enfants étaient sur le trampoline dehors, à sauter comme des fous.

Seulement voilà, ma copine était inquiète, parce que la différence de poids (Le grand a 11 ans, la petite 5) faisait tomber la petite, et elle jugeait qu’on pouvait ainsi se casser quelque chose.

Elle s’interrompt donc à 2 reprises pour essayer de calmer le jeu, mais ça ne fonctionne franchement pas…

Au bout d’un moment, elle s’adresse à moi : « Ils ne m’écoutent pas ! Comment tu fais dans un cas comme ça ?? »

Je reste prudente : « Tu sais, il n’y a pas de baguette magique, les choses ne changent pas d’un coup, mais pour aborder ce genre de cas, il faudrait entrer dans une démarche de résolution de problème. Ca veut dire chercher des solutions avec eux, mais après avoir créé une connexion. Donc dans la pratique :  D’abord, tu dois parler de leurs sentiments et envies. Ensuite, tu parles de TES sentiments et envies. Alors, tu peux…. Ecoute, on va essayer !! »

On sort donc dans le jardin, et je m’adresse aux enfants :

« Les enfants, je vois que vous êtes très contents ici sur le trampoline, et que vous adorez sauter ! Votre maman, de son côté, est inquiète, parce qu’avec votre différence de poids, elle a peur que la petite tombe et se fasse mal.

Quelle solution pensez-vous que nous pourrions trouver qui convienne à tous ? »

La petite répond :
« Je pourrais me tenir sur la barre pendant que lui saute, et puis après, c’est lui qui se tient pendant que moi je saute
– Ok, ca me parait une bonne idée. (Je me tourne vers le grand frère) Est-ce que cette solution te conviendrait ?
– Oui, sauf que je ne veux pas me tenir, je pense que son poids ne peut pas me faire tomber.
– Je vois. (je me tourne vers la petite) Ca te convient si lui ne se tient pas mais seulement reste sur le côté pendant que tu sautes ?
– Oui, c’est d’accord. On change toutes les 5 minutes, répond la petite
– Toutes les 5 minutes, ça te convient ? je demande au grand.
– Non, c’est trop long, je préfère toutes les 2 minutes.
– Ok, et toi, ça te conviendrait toutes les 2 minutes ?
La petite opine.
– Bien, qui va être en charge de compter les 2 minutes ?
(réponse facile, il y a quelqu’un d’autre sur place, qui est d’accord pour compter les 2 minutes)
– Est-ce que cette solution convient à tous ?
Chacun approuve, enfants et maman.
– Super, sautez bien les enfants ! »

Nous retournons à notre conversation, et n’avons alors plus besoin de nous interrompre !

Je sais ce que vous pensez : Ca prend du temps tout ça… Oui, mais… mais ça, c’est penser à court terme ! Parce que cette maman se bat régulièrement pour des questions de trampoline, alors ça a pris du temps cette fois, mais sûrement moins toutes les fois suivantes ! Et puis même sur le coup, honnêtement, ça n’a pas pris plus de temps que ses interventions inutiles précédentes !

Enfin, et surtout, on ne leur enseigne pas seulement à résoudre le problème du trampoline ici, mais bien plutôt les compétences de négociation dont parlait Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille. Ces compétences qui leur permettent de prendre en compte le besoin de l’autre pour arriver à un accord, ce qu’on oublie parfois de faire, alors que c’est parfois si simple… (comme dans ce cas de l’heure du départ pour l’école).

Ces compétences fondamentales enfin, qui nous impressionnent quand arrive le moment où ils n’ont même plus besoin de nous pour résoudre le problème ! Franchement, à long terme, ne gagne-t-on pas plutôt du temps ?