Lors d’un de mes ateliers, je partageais avec les parents le fait que « concéder dans l’imaginaire » était une technique qui fonctionnait bien avec mon Léon (utilisée depuis qu’il a 3 ans, il en a maintenant 5 – C’est une technique de validation des sentiments qui avait été suggérée dans Parler pour que les enfants écoutent…, et qui est même entrée dans ses propres compétences !).

La semaine suivante, une maman me racontait qu’elle s’en était inspirée lorsque sa fille réclamait ses lunettes de soleil à grands cris. Puisqu’elle n’arrivait pas à faire accepter à sa fille idée qu’elles n’avaient pas les lunettes avec elles, elle a fini par simplement faire le geste de mettre les lunettes… ça avait très bien fonctionné !

Alors, je m’en suis inspirée à mon tour.

Anatole (presque 3 ans) hurlait parce que j’avais mangé une noix de cajou qui était évidemment pile celle qu’il voulait !! Je commençais doucement à m’agacer… « Anatole, il y en a encore plein d’autres des noix de cajou, celle-là, je l’ai déjà mangée, qu’est-ce que tu veux que je fasse ?? Que je m’ouvre le ventre pour te la donner ? » Et là, l’idée !!
« Ok, tiens, je m’ouvre le ventre (geste d’ouvrir), je sors la noix de cajou, je te la donne. Tiens. »
Il s’arrête instantanément de pleurer, « prend » la noix que je lui tends, fait le geste de la manger, puis va en prendre une autre, consolé.

J’étais stupéfaite !

Il y a 2 jours, il nous est arrivé à peu de choses près la même anecdote, lorsque son père a mangé la fin de quiche de son assiette, qu’il avait clairement refusée. Une fois avalée par son père, la quiche redevenait intéressante, et il se met à hurler… Nico commence à s’agacer, comme moi le jour de la noix de cajou, mais comme j’ai déjà vécu ça, je réagis plus vite !
Je fais donc semblant d’ouvrir le ventre de Nico, lui rend la quiche, il la prend, la mange, et tout est réglé !

C’est parfois plus facile qu’on ne le croit de changer l’ambiance…

Vendredi dernier, j’avais invité une copine d’Alice (10 ans) à la maison après l’école. Mais voilà qu’une heure avant la sortie, je reçois un message de la maman, m’expliquant qu’elle vient de recevoir un message du prof d’espagnol, lui expliquant que sa fille s’est mal comportée en cours (oui, ici, on peut recevoir des mails des profs, et être au courant avant la sortie…) Du coup, elle ne veut plus la laisser aller chez moi, elle aurait l’air de la récompenser de son mauvais comportement… Bon, je l’appelle. Un résumé de ma conversation avec elle : « Attends, ne me fais pas ce coup-là ! Les filles avaient tellement envie de jouer ensemble, ça fait un bon moment qu’on n’avait pas réussi à organiser qu’elles se voient ! Qu’est-ce qu’il se passe avec la prof d’espagnol ? – Coralie, je suis furieuse, me dit-elle, tu te rends compte ? Un mot de la prof d’espagnol ! Je ne peux pas le croire, jamais je n’ai reçu un mot d’un prof !! Apparemment, ça fait 2 cours de suite qu’elle se comporte mal, qu’elle discute et dérange les autres… Je ne peux pas l’amener chez toi, pas juste après ça ! – Bon, ok, il y a un problème avec le cours d’espagnol, et il faut le régler, mais ça n’a rien à voir !!   (Note : on est en plein dans la différence entre la punition et la conséquence, et ça tombe bien, je connais mon sujet !) Parlons donc du cours d’espagnol. C’est la première fois que tu reçois un mot d’un prof. Bon, c’est une bonne nouvelle. On le voir aussi de l’autre côté : au cours de toutes ces années, et de toutes ces matières, c’est la première fois que tu reçois un mot d’un prof ! Dis donc, elle se comporte sacrément bien, ta fille ! Allons bon, cette fois, elle a fait un faux pas. Ma foi, ça arrive, il est naturel de dévier parfois… Mais comme on sait que d’habitude, elle se comporte bien, et comme en plus c’est 2 fois de suite dans le même cours, on peut essayer d’en parler avec elle… On a confiance en elle, on veut savoir ce qu’il se passe. Attendons son point de vue avant de juger.  » Heureusement, la maman est vraiment ouverte dans la conversation. Après quelques minutes, elle semble acquise à ma cause, ou plutôt à la cause de sa fille. C’est alors qu’elle me demande : « Bon, ok, elle va chez toi cet après-midi, mais alors… tu voudras bien parler avec elle ? » Ah ah, bien sûr, je veux bien parler avec elle ! Je remercie la maman de m’avoir écoutée !!
L’après-midi donc, lorsque je retrouve ma fille et sa copine, je demande si je peux lui parler. Ca donne quelque chose comme : « Dis donc, j’ai entendu dire que tu avais eu des problèmes en cours d’espagnol, qu’est-ce qui s’est passé ? – eh ben… Je n’arrêtais pas de parler, alors la prof s’est fâchée parce que je dérangeais les autres. – ah mince… et comment tu te sens par rapport à ça ? – mal… parce que je sais qu’elle a raison, que je ne devrais pas déranger les autres ! (bien vu, donc la conséquence est déjà là, la fille se rend compte de son comportement, en prend la responsabilité, et en a déjà tiré leçon, on n’a effectivement pas besoin de punition !) – Mais d’habitude, dans les autres cours, tu n’as pas de problème de comportement. Ca se passe toujours bien, tu sais très bien te retenir de bavarder (renforcement du rôle positif), alors qu’est-ce qui se passe en cours d’espagnol ? Qu’y a-t-il de différent pour que tu te retrouves à bavarder dans ce cours-là et pas les autres ? – C’est que la manière dont la prof fait le cours est différente, et les tables aussi. On travaille sur des tables rondes, et on est censé avancer tout seul, pas en écoutant quelque chose que dirait la prof, alors je peux discuter en travaillant (elle a effectivement de très bonnes notes dans ce cours, elle est en bien capable, ce sont ses camarades qui ne le sont pas), ce qui n’est pas le cas dans les autres cours, où la plupart du temps on doit écouter ce que dit la prof… Alors, comme il m’était arrivé quelque chose de cool le matin, je voulais le raconter aux copains… – Eh oui, je comprends… (Maintenant que j’ai bien écouté, je vais entrer dans la phase « implication de l’enfant dans la résolution du problème ») Alors, à ton avis, que pourrais-tu faire pour éviter cette tentation ? Parce que c’est ça la difficulté… Moi par exemple, je sais bien que je ne devrais pas manger du gâteau au chocolat tout l’après midi, mais quand il y a du gateau au chocolat dans la cuisine, et que je passe devant, je suis trop tentée, alors j’en mange… Pour éviter ça, je mets le gâteau dans le frigo, comme ça, je ne le vois pas. Qu’est-ce que tu penses que tu pourrais faire pour éviter la tentation de parler à tes copains en cours ? – je pourrais… je pourrais demander à la prof de me changer de table pour ne plus être avec mes amis ! – tiens, c’est une super idée, ça, attends, je vais la noter ! Quoi d’autre ? » C’est l’étape de brainstorming, tout le monde y va de son idée, et je note tout : mettre mes amis au frigo avoir un petit écriteau devant moi qui dit « Ne pas parler » de mon côté, et « Ne pas déranger » de l’autre côté faire en sorte qu’il ne m’arrive rien de cool à raconter attendre la fin du cours pour raconter On a vraiment passé un moment sympa à chercher des solutions, et la copine était contente de cette conversation ! Quand sa mère est arrivée en fin de journée, on lui a lu la liste de nos idées, expliquant qu’il leur restait à choisir ensemble la solution à retenir. J’étais vraiment heureuse de voir que sa connection avec sa fille n’avait pas été rompue pour cette histoire de mauvais comportement. Elle a visiblement été convaincue par le fait qu’il y avait d’autres manières d’aborder les choses, et m’en a remerciée. Un pas de plus pour la parentalité positive !
Vous voulez, vous aussi, apprendre à réagir autrement ? 👉🏻 Inscrivez-vous à la formation « Sortir des punitions »

L’écoute emphatique, au coeur de la réception des émotions.

Il est donc naturel qu’Isabelle Filliozat en parle dans Au coeur des émotions de l’enfant.

On est ici dans l’intersection entre la parentalité positive et la communication non violente, avec la technique de reformulation, expliquée ainsi :

« En reformulant, vous ne jugez pas, vous ne commentez pas, vous n’intervenez pas, vous accueillez simplement le sentiment de l’enfant. Il se sent alors reconnu, validé. Il acquiert le sentiment qu’il a le droit de sentir par lui-même, d’exprimer, et qu’il peut faire confiance à son ressenti. »

Alors que je viens de lire cette phrase, Anatole (presque 3 ans), qui était aux toilettes, s’approche de moi :
« J’ai pas envie de me laver les mains. ».
Tiens… il tombe bien ! J’essaye la reformulation :
« Ah oui je vois, tu n’as pas envie de te laver les mains…
– non.
– Tu préfères garder les saletés sur tes mains ?
– oui
– Je vois… Cependant, quand on fait pipi, après on se lave les mains. »
(Juste un rappel de la règle générale, sans entrer dans l’ordre de ce qu’il doit faire.)
Magique : Anatole repart se laver les mains.

Merci Isabelle !

Retour vers l’article du livre

« Pourquoi on tombe ? Pour apprendre à se relever ! »
En voilà une phrase inspirante !

Seulement voilà, je commence à me demander si nous sommes en danger de ne plus apprendre… Parce qu’on ne laisse plus les enfants tomber…

Il y a une dizaine de jours, j’ai voulu organiser un dimanche matin sympa pour les enfants, parce que leur papa était en déplacement. J’ai donc pris mes 4 petits (et grands) sous le bras (enfin… puis-je encore dire ça, même de façon imagée, quand le grand est plus en position de me prendre sous le bras que le contraire ? Bref), et les ai amenés au nouveau parc super chouette qui s’est ouvert il y a quelques mois pas très loin de chez nous !

J’y étais déjà allée avec les petits, mais on était resté avec quelques amis dans une certaine zone du parc. Cette fois, je pensais que tous allaient y trouvaient leur compte.

Dès le départ, c’est surprenant : il y a du personnel pour surveiller la façon dont ça se déroule à chaque installation… L’installation phare, c’est la grosse « toile d’araignée », à laquelle les enfants grimpent. Je me souviens avoir amené Oscar à une installation similaire il y a des années à Paris (peut-être au jardin d’acclimatation ?). Enfin, les enfants sont bien sûr attirés par les cordages !

Autour de cette toile, il n’y a pas moins de 3 personnes qui surveillent ! (qui ne surveillent pour l’instant personne, parce que comme nous sommes venus à l’ouverture, le parc est encore vide, elles sont donc très disponibles pour se focaliser sur mes enfants.)

Léon s’attaque aux cordages du bas.
Le personnel l’arrête : interdit ! Il faut avoir 8 ans pour grimper !
8 ans ??? Mais il y a des cordes super basses ?? C’est parfait justement pour que les plus jeunes essayent !! (Surtout que le sol est de ces nouveaux sols un peu mous qu’ils mettent dans les parcs, alors ils ne risquent pas de se faire bien mal en tombant de bas…)

Alice commence à grimper de son côté.
Le personnel l’arrête : interdit ! Il faut avoir des chaussures fermées !

Oscar grimpe. Ouf… A 14 ans, avec des tennis, il a le droit.
Oui, mais quand il arrive en haut…
Le personnel l’arrête : interdit ! Il ne faut pas dépasser la dernière plate-forme !
Je deviens tendue… Rien ne bloque physiquement l’accès après la dernière « plate-forme »… Il n’y a même pas un panneau qui indiquerait cette limite… Le personnel du parc va donc passer la journée à regarder les enfants qui grimpent et leur crier de ne pas atteindre le haut ??

Bon… après une petite conversation avec la surveillante, je préfère changer d’endroit.

Nous arrivons sur des balançoires en forme de soucoupes.
Oui mais… Léon se met debout dessus (en se tenant aux cordes), pour tester le mouvement.
Le personnel l’arrête : interdit ! On doit rester assis !

Je n’en peux plus… S’ensuit toute une conversation sur les risques pris par les enfants, la surprotection, comment font-ils avec les tout petits qui apprennent à marcher ? Leur disent-ils de rester assis pour être sûr qu’ils ne tombent pas ???

Une chose est sûre : je ne reviendrai pas dans ce parc !

La semaine dernière, j’ai écrit une petite anecdote sur la page Facebook des 6 doigts de la main, une de ces anecdotes qui me ramène encore à la raison pour laquelle je me suis lancée dans cette aventure de partager tout ce cheminement avec vous !

Je ne pensais pas que ça intéresserait tant de personnes, mais il y a eu en fait beaucoup de réactions. J’ai donc décidé de le recopier ici, pour le garder… (et pour ceux qui n’ont pas Facebook)

Pourquoi je fais ça….
Ce matin, je suis posée au Starbucks pour travailler. (Je suis en train de (re)lire un livre d’Elizabeth Crary, pour en faire le compte-rendu détaillé sur le blog.)
A côté de moi, une famille. La mère, 3 enfants, et les grands-parents. Le jeune garçon semble incontrôlable. Il parle tres fort, cherche à partir, sa grand-mère lui dit fermement « Sit ! » (Ils sont américains). Sa mère le rappelle: « Stay here! »
Rien n’y fait…
Bien sûr, le bruit me dérange, mais surtout, je remarque, encore une fois, qu’être parent n’est pas une compétence innée. Cette mère est clairement débordée, elle ne sait pas comment faire face à son garçon, n’a pas appris d’autres compétences que celle de donner des ordres.
Mais remettons les choses en place : est-il raisonnable de demander à cet enfant (3 ans..) de rester en place sur sa chaise pendant qu’elle consulte infiniment son téléphone ?
(Je passe sur le modèle que ça donne pour les enfants : elle est avec ses propres parents, mais elle ne parle pas avec eux, elle chatte avec ses amis…)
En est-il seulement capable ? Cet enfant s’ennuie clairement !
Alors, parce que les cris me pèsent, me tendent, tant pour lui que pour elle, je m’approche du garçon avec un papier et un stylo. Je lui demande s’il sait écrire une lettre. Il prend le stylo, dessine un bâton, et un carré.
Je décris : « Ah, tu fais un bâton, tu fais un carré. Et je vois que tu te sers de ton autre main pour tenir le papier, pour qu’il ne bouge pas pendant que tu écris. »
Il continue, fait 5 petits caractères (qui n’ont rien à voir avec des lettres, mais qu’importe…), et me tend le papier. Je m’intéresse, lui demande : « Laquelle tu préfères ? ». Il est content.
Je lui propose de garder le papier. Il acquiesce. Je pose le stylo à côté de lui, et lui dis : « Je le laisse, comme ça, si tu veux, tu peux encore t’en servir. » Et je retourne travailler.
Le petit prend le stylo, se penche sur son papier, et s’absorbe dans sa nouvelle tache. Le calme est revenu.
J’aimerais pouvoir donner une carte de visite à cette maman ! J’aimerais pouvoir l’aider à prendre du recul sur la situation !
En tout cas, de nouveau, je sais pourquoi je me suis lancée dans cette aventure de vouloir partager mon cheminement ! On a tous tellement à apprendre…

On dit toujours que le meilleur enseignement, c’est l’exemple.

Les enfants apprennent en nous observant. « Soyons le type de personne que nous voulons que nos enfants soient. »

Hier, j’en ai été témoin, de manière incroyable.

Nous avons déjà parlé à maintes reprises de l’importance de la validation des sentiments, et nous avons déjà vu l’effet que cela pouvait avoir sur les enfants, ajouté à d’autres compétences ou pas…

Hier matin, donc, nous faisons face à une de ces situations où l’enfant cherche une validation de son sentiment :

C’est l’heure de partir pour l’école. Anatole (2 ans et demi) est normalement en charge d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, mais Oscar est trop pressé, et appuie. Anatole se met à pleurer. L’ascenseur contient déjà des voisins, nous montons donc, avec Anatole en pleurs.

Alice se baisse à son niveau et lui demande :
“Anatole, tu es triste ?
– ouuuiiii….
– parce que toi tu voulais appuyer sur le bouton de l’ascenseur ?
– ouuuiiii…
– et tu n’as pas pu ?
– noon…
– eh oui, ça, c’est triste !”

Non seulement après ça Anatole se calme (très bon exemple de validation des sentiments, suffisante à l’apaisement ), mais surtout surtout, j’ai été impressionnée par la réaction d’Alice !!

Je ne lui ai pas expliqué, à elle, la démarche de validation des sentiments, comment diable l’a-t-elle si bien intégrée ??

J’ai senti comme une bouffée de joie.

Bien sûr, parce que cela signifiait que nous avions suffisamment intégré le principe pour qu’il devienne le modèle que nous donnons, mais surtout parce que je m’apercevais qu’Alice avait inconsciemment intégré qu’un sentiment, ça se reconnait. Pour elle, c’est devenu naturel.

Oui, on l’a vu déjà : l’enfant s’exprime plus facilement devant sa figure d’attachement.

Je le constate au quotidien.

La semaine dernière, quand Léon (presque 5 ans) est sorti de sa classe, il s’est mis à pleurer. Sans que je sache pour quoi. Je l’ai pris dans mes bras et lui ai doucement demandé : « Tu veux m’expliquer, ou tu veux juste un câlin ? ». Il est resté dans mes bras une minute sans rien dire, puis il s’est calmé, et a pu se détacher. Il avait seulement besoin qu’on reçoive son émotion. Je n’ai pas su pourquoi.

Cette semaine, c’était le tour d’Anatole (2 ans et demi). J’arrive à l’école, et le vois au milieu de ses camarades, tranquille. Dès qu’il me voit, il se met à pleurer : « Je veux pas ce pantalon ! ». Oui, il a encore du mal avec le retrait des couches, et il avait été changé… Le pantalon ne lui plaisait pas… Mais il m’attendait pour le dire. Il avait besoin de la sécurité dans laquelle il pouvait s’exprimer.
Sa figure d’attachement était arrivée.

Pour l’histoire, j’ai validé le sentiment, simplement.
« Ce pantalon ne te plait pas ?
– nooon…, toujours pleurant
– on en changera quand on arrivera à la maison ?
– d’accooord ! »
Il ne pleure plus.

Prendre du temps pour y penser change tout à notre communication !

Le chargeur d’ordi d’Oscar (14 ans) ne fonctionne plus.  L’année dernière, il a déjà fait face à une période où il n’avait pas de chargeur, et a dû se débrouiller en en empruntant un à une copine, un jour sur 2… (Ici – nous vivons à Puerto Rico – ils prennent leur ordi à l’école, et quasiment tous les devoirs sont faits informatiquement).

Mais l’année dernière, c’était parce qu’il l’avait oublié quelque part. Donc, sa responsabilité. On l’a laissé résoudre le problème : pour un trouver un autre à acheter sur internet (qu’il a payé lui-même), pour se débrouiller en attendant qu’il soit livré.

Cette fois, il ne l’a pas perdu : il ne fonctionne plus.

Et entre-temps, autre changement : je me suis également acheté un ordi (pour pouvoir travailler vraiment partout sur ce blog !), et j’ai donc un chargeur à disposition à la maison.

Pour autant, je me rends compte qu’on a implicitement adopté la même attitude que la fois précédente : sans le dire clairement, on a agi en suivant l’idée que c’était à lui de se débrouiller, sans qu’on ait à le ressentir. Je le laisse emprunter mon chargeur, disons à condition que je ne m’en rende pas compte. C’est à dire que je continue à l’utiliser comme s’il ne servait qu’à moi, et c’est à lui de savoir où je l’ai laissé, de le sortir de ma chambre, de mon sac, d’où que ce soit, de charger son ordi, et de le remettre là où il l’a trouvé. On n’a même pas parlé du remplacement.

Sauf que ce matin, je n’avais plus de chargeur. Je me suis sentie agacée. Sans nul doute, si Oscar avait été dans le coin, il l’aurait senti. Seulement il était à l’école.

Grâce à la technologie moderne, il a répondu à mon sms pendant sa récré (« Aie, j’ai rendu le sien à la bibliothécaire, donc c’est bien le tien que j’ai, je suis désolé ») et a laissé le chargeur au gardien, donc j’ai pu le récupérer. Et ça m’a donné le temps de réfléchir.

A plusieurs choses :

1- Il a bien rendu son chargeur à la bibliothécaire, ce qui prouve qu’il en est capable, et qu’il est responsable.

2- Chaque fois que j’ai retrouvé mon chargeur qu’il m’avait rendu, il l’avait bien rangé, en roulant le fil, ce que je ne fais moi-même pas toujours bien, donc il en prend soin.

3- Je ne lui ai pas dit que j’avais remarqué qu’il en prenait soin, je n’ai même pas remarqué sa responsabilité face à la bibliothécaire (parce que, naturellement, comme on l’avait déjà vu, on ne remarque que le négatif…)

4- Ce n’est pas lui qui a cassé ou oublié son chargeur, ce n’est donc pas à lui de le racheter.

5- Nous sommes une famille, et on s’entraide. Si mon chargeur ne marchait plus, je lui demanderais de partager le sien en attendant d’en recevoir un nouveau.

Voilà, avec tout ça, j’avais une meilleure base pour notre conversation à venir.

Cet après-midi, donc, quand j’ai retrouvé Oscar, nous avons discuté. Ca a plus ou moins donné ça :

« Bon, tu peux t’imaginer que je n’étais sacrément pas contente de ne pas trouver mon chargeur ce matin… Cependant, ça arrive d’oublier. Tu as bien rendu le sien à la bibliothécaire, ce qui prouve bien que tu n’oublies pas toujours !

Ton chargeur ne marche plus, mais tu ne l’as pas cassé ou perdu, je pense que c’est donc à nous de t’en racheter un. Je te charge juste de la démarche (recherche, commande..).

En attendant, je propose qu’on se partage mon chargeur. Mais trouvons une façon de fonctionner qui nous convienne à tous les deux : pourquoi avais-tu mon chargeur dans ton sac ? Quand en as-tu besoin ? »

Il a été impressionné que je ne lui demande pas de le racheter lui-même, il était content de pouvoir partager. Il a cherché le meilleur fonctionnement avec moi. Quand j’ai soumis l’idée de charger le mien le soir pour qu’il puisse l’emporter à l’école, il m’a dit que c’était quand même sa responsabilité de se débrouiller pour avoir son ordi chargé sans me prendre mon chargeur (Est-ce bien mon fils qui me parle ??), et on a finalement décidé du partage du chargeur sur la journée, et d’un endroit où le prendre et le laisser à chaque fois.

On ne réussit pas toujours bien ce qu’on a en tête dans les conversations avec les enfants, mais là, je dois dire que je me sens fière de moi, et de lui : parce que j’ai su y réfléchir en avance, en valorisant ce qui était bien fait et en changeant de perspective, parce que je n’ai pas attaqué son caractère dans la conversation, parce qu’il a participé à la recherche de solution avec bonne volonté, tout en respectant ma propriété.

Si ce que nous apprenons pouvait nous aider à toujours communiquer ainsi… Ce serait « parfait » ! En attendant, savourons les moments où ça se produit déjà !

Dans l’article sur le 1er chapitre de La discipline positive pour les adolescents, j’écrivais que pour moi la confiance était fondamentale.

Ici un exemple de comment je le lui communique.

Il y a quelques semaines, Oscar (14 ans) nous a demandé de discuter avec lui des limites de temps de jeu vidéo. Nous avons ensemble fixé un cadre, avant de commenter :

« Refaisons le point dans une semaine pour voir si ce que nous avons décidé est réaliste. Il faut se rendre à l’évidence : si tu veux jouer plus que ça, tu pourras toujours le faire sans que nous le sachions (il a son propre ordinateur portable, qu’il apporte à l’école et sur lequel il fait généralement ses devoirs). Ce n’est pas l’idée. Si à la fin de la semaine, tu t’aperçois que ces limites ne te conviennent pas, reparlons-en. »

Je ne suis pas certaine que ce genre de méthode puisse toujours fonctionner, en particulier quand nos attentes sont très différentes des siennes, mais en tout cas, ça vaut le coup d’essayer !

Le week-end suivant, donc, nous avons fait le point, et il suivait très précisément les limites fixées (avec un minuteur), ce qui d’ailleurs avait évité des disputes dans la semaine, comme quoi, ça avait été une bonne idée de discuter des règles (et non des limites, rappelez-vous : les enfants adorent les règles, pas les limites) avant.

Une semaine ou 2 plus tard, il s’était lassé de son jeu, et la question ne se pose même plus : il ne joue plus !

Cette attitude d’ouverture et de discussion, le laissant décider de ses propres limites me semble beaucoup plus efficace que de lui imposer les choses, et nous a encore servi à l’encourager à revoir ses priorités plus tard. 

Plus ça va, et plus je m’en rends compte : le secret pour devenir le parent que l’on veut être, c’est de prendre le temps d’y réfléchir !

C’est en réfléchissant sur les conflits avec nos enfants qu’on trouve des idées sur la meilleure façon de les résoudre.

C’est en cherchant en quoi ce qu’on lit s’applique à ce qu’on vit qu’on arrive à mettre en place de meilleures méthodes.

C’est en échangeant qu’on envisage des solutions.

Ainsi, Nicolas et moi nous réservons régulièrement un moment pour parler des enfants. Oh, nous discutons aussi de tout un tas d’autres choses, mais des moments “éducation” sont délibérément posés pour faire progresser les choses.

Il y a un peu plus de 2 semaines (j’ai mis un peu de temps à écrire cet article), nous avons eu l’occasion de faire une escapade de 24h, seuls, dans une cabane isolée, au bord d’un lac. Une vraie bouffée d’oxygène après une période de boulot intense pour lui !

Alors, au cours de ces 24h, nous avons eu un moment éducation. Il concernait cette fois notre ado (14 ans).

Comme j’avance tout doucement dans la lecture de La discipline positive pour les adolescents, je décide de relire avec lui la boîte à outils du premier chapitre : une attitude parentale ferme et bienveillante.

img_1815

La seule lecture de cette boîte à outils est l’occasion de discuter, et de creuser des pistes.

Ainsi, le 2ème point : “Prendre le temps de découvrir et comprendre les besoins des adolescents. Ils ne sont pas nécessairement identiques à ceux que nous avions à leur âge.” est le point de départ d’un échange entre nous.

Je partage avec lui le fait que j’ai récemment remarqué que les salutations entre notre fils et ses copains n’étaient pas conformes à ce que je pensais être des salutations. Dernièrement, j’avais eu 2 occasions de m’en rendre compte.

La première, c’est quand je suis allée le chercher à l’école en avance, parce qu’il avait un rdv médical. Il était à ce moment-là avec des copains, et s’est esquivé quasiment sans dire un mot. Il m’a assuré ensuite qu’il avait dit au revoir, je ne sais pas si ses copains l’ont entendu, en tout cas, moi non…

La deuxième, c’était à la maison : il était sur skype avec un petit groupe, pour discuter d’un projet scolaire sur lequel ils travaillaient ensemble. J’entre pour lui dire quelque chose, Oscar coupe simplement la conversation skype, sans un mot aux autres. Je m’interroge :  “Tu as coupé ?  – oui, j’y retournerai quand on aura terminé de parler, c’est relax comme convers, on entre, on sort – Mais… ça ne se fait pas de partir comme ça sans rien dire, il faut au moins prévenir ! “

En y repensant avec Nico, je me pose la question : Leurs besoins ne sont pas forcément identiques à ceux que nous avions à leur âge ! J’impose mon modèle en expliquant qu’on ne quitte ni une conversation ni un endroit sans dire au revoir, mais est-ce le cas pour ces nouveaux jeunes ?? Leurs codes sont peut-être différents ?

L’hypothèse que notre fils ne se comporte pas de manière adaptée n’est pas à écarter, mais celle que ce soit réellement leur façon de faire ne l’est pas non plus !

Peut-être que cette génération n’a pas besoin de se dire “Salut les gars, à demain !” comme nous le faisions, parce qu’en étant toujours connectés, ils ne se disent jamais vraiment au revoir ??

Un peu plus loin dans la boîte à outils, nous lisons “Valoriser ce qui le rend unique”, et décidons de nous poser clairement la question. Qu’est-ce qui rend notre ado unique ?

Sa persévérance peut-être, c’est vrai qu’il est assez incroyable par rapport à la constance dont il fait preuve quand il s’est fixé un but… C’est la source de mon compliment descriptif de la semaine suivante.

Nous trouvons ainsi plusieurs aspects de notre fils que nous valorisons, et ça fait du bien de ne pas se focaliser sur les attitudes qui peuvent nous énerver !

La boîte nous parle encore d’un soutien à la fois ferme et bienveillant. Où le mettre en pratique ? Là encore, nous trouvons ensemble : Oscar, qui a du mal à se faire de vrais amis dans ce pays, déploie beaucoup d’énergie pour essayer d’organiser des sorties le week end, en vain. Souvent, quand il nous parle d’une possibilité en dernière minute, nous lui faisons des reproches : “Tu ne peux pas prévoir des choses sans nous en parler d’abord !”

Mais il s’avère qu’il envisage tellement de plans qui n’ont jamais lieu que ce serait difficile pour lui de soulever la question chaque fois. Nous décidons donc de le soutenir dans la démarche de façon ferme, en lui posant nos limites (ex : attention, tu ne peux rien prévoir dimanche matin, on a prévu de faire une rando), mais de manière bienveillante, en lui ouvrant les possibilités (en revanche, si tu veux, je peux te poser avec des copains au cine samedi après midi).

Au résultat,  le simple fait qu’on ait envisagé notre relation avec Oscar sous un autre angle pendant un moment nous a amenés à considérer déjà qu’elle était meilleure !