Parler vaut mieux qu’une punition !

Vendredi dernier, j’avais invité une copine d’Alice (10 ans) à la maison après l’école. Mais voilà qu’une heure avant la sortie, je reçois un message de la maman, m’expliquant qu’elle vient de recevoir un message du prof d’espagnol, lui expliquant que sa fille s’est mal comportée en cours (oui, ici, on peut recevoir des mails des profs, et être au courant avant la sortie…) Du coup, elle ne veut plus la laisser aller chez moi, elle aurait l’air de la récompenser de son mauvais comportement… Bon, je l’appelle. Un résumé de ma conversation avec elle : « Attends, ne me fais pas ce coup-là ! Les filles avaient tellement envie de jouer ensemble, ça fait un bon moment qu’on n’avait pas réussi à organiser qu’elles se voient ! Qu’est-ce qu’il se passe avec la prof d’espagnol ? – Coralie, je suis furieuse, me dit-elle, tu te rends compte ? Un mot de la prof d’espagnol ! Je ne peux pas le croire, jamais je n’ai reçu un mot d’un prof !! Apparemment, ça fait 2 cours de suite qu’elle se comporte mal, qu’elle discute et dérange les autres… Je ne peux pas l’amener chez toi, pas juste après ça ! – Bon, ok, il y a un problème avec le cours d’espagnol, et il faut le régler, mais ça n’a rien à voir !!   (Note : on est en plein dans la différence entre la punition et la conséquence, et ça tombe bien, je connais mon sujet !) Parlons donc du cours d’espagnol. C’est la première fois que tu reçois un mot d’un prof. Bon, c’est une bonne nouvelle. On le voir aussi de l’autre côté : au cours de toutes ces années, et de toutes ces matières, c’est la première fois que tu reçois un mot d’un prof ! Dis donc, elle se comporte sacrément bien, ta fille ! Allons bon, cette fois, elle a fait un faux pas. Ma foi, ça arrive, il est naturel de dévier parfois… Mais comme on sait que d’habitude, elle se comporte bien, et comme en plus c’est 2 fois de suite dans le même cours, on peut essayer d’en parler avec elle… On a confiance en elle, on veut savoir ce qu’il se passe. Attendons son point de vue avant de juger.  » Heureusement, la maman est vraiment ouverte dans la conversation. Après quelques minutes, elle semble acquise à ma cause, ou plutôt à la cause de sa fille. C’est alors qu’elle me demande : « Bon, ok, elle va chez toi cet après-midi, mais alors… tu voudras bien parler avec elle ? » Ah ah, bien sûr, je veux bien parler avec elle ! Je remercie la maman de m’avoir écoutée !!
L’après-midi donc, lorsque je retrouve ma fille et sa copine, je demande si je peux lui parler. Ca donne quelque chose comme : « Dis donc, j’ai entendu dire que tu avais eu des problèmes en cours d’espagnol, qu’est-ce qui s’est passé ? – eh ben… Je n’arrêtais pas de parler, alors la prof s’est fâchée parce que je dérangeais les autres. – ah mince… et comment tu te sens par rapport à ça ? – mal… parce que je sais qu’elle a raison, que je ne devrais pas déranger les autres ! (bien vu, donc la conséquence est déjà là, la fille se rend compte de son comportement, en prend la responsabilité, et en a déjà tiré leçon, on n’a effectivement pas besoin de punition !) – Mais d’habitude, dans les autres cours, tu n’as pas de problème de comportement. Ca se passe toujours bien, tu sais très bien te retenir de bavarder (renforcement du rôle positif), alors qu’est-ce qui se passe en cours d’espagnol ? Qu’y a-t-il de différent pour que tu te retrouves à bavarder dans ce cours-là et pas les autres ? – C’est que la manière dont la prof fait le cours est différente, et les tables aussi. On travaille sur des tables rondes, et on est censé avancer tout seul, pas en écoutant quelque chose que dirait la prof, alors je peux discuter en travaillant (elle a effectivement de très bonnes notes dans ce cours, elle est en bien capable, ce sont ses camarades qui ne le sont pas), ce qui n’est pas le cas dans les autres cours, où la plupart du temps on doit écouter ce que dit la prof… Alors, comme il m’était arrivé quelque chose de cool le matin, je voulais le raconter aux copains… – Eh oui, je comprends… (Maintenant que j’ai bien écouté, je vais entrer dans la phase « implication de l’enfant dans la résolution du problème ») Alors, à ton avis, que pourrais-tu faire pour éviter cette tentation ? Parce que c’est ça la difficulté… Moi par exemple, je sais bien que je ne devrais pas manger du gâteau au chocolat tout l’après midi, mais quand il y a du gateau au chocolat dans la cuisine, et que je passe devant, je suis trop tentée, alors j’en mange… Pour éviter ça, je mets le gâteau dans le frigo, comme ça, je ne le vois pas. Qu’est-ce que tu penses que tu pourrais faire pour éviter la tentation de parler à tes copains en cours ? – je pourrais… je pourrais demander à la prof de me changer de table pour ne plus être avec mes amis ! – tiens, c’est une super idée, ça, attends, je vais la noter ! Quoi d’autre ? » C’est l’étape de brainstorming, tout le monde y va de son idée, et je note tout : mettre mes amis au frigo avoir un petit écriteau devant moi qui dit « Ne pas parler » de mon côté, et « Ne pas déranger » de l’autre côté faire en sorte qu’il ne m’arrive rien de cool à raconter attendre la fin du cours pour raconter On a vraiment passé un moment sympa à chercher des solutions, et la copine était contente de cette conversation ! Quand sa mère est arrivée en fin de journée, on lui a lu la liste de nos idées, expliquant qu’il leur restait à choisir ensemble la solution à retenir. J’étais vraiment heureuse de voir que sa connection avec sa fille n’avait pas été rompue pour cette histoire de mauvais comportement. Elle a visiblement été convaincue par le fait qu’il y avait d’autres manières d’aborder les choses, et m’en a remerciée. Un pas de plus pour la parentalité positive !
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6 réponses
  1. Lapierre
    Lapierre dit :

    Bonjour Je vous lis depuis quelques temps et je trouve que c’est très enrichissant. Je me suis mise à l’éducation positive depuis que j’ai lu j’arrête de râler qui justement m’a démontre ce qui ne fonctionne pas. J’ai deux enfants garçon de 6ans et fille de 13ans….le cousin de colère, les routines, temps de jeu…. Etc c’est surtout un succès avec le plus jeune ma grande depuis cette année c’ est difficile l’humeur et les notes fluctuent et c’est cyclique…. Je n’arrive pas vraiment à solutionner ce problème je parle avec elle et tente d’écouter…. Mais pour les mensonges j’ai beaucoup de mal…. C’est plutôt compliqué… Je voudrais bien une réflexion extérieure… Qu’en pensez vous ? Merci Valérie

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Bonjour Valérie,
      Merci pour ce message, et votre compliment ! « Enrichissant », c’est exactement le but !
      Je comprends que ce ne soit pas facile avec votre fille. A 13 ans, il y a déjà tellement de choses installées…
      Les notes sont souvent un sujet de controverse, parce qu’on voudrait intervenir sur quelque chose qui leur appartient, et de fait, on les dé-responsabilise indirectement…
      Comment l’écoutez-vous ? Qu’en dit-elle ?
      A quel genre de mensonge faites-vous face ?
      En général, le mensonge est motivé par la peur de la réaction… Pensez-vous que vous auriez mal réagi si elle vous avait dit la vérité ? Le pense-t-elle ?
      Coralie

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  2. Valérie Caron
    Valérie Caron dit :

    Bonjour, Je vous lis régulièrement et j’aime beaucoup.
    Depuis que j’ai mes enfants je travail sur moi afin d’être à l’écoute de leurs besoins et de les aider à trouver des solutions.

    J’ai trois enfants de 9 ans, 7 ans et 2 ans. Tout ce passe bien a l’école. Ce qui est difficile, c’est la communication avec mon garçon 7 ans. Il crie souvent après nous et j’ai beaucoup de difficulté a garder mon calme. Je lui explique que j’aime quand on me parle doucement, mais ce ne fonctionne pas toujours. Je sais qu’il a souvent peur d’échouer ce qu’il essaie. Nous travaillons beaucoup afin de lui redonner confiance en lui.

    Vous lire me fait du bien et me donne des outils afin d’accompagner mes enfants.

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Merci Valerie d’avoir pris le temps de me laisser ce commentaire.
      Ce n’est pas facile de faire face à un enfant qui manque de confiance en lui, et qui transmets son malaise par une agressivité. Nous avons tous tendance à réagir en agressant en retour, même lorsque l’on sait que ça n’aidera pas !
      Je suis ravie que vous puissiez trouver ici des outils qui vous aident.

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  3. Thomas
    Thomas dit :

    Moi personnellement, quand il y a du gâteau au chocolat, je sais très bien où il est et le démon du sucre sait très bien me le rappeler ! Un de ses ami démon me rappelle aussi la présence du fromage non loin…
    Un « article-démonstration » très intéressant et sympathique qui prouve une fois de plus qu’il vaut toujours mieux commencer par discuter avant de s’énerver. Toujours plus facile à dire qu’à faire…
    Mon grand de 14 ans a passé les 3 derniers jours des vacances dans le sud dans un camping génial enfermé à geeker. Par grand soleil. Alors que je ne le vois que les vacances. Je n’ai pas réussi à le faire sortir, où à peine. Au lieu de le punir, j’ai réfléchi et je lui ai dit qu’en début de séjour on avait fait plein de ping-pong et de piscine et que j’avais été content de pouvoir partager ça avec lui… Il a fait un « bond » dans le lit en entendant ça… Même s’il n’a pas bouger pour autant, j’ai maintenu le lien avec lui malgré tout.

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    • Coralie
      Coralie dit :

      Ahah, j’aime bien le coup du fromage en plus…

      Qu’est-ce que c’est difficile de faire face à ces situations… On aimerait tellement les motiver, pas vrai ?Et pourtant, c’est bien ca l’important : maintenir le lien. Il n’a pas bougé, et ca a du être sacrement décevant pour vous. Mais il y a plus de chance qu’il ait envie de partager encore ce genre de moments la prochaine fois qu’en ayant été puni, c’est évident !

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