Qu’est-ce qu’on s’use parfois en cherchant la bonne méthode !!

L’autre jour, Anatole (3 ans) passe à table sans s’être lavé les mains. Pizza maison au menu.

Je lui indique, sans donner d’ordre :
« Anatole, pour manger la pizza, il faut avoir les mains propres.
– Non, je veux manger la pizza.
– Oui, quand tu auras les mains propres, alors tu pourras manger la pizza.
– Non…
– Ecoute : ou tu décides de te laver les mains, ou bien tu ne peux pas manger la pizza, c’est comme tu veux. (Je reste très calme, mais je me demande où tout ceci va nous mener…)
– Non, moi je veux manger la pizza avec les mains sales !
– Ca, ça ne fait pas partie des options. »
Je ne dis plus rien (je suis occupée à d’autres choses) mais je commence à douter fortement de la manière dont les choses vont se dérouler ensuite…

Et pourtant, au bout de 30s, voilà mon Anatole qui dit : « Je veux aller me laver les mains. »

Comme quoi, il faut parfois laisser le temps au message d’être reçu….

Après la lecture du chapitre “Faites une réunion de travail” du livre de Catherine Dumontheil-Kremer Poser des limites à son enfant, nous avons eu l’occasion de mettre cette idée en pratique.

N’y participaient que nos deux grands (14 et 10 ans), pas les petits, car elle a été faite de manière à demi impromptue, alors que nous essayions de résoudre le problème du débarrassage (C’est une autre histoire, que vous pourrez lire ici quand j’aurai pris le temps de l’écrire !)

Il se trouve qu’il m’était facile de la lancer de manière impromptue, parce que j’avais déjà préparé (près de 2 semaines avant, eh oui, l’éducation, ça prend du temps, et il parfois difficile de mettre en place tout ce qu’on a prévu !)

Quand je leur ai sorti la liste que j”avais préparée des choses à faire, ils ont été vraiment surpris ! Ils ne se rendaient clairement pas compte de tout ce qui était fait dans la maison en leur absence… Et pourtant, ils sont déjà impliqués dans pas mal de choses ! (Mise du couvert, débarrassage, lave-vaisselle, préparation d’un repas hebdomadaire…). Mais il y a des détails auxquels on ne pense pas toujours : vider la poubelle de recyclage, s’assurer qu’il y a des rouleaux de papier de réserve dans les différents toilettes, faire le tour des paniers de linge sale avant la lessive, etc…

Or je crois vraiment que les enfants doivent contribuer.

Je leur ai donc présenté ma liste en leur demandant ce pour quoi ils pourraient se porter volontaires. Au fur et à mesure de ma lecture, chacun disait « Ca, je peux le faire. », jusqu’à ce qu’on arrive à une répartition qui nous convenait.

On a même inclus Léon (5 ans) sur 2 petites taches particulières. Je lui ai demandé le lendemain s’il était d’accord. Il l’est. On n’y est pas encore, mais ça vient peu à peu.

Ensuite, la mise en place de ces taches sur le mur de la cuisine (comme le montre la photo de cet article) a été l’occasion la semaine suivant d’un moment particulier avec ma fille que ça enchantait, et pour l’instant… tout roule !

Dans tout ce qu’on lit quand on commence à vouloir se former en éducation positive, il y a des méthodes qui sont applicables rapidement, et dont on voit les effets immédiats. Ce sont les plus gratifiantes, parce qu’on voit qu’on est sur le bon chemin !!

Mais il en est d’autres qui prennent beaucoup plus de temps à être intégrées, et par nous, et par les enfants. Ce sont celles qui nous font un peu douter…

Va-t-on jamais réussir à les mettre en place ?

Alors, j’ai décidé d’y prêter un peu plus attention, et je me suis rendue compte qu’on avait quand même intégré des attitudes différentes avec nos enfants !

Le week-end dernier, nous nous sommes retrouvés avec une famille qui a 2 enfants de l’age de nos 2 plus jeunes, c’est à dire 5 et 3 ans. Evidemment, est arrivé à plusieurs reprises ce qu’il arrive fréquemment avec des enfants de cet âge : à un moment donné, les plus jeunes prennent le jouet d’un plus grand. Et ça a été pour moi l’occasion d’observer la différence dans nos réactions de parents :

Quand Anatole a pris le jouet de l’autre grand, le garçon est immédiatement venu me voir pour se plaindre (ce qui tendrait à démontrer qu’il n’a pas l’habitude de régler le problème sans aide). Je m’approche donc d’Anatole, et lui rappelle la règle :

“Anatole, on ne prend pas le jouet de quelqu’un d’autre sans lui demander l’autorisation.”
Anatole ne dit rien…
“Anatole, si on a pris quelque chose sans autorisation, il faut le rendre immédiatement.”
Anatole continue à jouer sans rien dire.
Pendant que je parle, l’autre garçon ne cesse d’essayer de reprendre son jouet des mains d’Anatole… Je le retiens en lui commentant : “Attends un peu, il va te le rendre.” Car j’ai confiance.
“Anatole, Tu veux le faire toi-même, ou tu veux que je le fasse ?”
Finalement, Anatole tend le jouet au garçon.

Un peu plus tard, le garçon se fait de nouveau prendre son jouet, cette fois par sa petite soeur.
Le garçon le réclame à grands cris en regardant son papa. Le papa ne tarde pas à intervenir, arrachant lui-même le jouet des mains de la petite soeur et le rendant à son fils.

Et je me dis enfin… oui… je conçois que ce que je lis aide plus mes enfants à long terme. Nous leur enseignons à résoudre le conflit entre eux, nous leur donnons le cadre qui leur permettra de fixer les limites. Nous ne nous trompons pas.

L’année dernière, il y avait clairement un problème entre Oscar et Alice (aujourd’hui 14 et 10 ans) par rapport à l’heure du départ pour l’école. Il était prévu qu’ils partent ensemble, mais leurs cours ne commençaient pas à la même heure, et l’heure de départ ne semblait donc pas claire.

Je ne me souviens plus de détails précis, mais je sais qu’un jour, nous avions décidé de nous atteler à ce problème, en avions pas mal discuté (on avait même décidé d’un jour où nous pourrions amener Alice nous même pendant qu’Oscar continuait à dormir) et il avait été convenu qu’ils partiraient à 7h35.

Ca se passait mieux, et nous ne sommes pas revenus dessus.

Cependant, ces dernières semaines, les disputes se faisaient de plus en plus fréquentes le matin, et je me disais bien qu’il faudrait relancer la discussion.

Je dois dire que la situation m’échappait :
Alice commence les cours à 8h, mais est censée arriver à 7h45. Oscar commence à 8h25.
Et pourtant, c’était Oscar qui harcelait sa soeur tous les matins, pour qu’elle se prépare plus vite. Elle, prenait son temps, et lui la suivait pour lui dire de faire vite.
A 7h30, il commençait à s’énerver, et elle ne se dépêchait pas plus…
Va comprendre !

J’avais l’impression de passer mon temps à essayer de calmer la situation, de dire à l’un d’arrêter de harceler l’autre, de dire à l’autre de ne pas trop trainer…

Finalement, la semaine dernière, on a eu un matin encore un peu plus difficile, où Oscar a fini par partir seul, passablement agacé.
Le soir, je prends enfin le temps de ce que je m’étais promis depuis un moment (mais la vie vient toujours en travers) : je lance la conversation !
« Les enfants, j’aimerais bien qu’on discute de la situation du matin.
Oscar, j’ai l’impression que pour toi, il est très important de partir bien à l’heure, et que tu t’énerves quand ta soeur n’est pas prête.
Alice, j’ai l’impression que de ton côté, tu aimes prendre ton temps le matin, et que tu ne supportes pas qu’on te presse.
Est-ce qu’on pourrait en discuter ?
Je ne comprends pas bien parce que je croyais que c’était Alice qui devait arriver tôt, pas Oscar… »
Oscar commente qu’il aime arriver tôt, pour reprendre contact, finir un travail à la bibli…
Alice nous explique que cette année, la maîtresse les appelle plus tard, qu’il lui suffit d’arriver avant 7h55, et que partir à 7h45 lui suffit.
Ok… Mais peut-être aurait-il été intéressant de partager cette info avec Oscar, au lieu de le laisser bouillir tous les matins ? Oui…
Bon, alors, quelle solution peut-on trouver ?
« Pas besoin, dit Oscar, 7h45, ça me convient aussi. »
??
En fait, c’est seulement l’attente de partir à 7h35 qui le rendait fou. Maintenant qu’il sait à quoi s’attendre, il peut patienter jusqu’à 7h45.
Ca fait une semaine, et il n’y a plus de dispute le matin !

La discussion a probablement duré moins longtemps que ce que j’ai mis à l’écrire…
Je n’en reviens toujours pas !

Le jour où j’ai découvert la notion de ce que j’ai décidé d’appeler le “moment particulier”, je devais justement aller chercher Alice à l’école, ce qui m’arrive très rarement.

Je devais ensuite aller travailler, ce qui la rend toujours un peu triste.

Alors, cette fois, je décide d’appliquer les conseils.

Sur le chemin du retour, je lui dis : “Je vais devoir aller travailler, mais ça n’a aucune importance que j’y aille 10 minutes plus tard, j’aimerais bien passer un moment avec toi d’abord !”

Nous nous sommes donc rendues dans le petit parc au bord de la mer, près de chez nous, et nous sommes simplement assises sur un banc. On a parlé de sa journée, de son implication dans l’équipe de jardinage (dont je n’étais même pas au courant avant…), des copains… C’était super sympa !

Et puis, tout en parlant, elle s’est mise à faire l’équilibriste sur le dossier du banc…

Comme, le même jour, j’avais découvert les différents états du « moi », à la fin du quart d’heure, j’ai dit : “Bon, il faudrait que j’aille bosser maintenant, mais avant…”, et je suis montée sur le dossier du banc, pour voir si je pourrais faire l’équilibriste aussi !
Alice riait et appréciait : “Elle est super, ma maman !”

En la ramenant enfin, je lui ai commenté “Ca m’a fait très plaisir de passer ce moment avec toi !”. Et c’était vrai ! En un quart d’heure, j’avais l’impression de lui avoir apporté tellement…

Le soir, quand je lui ai reparlé de ce moment, elle avait encore un sourire jusqu’aux oreilles !

Il y a peu, j’écrivais la difficulté de juger si nous parvenions réellement à enseigner les compétences relationnelles à nos enfants, tout en observant un exemple qui me confortait sur ce chemin…
J’en ai eu un autre exemple ce matin !
Nos deux petits (Léon 5 ans et Anatole 3 ans) se lèvent toujours avant les autres le matin, et jouent tous les 2 en attendant que nous les rejoignions.
Ce matin, quand je me suis levée, je les ai entendus à l’autre bout du couloir :
“Léon, je peux entrer dans ta chambre ?
– Non, tu peux pas
– Léon, je veux entrer dans ta chambre
– Quand je suis dans ma chambre, tu peux entrer dans ma chambre ; mais quand je suis pas dans ma chambre, tu peux pas entrer dans ma chambre, alors là je suis pas dans ma chambre, donc tu peux pas aller dans ma chambre.
– Léon, tu peux aller dans ta chambre et que moi je vais dans ta chambre ?
– ok.”
J’ai été impressionnée ! Comme quoi, les conseils qu’on lit sur l’apprentissage de la négociation dans la fratrie (le chapitre sur Résoudre les problèmes de Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille) nous servent effectivement !
Ici, ils ont su :
– Demander la permission
– Fixer les limites
– Donner la règle
– Entrer en négociation
– Trouver un accord
Quel bonheur de voir qu’on a pu leur transmettre ça !!

La semaine dernière, j’étais à l’aéroport avec mon fils Léon, de 5 ans.
Après 3 heures de vol, entre un livre, un jus d’orange, un peu de légos, un dessin, un livre encore… il en a un peu assez…
Nous marchons dans l’aéroport, et il ne me suit pas, il passe d’un côté à l’autre quand je lui demande de ne pas bloquer le chemin, il met la bretelle de son sac dans la bouche alors que je viens de lui indiquer qu’elle est sale… Je sens que je m’agace.
Heureusement, je réussis à ne pas laisser ça monter.
Je m’arrête, me mets à sa hauteur et lui dis calmement : “Mon Léon, je ne sais pas ce que tu cherches. Tu veux que je te voie ? Je te vois. Regarde (je le prends dans mes bras et le serre). Je te vois, je sais que tu es là, et je t’aime très fort.”

Il sourit, puis nous repartons, sans plus d’incident !

Comme quoi, c’est effectivement utile de poser un nouveau regard sur les comportements inappropriés

Me préparer à animer des ateliers pour parents dans les mois qui ont passé et ceux qui vont venir m’a également permis de réviser… Entre autres choses, je suis retombée sur la notion de compliment descriptif.

C’est un principe selon lequel on aide mieux les enfants en leur faisant des compliments précis et descriptifs, qu’en leur faisant des compliments évaluatifs, et en général peu clairs (du type « bravo ! »). Le problème, c’est que ce n’est pas ce à quoi on est habitué, et c’est difficile de changer nos habitudes…

Cependant, comme expliqué dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent et dans Parents épanouis, enfants épanouis, le commentaire a beaucoup plus d’impact sur la confiance en soi de l’enfant si c’est lui qui en déduit le compliment à partir de notre description.
Je ne l’avais pas oublié, mais multiplier les exemples pour l’expliquer aux parents m’a permis de mieux le mettre en application avec les enfants depuis quelque temps.
Hier, nous étions tous à table, et Léon (5 ans) décide de se servir d’eau. Il prend la carafe en verre, qui était pleine, et se sert sans aucun problème. Je commente, en décrivant :
“Dis donc, cette carafe est tres lourde, et tu as réussi à la soulever et à te verser de l’eau sans l’appuyer sur le bord du verre pour ne pas le faire basculer…”
La réponse m’a bien confirmé qu’il avait déduit le compliment tout seul : “Oui, je suis tellement fort que je peux aussi la porter comme ça !” (en la re-soulevant)

Rien de tel que son exemple vécu pour se convaincre des méthodes…

Depuis, ça me vient de plus en plus facilement…

Ceux qui me lisent régulièrement savent que chez nous, l’imaginaire (méthode proposée par Faber et Mazlish dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent) fonctionne vraiment bien pour débloquer certaines situations.

(Pour ceux qui ne les ont pas lus, et que ça intéresse, vous pouvez voir mes différents articles à ce sujet en suivant ces liens-là :
Concéder dans l’imaginaire
L’imaginaire, une nouvelle compétence
Concéder dans l’imaginaire, encore
Vive l’imaginaire !
Imaginaire, encore et toujours)

D’autre part, j’avais récemment testé l’idée de la coupe pour recevoir les pleurs donnée par Isabelle Filliozat dans « Il me cherche ! ».

Cette fois, j’ai décidé de mélanger les 2 idées :

Anatole ne cessait de pleurer, pour une raison dont je ne me souviens même plus…
Je me suis alors assise face à lui, ai fait une coupe avec mes mains, et lui ai dit :
« Tiens, pleure là-dedans ! »
Un peu interloqué tout d’abord, il m’a bien regardée, et j’ai répété mon message.
Il a pleuré encore, j’ai laissé ma coupe juste devant lui, puis je lui ai dit
« Quand tu auras fini de pleurer, tu me diras pour qu’on puisse jeter tout ça. »
Après un bref moment, il se calme et me dit, hésitant, qu’il a terminé.
« Ah, super, alors maintenant, on va jeter les pleurs, d’accord ?
– d’accord ! »
Je fais le geste de jeter ce qu’il y a dans ma coupe et commente : « Ah, je suis bien contente qu’on se soit débarrassé de ces pleurs ! »

Décidément, l’imaginaire pour les jeunes enfants, c’est vraiment magique !

Je l’avais testé il y a un bon moment avec Léon, qui fait alors 3 ans, je continuais régulièrement, et en ai reparlé quand il en avait 4, jusqu’à ce que ça devienne même une corde à son arc.

Cela marche maintenant bien également avec Anatole, 2 ans et demi, comme en attestait mon dernier article à ce sujet.

Je sais d’expérience que c’est une compétence moins utile avec les plus grands, mais je ne sais pas encore à quel âge ils basculent…

En tout cas, je ne résiste pas à l’envie de vous conter une anecdote récente, qui montre que ça fonctionne encore bien avec mon Léon de 5 ans !

Nous étions allés dans une aire de jeux avec une amie, et après y avoir passé un moment, nous sommes partis déjeuner. Après le repas, Léon me demande de retourner aux jeux. Seulement, il n’y a plus le temps avant la sieste de son frère… Bien sûr, je fais face à des pleurs… Mais je bascule vite :
« Tu avais vraiment envie de retourner aux jeux… Sur quoi tu jouerais si on pouvait y aller ?
– Sur le bateau… enfin, sous le bateau ! Tu sais il y a un trou dessous !
– Ah oui, c’est vrai qu’il est chouette le bateau ! »
Et voilà mon Léon qui s’éloigne, satisfait d’avoir été écouté…

Mon amie et moi nous regardons en riant : « Je continue à avoir du mal à y croire… ! »