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Le parent qui s’intéresse à la parentalité positive comprend vite que certaines de nos réactions n’aident pas nos enfants. Le problème réside dans le fait que parfois, ce sont des réactions impulsives.

Ainsi, la mère qui regrette la fessée qu’elle vient de mettre à son fils, le père qui regrette la réflexion humiliante qui vient de fuser.
Les parents ont beau aimer leurs enfants, ils sont régulièrement confrontés à leurs propres limites…

Qu’est-ce qui se joue dans ces moments-là ? Pourquoi ces réactions qui nous échappent ? C’est un des points soulevés par Isabelle Filliozat dans Il n’y a pas de parent parfait.

Réactions impulsives… la force de l’automatisme

En fait, ces réactions sont en général automatiques. Ce qui ne nous plait pas.
Penser que nous sommes le jeu de nos automatismes, que notre raison n’arrive pas à les contrôler, n’est pas agréable.
Et pourtant, que nous cherchions à le justifier ou non, il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et notre réaction ne correspond pas à nos principes.

Car, face à une situation donnée, le cerveau processe l’information et nous amène à réagir avant même que nous ayons vraiment eu le temps de « valider » notre réponse.
Et ce qui transforme cette impulsion en acte, bien souvent, c’est l’urgence.
Nous ne prenons pas le temps de prendre le recul nécessaire, et restons dans l’idée de la nécessité de la réponse immédiate.

Alors, nous faisons simplement appel à nos réflexes acquis.
Acquis par notre propre éducation, par le modèle que nous avons reçu.
Voilà comment nous reproduisons les comportements de nos parents !

Malheureusement, c’est ce qui, parfois, nous fait répondre avec plus d’agressivité que nous le voudrions…
C’est aussi ça, « dans la vraie vie », les difficultés de parent que nous vivons.

L’inscription dans le cerveau

Je sors ici du cadre du livre Il n’y a pas de parent parfait, parce que cette idée que nous sommes emportés par nos réflexes me fait penser à ce que j’ai pu lire dans Les lois naturelles de l’enfant, de Céline Alvarez.

Elle y explique en effet que nous naissons avec un cerveau pré-disposé à apprendre.
Que dans les premières années de notre vie, nos connexions neuronales se développent à un rythme ahurissant.
En effet, chaque expérience est un apprentissage en ceci qu’il génère une connexion dans notre cerveau.
Il s’opère ensuite un élagage, au cours duquel sont renforcées les connexions qui correspondent à des expériences répétées, alors que celles qui sont anecdotiques sont effacées.

Cela explique bien pourquoi le modèle parental, vu et revu, est bien mieux imprimé dans notre cerveau qu’un autre.
D’autant qu’il s’est parfois transformé également en croyances ancrées en nous : « je dois faire preuve d’autorité parentale », par exemple.
Il apparait alors logique que, lorsque nous réagissons dans l’urgence, ce soit celui-ci qui nous paraisse « naturel » plutôt qu’un autre ! C’est notre cerveau qui dicte…

Comment échapper à ces réactions impulsives ?

Malgré tout, il est possible de ne pas obéir à ces impulsions.
Après tout, on peut, dans une dispute, avoir l’impulsion de frapper quelqu’un, et se garder de le faire !

Même si nous n’y arrivons pas toujours, nous en sommes capables.
J’insiste : les parents peuvent changer leurs réactions automatiques.
Ils ne sont pas contraints à reproduire ce que faisaient leurs parents.

Et pour cela, deux points fondamentaux :

La prise de conscience

Pour changer notre réaction, il faut déjà avoir conscience de la nocivité de celle-ci.
Il y a tant de choses que je ne savais pas il y a quelques années, que j’ai changées depuis !!

Pourquoi remettre en question ce que l’on croit ?
Aujourd’hui, je fais partie des diffuseurs de ces idées, justement parce que je crois vraiment qu’un bon nombre de parents ne sont simplement pas informés.

Et cet apprentissage ne finira jamais, je crois : car les jeunes enfants entrent dans l’adolescence, parce que les relations entre parents et enfants ne sont pas les mêmes avec chacun..

Alors que chacun est théoriquement convaincu de l’interêt de maintenir une bonne relation parent-enfant, nous varions dans nos styles éducatifs en nous rattachant à nos idées de ce qu’est notre fonction parentale, surtout face à certains comportements des enfants.

Parfois, le simple fait de discuter, de faire un pas de côté, peut permettre d’évoluer dans ses principes… (nous l’avions déjà évoqué lors des 6 raisons pour ne pas taper son enfant).
Je crois donc fortement au fait d’accompagner les parents dans leur réflexion pour faciliter les prises de consciences.

Avoir des alternatives

Ensuite, si nous nous contentons d’être conscients sans développer d’option alternative, nous resterons au stade de la culpabilité.
Il s’agit plutôt de chercher à apprendre d’autres méthodes éducatives, qui nous permettront enfin d’adopter d’autres réactions.

Eduquer un enfant n’est pas simple, en soi.
Quand on hérite en plus de modèles parentaux plus ou moins empreints de violence, ça l’est encore plus.
(L’aide d’un psychanalyste peut s’avérer nécessaire s’il y a vraiment eu maltraitance)

Je crois pourtant qu’un parent responsable doit se pencher sur cette question accompagner ses enfants au mieux.

L’éducation positive prône la bienveillance, et l’accompagnement des enfants.
Le principe, c’est que les parents d’un enfant sont souvent sa figure d’attachement, et leur rôle est de soutenir l’enfant pour l’aider à grandir dans un climat affectif serein.

Alors bien sûr, on fait tous ce qu’on peut, comme on peut… et cela se sentira dans notre style parental.
Mais quand même… quand on sent que l’on bascule souvent dans des réactions impulsives, on peut par exemple décider de suivre un accompagnement parental, un coaching parental.. choisir la formule qui nous convient pour évoluer dans nos pratiques plus facilement ! Les structures de soutien à la parentalité se sont multipliées ces dernières années, plus de raison de se sentir seul.

(vous pouvez d’ailleurs faire un tour sur la page des formations des 6 doigts de la main)

Développer ses compétences parentales, ses habiletés, n’est pas forcément facile… mais c’est comme tout, ça s’apprend.
Et comme on n’a jamais vraiment fini, je continue de faire partie d’un groupe de parents !

Remarque : cette démarche ne concerne d’ailleurs pas que les parents. C’est également vrai pour les assistantes maternelles, pour le personnel en crèche, ou autre lieu d’accueil, pour les établissements scolaires, pour toute personne en fait qui a un rôle éducatif auprès d’un enfant ou d’un adolescent…

De l’impulsion à la compulsion

« Il s’agit d’une impulsion quand le geste violent est isolé. Il s’agit d’une compulsion quand le parent ne peut s’empêcher de frapper l’enfant pour un rien. » écrit Isabelle Filliozat.

Et en effet, dans le cas de la compulsion, le parent ou l’éducateur « n’arrive pas à contrôler ses gestes et/ou ses paroles ».
Car ses réactions ont été inconsciemment mises en places pour lui permettre d’échapper à l’angoisse.
L’angoisse de l’impuissance par exemple, auquel cas le parent peut utiliser l’abus de pouvoir pour retrouver une sensation de force.
L’origine de la compulsion est à rechercher dans l’enfance. Ce n’est pas une fatalité.

Ce cas est cependant traité plus loin dans le livre…

Avez-vous déjà identifié chez vous des réactions impulsives ?

–> pour se procurer « Il n’y a pas de parent parfait »

La grammaire des émotions est une formation de l’école Filliozat.

Lorsque j’ai décidé de d’accompagner les parents, je me suis demandé quelles formations existaient, et j’ai découvert l’EIREM, l’Ecole des Intelligences Relationnelle et Emotionnelle, créée par Isabelle Filliozat.

Je ne pouvais envisager de suivre leur formation de coach en vivant à Puerto Rico, mais je me suis d’office inscrite à une formation de 3 jours intitulée « La grammaire des émotions », que j’ai suivie en juin 2016.
(oui, j’ai mis beaucoup de temps à écrire cet article !)

Cette formation permet de mieux comprendre nos émotions, nos réactions, savoir si nos réactions peuvent être reçues, comment décoder celles des autres, ce que sont les réactions émotionnelles excessives, développer son savoir-faire relationnel.
Nul doute que cela m’aiderait dans mes relations aux autres parents, autant que pour moi-même !!

En préalable de ce stage, nous devions lire Que se passe-t-il en moi ? , et, si le thème vous intéresse, cela peut déjà vous en apprendre pas mal !

A posteriori, et si longtemps après, je peux surtout vous dire que cela m’aide en tant que maman : avant de pouvoir accompagner nos enfants, il faut d’abord se connaitre soi-même, il faut savoir s’écouter, se comprendre, et ce travail est également très difficile.

J’ai eu la chance de croiser Isabelle Filliozat au festival d’Autun en juillet 2017, et de lui en parler. J’avais apporté mon livret de formation de « la grammaire des émotions », et elle me l’a dédicacé d’un mot qui va dans ce sens, écrivant :

« A Coralie
Pour mieux écouter et surtout entendre nos enfants, nous avons besoin de faire de la place à l’intérieur de nous ! Apprendre à écouter l’enfant que nous étions, redécouvrir l’intensité de nos émotions, mesurer la complexité de nos sentiments d’enfant, tout cela nous permet d’être présent à ces êtres qui nous sont si chers, nos enfants !
Isabelle »

Mes articles ne remplaceront jamais les expériences de la formation, les échanges, la bienveillance du groupe qui nous a permis de vraiment vivre ce qui nous était expliqué à travers de différents exercices, de différentes « expérimentations émotionnelles »… mais il permettra de parcourir certaines des notions vues, et de s’en approcher.

La formation étant longue est riche, je vous partagerai ce que j’en ai retenu par bouts.

Libre à vous d’aller consulter les articles s’y rapportant !

1ère partie : Sensation, sentiment, émotion – quelle différence ?

Il règne souvent une grande confusion entre ces termes, qui désignent pourtant des concepts différents. Les distinguer n’est pas forcément nécessaire, mais je trouve ça intéressant. Et cette formation m’a appris à le faire.

Dans cet article spécifique, vous apprendrez donc à :

  • Faire la différence entre sensation, sentiment, et émotion
  • Identifier le lien entre sentiment et émotion
  • Comprendre les raisons d’être des émotions

Lien vers l’article : sensation, sentiment, émotion – quelle différence ?

2ème partie : les réactions émotionnelles parasites

Décoder les émotions n’est pas chose aisée. D’autant moins qu’une bonne partie de ces émotions, exprimées ou entendues, sont en fait des sentiments parasites.

Disproportionnées, ou même inappropriées, ces réactions nous déstabilisent.

Pour apprendre ce que sont ces sentiments parasites, d’où ils viennent, lire l’article s’y rapportant !

Lien vers l’article : les réactions émotionnelles parasites

3ème partie : De la blessure, au trauma, à la réparation

En attente de rédaction…

4ème partie : Dans la relation à l’autre

En attente de rédaction…

Si ce sujet vous intéresse, et que vous voulez en savoir plus sur toutes ces émotions, je vous suggère la lecture de Que se passe-t-il en moi ? d’Isabelle Filliozat

Ce titre n’est pas de moi, mais d’Isabelle Filliozat, dans Il n’y a pas de parent parfait.
Et elle enchaine en écrivant : « En fait, elles seraient de meilleures mères si elles ne cherchaient tant à être bonnes. »
Ah, la pression que nous nous mettons pour être des parents parfaits !

Seulement voilà, il semble que nous ne le répéterons jamais assez : la perfection n’existe pas.

Un jour, une prof de yoga, nous encourageant à nous détacher de la recherche de la perfection, nous faisait remarquer que nous ne cherchions la perfection que chez les humains, pas dans la nature.
Voyant un arbre qui était tout penché, elle notait que cet arbre, loin d’être parfait, était unique, et intéressant.
En ce sens, nous sommes tous uniques et intéressants !

Alors, qu’advient-il à la mère qui cherche à être parfaite ?

Toujours d’après Isabelle Filliozat : « La peur de passer pour une mauvaise mère, un mauvais père, mène à nombre de sacrifices qui ne font qu’engendrer une rancoeur pus ou moins inconsciente envers les enfants. »

En effet, notre image de ce que nous voulons être est assez claire. Dans notre esprit, nous sommes clames et patients, et nos enfants sont heureux d’être avec nous. Nous nous imaginons… une activité tranquille, avec un verre d’orangeade, puis un rangement de l’activité dans l’allégresse ! Seulement, dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça.

Entre cette image idyllique de nous-mêmes en tant que parents, et ce que nous arrivons effectivement à faire, la différence est telle qu’il n’existe que deux possibilités :

Donc, si nous cherchons trop la perfection, nous n’aurons d’autre choix que le second, et penser que nos enfants nous empêchent de l’atteindre, cette perfection. Ce qui signifie que, consciemment ou non, nous développerons une rancoeur à leur égard !

Notre expression de cette rancoeur risque alors de passer par la culpabilisation de l’enfant : « Je t’avais bien dit que… Tu vois bien… », culpabilisation qui a pour but inavoué d’éviter de nous culpabiliser nous-mêmes.

Finalement, la mère qui ne peut s’ouvrir à l’imperfection peut tomber dans le piège de justifier ces écarts de conduite en les qualifiant d’éducatifs, afin d’éviter de faire face à ses propres failles.

Avouer notre incompétence

Si l’on veut progresser, nous en avions déjà parlé la première fois que nous avions évoqué la notion de culpabilité, il faut d’abord être conscient de ce que l’on ne sait pas.

Ainsi, avouer notre incompétence est le premier pas. Celui qui peut nous permettre de faire les autres.

C’est lorsque nous accepterons notre imperfection que nous pourrons nous mettre en position d’apprentissage. Que nous pourrons développer des compétences parentales autres que celles que nous avons héritées.

Après tout, pourquoi tant de mères se préparent-elles à l’accouchement, et non à l’éducation ?

Etre parent est difficile. Ce n’est pas honteux de l’admettre, de se faire aider.

Ecouter notre fatigue, qui nous empêche physiquement de faire au mieux.

Prendre soin de nos besoins, pour mieux prendre soin de nos enfants.

Notre société n’encourage pas aux aveux de faiblesse, aux échanges. Si vous le pouvez, le mieux serait de vous trouver un compagnon d’empathie, un avec lequel vous pouvez partager vos difficultés, réfléchir à des solutions, à des méthodes éducatives plus conscientes. En regardant vers le futur, sans s’appesantir sur les ratés, sans culpabilité.

Se montrer plus tolérant envers soi-même ?

Le coeur de la difficulté est là : la culpabilité ! 

Nous culpabilisons lorsque nous dérapons. Beaucoup. Et cela ne nous aide pas, au contraire.
Faudrait-il donc être plus tolérants envers nos écarts de conduite ?

Isabelle Filliozat écrit : « Je préfère militer pour remplacer la tolérance par un vrai respect de soi. C’est-à-dire, sans tolérance aucune, regarder ses comportements excessifs comme tels, mais sans jugement sur sa personne. »
Sommes-nous capables de cela ? Sans jugement.

La CNV nous enseigne que nous avons tous des raisons d’agir de telle ou telle manière. Ce que nous ressentons est un indice d’un besoin. Ce que nous acceptons également.

Et si nous sortions du jugement pour essayer de mieux nous écouter. Nous observer et chercher à avancer, en pleine conscience de nos choix, sans ni tolérer ou excuser nos comportements excessifs, mais sans rester bloqués par notre sentiment de culpabilité pour autant. C’est à ce prix que nous parviendrons peut-être à identifier les raisons de nos comportements, et que nous pourrons alors nous en libérer pour mieux choisir nos comportements futurs.

Et vous, tombez-vous facilement dans la culpabilité ?

Il règne souvent une grande confusion entre ces termes, qui désignent pourtant des concepts différents. Il y a bien une différence entre sentiment et émotion, entre sensation et sentiment ! 

Certes, il s’agit de recevoir tant les émotions que les sentiments, mais cela reste intéressant de savoir de quoi l’on parle. Surtout dans un contexte dans lequel l’intelligence émotionnelle est de plus en plus considérée et encouragée.

Je vais donc vous parler ici des émotions primaires, de ce qui provoque les émotions, de comment reconnaitre les sentiments, de sensations corporelles, etc…

Note : Cet article est le premier de ma série d’extraits de « La grammaire des émotions« , formation de l’école d’Isabelle Filliozat (EIREM) .
(Ces explications ne remplaceront pas les expériences émotionnelles vécues pendant le stage, mais à défaut, elles permettent d’en approcher l’aspect informationnel.)

Sensation

Commençons par le plus simple : une sensation est quelque chose que l’on ressent physiquement : le coeur qui bat, la gorge nouée, les larmes aux yeux, les mains moites, les tremblements…

Ces sensations sont des informations, et notre corps ne ment pas. La question est de savoir si nous sommes à l’écoute de ces sensations.
(Je me souviens de mes premières séances de méditation guidées. Je ne savais pas dire ce que je sentais, et j’ai d’ailleurs toujours du mal à le faire !)

Dans notre vie, nous ressentons des tas de sensations qui ne sont pas liées aux émotions !
Par exemple, quand je cours, j’ai le souffle court et j’ai chaud, pas vous ?

Mais il y a également des sensations qui sont réellement les réactions physiologiques déclenchées par des émotions, et elles ont été étudiées.
Je vous les retranscris un peu plus bas, après vous avoir expliqué ce que sont les émotions…

Emotion

Une raison d’être

L’émotion a une fonction. Une vraie fonction bio-régulatrice.
Il n’y a pas d’émotion positive et d’émotion négative ; il y a une réaction émotionnelle à une situation.

Voyons comment elle fonctionne, afin que vous puissiez décoder tout le processus émotionnel.

Les différentes phases d’une émotion

Une émotion (é – extérieur + motion – mouvement : un mouvement vers l’extérieur) est une réponse brève à un stimulus extérieur. Elle ne dure pas plus de 2 minutes.

La situation dans laquelle nous sommes joue le rôle de déclencheur, ou de stimuli, et notre corps libère des hormones qui correspondent à cette situation : c’est la charge.

Ces hormones dépendent de l’émotion, car a une raison d’être, une fonction bio-régulatrice, pour permettre une réaction spécifique.

Alors, notre corps se prépare à réagir, se mobilise, c’est la tension.

Enfin, une fois le danger écarté, ou la situation (ce qui a déclenché l’émotion) solutionnée,  le corps a besoin de revenir au calme : c’est le moment où l’émotion doit être exprimée, sortie, c’est la décharge.

Comme la décharge est l’expression de l’émotion, c’est la seule partie qui se voit. On a donc parfois tendance à confondre l’émotion avec sa seule décharge.
Or, la décharge, surtout chez les enfants qui n’ont pas encore développé leurs capacités d’auto-régulation, est parfois désagréable à entendre.
Voilà pourquoi certains parents ne laissent pas les enfants exprimer leur émotion.
Voilà pourquoi certains parlent encore de « contrôler les émotions », avec l’idée en fait de les refouler.

Seulement, le fait d’interdir cette décharge n’éliminera pas l’émotion elle-même dans ses premières phases : la charge et la tension.
Si la décharge n’a pas lieu, le corps reste en tension, et sous stress, ce qui aura probablement des conséquences plus néfastes !

L’expression des émotions n’est pas nécessairement inappropriée, et elle aide à se remettre de ces émotions…

Note : parfois, les émotions ne sont pas réellement cohérentes avec la situation. Ou que l’intensité de l’émotion soit disproportionnées.
Ce sont dans ce cas des réactions émotionnelles parasites, des émotions complexes pour lesquelles je vous invite à lire l’article spécifique.

Un nombre limité d’émotions

Les émotions désignant bien ces signaux d’alarme brefs, et nécessaires, elles ne sont en fait pas nombreuses.

En fonction de la littérature, le nombre de ces émotions varient, mais les variations en sont limitées.

En fait, on retrouve toujours les émotions « de base », ou émotions fondamentales :

  • la joie
  • la tristesse
  • la colère
  • la peur

auxquelles, selon les auteurs, on peut ajouter tout ou partie des émotions suivantes :

  • le dégout
  • la honte
  • l’amour
  • la surprise

(Dans la liste de la formation de « la grammaire des émotions » de l’EIREM, donc selon Isabelle Filliozat, seule la surprise ne figure pas, car elle n’a pas besoin d’être suivie par une décharge. Je ne me permettrai pas de donner pas mon point de vue sur ce détail, qui me dépasse encore…)

On pourrait croire que ce nombre limité permet de facilement reconnaitre ses émotions, mais ce n’est pas si facile… car il arrive aussi que plusieurs émotions se mélangent !

Enfin, comme nous allons le voir, les émotions peuvent également évoluer en sentiments.

Sentiment

Question de durée

Le sentiment s’installe plus dans la durée. Il n’est pas dépendant d’un stimulus extérieur, d’une situation précise.

On peut ainsi se sentir confus, tendu, désorienté, léger, embarrassé, jaloux, enthousiaste… Le sentiment peut être simple ou complexe (un mélange d’autres sentiments, ou découlant du refoulement d’une émotion), et sa durée peut varier du tout au tout. (Toute la vie parfois !)

Reconnaitre ses sentiments

Bien sûr, une fois qu’on a dit ça, on comprend mieux qu’il est plus difficile de mettre des mots sur nos sentiments.

Nommer une émotion est une chose, nommer un sentiment est plus subtil.

Cela demande en fait un certain entrainement, et je ne peux dire ça sans évoquer la possibilité d’une vraie démarche d’auto-empathie

Note : si vous sentez, comme moi, que nommer vos sentiments peut vous aider, vous pouvez vous procurer mes cartes sentiments, et mener les activités proposées autour du vocabulaire émotionnel avec vos enfants.

Sentiments mêlés

Attention : L’une des choses que l’on apprend en CNV – et vous le verrez dans le livre de Marshall Rosenberg, Les mots sont des fenêtres – est que certains termes que nous prenons pour des sentiments, parce que nous avons pris l’habitude de les exprimer en commençant par « je me sens », sont en fait des sentiments mêlés, c’est à dire qu’au lieu de simplement décrire comment nous nous sentons, nous y cachons un jugement, ou une interprétation de la volonté de l’autre.
Ainsi : je me sens « abandonné » (= Tu m’abandonnes), je me sens « incompris » (= Tu ne me comprends pas), je me sens agressé… ne sont pas des sentiments !!

Les émotions peuvent aussi être des sentiments

Je vous entends d’ici : « Mais je peux aussi me sentir triste sur une plus longue durée ! ».

En effet, les émotions peuvent aussi être à la source de sentiments. Ou plutôt le sentiment peut-être lié aux émotions, en étant un prolongement de l’émotion.

Je crois que l’exemple qui l’illustre le mieux est celui de l’amour : nous pouvons ressentir de l’amour (sentiment), en continu – ou presque ! – pour notre conjoint. Mais, au moment précis où celui-ci nous regarde dans les yeux, en nous disant « je t’aime », la chaleur que nous ressentons est le signe de l’émotion d’amour ! Elle est bien différente ! Et cette émotion, en effet, est brève…

Le lien entre émotion et sensations

Lorsqu’une émotion envahit notre corps, celui-ci réagit, et nous avons alors des sensations qui y sont liées.
Des études ont été menées pour faire le lien entre ces sensations et les émotions.

Connaitre le lien entre les deux peut nous aider à mieux comprendre nos émotions, en écoutant notre corps (comme si c’était facile…).

Les sensations habituelles liées aux émotions

Les voici, telles que décrites dans la formation de la EIREM.

Peur : accélération cardiaque, sensation de froid, chair de poule, mains moites, pâleur…
Colère : accélération cardiaque, sensation de chaleur, poings serrés, tensions dans la mâchoire, sourcils froncés…
Tristesse : baisse du rythme cardiaque, baisse de l’énergie, pleurs
Amour : chaleur dans la poitrine, détente dans tous les corps, rosissement du visage…
Joie : respiration ample, élan dans tout le corps, envie de sauter, pleurs !
Dégoût : lèvre supérieure retroussée, nez plissé, nausée…
Honte : chaleur, augmentation rythme cardiaque, yeux baissés…

Reconnaitre les émotions par leurs manifestations

Vivre nos émotions, c’est forcément en sentir les effets.
Comme quand je sens mes joues rouges au moment où je fais face à ma peur.

Non seulement ces manifestations peuvent être des indices pour nous (plutôt que de me raconter que je n’ai pas peur), mais cela donne un signal aux autres.
C’est une manière qu’a mon corps d’extérioriser mes émotions.

Et c’est vrai dans l’autre sens : parfois, c’est l’expression faciale de l’autre qui m’informe d’une émotion qu’il aurait plutôt essayé cacher…

Les raisons fonctionnelles de nos émotions

Comme écrit plus haut, chaque émotion a sa raison d’être. Elle a une fonction bio-régulatrice.
Avancer dans la compréhension des émotions, c’est aussi voir ce qui peut se cacher derrière.

Finalement, c’est cette fonction de l’émotion qui explique le concept même d’émotion !

Quand et pourquoi ressent-on des émotions ?

Reprenons encore une fois la liste des émotions, et voyons quand elles peuvent intervenir, et pourquoi elles sont là.

Peur
quand : danger
fonction : assurer sa protection

Colère
Quand : frustration, blessure, un peu d’injustice
fonction : restaurer son intégrité, établir ses limites, restaurer la relation

Tristesse
Quand : séparation, perte
Fonction : accepter, faire le deuil

Joie
Quand : rencontre, succès, liberté
Fonction : réunir, favoriser l’apprentissage, donner sens à la vie

Dégoût
Quand : injustice, viol
Fonction : restaurer la justice, avoir conscience de ses valeurs, rejeter – se purifier

Amour
Quand : intimité
Fonction : se sentir relié, nourrir l’attachement

Honte
Quand : humiliation, rejet
Fonction : éviter de blesser autrui, être accepté dans le groupe social

Ce que ces raisons m’apprennent

J’aime penser que cette liste m’aide à mieux comprendre mes émtoions.

Ce qui est sûr, c’est qu’elle m’aide à intégrer l’idée que les émotions ont une vraie raison d’être.
Je comprends donc mieux que lorsqu’on ressent des émotions, l’idée n’est pas de les contenir ou de les refouler, mais bien de les entendre.
Cela ne signifie pas forcément qu’il va falloir verbaliser nos émotions, mais au moins, si on veut pouvoir réguler ce qui se passe en nous, on peut commencer par les reconnaitre. Et cela demande de vraies compétences émotionnelles.

Si ce sujet vous intéresse, et que vous voulez en savoir plus sur toutes ces émotions, je vous suggère

L’interêt de faire la différence entre émotion et sentiment

Au delà de l’aspect satisfaisant (pour moi en tout cas) de savoir de quoi l’on parle, on peut se poser la question de la pertinence ou du moins de l’interêt de savoir distinguer émotion, sensation, et sentiment…

Accueillir

Partons de ce dont on parle le plus en éducation positive : l’accueil des émotions.

Le principe d’accueil et d’écoute, que j’ai découvert d’abord en lisant Faber et Mazlish, est valable aussi bien pour les émotions que pour les sentiments.
Nul besoin de faire la distinction pour se mettre à l’écoute de ce qui est vivant chez l’autre.

En Communication NonViolente, cette distinction n’est d’ailleurs pas faite non plus – toute émotion ou sentiment étant considéré comme l’indice d’un besoin nourri ou non nourri.
J’ai même assisté à un séminaire animé par Thomas d’Ansembourg où la question lui était posée, et visiblement, la différence n’était pas claire pour lui.

Le temps de pause

Là où cette différence peut cependant nous aider dans notre démarche, c’est dans l’approche de la décharge de l’émotion.

Quand on comprend que les comportements liés à l’émotion ne sont pas l’émotion elle-même, on peut alors s’intéresser à d’autres expressions émotionnelles.

Ce que beaucoup appellent « gérer ses émotions ». Oui, la « gestion » des émotions concerne réellement les émotions, pas les sentiments.
Celles qui arrivent suite à un stimulus, et qui ne sont pas là pour durer.

C’est une bonne nouvelle : ça veut dire que, à défaut d’autre chose, le temps au moins permettra d’apaiser les choses.
D’où l’importance du temps de pause quand on se sent débordé.

Et ça, en tant que parent, ça me semble bien utile de l’avoir compris, tant pour nos propres émotions que pour celles de nos enfants !

Cet été, j’ai eu cette opportunité extraordinaire de passer 3 jours à Autun, en Bourgogne, pour assister au festival : Les Rendez-vous de Juillet 2017, un festival de journalistes, proposant des tas de thèmes passionnants !

Révolutions dans l’éducation

Le thème qui m’avait attirée là : “Révolutions dans l’éducation”.
C’est assez ironique d’ailleurs, parce que j’en avais entendu parler des mois avant, avec l’annonce d’une intervention de Catherine Gueguen, et finalement, entre le moment où je m’étais acheté mon pass de 3 jours (dans l’ignorance du programme précis à l’époque), et le moment de la programmation, son nom avait disparu de la liste ! Je n’ai jamais su pourquoi…

Cependant, il restait, sur ce thème, comme intervenantes principales :
Céline Alvarez – Les lois naturelles de l’enfant
Eline Snel – Calme et tranquille comme une grenouille
Isabelle Filliozat – Parentalité positive

Je ne regrette pas de m’être rendue à Autun pour cette occasion !! Le programme de “Révolutions dans l’éducation” était : ces 3 conférences, dans cet ordre, à 2 reprises (le vendredi matin, et le dimanche matin) ; et la projection d’un documentaire sur le décrochage scolaire, suivie d’une discussion avec sa réalisatrice.

J’ai donc assisté aux trois conférences le vendredi, (avec ma complice Gwen, du blog Petit bout par petit bout) puis suis retournée voir Céline Alvarez le dimanche.
J’ai évidemment pris quantité de notes, d’où je sors mes comptes-rendus !

Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence de Céline Alvarez
Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence d’Eline Snel
compte-rendu de la conférence d’Isabelle Filliozat encore en préparation

Quant à la projection, elle s’intitulait “Décrochage”.
Il s’agit d’un documentaire réalisé par Virginie Saclier, suite au décrochage scolaire de son fils en 4eme.
Le documentaire présente ce qu’est le décrochage, et montre quelques initiatives cherchant à lutter contre celui-ci. En parrallèle, il donne la parole à plusieurs enfants concernés par ce décrochage (dont le fils de la réalisatrice), quasiment tous au niveau collège. Ces enfants nous partagent leur hisoire, leur vécu, leurs ressentis, et c’est poignant.
On touche du doigt le cercle vicieux dans lequel ces enfants tombent :
Face à l’échec, ils ne croient plus en eux-mêmes, et les professeurs, vidés, les abandonnent.
C’est alors l’entrée dans la spirale : de plus en plus de provocation, ils n’essayent plus d’apprendre.

Ca fait mal au coeur, et donne vraiment envie de précipiter cette révolution de l’éducation !!

En dehors de ce thème, j’ai également assisté à la projection de
« Et les mistral gagnants » réalisé par Anne-Dauphine Julliand
J’avais déjà eu l’occasion de lire ses livres

livres autobiographiques qui racontent la vie de sa famille face à la maladie de leur petite fille, que j’ai trouvés tellement touchants… et dont on cite souvent cette phrase :
“Puisque je ne pouvais rajouter des jours à sa vie, j’allais ajouter de la vie à ses jours.” 

Ce documentaire suit quelques enfants malades dans leur quotidien, avec le parti pris de les montrer tels qu’ils le vivent, avec leur joie et leur bonheur malgré tout.
Anne-Dauphine Julliand, qui a ensuite répondu aux questions est incroyablement douce, elle semble simple et accessible.
Cette projection a vraiment été un beau moment.

Ils changent le travail

Et puis, lorsque le thème de l’éducation était en pause, j’en ai profité pour piocher dans le thème “Ils changent le travail », qui présente de grands principes communs avec l’éducation positive !
Car les principes que nous cherchons à appliquer avec nos enfants peuvent également se mettre en place avec des adultes, et c’est ce que certaines entreprises essayent de faire. On les appelle les « entreprises libérées », ce que j’ai appris à Autun !

C’était vraiment inspirant de voir que certains croient en tous ces principes, à encore plus grande échelle, cherchant à les mettre en place directement dans le monde professionnel, avec des adultes ! Comme quoi, il n’est jamais trop tard !
J’ai ainsi assisté à un entretien, et à une projection – débat.

L’entretien, mené de main de maître, permettait à Bertrand Ballerina, directeur des relations solciales de Michelin, de parler de ce qu’il avait réussi à mettre en place dans certaines usines du groupe, dans lesquelles le personnel avait été responsabilisé, dans lesquelles le fonctionnement avait énormément évolué, et l’atmosphère modifiée !

Dans les premières phases du développement du projet, Bertrand Ballerina a cherché une manière de communiquer ce qu’il avait en tête, tant au niveau du management que des ouvriers.

Un jour, il a entendu parler d’un orchestre, Les Dissonances, créé par David Grimal, violoniste : un orchestre qui a ça de particulier qu’il n’a pas de chef d’orchestre !!

Une journée a été organisée chez Michelin, au cours de laquelle Les Dissonances sont venues jouer, après quoi les musiciens ont échangé avec les employés du groupe, autour de tables rondes. L’occasion de découvrir un nouveau modèle, une autre façon de faire !

Enfin, le dimanche, avant de partir d’aucun, j’ai assisté à une projection de Le bonheur au travail, documentaire de Martin Meissonnier sur les entreprises “libérées”, qui mettent l’homme au centre de la production.

Je vous encourage à le voir. Voir comment certaines entreprises ont réussi à effectivement mettre l’homme au centre. Voir comment la responsabilisation des employés change l’ambiance de l’entreprise. Voir ce qu’il est possible d’atteindre lorsque l’on accepte de modifier le modèle reçu, voir les difficultés auxquelles on peut se heurter, l’incompréhension de l’entourage, les craintes.

Après la projection, un débat, avec pour principal répondant Laurent Ledoux, qui a commencé à transformer ainsi le ministère belge des transports. Ses difficultés, ses réussites.

Peut-on faire changer le monde en s’attaquant également au marché du travail ?

Oui, le monde peut changer ! Et ceux qui y croient, heureusement, sont de plus en plus nombreux, même s’ils restent minoritaires…

« Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ou exagérons-nous leur faute pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? »

Cette phrase, issue du livre d’Isabelle Filliozat : Il n’y a pas de parent parfait m’a vraiment laissée songeuse…

Car, c’est certain, face à nos enfants, nous avons une forte tendance à la dramatisation.

L’un de nos amis renverse son verre de vin pendant le dîner, et nous le rassurons : « Ce n’est pas grave ! ». Si nous-mêmes renversons quelque chose, ma foi, ça arrive… Lorsque c’est le fils de notre copine, bon, il est petit, on est encore maladroit à cet âge… Mais si c’est notre enfant, alors on réagira, parce que franchement, il pourrait faire attention !!

Pourquoi est-ce le seul à ne pas avoir le bénéfice de notre tolérance ?

Son verre renversé sera la déclencheur de notre colère, et nous aurons face à lui un comportement probablement démesuré !

Cet été, alors que nous devions préparer les valises en prévision d’un changement d’endroit, j’avais du mal à mobiliser tous les enfants. Etrangement, ils étaient plus intéressés par l’idée de jouer aux legos que de mettre leurs vêtements dans la valise, et de vérifier que rien ne trainait sur les lits….

Ma frustration montait donc, jusqu’au moment où je me suis disputée avec mon grand. Et, avant de prendre le recul nécessaire pour l’analyser, j’étais persuadée qu’il avait exagéré ! Que, certes, je ne devrais pas m’énerver, mais qu’en même temps, il avait vraiment laissé traîner ses chaussures !!

Un moment plus tard, j’ai bien compris que laisser traîner ses chaussures n’était probablement pas si répréhensible… Que dans le fond, j’étais moi-même stressée par une situation qui n’avait rien à voir avec les enfants, et que je sortais mon stress en m’en prenant à lui !

Je tombais donc complètement dans ce qu’écrivait Isabelle Filliozat : « Exagérons-nous leurs fautes pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? ». Oui ! Complètement !

Alors, la question se pose : pourquoi se l’autorise-t-on ?

En fait, je pense que c’est lié à cette notion de figure d’attachement. Vous savez : l’enfant est en sécurité avec sa figure d’attachement, qui ne le rejettera pas. Il peut donc exprimer son stress en toute liberté. Et cela explique pourquoi les petits pleurent lorsqu’on les retrouve, alors qu’ils se comportaient « si bien » avec la personne qui les gardait !

Eh bien, je pense que c’est également valable dans l’autre sens ! Nous sommes en sécurité face à nos enfants.. ainsi, nous pouvons exprimer notre stress, nous en prendre à eux, et ils ne nous rejetteront pas.

Oui, nos enfants sont ce que nous avons de plus cher au monde, mais ils sont également ceux qui subissent nos plus grosses colères !! Paradoxal ? Un peu…

Je reprends encore, parce que je crois que ces phrases valent la peine d’être réfléchies : « Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse. » 

C’est bien cela. On ne choisit en général pas consciemment de se mettre à crier. Cela nous dépasse. Et en général, cela « dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. »

Alors, ai-je la solution ? Non. Au fur et à mesure du chemin, de l’analyse, de la maîtrise d’outils de parentalité positive, les colères diminuent, les cris décroissent, et l’harmonie se développe. Mais je sais qu’il y aura encore et toujours des moments ainsi. Ou cela nous dépasse.

En revanche, je m’engage à me poser explicitement cette question, lorsque cela m’arrive : « Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ou exagérons-nous leur faute pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? » et être honnête avec moi-même.

Au besoin, savoir revenir vers l’enfant, comme je l’ai fait cet été, pour partager cette réponse avec lui : « Je suis désolée de l’intensité de ma réaction. En fait, c’est difficile pour moi en ce moment parce que… (on explique ou pas, en fonction des faits, et de l’âge, moi, à ce moment-là, j’avais choisi de l’expliquer à mon fils de presque 15 ans), et ça n’avait rien à voir avec toi. »

Parce que nos enfants apprennent par l’exemple. C’est le mieux qu’on puisse leur offrir.

Note : cet article existe également en version podcast, si vous voulez l’écouter en déplacement….

Les neurosciences sont formelles : laisser pleurer un enfant le met en situation de stress, et ce n’est pas bon pour son cerveau.
Pour autant, nous voudrions que notre enfant puisse apprendre à faire face à la vie, peu à peu sans notre aide. Comment trouver le bon équilibre ?

Nous sommes en vacances, en pleine visite de ville avec des amis.
Nos plus jeunes sont contents d’être ensemble, ils courent devant.
Mais… aïe ! La fille de nos amis (3 ans) n’a pas vu le trou, elle trébuche… et pleure.
Son père la prend dans ses bras, et, à ma surprise, la garde dans les bras jusqu’à ce que nous arrivions à la station de métro, quelques minutes plus tard.

Le lendemain, avec les mêmes amis, nous montons admirer une église au sommet de la colline. Encore une fois, les enfants courent devant… et la petite trébuche encore ! Elle se met à pleurer, se retournant vers son père… qui la prend immédiatement dans ses bras, et, de nouveau, la porte pendant plusieurs minutes sur la suite du chemin.

La présence de son père rassure cette petite fille, c’est évident.

Pourtant, cette scène me soulève des interrogations :
La ligne est fine entre être là pour son enfant, et être trop là pour son enfant !

Vous me connaissez, je ne vais certainement pas dire qu’il faut faire semblant de rien quand cette petite fille pleure, ou lui dire “ce n’est rien !”. Non, il n’est pas question de nier son ressenti. Je crois pourtant qu’elle aurait peut-être seulement eu besoin d’un regard, d’une phrase “Mince, tu es tombée !”, et qu’elle serait repartie avec enthousiasme.

En la prenant systématiquement dans les bras, je me demande dans quelle mesure elle ne pourrait pas interpréter l’aide de son père comme “Je ne peux pas me relever seule. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin de mes parents.”

Par nos attitudes et nos réactions, nous passons à chaque fois un message implicite à nos enfants. M’interroger sur le message est une des méthodes qui m’aide le plus à avancer vers la parentalité que je souhaite. Parce que pour aller dans la bonne direction, il s’agit d’abord d’être conscient de ce que l’on cherche à faire passer.

Cet épisode est l’occasion d’une discussion passionnante (comme toujours) avec la mère de cette petite fille, une amie.
Nous sommes d’accord que la ligne est fine….

Consoler son enfant, ne pas le laisser pleurer seul, et en même temps ne pas lui passer un message d’incapacité, lui donner confiance en sa propre force, en son aptitude pour se relever et continuer ! Quel exercice difficile !

Cette histoire s’est déroulée il y a des mois.
Elle me revient en mémoire à la lecture de Il n’y a pas de parent parfait, d’Isabelle Filliozat.

En effet, l’auteure y parle d’une maman qui “se plaint de ne pas arriver à consoler sa fille de dix-huit mois quand elle pleure.” L’observation des interactions entre la maman et sa fille montre en fait que la petite fille se console très vite, puis se remet à pleurer, encore dans les bras de sa maman. “En fait, écrit Isabelle Filliozat, pour l’observateur extérieur, il est évident qu’elle garde tout simplement sa fille trop longtemps dans ses bras.”

Voulant être une bonne mère, elle répond au schéma qui veut que la bonne mère prend son enfant dans ses bras quand il pleure, et, en retour, sa fille se retrouve “prisonnière de sa fidélité envers sa maman.” Alors qu’à 18 mois, “elle n’a besoin que d’un petit câlin de réconfort.”

La maman met alors ce nouveau conseil en pratique, ne gardant sa fille contre son épaule que quelques instants, puis la tournant vers l’extérieur dès que les pleurs commencent à se calmer. La petite fille est alors ravie de reprendre son jeu.

On parlait de ligne fine… c’est délicat, n’est-ce pas ?
Essayer d’être un “bon parent”, sans oublier de laisser l’enfant trouver sa propre place…

Et vous, avez-vous l’impression de bien identifier le moment où les bras ne sont plus utiles ?

Dans un couple, il y a régulièrement des conflits quant à la discipline à mettre en oeuvre face aux enfants.

Depuis que j’accompagne des parents our le chemin de la parentalité positive, qui demande de remettre pas mal de nos idées reçues en question, j’ai vu bien des cas où les parents ne sont pas en ligne. Evidemment, cela complique d’autant plus la mise en place d’un mode alternatif.

S’il est vrai qu’il n’est pas nécessaire que les parents soient toujours en ligne et « fassent front » face aux enfants, comme on avait tendance à le dire avant, il n’en reste pas moins qu’un parent qui cherche à changer ses façons de faire aura particulièrement de mal à le faire s’il avance seul, voire à contre-courant de son partenaire !

Malheureusement, il n’est pas rare de voir un des parents s’accrocher à des méthodes disciplinaires qui ont « fait leurs preuves » (leurs preuves qu’elles ne marchaient pas, en fait…), et imposer ce qu’il pense savoir. Tandis que l’autre, qui touche du doigt un autre modèle, doute. Et le doute ne permet pas d’imposer.

On touche à une certaine relation de pouvoir dans le couple, cette fois : qui peut imposer son mode de fonctionnement à l’autre ?

Dans Il n’y a pas de parent parfait, Isabelle Filliozat soulève un paradoxe qui me semble particulièrement intéressant : elle observe que c’est souvent le parent le plus présent auprès de l’enfant qui remet les schémas reçus en question. Parce que ses principes se heurtent à la réalité. Parce qu’en faisant vraiment face à l’enfant, il ne peut ignorer ses réactions, son état émotionnel. « Mais, hélas, c’est fréquemment l’autre qui a le pouvoir dans le couple. Parce que c’est lui qui travaille à l’extérieur et ramène l’argent. » écrit Isabelle Filliozat. Si c’est un peu caricatural, ce cas de figure reste cependant fréquent dans notre société qui reste encore très patriarcale…

Nous arrivons donc bien devant un paradoxe : le parent absent sait comment les enfants s’éduquent en théorie, alors que le parent présent doute, et a du mal à imposer son point de vue. 

Face à ce constat, que peut-on faire ?

  • De la communication ! Au fur et à mesure que nous avançons sur notre chemin, partageons nos doutes et nos interrogations. Chez nous, lorsque j’ai pris conscience du tournant éducatif que j’étais en train de prendre, j’ai compris que j’avais besoin d’être accompagnée et soutenue dans cette démarche. Nous avons alors mis en place, Nicolas et moi, des « réunions éducation » hebdomadaires, pour que je lui parle de mes dernières lectures, et de comment elles s’appliquaient à nos enfants.
  • Exprimer notre demande d’aide : Quand on cherche à être sévère face à un enfant, on demande le soutien de l’autre, afin qu’il ne « sape » pas notre autorité. Essayons de faire de même quand on cherche à se connecter à son enfant : demandons de ne pas être interrompus, pour ne pas nuire à ce processus.
  • Amener l’autre à se heurter à la réalité : en le laissant en charge. S’occuper des enfants est beaucoup plus éprouvant que ce que ceux qui le font peu peuvent penser. Je ne dis pas que travailler dans un bureau n’est pas fatigant. Mais c’est émotionnellement beaucoup moins dense. Si le moins présent des parents pouvait passer une semaine seul en charge des enfants, il est fort probable que ses principes seraient ébranlés…
  • Observer des situations qui ne sont pas les nôtres. Lorsque nous sommes impliqués, il est toujours très difficile d’être objectif. Si nous saisissons les opportunités de la vie quotidienne pour observer les autres familles, nul doute que nous trouverons de quoi illustrer nos propos sans mettre en cause l’autre parent. C’est parfois beaucoup plus facile d’avoir un point de vue extérieur, et on peut en tirer un bon enseignement !
  • Enfin, enseigner par l’exemple. J’ai vu des cas où le parent réticent à lire ou même à écouter est amené à changer malgré tout en constatant le changement de dynamique dans la relation des enfants à son conjoint. La difficulté de cette méthode réside dans le fait que cela nécessite d’être fort, de croire suffisamment en soi pour suivre notre chemin, indépendamment de l’autre, en espérant qu’il évolue peu à peu. Pas facile…

Quoi qu’il en soit, et même si l’idéal est bien sûr d’avancer à deux, restez persuadé(e) qu’il vaut mieux pour l’enfant avoir un parent qui l’écoute, plutôt qu’aucun…

Et puis, pour compléter votre approche, je propose une formation :

👉🏻 comment parler sereinement des désaccords éducatifs dans le couple ?

Lors d’un de mes récents ateliers, l’une des mamans parle du fait qu’elle brosse encore les cheveux de sa fille de 13 ans tous les matins…
Nous poussons un peu l’analyse de la situation :
« Pourquoi la coiffes-tu toi-même ?
– Parce que sinon, j’ai beau le lui rappeler, elle ne le fait pas !
– Et quel est le problème si elle ne le fait  pas ?
– Elle aura les cheveux tout ébouriffés pour aller à l’école !!
– Et quel est le problème d’avoir les cheveux tout ébouriffés ?
– … Les autres vont penser que je suis une mauvaise mère… »

Ainsi, cette mère craint le jugement des autres sur sa fille, non pour ce que cela impliquerait pour sa fille, mais bien pour ce que cela impliquerait sur elle-même.

Au travers du jugement de nos enfants, nous nous sentons jugés en tant que parent…

Réfléchissons : si ma voisine sort avec des cheveux non brossés (aie, l’exemple est mauvais pour moi, parce que mes voisines ont en général les cheveux brossés, c’est moi qui ne les ai pas !! Qu’importe…), je ne me sentirai pas jugée comme mauvaise voisine. Non, parce que ma voisine et moi sommes deux personnes différentes, elle fait ses choix, je fais les miens. (En l’occurence, en général, celui de ne pas me brosser les cheveux, mais encore une fois, restons centrés sur la question.)

Pourquoi est-ce différent lorsque c’est un enfant ? Parce qu’on devrait avoir une influence sur eux, plus que sur la voisine ? C’est possible. On en a d’ailleurs.

Cependant, nos enfants sont quand même des personnes indépendantes. Si le fait d’avoir les cheveux brossés ou pas importe peu à cette fille, est-il juste d’en tenir rigueur à la mère ?

D’ailleurs, l’on ne sait même pas si le fait de se brosser les cheveux n’importerait pas à la fille, sa mère ne lui a pas laissé l’occasion d’en vivre l’expérience… Mais même si c’était le cas, la fille doit-elle nécessairement correspondre à ce que désire la mère ?

Dans l’introduction de Il n’y a pas de parent parfait, Isabelle Filliozat écrit : « Notre enfant est un peu notre miroir. Nous avons tendance à le considérer comme notre prolongement, comme une partie de nous. »

Je crois que le problème est là : s’ils sont une partie de nous, alors tout jugement sur eux est un jugement sur nous.

Je crois que pour les laisser être eux-mêmes, je dirais même pour les aider à être eux-mêmes, il nous faut réussir à accepter qu’ils ne sont pas une partie de nous. Qu’ils ne nous appartiennent pas. Qu’ils ne reflètent pas forcément ce que nous sommes.
Qu’ils sont eux, avec leurs propres qualités, et leurs propres défauts ; avec leurs propres forces et leurs propres faiblesses ; avec leurs valeurs et leurs envies, parfois alignées sur les nôtres, et parfois… non !

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Ca fait plusieurs mois que j’ai acheté ce livre dont je trouve le titre excellent, et, toujours en retard dans mes résumés, je ne l’ouvrais pas.

Décidant finalement de continuer à lire pour me développer, même si mes articles résumés ne suivaient pas, je l’ai enfin ouvert !

J’en suis encore au début, mais je complèterai ici au fur et à mesure les articles qu’il m’inspire !

Articles en lien avec ce livre :
Conflits entre les parents sur le mode de discipline : le paradoxe
Notre enfant, un prolongement de nous-mêmes
Exagérer les fautes de nos enfants : une manière de se justifier…
Doit-on toujours voler au secours de son enfant ?
Toutes les mères sont de mauvaises mères… et de bonnes mères.
Le parent et ses réactions impulsives

— et bien d’autres à venir —