Selon Isabelle Filliozat, dans Au coeur des émotions de l’enfant, cette question est « à éviter absolument ».
En lisant ça, je comprends mieux pourquoi certains parents trouvent que ce livre de l’enfant est difficile à lire. J’ai lu des commentaires disant que dans ses livres plus récents, Isabelle Filliozat adoptait des formulations moins culpabilisantes. En effet, on comprend que celle-ci puisse dérouter…
Nous avons tous un jour ou l’autre demandé à nos enfants « Pourquoi tu pleures ? ».
Alors lire que la question est « à éviter absolument » nous renvoie à notre échec. Et ce n’est probablement pas toujours facile à lire.
Heureusement pour moi, je ne me culpabilise pas facilement. Comme on a déjà parlé, je suis en paix avec l’idée que je ne suis pas parfaite, et j’aime apprendre pour m’améliorer.
Je continue donc ma lecture sans sourciller.
Eviter « Pourquoi tu pleures ? », disions-nous.
Pour 2 raisons.
D’abord parce que cette tournure est culpabilisante. (ah, tiens, justement…)
Je suppose que cela dépend du ton, mais je crois que je comprends ce qu’elle veut dire. Demander pourquoi peut sous-entendre qu’il n’y a pas de raison. Donc que, dans une certaine mesure, l’enfant a tort de ressentir l’envie de pleurer. Or nous savons que les sentiments sont valables par le simple fait qu’ils existent. Ils n’ont pas besoin de raison d’être. Bon.
Ensuite et surtout, parce que « Pourquoi » amènerait l’enfant dans une démarche de raisonnement, d’explication. Alors qu’au moment où il pleure, il est dans l’émotion. Et c’est bien ça qu’il veut d’abord nous faire entendre. L’auteure propose donc un « Que se passe-t-il ? » ou « Qu’est-ce que tu ressens ? », qui le renvoie à son vécu. Le temps des explications viendra ensuite.
Ca me fait penser à une discussion d’un de mes derniers ateliers.
Une maman, très appliquée, avait noté un épisode de dispute entre ses enfants.
Le petit frère arrive en criant :
« Mamaaan… Mon frère m’a tapé ! – Qu’est-ce que tu lui as fait ? » répond la maman.
Bien sûr, il y a probablement une raison, bonne ou mauvaise (enfin, toujours mauvaise puisque ce n’est jamais une bonne façon de s’exprimer) pour laquelle le frère a tapé, mais recevons-nous le sentiment du garçon qui a été tapé en posant cette question ?
Avec le groupe, on a remplacé la réponse par « J’imagine que ça ne t’a pas plu ! »
Quand l’enfant aura été entendu, on pourra passer à la phase des explications !
L’idée est la même en fait : personne n’est vraiment capable de discuter et de régler les problèmes tant qu’il est envahi par son émotion ! Il faut d’abord savoir la recevoir, l’exprimer, et passer au dessus…
Qu’en pensez-vous ? Prêts à changer votre formulation ?