Suite à mon précédent podcast sur la négation des sentiments, celui-ci s’intéresse à la question suivante, qui m’a été posée :
Pourquoi ne pourrait-on pas expliquer en plus de valider le sentiment des enfants ?

En fait, ce n’est pas que nous ne pouvons pas, c’est que cela se fait en deux temps.
Explication dans le podcast !

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Validation des sentiments

Aujourd’hui, nous parlons encore validation des sentiments. Dans mon dernier podcast, je vous avais expliqué l’importance de valider les sentiments des enfants, à l’inverse de la tendance que nous avons parfois à les nier. La démarche de validation des sentiments aide l’autre à se sentir écouté et validé et à lui-même s’écouter et se faire confiance.

Un exemple sur le sujet

Prenons un exemple.
Ce matin, j’ai accompagné Anatole dans sa classe et il aurait voulu y apporter une petite voiture. La maîtresse la lui a refusée parce que les jouets ne sont pas autorisés en classe. 

Il pensait vraiment qu’il pourrait le faire, et quand la maîtresse lui a dit non, il a fondu en larmes.
À ce moment-là, je peux basculer dans l’explication et lui dire : 
“Anatole, ce qui se passe, c’est que les jouets sont interdits en classe. Tu comprends, la maîtresse, elle ne peut pas autoriser une voiture à toi et pas aux autres. Après les autres, ils vont être jaloux, etc…”.

Toutes ces explications sont valables. 

Le problème, c’est que sous le coup de l’émotion, l’enfant n’est pas capable d’écouter les explications. 

Alors certaines mamans me disent : 

D’accord. Valider l’émotion. D’abord lui dire : “Anatole, je comprends que tu sois triste”, mais pourquoi on ne pourrait pas faire les deux ?
Pourquoi on ne pourrait pas lui dire : “Anatole, je comprends que tu sois triste, mais tu vois bien que la maîtresse ne peut pas accepter les jouets en classe.”

En fait, ce n’est pas qu’on ne peut pas faire les deux vraiment.

On VA faire les deux, mais dans des temps différents. 

Encore une fois : sous le coup de l’émotion, l’enfant n’est pas capable de raisonner. Toutes nos explications tomberont dans le vide.
C’est un peu vrai pour n’importe quel être humain, mais pour l’enfant encore plus. 

Pourquoi ?
Parce que la partie à l’avant du cerveau – le néocortex qui permet de réguler les émotions, mais aussi de raisonner, d’analyser et d’observer – , cette partie-là, n’est pas encore tout à fait mûre.

Et au moment où l’enfant est encore dans l’émotion, son cerveau archaïque, celui qui est le siège des émotions, prend le dessus et l’autre partie est complètement incapable de fonctionner. 

Ce n’est pas qu’il ne le veut pas, ce n’est pas qu’il le refuse, c’est qu’il n’en est pas capable. 

Ainsi, parce qu’il est en train de pleurer parce que la maîtresse lui refuse la petite voiture, mes explications seront complètement vaines, elles ne l’atteindront pas. 

Aider l’enfant à se reconnecter

L’important, c’est d’abord de l’aider à se reconnecter, à revenir dans un état émotionnel neutre. Et valider l’émotion, c’est aussi une façon de faire ça. 

Donc, face à mon Anatole qui pleure, je commence par reconnaître son émotion : “Anatole, tu es triste et oui, toi, tu voulais vraiment apporter ta petite voiture”. 

Et je m’approche de lui, j’ai un geste tendre, un câlin.
En général, je le prends dans les bras jusqu’à ce que l’émotion tombe un peu.

Si je vois qu’elle persiste, que c’est trop dur pour lui de se reconnecter, je vais lui proposer, on ne peut pas vraiment dire une activité, mais une technique de pleine conscience.

Et par pleine conscience (j’imagine que le terme peut en effrayer certains), je ne parle pas d’une méditation avec mon enfant. Je parle juste de quelque chose qui l’aidera à revenir dans le moment présent. 

Par exemple, sur le tapis de la classe, il y a un alphabet.
Alors, je lui dis : “oh, je vois un A sur le tapis, tu le vois ?”
Ce n’est pas seulement de la distraction parce que je vais revenir à l’histoire de départ. C’est plutôt une façon d’engager la partie réflexive de son cerveau sur un sujet complètement neutre. 

Ainsi, le fait de fixer son attention sur le tapis, de chercher le “A”, fait que l’émotion se stabilise, se calme. Il sort un peu de la vague sous laquelle il a été englouti et il observe le “A”.
Il arrive régulièrement, tout comme cela a été le cas ce matin justement, que cela ne suffise pas. 

Parfois c’est magique, parfois ce n’est pas assez. Ce matin, son émotion était trop forte.

Il s’est calmé un peu, le temps de voir le “A”. Et puis il s’est remis à pleurer en disant :  “Je

voulais la voiture…”

Le niveau neutre

Et je comprends ! Bien sûr, il voulait la voiture.
Alors, je suis restée d’abord dans une démarche de distraction en lui disant : “Ce tapis, il est vraiment chouette pour pratiquer les lettres de l’alphabet” parce que je sais que c’est un sujet qui l’intéresse en ce moment. 

Regarde : “a, b, c, d, e, f, g” et il m’a regardée et cette démarche-là, déjà, l’a calmé.
Une fois qu’il était dans un niveau neutre, on a pu reparler de la voiture. Je lui ai dit : “Tu sais, Anatole, la maîtresse, elle a une règle comme quoi, il n’y a pas de jouets dans la classe”. Et bien sûr qu’il était encore triste, mais il n’était plus sous le coup de l’émotion. 

Donc vraiment, quand on se demande si on ne peut pas faire les deux, ce n’est pas qu’on ne peut pas faire les deux, c’est qu’on ne peut pas les faire dans le même temps. 

Le “mais” est une parole piège

Quand on cherche à les faire dans le même temps, on a tendance à utiliser le “mais”.

“Anatole, je comprends que tu sois triste, mais la maîtresse ne veut pas.”

Le “mais”, c’est une parole piège.
En fait, la parentalité positive, c’est vraiment une question de communication.
C’est comme un nouveau langage. (ça prend du temps, d’ailleurs.)

Et dans ce nouveau langage, il y a quelques mots qu’il faut vraiment apprendre à utiliser de moins en moins.
Le “mais” en fait partie parce que nous partons avec de bonnes intentions en disant : “Anatole, je vois que tu es triste”, en validant émotion, “mais la maîtresse…” – et ce “mais” vient comme effacer tout ce qu’on vient de dire avant. Ça l’annule. 

C’est un des pièges soulevés par les auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux dans la partie où elle expose ce qui nuit à la coopération. 

Ce qui fait que quand on rajoute notre explication juste derrière la validation du sentiment, on annule un peu notre validation du sentiment. 

L’important, au moment où l’enfant est sous l’émotion, c’est vraiment de se sentir écouté, de se sentir en lien avec la personne en face. 

Ça va être ça notre priorité.

Concentrons-nous là-dessus d’abord, et, une fois que l’émotion est atténuée, alors nous pourrons passer aux explications.

Avec un enfant plus grand

Je voudrais préciser encore autre chose. 

Mon exemple concerne ici un petit enfant : Anatole a trois ans et demi, presque quatre ans. 

Quand l’enfant est plus grand, est-ce que la démarche est la même ? 

En fait, encore plus. Quand l’enfant est plus grand, disons avec ma fille de 10 ans, il est fort probable qu’elle se fasse beaucoup moins envahir par l’émotion, parce qu’elle a déjà appris à mieux la contrôler, à ne pas l’exprimer de la même façon. Elle n’éclate pas en sanglots. 

Mais pour autant, elle se retrouve quand même, comme nous, dans des situations dans lesquelles un sentiment est fort pour elle. Un sentiment d’injustice, de la colère, de la jalousie. 

Et dans ces moments-là, notre rôle de parent, c’est de recevoir l’émotion. 

Et là, j’irai encore plus loin que dans le cas précédent. C’est qu’une fois que l’enfant se reconnecte à lui-même, l’idée n’est même plus de lui donner l’explication.

L’idée est de l’accompagner à trouver l’explication et à la comprendre. 

On bascule alors dans ce qu’on appelle une écoute active, c’est-à-dire qu’on va l’écouter en l’aidant à s’exprimer, en renforçant ce qu’il dit, en le laissant cheminer plutôt que de lui expliquer comment sont les choses, comme si nous le savions de toute façon mieux que lui. 

Si nous l’accompagnons pour que lui-même fasse le chemin et comprenne d’où vient la difficulté, il avancera de lui-même et beaucoup mieux. 

Nous l’aurons alors aidé à grandir. 

L’écoute active : une illustration

Je vais également vous donner un exemple.
L’autre jour, ma fille a eu une difficulté avec une de ses amies. 

Elle était très triste, elle me raconte qu’elles se sont disputées. Elle me raconte l’épisode. Moi-même, en écoutant l’épisode, j’étais furieuse contre son amie et je me suis retenue de le dire parce que l’important, ce n’est pas mon opinion, c’est la sienne. 

J’ai juste reçu son émotion. 

J’ai dit :
“Je comprends que tu te sentes mal !”
“Eh oui, c’est difficile ça…”
“Et du coup, tu es en colère.”

… en reprenant ce qu’elle me disait.

Et puis, au fur et à mesure, elle s’est mise à elle-même rentrer dans une phase de réflexion. “Tu comprends, elle ne peut pas me faire ça !

– Oui

– et en même temps, je n’ai pas envie de ne plus être amie avec elle…

– non, parce que si t’es plus amie avec elle, elle va te manquer

– exactement ! 

– …

– Mais est-ce que c’est vraiment une amie si elle me fait ça ?”

 C’est incroyable de constater comme nos enfants sont capables de mener ce raisonnement sans que nous le fassions à leur place. 

Pour moi, entendre ma fille dire : “Est-ce que c’est vraiment une amie si elle me fait ça ?” plutôt que de lui dire, moi : “Mais en même temps, Alice, ce n’est pas vraiment une amie si elle te fait ça !” , ça change tout !

Ça l’aide tellement plus à grandir d’avoir vécu ça, de l’avoir expérimenté, d’être arrivée à cette conclusion elle-même

Parce que d’autres situations comme ça, elle en aura, et je ne serai pas toujours là. 

L’idée n’est pas que moi, je lui dise comment mener sa vie ou que je lui fasse les leçons de la vie.

L’idée, c’est que je l’accompagne pour les découvrir. 

En l’occurrence, pour l’anecdote, cette histoire s’est bien terminée puisque le lendemain, nous avons pris un moment toutes les deux qui a été l’occasion d’un moment particulier pendant lequel je lui ai expliqué quelques principes de CNV (communication non violente)  et des conseils que la CNV donnait pour aborder une situation de conflit comme ça. 

Comment parler de nos sentiments et de nos besoins, comment essayer d’aller sur la colline de l’autre pour comprendre ses sentiments et ses besoins…

Et après cette démarche-là, elle a pu être claire sur la façon dont elle allait aborder son amie.

Elle a laissé passer quelques jours, et puis elles se sont revues, et elles ont pu vraiment discuter, échanger. Alice s’est sentie rassurée par rapport aux intentions de son amie. Et l’amitié a repris de plus belle !

Je me rends compte que j’ai un petit peu dérivé du sujet, alors, je vais m’arrêter là. J’espère que cela est clair pour vous !

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

Un thème crucial sur le chemin de la parentalité positive. Prendre conscience de ce qu’est la négation des sentiments, choisir d’aborder autrement les situations, permet de changer complètement la dynamique !

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La négation des sentiments

Aujourd’hui, nous allons parler des sentiments ou plus exactement, de la négation des sentiments. C’est un sujet, qui est parmi les premiers que l’on voit, quand on apprend la parentalité positive. En tout cas, c’est une des premières choses que j’ai apprise. 

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit de cette tendance que nous avons de nier les sentiments. C’est assez incroyable une fois que l’on s’en rend compte. Il est fort probable que certains d’entre vous soient déjà familiers avec cette notion. 

Mais pour être sûr que tout le monde suive bien, je vais en rappeler le principe. Avant qu’on m’en ait parlé, ce n’était pas du tout évident pour moi. Et depuis, je me suis rendue compte à quel point c’était répandu. Nous avons cette tendance forte à nier les sentiments de ceux qui nous entourent, ceux des enfants encore plus.

Un exemple frappant où l’on nie les sentiments des enfants

Un jour, j’étais dans la rue et j’ai vu un papa passer avec sa petite fille dans les bras. La petite fille devait avoir à peu près un an, quelque chose comme ça. 

Et la petite fille pleurait, pleurait, pleurait. “Mais non, ce n’est rien, ne t’inquiète pas”, disait le papa pour la rassurer. Et la petite fille pleurait, pleurait. “Mais non, ça n’a aucune importance” disait le papa. C’est une scène banale. C’est une scène qu’on voit souvent. Et pourtant, pour ceux qui ont déjà été sensibilisés à ce sujet, c’est marquant. 

C’est-à-dire que cette petite fille est en train de parler de sa détresse, d’exprimer sa frustration ou sa tristesse. Et le papa lui répond : “Ce n’est rien, ça n’a aucune importance”. C’est-à-dire qu’on le nie complètement

Comment valider une émotion ?

Une émotion n’a pas vraiment besoin d’avoir une raison pour exister. Combien de fois nous disons à nos enfants qu’il n’y a pas de raison de s’énerver. Mais en fait, si l’enfant est énervé, c’est qu‘il a une raison de s’énerver. 

Après, ça peut être une raison qui, pour nous, n’aurait pas eu le même effet. Il est possible que nous ne comprenions pas la raison ou même pourquoi cette raison-là a un tel effet sur notre enfant. Et on peut avoir envie de s’interroger sur ce mécanisme pour lui. 

L’enfant nous regarde comme un guide

Pour autant, si le sentiment est là, si l’émotion existe, c’est qu’il y a une raison pour lui, pour l’individu. Nier cette raison ou du moins nier le sentiment plutôt que la raison, c’est dire à l’enfant qu’il a tort de ressentir ce qu’il ressent. 

Or, l’enfant nous regarde comme un guide. Nous sommes ses parents. Nous lui apprenons énormément de choses. Nous l’aidons à découvrir le monde. Donc en disant à notre enfant, tu as tort de ressentir ce que tu ressens, nous lui enseignons, indirectement, qu’il ne devrait pas avoir confiance en ce que son corps lui dit, ce que son cœur lui dit. Il apprend que ce qu’il croit sentir n’est pas juste, il ne devrait pas, il ne faudrait pas. 

Détruire la confiance en soi de l’enfant

Alors, d’une part, ça risque de ne pas l’aider. Parce que, imaginons par exemple un enfant confronté à une situation qui lui fait peur : “Maman, j’ai peur !”, “Non, mais il n’y a aucune raison d’avoir peur”. 

Non seulement on invalide ce qu’il ressent, mais ce n’est pas en lui disant qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur tout d’un coup, la peur va disparaître. Donc, c’est inefficace et ça détruit la confiance en soi de l’enfant. C’est-à-dire, je ne sais pas si on peut déjà parler de la détruire, mais au moins, ça n’aide pas à la construire. Que va-t’il se passer plus tard en tant qu’adolescent ? Quand il sera par exemple sous la pression d’un groupe, et qu’il se retrouvera dans une situation à laquelle il se sent mal à l’aise ? Il sent que quelque chose ne va pas, mais que le reste du groupe ne l’exprime pas. 

À ce moment-là, il se dira, j’ai probablement tort de ressentir ce que je ressens, je n’ai pas de raison pour. Et du coup, il va suivre le groupe. Si on veut que l’enfant ait le courage de ses opinions, il faut d’abord qu’il puisse sentir ses émotions. Il faut qu’il puisse leur faire confiance.

Le court terme

C’est pour cela que la validation des sentiments, dès le plus jeune âge, est très importante. Il y a encore une autre raison supplémentaire pour ça, c’est le court terme, tout simplement. C’est beaucoup plus efficace de valider les sentiments sur le moment.  

À long terme, il est très important qu’on lui enseigne à se connaître, à s’écouter et à se faire confiance. Mais la validation des sentiments à court terme, vous verrez, c’est magique ! Avant de vous illustrer ça avec des exemples des enfants, je voudrais déjà être sûr que l’on soit bien sensibilisé à cette question. Que vous vous imaginez vous-même parce que des exemples de couples, j’en ai aussi plusieurs, dans un sens comme dans l’autre. 

Besoin d’être écouté 

Je me revois par exemple à un moment où j’espérais quelque chose qui ne s’est pas produit et j’appelle mon mari, il dit : “Cela ne marche pas, ça ne va pas se faire”. Et il cherche à me rassurer. “Bon écoute, c’est déjà pas mal ce que tu as fait, ça arrivera un jour, une autre fois, tu verras”. 

En fait, je savais que ça arriverait un jour, une autre fois, que je verrai. Je n’ai pas besoin de ces mots-là, j’avais besoin de : “Quelle déception ! Tu dois être triste”. J’avais juste besoin d’être écoutée. Je n’avais pas besoin de solutions, je n’avais pas besoin de réassurance. J’avais juste besoin d’être écoutée. Dans l’autre sens, c’est vrai aussi. 

Heureusement que mon mari et moi, nous sommes tous les deux sensibilisés à cette question maintenant, parce qu’on peut le dire explicitement. Tu n’es pas en train de valider mon sentiment. Cela aide à nos conversations. Souvent, on a juste besoin d’être écouté. Et souvent, dans la conversation, on oublie d’écouter l’autre, pas de lui répondre, de nous donner nos suggestions, nos solutions, juste de l’écouter. C’est un peu l’écoute active dont parle Thomas Gordon. C’est une autre force de la conversation : c’est ce qui permet de rester en lien. 

La nécessité de la connexion

Parce que finalement, dans tout ça, l’important, c’est de garder le lien. La nécessité de la connexion avec l’autre devrait passer avant tout. Tant qu’on reste connecté, on aura beaucoup plus de chances d’avoir une relation harmonieuse avec l’autre, une relation de coopération et c’est vrai, entre parents et enfants, tant qu’on reste connecté. 

Si on impose notre modèle à notre enfant sans l’écouter lui aussi, sans écouter ce qu’il a en lui, on rompt la connexion. Et ça, ça ne marche ni à court terme ni à long terme. 

Exemple d’une idée de validation de sentiment avec les enfants

Je voudrais vous donner des exemples de la façon dont cette idée de validation des sentiments peut marcher avec les enfants. Pour que vous soyez convaincu ! Aussi, j’aimerais surtout que vous l’essayez vous-même avec vos propres enfants. 

Une de mes amies, qui est un peu sceptique sur toutes ces méthodes, l’a mise en pratique avec sa fille de 11 ans, juste après un échange avec moi. Sa fille était rentrée en se plaignant de la quantité de devoirs qu’elle avait. Et sa mère en mode automatique lui répond : “Je ne vois pas pourquoi tu te plains ? D’habitude, tu as très peu de devoirs. Bon voilà ! Aujourd’hui, tu en as plus. Ce n’est pas non plus tous les jours, ce n’est pas dramatique”. Et la fille réagit un peu fortement en lui disant : “Maman, de toute façon, ce n’est pas la peine, je te dirai plus ce qui se passe pour moi”. Et cela fait réagir la maman, qui s’est dit effectivement que ça lui faisait écho avec ce que l’on s’était dit le matin-même sur le fait de perdre le lien. 

Parce que la fille exprime clairement : “Je ne te dirai plus ce qui m’arrive”. Et du coup, ça l’a aidée à basculer. Alors, elle a pris sa fille avec elle, dans ses bras, et elle lui a dit : “Attends, viens voir, je vois bien qu’aujourd’hui, tu es fatiguée et que tu as vraiment beaucoup de devoirs. Tu n’avais pas envie d’en faire autant aujourd’hui. Tu trouves que tu en as trop et ce n’est pas facile”. C’est tout ! La fille était bien dans les bras de sa maman, elle lui a dit : “Merci maman” et elle est partie faire ses devoirs. Elle avait seulement besoin d’être entendue. Et ça, ça marche à n’importe quel âge. 

Avec les petits, on le voit très bien ce moment où ils sont en colère. Leur dire “Calme-toi” n’est pas efficace. Leur dire : « Oui, je vois que tu es en colère » peut changer les choses. Et leur dire : “Ah oui, tu voulais réellement ça ? », ça peut les aider à se calmer automatiquement.

Être écouté à nouveau

Ils se sont de nouveau écoutés. Parce que dans la colère, il y a la raison elle-même et puis le fait peut-être d’avoir ce lien qui est rompu. Quand on leur dit qu’on les entend, qu’on les écoute, ça change tout. Ça ne veut pas dire qu’on valide leurs comportements, quels qu’ils soient. Il y a bien une différence entre ce qu’on ressent et les actes. “Tous les sentiments sont autorisés, les actes ne le sont pas”, disait Haim Ginott. Il ne faudra pas oublier ça. 

Dans un premier temps, l’important, c’est de les écouter et de valider leur sentiment. Et ce modèle-là, ils l’apprendront, ils l’apprendront vite. Les grands le savent, le sentent et le vivent. 

Maintenant, combien de fois, je les entends face au petit, lui dit : “Tu es triste, Anatole ?” “Et oui, tu aurais voulu ça ?” La situation se règle tout seul entre eux. Et ça, vraiment, c’est magique. 

Alors, la prochaine fois que vous faites face à une émotion de votre enfant, je vous encourage à la recevoir, à la valider et vous verrez la différence.

Voilà, c’était ma réflexion du jour, celle qui nous aide à progresser ensemble.

« Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ou exagérons-nous leur faute pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? »

Cette phrase, issue du livre d’Isabelle Filliozat : Il n’y a pas de parent parfait m’a vraiment laissée songeuse…

Car, c’est certain, face à nos enfants, nous avons une forte tendance à la dramatisation.

Voici ce dont je vous parle dans ce podcast, à travers une anecdote vécue :

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Note : Ce podcast reprend à peu de choses près un article que vous avez aimé :
Exagérer les fautes de nos enfants, une manière de se justifier

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Exagérer les fautes de ses enfants 

Bonjour les parents positifs!

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Nous parlons aujourd’hui de la colère parentale. Celle-là même, contre laquelle nous cherchons régulièrement à lutter, et qui revient systématiquement. Vous avez remarqué que nos enfants sont souvent sujet à notre colère, beaucoup plus que d’autres en fait. 

Si un de nos amis renverse un verre, c’est pas grave. Si c’est son enfant, parfois, il ne l’a pas fait exprès. Si c’est le nôtre, il aurait pu faire attention. 

Il y a une citation d’Isabelle Filliozat, qui m’est restée en tête pendant un bon moment et qui m’a laissé songeuse, elle est extraite de Il n’y a pas de parents parfaits. Elle écrit : “Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse, et qui dépasse la réalité des faits reprochés à l’enfant. Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ? Ou exagérons-nous leurs fautes pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ? ” 

Alors vraiment ça, c’est intéressant ! Avons-nous des réactions intenses parce que nos enfants exagèrent ? Ou exagérons-nous leurs fautes pour justifier l’intensité de notre réponse émotionnelle ?

Exemple sur l’exagération des fautes de nos enfants

J’en ai eu  un exemple l’été dernier ! C’était le moment de préparer les valises, parce que nous allions changer d’endroit. J’avais eu une semaine tendue, beaucoup de stress à l’extérieur. Et au moment de préparer les valises, j’aurais voulu que tout se passe facilement. 

Seulement, évidemment, les enfants avaient autre chose en tête que de faire leurs valises, de ranger leurs jouets, et de vérifier sous les lits. Toujours est-il que, tandis que j’étais encore en train d’aider les petits, je vois que les chaussures de mon grand traînent au milieu de la chambre. Et je m’énerve !

Une chose en amenant une autre, on se dispute et je sors de la chambre dans un état de colère forte. Et je me justifie : “Oui, mais aussi, il aurait pu ne pas laisser ses chaussures au milieu de la chambre ! Pourquoi il fait ça ? Alors que je lui ai demandé, une fois, deux fois… ! Et alors, les chaussures…

Oui, d’accord. Lorsque je me calme, je me dis : “Alors, attends, il avait laissé ses chaussures au milieu de la chambre. Soit, il n’aurait pas dû. Mais vraiment, est-ce que je ne suis pas en train d’exagérer sa faute pour me justifier ?

Si, je crois que c’est ce que je fais. J’avais d’autres raisons d’être en colère, d’être stressée, et j’ai versé mon stress sur lui. 

La figure d’attachement

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’on s’autorise à verser notre colère sur ceux qui nous semblent plus proches ? 

On ne ferait pas ça avec des étrangers ou avec des amis. Pourquoi le fait-on sur nos conjoints, sur nos enfants ? D’un certain côté, je me dis que c’est un peu comme la figure d’attachement

Vous savez, la figure d’attachement, c’est ce concept qui veut que notre enfant se dévoile plus en tant que lui-même, avec ses sentiments, avec ses émotions, devant nous que devant d’autres. C’est ce qui explique qu’un enfant qu’on a laissé pendant plusieurs heures avec quelqu’un d’autre, se soit “bien comporté”. Et qu’au moment où on le retrouve, il se mette à pleurer, pleurer et faire des crises. En fait, il se sent en sécurité avec nous. Nous sommes sa figure d’attachement. Il peut se montrer tel qu’il est avec ses stress, avec ses peurs, avec ses difficultés.

Parfois, je me dis que la figure d’attachement, ça marche aussi dans l’autre sens. Nous aussi, nous pouvons nous montrer tels que nous sommes devant notre famille. Nous n’avons pas de risque qu’ils nous abandonnent. Nous sommes en sécurité. 

Pour autant, c’est intéressant d’y réfléchir pour éviter de trop l’utiliser, parce que ce n’est pas ce qui va nous aider à rendre nos relations harmonieuses en famille. Alors, je sais qu’on ne se débarrassera jamais de tout ça parce que, comme le dit Isabelle Filliozat dans cette citation : “Il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse”. Oui, il se passe quelque chose en nous qui nous dépasse. Et il se passera toujours quelque chose en nous qui nous dépasse. 

Au fur et à mesure qu’on avance sur le chemin de la parentalité positive, on apprend à mieux se contrôler, à mieux s’écouter. On apprend à exprimer notre colère d’une autre façon. De façon beaucoup moins blessante que ce qu’on avait l’habitude de faire avant. Et on apprend à mieux gérer les situations. Pour autant, de temps en temps, il se passera encore quelque chose en nous, qui nous dépassera.

Le principe de réparation

Et lorsque ça arrive, nous avons le choix. Je pense que, comme le dit Jane Nelsen :  “Chaque erreur est une opportunité”. En l’occurrence, c’est l’opportunité de montrer ce qu’est le principe de réparation à nos enfants. Et c’est ce que j’ai choisi de faire cet été, une fois que je m’étais accordée mon temps de pause, après que je me sois calmée, je suis retournée voir mon fils de presque 15 ans et je lui ai expliqué ma situation. Je lui ai expliqué pourquoi j’étais stressée. Pourquoi j’avais vraiment envie que les valises soient faites vite pour me sortir de cette situation. Et que je m’en voulais d’avoir évacué mon stress sur lui et que les chaussures au milieu de la chambre ne le justifiaient pas. 

Je pense qu’en faisant ça, je lui ai d’une certaine façon donné un modèle. Un modèle de ce qu’on peut faire quand la situation nous échappe, quand ça nous dépasse. Et depuis, je l’ai vu lui-même le faire. Après des moments de colère, il commence à être capable de revenir vers nous et de dire : “Je suis désolé de m’être emporté comme ça. Je n’aurais pas dû. J’étais énervé pour autre chose”.

Et peu à peu, on progressera ensemble! 

Voilà, c’était la réflexion du jour ! J’espère que ça vous a aidé dans votre cheminement. 

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A bientôt !