Ca y est, votre enfant a l’âge d’aller à l’école… Le début d’une nouvelle vie ! Mais c’est bien plus difficile que prévu : il/elle pleure, veut rentrer à la maison… Comment pouvez-vous l’aider à vivre cette période délicate ?

Je réponds à cette question à l’oral !

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Rentrée en maternelle : pleurs et hurlements… que faire ?

C’est la rentrée ! L’école commence, mon enfant pleure et j’ai du mal à le supporter. Comment peut-on aider un enfant qui pleure à rentrer à l’école ? 

Bonjour les parents positifs !

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Alors aujourd’hui, je réponds à un message que j’ai reçu d’une maman un peu en détresse, qui me dit : “Ma fille est rentrée en petite section. Parfait le mardi et le vendredi, mais hier et aujourd’hui : l’horreur !!! Pleurs, hurlements,… Maman, je veux rentrer à la maison, juste cinq minutes. Je ne l’avais jamais vu dans cet état-là. Des astuces pour gérer ces moments-là ? Car je suis un peu perdue… Elle est pourtant avec ses trois copines de crèche. Un grand merci ! “
Alors, merci pour cette question qui concerne bien des parents, et pas seulement cette maman. Alors, je me suis dit que ce serait intéressant de partager cela avec tous les parents qui, comme Mathilde, ont du mal avec la réception des pleurs, qui ont du mal avec le moment du matin où c’est tellement difficile de voir son enfant pleurer, pour elle et pour sa fille.

Qu’est-ce qui se passe dans ces moments-là ?

D’abord, il n’est pas rare que les choses se passent comme Mathilde le décrit ici. C’est-à-dire que les premiers jours se passent bien et puis qu’ensuite seulement, l’enfant se met à pleurer. Vous êtes nombreux à l’avoir vécu.

Pourquoi  ce n’est pas rare ?

Parce qu’en fait, au départ, il y a cet attrait de la nouveauté : l’excitation, c’est quelque chose que l’on va découvrir, c’est la grande école… Alors la fille de Mathilde sort de la crèche et n’a jamais connu que ça. Elle rentre à l’école et souvent en plus, nous les adultes, on leur en a parlé avant; On a créé cette anticipation : “Ah, tu entres à l’école, c’est chouette ! Tu deviens grande, tu vas voir l’école,.”
On a créé toute une excitation qui fait qu’au début, ils sont tous contents de découvrir ce que c’est. Et puis, au bout de quelques jours : “Bon, ben ok, c’est bon, j’ai compris. En réalité, ce n’est pas aussi excitant que ce que vous m’avez dépeint. Finalement, j’étais bien mieux avant.”
Donc, ce côté, où c’est difficile de rentrer à l’école, il n’est pas du tout rare qu’il arrive après quelques jours. Alors ça, c’est le premier point.

La phase d’adaptation

Le deuxième point : que cela vienne au bout de quelques jours ou dès le début, l’entrée à l’école (alors là, on parle d’une première rentrée, mais c’est vrai aussi pour les autres rentrées, en réalité), c’est dur pour beaucoup d’enfants, parce que c’est vraiment un environnement différent.
C’est encore plus le cas, quand on entre en petite section, parce que le contexte est vraiment complètement différent de ce qu’on a connu avant : l’ambiance est différente, le rythme est différent, tout est différent. C’est une phase d’adaptation, qui est vraiment difficile pour les enfants, en tout cas, qui peut l’être. En particulier, les moments de la récré, dont on parle souvent avec les enfants. C’est assez effrayant pour un enfant de petite section, parce que tout d’un coup, il se retrouve mélangé avec des plus grands : ça crie, ça court. Il y a de quoi faire un peu peur !!! Donc, il y a vraiment une phase d’adaptation.

Cette phase d’adaptation crée des difficultés qui font que, au début de la journée, ils n’ont pas envie de quitter leurs parents avec lesquels ils se sentent beaucoup plus en sécurité. Donc, il y a beaucoup de choses qui, à ce moment-là, dépendent de l’instituteur : c’est-à-dire, de quelle manière l’enseignant arrive à accompagner les enfants, à recevoir ce qu’ils vivent, à les faire vivre cette transition en douceur. Avec la difficulté, évidemment que les enseignants ont toute une classe devant eux. Donc, entre l’enseignant et l’assistante, il y a quand même beaucoup d’enfants à gérer et en plus la pression (souvent dans nos systèmes) d’avancer dans le programme,… La phase d’adaptation n’est pas toujours complètement intégrée, abordée comme faisant partie, ou étant vraiment partie prenante de ce qu’on fait, même si c’est quand même le cas dans beaucoup d’écoles, heureusement.

Le premier conseil : l’écoute

Alors ceci étant dit, une fois qu’on a compris que c’était difficile pour eux, qu’est-ce qu’on peut faire ? Quels sont les conseils pour aider notre enfant à traverser cette phase-là ?

Alors le premier conseil, le principal, c’est l’écoute. On peut imaginer d’ailleurs qu’en nous-même, on vit une période compliquée, cela nous est tous arrivé. Ce dont on a le plus besoin, à ce moment-là, c’est de pouvoir le partager, c’est de pouvoir entendre que les gens autour de nous, nous comprennent, nous soutiennent, qui sont là pour nous.

Cela ne veut pas dire qu’ils vont régler notre situation. Ils ne vont pas régler notre problème, mais au moins, on sait que l’on n’est pas tout seul et qu’on a des gens autour de nous, qui sont là pour nous soutenir.
Donc vraiment, cette phase d’écoute est très importante. Et c’est cette idée aussi que, en tant que parents, on ne va pas éviter les difficultés à nos enfants, mais on va les aider à les traverser. Et à long terme, c’est vraiment ce qui va leur permettre de développer leur résilience, leur faculté d’adaptation, etc.

Comment développer cette résilience ?

C’est justement en les écoutant, en écoutant ce qu’ils vivent. Les petits n’ont pas toujours les mots pour le dire, donc parfois, c’est à nous de les poser. On peut très bien discuter : “Tu aimerais bien rester avec moi toute la journée ? C’est plus facile quand on reste à la maison ? Ça fait un peu peur à l’école, il y a beaucoup de bruit ? Tu sais, je crois que ce week-end, on pourra passer un moment ensemble et on aura le temps de faire ceci et cela. Parfois, c’est compliqué d’arriver dans un nouvel environnement qu’on ne connaît pas. Tu trouves que c’est très différent ici ?”

J’ai lu récemment l’histoire d’une maman, qui a réussi à aider son garçon en lui parlant le soir, à partir du livre “Je t’aimerai toujours, quoi qu’il arrive” (je ne sais pas si vous connaissez ce livre). Au début du livre, le petit renard est très en colère et la maman, après avoir lu le livre, dit : “Pourquoi penses-tu que ce petit renard est en colère  ? Peut-être que c’est difficile pour lui, l’école et la cantine”. Ainsi, son petit garçon a pu partager ses difficultés, à ce moment-là, au moment où sa maman a mis les mots dessus, tout en parlant de quelqu’un d’autre.

Donc, cette phase d’écoute et d’expression de ce que les enfants peuvent vivre (surtout quand ils sont petits) est vraiment une façon de mettre des mots sur ce qu’ils vivent. Et à ce moment-là, ils se sentent compris et se sentent entendus. Ça, c’est vraiment la priorité, le plus important.

Que faire au moment de la séparation ?

Se projeter

Alors d’abord, une chose qui est importante, c’est que nos enfants ont du mal à se projeter quand ils sont petits. Donc, on peut répéter ce moment de la séparation pour les aider à se projeter. Cela veut dire qu’on va pouvoir leur expliquer la veille au soir, le matin avant d’arriver : “On va arriver à l’école; On va être devant la porte. A ce moment-là, je vais te dire au revoir, tu vas me dire au revoir et ensuite, tu vas rentrer dans la classe. Et puis moi, je reviendrai en fin de journée. Dans la classe, tu vas faire ceci, tu vas faire cela.”

Alors l’idéal, c’est carrément d’avoir observé la classe et de les aider à se projeter en disant par exemple : “Quand tu rentreras dans la classe, tu préférerais aller dans le coin lecture ou dans le coin cuisine ? Tu voudrais plutôt te mettre à dessiner ou tu voudrais plutôt…”
Pas une avalanche de choix, mais leur donner une accroche par rapport à ce qu’ils vont faire dans la classe, ce qui leur permet de se projeter et d’être moins accrochés à la phase antérieure. Donc cela peut vraiment aider.

Avoir un objet de liaison

Et puis ce qui peut les aider aussi, c’est parfois d’avoir un objet de liaison. Donc ça, c’est quelque chose dont on peut aussi parler avec eux. C’est-à-dire qu’on peut leur dire, par exemple le soir, lors d’un moment calme : “J‘ai l’impression que c’est difficile pour toi de me dire au revoir le matin, que tu aimerais bien rester avec moi et que rentrer dans la salle de classe, c’est parfois un moment qui est compliqué. Selon toi, qu’est-ce qui pourrait t’aider ? Alors souvent, les touts petits ont du mal à répondre à cette question, mais déjà rien que leur poser la question, cela leur permet de leur montrer qu’on comprend leur point de vue en considération, et peut-être qu’ils vont avoir des idées qu’on n’a pas.
Et sinon, une idée, on peut leur suggérer, on peut leur dire : “Est-ce que ça pourrait t’aider d’avoir un objet que je te donne ?” Et on va choisir quelque chose d’un plus petit, qui soit facile à glisser dans la poche, peut-être un petit ruban ou un petit bout de tissu, quelque chose (c’est un peu l’idée du doudou) qui ferait un peu transition. Donc ça, c’est aussi un objet de sécurité, qui peut aider (cela dépend des enfants, il y a des enfants, ça aide beaucoup, et d’autres pas du tout.)

Aider l’enfant à être dans l’action

Également, au moment où l’on rentre dans la classe, un autre conseil c’est d’aider l’enfant à être dans l’action, parce qu’il y a souvent toute une petite routine au moment d’arriver dans la classe. Et donc, si l’enfant est dans cette routine, c’est-à-dire que c’est lui qui est  chargé d’accrocher son manteau, par exemple, et qu’on l’encourage, on lui dit : “Tiens, regarde, où il va ton manteau ? Tu veux le mettre au crochet ?” L’enfant devient actif dans cette partie-là. Quand il est actif, il est souvent moins dans l’émotion et cela l’aide à s’ancrer directement dans sa journée d’école.

Arriver plus tôt

Il ne faut pas oublier non plus d’arriver un peu plus tôt. Ce que je veux dire c’est que, ce moment de séparation du matin est difficile pour eux et il est difficile aussi pour la maman. C’est-à-dire qu’on a le droit, nous aussi, en tant que maman, de trouver cela difficile.

Moi, je me souviens encore : “Quand mon aîné (cela remonte à quinze ans ! ), était dans cette phase-là et que je partais de la classe et que je l’entendais crier : “Maman” en pleurant”. C’était vraiment très difficile pour la maman que j’étais. On a le droit de trouver cela difficile nous aussi ! Alors bien sûr, notre rôle, c’est d’être là pour eux d’abord, mais c’est tout à fait légitime, que, nous aussi, on trouve cela dur. Donc si on a besoin d’un peu plus de temps dans cette phase de séparation, parce que, en fonction des enseignants, il y en a qui ne veulent pas non plus que ce moment-là dure trop longtemps parce qu’ils savent d’expérience que les enfants se calment souvent assez rapidement, une fois que la maman disparaît. Donc, ils ont tendance à vouloir “précipiter la maman dehors” et c’est ok, parce qu’effectivement, ils s’y connaissent, ils ont l’expérience de cela et ils savent gérer nos enfants. Il faut aussi qu’on leur fasse confiance.

Avoir une phase de transition

Mais si on veut avoir le temps de cette transition, ne pas hésiter à arriver un petit peu plus tôt pour avoir les 30 secondes, la minute de câlins, de recharge de réservoir émotionnel, et pour l’enfant, et pour nous, avant de partir. Pas s’étaler dans les pleurs, mais avoir le temps de faire cette phase de transition, justement dans laquelle on va rendre l’enfant actif, on va l’aider à se projeter dans sa journée d’école, on va l’aider à faire une transition qui soit un peu plus smooth. Et même si à la fin, il pleure, au moins, il aura vu qu’on ne l’a pas juste jeté dans sa classe, mais qu’on a été là pour lui un moment, et ça, ça l’aide à avoir confiance en nous et à se sentir en sécurité.

Voilà, je crois que c’est déjà pas mal de conseils ! Si vous réussissez à appliquer tout cela, cela devrait vous aider. D’ailleurs, j’avais donné tous ces conseils à la maman, qui m’avait écrit, il y a quelques jours. Elle m’a écrit aujourd’hui que ça allait déjà beaucoup mieux deux jours plus tard. Donc, je vous encourage à appliquer tout cela, si vous avez l’impression que cette partie, si importante de l’écoute de ce que notre enfant vit, est difficile pour vous, que vous êtes le genre de parent à répondre plutôt : “Ne t’inquiètes pas, arrêtes de pleurer,….” N’hésitez pas !

Je vous encourage à vous inscrire à ma formation : “Accompagner les émotions”, qui vous permettra, en seulement quinze jours, de comprendre comment écouter votre enfant et vous verrez que cela changera tout dans les moments de “crise”, de pouvoir les écouter et de les accompagner à vivre ce qu’ils veulent, plutôt que de vouloir effacer ces crises, qui ont pourtant une raison d’être.

Et si vous pensez que ce podcast peut aider des personnes de votre entourage, qui vivent ces difficultés, n’oubliez pas de le leur en parler !

À très vite sur le blog Les six doigts de la main.

Changer d’endroit, découvrir un nouveau lieu, éventuellement une nouvelle culture, peut être très excitant. C’est en tout cas le point de vue des familles qui choisissent de changer régulièrement de lieu de vie.      

Et en même temps… partir est souvent un moment difficile. Parce que l’on a tissé des liens à l’endroit que l’on va quitter, parce que l’on anticipe une certaine nostalgie de ces endroits que l’on ne reverra peut-être pas.. 

Un mélange de sentiments vit alors en nous, pas toujours simple à accueillir. Pour nos enfants, c’est souvent encore plus compliqué. Non seulement parce qu’ils en ont moins l’expérience, mais en plus parce qu’ils ne l’ont pas choisi ! 

— Note :  cet article a d’abord été publié dans Grandir Autrement, numéro 78 de septembre-octobre 2019, dans le dossier « La vie nomade »

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Une tendance à la projection

Face à la détresse de notre enfant, la tendance est de réagir en essayant de l’aider à se projeter dans un avenir plus positif. « Tu verras, ça sera chouette là-bas ! » 

En somme, nous cherchons à effacer sa tristesse. Cela nous fait de la peine de le voir malheureux, nous aimerions le retrouver souriant. Une partie de nous voudrait croire que si nous faisons tous très fort semblant que la tristesse n’a pas lieu d’être, elle disparaîtra toute seule. 

Pourtant, en refusant de recevoir ce que vit notre enfant a ce moment-là, en l’emmenant trop vite vers des lendemains qui chantent, nous le privons à double titre d’une expérience fondamentale. 

D’abord parce que de manière générale, et quel que soit le contexte, nier l’émotion de notre enfant, c’est lui passer implicitement le message que ce qu’il vit n’a pas lieu d’être. On risque alors de le faire douter de ce qu’il sent en lui. En tout état de cause, on ne lui enseigne pas à savoir s’écouter, à se faire confiance. Au contraire. 

Ensuite, parce que cette période de détresse au moment du départ est saine. Les spécialistes de l’expatriation vous le diront : il y a, à chaque changement, une période de deuil, qu’il est important de vivre pour mieux passer à la suite. 

Ainsi, il est parfaitement naturel que notre enfant ait du mal à gérer la transition. Ses sources de tristesse et d’inquiétude sont multiples : ce qu’il quitte, dont il doit se séparer, l’inconnu qui l’attend. A cela s’ajoute le fait que, justement, il ne comprend peut-être pas très bien ce qu’il est en train de vivre. Parfois, chez les jeunes enfants, cette incompréhension est palpable. Je me souviens de mon fils qui, deux mois après notre déménagement du Mexique à Porto Rico, me disait encore : “Mais non, maman, on ne rentre pas à la maison ! Ici, on est à Porto Rico ; notre maison, elle est à Guadalajara !”. Dans ces cas-là, le message est facile à recevoir pour nous, parents. Mais lorsque les enfants grandissent un peu, on pense parfois que les explications suffisent, qu’ils peuvent les comprendre. 

Pourtant, l’afflux d’émotions est encore fort, et notre enfant peut toujours se sentir dérouté, même s’il ne l’exprime pas de la même manière. C’est peut-être la première fois qu’il ressent un tel mélange de sentiments, presque contradictoires.

Démêler les émotions

Rappelons-nous qu’un enfant, comme un adulte, a toujours raison de ressentir ce qu’il ressent. On peut ne pas toujours le comprendre, mais si l’émotion est présente, c’est qu’elle a une raison d’être, pour lui en tout cas. 

Parfois, il reste délicat de réussir à démêler ce qui se passe en nous. Alors, à la manière du monstre des couleurs, et ce quel que soit l’âge de l’enfant, le mieux est probablement de l’aider à recevoir une émotion après l’autre. 

Avant de se projeter dans la suite, d’essayer d’entrevoir le futur, que nous espérons certes excitant, il est bon de se laisser le temps du deuil. Deuil de ce que l’on a connu, vécu, partagé. Deuil des lieux, des gens. 

Ne pressons donc pas les choses. Sachons vivre ce moment, utile et vrai. Prenons le temps de parler avec notre enfant de ce qui va lui manquer, de ce qu’il a apprécié. Offrons-lui le temps de dire au-revoir, la possibilité de pleurer s’il le veut. De savourer ces derniers moments. Recevoir ses difficultés surtout sans chercher à les atténuer en lui parlant de tout le positif qu’il vivra plus tard, après le déménagement. 

D’autant qu’en réalité, ce qu’il vivra plus tard est probablement également sujet à inquiétude pour lui. L’inquiétude de l’inconnu. L’incertitude est souvent l’une des situations les plus difficiles à vivre. 

Recevoir ce que vit notre enfant consistera donc à ne pas chercher à recouvrir les difficultés, mais bien plutôt à le laisser s’exprimer. S’exprimer tout au long de son processus de deuil, le partager avec lui en lui disant ce qui va également nous manquer ; et s’exprimer sur son inquiétude également. Ce qui, convenons-en sera bien plus honnête de notre part ! 

D’abord, nous n’avons en réalité aucune idée de comment les choses se passeront après le déménagement. Bien sûr, nous espérons qu’il retrouvera des amis, et c’est probable. Certes, nous avons cherché à préparer le meilleur des environnements. Mais nous n’avons pas de boule de cristal, et il le sait. Donc, lui expliquer tout ce qui se passera de bien… plus tard… est un peu vain. Tout au plus pouvons-nous partager nos espoirs, ce qui n’est déjà pas négligeable. 

Ensuite, même s’il est vrai qu’il retrouvera ses marques, qu’il se sentira bien dans son nouvel environnement, cela ne change rien, absolument rien, au fait qu’en attendant, là, maintenant, au moment du déménagement, ce n’est pas le cas. 

La meilleure manière d’aider notre enfant dans cette transition sera donc bien de prendre les choses comme elles viennent, en pleine conscience. Non seulement nous faciliterons alors pour lui le processus d’acceptation, mais nous l’accompagnerons également dans une expérience de vie qui, plus que tous nos messages d’encouragement, lui enseignera la résilience. 

Alors, on ne doit pas rassurer ? 

Tout dépend de ce que l’on entend par rassurer. Rassurer un enfant en lui démontrant qu’il a tort d’être triste, ou inquiet, ce n’est pas rassurer. Rassurer, c’est plutôt accueillir ce que ressent notre enfant, pour qu’il se sente compris, écouté, encouragé au quotidien, pour qu’il sache qu’il n’est pas seul, et que ce qu’il vit est valable, et valide.

Et dans tout ce chamboulement, il reste une constante, peut-être la principale : c’est notre famille. Certes, la famille change d’endroit, peut-être de pays, peut-être de langue. Certes, les amis seront loin, nous ne les verrons plus au quotidien. Certes, les habitudes vont devoir changer, nous sortons de notre zone de confort. Nous ne savons peut-être pas encore quel sera notre logement. 

Mais, quoi qu’il se passe, nous serons ensemble. Quoi qu’il advienne, nous aurons nos marques entre nous. Notre monde va changer, mais nous gardons notre maison. Car notre maison, c’est notre famille. 

Il y a peu, j’ai assisté à une présentation sur le thème de la culpabilité. Cette conférence était organisée par une association de familles, alors évidemment, le public était majoritairement composé de parents, mais le thème était la culpabilité en général. Au début de la présentation, l’intervenante a demandé à chacun de citer une situation dans laquelle nous nous sentions coupables.
Une bonne moitié des réponses concernait le comportement face aux enfants :
“Je me sens coupable quand je crie sur mes enfants.”
“Je me sens coupable quand je n’arrive plus à être patiente en fin de journée.”
“Je me sens coupable quand je n’arrive pas à me faire obéir et que je bascule dans la force.”

La culpabilité est un sentiment très présent chez les parents, et particulièrement chez les mères.
J’avais donc envie de vous en parler.

Comme d’habitude, écrire m’aide à réfléchir. Et ce n’est sûrement pas un hasard si je trouve aujourd’hui une illustration concrète de ce thème dans ma vie personnelle.
J’ai commencé à écrire cet article il y a quelques jours, et ce matin, justement, je me sens coupable…
Je vais donc vous raconter pourquoi, en toute honnêteté, et en ravalant ma honte.

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Mes premiers mots de l’année

Le contexte

Nous sommes en vadrouille en famille en Inde. Cette nuit, notre camp de base est un genre de lodge au bord d’une réserve d’oiseaux, en pleine nature. C’est super beau.
Nous logeons dans des espèces de grandes tentes-maisons. Et c’est ici que nous avons fêté le nouvel an.

Ce matin, c’est le bruit de Léon fermant la tente en sortant qui m’a réveillée. Il avait été très discret, ai-je découvert ensuite, puisqu’il s’était habillé dans le presque noir, et avait bien bordé ses doudous avant de sortir.
Il est ensuite allé rejoindre son frère et son copain devant la tente voisine, et ils se sont mis à jouer.
Seulement voilà, leur enthousiasme occultait complètement l’heure…
Nous sommes le matin du 1er janvier, il est 7h30, et eux crient.
Moi… je m’énerve !

Un déclencheur

On est tous plus ou moins résistant au manque de sommeil. Je ne lui suis pas.
Pour moi, la fatigue est réellement un ennemi. Elle a facilement pour effet de me transformer en sorcière.
Comme je le sais, je m’énerve d’avance, et le bruit le matin est un de mes déclencheurs : je n’arrive pas à supporter que ceux qui sont réveillés ne fassent pas attention à ceux qui dorment. Je me répète que c’est un manque de respect dingue, alors même que l’autre voix dans ma tête sait que cela n’a rien à voir, que les enfants oublient et ne se rendent pas compte… Mais c’est malgré tout souvent la première voix qui l’emporte, malheureusement.

Et c’est ce qui se passe ce matin, alors que je me lève pour dire :
“Oh, les gars !! Y’a des gens qui dorment dans ce camp ! Il y a nous de ce côté, et d’autres gens de l’autre côté !
Alors soit vous êtes capables de jouer dehors sans faire de bruit, soit c’est dans les tentes avec un bouquin, c’est clair ?”

Hum…. comme parent positif, on fait mieux…

C’est drôle d’ailleurs ; on sent dans mes mots que j’ai intégré certains principes, qui ressortent même dans la colère.
Je ne leur dis pas qu’ils sont insupportables : je décris la situation, je leur donne un choix et une conséquence claire.
J’aurais presque pu dire la même chose et que ce soit adapté.
Seulement les mots ne font pas tout. Ici, mon ton est agressif.
Quoi que je dise, je le dis mal. Je ne suis pas dans l’encouragement, mais dans le rabaissement. Je ne suis pas dans l’écoute mais dans l’imposition et l’exigence. Je ne suis pas dans la coopération mais dans le reproche et le pouvoir.

La culpabilité pointe son nez

Je me recouche, aussitôt envahie par la culpabilité.
Mes premiers mots de l’année seront donc ceux-là. Une agression. Je ne peux plus changer ça.

Et puis… comment puis-je leur demander de parler gentiment quand je leur donne ce modèle-là moi-même ?
Je respire.

Changement d’approche

Cinq minutes plus tard, quand les cris reprennent (ils font à présent un concours de lancer de billes et hurlent : “gagné !!”), je ressors calmement, m’approche, et leur dis :
“Ecoutez, les gars. D’abord, je voudrais vous demander pardon du ton que j’ai utilisé avant.
Ensuite, je vois que c’est vraiment difficile pour vous de ne pas crier.
Vos billes arrivent juste devant la tente des voisins, et vous les gênez forcément.
Vous aurez encore plein d’autres moments dans la journée pour jouer à ça, et faire du bruit.
Là, maintenant, il vaudrait mieux trouver une activité qui ne dérange pas les autres.”
Alors, Léon part en courant : “Je vais à la cible !”.
Il y a en effet une cible avec un arc et des “flèches” au bout en caoutchouc dans la partie commune du camp, un peu plus loin des dormeurs.

Les deux autres veulent suivre.
“Aucun problème, leur dis-je, il faut juste être habillé pour aller là-bas.”
Ils rentrent dans leur tente pour enlever les pyjamas.
Je retourne dans la mienne, un peu soulagée.
Mais je sais que je ne dormirai plus.

Comment je me sens

Honnêtement, mes sentiments sont confus à ce moment-là :

  • un reste de culpabilité
  • un soulagement d’avoir su redresser la barre
  • un sentiment d’injustice parce que finalement, ma nuit a bien été interrompue
  • de l’acceptation, parce que ce sont des enfants
  • du ressentiment quand même à cause de cette interruption.

Pour autant, je me dis :
Oui, il est injuste que je sois réveillée parce qu’ils font trop de bruit, alors qu’ils auraient pu -ils auraient dû même !- jouer calmement.
Mais voyons les choses objectivement : est-ce que les agresser aide à résoudre la situation ?
Absolument pas !
On peut même penser, et observer, que c’est lorsque j’aborde les choses calmement que les solutions apparaissent.
J’aurai donc toujours plus à gagner à éviter l’agression.
A court terme pour mon sommeil, à long terme encore plus, pour tous leurs conflits à venir, au cours desquels ils vont vraisemblablement user des techniques qu’ils auront observées.

Et je reste donc, avec mon sentiment de culpabilité.
Que vais-je en faire ? On en parle ?

Qu’est-ce que la culpabilité ?

Commençons par le commencement. D’où vient ce sentiment de culpabilité ?
Qu’est-ce qui se joue en nous pour faire naître cette expérience émotionnelle, somme toute plutôt désagréable ?

Voilà la première chose que nous explique Camille Sépulchre, l’intervenante, et que je note immédiatement en gras, tant ça me parait limpide.

La culpabilité nait d’un conflit psychique : elle vient du décalage entre moi tel(le) que je voudrais être, et moi tel(le) que je suis.

C’est exactement ce qui s’est joué ce matin : le décalage entre la maman positive, qui enseigne à ses enfants, par le modèle, à parler gentiment, qui fait preuve de tolérance pour leur temps d’apprentissage, et celle qui s’est mise à agresser ses enfants de but en blanc.
Ce décalage a immédiatement déclenché ma culpabilité.

Pour notre esprit, la culpabilité est alors une façon de réparer : on s’en veut et ça répare un peu ce qu’on a fait.
Vous avez déjà senti ça ?

Nous sommes juges de nous-mêmes

Discuter de cette culpabilité est également l’occasion de revenir sur un point fondamental : la responsabilité de nos sentiments.
C’est une notion fondamentale, très bien expliquée dans la CNV (cf. Les mots sont des fenêtres) :
nous sommes responsables de nos sentiments.

Si vous lisez cela pour la première fois, vous pouvez être surpris.
L’idée est pourtant simple. Des circonstances identiques font naitre des sentiments différents.
Je suis facilement agacée par quelque chose qui, au contraire, plait à mon voisin. C’est donc bien que ce n’est pas la situation elle-même qui engendre mon sentiment, mais moi.
Ou, plus précisément, mes pensées.

Dans le cas de la culpabilité, nos propres pensées sont des jugements.
“Je n’aurais pas dû..”, “J’ai tort…”, “Je ne suis pas capable..”, “Je devrais…”

Nous sommes notre propre juge, et nous nous jugeons nous-mêmes très durement.
Cependant, le fait que cette culpabilité découle de nos pensées en fait un sentiment réellement très personnel.
D’autant qu’elle est particulièrement influencée par nos expériences passées, comme nous allons le voir.

Les différentes formes de culpabilité

Ces pensées qui créent chez nous un sentiment de culpabilité viennent elles-mêmes de niveaux différents.
Elles viennent :

  • de nous et de nos aspirations
  • de ce que la société nous a transmis
  • de ce que nos parents et ancêtres nous ont transmis

Plus la culpabilité vient de loin, plus elle est inconsciente.
Car beaucoup de nos jugements sur nous-mêmes sont directement liés à des croyances qui sont véhiculées sans même que l’on en ait vraiment conscience.

Quelques exemples de ce que peut nous avoir transmis la société :
“Je dois savoir gérer mon travail, ma famille, et ma maison.”
“Je ne suis pas là pour me faire plaisir.”
“Les enfants doivent obéir aux adultes.”
“Je dois penser aux autres avant de penser à moi.”
“Un garçon, ça ne pleure pas.”
“Il faut être efficace.”
“Il faut travailler à corriger ses faiblesses plutôt que se focaliser sur ses forces.”

Quelques exemples de ce que peuvent nous avoir transmis nos parents, qui se confond parfois avec ce que nous a transmis la société :
“Je n’ai pas le droit à l’erreur.”
“Je me débrouille seul.”
“On ne peut pas savourer si on n’a pas d’abord souffert.”
“La vie, c’est comme un match de boxe, il faut être le premier.” (spéciale dédicace à mon grand-père qui nous disait ça régulièrement… Heureusement, on n’écoutait pas toujours !)

Toutes ces croyances ancrées en nous, influencent nos pensées, qui, à leur tour, créent ce sentiment de culpabilité.
Par rapport au geste qu’on vient de faire, à la pensée de ce qu’on aurait pu commettre…
Et que l’on traduit par ce genre de pensées, mi-conscientes :
“Je ne suis pas à la hauteur de ce que les gens attendent de moi.”
« Je ne passe pas assez de temps avec mes enfants. »
En fait, nous sommes en décalage avec une certaine idéalisation de nous-mêmes.

Nous voyons bien ici la part de l’inconscient dans ce sentiment de culpabilité :
1- la culpabilité vient du décalage de ce que nous sommes avec l’idée que nous nous faisons de ce que nous “devrions” être.
2- or, ce que nous devrions être vient de nos croyances héritées de nos parents et de la société.

Ce qui est clair, c’est que plus nous nous situons dans l’inconscient, et plus il est difficile de passer au dessus de notre sentiment de culpabilité.

La culpabilité est un signe de bonne santé psychologique

En effet, que serait un monde sans culpabilité ?
Alors, on verrait probablement :
un manque de scrupules, un égoïsme absolu, un manque d’empathie…
Bref, éradiquer la culpabilité ne serait pas une bonne idée !
Comme tous les sentiments, en fait, la culpabilité a bien une raison d’être.

Notre sentiment de culpabilité prouve que nous savons reconnaitre le bien et le mal.
Seuls les vrais psychopathes n’ont pas de culpabilité !

La culpabilité nous arrive sans que nous le choisissions.
En revanche, nous avons alors le choix de ce qu’on fait de cette culpabilité.
C’est à nous de décider comment y réagir.

Que peut-on faire de notre culpabilité ?

Il y a quelques années, j’écrivais ici-même que “notre culpabilité est une bonne nouvelle.
J’expliquais en effet que la culpabilité était pour moi une prise de conscience qui pouvait servir de point de départ, et c’est ce dont nous allons parler ici.

Culpabilité saine et culpabilité malsaine

Il existe en fait deux manières de vivre notre culpabilité.
On peut parler de culpabilité saine et de culpabilité malsaine.

Culpabilité malsaine

Je me figure la culpabilité malsaine comme un boulet à notre pied.
Cette culpabilité est celle que l’on ressasse, en boucle.
Plus on s’enfonce, plus elle est présente. Plus elle est présente, plus on se juge, et plus cela détruit notre estime de nous-même. C’est alors un cercle vicieux, très pénible.

La culpabilité malsaine nous immobilise, c’est évidemment celle dont on veut le plus se débarrasser.
Cependant, s’en débarrasser ne veut pas dire faire une croix sur la culpabilité dans son ensemble, mais plutôt décider d’agir pour en faire une culpabilité saine.

Culpabilité saine

La culpabilité saine, elle, est plutôt un moteur.
Lorsque l’on sait la recevoir, elle nous donne l’énergie qu’il nous faut pour avancer.

On a vu déjà que la culpabilité découlait d’un décalage entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être. En prendre conscience permet d’entamer un travail sur soi.

Travailler sur soi n’est pas toujours simple, car cela implique souvent une remise en question qui nous rend inconfortable. Sans parler du temps d’investissement nécessaire.
Mais notre culpabilité est sans aucun doute une motivation : l’envie de ne plus la ressentir nous poussera à avancer ! Voilà pourquoi je parle de moteur…

Cependant, l’action ne sera pas toujours la meilleure voie à suivre. En fait, la culpabilité saine engendrera toujours une réflexion chez nous.
Ensuite, nous déciderons s’il convient d’entrer en action ou non.

Deux scénarios sont possibles :

  • Agir pour se transformer
  • Surmonter notre culpabilité

Agir pour se transformer : la méthode

Nous parlons ici d’utiliser la culpabilité comme moteur pour se transformer. Pour tendre un peu plus vers cet idéal que nous avons en tête et qui nous fait nous sentir coupable.
Encore faut-il savoir comment faire cela.

Je vais donc vous livrer ici un exemple personnel, que Camille, la présentatrice, m’a aidée à creuser lors de sa présentation.

Ma situation

“Je me sens coupable quand j’en veux à mon mari de prendre du temps pour lui.”

Oui… je l’avoue (et j’ai un peu honte).
Le week-end, mon mari trouve de plus en plus souvent l’occasion de faire un peu de saxophone.
Une partie de moi se réjouit qu’il renoue avec cette passion qui a été un peu moins présente ces dernières années, et l’autre lui en veut d’y consacrer du temps.
En toute objectivité, je sais que je ne devrais pas lui en vouloir. (Vous remarquez le “je ne devrais pas”, qui parle de qui j’ai envie d’être). Ce n’est pas comme s’il ne s’impliquait pas dans la maison ou avec les enfants. Il trouve honnêtement le bon équilibre, et pourtant, je sens cette négativité en moi, que je ne voudrais pas ressentir !

Camille m’a encouragée à chercher les conflits intérieurs et les idéalisations auxquelles cette situation me renvoyait.

La situation est celle qu’elle est. Soit.
J’ai donc le choix : soit je reste avec ça, je me morfonds, et je tourne en rond avec l’idée que je ne devrais pas ressentir ça, mais sans rien y faire, ce qui devient un boulet à mon pied (culpabilité malsaine), soit je décide d’entamer un travail qui me permettra de mieux comprendre ce qui se joue.

Recherche des idéaux cachés derrière ma culpabilité

On voit bien qu’il y a ici un décalage entre qui je suis dans cette situation et la personne que j’aimerais être. Je vais donc m’y arrêter un moment.

Quel est mon idéal ?
J’aimerais être contente pour lui.
J’aimerais moi aussi prendre du temps pour moi. → Ah ! Il y a également de la jalousie là-dessous ! Mais pourquoi est-ce que je ne prends pas du temps pour moi ?
Je voudrais avoir une maison qui tourne (et pour cela, j’y consacre de l’énergie, c’est mon choix)
Je voudrais qu’il soit présent à ses enfants. – Hum… voilà qui nécessite également une réflexion plus poussée : d’abord, parce qu’il est présent à ses enfants – pas un week-end sans un jeu de société par exemple -, ensuite parce que je sais bien que pour être réellement présent à ses enfants, il faut également prendre du temps pour soi !

Voici donc mon idéal, très clair :
me réjouir qu’il puisse prendre du temps pour lui sans arrière-pensée
et prendre également du temps pour moi sans arrière-pensée

Une réflexion qui se prolonge

Dans les jours qui suivent cette présentation, j’ai l’occasion de pousser encore un peu cette réflexion.
Je m’aperçois que la construction de notre équilibre de vie crée un décalage entre nous.
Du fait que je travaille à la maison, j’ai parfois l’occasion de prendre du temps pour moi dans la semaine. Bien sûr, comme tout le monde, je cours plutôt après le temps ! Mais quand même, convaincue que respirer et remplir mon réservoir est fondamental, faute de quoi je ne suis pas la maman que j’ai envie d’être, je m’accorde des pauses qui me font du bien.
De son côté, Nicolas a peu d’occasion de faire de même. Faire du saxophone est son moment. Et je sais que lorsqu’il a pu souffler dans son saxo, il est ensuite plus détendu, et s’occupe par exemple plus facilement du bain des enfants. Parce qu’il a rempli son réservoir.

La transformation

Cela n’a l’air de rien, mais cette analyse m’a aidée à passer à l’action.
Le week-end suivant, je sens une vraie transformation en moi.
Nicolas part faire du saxo, et moi, je me réjouis pour lui. Réellement, et sincèrement !

Reste à voir si cela durera, mais je sens bien que j’ai franchi un pas important.
D’ailleurs, je n’hésite plus à aller prendre un bain avec un bon livre, dont je sors à mon tour plus reposée ! Cela va également avec un apprentissage du lâcher-prise qui m’appartient complètement.

Quand nous ne sommes pas dans l’action : surmonter la culpabilité

Il existe encore des tas de situations où il est possible de se sentir coupable sans que nous puissions agir pour que la situation change.
Prenons le cas de quelqu’un qui a du mal à supporter d’être privilégié sans l’avoir forcément mérité.
Ex : “J’ai des enfants facilement, alors que ma voisine n’y arrive pas.”

Encore une fois, tout le monde ne ressent pas de la culpabilité dans une telle situation. Mais, si nous nous plaçons dans le cas d’une maman qui en ressentirait, voyons quel serait l’idéal derrière ce sentiment.
Probablement quelque chose de l’ordre de :
« Dans mon idéal, tout le monde a les mêmes chances, et dans mon idéal je ne fais pas face à la tristesse de l’autre. Dans mon monde idéal, je ne rendrais personne triste. »

Pas possible de changer la situation, mais pourquoi pas essayer de développer son empathie, d’écouter l’autre, d’adapter son comportement…

Et puis, on peut se poser soi-même la question suivante : “Je ressens de la culpabilité. Qu’est-ce que j’en fais pour moi ?”
Surmonter sa culpabilité dans ce cas peut signifier s’en débarrasser par la gratitude.
Reconnaître qu’on n’est pas responsable de la situation des autres, et se sentir reconnaissant de ce que l’on vit.

Un choix

Voilà, je vous ai livré tout ce que je savais, ou presque.
Je sais qu’il me reste à mener le travail que je vous ai décrit plus haut sur la situation exposée en début d’article. J’ai commencé à le faire, mais j’aimerais mener ce travail à son terme pour vous en parler un peu plus sans alourdir cet article déjà long.

Une chose à retenir en tout cas : on ne choisit pas de se sentir coupable, mais on choisit bien ce que l’on fait de cette culpabilité.
Pour moi, le choix est désormais fait : je veux embrasser ma culpabilité pour chercher les idéaux et croyances qui se cachent derrière.
Attendre que les choses changent d’elles-mêmes ne fonctionne pas.

Et vous, quand ressentez-vous de la culpabilité ?

Je suis comme vous : je rêve d’une ambiance familiale apaisée et sereine… Et cela demande de l’énergie ! En effet, pour atteindre la sérénité, il faut déjà en donner le modèle. Or, le modèle d’éducation traditionnel que nous avons souvent reçu n’entre pas tout à fait dans ce cadre. Je dirais même plutôt qu’il encourage à une certaine lutte de pouvoir entre parents et enfants. L’éducation positive propose de faire basculer la relation, pour passer d’un mode vertical à un mode horizontal. De quoi être perdu devant un enfant qui répond ! Que se passe-t-il en lui, et en nous, lorsque notre enfant nous déclare brutalement : « T’es pas mon chef ! » ? Comment ne pas, alors, prendre cette tendance à « répondre » pour de l’insolence ? Et surtout, comment réagir ?

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Ce que l’enfant exprime réellement

Choisir de décoder le message

Si on veut éviter les altercations inutiles (y en a-t-il des utiles ?), il faut commencer par réussir à entendre ce que dit l’autre. Ou disons plutôt à entendre ce qu’il veut dire.

Malheureusement, nous n’avons pas appris à nous exprimer de manière claire et directe. Nous sommes souvent emportés par nos émotions, et nous exprimons de manière indirecte, de sorte que notre message est souvent difficilement recevable. Et, évidemment, c’est vrai dans l’autre sens.

La première étape, donc, sera toujours, lorsque  nous sommes en état de le faire (d’où l’importance de prendre soin de nous d’abord), d’essayer de décoder ce que nous dit l’autre, plutôt que de le prendre personnellement.

Le cas de l’enfant qui nous répond

Un enfant qui nous dit « T’es pas mon chef ! » a beau dire « Tu », il parle surtout de lui… Si nous parvenons à enfiler les oreilles girafe que nous propose Marshall Rosenberg, nous entendrons peut-être : « J’existe ! Je suis capable ! J’ai envie de pouvoir prendre mes propres décisions ! »
Ce qui, convenons-en, change déjà pas mal les choses, non ?

Pourquoi cette réaction ?

Le besoin d’importance

Pour mieux comprendre l’attitude de notre enfant, il faut peut-être commencer par bien assimiler ce à quoi aspire tout être humain. Alfred Adler parle en effet de deux nécessités fondamentales : appartenir et avoir de l’importance.

On évoque souvent le besoin d’appartenir de l’enfant, qui s’exprime en particulier à travers son attachement, et lorsqu’il recherche de l’attention.

On parle moins de ce besoin d’avoir de l’importance, pourtant tout aussi fondamental.

Pour grandir en développant sa confiance en soi, il faut se sentir capable, utile… Or, un enfant qui ne fait que suivre les instructions qu’il reçoit à longueur de journée n’a absolument pas l’impression d’avoir de l’importance ! Comment alors peut-il croire qu’il a de la valeur ? Qu’il est digne de confiance ?

Lorsque l’enfant, dès 2 ans, se met à dire clairement « Non ! », il est déjà dans une démarche dans laquelle il réclame sa position : il veut avoir son mot à dire.

L’opposition de l’enfant, signe d’un bon développement

A tout prendre, je dois dire que je préfère un enfant qui m’explique que je ne suis pas son chef, plutôt qu’un enfant qui obéit aveuglément à tout ce que je lui demande. Non, je ne cherche pas l’obéissance chez mes enfants

Comprenez-moi bien : je n’ai pas dit que ce ne serait plus facile d’avoir des enfants qui obéissent au doigt et à l’oeil à ce que je leur demande. C’est sûr que cela me permettrait d’être plus en contrôle de la situation !

Seulement, lorsque l’on choisit d’être parent, on ne choisit pas une vie facile ! Non, on choisit d’accompagner des petits bouts d’êtres humains pour les aider à grandir, et à développer les compétences qui leur seront utiles lorsqu’ils voleront de leurs propres ailes. Ça, c’est mon plan parental !

Alors, si je réfléchis ainsi à long terme, je me dis que, finalement, le fait que mon enfant sache répondre, qu’il sache poser sa limite, montrer qu’il a aussi envie de s’exprimer, de décider, eh bien c’est plutôt une bonne nouvelle !

Comment réagir ?

« Tout ça, c’est très joli », pensez-vous sûrement, mais que faire, alors ?

Ne pas en faire toute une affaire

Pour commencer, ne pas en faire toute une affaire. A ce stade de la réflexion, vous avez bien compris que lorsqu’un enfant réagit ainsi, il ne s’oppose pas forcément à vous. Il n’est pas en train de vous attaquer, de remettre en question votre relation. Il est en train de dire qu’il a également le droit à son opinion, à son pouvoir de décision. Il dit qu’il veut pouvoir se sentir libre parfois !

Nul besoin dans ce cas de réaffirmer votre rôle. Vous n’êtes pas en péril de perte d’autorité !

Rappelez-vous, comme l’explique si bien Thomas Gordon, qu’il y a plusieurs conceptions de l’autorité, et l’autorité par la force n’est pas celle que nous cherchons. Vous atteindrez au contraire une meilleure autorité auprès de votre enfant lorsque vous l’aurez entendu, lorsqu’il vous fera confiance, lorsque vous serez en lien avec lui.

Recevoir ce qu’il nous dit

On pourra donc commencer par tout simplement recevoir ce que notre enfant nous dit : « Non, en effet, je ne suis pas ton chef. Est-ce que je t’en ai donné l’impression ? Je suis ton parent, et je suis responsable de toi pour l’instant, je suis ton guide, et je suis là, entre autres, pour t’aider. »

Rien que ces mots peuvent déjà tout changer : c’est un point fort, c’est une action concrète, par laquelle nous refusons d’entrer dans une lutte de pouvoir.

Chercher des alternatives dans notre communication

Puisqu’il nous a si bien fait comprendre qu’il veut à son tour exprimer son pouvoir, à nous de modifier notre mode de communication pour lui en donner l’occasion !

Pour cela, une ligne directrice : moins d’ordres, moins d’ordres, moins d’ordres !

Cela ne veut pas dire qu’on ne demande plus rien à notre enfant. Mais que nous allons le demander autrement. Que nous allons nous entrainer à communiquer de manière moins directive.

Ca a l’air compliqué, mais, lorsqu’on y réfléchit, ça ne l’est pas tant que ça : on sait déjà le faire avec les adultes. Oui, lorsque nous demandons des choses à nos collègues, à des amis, il est bien rare qu’on le fasse en en donnant l’ordre direct. En général, on va plutôt :

  • faire une demande : « Tiens, tu pourrais mettre ton sac sous la table plutôt ? »
  • poser une question : « T’es bientôt prêt à partir ? »
  • donner une information : « Je crois que X est déjà en bas à nous attendre, il ne faudra pas qu’on traine.. »
  • parler de nous : « J’ai peur d’être en retard… »
  • aider : « Tiens, j’ai ramassé ton papier qui était tombé. »
  • décrire la situation : « Tu sens le courant d’air ? Tes papiers risquent de s’envoler. »

Alors.. il n’y a plus qu’à appliquer les mêmes méthodes avec nos enfants !

Apprendre peu à peu à parler avec un langage plus bienveillant…

Ca ne marchera pas à tous les coups, c’est sûr, mais plus nous y parviendrons, et plus cela changera la dynamique de nos échanges ! Parce qu’alors, nous laisserons nos enfants agir par eux-mêmes, et c’est un vrai message de confiance. Alors, ils pourront commencer à sentir effectivement qu’ils sont capables.

Ils n’auront plus besoin de lutter pour nous dire que « nous ne sommes pas leur chef ! »

Eduquer sans punir, en voilà une idée ! Lorsque j’explique que dans notre maison, la punition n’existe pas, cela surprend souvent. Et cela surprend encore plus lorsque l’on s’aperçoit que nos enfants ne sont pas des délinquants… Non seulement ils ne partent pas à la dérive, mais j’affirmerai même qu’ils ont en fait pas mal de limites. Nous ne sommes absolument pas des parents permissifs. Est-il possible, alors, d’éduquer sans punir ? Pourtant, l’idée reçue, c’est que la punition est une méthode éducative efficace et nécessaire. Que l’on punit les enfants « pour leur bien ». Que c’est la meilleure manière d’apprendre. Et surtout, surtout, si l’on ne punit pas, que fait-on ? Existe-t-il des alternatives ?

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Se faire à l’idée d’éduquer sans punir

Je comprends que cette idée d’éduquer sans punir puisse surprendre. Bien sûr que je le comprends ! Je mentirais en disant que je n’utilisais pas les punitions au début… Et la première fois que j’ai lu ce que les punitions pouvaient avoir de néfastes, je n’ai pas été immédiatement convaincue.

Un héritage à remettre en cause

Pour la grande majorité d’entre nous, nous avons grandi dans un contexte dans lequel il était normal et même bien de punir. La punition comme méthode éducative est donc bien une idée « reçue » : reçue de nos parents, de notre entourage lorsque nous étions enfants.

Or, nos parents nous aimaient. S’ils nous punissaient, nul doute qu’ils le faisaient pour notre bien. Comment remettre la punition en cause sans remettre nos parents en cause.

Notre cerveau sait nous protéger de ce qui nous dérange trop. Penser que nos parents nous ont causé du tort, c’est dérangeant. Autant rester sur l’idée simple que leurs méthodes avaient du bon, et les répéter.

D’ailleurs, l’enfant battu bat ses enfants, c’est connu. C’est un moyen de protection émotionnelle, d’une certaine façon. Pour ne pas remettre en cause ce que nous avons reçu.

De mon côté, je suis assez sereine sur ce point. Les parents ont toujours fait ce qu’ils croyaient être le mieux (avec leur propre héritage, de surcroit). Il n’y a pas de doute là-dessus. Remettre en question la méthode ne signifie pas remettre en question l’intention. L’ignorance justifie la méthode. Aujourd’hui, cependant, nous ne sommes plus ignorants, nous savons que la punition fait du mal à l’enfant.

Alors, sans nous attarder sur le passé, concentrons-nous sur le présent, et même sur le futur, en offrant à nos enfants ce que, à notre tour, nous pouvons faire de mieux !

Nager à contre-courant

Autre problème : même lorsque nous réussissons à remettre en cause l’éducation que nous avons reçue, nous évoluons en général dans un environnement qui n’a pas encore changé ses méthodes. Je dis « pas encore » parce que j’ai confiance que cela changera. Ca bouge déjà, doucement.

En attendant, il est certain que ceux d’entre nous qui ont banni les punitions nagent à contre-courant. Nous évoluons dans un monde qui cherche encore à éduquer par les punitions. Dans le collège de ma fille, comme dans beaucoup d’autres, si l’élève fait une erreur (il n’a pas fait un devoir, il a oublié son matériel, il bavarde en classe…), le prof lui met une croix sur son carnet. Au bout de 3 croix, une heure de colle. C’est comme ça.

Alors bien sûr, lorsque ces méthodes sont si communes, elles deviennent « normales », au sens littéral, c’est à dire que c’est la norme. Et lorsque l’on sort de la norme, c’est toujours un peu plus difficile. Il est, là encore, plus confortable de suivre le groupe, de ne pas se sentir différent…

S’ouvrir à la possibilité

Et pourtant, malgré notre héritage, malgré notre environnement, j’ai envie de vous demander de vous ouvrir à la possibilité d’éduquer sans punir.

Pour ceux pour lesquels cette idée est nouvelle, je sais qu’il faut y aller doucement. Bien sûr. Pour toutes les raisons listées plus haut.

On m’a raconté d’ailleurs l’anecdote suivante. Un jour, Catherine Gueguen donnait une conférence à une assemblée d’enseignants. Elle leur parle, comme à son habitude, du fonctionnement du cerveau, de l’effet sur celui-ci d’une relation empathique, etc… Les enseignants sont intéressés. Jusqu’au moment où elle leur déclare que les punitions ne devraient pas être. Elle est allée trop loin trop vite, et une partie de son assemblée se ferme. Car ils ne sont pas prêts. D’une part, remettre en cause prend du temps, d’autre part, ces enseignants se heurtent au quotidien à la réalité de leurs classes, et n’ont pas encore d’alternative. On ne peut donc leur demander du jour au lendemain de supprimer les punitions de leurs méthodes éducatives.

Je ne serai donc pas ici définitive en vous demandant de supprimer toute punition de votre maison dès demain. En revanche, je vous demande de me prêter attention, pour vous ouvrir à cette possibilité d’éduquer sans punir. Ce sera déjà un bon premier pas.

Pourquoi éviter la punition ?

Avant de parler des alternatives à la punition, il me semble intéressant de faire un détour par les raisons pour lesquelles nous voudrions éviter la punition.

L’impact des punitions sur le cerveau

Plus possible de se mettre des oeillères. Les résultats des recherches en neurosciences affectives sont aujourd’hui claires : les punitions et autres « violences éducatives ordinaires » ont un effet néfaste sur le cerveau. Celui-ci se développe moins, et les aptitudes de l’enfant s’en trouvent diminuées.

Je vous conseille à ce sujet la lecture d’un article de Graines de bienveillance, justement : L’éducation bienveillante validée par les neurosciences.

Développer la motivation interne

Eduquer un enfant à coups de punitions, c’est lui donner, de manière répétée, des raisons externes de faire ou ne pas faire certaines choses. On développe ainsi sa motivation externe. Et ce, dès le plus jeune âge. Il suffit d’entendre mon fils de 6 ans m’expliquer que la raison pour laquelle il ne faut pas frapper son camarade de classe, c’est que sinon la maîtresse va le mettre dans le rouge. Voilà. Ce n’est pas parce que cela fera mal à l’autre, parce qu’il a de l’empathie, parce qu’il existe d’autres manières de régler les choses… Non, c’est parce qu’il y a punition derrière.

Cela signifie que l’on s’éloigne complètement des explications pour entrer dans un rapport de force. Moi, l’adulte, je vais t’apprendre à ne pas te comporter ainsi parce que tu vas avoir peur de ma réaction. J’attends donc une obéissance aveugle de ta part, et je te jugerai pour tes comportements, ce sont les principes des méthodes traditionnelles.

Cela marche à court terme. Mais qu’advient-il lorsque l’adulte n’est plus là pour vérifier ? L’enfant n’ayant jamais développé sa motivation interne, il y a bien des chances qu’il profite de l’absence de l’adulte pour adopter le comportement qu’on cherchait justement à éliminer…

A long terme, il est donc bien plus judicieux d’accompagner notre enfant à développer son contrôle interne, plutôt que de rester dans une position de contrôle externe.

L’apprentissage

Une approche de la question que j’aime également, c’est de réfléchir en termes d’apprentissage.

Lorsque, par exemple, l’élève a une croix dans son cahier parce qu’il bavarde, est-ce que cela lui enseigne vraiment à ne pas bavarder ? Ah oui, d’un certain côté, « ça va lui apprendre » ! Mais je parle plutôt en terme d’enseignement de compétences. Comment fait-on pour résister à l’envie de discuter ? Quel intérêt cela a-t-il pour lui ? Comment réussir à s’auto-contrôler, justement ?

Et pourtant, si l’on donne l’opportunité à l’enfant d’y réfléchir, d’analyser la situation, de trouver sa solution, il y a toutes les chances qu’il y parvienne. (Comme je l’avais d’ailleurs fait avec une amie de ma fille). Et là, on l’aura aidé à développer des compétences.

Ça, pour moi, c’est le rôle du parent.

Les alternatives

Je vous remercie de vous être ouvert à la possibilité d’une éducation sans punition. Maintenant, la question qui brûle les lèvres des parents qui m’ont entendue jusque là est en général : « Mais alors, comment fait-on ? »

Comme je sais que l’évolution doit se faire en douceur, je vais répondre à cette question en vous présentant mes outils en ordre croissant de bienveillance !


Vous voulez, vous aussi, apprendre ces alternatives ?

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Les conséquences

La première étape, la plus facile, c’est souvent de passer des punitions aux conséquences. Cela ne veut pas dire que nous changeons le vocabulaire ! La conséquence a ceci de différent de la punition qu’elle a vraiment une intention d’enseignement. Elle a un rapport direct avec le comportement.

Je vous invite sur ce point à lire mon article sur la différence entre une punition et une conséquence.

La recherche de solution

Au fur et à mesure que vous changerez votre manière d’aborder les situations, vous vous rendrez compte qu’il est plus efficace d’inclure vraiment votre enfant dans la réflexion.

Pour cela, rien de mieux que la recherche de solution. Passer de la conséquence à la recherche de solution, c’est évoluer dans notre posture parentale. L’accompagner, l’aider à grandir, en répondant à ses nécessités de base : appartenir et avoir de l’importance.

Parfois, les blogs d’éducation positive donnent l’impression que lorsque l’on adopte ces principes, tout va alors toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je vous rassure, ce n’est pas le cas.

Ce n’est pas parce que nous suivons les principes d’une éducation bienveillante que les conflits disparaissent. Non, ils existent encore. Cependant, notre manière de les aborder a drastiquement changé. Aujourd’hui, nous sommes clairs sur le fait qu’il existe différentes manières de régler les conflits, et que la force n’est pas le meilleur exemple à donner à nos enfants. La recherche de solution ensemble est donc devenue notre meilleure amie.

Eduquer sans punir, c’est avoir confiance

Au delà des techniques et méthodes, je crois que pour éduquer sans punir, il faut surtout avoir confiance. Confiance dans le fait que notre enfant va apprendre. Comme nous n’avons jamais douté du fait qu’il allait savoir marcher un jour, nous ne doutons pas qu’il va grandir et savoir dire bonjour et merci. Qu’il saura ne pas taper ses camarades. Qu’il saura respecter son entourage, être responsable, se prendre en charge.

Bien sûr, cela lui prend du temps (à lui aussi !), mais ce regard de confiance change notre réaction devant les erreurs de parcours, ce qui a pour effet de changer sa réaction également.

Ainsi, ensemble, on grandit. L’énorme différence, c’est qu’au lieu d’être contre lui, on est avec lui.

L’importance de la connexion

Cette dernière phrase fait parfaitement la transition avec ce dernier paragraphe, qui me tiendra lieu de conclusion. En effet, avant de terminer, je dois vous parler de connexion.

Parce que vous expliquer la recherche de solution est une chose. Mais cela ne fonctionnera que s’il y a déjà une bonne connexion entre vous. On ne peut changer de style éducatif du jour au lendemain, et penser que tout va magiquement suivre. Votre enfant a appris à réagir en fonction de votre posture.

L’un des principes fondamentaux de la discipline positive, selon Jane Nelsen, c’est : « Connecter avant d’enseigner. ». Ainsi, pour espérer créer une autre dynamique dans nos foyers, il s’agit de d’abord s’éloigner de ce qui nuit à la coopération, puis de peu à peu apprendre à connecter avec nos enfants.

Alors, le reste suivra. Et fonctionnera. Ayez confiance !

Grand changement chez nous, en ce début d’année : nous allons commencer l’école à la maison !
Je suppose que vous aussi, il vous est arrivé d’avoir des frustrations par rapport à l’école. D’avoir l’impression que votre enfant n’y trouvait pas ce que vous aimeriez lui offrir. Et, comme moi, jusqu’ici, vous vous êtes adapté. Vous avez accueilli les aspects positifs (parce qu’il y en a), en essayant de passer outre ce qui ne vous convenait pas. Car il faut tout prendre en compte : l’aspect académique, l’aspect social, l’entourage… Mais c’est comme un jeu de balancier : au moment où ce qui ne nous convient pas devient trop lourd, que fait-on ? Deux possibilités : on change d’école… ou on déscolarise ! Décision enfin prise pour nous : nous allons faire l’école à la maison – autrement appelée IEF – au moins temporairement.

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Le contexte scolaire

Léon a 7 ans. Il est en CE1.
Il a un parcours un peu atypique, puisqu’il n’avait pas été en école française avant cette année.

D’abord, il est né au Mexique, où il a été, très jeune, en école Montessori. Nous avons ensuite déménagé pour Puerto Rico, avant ses 3 ans, et là encore, nous avons mis Léon en école Montessori.
Un an avant notre retour en France, en prévision de la transition délicate, nous avons décidé de le transférer, ainsi que son petit frère, dans une école plus classique, dans laquelle étaient déjà nos ainés depuis notre arrivée à Puerto Rico.

Ecole plus classique, certes, mais une école américaine. Et franchement, l’ambiance à l’américaine est nettement plus positive ! Je savais donc que le retour en France serait probablement un peu délicat à gérer.

La différence entre la bienveillance à l’américaine, et ce que j’avais pu observer de l’entourage à la française m’effrayait un peu. Je me doutais que ce pourrait être un choc pour tous. Cependant, « le pire n’est pas certain », et je sais qu’il existe aussi en France beaucoup d’écoles et d’enseignants qui sont tout à fait bienveillants et encadrent les enfants avec confiance. Pas de faux procès en avance donc. Et, tout en sachant que l’école à la maison pouvait être une solution de repli, nous avons inscrit tous nos enfants en école publique. (Un en maternelle, un au primaire, une au collège, et un au lycée !)

Pour Léon, je pensais que cela serait doublé d’une petite difficulté académique. En effet, entrer en CE1, à un âge où les enfants savent lire et écrire en francais, ce n’est pas forcément évident. D’autant moins que l’année dernière, il était en équivalent grande section, car aux USA, les enfants entrent en « grade 1 » à 6 ans révolus, et il est né en octobre. Certes, je lui avais appris à lire en francais à la maison, mais je me doutais qu’il risquait de ne pas avoir la même aisance que ses camarades, surtout à l’écrit.

Beaucoup de raisons, donc, pour être attentif, et j’ai rencontré la maitresse dès la première semaine pour lui faire part de ces particularités.

Les premiers temps

Finalement, les premiers temps se sont plutôt bien passés.
Léon s’est rapidement fait des amis, et l’aspect académique n’a en fait posé aucun problème. Il a mis quelques semaines à prendre le coup de main pour écrire en cursive, et voilà.

En revanche, au niveau de l’ambiance, nous avons senti que les choses étaient plus difficiles.

D’abord, il a commencé par se plaindre de sa maîtresse : elle crie, elle a déchiré une page du cahier du copain parce que ce n’était pas bien fait… (Ca existe encore, ça ??)

Puis, il est revenu avec le vocabulaire de la cour de récré… Les gros mots, pour commencer, mais aussi l’agressivité. Il disait à son petit frère des choses comme « Je vais te défoncer ! ». Pardon ???

Ensuite, il nous a expliqué qu’il se faisait « insulter » par les plus grands… et cela lui donnait envie de s’insulter lui-même : pourquoi donc essayait-il de leur parler ?

Il s’est mis à pleurer à l’idée d’aller à l’étude : « Maman, les maîtresses, elles crient quand on fait des erreurs, alors que toi, tu m’expliques ! ».

Jusqu’à ce qu’apparaissent les signes les plus évidents : le pipi au lit régulier.

Bon. Il fallait prendre les choses au sérieux.

Notre recherche de solution

Bien sûr, nous n’avons pas décidé de basculer du jour au lendemain.

Il fallait reprendre les points un à un, et réfléchir aux diverses solutions envisageables.

Les petites actions locales

D’abord, plus d’étude. Il y allait de temps en temps pour me permettre de travailler un peu plus longtemps. Tant pis, il n’irait plus. J’avais la chance d’être flexible, et je pouvais donc le récupérer à 16h30.

On a développé les relations avec les proches copains, en les invitant à la maison. Cela l’a bien sûr aidé à se sentir mieux, mais ce n’était pas suffisant.

A la maison, j’ai discuté avec lui de l’agressivité qu’il observait à l’école, que c’était normal qu’en recevant ce modèle, il l’intègre partiellement, mais que nous aspirions à une ambiance plus sereine à la maison, et qu’il lui faudrait éviter d’agresser son petit frère comme il se mettait à le faire.

Enfin, ses grands frères et soeurs ont discuté avec lui d’attitude à adopter face aux plus grands, pour qu’il ne se sente plus tant intimidé.

Cependant, la question est importante. Il se durcit face à l’agression, mais est-ce réellement ce que je veux développer chez mon enfant ?? Pas du tout !

Puis-je faire le métier que je fais, accompagner les parents vers plus de bienveillance, croire en un monde meilleur, et accepter que mon fils apprenne que la vie est dure et qu’il faut y faire face ??

Recherche d’autre école

En parallèle, tout en pensant déjà à la possibilité de faire l’école à la maison, j’ai commencé les recherches d’autres écoles. Car si une chose était sûre, c’est que ces petites actions pouvaient éventuellement permettre de patienter, mais ne seraient absolument pas une solution à long terme.

J’ai la chance d’accompagner une institutrice de CP dans une école privée assez proche, dans le cadre de séances de discipline positive en classe. Si ces séances (bénévoles) sont possibles, c’est parce que la directrice de cette école est d’avis de considérer chaque enfant dans son individualité, et a su susciter cela chez ses enseignants. J’ai donc choisi de discuter de mon problème avec cette directrice. Et nous avons envisagé de transférer Léon dès la rentrée de janvier. Mon fils était ravi ! Mais finalement.. pas de place pour janvier, il faudra attendre septembre.

J’ai également considéré une école Montessori, dans la ville d’à côté. J’ai assisté à leur présentation. Bien sûr, le contexte est attirant. L’ambiance n’a rien à voir. D’abord, je connais bien la pédagogie Montessori, et je la trouve très adaptée à mon fils. D’autre part, la directrice nous a parlé de bienveillance, avant même de nous parler Montessori, c’est plutôt bon signe ! Mais.. mais l’école est loin (j’ai mis une demi-heure avec mes grandes jambes), et elle est chère ! Solution éliminée.

Dernier rendez-vous avec la maitresse

Pendant cette phase de réflexion, je pensais encore qu’il fallait quand même communiquer avec la maitresse de mon fils. Essayer d’attirer son attention sur ce qui se passait pour lui. J’ai donc pris un nouveau rendez-vous avec elle.

Et je me suis sentie complètement en décalage.

La maitresse n’avait absolument pas ressenti le mal-être de mon Léon. Elle me disait au contraire que Léon était très mignon, et se débrouillait très bien en classe.
Soit. Mais il a perdu son stylo bleu, et n’ose pas vous en parler. « Ah bon ? Pourtant, je ne lui crie pas dessus, à lui ! ». Est-il besoin d’en dire plus ?

Je ne jette pas la pierre à cette maitresse. Je sais qu’elle essaye de bien faire, mais que, comme nous, les parents, elle se retrouve régulièrement dans des situations où elle craque. Sa formation ne lui a pas permis de voir comment la bienveillance aide les enfants à grandir, et à réussir. Elle n’a pas eu l’occasion de s’ouvrir à autre chose que l’éducation traditionnelle à la française.

D’autant moins que la directrice de l’école est elle-même très « traditionnelle ».
Elle dit par exemple : « Moi, je ne dis pas bonjour aux enfants le matin, je considère que c’est à eux de le faire. » Clairement, cette directrice n’a pas entendu parler de la force du modèle, et des neurones miroirs. Alors, si l’on considère les choses ainsi, peut-on attendre des enseignants qu’ils laissent le temps d’apprentissage aux enfants ??

Non, je ne jette pas la pierre à cette maitresse, mais je choisis autre chose pour mon fils.

A 7 ans, on est encore en construction. Je refuse de prendre le risque que mon enfant sorte d’un an de cette ambiance avec une confiance en lui détruite. L’école à la maison, pour nous, aujourd’hui, c’est lui offrir un autre environnement.

Pourquoi seulement Léon ?

Vous l’avez compris, cette situation n’a pas été anticipée, elle nous est un peu tombée dessus par défaut.
Malgré cela, lorsqu’on arrive à cette décision, on s’interroge sur l’application de celle-ci à un enfant, ou à plusieurs…
Pour l’instant, elle ne s’applique qu’à Léon.

En effet :

  • la question ne se pose pas vraiment pour les grands. Oscar est en terminale, et, même s’il a passé le bac francais en candidat libre l’année dernière (il en a d’ailleurs fait une video), il est mieux préparé dans un lycée pour son bac S à venir, sans compter le dossier pour la suite ! Alice est en cinquième, et s’y sent bien. Elle s’est fait des amis, et si certains de ses profs ne correspondent pas aux critères éducatifs que nous cherchons à développer chez nous, elle a la maturité qu’il faut pour avoir du recul sur la question.
  • pour Anatole, le plus jeune, on pourrait s’interroger car son école dépend de la même directrice. Cependant, en étant encore du côté maternelle, il bénéficie d’un cadre bien différent. Et surtout, sa maîtresse est super. Donc, pas de raison de le changer pour l’instant. En revanche, il est clair pour nous qu’il ne restera pas dans cet établissement l’année prochaine, pour son CP.

Et puis, pour l’instant, cet aménagement est annoncé temporaire. Car l’école avec laquelle j’ai pris contact devrait nous prendre les deux garçons l’année prochaine.

Je me laisse donc le loisir de vivre cette opportunité sans stress, et de décider plus tard si c’est une expérience à prolonger, ou non !

Concrètement, cela commencera la semaine prochaine, car j’avais déjà un déplacement de prévu cette semaine. Cela tombe bien : il a ainsi quelques jours pour clore les choses de manière plus posée, tant avec ses camarades qu’avec les maitresses, et l’école.

Les perspectives que me donne l’IEF ou école à la maison

IEF, c’est le terme officiel : Instruction en Famille.
Car si l’instruction est obligatoire en France, l’école ne l’est pas. On peut donc choisir de mener cette instruction en famille, et c’est même beaucoup plus facile que ce que l’on peut croire (il suffit de deux lettres pour déclarer que notre enfant ne va plus à l’école) !

Cet article se prolonge, alors que je voulais également vous parler des perspectives que je vois, avant de commencer. Je voudrais développer les aspects de cette décision qui m’enchantent, et ceux qui m’inquiètent. Comme je suis très bavarde, et que je sais qu’il me faudra encore du temps pour les développer, je vous en reparlerai dans un prochain article !

Rendez-vous donc la semaine prochaine, pour parler de nos débuts, et de ce que j’anticipe.

Sachez cependant, que me réjouis à l’idée de tout ce que nous allons avoir l’occasion de faire ensemble, lui et moi ! Il faut dire que l’idée de l’école à la maison me tente depuis que mon grand est petit… Finalement, c’est donc une chance que ces difficultés m’offrent, je n’aurais sans doute jamais passé le pas autrement.

Et vous, l’école à la maison vous attire-t-elle ?

La joie comme intention… ou comment l’ambiance familiale peut changer par un simple changement de priorité !

Il y a quelques semaines, je vous parlais de mon envie de mettre la joie en priorité dans ma famille.

Retour sur cette expérience, qui s’avère particulièrement efficace !

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Ma réflexion sur la joie

Ici Coralie, du blog 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Lors de mon dernier podcast, je vous parlais de la joie. Et je partageais avec vous le fait que j’avais envie de la mettre plus dans mes priorités au quotidien dans nos relations familiales.

Je m’étais en effet fait la réflexion qu’en avançant sur le chemin de la parentalité positive, j’avais réussi à apprendre comment être beaucoup moins en conflit avec mes enfants, j’avais réussi à leur apprendre également à être moins en conflit entre eux, et que l’ambiance à la maison en avait été changée. Et que malgré tout ça, j’avais envie d’aller plus loin, pour non seulement avoir des relations plus calmes, mais également plus joyeuses.

Et je vous avais promis de faire un retour là-dessus, et de vous dire comment ça s’était passé.
Alors voilà, c’est mon objectif aujourd’hui : quel a été l’impact de cette réflexion ? Ai-je réussi à fixer la joie comme priorité ?

Tout a changé !

En fait, c’est vraiment intéressant de voir à quel point un simple changement d’état d’esprit peut changer les choses. Je ne vais pas vous dire que depuis que j’ai décidé de me focaliser sur la joie, tout a changé.
Je ne vais pas vous dire que, du jour au lendemain, la joie a été omniprésente dans mon foyer. Non, tout n’a pas changé, ceci d’autant moins que je n’ai pas réussi à garder cette joie en tête tous les jours.

Cependant, les jours où elle était effectivement présente dans mon esprit, la dynamique a été différente. Alors, j’y ai réfléchi et j’ai cherché à l’analyser un peu. Comprendre ce que ça avait vraiment changé.

Déjà, noter très clairement la responsabilité qu’on a, nous, en tant que parents, sur l’ambiance familiale.
Bien sûr, les enfants en ont une également ; bien sûr, leur comportement a une influence ; mais notre façon de réagir à ce comportement peut également tout changer. J’en étais déjà persuadée, cependant, je vois que ça peut aller encore un cran plus loin avec cette idée de joie.
Parce que c’est, comme je l’ai dit au début, certains jours mon seul état d’esprit qui décide de se focaliser sur la joie qui fait que mon attitude est différente, et que l’ambiance est différente.
Parce que, oui, j’ai vu des ambiances différentes les jours où j’étais vraiment focalisée dessus.

Comment ça s’est traduit concrètement ?

D’abord,

le premier point,

il est très clair, c’est que j’ai choisi de me remplir de la joie que j’observais. C’est à dire que, au lieu de considérer que lorsque mes plus jeunes enfants exprimaient leur joie, c’était.. on va dire normal, et me comporter moi « comme si de rien n’était », j’ai eu une démarche consciente de me remplir de leur joie, de rire avec eux, d’essayer de comprendre ce qui les enthousiasmait et de m’enthousiasmer avec eux.

Et ça, déjà, c’est fort, parce que ça m’a permis d’entretenir ma propre décision.

C’est à dire que, d’aborder les choses avec joie, et de trouver encore plus de joie en la puisant chez eux. Finalement, c’était eux qui remplissaient mon réservoir.

Ce premier point-là, je pense que tous les parents de jeunes enfants peuvent le vivre.

C’est moins évident chez les enfants plus grands, qui n’ont pas la même manière d’exprimer leur joie, cependant c’est quelque chose à chercher également, se réjouir de ce qu’ils partagent, au lieu de facilement considérer que ça a peu d’intérêt.

Le deuxième point

est plus personnel, et j’imagine qu’il se déclinera différemment, selon les parents et le caractère de chacun. Parce que nous sommes tous des adultes différents, face à des enfants différents. Mais surtout des adultes différents. Et chez moi, il y a un grand besoin de contrôle. C’est d’ailleurs un thème que nous avons déjà abordé, lorsque nous avons parlé de comment notre personnalité influence celle de nos enfants, et que nous avions fait l’analyse de la carte dominante.

Alors, pour choisir la joie au dessus de ce besoin de contrôle, ça m’a demandé du lâcher-prise.
Le lâcher-prise, c’est sûrement plus facile pour certains parents que pour d’autres ! Et, dans la théorie, je sais que le lâcher-prise est important, je l’ai déjà mis en place à de multiples reprise, et j’y repense régulièrement. Mais cette fois, au lieu de choisir le lâcher-prise, j’ai choisi la joie, et le lâcher-prise est venu naturellement.

Etrangement, ça a été, du coup, beaucoup plus facile. Parce que, du coup, ce n’était plus un choix « négatif », c’est à dire un choix de ne pas voir quelque chose, de ne pas prêter attention à un comportement qui m’aurait déplu, de ne pas me battre pour, comme lorsqu’on choisit ses batailles, ce qui est très important ; ca a été au contraire un choix positif.

Je choisis la joie.

Et évidemment, naturellement, ça veut dire que, lorsque mes enfants se sont levés de table pour montrer le dernier enchaînement de danse, avec la chanson qui va avec, qu’ils ont apprise pendant leur cours de sport, je n’ai pas eu besoin de m’imposer de ne pas réagir au lever de table pour ne pas me battre, j’ai savouré le partage de la chanson, le rire des autres, et effectivement, le fait de se lever de table à ce moment-là n’avait aucune importance !

Ca a été un lâcher-prise naturel. Ca ne veut pas dire que les règles ne doivent pas exister, ça ne veut pas dire qu’on ne va pas revenir dessus, mais ça veut dire que l’on choisit ses priorités. Je peux vous dire que chez nous, les diners où je suis arrivée avec une posture d joie ont été réellement différents !

Enfin,

le troisième point,

c’est que j’ai cherché à mon tour à créer de la joie. Et ça, oui, ça me demande encore un effort, parce que ce n’est pas mon caractère naturel forcément, mais il y a eu plusieurs moments où j’ai plus facilement basculé dans une parentalité que l’on qualifie de ludique, pour ceux qui connaissent, dans laquelle on prône le jeu avec l’enfant, non seulement pour se défaire de situations de conflit, ce que je faisais déjà, mais également en dehors de tout contexte, simplement comme moyen de connexion.

Alors, le jeu comme moyen de connexion, c’est quelque chose que, chez nous, on utilise beaucoup, de façon tranquille, encore une fois. C’est à dire que nous faisons beaucoup de jeux de société. Mais, cette fois, j’ai mis en place également du jeu plus vivant. Des jeux de chatouilles, des jeux de semi-bagarre, des moments où l’on danse, des choses qui ne me viennent pas forcément naturellement, mais qui permettent également de changer l’ambiance.

Et c’est drôle de voir à quel point c’est facilement suivi ! On commence avec un enfant, et puis ils s’y mettent tous. Et alors moi qui ai des enfants d’âges différents, puisque l’aîné a 15 ans, et le dernier 4, je peux vous dire que dans ces moments-là, les écarts d’âge s’effacent ! C’est assez magique.

Quelle est la leçon à retenir de tout ça ?

C’est le fait qu’on peut effectivement avoir une influence sur la façon dont les choses se passent par la simple posture dans laquelle on se met.

De nouveau, ce n’est pas une baguette magique, parce qu’il y a des jours où je suis plus stressée que d’autres, où je suis plus fatiguée que d’autres, et où la joie me viendra moins naturellement, mais le fait de l’avoir à l’esprit peut réellement changer les choses.

Et dans cette démarche, une astuce toute simple :

Avant de rentrer chez moi, j’y réfléchis. Je pose mon intention, dans les 2 minutes qui précèdent le moment ù je passe la porte. Je ne cherche pas à enchainer les choses, à être encore sur mon téléphone,etc. Non, pendant ces 2 minutes, je respire,  je souris, et je pose mon intention de joie. La suite en découle naturellement. Même si j’ai encore parfois besoin de m’y reconnecter.

Je ne peux donc que vous conseiller de faire la même chose. De réfléchir à la priorité pour vous, et, si c’est la joie, comme ça l’était pour moi ces dernières semaines, et, j’espère les prochaines semaines également, connectez-vous à cette intention avant de rentrer chez vous, et essayez de la garder présente. Et voyez la différence.

Si vous pensez que dans cette démarche, ce podcast peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à le partager.
Et n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire comment la joie a pu être mise en place chez vous.

A bientôt !

Note : cette notion d’intention m’a paru tellement efficace que c’est devenu la première astuce de mes « 39 astuces d’éducation positive« . A vous de découvrir les 38 autres !

Développer ses compétences de parent positif permet de bien mieux gérer les moments difficiles. Mais j’aimerais aller plus loin, et susciter également plus de moments positifs dans notre famille ! Une vraie décision ?

Dans ce podcast, je vous partage mes interrogations à ce sujet, mon désir de progresser…

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Un mode d’éducation différent

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Aujourd’hui, je voudrais parler de la joie dans l’éducation, dans la famille. Plus que des conseils, je crois que c’est une interrogation que je partage ici.

Une interrogation qui fait suite à des réflexions que je me suis faites dans notre propre famille. Je me suis rendue compte que nous avons développé chez nous énormément de techniques, de compétences, et puis, évidemment, de façons de penser, plus profondes, qui nous permettent d’avoir un mode d’éducation bien différent de ce qu’il était il y a plusieurs années.

Un mode d’éducation qui nous permet plus de connexion avec nos enfants. Nous sommes persuadés que la connexion est à la source de l’enseignement, que nous ne pouvons pas espérer la collaboration, la coopération de nos enfants sans être connectés avec eux, et nous dépensons pas mal d’énergie pour s’attacher à se défaire de nos réflexes de jugements, de critiques. Et plutôt s’attacher à mieux comprendre nos enfants, ainsi que je le partage régulièrement sur le blog.

Une évolution positive de notre parentalité

C’est tout un travail sur nous-mêmes, qui nous a aidés à moins nous énerver ; la compréhension de l’enfant nous permet de développer notre tolérance, et si j’ai commencé ce chemin avec l’idée de moins crier, il est clair que cet objectif-là est atteint !

Pourtant, j’ai encore le sentiment que ce n’est pas assez. Mieux nous entendre, et moins crier, c’est déjà énorme, je le sais. Je sais également que j’ai appris à aider mes enfants à développer des compétences à long terme.

Je leur apprends à faire de leurs erreurs des opportunités. Je leur apprends comment trouver des solutions, entre nous, et dans leurs conflits. Je développe leur confiance en eux. Et je suis ravie de tout cela !

Cependant, parfois, j’ai l’impression qu’il me manque encore quelque chose… Il me manque la joie !

Notre ennemi, la fatigue et l’impatience

Bien sûr, il y a les moment dans lesquels nous avons du mal, malgré toutes nos compétences, malgré toutes nos bonnes intentions, parce que nous sommes nous-mêmes fatigués, irrités. Nous avons peu de patience.  Ces moments-là seraient évidemment les plus difficiles, ce sont les moments où l’on a le plus de mal à recevoir leurs émotions, ou du moins leurs émotions négatives. Ce sont les moments où l’on perd la perspective de leur âge.

On a beau avoir appris que leur cerveau n’est pas encore complètement mûr, qu’il est normal qu’ils ne sachent pas gérer leurs émotions, quand on fait face aux colères des enfants, aux frustrations des enfants, on a parfois du mal à garder notre patience. L’un de nos enfants est particulièrement sensible, et, lorsqu’il est lui-même dans une journée difficile, que les pleurs s’enchainent, c’est parfois épuisant !

Cependant, je me faisais récemment la réflexion que l’intensité avec laquelle ils sont parfois capables d’exprimer leur colère, leur tristesse, est également présente pour les émotions positives. C’est incroyable de voir de quelle manière ils expriment leur joie, leur gaité, pour des toutes petites choses !

Notre atout : les émotions positives

Voir comme le rire peut éclater pour une bêtise.. comme trainer le papier en faisant semblant que c’est une voiture peut les mettre en joie, les voir courir vers nous quand on rentre à la maison pour se jeter dans nos bras ! Oui, le jeune enfant est extrême dans ses réactions, tant dans le positif que dans le négatif.

Et, parfois, j’aimerais pouvoir encore puiser en moi pour m’attacher à ces réactions positives. Pour m’y recharger suffisamment pour, à mon tour, pouvoir l’exprimer lorsque tout va bien.

Pas seulement développer ma capacité de faire mieux face aux moments négatifs. Mais également profiter, savourer plus les moments positifs. Et je vais encore plus loin : créer des moments positifs, mettre de la joie dans des moments qui sont plutôt neutres.

Je crois que ça, c’est un réel défi. C’est vraiment aller un cran plus loin. Ne pas s’arrêter seulement au fait de mieux gérer les conflits, mais également de rendre la vie plus heureuse. D’être plus joyeux au quotidien.

Développer son lâcher-prise

Ca passe également par des compétences. Ca peut vouloir dire par exemple de développer sa capacité à lâcher-prise. A ne pas se bloquer sur des attitudes du quotidien qui nous agacent, clairement, mais qui finalement ne gâchent que notre propre humeur.

Et si, parfois, on se détachait un petit peu de ces moments-là, de ces agacements-là, pour plutôt s’attacher au plaisir d’être ensemble ? Si on arrivait à mieux développer la joie de la famille…

Encore une fois, ce partage aujourd’hui est plus de l’ordre de l’interrogation que du conseil. Parce que je cherche des pistes. Parce que moi-même je sens que j’en ai besoin. Parce que je trouve encore que je ne profite pas assez des moments partagés, que je ne les savoure pas assez.

Mon constat

Oh oui, bien sûr nous avons des moments de joie, et de rire, et de partage, et de jeux !
Mais je suis persuadée que nous avons en nous la capacité de faire en sorte que ces moments soient plus fréquents encore. Et je suis persuadée que c’est un cercle vertueux. Que plus nous savourerons ces joies, plus nous insufflerons de la joie dans notre quotidien, moins nous aurons besoin de compétences pour mieux gérer les conflits, parce que moins il y aura de conflits.
Entre nous et eux, et entre eux également.

Alors, je me propose d’essayer ça. Dans les jours qui viennent, je vais m’attacher à la joie. La poser comme priorité familiale. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à me les partager. Et la semaine prochaine, j’essayerai de prendre un moment pour vous raconter ce que ça a pu changer chez nous.

A bientôt !

Ajout un peu plus tard : l’article qui raconte comment j’ai vécu cette envie de joie dans les semaines qui ont suivi.

Pas facile de faire face à un enfant qui s’oppose… Surtout sur des points qui nous semblent non négociables. Dans ce podcast, je vous encourage à changer de posture face à cette opposition. Pour mieux la comprendre.

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L’enfant qui s’oppose

Aujourd’hui nous allons parler de l’enfant qui s’oppose, qui s’oppose à nous, mais pas vraiment à nous, justement.

En tant que parent, c’est une situation à laquelle on fait souvent face.  Notre enfant s’oppose à ce qu’on lui demande. Qu’est-ce que je peux faire pour qu’il m’obéisse ?

En fait, je voudrais vous encourager à vous éloigner un petit peu de ce rapport complètement vertical, qui veut que : on demande quelque chose à notre enfant, et il doit nous obéir. S’il ne le fait pas, c’est qu’il s’oppose à nous.

Voilà une logique traditionnelle qu’on peut essayer de rompre.

L’enfant qui s’oppose à nous, ne s’oppose pas forcément à nous. Ca peut arriver. Je ne dis pas que ça n’arrive jamais, en particulier lorsqu’il est dans une logique de revanche, dont nous pourrons parler un petit peu plus tard.

Mais ce que je voudrais d’abord mettre en valeur, c’est que la majorité du temps, l’enfant ne s’oppose pas à nous. L’enfant s’oppose parce qu’il a, lui, de son côté, une dynamique intérieure, qui lui donne envie de faire autre chose.
L’enfant qui s’oppose au fait d’aller au bain, ne s’oppose pas forcément au bain, il s’oppose parce qu’il a envie de jouer. En fait, il y a une dynamique positive en lui.

Donc, la première erreur que nous faisons souvent, face à un enfant qui s’oppose, c’est de prendre les choses personnellement. De considérer que s’il n’exécute pas ce que nous lui demandons de faire, alors c’est un échec de notre part, en tant que parent.

Et en fait, ça ne l’est pas. C’est meme plutôt une bonne nouvelle que cet enfant soit capable d’exprimer ses propres opinions, qu’il sache défendre son territoire, qu’il sache garder ses positions, des choses qui lui seront bien utiles dans sa vie !

Faire une pause

L’important serait donc de voir, d’une part, le moteur qu’il y a derrière, et pour ça, il est nécessaire de faire une pause, de prendre du recul. Et je sais que parfois, ça nous rend fous. Parce qu’il y a des choses sur lesquelles on considère qu’il n’y a juste pas le choix, et que on veut contraindre l’enfant, parce que… parce que c’est comme ça ! Et que l’enfant ne veut pas obéir, et qu’on est… qu’on cherche à rester dans une dynamique du parent positif qui n’impose pas à ses enfants d’obéir, mais qui cherche la motivation interne de l’enfant pour qu’il soit d’accord pour coopérer, c’est pas toujours facile !

Alors quand cela se produit, quels seraient les conseils ?

D’abord, la première étape, c’est celle que l’on a déjà soulevée : de ne pas prendre les choses personnellement, de faire une pause, et d’observer l’enfant. De comprendre ce qu’il se passe pour lui. Pas contre nous, pour lui.

Essayer de voir que souvent le comportement de l’enfant est la pointe de l’iceberg. Comme le dit Jane Nelsen dans la Discipline positive, les comportements inappropriés ont en général une raison d’être. Ca peut être un besoin d’attention, qui est la raison la plus connue parmi les parents, mais ça peut être également une envie de prendre le pouvoir.

L’enfant qui se sent contraint au cours de sa journée, a envie, à un moment, d’exprimer, de vivre le fait qu’il a également du pouvoir, lui. Qu’il peut décider de ses actions. Et ça, c’est très bien, c’est important, c’est un vrai moteur.

Alors, on peut valider cette position-là, ce qu’il veut, et ce qu’il ne veut pas. Même si parfois, il n’y a pas le choix. Donc, cette première étape, déjà nous permet de mettre les choses en perspective, elle nous permet d’ avoir un regard différent sur l’enfant, de mieux accepter cette situation.

Parce que, ce dont il faut être persuadé, c’est que s’opposer en retour ne sert à rien. Ca ne sert à rien parce que ça ne va pas aider à ce que l’enfant change de position. Ca ne va qu’entretenir, ou même créer quand elle ne l’est pas, une lutte de pouvoir qui ne mènera à rien, si ce n’est, si vraiment on ne lâche pas, à imposer en tant que parent, par la peur, la contrainte… les choses qu’on aimerait voir suivies plus spontanément.

Alors, si on ne peut pas s’opposer en retour, que faire ?

On arrive donc à la deuxième étape. Celle de notre décision, notre action. Quelles sont les réactions possibles ?

La réaction la plus simple, ça peut être de simplement lâcher prise. Il est parfois possible de remettre en cause ce qu’on demande, de décider que ce n’est pas si important, ou de gagner en flexibilité.

C’est à dire, si on est dans un moment où l’on décide que c’est l’heure d’aller au bain, peut-être  que l’on peut trouver un accord avec l’enfant, pour dire “Ah, tu voulais finir ça..” Comprendre pourquoi il dit non. Il est en train de dessiner. “Tu voulais finir ton dessin ? Pas de problème, est-ce que ça te convient d’aller au bain après ton dessin ?” Il y a de bonnes chances que l’enfant réponde oui !

Pour éviter justement de rentrer dans cet affrontement qui ne va faire qu’encourager l’affrontement. Parce qu’au bout d’un moment, on se retrouve comme dans une bataille. On veut être vainqueur. Et l’enfant est dans la même position. Du moins, dans une position symétrique.

Donc, faire une pause face à lui, c’est aussi lui donner une fenêtre pour évoluer sans “perdre la face”. Et souvent, ça suffit à résoudre le problème.

Exemple

Hier, mon Anatole de 4 ans vient à table, et il ne s’est pas lavé les mains. Et c’est vrai que c’est un point sur lequel nous ne cédons pas. C’est à dire que pour nous, il est très important que les enfants aient les mains lavées avant d’aller à table. Ce sont des choses qu’ils apprennent au fur et à mesure, et qui viendront tout seul. Bientôt. Cependant, à 4 ans, on n’est pas encore convaincu de la nécessité de se laver les mains avant de passer à table. En général, ça se passe bien. En général, on lui dit :
“Ah, qu’est-ce qui te manque pour passer à table ?
– Ah oui, me laver les mains !” il y va.
Et puis, il y a des jours où ça se passe moins bien.
Hier, il vient à table, et ne s’est pas lavé les mains.
“Ah Anatole, je crois que tu as oublié quelque chose.
– Je ne veux pas me laver les mains. dit-il.”
Bon. Moi de répondre :
Ah, tu ne veux pas te laver les mains ? Donc tu ne veux pas déjeuner ?
– Si, je veux déjeuner, mais je ne veux pas me laver les mains !

Bien. Cas d’opposition simple, on pourrait très bien entrer dans une dispute. ET dans une lutte de pouvoir. Du type “Il n’est pas question de ça, tu vas laver les mains, tu fais ce que je te dis et puis c’est tout, etc…”

Mais comme nous sommes des parents positifs, nous évitons l’affrontement direct. Je valide donc le fait qu’il n’ait pas envie de se laver les mains, parce qu’il a le droit, et je lui dis.
– Ah.. tu veux dire “Je ne veux pas me laver les mains, mais je vais quand même me laver les mains, parce que je veux déjeuner”
Et lui de répondre :
– Non, je ne veux pas me laver les mains, mais je veux déjeuner.

Et là, je ne dis rien. Je commence mon déjeuner. Parce que je pense qu’il est plus simple de lui laisser l’opportunité de prendre sa position, et de changer d’avis, que de continuer à m’opposer. Et effectivement, voilà mon petit bonhomme qui réfléchit un petit peu, et qui me dit :
“Euh… je veux dire : je veux me laver les mains, parce que je veux déjeuner.”
Tu m’en vois ravie…
et il est parti se laver les mains.

Je ne dis pas que ça marche à tous les coups.

Il y aura sûrement des moments où du coup, il va se mettre à déjeuner, alors qu’il ne se sera pas lavé les mains, et il faudra encore aller chercher un autre outil. Mais je pense que, par défaut, on peut essayer d’avoir confiance. Avoir plus confiance. Il le sait, dans le fond, qu’il faut se laver les mains avant d’aller déjeuner. Il exprime seulement le fait qu’il n’a pas envie d’aller se laver les mains, ce qui peut arriver, et, au passage, il a une position de l’enfant qui décide qu’il ne va pas aller se laver les mains juste parce que sa maman lui dit d’aller se laver les mains. Donc, il me fait savoir qu’il a le droit d’avoir sa position, je ne m’oppose pas, il a donc aussi la liberté d’aller se laver les mains sans que ce soit parce que je le lui ai imposé. C’est comme si c’était lui qui en prenait la décision.

Et ça, ça change tout au rapport entre nous.

Et ce qui est magique là-dedans, c’est que plus on évitera ce type d’oppositions, du moins d’affrontements et de luttes de pouvoir, et moins on aura de chances qu’il y ait d’autres luttes de pouvoir.

Parce que, de nouveau :

la lutte de pouvoir, d’où vient-elle ?

Du fait que chacun a besoin de montrer qu’il a ce pouvoir, cette possibilité d’imposer son point de vue. Donc, plus il y aura de moments où nous l’imposerons et plus notre enfant aura son besoin de montrer qu’il en a aussi.. à combler !

Si en revanche, on lui laisse l’opportunité de prendre ses décisions, et de s’exprimer, il y a toutes les chances qu’ensuite, lorsqu’on lui demande quelque chose, il ne le voie pas comme une imposition, et il coopère beaucoup plus facilement.

Le cas dans lequel l’enfant s’oppose réellement à nous, et pas à ce qu’on lui demande, c’est le cas de la revanche. C’est s’il est fâché contre nous, et qu’il veut nous le “faire payer”.

il considère qu’il ne se sent pas bien, et que, il n’a pas trouvé de solution pour changer ça, mais que, au moins, il peut entrainer les autres avec lui. Et ça, ça se passe quand on trouve que l’autre s’est mal comporté avec nous.

Là encore, s’il y a des moments où on lui aura.. manqué de respect, où on lui aura imposé des choses, ou bien où on aura pris partie dans une dispute avec son frère par exemple, il y’a plus de chances qu’ensuite, l’enfant s’oppose, même si la situation n’a rien à voir, et que nous la dé-corellons. Pour lui c’est une opposition à nous, parce que c’est sa façon “de se venger”.

Tout comme ça nous arrive naturellement à nous. On n’a pas envie, en fait, de faire plaisir à quelqu’un contre qui on est fâché, même si l’autre point sur lequel on pourrait lui faire plaisir n’a absolument rien à voir avec le sujet de notre fâcherie.

Et on en revient toujours au même : pour se comporter bien, il faut se sentir bien.

Donc le parent positif s’attachera plus à la relation avec l’enfant, à entretenir le lien, et à créer la connexion, parce qu’il sait que c’est de cette connexion que viendra la coopération.

Voilà, j’espère que cette réflexion vous aidera dans la vôtre… N’hésitez pas à faire des commentaires !

Certes, être parent signifie s’oublier un peu pour ses enfants. Mais il reste important de prendre du temps pour soi.

Dans ce podcast, je vous parle de comment j’ai réussi à mettre en place une routine pour moi, qui bénéficie finalement à toute la famille.

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Le constat : la quête de la perfection est dangereuse

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.
Un podcast un peu particulier, parce que vous entendez le bruit des vagues derrière. Je suis en effet sur la plage, en train de marcher. Et c’est ce qui m’inspire ce podcast, et c’est pourquoi j’ai décidé de ne pas tarder à l’enregistrer.

En tant que parents, nous avons également besoin de pauses, et de temps pour nous-mêmes. Et c’est ce que je voudrais mettre en valeur aujourd’hui.

Je me souviens quand je vivais encore à Paris, j’étais consultante, dans une entreprise de jeunes loups ambitieux… et j’avais déjà deux enfants. Je ne collais pas bien au modèle de l’entreprise. Pourtant, motivée par mon environnement, j’avais envie de devenir manager, de progresser. D’ailleurs, mon métier me plaisait, mon travail me motivait.


Et puis un jour, j’ai discuté avec une jeune femme, justement, qui venait d’être promue manager, et qui avait des enfants, ce qui était très rare. Et je lui demande, je lui dis :
« Explique-moi, inspire-moi, montre-moi la voie ! Comment as-tu réussi à jongler entre tes enfants, ton travail, réussir à être promue ? »

Et là, elle me dit : « Tu sais, Coralie, attention à ce que tu cherches. Moi, j’ai voulu tout faire. J’ai voulu être une super épouse, une super maman, et une super professionnelle. J’avais envie de ne renoncer à rien. Et donc, j’ai cherché toutes les heures que je pouvais, je me suis donnée dans tout, et j’ai essayé. Le résultat, c’est ce que tu vois, c’est à dire qu’effectivement, j’ai des enfants, et j’essaye d’être une super maman avec eux. Et puis, oui, j’ai été promue manager, une super professionnelle. Mais j’ai pas réussi à être super épouse à la fois. On vient de divorcer. »
Et ça, ça m’a mis un coup. Je me suis dit « Elle a raison en fait. C’est beaucoup une question de priorités. »

On se met sur les épaules une charge énorme, en pensant qu’on peut tout réussir. On voudrait être des super-héros, on voudrait être parfait en plus ! On voudrait que dans chacun des domaines de nos vies, on fasse tout exactement comme c’est dans nos rêves ! Le rêve de la famille orangeade, j’appelle ça…

Seulement, la vraie vie, c’est pas ça.

Cherchons à progresser

La vraie vie, c’est que, d’abord, comme on dit au Mexique : « Todo no se puede. », ce qui veut dire « Tout ne se peut pas. », et ça, c’est une vraie leçon de vie. Et, d’autre part, que même si on est focalisé sur un des aspects, pour autant, on ne sera pas parfait. Cette quête de la perfection, elle est vouée à l’échec, et elle nous rend malheureux. Parce qu’elle nous encourage à nous comparer à un idéal inatteignable.

Alors, ne cherchons pas à être parfaits, cherchons à progresser. Et cherchons à progresser sur le chemin qui compte pour nous.
Ca ne veut pas dire d’abandonner le reste. Ca veut dire d’avoir des objectifs moins ambitieux.

Je sais que c’est facile à dire pour moi aujourd’hui, parce que je ne suis plus en entreprise. Et, il est probable que j’aurais du mal à vraiment faire ce choix, si j’avais encore envie de progresser dans une carrière. Je parle d’une carrière au sens traditionnel du terme. Parce que, cette envie de progresser dans une carrière, je l’ai encore ! Et ce que je fais aujourd’hui, c’est un vrai travail.


Seulement, en tant que maman, en tant que professionnelle, en tant qu’épouse, j’accepte aussi mes failles – pas toujours bien d’ailleurs, parce que, j’ai beau le prôner et le savoir, ça reste difficile à vivre, à accepter, et on continue à se mettre la pression – mais, ne pas rester sur ses échecs trop longtemps. Les voir comme des opportunités de progresser.

Un besoin d’énergie

Pour réussir à faire de notre mieux, il faut avoir beaucoup d’énergie. Le chemin de la parentalité positive, qui est celui sur lequel je vous encourage, demande une énergie folle, surtout au début ! Mais même après, je dirais.


Il demande d’être centré sur les besoins de nos enfants, il demande d’être à l’écoute, alors que nous-mêmes nous vivons plein de choses. Il demande donc de mettre parfois notre stress de côté, et la meilleure solution pour ça, c’est simplement d’être moins stressé. Simplement… Comme si c’était simple.


Il demande aussi et surtout, et c’est pour ça qu’il demande beaucoup d’énergie, il demande de réfléchir autrement que les modèles qu’on a reçus.
Cela veut dire lutter contre nos réflexes. Cela, c’est vraiment difficile. C’est pour ça que, dès qu’on est dans un jour fatigué, ça ne marche plus. Ca ne marche plus parce qu’on n’est plus centré. On n’est plus concentré. J’écrivais « La fatigue, ennemi numéro un du parent positif« .. ça, je le crois toujours.

D’ailleurs, je dois dire que, chez nous, parmi nos changements, je pense qu’il y a celui de se coucher plus tôt qu’avant, simplement. Et ça, ça a un impact sur tout le reste.

Prendre soin de soi en se ressourçant

Mais enfin, le changement dont je voulais vous parler aujourd’hui, il est vraiment lié avec le fait que je marche sur la plage ! Je vous explique : je me suis rendue compte que pour être cette super maman, ou du moins, pour avancer vers elle, même si je ne l’atteindrai jamais complètement, j’avais aussi besoin d’être ressourcée moi-même. Pour prendre soin des autres, on a besoin de prendre soin de soi.

Et j’avais tellement envie de faire face à tout, j’avais tellement envie de sentir que j’étais capable, que je tombais dans un piège classique qui est celui de ne pas demander trop d’aide. D’autant plus que… mon mari, cadre exécutif, travail à temps plein… etc…
Et puis, après tout, moi aussi je travaille à temps plein ! Heureusement, j’ai un mari super compréhensif pour ça.
C’est même lui qui m’a encouragée, qui m’a dit « Prends donc du temps pour toi. Va donc marcher sur la plage, ça te fera du bien, ça te dé-stressera. » Parce qu’il y a eu toute une période où je me réveillais systématiquement avant le réveil, pour des raisons de stress professionnel.
Et puis, du coup, on en a discuté. Je lui ai dit : « Le problème, c’est que… Marcher sur la plage.. après avoir posé les enfants à l’école, il fait déjà trop chaud. » Il faut dire que nous vivons à Puerto Rico, dans les Caraïbes, et même l’hiver, le soleil donne ! »
Alors je lui dis : « L’idéal, ce serait que je puisse partir tôt le matin quand je me réveille, comme ça, le soleil ne tape pas encore trop. »
Et je l’ai fait un week-end, et c’était super agréable !

La nécessité de prendre du temps pour soi

Et depuis, on a pu en parler, et j’ai accepté le fait que j’avais moi aussi mes besoins, que les autres pouvaient participer, et m’aider, parce que nous étions une équipe ! Et parce que si on voulait que tout le monde prenne sa place, que tout le monde fonctionne bien dans cette famille, le fait que je prenne du temps pour moi, c’était bien pour les autres aussi, c’était pas égoïste. C’était aussi ce qui permettait aux autres d’avoir une maman plus détendue, moins stressée.

Et donc, sur les 5 jours où il y a école par semaine, au lieu d’amener les enfants 5 fois à l’école, je ne les amène plus que 3 fois. Une fois par semaine, mon mari les amène. Une fois par semaine, mon aîné les amène. Du coup, moi, j’ai 2 jours qui sont libérés, et ces jours-là, je pars plus tôt, je vais sur la plage, je marche quasiment une heure, un peu moins, 50 minutes, de sorte que je commence ma journée déjà plus apaisée !

Alors, je sais que vous n’avez probablement pas une plage à côté de chez vous. Et puis, peut-être que le matin n’est pas le meilleur moment pour vous. Peut-être que ça ne colle pas dans l’organisation, mais je vous encourage fortement à réfléchir à ça à votre tour. A cette nécessité de s’accorder des pauses. A cette nécessité de prendre du temps pour soi. Et je dis bien une nécessité. Pas un égoïsme, de prendre du temps pour soi.

Une nécessité parce que, en prenant du temps pour soi, on s’offre mieux à l’autre ensuite. C’est bon pour tous.

Réfléchissez-y, et essayez de voir ce qui pourrait être mis en place dans votre routine !
Plus ou moins régulièrement, ça peut être peu souvent. Mais déjà, observez ce que ça peut changer.
Impliquez les autres, ils seront probablement contents de vous offrir ça.
Et ensuite, je serais super intéressée de savoir ce que ça a pu faire pour vous.

Voilà, c’était ma pensée du jour

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De mon côté, je vous dis « à bientôt » !