Faites-vous partie de ceux qui croient que l’éducation positive est synonyme de parent toujours zen ?

Croyez-vous ceux qui vous disent qu’il s’agit de toujours rester calme ?

Essayer d’appliquer ainsi la parentalité positive serait pour moi une erreur.

Ce serait imaginer que la colère n’a pas de vertu. Elle en a !

Quand nos limites sont dépassées, il est normal, et même souhaitable de ne pas se sentir calme !

La question est de savoir, en revanche, comment on va exprimer notre colère.

Et c’est là que tout change.

Non, je ne crie plus sur mes enfants, mais oui, je m’énerve encore.

Vous voulez creuser un peu cette différence avec moi ?

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Le mythe du parent zen 

On associe souvent cela à l’éducation positive. Et vous, y croyez-vous ? 

C’est ce dont on va parler dans cet épisode. Je m’appelle Coralie. Et à travers mes formations, mes conférences et toutes les ressources du blog Les 6 doigts de la main, j’accompagne les parents et les professionnels sur Le chemin de l’éducation positive

D’où vient ce mythe ?

C’est la première question. La semaine dernière, j’animais un café-rencontre avec des parents et une maman m’a dit : “Ah oui ! Mais c’est tellement difficile. Parfois, on a juste envie de péter les plombs. Et à ce moment-là, il faut dire : Oh oui, mon chéri, comme je te comprends.” 

Alors non, je ne sais pas qui a diffusé cette idée qu’il fallait toujours dire : “Oui, mon chéri…” sur un ton doucereux. Ce mythe est un peu de la famille orangeade, dans laquelle le parent zen ne s’énerve jamais, fait de la méditation et contrôle tout, et tout le temps. 

En réalité, je pense que ce mythe vient d’une certaine réalité, qui fait qu’on s’énerve moins. Et ça, c’est vrai. 

Mais est-ce que vraiment, on ne s’énerve plus du tout ? Voilà ce que j’aimerais creuser. Et je vais vous parler également de la façon dont on s’énerve quand on essaie d’être un parent dit positif

Les parents positifs ne s’énervent plus du tout

Alors qu’est-ce que ça veut dire ? D’où vient ce mythe réellement ? D’où vient cette idée que le parent positif ne s’énerve pas ? Ainsi, ce qui est intéressant, c’est effectivement quand on avance sur le chemin de la parentalité positive, on arrête de s’énerver “pour tout et n’importe quoi”, et ça, je l’ai vécu. 

Le premier pas que j’ai fait concrètement sur ce chemin, le premier pas conscient que j’ai fait parce que la question en éducation m’intéressait déjà depuis un bon moment. J’avais déjà appris des choses, bien que je ne connaissais pas les termes de parentalité positive, de parentalité bienveillante, d’éducation bienveillante, de toutes les manières dont on veut bien l’appeler, qui pour moi, reviennent un peu au même. Et donc, je ne rentrerai pas dans le débat du vocabulaire utilisé. 

Ce qui est sûr, c’est que mon premier pas, sur ce que je disais, et c’était mon premier pas concret : c’était la décision de dire “Je ne veux plus crier sur mes enfants”.

Est-ce qu’aujourd’hui, plusieurs années plus tard, j’ai atteint cet objectif ? Oui. Est-ce que ça veut dire que je ne m’énerve plus jamais ? Non. C’est pour moi vraiment deux choses différentes

Le fait de crier sur ses enfants

Parlons donc un petit peu de la première, c’est-à-dire le fait de crier sur ses enfants. En réalité, pourquoi est-ce qu’on crie sur nos enfants ? Parce qu’on est débordé(e)s par nos émotions, parce qu’on est dépassé(e)s, on est démuni(e)s et parce qu’on les rend responsables de ce qui nous arrive à ce moment-là. 

Et effectivement, on peut justifier ça en disant que ce sont leurs comportements qui activent nos propres réactions. 

Le parent positif, lui, est un parent conscient. C’est un parent qui se forme. Vous pouvez d’ailleurs à ce sujet aller écouter mon podcast précédent sur l’apprentissage de la parentalité positive. C’est un parent qui apprend à mieux comprendre les comportements de ses enfants et qui apprend aussi à mieux comprendre les émotions, aussi bien celles de ses enfants que les siennes, et à comprendre le mécanisme des émotions. Et qui sait donc, en particulier, qu’il est responsable de ses émotions. 

Quoiqu’il arrive, il y a une circonstance extérieure et un comportement, qui est peut-être celui des enfants, qui est un déclencheur de sa colère, mais ça n’en est pas la cause profonde.  

D’ailleurs, vous avez remarqué à quel point vous vous énervez probablement beaucoup plus facilement les jours où vous êtes fatigué(e) ou stressé(e) par votre travail, etc, que les jours où vous êtes reposé(e) et tout simplement patient(e), joyeux(se), plein(e) d’énergie. N’est-ce pas ? 

Pourtant, les actions peuvent être les mêmes. Votre colère vient de vous, elle vous appartient. Donc, rendre les enfants responsables, c’est un peu injuste, en fait. D’autre part, quand on comprend mieux nos enfants, on pose un autre regard sur eux. On s’énerve moins contre eux, parce qu’on comprend mieux d’où vient ce comportement qui nous déplaît. Donc, on a une autre perspective et on le fait du coup plus facilement, plus naturellement, tout simplement, on s’énerve moins. Donc, il y a moins de moments où l’on a envie de crier, parce qu’on est tout simplement moins souvent en colère. Ça, c’est le premier point, le fait de crier sur ses enfants. 

La différence entre le fait de crier sur ses enfants et le fait de ne jamais se mettre en colère

Mais la deuxième chose qui fait vraiment la différence entre le fait de crier sur ses enfants et le fait de ne jamais se mettre en colère, c’est que quand on devient un parent positif, on comprend qu’il y a d’autres manières d’exprimer sa colère que de crier sur ces enfants justement. 

Il y a d’autres façons de faire. Il y a d’autres façons de l’exprimer. Ça ne veut pas dire qu’on ne va jamais être en colère, et voilà la différence. 

Alors pourquoi est-ce qu’on ne va jamais être en colère ? 

La colère

Voyons voir. Parlons un petit peu de colère. La colère, vous le savez, c’est une émotion. C’est même une des 4 émotions de base. C’est-à-dire que selon la littérature, il y a plusieurs émotions qui sont considérées comme des émotions de base. Non, ce n’est pas vrai ! 

Il y a plusieurs émotions, tout court. Il y en a un nombre fini… Tout le reste, tous les autres sont plutôt des sentiments. Et là, je vous renvoie un article de mon blog sur la différence entre un sentiment et une émotion

Et donc, il y a plusieurs émotions. Dans la littérature, il y en a entre 4 et 8. En tout cas, tout le monde se rejoint sur le fait qu’il y en a au moins 4, qui sont ce qu’on appelle les émotions de base, à savoir la colère, la joie, la peur et la tristesse. 

La colère est donc une des émotions de base. Tout le monde est d’accord pour ça. Or, toutes nos émotions sont utiles. Car nos émotions sont des signaux. La CNV dit pour citer Marshall Rosenberg : “Nos émotions sont des indicateurs de nos besoins satisfaits ou insatisfaits”. Ce sont des messagers ! 

Et c’est exactement ça, Thomas d’Ansembourg parle de voyants orange sur le tableau de bord d’une voiture. Nos émotions nous permettent de nous rendre compte qu’il y a quelque chose qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas. Quand on est en colère, il y a un voyant orange, voire rouge qui nous dit : il y a quelque chose ici qui ne me convient pas ! 

Alors chacune de ces émotions a sa propre fonction. Chacune a une espèce de mécanique qui va avec et des effets physiques, et également une raison d’être. La colère est précieuse pour réussir à placer nos limites, à garder notre intégrité (en termes de limites physiques), mais aussi en termes de limites, de respect, etc.

Donc quand on se met en colère, quand on se sent en colère, c’est régulièrement parce qu’on considère qu’il y a quelque chose qui ne correspond pas aux limites qu’on voudrait poser. Si on ne se met jamais en colère, si on n’exprime jamais sa colère, ça veut dire qu’on ne pose plus ses limites. 

La colère est utile

La colère est utile. Donc, il n’est pas question de la supprimer. Vous voyez, on peut faire le parallèle avec justement une éducation très traditionnelle, où l’on empêchait les enfants, et en particulier les petites filles, de se mettre en colère. Il fallait être sage, sage comme une image, n’est-ce pas ? C’est-à-dire sans bouger, sans rien dire, etc. 

Qu’est-ce qu’être sage signifie-t-il, à votre avis ? Est-ce que ça enseigne à poser ses limites ? Certainement pas. 

La question, c’est plutôt de savoir accueillir sa colère, la comprendre et l’exprimer de manière adéquate.

Et elle est là la différence, entre le fait d’être un parent qui crie sur ses enfants parce qu’en fait sa colère monte, avec probablement de bonnes raisons, d’ailleurs pas probablement, mais toujours avec de bonnes raisons. 

Si on a une émotion en nous, elle a une raison d’être là. Elle nous envoie un signal. Elle nous envoie une information qu’il est bon d’écouter. Mais le parent qui n’est pas conscient ne va pas forcément comprendre le message, ne va pas forcément l’écouter. 

Il a appris à juste rendre les autres responsables de sa colère et donc à crier sur la personne qui est en face de lui, en l’occurrence ses enfants. Dans d’autres contextes, ça pourrait être quelqu’un d’autre d’ailleurs. 

Savoir écouter sa colère

On voit bien des scènes dans la rue où les gens se crient dessus et s’insultent au besoin, parce que c’est leur façon d’exprimer leur colère. On n’a pas appris à exprimer notre colère. 

La différence, l’autre modèle, l’autre façon de faire, que propose l’éducation bienveillante, et d’ailleurs, pas mal de démarche de développement personnel type communication non-violente également, c’est d’écouter sa colère, de la comprendre et de l’exprimer en prenant toute la responsabilité.  

Si vous voulez en savoir plus là-dessus et si vous avez le même défi que celui que j’avais eu au début, je vous encourage à suivre la formation Des clés pour arrêter de crier que vous trouverez sur la page de formation du blog Les 6 doigts de la main

Comment réussir à exprimer sa colère ?

En tout cas, la question, c’est du coup comment je vais réussir à exprimer ma colère ? Aujourd’hui, si je ne crie plus sur mes enfants, ça ne veut pas dire que je n’ai pas de temps en temps mon ton qui monte quand il y a quelque chose avec lequel je ne suis pas d’accord. 

Imaginons une situation, par exemple, un enfant joue avec un objet qui m’appartient et dont il ne prend pas soin. Eh bien, je ne suis pas d’accord et je ne veux pas lui dire avec de la douceur dans la voix : “Non, mon chéri, on ne fait pas comme ça !” Si ça fait cinq fois que je le lui dis. Bien sûr que non, parce qu’ intérieurement, moi, je suis en colère et je vais pouvoir lui dire avec un ton qui monte : “Ah non, je ne suis pas d’accord ! Je ne supporte pas de voir qu’on ne prenne pas soin des affaires. Ça fait trois fois que je te le dis. Et moi, je n’aime pas avoir à répéter ! J’ai envie que dans ma famille, on prenne soin des affaires. Et j’ai le droit de le dire.” 

Et vous voyez bien la différence : quand je le dis comme ça, en parlant de moi et de ce qui est important pour moi, du fait que ce n’est pas OK pour moi, de ce à quoi je tiens. Avant, j’aurais pu dire, par exemple : “Non, mais qu’est-ce que tu fais là ? Ça ne va pas. Ça fait trois fois que je te le dis. Tu vas finir par m’écouter, oui ou non ?”. Là, je chercherai finalement plutôt à enseigner une certaine obéissance. Genre, je te l’ai dit, tu obéis, et c’est tout. 

Alors ensuite, on peut aussi discuter de ce qui se passe après mon moment de colère. C’est-à-dire que mon but était quand même d’en appeler à la motivation interne de l’enfant, je vais pouvoir en parler une fois que je serai redescendue.

Et ça, c’est la clé aussi dans la démarche. C’est-à-dire que je vais pouvoir après lui dire : “Qu’est-ce qui s’est passé tout à l’heure-là, avec cet objet ? On a déjà parlé de prendre soin des affaires. Ce n’est pas important pour toi ? Où est-ce que tu avais l’impression que ça n’allait pas l’abîmer ?”

On peut toujours revenir dessus. On peut toujours réexpliquer, et même quand on a “dérapé”. On peut revenir, demander pardon, s’excuser, dire qu’on ne s’est pas comporté comme on aimerait se comporter. 

Parce que, nous aussi, on est sur un chemin sur lequel on cherche notre positionnement. Comme eux d’ailleurs, on veut leur apprendre à se parler respectueusement, mais on l’apprend également puisqu’on ne l’a pas appris en grandissant. Donc, on va leur reprocher les moments où ils ne le font pas. 

La coéducation

Mais finalement, c’est une coéducation. On apprend avec eux. On peut tout à fait leur transmettre ce message-là, leur dire : pour moi non plus, ce n’est pas facile. Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour progresser sur ce chemin ? Est-ce qu’on peut s’aider les uns les autres ?

Quand j’ai commencé à apprendre l’éducation positive et que j’avais décidé d’arrêter de crier sur mes enfants, une des premières choses que j’ai apprises, c’est l’expression “le cerveau dans la paume de la main”. 

Le cerveau dans la paume de la main

Je ne sais pas d’ailleurs si c’est une des premières choses que j’ai apprises, mais enfin, c’est venu assez rapidement. Et pour ceux et celles qui connaissent cette représentation, le cerveau dans la paume de la main montre un geste quand on est débordé(e)s par nos émotions.

Et du coup, j’en avais parlé avec mes plus grands et on avait adopté ce geste à la famille. Et quand je sentais que ma colère l’emportait et que mes mots, du coup, n’allaient pas être adaptés parce que je n’avais pas encore appris à réellement exprimer autrement ma colère, c’était tout ce que je faisais. Je montrais le geste et je disais à mon fils, je me souviens 12 ans à l’époque. Je lui disais : “Là, je suis comme ça, donc je ne veux pas parler ”. Et c’est tout.

Et là encore, on voit bien que je n’avais pas encore les compétences pour ne pas lui crier dessus, si je laissais s’exprimer ma colère. Mais pour autant, je ne faisais pas semblant de ne pas être en colère et je prenais déjà la responsabilité de ma colère. Moi, je suis comme ça, je me sens comme ça. Et là, je ne suis pas capable. Donc, on en reparlera plus tard. C’était ça que je lui disais. 

Et au fur et à mesure, évidemment, j’ai appris à mettre d’autres mots sur ma colère que ceux qui accusent et qui dénigrent. J’ai appris à en prendre la responsabilité, à utiliser le message JE. Tout un tas d’outils que vous pouvez évidemment apprendre également ou affiner, creuser plus si vous en avez envie, besoin et en fonction d’où vous en êtes sur ce chemin. J’ai plusieurs programmes qui peuvent vous y accompagner. N’hésitez pas à m’envoyer un message et qu’on en discute pour savoir ce qui vous conviendrait le plus pour passer à l’étape suivante sur le chemin sur lequel vous avancez.

J’espère avec plaisir et si vous connaissez d’autres personnes que ce podcast pourrait aider. Partagez-le 

À bientôt !

Apprendre l’éducation positive : comment fait-on ?

L’éducation positive est bien loin de ce que l’on a appris en grandissant, et loin également de ce que l’on observe encore dans notre environnement.

Est-ce possible, dans ces conditions, de développer ses compétences sans réellement se former ?

Voici mon point de vue sur la question, avec des parallèles qui pourraient bien vous parler…

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A-t-on vraiment besoin d’apprendre ?


Est-ce réellement un apprentissage ? Faudrait-il donc se former ?

Pourquoi est-ce que j’ai si souvent,  parmi les parents qui me suivent, des parents qui me disent que “bon sang est difficile”  ?

C’est difficile parce que ça ne correspond pas à l’approche qu’on a apprise !
C’est difficile parce qu’on n’a pas grandi avec l’éducation positive. Parce qu’on ne l’a pas appris, parce qu’on n’est pas entouré aujourd’hui de modèles qui correspondent aux principes d’éducation positive. 

Et donc ça demande de faire autre chose que ce qu’on a appris. Ça demande de faire autre chose que ce que l’on voit. Ça demande de faire différemment.
Ça demande effectivement un apprentissage.

Comme l’apprentissage d’une langue…

Si aujourd’hui, je veux me mettre à parler une autre langue. Il va falloir que je me forme. Ça ne veut pas dire que, en soi, cette langue est forcément difficile.

Nous, on est parti vivre un moment au Mexique. Il a bien fallu apprendre l’espagnol.
Pourtant, l’espagnol en soi n’est pas forcément difficile.
Tous ceux qui naissent et grandissent dans des pays hispanophones apprennent à parler espagnol de façon naturelle. 

D’ailleurs, on peut se reposer la question de ce que veut dire le mot naturel.
Puisqu’en fait, ce n’est pas naturel au sens où ça ne vient pas tout seul quand on naît, mais c’est bien acquis, n’est-ce pas ?
N’empêche que, du coup, avec facilité, les enfants hispanophones parlent espagnol.
Tout comme nous parlons français, sans même avoir eu besoin d’y réfléchir plus que ça en fait. 

En revanche, la parentalité positive, on n’a pas grandi avec.
Donc si on veut s’y mettre, effectivement, il va falloir apprendre à la parler. 

Décider du « niveau » qu’on veut atteindre

Quand on est parti au Mexique, on avait deux possibilités.
On pouvait décider d’apprendre vraiment juste la base. Prendre un petit bouquin qui nous expliquerait comment conjuguer le verbe être et le verbe avoir, un tout petit peu de vocabulaire et puis s’en sortir au quotidien avec la base et savoir demander l’addition dans un resto.
C’est une façon de faire.
À ce moment-là, il faut savoir qu’il faut vivre avec les conséquences de ce choix-là. 

C’est-à-dire que si c’était le choix qu’on avait fait, on aurait accepté également que notre espagnol était limité, que ça permettait de se débrouiller, d’avoir un minimum, d’avoir un vernis. Et que probablement d’ailleurs, on progresserait en plus un peu parce qu’on allait être dans un environnement dans lequel on allait être plus exposé que ça à l’espagnol. Mais ce n’est pas pour autant qu’on allait réellement parler un bon espagnol.

Donc, on a choisi l’option 2.
C’est-à-dire qu’il n’était pas question de seulement piocher par ci par là quelques ressources d’espagnol qui pourraient nous aider à nous donner un vernis, mais bien de nous former à apprendre l’espagnol. 

On a donc suivi une méthode. On a pris un prof qui nous a donné des cours particuliers et on a travaillé pendant des mois. Au début, on avait trois séances par semaine, puis deux séances par semaine. 

Et on faisait des exercices entre les séances. Parce que notre objectif, c’était de réellement bien parler espagnol pour pouvoir réellement échanger, converser avec des Mexicains, pour nous faire des amis et pouvoir plaisanter avec eux et ne pas être limités dans nos échanges quotidiens.

Le bonheur de l’apprentissage

Alors c’était un bonheur. C’est-à-dire que ça a été un travail de le faire, mais c’était intéressant. Et ensuite, surtout, on s’est retrouvé effectivement dans une situation dans laquelle on était heureux de pouvoir parler espagnol. 

Est-ce que ça veut dire pour autant que l’on parle espagnol aussi bien que ce qu’on parle français ?
Alors là, je vais être honnête et malheureusement peut-être vous déprimer par rapport à ce parallèle que je fais avec l’éducation positive…
Bien sûr que non ! On ne parle pas espagnol comme si c’était notre langue maternelle !

On continue non seulement à avoir un accent français (Ça, je pense que ce n’est pas vraiment possible de le changer… en tout cas, pas pour nous), mais en plus, on continue malgré tout à certains moments à faire quelques fautes, à pas avoir forcément exactement le bon ton, à avoir un genre qui va être masculin plutôt que féminin, ou un mot sur lequel on rajoute une lettre, etc.


Mais quand même, on a atteint un très bon niveau d’espagnol. Un niveau qui nous permet de réellement discuter, qui nous permet d’aller au fond des choses.
Et on en est content !
Mais ça a été un apprentissage. 

L’éducation positive requiert aussi cet apprentissage

Pour moi, l’éducation positive, c’est la même chose. C’est-à-dire que comme c’est quelque chose de nouveau et qu’on veut apprendre, ça demande réellement un apprentissage. 

Alors, pourquoi est-ce que ça paraît difficile d’accepter cet apprentissage ?
Pourquoi est-ce qu’il y a tant de parents qui théoriquement aimeraient parler la langue de l’éducation positive  – et c’est peut-être votre cas, vous qui me lisez là maintenant – mais qui ne prennent pas forcément le temps de se former pour ça ?

Les phases d’apprentissage

La façon dont je le vois, moi, c’est lié aux différentes phases d’apprentissage.
Ça, c’est ce qu’on nous apprend régulièrement dans des formations professionnelles, par exemple : il y a plusieurs phases d’apprentissage. 

On dit qu’au départ, on est inconsciemment incompétent : on ne se rend pas forcément compte de ce qu’on ne sait pas faire.
Et puis, quand on commence à nous expliquer un petit peu, on devient consciemment incompétent. Ça, c’est régulièrement ce qui arrive.

Prenons l’exemple de l’écoute des émotions.
Le parent classique, celui qu’on est au départ quand on a grandi dans l’environnement dans lequel la majeure partie d’entre nous a grandi et reproduit simplement ce qu’il a entendu, va régulièrement dire à ses enfants :
“Mais ne sois pas triste ! »
« Ne t’inquiète pas. »
« Ce n’est rien. »
« Ce n’est pas grave. »
« Ça va passer. »
« Ce n’est pas une raison pour te mettre en colère. »
etc…

Tout ce qui peut nier l’émotion de l’enfant parce qu’on veut juste la voir disparaître, cette émotion désagréable. Mais on n’est pas conscient que ce n’est pas forcément la meilleure idée. On est inconsciemment incompétent. 

Et puis, quand je fais des séances avec des parents autour de ce sujet, tout d’un coup, ils se rendent compte qu’effectivement, toutes ces phrases-là que je viens de citer, bien sûr qu’ils les utilisent ! Et donc, maintenant, ils en ont conscience. Maintenant, ils deviennent consciemment incompétents… 

La phase suivante, une fois qu’on a été consciemment incompétent, c’est de devenir consciemment compétent. C’est-à-dire de réussir à placer les bons mots, mais en devant y réfléchir en y mettant réellement de la conscience. 

Et c’est donc la phase d’entraînement en fait. Une fois qu’on a appris la théorie, on passe à la pratique en s’entraînant encore et encore, en avançant peu à peu et en faisant des allers-retours entre le fait d’être consciemment incompétent et consciemment compétent. 

Jusqu’au moment où on s’est suffisamment exercé pour qu’on devienne inconsciemment compétent, c’est-à-dire qu’on se met naturellement, par exemple, à recevoir l’émotion de notre enfant sans même avoir besoin d’y réfléchir. 

La culpabilité

Le problème, c’est que quand on est dans la deuxième phase, où on est consciemment incompétent, c’est souvent la phase dans laquelle arrive la culpabilité. Parce que justement, on se rend compte de tout ce qu’on fait “pas bien”. 

Et les parents qui découvrent l’éducation positive se retrouvent régulièrement dans cette situation dans laquelle, au départ, ça leur semble assez attirant, inspirant, etc. Ils commencent à découvrir quelques points intéressants et là, ils se disent : “Oh là là ! Mais en fait, je fais “tout mal” !”  Et ce n’est évidemment pas agréable de ressentir ça…

Donc pour éviter cette culpabilité, en fait, il y a deux options.

Soit on remet tout ça sous le tapis en disant :
“Ah, mais c’est trop difficile, laisse tomber, ça marche bien comme ça marche !”.
Voire, on remet carrément en cause le sujet lui-même parce que c’est vraiment trop inconfortable.
Donc on a une tendance (inconsciente évidemment) à dire :
“Non, mais de toute façon, l’éducation positive, ça ne marche pas, ou alors ça fait des enfants rois…”
“Enfin, ce n’est pas la bonne méthode, est-ce qu’on est vraiment sûr ?”
etc…

Parce qu’en fait, on ne veut pas avoir à se mettre sur le dos cette pression d’avoir à se rendre compte qu’on n’est pas content de ce qu’on fait. 

S’ouvrir à l’inconfort

Au-delà de savoir si c’est bien ou ce n’est pas bien, peut-être que si on arrivait à s’ouvrir à cet inconfort, on pourrait objectivement se demander ce que nous, on veut développer. 

Et en particulier, est-ce que c’est comme ça que j’ai envie de faire ou est-ce que j’ai envie d’apprendre autre chose ? 

Et à la fois, la difficulté de l’apprentissage fait qu’on préfère se convaincre nous-mêmes qu’on n’a pas envie d’apprendre autre chose parce que c’est plus facile dans le quotidien. 

Si c’est votre cas, de nouveau, je vous encourage à essayer de ne pas tomber dans une culpabilité.
Juste vous dire : “Ah, c’est exactement mon cas.. En fait, je suis motivé, et finalement, je ne fais rien et je me fais croire que je ne suis pas vraiment motivé”. 

Parce que c’est naturel en fait.
C’est une espèce de protection qui fait qu’on essaye autant qu’on peut, tout naturellement, de se retrouver le plus à l’aise possible dans notre quotidien. 

Alors, si on veut revenir sur ce point en particulier, les exemples des effets de la bienveillance ne manquent pas. 

Sortir de sa zone de confort

Le problème pour se convaincre, c’est vraiment ce vers quoi on veut aller. C’est effectivement cette sortie de zone de confort.
D’ailleurs, on parle de zone de confort… mais on est bien d’accord qu’en fait, ce n’est pas confortable !

C’est-à-dire que la raison pour laquelle vous vous intéressez aujourd’hui à l’éducation positive, c’est probablement parce qu’en fait, les méthodes classiques d’éducation ne vous conviennent pas, ne vous semblent justement pas confortables.
Ça induit pas mal de lutte au quotidien, de fatigue, de dépense d’énergie… Vous aimeriez bien avoir une méthode un peu plus agréable – et puis aussi, qui développe autre chose pour vos enfants à long terme.

Pour autant, on dit « zone de confort », non pas pour dire qu’elle est confortable, mais dans le sens où c’est une zone dans laquelle on n’a pas besoin de se poser des questions à chaque moment de ce qu’on doit faire différemment. 
C’est une zone de confort parce que c’est ce qu’on connaît.
Ce n’est pas une remise en cause.

Car c’est ça la difficulté en fait. Quand on se met à apprendre réellement quelque chose, c’est une remise en cause. 

D’ailleurs, reprenons le parallèle avec l’apprentissage d’une langue.
Au début, quand on ne connait pas bien la langue étrangère, et qu’on la parle toute la journée, on finit avec un mal de tête !
Parce qu’effectivement, ça demande de l’énergie de la mettre en pratique, avec et sans les erreurs qu’on fait au départ.

Donc c’est une sortie de zone de confort. 

Se servir de la culpabilité comme d’un moteur

Maintenant la question, quand on le voit comme ça, je ne sais pas ce que vous en pensez quand je vous le  dis comme ça, mais  :

Si on est conscient réellement de ne pas faire exactement ce qu’on aimerait faire, cette culpabilité qui apparait peut réellement servir de moteur. 

C’est-à-dire que cette culpabilité (et là, je vous renvoie à mon article sur la culpabilité des pères, des mères et des pères) peut nous immobiliser ; ou bien, ça peut être une culpabilité saine qui nous donne le signal qu’il y a un écart entre ce qu’on vit et ce qu’on aimerait vivre.  

Et là, c’est un choix personnel.
Est-ce que je décide que malgré cet écart, je reste dans cette situation et je ne fais rien, ou en tout cas, je fais peu, en piochant un peu par ci par là, comme je disais tout à l’heure, pour savoir conjuguer le verbe être..

Ou 

est-ce que je décide que ça en vaut vraiment la peine, et que j’ai envie de savoir réellement parler. 

Et si c’est le cas, si vous avez réellement envie de savoir parler ?

Si on est vraiment motivé

Il faut se former

Vous l’avez compris avec mon partage : mon point de vue, c’est qu’il n’y a pas d’autre option que celle de se former. Il n’y a pas de doute là-dessus. 

La question n’est pas si ça vaut le coup de se former ou pas.
La question n’est pas si vous avez besoin ou pas d’une formation réellement, d’une formation, d’un accompagnement en éducation positive. 

(À condition évidemment d’avoir envie d’apprendre l’éducation positive.
Si vous n’avez pas envie, la question ne se pose pas, vous n’en avez pas besoin non plus.)

Mais si vous avez envie d’apprendre l’éducation positive réellement, de la mettre en place, de la faire vivre au quotidien dans votre famille…

C’est tellement loin de ce qu’on a appris, et c’est tellement loin du modèle qu’on reçoit encore autour de nous aujourd’hui (même si heureusement, ça progresse..) que ça demande de se former. 

Parce que l’éducation positive, ce ne sont pas que des outils, c’est réellement une posture qui est différente et donc ça demande à être affiné au fur et à mesure. 

Après, la question, ce n’est pas tellement, donc, s’il y a besoin de se former ou pas, c’est plutôt comment se former. 

Alors moi, j’ai suivi des tas de formations différentes.
J’ai suivi des tas de formations différentes et sous des formats différents. C’est-à-dire des choses en ligne, des choses en présentiel, des choses en individuel, des choses en groupe.

Avec toujours cette idée d’avancer et de progresser, d’améliorer l’endroit où je suis, avec une idée de maturation et d’avancer sur le chemin.
C’est pourquoi je vous dis toujours qu’on avance ensemble sur le chemin. 

Et d’ailleurs, c’est ce que je vous disais aussi tout à l’heure aussi, sur le côté : mon espagnol n’est pas et ne sera probablement jamais comme celui d’un hispanophone, et ce n’est pas grave.
Finalement, je peux quand même passer ma vie à chercher à l’améliorer.
Et ce sera toujours mieux, vous voyez ? 

D’ailleurs, je continue à me former également en éducation positive.
Encore là, dans un peu plus d’un mois, je vais à une “summer school” (de psychologie adlérienne pour être précis).
Pendant une semaine, je vais suivre des cours intensifs.
Une semaine intense de cours de psychologie pour avancer encore, progresser encore, pour apprendre encore des gens dont c’est le métier, pour pouvoir toujours partager plus, progresser plus, etc. 

La vraie question

Mais donc, ce que je veux dire, c’est la vraie question à laquelle vous avez besoin de répondre, à mon avis, c’est plutôt comment vous former ?
Comment : sous quel format – et comment : auprès de qui ? 

Parce que la bonne nouvelle quand même, c’est effectivement que ces principes d’éducation positive progressent. Ça veut dire qu’il y a de plus en plus d’acteurs qui peuvent vous proposer des choses.

 Il y a de plus en plus d’offres, de solutions, de propositions, de plus en plus de choses qui sont proposées pour avancer sur ce chemin à votre manière. 

Donc à vous de trouver quelle est la formation qui vous convient si vous avez réellement envie d’avancer sur ce chemin. 

Alors évidemment, j’en propose sur la page formation du blog Des 6 doigts de la main

Mais c’est à vous de voir aussi quel est l’accompagnant, l’accompagnante qui vous correspond le mieux.
Il y a certaines personnes qui vont se sentir plus en ligne ou plus en affinité avec d’autres formateurs ou formatrices que moi.
Et c’est OK !
Et ça marche aussi dans l’autre sens : tous autant qu’on est, on n’est pas concurrents.
On avance tous dans le même sens. 

Que vous alliez faire des ateliers Faber et Mazlish ou de discipline positive, ou des ateliers Thomas Gordon de parents efficaces, ou que vous alliez vous former à la communication non-violente, qui n’est pas de l’éducation pure, mais qui apporte des principes, qui vont tellement bien avec ! (Pour le coup, je me forme en continu à la communication non-violente avec des ateliers réguliers..)

C’est vous qui choisissez votre voie. 

En revanche, ce à quoi je voudrais vous encourager et ce avec quoi j’aimerais que vous sortiez de cette écoute, là, maintenant, tout de suite, c’est de vous dire : “OK, j’ai compris, je vais aller me former, je vais aller trouver quelle est l’étape suivante.” 

Voilà.

Pour que peu à peu, vous puissiez affiner également effectivement cette posture.
Parce que la façon dont on avance, ça dépend de la manière de faire, ce dont on a besoin à ce moment-là.

Ça dépend en fait de nos croyances perso, ça dépend d’où on en est sur le chemin.
Ça dépend de tout un tas de paramètres qui font que l’accompagnement va vous ressembler. 

Être parent demande de l’énergie.

Au quotidien, on s’use et on s’épuise à lutter et à répéter les mêmes choses.

Comment faire autrement ?

Quelle approche pour, peu à peu, sortir de la lutte et entrer en coopération ?

C’est ce dont je vous parle dans ce podcast.

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Préserver son énergie

Je voudrais vous parler d’énergie, parce qu’on en a besoin pour avancer sur ce chemin, pour avancer, parfois à contre-courant de ce que l’on voit autour de nous. Se remettre en question, dans sa parentalité, ça demande une certaine énergie au quotidien, en particulier dans toute cette phase d’apprentissage, qui finalement ne se termine jamais tout à fait. 

Alors, dans le premier épisode de ce podcast, sur le sujet qui s’intitulait “Veiller à son niveau d’énergie”, je vous avais parlé d’attitude, de pratique, de point d’attention quant à notre énergie propre, indépendamment de notre rôle de parent. Aujourd’hui, je voudrais me focaliser sur le fait de préserver son énergie, justement dans notre rôle de parent. 

Comment faire pour éviter cette usure ?

Tous ces moments d’usure, en particulier à travers la répétition, etc, font que notre niveau d’énergie baisse face à nos enfants.

Cette usure fait qu’il est de plus en plus difficile d’adopter les attitudes qu’on aimerait adopter en tant que parents bienveillants.

Pour éviter cette baisse d’énergie, la première chose sur laquelle je voudrais attirer votre attention, qui semble très simple, mais que parfois on néglige : en y prêtant attention, vous verrez que c’est souvent dans les mêmes situations, qu’on “gâche”, qu’on dépense notre énergie. 

C’est-à-dire qu’il y a effectivement des moments qui, dans notre vie de parents, sont plus compliqués que d’autres. Et souvent, ce sont les mêmes situations, qui nous fatiguent, qui se répètent. D’ailleurs, c’est un cercle vicieux parce que, comme on les a parfois inconsciemment identifiés, on s’attend à ce que ce soit difficile et on s’agace avant même que ce soit agaçant

Exemple sur cette usure

Donc, je peux prendre l’exemple de la préparation pour partir à l’école le matin. Si on sait que c’est toujours compliqué de partir à l’école le matin, non seulement on s’agace tous les matins face à la difficulté, mais en plus on est agacé avant même de se heurter à la phase difficile. Parce que d’avance,on a déjà peur que ce soit compliqué. 

J’imagine que vous vous reconnaissez là-dedans. Alors, une des premières choses que je vous encourage à faire et c’est quelque chose qu’on met en place dans la formation Point de rencontre, pour avancer vers de meilleurs échanges avec nos enfants, c’est :

Identifier les moments de tension

Il faut identifier justement ces moments, qui ne sont peut-être pas systématiquement et heureusement, mais régulièrement des moments de tension. Donc, ça peut être effectivement le matin, en partant à l’école, ça peut être au moment du repas, ça peut être au moment des devoirs. 

Souvent, il y a des situations, alors qui sont soit des situations de vie comme celles-ci, soit des attitudes particulières qui, de manière répétée, vont être des moments de tension pour vous, et pendant lesquelles justement vous sentez que votre réservoir d’énergie à vous est en train de se vider. 

Donc, en les identifiant, vous faites déjà un grand pas en avant. Parce que cela va vous permettre de travailler dessus de manière un peu plus focalisée, plutôt que de juste espérer inconsciemment que ça va s’améliorer sans rien y faire. 

Essayez de faire face aux mêmes situations sans changer l’approche de la situation, c’est se préparer à ce que les résultats ne changent pas non plus. Donc voilà, la première chose que je voudrais vous encourager à faire, c’est de vous poser juste quelques minutes pour identifier ces moments, qui sont des moments qui vous activent et donc vous vident en énergie.

Choisir ses batailles

Ensuite, une fois que vous aurez fait ce travail-là, le point suivant, c’est de choisir ses batailles. Et l’expression “choisir ses batailles” en dit long : en général, quand on commence à cheminer sur cette route-là, on est régulièrement dans ces situations-là, dans des batailles. Or, le but, vous le savez bien, c’est de sortir de la bataille, c’est-à-dire que dans une démarche de parentalité positive, on sort de la lutte contre nos enfants et on essaye d’être avec eux. 

D’ailleurs, on dit souvent que la coopération, ce n’est pas l’exercice d’un pouvoir sur quelque chose, mais d’un pouvoir avec. Et ce à quoi on aspire, quand on cherche à développer les compétences de parent positif, de parent bienveillant, c’est à susciter la coopération de nos enfants, à susciter et aussi le vivre nous-mêmes, ça va évidemment dans les deux sens. 

Vous voyez bien que pour susciter la coopération, il vaut mieux éviter de se battre sur tout à la fois. Parce que si on est dans une attitude de lutte contre nos enfants, et en permanence, on ne va pas du tout susciter la coopération, parce que la personne en face de nous, elle est juste fatiguée, elle aussi est usée et elle n’a plus envie de nous écouter. Et donc, effectivement, elle n’aura pas envie coopérer. 

Et voilà comment on rentre dans un cercle vicieux, dans lequel ni les parents ni les enfants ne coopèrent finalement. Donc, afin de pouvoir recréer une ambiance familiale et une connexion, qui vont permettre d’aller vers plus de coopération, l’attitude que je vous encourage à adopter, c’est de choisir ses batailles.

C’est quoi exactement choisir ses batailles ?

Alors, qu’est-ce que ça veut dire exactement,  choisir ses batailles ? Parfois, ça peut faire un peu peur, parce que, quand on entend ça, on peut croire qu’on va renoncer complètement à certaines choses. 

D’ailleurs, on entend souvent choisir, c’est renoncer, alors que ce n’est pas forcément le cas. Donc, il y a plusieurs façons de voir le côté de choisir ses batailles. 

Il y a le fait, effectivement, de voir si dans toutes “les luttes” qu’on mène déjà aujourd’hui, il n’y en a pas certaines sur lesquelles, on ne pourrait pas tout simplement lâcher prise. 

L’exemple d’une de mes clientes

Par exemple, j’ai une de mes clientes qui m’expliquait qu’avant, elle avait pour habitude d’exiger que ses deux garçons prennent la douche dès qu’ils rentraient de l’école ou de la garderie.

En fait, il était déjà assez tard, donc c’était la douche, puis le dîner, puis la préparation au coucher. C’était régulièrement une lutte avec le plus jeune. Alors, elle a remis un peu les choses en question, en s’interrogeant sur le rythme de chacun, sur la relation qu’elle voulait avoir, sur le rythme du dîner également, etc. 

Et finalement, elle s’est rendue compte que ce n’était pas un problème pour elle,  que tout le monde ne soit pas en même temps au dîner. En effet, son mari était régulièrement en déplacement, donc elle dînait seule avec les deux petits. 

Et elle s’est rendue compte que son plus jeune dînait beaucoup plus rapidement que l’aîné. Donc, aujourd’hui, ils ont un rythme différent : quand ils rentrent à la maison, le plus grand va effectivement se doucher, le plus jeune traîne un petit peu d’abord, car il a besoin de son temps à lui, pendant lequel il joue un peu et puis il va se doucher un peu plus tard.

Finalement, au moment où le grand et sa mère ont à peu près terminé cette phase-là, elle se retrouve à commencer le dîner avec son aîné, qui prend beaucoup de temps à manger. En plus, ça lui donne l’opportunité d’un moment en tête-à-tête avec lui, avant que le plus jeune les rejoigne et finisse le dîner avec eux. 

Ainsi, ils finissent quand même tous les trois ensemble et ils font les préparatifs du coucher ensemble. 

Donc, je ne dis pas forcément que c’est ce qu’il faut faire chez vous, parce que chacun à ses principes, ses envies, ce à quoi il tient, etc. Peut-être que pour vous, le dîner familial est important, tous ensemble, et il n’y a aucun problème avec ça. 

Ce que je veux dire, c’est qu’il est intéressant de se poser la question sur certaines choses, pour lesquelles on a l’impression qu’on n’a pas le choix, que c’est comme ça. Et finalement, quand on se recentre sur ce qui est important pour nous, on peut peut-être voir quels sont les ajustements possibles. Ainsi, on peut lâcher prise sur certains points, qui finalement sont peut-être moins importants que d’autres.

Oser se remettre en question

Toujours sur cet exemple de douche : chez moi, les garçons ne se douchent pas tous les jours, pour les deux plus jeunes. Ils se douchent en général un jour sur deux. Pourquoi ? Parce que pour moi, c’est un équilibre qui est OK. 

Peut-être que chez certaines personnes, ce sera quand même tous les jours. Peut-être que chez d’autres, ce ne sera que deux fois par semaine, je n’en sais rien. Chacun son équilibre ! Mais ce qui est important, c’est d’oser se remettre en question

Parce que souvent, ce qui nous manque, c’est vrai dans tous les domaines, et dans la parentalité positive en particulier, c’est d’oublier de remettre en question des choses qui nous semblent un peu obligatoires. Donc ça, c’est la première phase. 

Renoncer

Effectivement, au moment où on réfléchit aux difficultés qu’on a, on peut réfléchir à ce qui est important pour nous et ce sur quoi on peut finalement lâcher prise. Parce que, en réalité, ce n’est pas si important que ce qu’on voudrait bien croire, ou en tout cas pas suffisamment pour l’imposer à un enfant; qui lui pense les choses autrement.

Ça peut être, par exemple, l’importance du petit déjeuner. Vous voyez ce que je veux dire ? Je vous encourage déjà à vous poser cette première question. Et ces choses-là, effectivement, peut-être, qu’on va tout simplement y “renoncer” ou en tout cas, les adapter. Après, il y a tout ce à quoi on ne veut pas renoncer. 

Repousser le reste

Mais ces choses-là, cette démarche de choisir ses batailles, elle est quand même essentielle, parce que l’important, c’est de se dire que tout est un apprentissage et que l’apprentissage est pour eux comme pour nous, d’ailleurs. Et cet apprentissage ne peut pas se faire de façon instantanée, on ne peut pas être sur tous les fronts à la fois. 

Donc dans ce cas-là, quand on choisit, on n’est pas en train de renoncer au reste, on est en train de repousser le reste. C’est-à-dire qu’on accepte le fait qu’il y a comme une courbe d’apprentissage et qu’on va s’attaquer “à une chose après l’autre”

S’atteler à une chose après l’autre

Alors , je vais changer ma phrase d’ailleurs, parce que le verbe “attaquer” entretient cette notion de lutte. On va plutôt s’atteler à une chose après l’autre, s’atteler en équipe. C’est pour ça que je veux sortir de cette notion de lutte.

Donc , on va s’atteler à améliorer une chose après l’autre. Ça veut dire que pendant un certain temps, les autres difficultés, qu’on a et qui ne sont pas listées dans les premières priorités auxquelles on veut s’atteler, vont être résolues plus tard. 

La notion de “On ne peut pas renoncer ou repousser”

Sur ces difficultés, on va effectivement décider consciemment d’y attacher moins d’importance et de moins s’agacer là-dessus. Alors c’est facile à dire ! Je vous entends déjà ! On me l’a déjà dit quand je parlais en atelier de parents, par exemple, de ce concept de choisir ses batailles. Il y a des choses sur lesquelles “on ne peut pas renoncer ou repousser”. 

C’est-à-dire , on ne peut pas les mettre en pause. Avec mon exemple de tout à l’heure, sur le départ à l’école le matin, on ne peut pas le mettre en pause. Il faut bien partir à l’école le matin. OK, c’est vrai, on ne peut pas le mettre en pause. 

Nos sentiments sont créés par nos pensées.

Par contre, la raison pour laquelle on s’énerve, la façon dont se passe finalement le départ à l’école le matin, c’est parce qu’on pense que ça devrait se passer autrement.

Attention, ce que je dis là est lié à nos principes, qui sont en fait assez profonds et forts. C’est le fait que nos sentiments sont créés par nos pensées. Les circonstances sont neutres, et c’est ce que nous nous racontons sur la situation, qui crée ces sentiments d’énervement.

Nier à la réalité

Je vous donne un exemple, on ne va pas s’énerver quand notre enfant de quatre mois ne met pas ses chaussures à la sortie de la maison. Bien sûr que non ! On ne va pas s’énerver, parce qu’on trouve normal qu’il ne mette pas ses chaussures. Si on s’énerve avant de partir à l’école ou de la façon dont ça se passe, c’est parce que quelque part, on a un discours interne qui dit : ça ne devrait pas se passer comme ça ! 

Et quand on dit : ça ne devrait pas, on est en train de nier la réalité, parce que même si ça ne devrait pas, il se trouve que c’est une réalité. 

Ne pas renoncer mais tolérer

C’est comme ça que ça se passe, je ne dis pas forcément qu’on a tort là-dessus, je vous encourage juste à voir le fait que c’est notre discours interne, qui crée cet agacement. Donc, si on décide pendant un certain temps de mettre la question du départ à l’école et des difficultés pour ce départ à l’école de côté, et de se dire pendant un certain temps, j’ai confiance, ça va s’améliorer, mais ce n’est pas ce sur quoi je mets mon énergie pour l’instant. Donc, je vais plus accepter que pour l’instant, ça se passe de cette façon-là. Et après, on verra comment faire pour changer ça.

Déjà, on peut se mettre dans une position de moins s’agacer pour ça. Ainsi, on ne renonce pas , mais on va être plus tolérant sur la façon dont ça se passe dans les moments qui ne sont pas dans nos premières priorités.

Chercher la coopération

Ensuite, pour les moments pour lesquels on veut dépenser de l’énergie, c’est sur ces moments-là qu’on met la priorité sur notre liste. En disant cela, on va améliorer la façon dont ça se passe : je suis fatigué(e) de me battre tous les jours pour qu’ils aillent se doucher, par exemple.

Eh bien ! On va effectivement, dans ce cas-là, chercher la coopération. Moins vous ferez de reproches dans les moments d’énervement, et plus ce sera facile d’obtenir la coopération. 

Parce qu’on a plus envie de coopérer avec quelqu’un qui est dans l’échange, la connexion, dans l’encouragement, qu’avec quelqu’un qui nous fait des reproches tout au long de la journée, même si à ce moment-là en particulier, il n’est pas en train de nous faire des reproches (il est en train d’accepter l’apprentissage !). 

Vous voyez l’idée, c’est l’ambiance générale qui compte ! Il est aussi très important de choisir ses batailles, et ce que l’on met en priorité. 

Alors comment fait-on cet apprentissage ? C’est là que l’on sort “nos outils” et les croyances d’éducation positive : vous obtiendrez toujours plus de résultats en impliquant l’autre. 

C’est-à-dire, que plus vous imposez les choses, plus vous considérez que vous savez comment faire, que c’est vous qui dites et que votre enfant n’a qu’à faire, parce que vous lui dites de faire ça (et c’est tout !), et moins vous aurez de chance que ça fonctionne ! Parce que personne n’a envie d’être une marionnette. 

Donc, la coopération permet de réussir à ne plus avoir besoin de la lutte pour la douche par exemple, ou de lutter pour partir à l’école. 

Comment on va faire pour que ça s’améliore ?

Alors en l’occurrence, c’était moi ! Je me souviens avoir consciemment dit à ce moment-là : on va s’améliorer, parce qu’on est régulièrement en retard. Et je n’aimais pas le moment de stress de départ. Je me suis dit OK, comment faire pour que ça s’améliore ? 

Et au moment où vous décidez ça,  c’est important d’impliquer vos enfants. C’est-à-dire que le but n’est plus d’être dans la lutte. Vous avez donc la possibilité de les faire rentrer dans votre équipe et de leur parler de ce que vous cherchez à obtenir. 

Typiquement, pour cette histoire de retard à l’école, je me suis assise avec les enfants et j’ai dit : voilà, je me rends compte que souvent, quand on part à l’école, on prévoit que l’on part à quinze et puis en fait, on sort à vingt, vingt-cinq.

Et du coup, c’est un moment de stress. Parce que mettre les chaussures et le blouson, ça met beaucoup plus de temps que ce qu’on avait prévu . Et à ce moment-là, je me sens très tendue. Personnellement, j’aimerais bien qu’on arrive à ce que ce soit plus détendu avant et qu’on parte vraiment à quinze. En fait, je me rends compte que je suis en train de mettre cette contrainte, sans vous avoir consulté. Est-ce que ça vous conviendrait de partir à quinze ? Et en l’occurrence, ils étaient tous les deux complètement d’accord. 

Et évidemment, eux non plus ne trouvent pas ça agréable, ce moment de lutte et de stress du matin. Ainsi, on peut en discuter ensemble : quelles idées a-t-on pour faire face à ça ? Pour que ça s’améliore, pour que ce soit plus facile, etc. 

Et dans ces moments-là, on essaye de les laisser suggérer, de les laisser proposer des pistes. Et je vais aller encore plus loin, non seulement vous pouvez essayer de les laisser suggérer des pistes, mais aussi, essayer de ne pas réagir trop vite à ce qu’ils disent.

C’est-à-dire que quand ils suggèrent des idées, qui ne vont pas fonctionner, parce que vous le savez déjà, que ce n’est pas possible, etc. Ne dites pas trop vite que ce n’est pas possible. Dites ok, ça, c’est une idée. Quoi d’autre ? Et est-ce que ça, ça pourrait fonctionner ? Et les encourager à s’interroger eux-mêmes. 

Parce que si trop rapidement, face à la question : comment pourrait-on faire pour partir plus tôt, il y en a un qui dit : c’est facile, il suffit de se réveiller un quart d’heure plus tôt. Et que vous, vous dites moi, je ne suis pas d’accord pour me faire un quart d’heure plus tôt. Ou alors que vous dites non, ça ne marche pas, parce que j’ai déjà fait ça, et en fait, on traîne autant . 

Si tout de suite vous dites non, pour une raison ou pour une autre, ça leur coupe la parole : quoique je dise de toute façon, moi, mes idées, elles ne sont pas bonnes ! Donc, ce n’est pas la peine de suggérer de nouvelles idées. Ainsi, même si moi je n’ai aucune envie de me lever un quart d’heure plus tôt, je vais commencer par réagir en disant : OK, se lever un quart d’heure plus tôt, ça pourrait être une idée, est-ce qu’on en a d’autres ? Et quand on revient sur les idées ou sur le coup, dire OK.  Et comment ça se passerait : est-ce que tu penses que dans ces cas-là, on aurait le même rythme ? Pourquoi penses-tu que l’on a besoin d’un quart d’heure de plus ? Etc. On discute ensemble et on cherche des solutions ensemble. Voilà, je vais m’arrêter sur la démarche de recherche de solutions. 

Si vous voulez plus de détails sur comment faire une recherche de solutions avec les enfants, je vous encourage à aller lire sur le blog l’article qui s’appelle “Trois manières de résoudre un conflit”

Cependant, je pense que vous avez compris l’idée : à chaque situation que vous cherchez à améliorer, il faut chercher à les impliquer et à travailler ensemble, en équipe. 

Se focaliser sur le progrès

Et puis, la dernière attitude qui vous aidera vous et vos enfants, à préserver votre énergie, c’est de vous focaliser sur le progrès.

C’est-à-dire que, quand vous mettez en place quelque chose, quand vous cherchez à améliorer quelque chose, voyez ce qui réussit, voyez les avancées qui sont faites ! Ne cherchez pas tout de suite à être au sommet de la montagne. On en revient à cette notion d’apprentissage et ça, ça va tout changer parce que ça changera aussi votre regard

Ainsi, vous verrez l’énergie que vous économiserez, parce que vous serez dans une énergie bien plus positive, en ayant remarqué que votre enfant avait rangé la boîte de céréales le matin, plutôt qu’en remarquant qu’il n’a toujours pas mis ses affaires au lave-vaisselle. 

Et même s’il n’a pas fini la démarche, il y a un progrès par rapport à avant. Et ce progrès-là montre que peu à peu, les autres étapes vont pouvoir être franchies également. Ça vous encourage à continuer et ça encourage fortement votre enfant à continuer sur cette voie. 

Voilà, j’espère que ce podcast vous aura aidé pour éviter de vous user à répéter encore et encore les mêmes choses, à être dans la lutte au quotidien. Si vous voulez aller plus loin sur ce chemin et améliorer les échanges avec vos enfants, la meilleure solution est de vous inscrire à la formation Point de rencontre, qui vous permettra d’aller plus en profondeur  dans les approches parentales, qui aident aux échanges, à la connexion et dans les outils concrets pour mettre ça en place. 

En attendant, si vous pensez que ce podcast peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à en parler, à le partager et à suivre évidemment les prochains numéros sur la plateforme que vous préférez !

À bientôt.

Être parent, ça demande une sacrée énergie ! Et j’ai tendance à penser : encore plus quand on veut avancer sur le chemin de la parentalité positive, sur lequel les attitudes parentales que l’on cherche à adopter ne sont pas toujours celles qui nous viennent spontanément…

Il est donc important, pour incarner le plus souvent possible le parent que l’on a envie d’être, de préserver notre énergie.

Et cela se joue sur deux plans :

veiller à notre propre énergie, de manière interne,

de préserver notre énergie dans nos interactions avec nos enfants.

Aujourd’hui, je vous parle de notre propre énergie…

La prochaine fois, nous nous focaliserons sur nos attitudes parentales.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Préserver son énergie   

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de préserver son énergie. Ce podcast est le premier de deux podcasts sur le sujet.

Pourquoi parler de ce sujet ?

Parce qu’il faut être honnête, quand on avance sur le chemin de la parentalité positive. Cela demande de l’énergie, c’est réellement un apprentissage. Ce n’est pas en adéquation avec ce qu’on a reçu, ni même avec ce qu’on voit encore au quotidien. Être un parent qui cherche à développer la parentalité positive, la parentalité bienveillante, c’est encore fonctionner à contre-courant, bien que ce soit de plus en plus connu, répandu, accepté, validé.

Validé, c’est un bon terme, parce que je pense que pour le coup, il n’y a plus beaucoup de personnes, qui sont en tout cas des connaisseurs, qui sont contre les principes de la parentalité positive.

On peut critiquer la pression que ça peut mettre aux parents, le côté injonction de la question. Mais les bienfaits, les bénéfices de la parentalité positive ne sont plus à prouver. Et d’ailleurs, il y a de plus en plus de démarches au niveau gouvernemental pour aller vers plus de soutien des parents dans un cadre de bienveillance. Alors, je m’égare un petit peu là ! Ce que je veux dire par là, c’est que ça reste encore différent du modèle qu’on a, et ça demande d’autant plus d’énergie dans notre apprentissage.

Comment apprendre la parentalité positive ?

En fait, je dis souvent à mes clients qu’apprendre la parentalité positive, c’est un peu comme apprendre une langue, c’est-à-dire que ça demande réellement, d’une part, de se former, d’apprendre la théorie, la grammaire, les outils, les formulations, mais également de s’entraîner, de se tromper et de pratiquer.

C’est comme une reprogrammation, un petit peu, de certaines zones de notre cerveau, qui avaient l’habitude de s’accrocher à des principes et des croyances, qui nous semblaient évidents et qu’on est en train de remettre en cause, de bousculer. C’est inconfortable, et  quand c’est inconfortable, ça demande encore plus d’énergie.

2 plans différents

Alors cette énergie, on va y veiller sur deux plans différents. Et c’est pour ça que j’ai coupé ce podcast en deux parties, puisqu’il était un peu long la première fois que je l’ai enregistré tout d’un coup. Donc, je recommence.

Et aujourd’hui, je vais me focaliser sur le fait de veiller sur notre propre énergie, indépendamment de notre rôle de parent. Et la prochaine fois, je vous parlerai de l’énergie qu’on gaspille “dans nos attitudes parentales”, l’usure de la répétition, en particulier.

Pourquoi parler de notre énergie ?

Parce que vous le savez, vous l’avez vu, chez les enfants comme chez nous, plus on est fatigué et moins on a de patience. moins on arrive à piocher dans nos ressources, plus on a l’impression que nos outils ne sont pas disponibles, qu’on n’en est pas capable. Et c’est comme si, parfois, on n’avait rien appris finalement.

Comme s’il y avait une personne en nous qui connaissait la théorie, qui s’en était nourrie, formée. Et puis cette personne-là, elle n’est plus accessible dans les moments où nous sommes vides. Parce que, comme ce ne sont pas encore des réflexes, notre cerveau va au plus vite à ce qu’il connaît.

Or, pour réussir à employer nos méthodes, pour réussir à se recentrer sur nos priorités, sur le parent qu’on a envie d’être et comment il se comporterait, il faut avoir une démarche consciente. On n’est pas encore complètement compétent de manière inconsciente. C’est le stade ultime des étapes de l’apprentissage d’être inconsciemment compétent.

Pour l’instant, comme on est encore en train d’apprendre, parfois, on est carrément, consciemment incompétent, c’est-à-dire qu’on se rend complètement compte que ce qu’on fait ne correspond pas. Mais dans certains moments, on réussit, on est souvent encore consciemment compétent, c’est-à-dire qu’on arrive à faire ce qu’on a envie de faire,  mais il faut pour cela faire intervenir notre conscience.

Or, quand on est vidé, on n’arrive pas à prendre le recul qu’il faut pour être conscient, pour agir en conscience.

Donc, la première étape, pour réussir à rester sur ce chemin de la parentalité positive, même si de temps en temps, on va faire des détours et c’est naturel, c’est de veiller à notre propre énergie.

Le sommeil

Alors, à quoi est liée notre énergie, notre fatigue, le fait d’être vite dépassé(e) ? D’abord, c’est tout simplementlié au sommeil, et c’est exactement comme les enfants. Comme vous le savez, les jeunes enfants, qui n’ont pas fait la sieste par exemple, vont râler toute la soirée. Quand ils se couchent trop tard, le lendemain, c’est difficile, ou alors en fin de soirée, c’est difficile.

Combien de fois m’est-il arrivé de me dire que les enfants pouvaient attendre un peu ? Et puis finalement, la fin de soirée se passait mal et il aurait mieux valu les coucher plus tôt. Finalement, c’était plutôt désagréable, pour nous comme pour eux. Donc la première chose, c’est le sommeil.

La difficulté, c’est de se mettre à dormir plus. Parce que c’est vraiment ça, concrètement, en tant que parents, on peut décider de dormir plus. Et comme ça, on sera plus en forme, plus reposé(e), plus patient(e) avec nos enfants.

La difficulté de cette situation, et c’est souvent ce que me disent les parents, auxquels je souligne l’importance du sommeil pour eux, c’est qu’ils me disent : oui, mais entre le moment où mes enfants se couchent et le moment où moi, je me couche, c’est en fait le moment où j’ai du temps pour moi ! Et donc, je n’ai pas envie de me coucher plus tôt. De plus, si mes enfants se couchent tard, je me retrouve à ne plus avoir de temps pour moi.

Trouver des espaces pour soi

Et pourtant, j’en ai besoin de cet espace. Et évidemment, je le comprends très bien ! On va en parler un peu plus tard, parce que ça fait aussi partie de cette démarche : de veiller à notre propre énergie, d’avoir des choses pour soi, des moments pour soi, en tout cas de faire des choses qui remplissent notre réservoir d’énergie.

La question, c’est : est-ce que dormir remplit aussi notre réservoir ? Donc je vous encourage à vous poser la question : comment pouvez-vous faire si vous avez effectivement l’impression que dormir un peu plus, vous ferait du bien, tout en ne changeant pas toutes vos habitudes forcément ? Je ne dis pas qu’il faut systématiquement, tous les soirs, se coucher plutôt que ce que vous avez l’habitude de faire.

Mais, c’est une des idées que je suggère au début de la formation Point de rencontre, une formation pour améliorer en profondeur les échanges avec vos enfants. Il y a peut-être d’autres pistes que vous pouvez explorer. Par exemple, à un moment, ce que je faisais, c’est qu’au lieu de me coucher un peu plus tôt chaque soir, je ne changeais pas mon heure habituelle de coucher mais, un soir par semaine, je me couchais beaucoup plus tôt (vers 21h, 21h30, j’étais au lit) et ça me permettait de recharger les batteries pour la semaine.

Tenir vos promesses envers vous-même

Alors, ce n’est pas forcément la meilleure méthode, ça dépend des gens, ça dépend de comment vous fonctionnez. Mais dans tous les cas, je vous encourage quand même à réfléchir à ça et aussi à comment “tenir vos promesses envers vous-même”. C’est-à-dire que si vous vous levez le matin en vous disant : “Oh là, là, je suis fatigué(e) ce matin, c’est difficile, ce soir, je me coucherai tôt”.

Essayez de vous faire confiance ! Ainsi, le soir, en vous couchant tôt, vous pourrez vous dire, je m’étais fait une promesse, j’ai envie d’être plus reposée et donc je me couche plus tôt. Même si pour une soirée, vous ratez un peu du temps pour vous-même.

J’insiste donc un peu là-dessus, ça a l’air évident, mais c’est souvent quelque chose qu’on néglige.

Le stress peut facilement nous épuiser

Ensuite, il y a évidemment tout ce qui est rythme, stress, qui peut facilement nous épuiser. Plus on a une vie stressante, et plus notre niveau d’énergie est bas, vide. Alors ça passe évidemment par une vie professionnelle, qui peut être stressante. On entend souvent ça : “Quand je rentre du travail, je suis déjà agacée. J’ai eu une dure journée et je n’ai plus la patience de faire face aux enfants”. Et je ne vais pas vous dire de changer de travail, d’abandonner ou de démissionner.

Peut-être que votre travail vous nourrit, peut-être que vous aimez certains aspects de ce travail et tant mieux, enfin, même beaucoup j’espère! Alors, sur ce plan-là, j’ai encore plusieurs questions à soulever. Ce ne sont pas des conseils que je vous donne, ce sont des questionnements que je voudrais vous encourager à vous poser régulièrement ! Parce que chacun est différent et vos solutions ne seront pas les nôtres, votre solution ne sera pas celle de votre voisin, de votre voisine. Donc, je vous encourage seulement à être conscient de vos choix et de vos décisions.

Fixer la limite

Par rapport à ce travail, si c’est vraiment une question de rythme et de fatigue, vous pouvez peut-être vous interroger sur l’opportunité de parfois terminer un peu plus tôt. Fixez votre limite différemment. Souvent, on fixe soi-même une limite, même de façon inconsciente, de l’heure à laquelle on part. De toute façon, on n’a jamais terminé son travail. Il va falloir le reprendre le lendemain.

Et donc, quelque part, si vous ne rentrez pas à 22h30, c’est bien qu’à un moment vous avez décidé qu’à 19h, c’était terminé.

Donc 19h, c’est OK ! Et si vous décidiez que vous finissiez à 18h30, est-ce que ça changerait réellement quelque chose ? Il y a des expériences qui ont été menées dans les pays où les gens travaillent beaucoup moins longtemps. Et, il en ressort qu’ils ne sont pas du tout moins productifs. Au contraire, ils sont beaucoup plus efficaces pendant le temps de travail à leur disposition. Donc ça, c’est une première question.

Poser son intention

La deuxième, c’est aussi l’image que vous renvoyez à vos enfants.

Alors ça, c’est un peu une digression. Ce n’est pas vraiment le côté énergie, mais c’est intéressant, parce qu’on se rend compte qu’on a souvent une certaine attitude face à nos enfants. Le soir, après le travail, voici une phrase type : “Attend ! J’ai eu une grosse journée, je suis fatigué(e). Je n’ai pas envie de passer plus du temps avec vous, je n’ai pas la patience”.

Mais finalement, dans ce cas-là, on leur transmet que du négatif et non pas le fait que notre travail peut aussi avoir des aspects chouettes. Donc, ce serait intéressant, et ça nous mettrait du baume au cœur, de nous dire : “Qu’est-ce qui était chouette dans mon travail aujourd’hui ?” Et donc de transmettre cette idée positive pour nous, et pour nos enfants également.

Déjà, ça va changer notre attitude ! Et enfin, si vous avez aussi ce problème de “stress du travail”, qui vous empêche d’être un peu plus tranquille et patient(e) le soir, je vous encourage à avoir un petit espace au moment où vous rentrez chez vous, pour ce que j’appelle : poser son intention.

Technique utiliser pour poser son intention

Et là-dessus, j’ai un article sur le blog qui s’appelle “La joie comme intention”, où j’expliquais, la technique que j’utilisais à un moment : quand je rentrais chez moi, je m’arrêtais une minute avant d’ouvrir la porte, pour laisser de côté toutes mes énergies négatives et pour me mettre dans une intention de joie au moment de retrouver mes enfants.

Parce que je m’étais rendue compte que sans faire ça, en fait, j’arrivais un peu fatiguée, avec l’envie de juste me poser et d’avoir justement quelque part cette parenthèse, cet espace de pause avant de rentrer dans la vie familiale. Et mes jeunes enfants, ils se précipitaient vers moi, tout joyeux : “Maman !”, tout contents de me retrouver. Et moi, je n’étais pas dans une bonne énergie pour les accueillir, alors que j’avais envie de savourer ce moment (parce qu’ils ne vont pas se précipiter vers moi en courant, en disant maman, jusqu’à la fin de leur vie).

Donc je me posais un peu, avant d’ouvrir la porte et je me donnais une petite minute à moi-même, pour respirer et pour me reconnecter à la joie que j’avais envie de ressentir quand j’ouvrirais cette porte. Et effectivement, ça changeait mon humeur quand je les  retrouvais.

Calmer le rythme

Voilà donc, ça, c’est l’aspect concernant le stress. Mais dans le terme rythme, il y a évidemment aussi le fait de faire moins de choses. C’est-à-dire qu’on parle, vous en avez peut-être entendu parler, de slow life, de slow parenting ou même, de réellement calmer le jeu en termes de choses à faire dans notre vie, de rythme de vie que l’on s’impose.

Donc, ça veut dire peut-être moins d’activités pour soi, ou pour les enfants. Donc, il est nécessaire parfois de faire des choix.

Ce n’est pas forcément ce qui vous correspond, mais il peut être nécessaire de calmer le rythme et de ne pas chercher à organiser des choses sans cesse, mais prendre juste le temps de profiter de l’instant, de vivre le moment sans avoir d’attentes. Souvent, ça aide aussi à préserver son énergie.

Trouver des choses qui nourrissent notre énergie

Une autre chose qui est importante, c’est de savoir quelles sont les choses que vous prévoyez. Parce que parfois aussi l’énergie, ça ne passe pas par faire moins de choses, mais bien par faire des choses qui nourrissent notre énergie, c’est-à-dire qu’il y a des choses qui nous mettent en énergie et d’autres qui nous vident.

Donc, c’est aussi à nous d’identifier quelles sont les choses qui sont réellement un plaisir,  celles qui nourrissent notre énergie, qui remplissent notre réservoir. Et puis celles qui, au contraire, vont nous user. Et il y a un petit exercice qui est intéressant pour ça, que vous pouvez faire tout(e) seul(e) ou en famille.

Il s’agit de faire la liste de ce qui vous fait du bien, de ce qui vous nourrit, de ce qui vous permet de vous sentir bien, de remplir votre réservoir. Le réservoir affectif, dont on a tous besoin pour avoir de bonnes relations en famille. Identifiez ce qui vous fait du bien, que ce soit seul(e) ou à plusieurs, et essayez de faire les faire un peu plus souvent. Et vous voyez que là, je ne suis pas dans le faire moins de choses, mais je suis dans le plus d’actions qualitatives à faire. En effet, c’est faire des actions supplémentaires qui vous plaisent, qui vont vous remplir en énergie. Et ça, c’est important !

Réagir avant que le réservoir soit vide

J’ai partagé récemment avec certains d’entre vous sur les réseaux sociaux avant de faire cet épisode. Et j’ai noté cette notion très importante, que m’a partagé une de mes clientes, de mes lectrices, qui m’a dit que pour elle, l’important, c’est de réagir avant que le réservoir soit vide.

Et là encore, on revient à cette notion de conscience, c’est-à-dire que souvent, quand on se dit qu’on a besoin de remplir notre réservoir, c’est qu’il est trop tard. On s’en rend compte parce que justement, on a dérapé, parce qu’on était usé(e)s, parce qu’on a perdu nos capacités, nos ressources parentales ou autres. Cependant, ça peut aussi se passer dans d’autres contextes, comme dans le couple par exemple. En effet, on peut réagir autrement que ce qu’on aurait voulu, et différemment de ce que l’on sait faire d’ailleurs.

Donc, ça nous fait en plus tomber dans la culpabilité, le cercle vicieux, etc… Donc avant d’en arriver là, une bonne pratique, c’est de se poser la question sur l’énergie. Et peut-être que c’est un peu ce que je vous disais tout à l’heure, sur cet espace à se donner avant de rentrer chez soi en rentrant du travail. Peut-être que c’est aussi un bon moment pour se donner l’occasion de se poser cette question justement, “Où en suis-je en termes d’énergie ?“ La réponse peut être : “Ah oui, ça va super bien, je n’ai aucun problème, je suis de bonne humeur, plein(e) d’énergie et plein(e) de patience”. Ou est-ce que la réponse est plutôt : “ Je n’en ai plus beaucoup et il va falloir que j’y veille ”  Et dans ces cas-là, n’hésitez pas à le communiquer aussi au reste de votre famille : “Je suis contente de vous retrouver et à la fois je me rends compte que je suis fatigué(e), que j’ai peur de ne pas être très patient(e), est-ce que vous seriez OK pour me laisser dix minutes pour un temps avec moi-même, pour remplir mon énergie (par exemple, avec une de vos activités que vous aviez identifiée comme vous faisant du bien) ?”

Voilà, cette notion de réagir avant qu’il soit trop tard. Ce n’est pas forcément facile, c’est-à-dire que ce n’est pas évident au départ de développer cette conscience de son niveau d’énergie. Donc, je vous encourage justement à le faire régulièrement.

Tomber au fond de notre réservoir

Et puis, quand vous n’avez pas pu le faire et que vous êtes tombé(e) au fond de votre réservoir, que vous étiez vide et que vous aviez mal réagi, dites-vous qu’à ce moment-là, vous avez fait de votre mieux. Votre mieux n’était pas top, mais c’était de votre mieux : si vous avez réagi comme ça, c’est que vous n’aviez pas pu faire autrement. Et donc, il n’est pas question de rester englué(e) dans une culpabilité qui vous fait vous dire que vous n’êtes pas capable.

C’est plutôt : comment je peux faire pour la prochaine fois, réagir avant d’en arriver là pour que mon mieux soit mieux ?

Voilà, j’espère que ça vous donnera des pistes. Et donc, dans mon prochain épisode, je vous parlerai plutôt de comment préserver son énergie réellement dans nos attitudes parentales avec nos enfants,  pour éviter de s’user à répéter à l’infini les mêmes choses.

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À bientôt.

Etre parent n’est certainement pas de tout repos. Le fait d’accompagner nos enfants vers les adultes qu’ils seront est une lourde responsabilité, et nous cherchons perpétuellement comment faire de notre mieux. 

Dans nos questionnements, il est rapidement apparu qu’il existait de multiples manières d’être parent… et que certaines étaient plus populaires, ou plus classiques, que d’autres. 

Le “parent bienveillant” est encore hors norme. Comment réussir à garder le cap, lorsque l’on se sent à contre-courant ? 

— Note :  cet article a d’abord été publié dans Grandir Autrement, numéro 81 de mars-avril 2020 —

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Une démarche éducative alternative

Pour certains d’entre nous, l’éducation bienveillante était une évidence. Pour les plus chanceux, cela leur est même venu naturellement. Mais nous sommes nombreux à ne pas être tombés dedans lorsque nous étions petits, et à continuer à lutter contre nos réflexes acquis pour développer d’autres attitudes parentales. 

Ainsi, nous nous retrouvons dès le départ hors de notre zone de confort, dans notre cheminement vers une éducation plus respectueuse de l’enfant que celle que, souvent, nous avons reçue. La société continue à nous renvoyer un modèle très vertical, qui ne correspond pas à nos aspirations, et crée par là-même la première grande difficulté du parent à contre-courant : le doute ! 

Face aux commentaires de nos connaissances, de certains professionnels même, le parent bienveillant peut prendre peur. Comment être sûr qu’il suit le bon chemin ? Et si c’était une erreur ? Si les autres avaient raison ? Dans cet environnement qui nous ramène encore et toujours à un style éducatif dans lequel l’adulte se place au dessus de l’enfant, il s’agit d’avoir une certaine assurance pour continuer à croire en nous, en notre démarche. Garder le cap demande d’être réellement convaincu. Alors, plus nous avancerons, plus nous consoliderons nos principes, plus nous serons solides et moins le doute nous envahira. A nous donc de bien choisir nos lectures et nos fréquentations pour aider cette avancée, créer pour nous-mêmes un environnement qui nous soutiendra. 

Malheureusement, ce doute n’est pas le seul obstacle en travers de notre chemin…

Le regard des autres

Voici à présent la gêne, voire la honte qui apparaissent. Car, bien que nous sachions bien où nous voulons aller, ce que nous cherchons à développer dans la relation avec nos enfants, nous ne savons pas toujours comment bien réagir au regard des autres lorsque nous ne sommes pas en maîtrise de la situation. Ce qui, convenons-en, arrive régulièrement. Voici quelques conseils pour ce genre de cas. 

Commençons par appliquer l’un des accords toltèques : “Ne faites pas de supposition.”. Il trouve tout à fait sa place ici, car c’est dans notre tête que se situe l’interprétation du regard de l’autre. Elevés pour ne pas déplaire, nous laissons nos craintes prendre le contrôle de nos pensées et nous proposer les interprétations les plus pessimistes. Il devient alors évident que la pensée de l’autre est : “Qu’est-ce qu’elle se débrouille mal ! Elle ne va pas le faire taire ??”. Mais la réalité est qu’il est également possible que cette pensée soit : “Oh, la pauvre… je me souviens de moments avec mes enfants où je n’y arrivais pas mieux !”, ou bien même : “Dis donc, je suis impressionnée qu’elle arrive à garder son calme face à cette crise !”. Evitons donc de broder, et concentrons-nous plutôt sur la partie de la situation qui nous concerne. 

Ce qui m’amène tout naturellement à mon deuxième conseil : se recentrer sur le principal. Car, dans le fond, même s’il s’avérait que l’autre pense réellement ce qui correspond à notre pire interprétation, quel est le plus important pour nous ? De convaincre cette personne que nous ne sommes pas un mauvais parent – selon ses critères en tout cas -, ou de réellement faire ce que nous pensons être le mieux pour notre enfant ? Nous rejoignons alors la question du doute. Plus nous aurons confiance en nos choix éducatifs, et plus il nous sera facile de nous détacher du regard de l’autre pour nous concentrer sur ce qui compte vraiment : notre enfant, notre relation avec lui, et ce que nous lui enseignons dans la situation qui se présente. 

Enfin vient mon troisième conseil, même si je sais d’expérience que cela prend un peu plus de temps. Une fois que nous avons éliminé les suppositions, et que nous sommes restés focalisés sur le principal, nous sommes prêts à inverser complètement la perspective. Fiers d’être restés cohérents avec nos principes, avec nos valeurs, nous pouvons nous permettre de savourer. Nous réjouir de ce que nous réussissons à apporter à nos enfants, malgré le regard des autres. (qui peut même, dans notre esprit en tout cas, devenir admiratif !)

L’entourage de notre enfant

Reste toutefois une difficulté majeure : les autres facteurs d’influence ! Car notre enfant ne reste généralement pas dans notre giron. Il va bénéficier et subir d’autres influences que la nôtre. Or, lorsque l’on est un parent à contre-courant, il y a fort à parier que les influences en question ne soient pas toujours alignées avec ce que nous cherchons à développer chez lui. 

Face à cette réalité, les points de vue sont partagés. Certains pensent qu’il est bon que l’enfant apprenne également ce qu’est “la vraie vie”, et qu’il sache s’y adapter. D’autres, au contraire, cherchent un environnement alternatif, pour éviter que l’enfant soit trop rapidement plongé dans le grand bain.

A chacun de trouver la solution qui lui convient. Dans tous les cas, il est clair que l’enfant aura certainement besoin d’être accompagné dans ses découvertes et sa compréhension des choses. Comprendre que certains adultes trouvent normal de crier et de punir, par exemple. Pourquoi ils font cela, comment y réagir. Comprendre que les relations qui ont parfois lieu dans les cours d’école ne correspondent pas toujours à ce que nous cherchons à développer dans notre foyer… 

Cela passe forcément par une certaine acceptation de notre part : l’acceptation que nous n’avons qu’une zone de contrôle limitée. Changer tout l’entourage est illusoire. Le mieux est probablement d’agir au mieux sur ce que nous contrôlons vraiment, c’est à dire nous-mêmes.

Alors, nos enfants seront capables de transmettre leurs propres limites. C’est ainsi que les miens ont su me dire qu’ils ne voulaient plus aller dans un certain stage, où les animateurs criaient trop. Ayons confiance en eux. 

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Comme bien d’autres parents, vous êtes fatigués d’entendre vos enfants se disputer… Les disputes entre frères et soeurs sont souvent un des premiers vecteurs d’usure des parents.

Ces disputes et autres chamailleries pèsent sur l’ambiance familiale, et vous ne savez pas toujours comment réagir. 

Faut-il intervenir ? Faut-il les laisser gérer la situation ?

D’un certain côté, vous savez que ces disputes sont normales, que les conflits font partie de la vie. Vous aussi, vous vous disputiez avec vos frères et soeurs… 

Mais vous avez quand même envie d’en sortir, de voir un peu plus d’harmonie, entre eux, et dans la famille en général. 

Par ici, on parle régulièrement de l’ambiance familiale, alors, bien sûr, on a aussi travaillé sur les disputes dans la fratrie. Et je vous assure qu’on peut vraiment faire en sorte que les choses changent ! Que les disputes soient moins fréquentes, et que nos enfants sachent comment aborder les conflits posément.

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Pourquoi les frères et soeurs se disputent

D’abord, j’aime bien comprendre. 

Je trouve que parfois, rien que de prendre conscience, d’avoir un éclairage autre, ça permet de bouger les choses. 

Alors voilà déjà un bon point de départ : comprendre d’où vient la dispute. 

Ça parait évident, mais on en prend rarement le temps quand on n’y est pas sensibilisé…

Alors, à la place d’essayer de comprendre, on commence en général par passer par les réactions suivantes.

“Que cette dispute disparaisse !”

D’abord, on aimerait bien qu’il n’y ait pas de dispute. Tout simplement. 

Ça a l’air idiot, mais c’est tellement ancré en nous qu’on a tendance à vouloir faire disparaitre cette dispute le plus vite possible. 

Voir nos enfants se disputer, ça heurte notre rêve d’une famille harmonieuse, notre idéal d’enfants qui s’entendent bien.

Voir nos enfants se disputer, ça va à l’encontre de nos besoins de facilité, et de fluidité…

Alors, on commence souvent par tenter de nier cette réalité dont nous ne voulons pas. 

C’est un peu comme pour les émotions…

On voudrait que notre enfant n’ait pas peur, alors on lui dit “ne t’inquiète pas”, comme si ça pouvait suffire à régler le problème…

Face aux disputes dans la fratrie, on va dire “Arrêtez de vous disputer !” , et c’est tout.

Ça revient un peu à fermer les yeux, et à croiser les doigts bien fort en disant “abracadabra” et en espérant que quand on rouvrira les yeux, la dispute aura disparu !

Quand on fait ça, on ne prend tout simplement pas en compte la réalité de ce qu’ils vivent.

“Qu’est-ce qui se passe ?”

Au bout d’un moment, on comprend que la dispute ne peut pas s’envoler si facilement. 

Donc, on passe au traditionnel “Qu’est-ce qui se passe ?”, pour essayer de comprendre, et aider à résoudre le problème. 

Oui, mais… si on en reste à ce qu’il se passe dans cette situation, on reste en fait à la couche superficielle. A ce qui se voit. Mais on ne comprend pas ce qui se joue en toile de fond.

Pensez-y… 

Ça vous est déjà arrivé d’intervenir dans une dispute, de demander ce qu’il se passait, de régler le problème, et de retrouver vos enfants en train de se disputer de nouveau pour autre chose ?

Comme s’ils ne cessaient de se chercher ?

C’est parce que vous n’avez pas touché à la VRAIE raison derrière la dispute ! 

Comprendre la vraie raison de la dispute

Soyons clair, au départ, ce n’est pas évident de changer notre approche. 

Il s’agit de faire un pas en arrière, de prendre un peu de recul. 

Mais contre toute attente, ce n’est en fait pas si compliqué. 

Pour voir vraiment ce qui se joue, il suffit d’être un peu guidé. 

La logique est en réalité simple – la voici : 

Les enfants, comme tout le monde, ont des besoins.

Et, à certains moments, il leur semble que la dispute est la seule stratégie à leur disposition pour nourrir le besoin qui domine. 

C’est aussi simple que ça.

Alors, imaginez : 

si on comprend bien ces besoins – et, bonne nouvelle, ça nous servira dans des tas d’autres situations que celles des disputes dans la fratrie ! – 

puis qu’on fait le lien entre ces besoins et les raisons derrière les disputes, 

alors il est plus simple d’arrêter de nier la réalité, et de chercher ailleurs la porte de sortie, vous ne croyez pas ?

Une fois qu’on voit clairement comment ces besoins peuvent se traduire en disputes, on a enfin d’autres pistes.

Quand on va comprendre ce qui se joue derrière la dispute, on va naturellement arrêter de nier la réalité. Parce que ça reviendrait à nier également le besoin de l’enfant, ou en tout cas de passer outre ce besoin. 

Et à la place, on va essayer de trouver d’autres stratégies pour nourrir ces besoins, pendant et en dehors de la dispute, aussi ! 

De sorte que l’ambiance générale va peu à peu s’apaiser…

Est-ce facile ?

Comme je l’écrivais au début du paragraphe précédent, ce n’est pas évident… simplement parce qu’on ne l’a pas appris.

Mais en fait, ce n’est pas très compliqué. 

Il suffit d’être un peu guidé, un peu formé. 

👉🏻 C’est ce que je propose à travers ma formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »

Ensuite, enfin, on retrouve une sorte de choix dans nos réactions. 

Au lieu de réagir de manière réflexe, parce qu’on ne sait pas trop quoi faire d’autre, parce qu’on se sent démuni, on retrouve une sorte de choix. 

On peut décider, en conscience, de ce qu’on va faire – y compris dans ces moments où l’on sait que notre réaction n’est pas idéale, mais que c’est le mieux dont on est capable à ce moment-là, nous aussi ! 

Comment faire pour que nos enfants s’entendent ?

C’est triste de voir un frère et une soeur, deux frères, ou deux soeurs, qui ne s’entendent pas…

J’entends même parfois des mots forts de la part des parents : « Mes garçons se détestent », « mes filles ne se supportent pas »…

Quand on voit nos enfants qui se provoquent, qui s’agressent, qui se tapent, qui crient l’un sur l’autre, ou tout simplement qui s’ignorent… on se sent parfois dépassé.

On en conclut vite à une mésentente insoluble.

Certains parents avec qui j’échange me disent qu’ils craignent que la relation dans la fratrie ne s’améliore jamais.

C’était par exemple le cas d’Isabelle, qui m’écrivait, en mai : « Mon fils (8ans) fait une sorte de jalousie envers ma fille (3ans) ce qui induit les disputes. 
Mon fils refuse de jouer avec sa sœur alors qu’elle réclame pour jouer avec lui et ça la rend triste. »

Lorsqu’Isabelle passe le pas et décide de s’inscrire à la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie », fin août, elle écrit :

« J’ai l’impression que mes enfants ne tissent pas vraiment de liens entre eux. 
Je vois que ma fille est fort affectée et ça me fait mal au coeur. J’ai le sentiment que mon fils aurait préféré rester un enfant unique et que ma fille rame pour que son frère veuille bien jouer avec elle. »

On imagine aisément la tristesse d’Isabelle, constatant cette indifférence de son aîné envers sa soeur…

D’où vient la complicité entre les frères et soeurs ?

J’aimerais commencer par vous dire que, selon Thomas Gordon, ce n’est pas au nombre de leurs disputes que se dessine la relation future de nos enfants, mais plutôt au nombre de bons moments partagés.

Donc, plutôt que de vous focaliser sur les tensions, voyez tous les moments où cette complicité est déjà là.

Voyez tout ce que vos enfants partagent, ce qu’ils font ensemble, ce qui les unit, et construit peu à peu cette relation de fratrie qui aura toujours des hauts et des bas !

Ce qui ne veut pas dire que l’on ne doit pas quand même agir pour qu’ils se disputent moins (et/ou mieux !).

Ensuite, si vos enfants partagent peu de moments de complicité (comme dans le cas d’Isabelle ci-dessus), il suffit souvent d’un petit ajustement dans notre manière de faire.

Plus nous chercherons à imposer ces moments, moins cela fonctionnera.

En étant dans l’écoute, dans l’observation de ce qui se trame en toile en fond, dans une réaction mesurée et adaptée aux besoins de chacun, on ouvrira l’espace pour que chacun puisse trouver sa place dans la relation à l’autre.

C’est ainsi qu’après moins d’un mois dans la formation, Isabelle me raconte l’anecdote suivante, quasi-inimaginable un mois avant :

« Je ne vais pas écrire tous les exemples ici mais j’ai pu aussi aider mes enfants à désamorcer une dispute : 
Mon fils voulait jouer au camion mais ma fille à la dinette. 
Je leur ai demandé ce qu’ils pouvaient faire pour concilier les deux jeux et pour que cela fasse plaisir à tout le monde. 
Mon fils a alors proposé de jouer au livreur, ma fille faisait la cuisine, ils mettaient les plats dans des doggy bags et venaient me les livrer à la cuisine (pendant que je préparais le souper). »

Alors, je vous parle de comment agir ?

Deux manières d’agir pour que les enfants ne se disputent pas

Quand on identifie les besoins et les raisons derrière les disputes, on peut alors agir de deux manières : 

  • de manière préventive
  • de manière réactive

Réagir de manière préventive

Parfois, un sentiment de rivalité, ou de jalousie s’est installé entre nos enfants.

Il est alors d’autant plus important de savoir comment réagir à la dispute, car, plus on se placera en arbitre, et plus on aggravera les choses !

Mais avant même de parler de comment gérer les disputes, on peut facilement faire évoluer certaines de nos habitudes pour baisser le ressentiment, les frictions, et faire en sorte que nos enfants s’entendent mieux.

C’est une bonne manière d’enclencher un cercle vertueux :

si les conflits diminuent en nombre, toute la famille, parents et enfants, gardera plus d’énergie pour faire face à ceux qui se présenteront encore. 

Or, en tant que parent, on a vraiment des leviers sur lesquels on peut agir pour baisser la rivalité dans la fratrie, pour aider les enfants à se sentir écoutés… des leviers qui sont malheureusement souvent à l’opposé de ce que l’on a tendance à faire ! 

Car la rivalité vient aussi de certaines de nos réflexions, de nos attitudes, ou même de règles que l’on pose, sans bien réfléchir à leur implication…

Tout le module 3 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » est d’ailleurs dédié à ce que j’appelle l’environnement : tout ce qui vient autour des disputes, et qui va nous permettre de réellement baisser le ressentiment, les tensions latentes qui existent souvent entre nos enfants.

Quand j’ai découvert tout cela, je me suis vraiment demandé pourquoi on ne l’avait pas appris !

Vous voyez de quoi je parle ? Toutes ces prises de conscience qui nous viennent quand on chemine vers la parentalité positive, et pour lesquelles on se dit souvent : “Mais pourquoi personne ne m’a jamais expliqué ça avant ??”

Donc, si vous voulez déjà commencer, là, tout de suite, à modifier certaines de vos habitudes pour alléger l’ambiance, 

👉🏻 Téléchargez le guide “Disputes : 6 habitudes à modifier pour les diminuer”

Réagir de manière réactive

Vient le moment de la dispute… et là, il est bon d’avoir des billes. De savoir où on veut aller, et comment on va intervenir (ou pas).

Vous allez voir, dans la suite de cet article, que la manière dont on réagit à la dispute peut vraiment transformer ce moment difficile en une occasion magique !  

Alors, sans plus attendre, je vais vous confier cette approche qui change tout…

Les disputes sont des opportunités d’apprentissage

Oui, j’ai l’intention dans cette partie de vous aider à changer de regard sur les disputes.

Vous allez voir, c’est possible. 

Et rassurez-vous : ça ne veut pas dire qu’il faut garder les disputes dans la fratrie ! Ça va juste bouleverser un peu votre manière de les gérer…

Le manque de respect entre frères et soeurs

Dans le fond, vous savez très bien qu’une vie sans conflit, ce n’est pas possible. 

Le conflit fait partie des relations sociales, et on aura toujours des occasions d’être en désaccord, ou en décalage avec l’autre. Des moments où les besoins de l’autre ne correspondent pas aux nôtres. C’est également vrai entre parents et enfants d’ailleurs, et on sait bien nous-même comme c’est parfois difficile à gérer !

Face à ces situations, ce qui nous pose problème, en réalité, ce n’est pas le désaccord, mais bien la manière d’y faire face. 

Ce que l’on voudrait – en tout cas, je me raconte que vous vous dites ça vous aussi – c’est un monde dans lequel on peut gérer le conflit sans manquer de respect à l’autre. 

Voilà bien pourquoi la manière d’aborder les disputes dans la fratrie sont liées à notre style éducatif.

Vous êtes ici sur le chemin de la parentalité positive, et cette notion de respect de l’autre est précieuse pour vous, comme pour moi. 

Le modèle de la gestion des disputes

Le problème, c’est que ce n’est malheureusement pas le modèle que l’on reçoit en général dans notre société.

Donc, si on laisse les enfants avec ce qu’ils observent autour d’eux, ils apprendront à faire face aux conflits exactement comme ils l’observent, c’est à dire sans respect.

En réglant le conflit par la force, en fait. (qu’elle soit physique ou autre)

Je sais, j’exagère un peu…

En réalité, la gestion du conflit est entrée dans le programme scolaire au primaire !

Bonne nouvelle !

Sauf que… sauf que les adultes qui entourent nos enfants ne sont pas formés à ça…

Honnêtement les choses progressent, et les ressources à ce sujet se multiplient, mais il reste qu’ils ont grandi dans un monde dans lequel on ne le leur a pas appris, alors ils font comme ils peuvent, et ils réagissent eux-mêmes aux conflits avec leur approche du plus fort, en décidant à la place des enfants comment ça doit être réglé.

Bref.

Faut-il intervenir dans ces disputes entre frères et soeurs ?

Voici une question récurrente, et oh combien importante, que je reçois de la part des parents. 

Et la réponse classique à cette question est NON. Y compris sur des sites d’éducation positive.

C’est là que ce que je vais vous dire diverge. Ça va faire toute la différence.

Car, si je suis ce que je cherche à vous enseigner, ma réponse est oui. Un grand OUI !

MAIS

en fait, je devrais plutôt répondre à la normande : ÇA DÉPEND…

C’est vrai qu’on entend souvent qu’il vaut mieux ne pas intervenir dans les disputes entre frères et soeurs, qu’il vaut mieux laisser les enfants gérer leurs conflits seuls… 

Dans la théorie, je voudrais bien pouvoir dire ça aussi. Parce que je sais que les enfants apprennent par l’exemple. Ils voient, ils reproduisent, il leur suffit de s’entrainer. 

MAIS… si on reprend l’idée du modèle précédent, on s’aperçoit que ça ne peut pas marcher. 

Justement parce que si l’on n’intervient pas, nos enfants vont simplement reproduire le modèle reçu, qui leur montre souvent comment on gère le conflit par la force. 

Donc… il va nous falloir intervenir pour leur montrer une autre manière de faire.

C’est aussi simple que ça.

Intervenir de la bonne manière !

MAIS… mais si nous ne savons pas non plus faire autrement ? Parce que nous non plus, on ne l’a pas appris ? Serons-nous alors capables d’intervenir de manière constructive ?

Parce que là, je reviens à l’idée de départ : si vous intervenez pour jouer les arbitres… il vaut effectivement mieux se retenir ! (A condition que cela ne devienne pas trop violent, évidemment)

Jouer les arbitres risque plutôt de mettre encore de l’huile sur le feu !

Donc, si c’est possible, il vaut mieux s’éloigner que de venir arbitrer un conflit qui ne vous concerne pas. 

Cependant, dans ce cas, vous êtes sûr que vos enfants n’apprendront pas à régler leurs conflits respectueusement….

Alors, bien sûr, je voudrais vous encourager au contraire, à intervenir… à condition de savoir comment

Or, la gestion du conflit, c’est comme tout, ça s’apprend !! 

Donc, je résume : 

L’idée c’est d’apprendre la gestion du conflit, puis d’intervenir dans les disputes pour montrer aux enfants comment ça marche, et les aider ainsi à développer cette compétence, avant de se retirer et de les laisser gérer !

Et, franchement, cette compétence, elle leur sera utile à vie (et à vous aussi, au passage !).

Un apprentissage pour la vie

Pensez à toutes ces compétences que l’on voudrait que nos enfants acquièrent…

Il n’y a pas si longtemps, je vous parlais de l’outil des 2 listes, pour penser à notre parentalité à long terme…

J’ai envie de vous faire ici une petite liste des compétences relationnelles que nos enfants peuvent apprendre à développer au détour de leurs disputes : 

  • savoir dire non
  • exprimer ses besoins
  • négocier
  • écouter ses émotions
  • être sensible à celles de l’autre
  • avoir de l’empathie
  • identifier ses limites
  • savoir poser sa limite sans agressivité
  • faire des choix
  • prendre des décisions
  • envisager d’autre possibilités
  • tenir compte de l’autre
  • s’affirmer
  • trouver des solutions ensemble
  • ah, et puis savoir demander pardon ! 

Et voilà comment les disputes dans la fratrie deviennent de vraies opportunités d’apprentissage !

Franchement… Ça ne vous donne pas envie de les voir se disputer maintenant ?

J’ai demandé à Claire, maman de 2 enfants de 3 et 6 ans qui suit la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” quelle était sa plus grande prise de conscience à la fin du premier module, et voici ce qu’elle m’a répondu : 

“Voir les disputes comme des opportunités d’apprentissage. Et donc non seulement pas quelque chose à éviter à tout prix (possibilité de me débarrasser de mon héritage familial dans lequel j’ai appris à me taire plutôt qu’à dire mon désaccord) mais aussi carrément une opportunité de développer un tas de compétences.”

Alors bien sûr… on peut essayer de faire disparaitre les disputes sans passer par cette case “gestion de conflit”, mais qu’est-ce qu’on leur apprendra alors ? 

A refouler leurs opinions, à s’écraser ?

Ce serait quand même dommage de passer à coté de ces opportunités, non ?

Réconcilier les enfants

Je précise quand même un point qui n’est peut-être pas clair dans mes propos…

Il n’est pas question de conclure que les disputes, c’est génial, et qu’on veut continuer à en avoir dans la maison ! 

Non, ce que je veux dire c’est qu’au fur et à mesure que nos enfants développeront toutes ces compétences, les conflits se transformeront de moins en moins en disputes. 

C’est ça, l’idée !! 

On va les accompagner à ça.

C’est un vrai cercle vertueux pour sortir des disputes et que nos enfants trouvent leurs propres moyens de se réconcilier et de faire cohabiter leurs points de vue en cas de conflit.

L’apprentissage

Vous l’avez compris, maintenant. 

Notre rôle de parent, c’est de saisir l’opportunité des disputes pour enseigner toutes ces compétences à nos enfants. 

(Du moins quand on en a l’énergie – parce qu’on fait aussi ce qu’on peut)

Donc, oui, on va intervenir. 

Intervenir pour les encourager à s’écouter soi, puis l’un l’autre. 

Pour leur montrer comment exprimer ce qu’ils ressentent.

Pour les aider à choisir comment ils vont réagir à la provocation éventuelle de l’autre. 

Pour qu’ils sachent comment poser leurs limites. 

Pour qu’ils trouvent des solutions, ensemble.

Car ils en sont capables !! 

C’est pour ça que j’ai eu envie de créer la formation « en finir avec les disputes dans la fratrie », justement pour vous montrer comment faire tout ça, facilement, étape par étape.

C’est l’objet du module 2 de la formation.

Le moment où vos enfants vont gérer seuls leurs conflits

Peu à peu, vous verrez que vous n’aurez plus besoin d’intervenir, car vos enfants sauront trouver leur propre solution sans votre aide. 

Le dernier module de la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” s’intitule d’ailleurs “Savoir s’effacer”, pour identifier ce moment où on peut, en toute confiance, laisser nos enfants gérer ! 

Alors, non seulement vous pourrez savourer le calme dans la famille, mais vous pourrez aussi être fier de ce que vous aurez pu transmettre à vos enfants : des compétences pour la vie ! 

A vous : comment réagissez-vous aux disputes entre les enfants ?

Pourquoi je vous parle aujourd’hui du syndrome de la bonne élève ? Ce syndrome qui vient de l’habitude de faire ce qu’on nous demande, de correspondre à ce que l’on attend de nous… on se conforme, parce que ça plait, alors, on se sent apprécié (pour ce que l’on fait, non pour ce que l’on est, notez le bien !).
Le problème.. c’est que ça peut nous suivre loin.

J’avais senti ce syndrome en moi depuis un moment, mais il revient actuellement en force. Je vous explique.


Etre entrepreneur, c’est un vrai cheminement personnel.

Ça me met face à des questionnements que je ne savais même pas avoir en moi…

Alors, récemment, j’ai décidé de demander l’aide d’une coach.

Pour creuser, pour comprendre, pour débloquer.

Ma première séance a été intense, et elle m’a fait sentir comment mon syndrome de « bonne élève » (un syndrome qui concerne particulièrement les filles/femmes) m’immobilisait…

Or, ce syndrome-là, il vient clairement de mon enfance, de mon environnement (familial et scolaire), alors, j’ai voulu vous en parler dans ce podcast.

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Le syndrome de la bonne élève

Bonjour les parents qui cheminent, 

Aujourd’hui, je voudrais vous faire un petit podcast en mode improvisé pour vous parler de ce que je suis en train de vivre : comment ça résonne en moi, comment ça peut se relier au thème de l’éducation. Je pense que vous serez beaucoup à vous reconnaître dans ce que j’appelle : le syndrome de la bonne élève. Alors, je dis le syndrome de la bonne élève, ça peut évidemment être le syndrome du bon élève, et ça peut s’appliquer à n’importe lequel de nos enfants.  

Pourquoi je parle de ça aujourd’hui ? C’est parce que j’ai commencé, depuis hier, une démarche d’accompagnement par un coach. Je me suis rendue compte, depuis bien longtemps, que comme tout le monde, j’avais des blocages internes. Ces croyances qui étaient plus ou moins identifiées, étaient limitantes pour avancer sur mon chemin et pour me permettre de réaliser tout ce que je voudrais réaliser. 

Le principe de l’auto-sabotage

Vous connaissez probablement le principe de l’auto sabotage. Selon ce principe, même si on pense que l’on veut quelque chose, qu’on veut aller vers quelque chose, on a une autre partie à l’intérieur de nous qui se comporte de façon à ce qu’on n’atteigne pas nos objectifs. C’est un peu comme si on était en train d’avancer, de conduire notre voiture vers un endroit et en même temps, on appuie très fort sur le frein. 

Alors, évidemment ça crée une double frustration! Parce que l’on sent, d’une part, qu’on n’y arrive pas, qu’on n’arrive pas là où on voudrait, sans bien comprendre pourquoi. Mais en plus, au passage, on s’épuise! Puisqu’on lutte doublement pour faire avancer cette voiture alors qu’on appuie sur le frein, à cause de toutes ces questions d’auto sabotage. Je sentais qu’elles étaient liées à des croyances limitantes, que je n’avais pas bien identifiées ou en tout cas, dont je n’arrivais pas à me débarrasser. Et je devrais d’ailleurs en parler au présent: des croyances limitantes dont je n’arrive pas à me débarrasser! Sont-elles liées à la peur de l’échec ou de la réussite? Je n’en sais rien… J’imagine que ces deux notions sont d’ailleurs finalement assez proches,

Le cheminement intérieur

J’ai décidé de commencer un travail avec un coach pour essayer de réfléchir à tout ça. Pour enfin comprendre ce qui se passait en moi, ce que je voulais vraiment et comment avancer. Parce que je suis convaincue que, dans toute chose, dans le développement personnel, dans la connaissance de nous-mêmes, dans l’alignement avec qui on est, ce qu’on veut, vers où on veut aller, il y a vraiment une étape de recherche intérieure de formation, d’être guidée, d’être aidée exactement comme sur le chemin de la parentalité positive. 

La voix interne

Alors, pourquoi je vous raconte tout ça ? C’est parce que hier, pendant ma première séance, au début de la séance, ma coach m’a demandé ce que j’attendais d’elle. Et alors que je lui répondais sur ce que j’attendais d’elle, il y avait une petite voix interne, une fois que j’avais l’impression d’avoir répondu à la question, qui me disait : Est-ce que c’est bien ça ? Est-ce que c’est la bonne réponse? Est-ce que j’ai dit ce que les autres disent, ce qu’il fallait dire? Est-ce que j’en ai assez dit ?Est-ce que j’en ai trop dit? J’avais l’impression qu’il fallait toujours que je vérifie si ma réponse était la bonne réponse. 

Alors que si j’y réfléchis de manière raisonnable, je sais bien qu’en l’occurrence, il n’y a pas de bonnes et de mauvaises réponses. C’est une attente qui est toute personnelle, qui m’appartient, qui me ressemble. Et si les réponses des autres sont différentes, en fait, c’est logique et c’est normal ! 

Pourquoi est-ce que j’ai cette petite voix interne qui s’interroge sur la validité de ma réponse? Parce que j’ai ce syndrome de la bonne élève, qui veut être sûr qu’elle a répondu comme il fallait aux questions qu’on lui posait, qu’elles répondent aux attentes. 

La scolarité nous fait-elle entrer dans un moule ?

Alors, j’ai été effectivement une bonne élève dans ma scolarité . J’ai suivi le chemin que tout parent attend de son enfant: des bonnes notes durant toute ma scolarité, des classes préparatoires, des études d’ingénieur et je ne m’en plains pas ! J’ai trouvé cela bien, ça n’a pas été forcé ! J’appréciais vraiment ce que je faisais. Je me suis épanouie en classe préparatoire. J’adorais ça, tout comme mon fils aujourd’hui! Et je ne pense pas qu’il aurait fallu suivre un autre chemin. 

Mais je m’aperçois aujourd’hui que ce syndrome de la bonne élève va plus loin. C’est un peu la question de la poule et de l’œuf : peut-être qu’à force de me conformer à ce qu’on attendait de moi, je suis restée dans cette attitude. Ou peut-être finalement que j’ai appris à me conformer à ce qu’on attendait de moi, sans m’en rendre compte. Et aujourd’hui, dans mon quotidien, alors que j’ai plus de quarante ans, j’ai encore cette petite voix qui se demande si j’ai la bonne habitude, la bonne réponse.

La peur comme frein à la prise de décision

Et le problème avec ce syndrome de la bonne élève, ce n’est pas seulement cette petite voix qui me fait m’interroger (ce qui est déjà en soi un peu inquiétant, je trouve au bout d’un certain moment) mais c’est aussi que ça me freine. Et c’était ça, ma prise de conscience hier : ça me freine dans mes prises de décision! J’ai énormément de mal à me décider aujourd’hui dans mon rôle d’entrepreneure, sur les actions à mener, dans quel ordre, quelles priorités, … 

Et je comprends enfin que cette difficulté de choix, cette difficulté que j’ai parfois à mettre la casquette  du décideur dans mon entreprise, plutôt que celle de l’ouvrier, est due au fait que j’ai peur de me tromper ! J’ai peur de ne pas faire les bons choix. J’ai peur de me lancer dans des actions qui ne sont pas celles que j’aurais dû faire, pas celles qui vont marcher.

C’est ça que j’ai réalisé hier et que je voudrais partager avec vous : une partie de moi pense que c’est tellement plus facile de ne pas décider, de juste exécuter ce que les autres ont décidé pour moi, parce que au moins, je n’en ai pas la responsabilité !

L’éducation positive pour contrer ce syndrome de la bonne élève

Et c’est là, voyez-vous, qu’il y a un grand lien avec la manière dont on cherche à éduquer nos enfants, avec l’éducation positive telle que je la vis !  C’est-à-dire aider nos enfants à savoir ce qu’ils veulent, à savoir vers où ils veulent aller, à avoir confiance en eux et à prendre leurs responsabilités. En évitant de leur donner des ordres, des instructions en permanence, c’est aussi leur laisser la possibilité d’exprimer leur libre arbitre, de s’exercer à l’exercice de leur pouvoir personnel et donc d’en assumer, d’une certaine façon, les conséquences (quelles qu’elles soient!). Et ce n’est pas si grave, parce que ce sont leurs choix ! 

Je me rends compte qu’aujourd’hui, c’est peut-être ce dont je n’ai pas bénéficié enfant et qui me freine dans ma vie d’adulte pour avancer : j’ai peur intérieurement, j’ai peur de prendre mes propres décisions !

L’impact de ce syndrome sur ma vie d’adulte

Voilà, j’attire votre attention là-dessus, parce que quand j’ai analysé ça (ce qui était un peu nouveau en moi), j’avais déjà ressenti ce syndrome de la bonne élève. Mais je n’avais jamais réalisé à quel point ce syndrome m’immobilisait et m’immobilise encore dans mes décisions en tant qu’ entrepreneure

Parce que quand on est entrepreneure, on a beaucoup plus de décisions à prendre que quand on est dans une entreprise salariée ! Dans celle-ci, on a toujours quelqu’un au-dessus, qui nous dit un peu ce que l’on doit faire, même si ce n’est pas dans chaque micro actions du quotidien.

Prendre du recul pour avancer

Je me suis dit que c’était important de prendre ce recul, pour se rendre compte de l’impact que cela peut avoir à long terme sur nous mais aussi notre entourage.

On doit également y penser par rapport à nos enfants. C’est parce que ce syndrome naît en particulier pendant la scolarité (ce n’est pas pour rien que ça s’appelle le syndrome de la bonne élève). De plus,la scolarité est un thème vraiment sensible: on vit dans une société dans laquelle la réussite passe par le métier, la réussite sociale, la réussite financière. Le métier passe par le diplôme, le diplôme passe par la scolarité et donc on est nombreux en tant que parents à craindre pour nos enfants, à vouloir être sûr qu’ils fassent de bonnes études 

Comment outrepasser la pression scolaire

J’échange régulièrement avec des parents qui se retrouvent finalement, même quand ils sont ouverts à un autre mode d’éducation,dans une position de contrôle plus ou moins fort, en ce qui concerne la scolarité. Est-ce que tu as bien fait tes devoirs? Est-ce que tu as bien répondu? Et nos enfants reçoivent déjà énormément cette pression : avec le cadre contrôlant extérieur de la part des enseignants (puisque c’est vraiment le modèle dans lequel nous grandissons en France). 

Le système français (j’insiste même si ce n’est pas le thème de ce podcast, parce que mes enfants ont été dans d’autres systèmes et j’ai vu d’autres façons de faire), est vraiment dans la démarche de : les enfants font ce qu’on leur demande comme on le leur demande, en répondant d’une façon juste ou fausse aux questions posées, et il n’y a pas tellement d’alternative.  

Il n’y a pas tellement libre cours à ce qu’ils veulent, ce qu’ils ne veulent pas, ce qui leur semble juste à eux, même si ce n’est pas exactement ce que demande le professeur, et ce depuis le plus jeune âge. 

Donc je pense que c’est important, pour nous en tant que parent, et puis, si les enseignants m’entendent, (c’est encore mieux!), de réfléchir à comment aider nos enfants également à savoir que : c’est OK de suivre un autre chemin, c’est OK de ne pas répondre de façon conventionnelle, de faire ses propres choix, que ça marche ou que ça ne marche pas. Parce que même si ça ne marche pas, ils auront appris quelque chose au passage. Et pour qu’ils n’aient pas cette peur de se tromper (qu’on développe chez nos enfants et qui risque de les immobiliser encore à l’âge adulte, comme ça m’immobilise encore moi aujourd’hui). 

Donc, voilà ! C’est ce que j’avais envie de vous partager aujourd’hui!

J’espère que tout cela vous parle. Si vous pensez que ça peut aider d’autres parents, partagez-leur ce podcast.

Suivez-moi sur les réseaux sociaux. Et si vous voulez en parler plus longuement, écrivez-moi sur coralie@les6doigtsdelamain.com ou venez vous inscrire sur le blog. Je serai ravie de poursuivre cette conversation avec vous, à très vite ! 

Notre vie de parent se déroule souvent à un rythme effréné. Difficile de sortir la tête du guidon, et de lever les yeux pour voir un peu ce vers quoi on cherche à aller, non pas aujourd’hui, là tout de suite, mais à plus long terme.
Alors, on s’agace devant certains comportements de nos enfants, en oubliant d’y voir aussi ce qu’ils ont de chouette, pour ce qu’ils deviendront !

L’exercice des « deux listes » est une bonne manière de prendre du recul.

Je vous encourage à écouter ce podcast pour savoir de quoi il s’agit, et de le faire dès maintenant : il vous servira parfaitement d’introduction à la feuille de route, dont on va parler très bientôt sur le blog…

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Un outil pour prendre du recul :  les deux listes

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un exercice qu’on peut faire en tant que parents. Cet exercice nous aide vraiment à prendre du recul sur notre relation, nos relations avec nos enfants et sur le rôle qu’on a à jouer auprès d’eux en tant que parent. 

C’est un exercice qui s’appelle les deux listes et qui est mené, en général, lors d’une première séance, ou tout du moins, dans le début des séances d’ateliers de discipline positive.

 La discipline positive

Justement, parce que j’aime citer mes sources et être précise, je vais préciser, pour ceux qui ne le savent pas, que les termes “discipline positive”, désignent quelque chose de précis. C’est-à-dire que l’on est dans la parentalité positive, la parentalité bienveillante, consciente, selon le terme que l’on veut utiliser. On parle également d’éducation bienveillante (c’est un peu interchangeable). On utilise des termes que l’on veut en fonction de nos sensibilités, de ce que l’on met derrière, etc. Je ne vais pas rentrer dans un débat là-dessus. En revanche, il y a différentes façons de le vivre, différentes approches qui, pour moi, vont toutes dans la même direction et j’adore m’inspirer de sources différentes. 

Mais celle qu’on désigne par discipline positive correspond à l’approche de deux autrices américaines, qui s’appellent Jane Nelsen et Line Loth. Elles ont développé cette approche de discipline positive. Donc en vous parlant de discipline positive, c’est un peu comme si je vous disais Faber et Mazlish. Vous voyez ? Pour remettre les choses dans leur contexte.  

Donc le format des ateliers de parents en discipline positive et mais aussi des enseignants ou d’autres profils, commence en général par l’exercice des deux listes. Cet exercice-là, je le trouve assez important et intéressant. J’aime l’adapter au public auquel je m’adresse et j’en donne une version au début de la formation Point De Rencontre (une formation en sept mois pour améliorer les échanges avec vos enfants).

L’exercice des deux listes : prendre du recul sur notre relation avec nos enfants

Donc, quel est cet exercice ? L’idée, c’est de dresser deux listes différentes

  • la première, c’est une liste des difficultés, des défis, des challenges qu’on a au quotidien avec nos enfants. Ce qui nous met un peu en échec, ce qui nous cause des difficultés, ce qui rend la relation difficile, etc. Bref, ce à quoi on s’attaque un petit peu au quotidien.
  • Et de l’autre côté, une liste de toutes les qualités et compétences, qu’on aimerait voir chez eux plus tard, quand ils seront grands. Et c’est vraiment intéressant de mettre ces deux listes-là, l’une en face de l’autre. 

En effet, typiquement, dans la première liste, on peut retrouver comme difficultés :

  • le fait qu’ils n’écoutent pas
  • qu’il faut répéter
  • qu’ils répondent
  • qu’ils ne coopèrent pas
  • qu’ils se disputent avec leurs frères et sœurs
  • etc…

Enfin, tout un tas de choses qui nous posent effectivement des difficultés au quotidien et qui rendent l’atmosphère parfois difficile, et ainsi nuisent à nos échanges avec eux.

Et de l’autre côté, on pense aux qualités qu’on aimerait qu’ils aient développées.
On peut les imaginer en jeunes adultes de 25 ans, ils reviennent chez nous, après leurs études, nous rendre visite le dimanche.
Quelles qualités aimerait-on voir chez eux à ce moment-là ? Et là, on voit qu’on aimerait

  • qu’ils soient indépendants
  • qu’ils aient un respect de l’autre
  • une tolérance
  • une faculté d’analyse
  • une faculté de décision
  • une autonomie

Vers une prise de conscience

Et ce qui est drôle dans toutes ces qualités, c’est que ce n’est pas forcément les qualités qu’on cherche à développer chez eux quand ils sont petits. 

Ça me fait penser à une image que j’avais vue, où le parent dit à son enfant : « Écoute, quand tu seras grand, j’aimerais que tu sois décidé, autonome, assertif. Mais tant que tu es petit, je te préfère obéissant, OK ? » 

Et donc, je ne manque pas, lorsqu’on fait cet exercice en atelier avec les parents (puisque j’anime aussi des ateliers en présentiel) de leur faire réaliser que dans cette liste de qualités à long terme, il n’y a jamais écrit l’obéissance. C’est drôle, quand même de voir ça ! 

Quand nos enfants sont jeunes, selon nous, la vie serait plus simple s’ils faisaient juste ce qu’on leur demandait. Mais en réalité, à long terme, si on y réfléchit bien, ce n’est pas ce qu’on cherche à développer chez eux. On ne veut pas développer l’obéissance ! On veut au contraire qu’ils aient un sens de l’analyse, un recul, un pouvoir de décision, etc. On veut qu’ils soient capables d’être indépendants, d’être assertifs, on veut tout ça.

Donc, déjà, rien que cette prise de conscience permet d’aborder la relation un petit peu différemment. D’accord ? Et ça apporte d’autres choses cette espèce de liste ! 

A quoi sert cet exercice ?

Alors, quand on fait des ateliers discipline positive, il y a pas mal de choses qu’on peut faire à partir de ces deux listes. On va pouvoir s’y référer quand on fera d’autres activités.

Je ne vais pas vous dévoiler tout ce qui se passe en atelier discipline positive. Ça prendrait des heures ! Je vous encourage plutôt à aller en suivre, ou d’autres ateliers d’éducation positive, quel que soit le format que vous choisissez. 

Moi, par exemple, je ne fais plus d’ateliers Faber et Mazlish. Je ne fais plus d’ateliers discipline positive. Je fais des ateliers que j’appelle éducation positive, qui mélangent un peu les différentes approches. En effet, j’aime piocher, chez différentes personnes, des exercices qui me conviennent ou ajouter des connaissances que j’ai pu glaner ailleurs. (par exemple, lors de formations de communication non violente, etc). C’est donc à vous de choisir l’approche qui vous intéresse. 

Prendre du recul

La raison pour laquelle je vous parle de cet exercice aujourd’hui, c’est que ça permet quand même de prendre du recul sur pas mal de choses.

Ça permet d’abord de changer son focus, de penser justement à long terme. De voir que OK, aujourd’hui, j’ai des défis : parce que j’ai une difficulté au quotidien, parce que je dois sans cesse répéter les instructions, les choses à faire, etc. Mais à long terme, est-ce que c’est ça l’important ? Est-ce que je voudrais développer cela chez les enfants à long terme ?

Déjà, rien que se demander ce qu’on veut développer chez nos enfants à long terme, ça nous permet de mettre notre focus et notre énergie dans d’autres choses. Là-dessus, je vous renvoie sur ce qu’on appelle la feuille de route. Celle-ci peut vraiment nous aider à mettre notre énergie dans ce qu’on veut développer chez nos enfants à long terme. 

Transcender cet exercice pour avancer

C’est la question d’une maman à ce sujet qui m’a fait réagir aujourd’hui ! Car ça nous permet de voir que dans certaines de nos difficultés actuelles, on voit déjà se profiler certaines des qualités qu’on veut voir chez eux plus tard. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle ! 

Cela nous permet également de voir autrement ces difficultés-là. Donc, typiquement, quand l’enfant est en train de s’opposer à nous, nous dit qu’il n’est pas d’accord pour faire quelque chose, on peut noter qu’il est en train de s’écouter lui-même, de savoir ce qu’il veut faire, de savoir exprimer son opinion. Il est en train de prendre des décisions, il est en train de montrer tout un tas de qualités et de compétences, qu’on veut pour lui à long terme. 

Ça ne veut pas dire qu’on est content que notre enfant s’oppose à nous, tout le temps, au quotidien, parce qu’on voudrait aussi plus de facilité. Mais on veut plus de facilité et de coopération, dans la mesure où l’on voudrait pouvoir communiquer avec lui, pour qu’il soit d’accord pour faire ce qu’on lui demande, et non pas l’obliger. On ne veut pas que quand quelqu’un lui demande quelque chose, il s’y oblige, même quand il n’est pas d’accord, sans exercer son libre arbitre et son esprit d’analyse. 

Donc finalement, qu’il soit capable de mettre en place son esprit d’analyse, pour se dire : je m’écoute moi-même là tout de suite, ce que j’aimerais faire et ce n’est pas ça mais c’est plutôt ça. 

Adapter notre rôle de parent pour répondre aux oppositions des enfants

Et si l’on prenait le fait qu’’il s’opposait à nous plutôt comme une bonne nouvelle ! 

Alors je  vous entends, vous vous dites que si on suit vraiment ce raisonnement-là, et bien, nos enfants ne vont jamais aller se brosser les dents, faire leurs devoirs, etc. Mais il est bien évident que l’idée n’est pas d’abandonner tout guide auprès de nos enfants. 

Le but est de leur expliquer pourquoi se brosser les dents, pourquoi faire les devoirs, etc. Les devoirs en particulier, alors ça, c’est un thème que j’ouvre, que je ne devrais peut-être pas ouvrir ici… Il va falloir aller chercher la motivation intrinsèque, leur faire comprendre que c’est pour eux, ce qui n’est pas souvent fait par les professeurs et les parents. Et même si la motivation intrinsèque est difficile à trouver, on peut recevoir l’information que ce n’est pas toujours simple de comprendre et d’accepter qu’il faille se brosser les dents tous les jours, OK ? 

On peut donc le recevoir, on peut voir différemment le fait qu’ils s’opposent à nous, et ça c’est intéressant ! Il faut donc trouver un fonctionnement qui aille pour tout le monde. Le fait qu’ils n’aient pas envie d’interrompre leur activité, par exemple, pour aller se brosser les dents, et bien, c’est plutôt pas mal par rapport au fait de s’écouter soi-même ! Donc on peut aussi écouter ça et trouver le bon moment pour qu’ils aillent se brosser les dents, par exemple. Ainsi, on entre dans tout un autre panel qui est : quelles sont les méthodes pour quand même encourager la coopération malgré la difficulté ? 

En revenant vraiment au cœur de cet exercice, on arrive à voir derrière certains comportements, des compétences qu’on aimerait voir chez eux plus tard. 

Un exemple concret

La situation

Alors, pourquoi je fais ce partage aujourd’hui ? C’est justement parce que j’ai une maman qui s’est inscrite récemment à ma formation Point De Rencontre, et qui a commencé, entre autres choses, par cet exercice-là. Elle m’a envoyé la question suivante :
« Bonjour Coralie, pourriez-vous m’éclairer sur la comparaison entre les comportements qui nous insupportent chez nos enfants et les qualités que l’on aimerait qu’ils développent ? Par exemple, chez mon petit de 2 ans, qui tape sa grande sœur, comment y voir le respect de l’autre ? Merci » signé la maman. 

Alors, je voudrais répondre à cette question et je l’ai trouvée tellement intéressante que j’ai trouvé ça utile pour tout le monde de faire cet article. Effectivement, quand un petit  tape sa grande sœur, on ne va pas y voir le respect de l’autre.

C’est-à-dire qu’il n’y a pas une liaison directe entre le comportement qui nous insupporte et cette qualité qu’on aimerait qu’il développe, OK ? Au contraire.
Dans le petit qui tape sa grande sœur, peut-être qu’il n’y a pas encore assez de respect de l’autre et qu’il va falloir l’aider à développer cette qualité, le respect de l’autre. Mais même si on ne le lie pas directement à une qualité qu’on voudrait voir, on peut chercher quelle qualité on aimerait voir chez notre enfant quand il sera grand et qui se voit déjà dans ce comportement. 

Un autre regard

Typiquement, un petit de deux ans qui tape sa grande sœur, qu’est-ce qu’on peut dire ? On peut dire qu’il est déjà capable de poser ses limites, on peut dire qu’il est capable de « se défendre ». Alors se défendre, on va lui apprendre, heureusement, d’autres manières de se défendre qu’en tapant sur l’autre. C’est bien ce à quoi on aspire en évoluant vers l’éducation positive bienveillante ! A deux ans, il n’a pas encore développé d’autres méthodes, il n’a pas encore d’alternatives ! C’est ce qu’il trouve de mieux à ce moment-là, c’est la meilleure méthode qu’il a à sa disposition à cet instant, pour réagir face à sa grande sœur. 

N’empêche qu’il est capable de s’opposer à sa grande sœur et de lui dire avec sa propre méthode : « je ne suis pas d’accord ! »

Et ça, c’est déjà une certaine assertivité, c’est un exercice du pouvoir de lui-même, dans son pouvoir personnel, pour pouvoir poser ses limites. Ça, c’est une vraie qualité qu’on veut chez eux plus tard. 

On ne veut pas que nos enfants se plient à tout ce qu’on leur demande. On veut qu’ils soient capables de dire « non, je ne suis pas d’accord ». Le petit de 2 ans, qui tape sur sa grande sœur, est capable déjà de dire « non, je ne suis pas d’accord ». Évidemment, notre rôle de parent va être de l’aider à évoluer dans les méthodes pour exprimer ça. Mais aussi, dans d’autres qualités, comme le respect de l’autre, qui vont venir l’aider à évoluer dans ses méthodes. 

L’exercice des deux listes : une méthode tournée vers l’avenir

Le fait de comprendre qu’il y a des qualités quand même derrière le comportement qui nous insupporte au quotidien, ça nous permet d’aborder ce comportement différemment, de voir qu’on va l’aider à développer d’autres méthodes. Pas forcément à changer le fond de l’affaire ! 

Voilà j’espère que cette approche vous aide à y réfléchir. Je vous encourage à faire cet exercice !
Si vous voulez aller plus loin et savoir comment développer la coopération, vous pouvez allez voir les formations que je vous propose.
Et en particulier, celle dont je vous ai parlé ici : Point De Rencontre

J’espère que ce podcast vous a plu. N’hésitez pas à le partager à d’autres parents que ça pourrait aider et à bientôt !

Ca y est, votre enfant a l’âge d’aller à l’école… Le début d’une nouvelle vie ! Mais c’est bien plus difficile que prévu : il/elle pleure, veut rentrer à la maison… Comment pouvez-vous l’aider à vivre cette période délicate ?

Je réponds à cette question à l’oral !

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Si vous voulez voir la formation sur les émotions que j’évoque à la fin de ce podcast, il vous suffit de suivre ce lien.

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Rentrée en maternelle : pleurs et hurlements… que faire ?

C’est la rentrée ! L’école commence, mon enfant pleure et j’ai du mal à le supporter. Comment peut-on aider un enfant qui pleure à rentrer à l’école ? 

Bonjour les parents positifs !

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Alors aujourd’hui, je réponds à un message que j’ai reçu d’une maman un peu en détresse, qui me dit : “Ma fille est rentrée en petite section. Parfait le mardi et le vendredi, mais hier et aujourd’hui : l’horreur !!! Pleurs, hurlements,… Maman, je veux rentrer à la maison, juste cinq minutes. Je ne l’avais jamais vu dans cet état-là. Des astuces pour gérer ces moments-là ? Car je suis un peu perdue… Elle est pourtant avec ses trois copines de crèche. Un grand merci ! “
Alors, merci pour cette question qui concerne bien des parents, et pas seulement cette maman. Alors, je me suis dit que ce serait intéressant de partager cela avec tous les parents qui, comme Mathilde, ont du mal avec la réception des pleurs, qui ont du mal avec le moment du matin où c’est tellement difficile de voir son enfant pleurer, pour elle et pour sa fille.

Qu’est-ce qui se passe dans ces moments-là ?

D’abord, il n’est pas rare que les choses se passent comme Mathilde le décrit ici. C’est-à-dire que les premiers jours se passent bien et puis qu’ensuite seulement, l’enfant se met à pleurer. Vous êtes nombreux à l’avoir vécu.

Pourquoi  ce n’est pas rare ?

Parce qu’en fait, au départ, il y a cet attrait de la nouveauté : l’excitation, c’est quelque chose que l’on va découvrir, c’est la grande école… Alors la fille de Mathilde sort de la crèche et n’a jamais connu que ça. Elle rentre à l’école et souvent en plus, nous les adultes, on leur en a parlé avant; On a créé cette anticipation : “Ah, tu entres à l’école, c’est chouette ! Tu deviens grande, tu vas voir l’école,.”
On a créé toute une excitation qui fait qu’au début, ils sont tous contents de découvrir ce que c’est. Et puis, au bout de quelques jours : “Bon, ben ok, c’est bon, j’ai compris. En réalité, ce n’est pas aussi excitant que ce que vous m’avez dépeint. Finalement, j’étais bien mieux avant.”
Donc, ce côté, où c’est difficile de rentrer à l’école, il n’est pas du tout rare qu’il arrive après quelques jours. Alors ça, c’est le premier point.

La phase d’adaptation

Le deuxième point : que cela vienne au bout de quelques jours ou dès le début, l’entrée à l’école (alors là, on parle d’une première rentrée, mais c’est vrai aussi pour les autres rentrées, en réalité), c’est dur pour beaucoup d’enfants, parce que c’est vraiment un environnement différent.
C’est encore plus le cas, quand on entre en petite section, parce que le contexte est vraiment complètement différent de ce qu’on a connu avant : l’ambiance est différente, le rythme est différent, tout est différent. C’est une phase d’adaptation, qui est vraiment difficile pour les enfants, en tout cas, qui peut l’être. En particulier, les moments de la récré, dont on parle souvent avec les enfants. C’est assez effrayant pour un enfant de petite section, parce que tout d’un coup, il se retrouve mélangé avec des plus grands : ça crie, ça court. Il y a de quoi faire un peu peur !!! Donc, il y a vraiment une phase d’adaptation.

Cette phase d’adaptation crée des difficultés qui font que, au début de la journée, ils n’ont pas envie de quitter leurs parents avec lesquels ils se sentent beaucoup plus en sécurité. Donc, il y a beaucoup de choses qui, à ce moment-là, dépendent de l’instituteur : c’est-à-dire, de quelle manière l’enseignant arrive à accompagner les enfants, à recevoir ce qu’ils vivent, à les faire vivre cette transition en douceur. Avec la difficulté, évidemment que les enseignants ont toute une classe devant eux. Donc, entre l’enseignant et l’assistante, il y a quand même beaucoup d’enfants à gérer et en plus la pression (souvent dans nos systèmes) d’avancer dans le programme,… La phase d’adaptation n’est pas toujours complètement intégrée, abordée comme faisant partie, ou étant vraiment partie prenante de ce qu’on fait, même si c’est quand même le cas dans beaucoup d’écoles, heureusement.

Le premier conseil : l’écoute

Alors ceci étant dit, une fois qu’on a compris que c’était difficile pour eux, qu’est-ce qu’on peut faire ? Quels sont les conseils pour aider notre enfant à traverser cette phase-là ?

Alors le premier conseil, le principal, c’est l’écoute. On peut imaginer d’ailleurs qu’en nous-même, on vit une période compliquée, cela nous est tous arrivé. Ce dont on a le plus besoin, à ce moment-là, c’est de pouvoir le partager, c’est de pouvoir entendre que les gens autour de nous, nous comprennent, nous soutiennent, qui sont là pour nous.

Cela ne veut pas dire qu’ils vont régler notre situation. Ils ne vont pas régler notre problème, mais au moins, on sait que l’on n’est pas tout seul et qu’on a des gens autour de nous, qui sont là pour nous soutenir.
Donc vraiment, cette phase d’écoute est très importante. Et c’est cette idée aussi que, en tant que parents, on ne va pas éviter les difficultés à nos enfants, mais on va les aider à les traverser. Et à long terme, c’est vraiment ce qui va leur permettre de développer leur résilience, leur faculté d’adaptation, etc.

Comment développer cette résilience ?

C’est justement en les écoutant, en écoutant ce qu’ils vivent. Les petits n’ont pas toujours les mots pour le dire, donc parfois, c’est à nous de les poser. On peut très bien discuter : “Tu aimerais bien rester avec moi toute la journée ? C’est plus facile quand on reste à la maison ? Ça fait un peu peur à l’école, il y a beaucoup de bruit ? Tu sais, je crois que ce week-end, on pourra passer un moment ensemble et on aura le temps de faire ceci et cela. Parfois, c’est compliqué d’arriver dans un nouvel environnement qu’on ne connaît pas. Tu trouves que c’est très différent ici ?”

J’ai lu récemment l’histoire d’une maman, qui a réussi à aider son garçon en lui parlant le soir, à partir du livre “Je t’aimerai toujours, quoi qu’il arrive” (je ne sais pas si vous connaissez ce livre). Au début du livre, le petit renard est très en colère et la maman, après avoir lu le livre, dit : “Pourquoi penses-tu que ce petit renard est en colère  ? Peut-être que c’est difficile pour lui, l’école et la cantine”. Ainsi, son petit garçon a pu partager ses difficultés, à ce moment-là, au moment où sa maman a mis les mots dessus, tout en parlant de quelqu’un d’autre.

Donc, cette phase d’écoute et d’expression de ce que les enfants peuvent vivre (surtout quand ils sont petits) est vraiment une façon de mettre des mots sur ce qu’ils vivent. Et à ce moment-là, ils se sentent compris et se sentent entendus. Ça, c’est vraiment la priorité, le plus important.

Que faire au moment de la séparation ?

Se projeter

Alors d’abord, une chose qui est importante, c’est que nos enfants ont du mal à se projeter quand ils sont petits. Donc, on peut répéter ce moment de la séparation pour les aider à se projeter. Cela veut dire qu’on va pouvoir leur expliquer la veille au soir, le matin avant d’arriver : “On va arriver à l’école; On va être devant la porte. A ce moment-là, je vais te dire au revoir, tu vas me dire au revoir et ensuite, tu vas rentrer dans la classe. Et puis moi, je reviendrai en fin de journée. Dans la classe, tu vas faire ceci, tu vas faire cela.”

Alors l’idéal, c’est carrément d’avoir observé la classe et de les aider à se projeter en disant par exemple : “Quand tu rentreras dans la classe, tu préférerais aller dans le coin lecture ou dans le coin cuisine ? Tu voudrais plutôt te mettre à dessiner ou tu voudrais plutôt…”
Pas une avalanche de choix, mais leur donner une accroche par rapport à ce qu’ils vont faire dans la classe, ce qui leur permet de se projeter et d’être moins accrochés à la phase antérieure. Donc cela peut vraiment aider.

Avoir un objet de liaison

Et puis ce qui peut les aider aussi, c’est parfois d’avoir un objet de liaison. Donc ça, c’est quelque chose dont on peut aussi parler avec eux. C’est-à-dire qu’on peut leur dire, par exemple le soir, lors d’un moment calme : “J‘ai l’impression que c’est difficile pour toi de me dire au revoir le matin, que tu aimerais bien rester avec moi et que rentrer dans la salle de classe, c’est parfois un moment qui est compliqué. Selon toi, qu’est-ce qui pourrait t’aider ? Alors souvent, les touts petits ont du mal à répondre à cette question, mais déjà rien que leur poser la question, cela leur permet de leur montrer qu’on comprend leur point de vue en considération, et peut-être qu’ils vont avoir des idées qu’on n’a pas.
Et sinon, une idée, on peut leur suggérer, on peut leur dire : “Est-ce que ça pourrait t’aider d’avoir un objet que je te donne ?” Et on va choisir quelque chose d’un plus petit, qui soit facile à glisser dans la poche, peut-être un petit ruban ou un petit bout de tissu, quelque chose (c’est un peu l’idée du doudou) qui ferait un peu transition. Donc ça, c’est aussi un objet de sécurité, qui peut aider (cela dépend des enfants, il y a des enfants, ça aide beaucoup, et d’autres pas du tout.)

Aider l’enfant à être dans l’action

Également, au moment où l’on rentre dans la classe, un autre conseil c’est d’aider l’enfant à être dans l’action, parce qu’il y a souvent toute une petite routine au moment d’arriver dans la classe. Et donc, si l’enfant est dans cette routine, c’est-à-dire que c’est lui qui est  chargé d’accrocher son manteau, par exemple, et qu’on l’encourage, on lui dit : “Tiens, regarde, où il va ton manteau ? Tu veux le mettre au crochet ?” L’enfant devient actif dans cette partie-là. Quand il est actif, il est souvent moins dans l’émotion et cela l’aide à s’ancrer directement dans sa journée d’école.

Arriver plus tôt

Il ne faut pas oublier non plus d’arriver un peu plus tôt. Ce que je veux dire c’est que, ce moment de séparation du matin est difficile pour eux et il est difficile aussi pour la maman. C’est-à-dire qu’on a le droit, nous aussi, en tant que maman, de trouver cela difficile.

Moi, je me souviens encore : “Quand mon aîné (cela remonte à quinze ans ! ), était dans cette phase-là et que je partais de la classe et que je l’entendais crier : “Maman” en pleurant”. C’était vraiment très difficile pour la maman que j’étais. On a le droit de trouver cela difficile nous aussi ! Alors bien sûr, notre rôle, c’est d’être là pour eux d’abord, mais c’est tout à fait légitime, que, nous aussi, on trouve cela dur. Donc si on a besoin d’un peu plus de temps dans cette phase de séparation, parce que, en fonction des enseignants, il y en a qui ne veulent pas non plus que ce moment-là dure trop longtemps parce qu’ils savent d’expérience que les enfants se calment souvent assez rapidement, une fois que la maman disparaît. Donc, ils ont tendance à vouloir “précipiter la maman dehors” et c’est ok, parce qu’effectivement, ils s’y connaissent, ils ont l’expérience de cela et ils savent gérer nos enfants. Il faut aussi qu’on leur fasse confiance.

Avoir une phase de transition

Mais si on veut avoir le temps de cette transition, ne pas hésiter à arriver un petit peu plus tôt pour avoir les 30 secondes, la minute de câlins, de recharge de réservoir émotionnel, et pour l’enfant, et pour nous, avant de partir. Pas s’étaler dans les pleurs, mais avoir le temps de faire cette phase de transition, justement dans laquelle on va rendre l’enfant actif, on va l’aider à se projeter dans sa journée d’école, on va l’aider à faire une transition qui soit un peu plus smooth. Et même si à la fin, il pleure, au moins, il aura vu qu’on ne l’a pas juste jeté dans sa classe, mais qu’on a été là pour lui un moment, et ça, ça l’aide à avoir confiance en nous et à se sentir en sécurité.

Voilà, je crois que c’est déjà pas mal de conseils ! Si vous réussissez à appliquer tout cela, cela devrait vous aider. D’ailleurs, j’avais donné tous ces conseils à la maman, qui m’avait écrit, il y a quelques jours. Elle m’a écrit aujourd’hui que ça allait déjà beaucoup mieux deux jours plus tard. Donc, je vous encourage à appliquer tout cela, si vous avez l’impression que cette partie, si importante de l’écoute de ce que notre enfant vit, est difficile pour vous, que vous êtes le genre de parent à répondre plutôt : “Ne t’inquiètes pas, arrêtes de pleurer,….” N’hésitez pas !

Je vous encourage à vous inscrire à ma formation : “Accompagner les émotions”, qui vous permettra, en seulement quinze jours, de comprendre comment écouter votre enfant et vous verrez que cela changera tout dans les moments de “crise”, de pouvoir les écouter et de les accompagner à vivre ce qu’ils veulent, plutôt que de vouloir effacer ces crises, qui ont pourtant une raison d’être.

Et si vous pensez que ce podcast peut aider des personnes de votre entourage, qui vivent ces difficultés, n’oubliez pas de le leur en parler !

À très vite sur le blog Les six doigts de la main.

Changer d’endroit, découvrir un nouveau lieu, éventuellement une nouvelle culture, peut être très excitant. C’est en tout cas le point de vue des familles qui choisissent de changer régulièrement de lieu de vie.      

Et en même temps… partir est souvent un moment difficile. Parce que l’on a tissé des liens à l’endroit que l’on va quitter, parce que l’on anticipe une certaine nostalgie de ces endroits que l’on ne reverra peut-être pas.. 

Un mélange de sentiments vit alors en nous, pas toujours simple à accueillir. Pour nos enfants, c’est souvent encore plus compliqué. Non seulement parce qu’ils en ont moins l’expérience, mais en plus parce qu’ils ne l’ont pas choisi ! 

— Note :  cet article a d’abord été publié dans Grandir Autrement, numéro 78 de septembre-octobre 2019, dans le dossier « La vie nomade »

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Une tendance à la projection

Face à la détresse de notre enfant, la tendance est de réagir en essayant de l’aider à se projeter dans un avenir plus positif. « Tu verras, ça sera chouette là-bas ! » 

En somme, nous cherchons à effacer sa tristesse. Cela nous fait de la peine de le voir malheureux, nous aimerions le retrouver souriant. Une partie de nous voudrait croire que si nous faisons tous très fort semblant que la tristesse n’a pas lieu d’être, elle disparaîtra toute seule. 

Pourtant, en refusant de recevoir ce que vit notre enfant a ce moment-là, en l’emmenant trop vite vers des lendemains qui chantent, nous le privons à double titre d’une expérience fondamentale. 

D’abord parce que de manière générale, et quel que soit le contexte, nier l’émotion de notre enfant, c’est lui passer implicitement le message que ce qu’il vit n’a pas lieu d’être. On risque alors de le faire douter de ce qu’il sent en lui. En tout état de cause, on ne lui enseigne pas à savoir s’écouter, à se faire confiance. Au contraire. 

Ensuite, parce que cette période de détresse au moment du départ est saine. Les spécialistes de l’expatriation vous le diront : il y a, à chaque changement, une période de deuil, qu’il est important de vivre pour mieux passer à la suite. 

Ainsi, il est parfaitement naturel que notre enfant ait du mal à gérer la transition. Ses sources de tristesse et d’inquiétude sont multiples : ce qu’il quitte, dont il doit se séparer, l’inconnu qui l’attend. A cela s’ajoute le fait que, justement, il ne comprend peut-être pas très bien ce qu’il est en train de vivre. Parfois, chez les jeunes enfants, cette incompréhension est palpable. Je me souviens de mon fils qui, deux mois après notre déménagement du Mexique à Porto Rico, me disait encore : “Mais non, maman, on ne rentre pas à la maison ! Ici, on est à Porto Rico ; notre maison, elle est à Guadalajara !”. Dans ces cas-là, le message est facile à recevoir pour nous, parents. Mais lorsque les enfants grandissent un peu, on pense parfois que les explications suffisent, qu’ils peuvent les comprendre. 

Pourtant, l’afflux d’émotions est encore fort, et notre enfant peut toujours se sentir dérouté, même s’il ne l’exprime pas de la même manière. C’est peut-être la première fois qu’il ressent un tel mélange de sentiments, presque contradictoires.

Démêler les émotions

Rappelons-nous qu’un enfant, comme un adulte, a toujours raison de ressentir ce qu’il ressent. On peut ne pas toujours le comprendre, mais si l’émotion est présente, c’est qu’elle a une raison d’être, pour lui en tout cas. 

Parfois, il reste délicat de réussir à démêler ce qui se passe en nous. Alors, à la manière du monstre des couleurs, et ce quel que soit l’âge de l’enfant, le mieux est probablement de l’aider à recevoir une émotion après l’autre. 

Avant de se projeter dans la suite, d’essayer d’entrevoir le futur, que nous espérons certes excitant, il est bon de se laisser le temps du deuil. Deuil de ce que l’on a connu, vécu, partagé. Deuil des lieux, des gens. 

Ne pressons donc pas les choses. Sachons vivre ce moment, utile et vrai. Prenons le temps de parler avec notre enfant de ce qui va lui manquer, de ce qu’il a apprécié. Offrons-lui le temps de dire au-revoir, la possibilité de pleurer s’il le veut. De savourer ces derniers moments. Recevoir ses difficultés surtout sans chercher à les atténuer en lui parlant de tout le positif qu’il vivra plus tard, après le déménagement. 

D’autant qu’en réalité, ce qu’il vivra plus tard est probablement également sujet à inquiétude pour lui. L’inquiétude de l’inconnu. L’incertitude est souvent l’une des situations les plus difficiles à vivre. 

Recevoir ce que vit notre enfant consistera donc à ne pas chercher à recouvrir les difficultés, mais bien plutôt à le laisser s’exprimer. S’exprimer tout au long de son processus de deuil, le partager avec lui en lui disant ce qui va également nous manquer ; et s’exprimer sur son inquiétude également. Ce qui, convenons-en sera bien plus honnête de notre part ! 

D’abord, nous n’avons en réalité aucune idée de comment les choses se passeront après le déménagement. Bien sûr, nous espérons qu’il retrouvera des amis, et c’est probable. Certes, nous avons cherché à préparer le meilleur des environnements. Mais nous n’avons pas de boule de cristal, et il le sait. Donc, lui expliquer tout ce qui se passera de bien… plus tard… est un peu vain. Tout au plus pouvons-nous partager nos espoirs, ce qui n’est déjà pas négligeable. 

Ensuite, même s’il est vrai qu’il retrouvera ses marques, qu’il se sentira bien dans son nouvel environnement, cela ne change rien, absolument rien, au fait qu’en attendant, là, maintenant, au moment du déménagement, ce n’est pas le cas. 

La meilleure manière d’aider notre enfant dans cette transition sera donc bien de prendre les choses comme elles viennent, en pleine conscience. Non seulement nous faciliterons alors pour lui le processus d’acceptation, mais nous l’accompagnerons également dans une expérience de vie qui, plus que tous nos messages d’encouragement, lui enseignera la résilience. 

Alors, on ne doit pas rassurer ? 

Tout dépend de ce que l’on entend par rassurer. Rassurer un enfant en lui démontrant qu’il a tort d’être triste, ou inquiet, ce n’est pas rassurer. Rassurer, c’est plutôt accueillir ce que ressent notre enfant, pour qu’il se sente compris, écouté, encouragé au quotidien, pour qu’il sache qu’il n’est pas seul, et que ce qu’il vit est valable, et valide.

Et dans tout ce chamboulement, il reste une constante, peut-être la principale : c’est notre famille. Certes, la famille change d’endroit, peut-être de pays, peut-être de langue. Certes, les amis seront loin, nous ne les verrons plus au quotidien. Certes, les habitudes vont devoir changer, nous sortons de notre zone de confort. Nous ne savons peut-être pas encore quel sera notre logement. 

Mais, quoi qu’il se passe, nous serons ensemble. Quoi qu’il advienne, nous aurons nos marques entre nous. Notre monde va changer, mais nous gardons notre maison. Car notre maison, c’est notre famille.