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Égalité, cas concret

Dans l’épisode précédent « Égalité, source de rivalité », je vous encourageais à vous éloigner de la recherche d’égalité pour traiter chacun de vos enfants comme s’il était unique.

C’est parfois plus facile à dire qu’à faire…

On se retrouve régulièrement face à des situations où l’égalité semble la seule manière de s’en sortir.

Parlons aujourd’hui de l’une de ces situations, et des choix qui s’offrent alors à nous.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Égalité, cas concret

Bonjour les parents qui cheminent. 

Dans mon épisode précédent, intitulé “Égalité, source de rivalité”, je vous avais parlé de cette démarche, que l’on a tendance à appliquer en tant que parent : on veut être sûr que chacun de nos enfants ait la même chose. Comme ça, on ne prête pas le flanc à des commentaires du type : “Mais pourquoi lui, il est plus que moi ?”. 

Je vous avais promis de vous expliciter les options possibles, dans un cas très concret d’une maman, qui suit la formation En finir avec les disputes dans la fratrie, qui sort des comparaisons et de la recherche d’égalité entre ses enfants, et qui me dit : “Il y a quand même des cas, où je me retrouve dans des situations, dans lesquelles je me sens un petit peu démunie. Je ne sais pas comment faire autrement.”  Son exemple est le suivant : “Quand je vois qu’il ne reste que peu de céréales pour le lendemain matin, je fais deux pots égaux séparés pour éviter les drames”. C’est-à-dire que le drame, ce serait que son fils arrive en premier et en laisse à peine, voire fini toutes les céréales, avant l’arrivée de sa sœur, par exemple.

Comment fait-on effectivement dans ces cas-là ?

C’est une chose de dire qu’on ne cherche pas l’égalité. Mais on va se retrouver au quotidien face à des situations comme ça, dans lesquelles clairement, il n’y a juste pas assez de céréales pour les deux. Donc, quelle serait la manière “juste” de se comporter dans notre système ? La justice, c’est souvent le partage et donc on va se retrouver à se dire : “Bon bah voilà, je vais prendre la décision tout de suite, au moins il n’y aura pas de drame”. 

Et cela peut être OK, de prendre cette décision-là, parce qu’on fait aussi avec les moyens du bord. Et si on sait que le lendemain matin (parce qu’on a déjà vécu ce genre de situation), cela risque de faire un drame, que l’on n’a pas le temps et que l’on veut éviter les choses, peut-être qu’une option, qui est écologique pour nous à ce moment-là, c’est effectivement de séparer en deux pots pour que chacun ait la même chose et que ce soit plus simple à gérer (cela ne donne pas forcément l’idée que ce sera plus simple à gérer, parce que les enfants peuvent encore s’interroger sur les raisons pour lesquelles il y a deux pots. “Et oui, mais les dernières fois qu’on a fini un paquet,…”). S’ils sont vraiment en rivalité, ils peuvent toujours trouver à redire. Mais effectivement, on a quand même tendance à se dire que ça va simplifier les choses.

Quel problème cela induit-il ?

En réalité, il y en a deux. Le premier, c’est effectivement cette notion d’entretenir nos enfants dans cette recherche d’égalité à tout prix, donc de rester dans la comparaison et d’entretenir la rivalité, comme on en a parlé dans l’épisode précédent. Le deuxième, c’est que finalement, on les prive d’une opportunité d’apprentissage, puisque faire face à cette situation dans laquelle il n’y a pas assez de céréales pour les deux, c’est une opportunité d’apprentissage.
Donc, nous, notre comportement, notre réaction par rapport à cela, va s’adapter à la priorité qu’on a à ce moment-là et les ressources qu’on a pour faire face à la situation.

Ainsi, dans le cas de la maman qui m’écrit, sa priorité, clairement, c’était que la préparation du matin se passe bien, que ce soit plus simple, plus fluide. Et donc, elle n’avait pas forcément en elle les ressources qu’il fallait pour accompagner ses enfants, si jamais cela se transformait en drame. Donc le choix qu’elle a fait, c’est de séparer les pots.

Que faire pour que cela devienne une occasion d’apprentissage ?

Si jamais, c’est effectivement le choix que vous faites : qu’est-ce que vous pouvez faire pour que ce soit quand même une occasion d’apprentissage ?

C’est qu’au moment où vous le faites, vous séparez les pots ce soir-là, parce que ce sera plus simple pour le lendemain matin. Mais, vous pouvez quand même (du fait d’en avoir pris conscience au moment où vous le faites) lancer la conversation et cela pourra vous 

servir pour une occasion suivante, où ce genre de cas se représentera.

Aborder le sujet

Par exemple, le lendemain soir, vous pouvez aborder le sujet en disant par exemple : “Tiens, je voulais vous parler d’un truc. Hier soir, quand vous étiez déjà couchés et que je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas assez de céréales pour vous deux ce matin, j’ai pris la décision, comme vous l’avez vu, de séparer les céréales, qui restaient en deux pots. Et d’ailleurs, je crois que ça s’est bien passé ce matin. Ok, mais finalement, je me suis dit : Est-ce que c’était vraiment une bonne démarche ? Parce que du coup, j’avais présupposé que, dans le cas où il n’y a pas assez de céréales, la meilleure solution était de séparer en deux. Mais est-ce que c’est vraiment la meilleure solution ? Est-ce que si ça se trouve, vous, vous préférez dans ces cas-là (quand il n’y a pas assez pour un bol complet) prendre autre chose que des céréales ? Si ça se trouve, vous auriez pu trouver votre propre solution, en fait. Qu’est-ce que vous en dites ? Qu’est-ce que vous auriez fait si vous étiez descendus et qu’il n’y avait pas eu assez de céréales pour vous deux ? Comment pensez-vous que ça se serait passé ?

Alors là, déjà, il peut y avoir un échange autour de cela. Comment ça se serait passé ? Comment auriez-vous réagi ? Afin qu’eux aussi puissent prendre du recul par rapport à cela. Et puis, si on se rend compte dans la conversation, qu’effectivement, la façon, dont cela se serait passé, aurait réellement été un drame. Genre, il y en a un, qui admet avec toute bonne foi, et d’ailleurs, on peut le remercier de sa bonne foi, que : “Ah ben moi, clairement, si j’étais descendu le premier, j’aurais pris des céréales et puis c’est tout”. “Ah ben moi, je n’aurais pas été contente”, aurait dit l’autre ? par exemple.

On pourrait dire : “OK, et du coup finalement, c’était plutôt une bonne idée pour ce matin, de séparer les deux, parce que ça a rendu les préparatifs plus simples. Mais qu’est-ce qu’on pourrait envisager d’autre ? Qu’est-ce qui aurait été chouette de faire dans ces cas-là ? Qu’est-ce qu’on pourrait faire la prochaine fois ? Est-ce que vous avez vraiment besoin que je sépare les céréales en deux pots, quand il n’y en a pas assez ?” 

Vous voyez, on peut lancer cette conversation ; On peut discuter et peut-être que les enfants ne vont pas tout de suite trouver une solution qui convienne à tout le monde. Mais, rien que le fait de soulever cette question, d’en discuter, …, cela va les aider à y réfléchir. Cela va planter une graine. Et puis, il y a aussi la possibilité, qui n’est pas à ignorer (on ne peut pas prédire le pire), qu’ils trouvent effectivement une solution d’eux-mêmes, ou voir que dès le départ, ils disent effectivement que : “Non, en fait, moi, je n’aime pas avoir un demi bol, j’aime mieux dans ces cas-là, s’il n’y a pas assez pour tout le monde, prendre carrément autre chose”.
Voilà, donc c’est vraiment une conversation à lancer. Ce qui permet de faire le lien avec l’autre cas dans lequel on ne fait rien par rapport aux céréales, je veux dire, d’accord !

Donc voilà, ce que je veux dire, c’est que si nous, on décide que nos ressources pour le matin, on ne les a pas, et que donc la priorité, c’est que ce soit fluide. Si on pense que c’est la meilleure solution, c’est ok de partager en deux pots temporairement, pour le court terme. Il est important de saisir quand même, d’avoir conscience qu’il y a un point d’apprentissage, et donc saisir ce point d’apprentissage, pour lancer la conversation et faire évoluer la famille et les enfants.

Ne rien faire et observer

Maintenant, l’autre option, c’est de décider de ne pas séparer les céréales en deux pots. Et dans ces cas-là, qu’est-ce qui se passe ? Donc, on ne fait rien sur les céréales et on observe ce qui se passe le matin. Le premier cas, qui n’est pas forcément impossible, c’est qu’il n’y ait pas de drame, D’accord ! Donc, on peut ne rien faire et observer, qu’il n’y ait pas de drame, qu’ils trouvent leur solution et que tout se passe bien. Et dans ces cas-là, on note bien le fait que, franchement, on n’avait pas beaucoup confiance en nos enfants, que c’est quand même chouette de voir que cela peut bien se passer, et qu’on n’est pas obligé d’anticiper toujours le pire. On pourra même le leur dire en disant : “Oh là là les gars, j’ai vu qu’il ne restait pas assez de céréales pour tous et finalement vous avez trouvé votre solution. Et c’est hyper agréable pour moi de voir que, même quand il y a quelque chose qui n’est pas comme d’habitude, dans la routine, ça reste fluide le matin”.
On peut tout à fait s’en saisir et le commenter.

Traverser ce qui se passe

Maintenant, dans le cas peut être plus probable, selon cette maman, en tout cas, où cela se passe en drame, on peut se saisir de cela, comme justement, une opportunité d’apprentissage, déjà du fait de traverser ce qui se passe. C’est-à-dire qu’on peut accueillir (dans l’exemple qu’elle avait donné, où ce serait son fils qui descendrait en premier, qui prendrait toutes les céréales et que la fille serait frustrée), accueillir ce qui se passe pour sa fille et refléter sa frustration : “Ah ben mince, il y a plus de céréales pour toi et du coup, tu es déçue. Et toi, tu penses qu’il aurait dû t’en laisser ? Je comprends”. Voilà, il n’y a pas de jugement là-dedans. Ce n’est pas nous qui allons dire : “Ah oui, effectivement, il aurait dû t’en laisser”, mais on va refléter ce qu’elle pense. 

Et ça, c’est un accompagnement de nos enfants pour qu’ils soient à l’écoute de ce qui se passe et de les interroger : “OK et qu’est-ce que tu vas faire du coup maintenant ?” On peut l’accompagner à cela.

Lancer la discussion là-dessus après

Et dans tous les cas, cela n’empêche pas de faire ce qu’on a dit dans le premier cas, c’est-à-dire qu’ensuite (peut-être pas le matin), en profiter pour lancer la discussion là-dessus : “Tu as vu ce matin que ça ne s’était pas très bien passé, puisque ta sœur était déçue qu’il n’y ait plus de céréales. La prochaine fois qu’il n’y a pas assez de céréales pour tout le monde, que pensez-vous que l’on puisse faire pour que ça se passe bien pour tout le monde ?”

Ne rien faire le soir et anticiper le matin

Ou on peut également ne rien faire le soir et anticiper cela le matin, avant que la crise ne se produise. On peut, mais ça, ça dépend encore une fois de notre disponibilité et de nos ressources. 

Peut être qu’on n’a pas l’espace pour faire ça le matin, mais on peut aussi décider d’anticiper. C’est-à-dire (j’ai conscience que c’est s’ajouter de la charge mentale dans le rythme du matin, et ce n’est peut être pas la bonne option. Je vous donne juste la liste des options qui existent, pour que chacun fasse ses choix en fonction de son contexte) que vous pouvez donc anticiper, c’est-à-dire vous dire le soir : “Tiens, c’est parfait !” (Évidemment, ce n’est pas parfait, mais finalement, cela va être encore une fois une opportunité d’apprentissage). Donc, vous pouvez juste anticiper le lendemain matin.

Ainsi, le lendemain, quand les enfants descendront, on pourra leur dire : “Les enfants, il faut juste que je vous prévienne : il n’y a pas assez de céréales pour vous deux. Donc j’aimerais qu’avant que vous vous serviez, vous décidiez ensemble de “Comment vous allez faire pour que tout le monde soit satisfait?” Je ne sais pas si, du coup, vous avez tous les deux envie de céréales ou pas ce matin. Mais ça vaudrait peut-être le coup d’avoir un échange autour de ça.” 

Et ensuite, on voit comment ça se passe, on les laisse se débrouiller, autant que possible. Si on voit que la conversation ne se passe pas bien, ça veut dire qu’ils ont encore besoin de soutien, dans le développement des compétences de gestion de conflits

Et dans ces cas-là, je vous envoie directement sur ma formation En finir avec les disputes dans la fratrie, qui va vous expliquer comment les aider à développer les compétences de gestion de conflits, à savoir :

  • traverser ses émotions,
  • écouter celles des autres,
  • réussir à définir le problème en tenant compte des points de vue de chacun,
  • trouver des alternatives à l’agressivité pour essayer de nourrir son besoin,
  • voir quelles seront les conséquences des différentes alternatives,
  • choisir la bonne entrée en discussion,
  • s’affirmer.

Bref, tout un tas de compétences, qui sont précieuses pour tout de suite, mais aussi à long terme, pour quand ils seront grands.

Voilà, j’espère que cet exemple vous donne des pistes concrètes. Si vous êtes confrontés à des situations similaires, et que du coup, cet épisode vous aide à voir les situations autrement, mettez-les en commentaire, ce sera toujours intéressant. Et si vous pensez que ce podcast peut aider d’autres parents, partagez-le.

Je vous souhaite une bonne fin de journée. À bientôt !

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