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Entente dans la fratrie

On aimerait que nos enfants s’entendent bien !
Cela demande parfois un temps d’adaptation, surtout pour intégrer un nouveau venu dans la fratrie, alors que les 2 premiers ont déjà trouvé leur fonctionnement.

Voici la question que me pose Marie, maman de 3 garçons de 5 ans et demi, 4 ans, et moins d’un an, à laquelle je réponds dans ce podcast :

“Mes 2 grands sont très proches, comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?”

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Entente dans la fratrie

Bonjour les parents qui cheminent. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’entente dans la fratrie. En fait, je réponds à une question de Marie qui m’écrit : Mes deux grands sont très proches. Comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?

Mise en contexte du cas

Alors pour mettre un peu plus de contexte, il faut savoir que les enfants de Marie ont quatre ans et cinq ans et demi pour les plus grands, et moins d’un an pour le dernier. Donc, la préoccupation est un peu une préoccupation d’anticipation, puisqu’il est logique que les deux grands (puisqu’ils ont quatre ans et cinq ans et demi) n’incluent pas encore complètement leur petit frère de moins d’un an dans leur jeu. Mais la question de Marie, c’est vraiment cette intégration dans le fait, dans le sens où : Comme les deux grands sont très proches, est-ce qu’ils vont laisser de la place à leur petit frère ?

Une étape de conscience : pourquoi se poser la question ?

Alors la question est super intéressante, parce que du coup, ce que cela m’inspire déjà, avant même de commencer à voir quels seraient les conseils pour cela, c’est la conscience de la raison pour laquelle on se pose la question, puisque l‘éducation positive, on appelle aussi cela l’éducation consciente. Et c’est un terme qui me plaît et me parle particulièrement puisque l’idée, c’est vraiment de régulièrement faire un pas en arrière et se poser des questions sur ce qu’on est en train de vivre, sur ce qu’on veut développer à long terme et sur les effets effectivement de nos attitudes par rapport à nos enfants, pour se positionner un peu différemment.

Donc déjà la prise de conscience ici (du moins ce n’est pas vraiment une prise de conscience, mais l’étape de conscience, on va dire), ce serait à mon avis de se poser la question suivante : Pourquoi Marie est attachée au fait que ces enfants se sentent tous bien ? C’est-à-dire, pourquoi tient-elle à ce que le plus jeune des enfants arrive à intégrer cette dynamique familiale déjà établie des deux plus grands ?

Connaître les besoins dans la famille

Alors la réponse peut sembler évidente, mais je trouve que c’est intéressant de se poser la question. Parce que cela permet de voir ce vers quoi on se dirige, ceux que l’on aime, ce à quoi on aspire, ce vers quoi on veut orienter notre boussole. Peut-être que dans la famille de Marie, il y a un besoin d’harmonie (chez Marie, il y a un besoin d’harmonie dans la famille). Peut-être qu’il y a un besoin de collaboration et de coopération… Selon ce qu’elle recherche exactement, ce n’est pas tout à fait la même chose qu’elle va chercher à développer entre ses enfants. Peut-être que c’est un besoin d’empathie ? Peut-être que c’est un besoin de partage ? Et le fait d’être dirigée par ces envies-là, l’envie de nourrir ces besoins-là, va pouvoir lui permettre de créer des choses, qui ressemblent à ce qu’elle veut créer, et de partir de cette envie-là, c’est intéressant.

Être dirigée par ses peurs

Et à la fois, dans cette étape de conscience, il y a aussi tous les aspects positifs, qui nous attirent vers quelque chose, mais également le fait d’être parfois dirigée par ses peurs

Pourquoi se pose-t-elle la question en avance ? Peut-être parce qu’elle craint que justement, le plus jeune ne soit pas inclus dans ce duo que forment les deux plus grands. Peut-être parce que quelque part, il y a une espèce de peur du rejet, qui vient peut-être aussi de son histoire à elle. Et donc c’est intéressant d’être dirigée plus par ses envies, ses aspirations que par ses peurs. Donc, c’est intéressant de s’arrêter une seconde pour voir un petit peu ce qui se cache derrière cette question-là. Parce qu’après tout, le fait que le petit ne soit pas encore intégré au jeu des grands, pour l’instant, c’est assez naturel. Et donc, peut-être qu’il y aura rien besoin de faire pour que ça se passe tout naturellement et que cette crainte n’a pas vraiment lieu d’être. Et donc un peu comme le dit ma mère, le pire n’est pas certain !

Alors, pourquoi Marie prend-elle le temps de s’interroger en avance de phase là-dessus ? Peut-être que chez elle, il y a une peur qui fait écho à quelque chose qu’elle aurait vécu. Je ne suis pas en train de jouer les psychologues et de dire qu’il faut absolument que Marie guérisse de ses propres peurs avant d’aborder son rôle de maman. Ce n’est pas ce que je dis. Je dis juste que c’est intéressant de se poser les questions de l’origine de nos interrogations et de nos envies. 

Quels seraient les avantages d’une dynamique familiale ?

Et puis du coup, (si on voit qu’il y a des peurs là-dedans) pour essayer d’en sortir, parce que finalement toutes les familles ne sont pas pareilles et toutes les situations ont leurs avantages et leurs inconvénients; Ce que je trouverais intéressant, c’est de se poser la question de justement, quels sont les avantages ? Quels seraient les avantages d’une dynamique familiale dans laquelle les deux grands restent très complices sans forcément inclure le dernier ? Quels seraient les avantages pour ces deux grands et quels seraient les avantages pour le dernier ? Parce qu’encore une fois, là aussi, il y aurait des avantages. Il y a évidemment des avantages au fait qu’ils soient tous copains ensemble, mais il y a aussi des avantages à l’autre situation. Je fais exprès de traîner un petit peu dans cette, dans cette remarque-là, pour que vous ayez le temps vous-même de digérer ou de réfléchir aux avantages que cela pourrait être avant moi-même d’en suggérer. Alors, quels avantages peut-on voir effectivement à cela ?

Pour les deux grands

Effectivement, cela peut consolider leur complicité. Et bien sûr qu’on a envie que tous nos enfants s’entendent bien entre eux. Mais une complicité particulière entre deux d’entre eux, c’est leur montrer ce que c’est que d’être complice, c’est leur créer un confident, c’est leur offrir des opportunités de partage, c’est créer un lien fort. C’est une vraie opportunité pour eux.

Pour le plus jeune

Mais même pour le plus jeune, cela peut être de développer plus facilement son autonomie, de savoir se positionner, lui, sans être dépendant des grands (parce qu’il y a des familles dans lesquelles, au contraire, le petit, on est tellement attaché à lui, à le couver, etc, qu’il a du mal à considérer qu’il a sa place sans qu’on s’occupe de lui). Peut-être que si on se retrouve dans une dynamique familiale, dans laquelle les deux grands intègrent peu le plus jeune, peut-être au contraire que cet enfant va pouvoir développer une confiance en lui, qu’il développera moins s’il est mieux intégré. Vous voyez ce que je veux dire ? Je pousse peut-être un peu les choses, mais c’est intéressant de se poser ces questions-là et de voir qu’il y a des avantages et des inconvénients à toute situation. 

Comment faciliter l’intégration du petit dans cette dynamique familiale ?

Une fois qu’on a dit cela et qu’on a pris conscience, on peut quand même se poser la question de comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale, comme Marie se questionne. Alors déjà, le premier point, le premier conseil que j’aurai à donner à Marie là-dessus, c’est que, c’est toujours plus facile de chercher plus de quelque chose que moins de quelque chose.

Chercher les moments où le petit est intégré

Au lieu de s’attacher, de s’arrêter sur les moments où le petit n’est pas intégré et essayer de faire disparaître ces moments-là, il vaut mieux chercher les moments où le petit est intégré et essayer de développer ces moments-là. Et c’est toujours plus simple de développer quelque chose qui existe déjà, qu’on veut faire grandir et à qui on veut donner plus de place, que de partir de quelque chose qu’on veut voir disparaître. Parce que l’énergie, qu’on met face à quelque chose qu’on a envie de voir grandir, est justement dans la construction, dans l’élan, dans le développement, contrairement à cette énergie un petit peu négative de rejet, en fait.

Accentuer ce moment d’intégration

Et partant de là, ce qui est intéressant, c’est d’accentuer les moments où ça arrive. Parce qu’il y a forcément (même si les grands ont une grande complicité), certains moments où le plus jeune est effectivement intégré. Et donc le premier comportement, qui peut aider de la part du parent, est d’accentuer les moments où cela arrive. Par exemple, une réflexion de cet ordre : J’ai l’impression que vous passez un chouette moment tous ensemble. 


Et là, vous voyez bien que dans ma réflexion, je suis uniquement dans la description : j’ai l’impression, mais je n’affirme rien. Je pose comme hypothèse qu’ils passent un chouette moment tous ensemble. Eux, ils ont le droit de penser cela ou de penser autrement. Ou alors, on peut même leur poser la question en fin de journée : C’était chouette quand vous avez fait ça avec votre petit frère ? Et, ils ont le droit de répondre comme ils ont envie. Moi, ce que je fais en faisant ces descriptions et en les interrogeant, c’est que je les aide à ancrer en eux le fait qu’ils passent effectivement de bons moments avec leur petit frère

Mais je ne suis ni dans le compliment, ni dans l’évaluation. L’évaluation, ce serait quelque chose du type : C’est chouette quand vous passez un moment avec lui. Bravo pour ça les garçons ! Ah, vous êtes tellement gentils de l’intégrer à votre jeu.

Là, on est dans le compliment et dans l’évaluation. Et cela risque de développer (je le dis rapidement, mais c’est intéressant quand même, de voir quand on veut accentuer quelque chose qu’on aime, de quelle manière le faire), d’accentuer un aspect, de développer (si on est trop dans le compliment et l’évaluation) un comportement, qui est lié plus au fait de le faire pour faire plaisir à la maman en l’occurrence, plutôt que de le faire pour le plaisir de le faire soi-même. Et cela change tout par rapport à la motivation interne ou externe (et donc le fait que cela continue à être fait, quand on n’est pas là par exemple). Et puis, aussi le fait de le faire parce qu’on a envie de le faire et non pas de se mettre à se comporter de sorte à plaire à l’autre, d’être plutôt à l’écoute de ce qui se passe en nous, pour les enfants. Donc, c’était le premier point “accentuer les moments où cela arrive”, juste en le soulignant, le décrivant. S’arrêter dessus pour que nos enfants voient ce qui se passe et qu’ils s’en rendent compte également.

Accentuer ce moment avec une sorte de rituel

On peut même accentuer cela aussi avec une espèce de rituel qui serait la complicité du jour, par exemple.
Ainsi, tous les soirs, on pourrait dire : Tiens, quel a été le moment complice du jour ? Et chaque jour, noter ou décrire un moment où il y a eu une complicité avec un autre membre de la fratrie ou un autre membre de la famille. Cela pourrait être aussi avec maman ou papa. Mais forcément, quand on fait ça, il y aura des moments où il y aura complicité avec le plus jeune. Et encore une fois, c’est une façon de le mettre en valeur et donc d’aider l’enfant à être conscient de cette complicité, qui existe déjà même avec l’enfant qui est plus jeune. Donc, avec ce rituel, ils sont pro-actifs et ce sont eux qui cherchent.

Créer des opportunités pour intégrer le plus jeune

Le deuxième conseil, qu’on peut donner et qui va se décliner de différentes manières, est le fait de créer des opportunités pour intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale. Donc quel genre d’opportunité il peut y avoir ?

Développer l’empathie

Alors déjà, pour intégrer le plus jeune, il y a cette notion de développer l’empathie.  Plus on a de l’empathie pour quelqu’un, plus on est proche de lui, plus on l’intègre dans nos préoccupations. Donc, un jeu du type “Se mettre à la place d’eux” me semble une piste pour pouvoir développer un peu l’empathie envers le plus jeune. J’imagine quelque chose du type :  Tiens, on fait un jeu ! On imagine que là t’es ton petit frère. Comment vois-tu les choses depuis son point de vue, quand ça se passe comme ça ? 

Et donc se mettre à leur place, se mettre dans leurs chaussures, dans leur peau, c’est voir le monde d’un autre œil et donc depuis l’œil de l’autre. Cela peut permettre de développer aussi la complicité indirecte, en fait, dans la mesure où on comprend mieux ce que vit l’autre et donc on a plus envie d’être avec lui. C’est une première opportunité.

Faire des plus grands, un exemple pour le petit

La deuxième opportunité, c’est de demander aux plus grands de montrer à leur petit frère comment on fait quelque chose. Alors, je ne parle pas forcément d’enseignement au sens de “Apprend lui à”, parce que les enfants, qu’on met en position d’enseignant, peuvent parfois prendre une posture un peu trop dans la directive (comme ils le reçoivent souvent de ceux qui leur enseignent), dans la correction, dans les remarques de ce qui ne va pas, etc. Donc juste veiller à cela, quand on encourage un de nos enfants à enseigner quelque chose à un autre enfant, qu’il soit plus grand ou plus petit d’ailleurs (parce que parfois, il y a des plus jeunes qui savent faire des choses que des plus âgés ne savent pas encore faire. Ce n’est pas forcément lié à l’âge, même si ça l’est souvent puisque c’est une question d’expérience). Mais, ne serait ce que de montrer, parce qu’en fait, si on peut expliquer à nos enfants que chacun apprend particulièrement par le modèle, on peut, dans ce cas, les encourager à montrer des choses (que tu n’as pas expliqué). 

Et montrer quelque chose pour inspirer l’autre et ici inspirer en l’occurrence le petit frère, c’est une bonne façon d’inclure le petit frère dans la dynamique familiale. J’imagine, par exemple, (je l’ai en tête en même temps que je dis cela) à un petit enfant, qui est en train de jouer avec un jeu pour passer des formes dans des trous (vous voyez comme c’est souvent le cas autour d’un an). On peut très bien imaginer un des grands, qui joue à cela devant lui, juste un moment. Il joue devant lui parce que lui, il va savoir mettre les bonnes formes au bon endroit et puis, c’est tout. Ensuite, il laisse le bébé faire. Mais il le laisse faire sans commenter, parce que le plus jeune a besoin aussi d’essayer, de se tromper, etc. Mais, le fait d’avoir vu le grand frère faire, il va voir que c’est possible. Cela peut être une façon de créer de la complicité entre les enfants. 

Faire un petit jeu spécifique

La troisième idée qui me vient, c’est de faire, carrément, un petit jeu spécifique. Si vraiment Marie a envie de développer cela chez ses enfants, elle peut créer un petit jeu avec ses grands :

  • avec des papiers à tirer pour faire une activité minute avec le petit frère, 
  • des petits défis comme jouer à coucou avec ton petit frère, faire rire ton frère, 
  • cela va être de chanter une chanson, … 

Des choses comme cela, cela peut être des petites activités, qu’elle encouragera à faire, sous forme de jeux avec les plus grands.

Inclure soi-même le plus jeune

Et la dernière idée que j’ai et qui va faire le lien avec cette espèce de parentalité consciente, c’est tout simplement d’inclure soi-même le plus jeune dans certains jeux qu’on fait avec les plus grands. 

Et pourquoi cela ferme la boucle ? Parce qu’encore une fois, nos enfants n’apprennent jamais mieux que par le modèle. Et donc si on se pose la question de comment ils peuvent, eux, intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale, la meilleure façon de faire, en fait, c’est de le faire nous-mêmes.
C’est-à-dire (explicitement en le faisant, mais sans forcément l’expliciter oralement) nous en incluant le plus jeune. Ainsi, voici les exemples qui me viennent en tête : 

  • J’ai des souvenirs de moments où on faisait des jeux de société avec nos plus grands, que les plus jeunes étaient à côté de nous. On leur donnait certaines pièces. Typiquement si on jouait aux échecs, au fur et à mesure que les pièces d’échecs étaient éliminées de l’échiquier, les pièces éliminées pouvaient être mises dans les mains du plus jeune, qui jouait avec ces pièces. De sorte que, d’un certain côté, il était avec nous dans le jeu, même s’il ne participait pas au jeu, puisqu’il n’en avait évidemment pas la possibilité à ce moment-là. Mais cela permettait quand même qu’il soit inclus dans l’activité, puisqu’il jouait avec les mêmes choses et à côté de nous.

Et le faire nous-mêmes, c’est aussi une façon de montrer à nos enfants comment ils peuvent aussi le faire eux-mêmes (à un moment, par exemple, où les deux grands décident de jouer ensemble et d’avoir quand même la possibilité, pour le petit frère d’être à côté sans que ce soit dérangeant, en se sentant faire partie de la démarche). 

Voilà les conseils que j’aurais aujourd’hui pour Marie. J’espère qu’ils vous ont parlé à vous aussi. Si vous avez aimé ce podcast, n’hésitez pas à lui mettre cinq étoiles sur votre plateforme de podcast et à le partager avec des parents que cela pourrait intéresser. Et puis, si vous avez d’autres idées pour inclure le plus jeune, n’hésitez pas à m’envoyer un message sur coralie@les6doigtsdelamain.com  ou à laisser un commentaire sous l’article de ce podcast. 

Et si vous avez d’autres questions à m’envoyer, auxquelles vous aimeriez me voir répondre dans ce podcast, de la même façon, vous pouvez me les envoyer par mail à coralie@les6doigtsdelamain.com.

À bientôt et bon cheminement

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