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L’écoute…

C’est l’un des fondamentaux de l’éducation positive. Une compétence que j’ai appris à développer, alors qu’elle est tellement à l’encontre des attitudes sociétales.

Oh… je tombe encore régulièrement dans les pièges qui m’en empêchent… mais j’ai compris le principe !

Dans cet épisode, je vous parle de ce qu’est l’écoute, et des 2 grands obstacles qui se dressent souvent entre nous et notre enfant :

1- l’envie de résoudre

2- la différence de point de vue

Prêt à vous remettre en question ?

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Bonjour les parents qui cheminent, aujourd’hui je voudrais vous parler d’écoute. C’est un thème qui m’est cher parce que je crois qu’il est réellement fondamental dans toute la démarche d’éducation bienveillante, positive, consciente.

Et alors, consciente, c’est un bon mot parce que justement, on n’est pas conscient, qu’on ne sait pas écouter. L’écoute, c’est un mot simple, on a l’impression qu’on sait tous faire ça, on discute tout le temps avec d’autres gens et puis on parle et on écoute, c’est logique.

En réalité, quand on se penche sur cette notion, on se rend compte à quel point on est souvent à côté de la plaque. 

Le premier piège : l’interruption

D’abord, premier piège, c’est le fait de vouloir intervenir tout de suite (il y a une étude qui dit qu’on est interrompu en moyenne au bout de, je ne sais plus si c’est 7, 17 secondes, peut-être c’est 14, je ne sais pas si mon chiffre est faux, peu importe).

L’idée, c’est vraiment de se dire qu’on laisse peu d’espace aux gens pour s’exprimer et les gens nous laissent peu d’espace en retour. Ça, c’est déjà un premier signe du fait que finalement, on ne sait pas écouter.

Donc, écouter, ça commencerait déjà tout simplement par se taire un peu plus pour laisser l’espace aux gens de s’exprimer. Ne serait-ce que parce que dans les moments où ils s’expriment, ils ont eux-mêmes un fil de pensée qu’ils sont en train de suivre et ils sont eux-mêmes en train d’affiner leur propre raisonnement, leur propre pensée sur la question. Donc, leur laisser l’espace.

Premier obstacle : vouloir résoudre

Mais surtout, ce qui vient interrompre, ce qui vient poser un vrai obstacle sur notre démarche d’écoute, c’est une tendance qu’on a dans toutes nos relations, mais en particulier en tant que parents, c’est celle de vouloir résoudre les choses. 

On a l’impression (peut-être parce qu’on a l’habitude en tant que parent d’être un peu un guide pour nos enfants et de leur donner des indications sur pas mal de choses) que quand ils nous livrent quelque chose, l’idée, c’est qu’on trouve la solution à la situation.

Exemple concret : l’écoute face aux plaintes de l’enfant

La situation

Je vais vous donner un exemple très parlant. J’ai eu un échange récemment avec une maman, Corinne, qui m’écrit :
« Quand ma fille de cinquième me dit qu’elle aimerait sécher les cours parce qu’elle n’aime pas la prof ou l’activité que la prof a prévue, ça m’agace parce que ses plaintes sont fréquentes et que je ne peux que lui dire qu’elle doit assister aux cours, même si elle ne s’y sent pas bien. » 

Cette anecdote-là est très parlante. 

Pas de solution

Parce que voyez bien ce qui se passe :
La fille de cinquième dit qu’elle aimerait sécher les cours parce qu’elle n’aime pas la prof ou qu’elle n’aime pas l’activité.
La maman, ça l’agace parce qu’elle n’a pas de solution pour elle.

C’est d’ailleurs ça qu’elle écrit :
« Je ne peux que lui dire qu’elle doit y assister, même si elle ne s’y sent pas bien. » 

Et ça, c’est parce que la maman se sent démunie, elle n’a pas de solution pour elle. Elle aimerait pouvoir donner une solution à sa fille par rapport au fait qu’elle n’aime pas les cours et qu’elle aimerait sécher.

Elle n’a pas de solution. « Tu as beau ne pas aimer les cours, tu es obligée d’y aller. » Et du coup, comme elle n’a pas de solution, elle n’écoute pas ce que lui dit sa fille.

Et même, non seulement elle ne l’écoute pas en lui répondant : « Attends, il n’y a pas le choix, on y va », parce qu’elle cherche ce qu’on peut faire face à la situation, mais même, elle s’agace !

Elle s’agace intérieurement, probablement parce qu’elle-même, elle se sent démunie sous l’angle de « Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse à cette situation ? » 

Le besoin d’écoute

Mais en fait, si on y réfléchit bien, si on s’arrête deux secondes, cette fille n’a pas forcément envie que sa mère fasse quelque chose dans cette situation.
Elle est juste en train de partager ce qu’elle vit

Elle dit : « Oh là là, j’aimerais bien pouvoir sécher les cours parce que cette prof-là, je ne la supporte pas. »
Et une vraie écoute, ce serait de dire : « Ah ouais, à ce point-là, qu’est-ce qui ne te plaît pas chez elle ? »

Et là, la fille a un espace :
« Tu vois, quand elle nous parle comme ci, comme ça, ta ta ta…
Ah ouais, effectivement, ça ne doit pas être agréable. Et ça lui arrive souvent ou… ? »
Voilà, on s’intéresse à elle. On est dans l’écoute.

Et oui, c’est vrai : à la fin, même si ça ne lui plaît pas, elle va devoir aller en cours. N’empêche qu’elle aura eu un espace dans lequel elle aura pu s’exprimer et se sentir écoutée, justement. Et ça, ça crée le lien

Et d’ailleurs, quand Corinne écrit que ses plaintes sont fréquentes, il est fort probable que la raison pour laquelle les plaintes sont fréquentes, c’est justement parce que quand elle se plaint, elle n’est pas écoutée. 

Le pouvoir apaisant de l’écoute

Tout être humain a réellement envie d’être entendu dans ce qu’il vit, dans ce qu’il traverse.

Et donc, quelque part, si la plainte se répète, peut-être que c’est une manière un peu maladroite de chercher qu’à un moment, quelqu’un lui dise : « Ah ouais, ça doit être dur ! » Et c’est tout.
Elle a envie d’être entendue, cette fille. 

Et c’est incroyable à quel point recevoir ce que vit l’autre, valider ce que vit l’autre, sans chercher une solution, juste l’entendre dans ce qu’il vit, ça peut apaiser la personne en face

En fait, il n’y a rien de plus apaisant que d’être entendu.e, même quand il n’y a pas de solution.

Le réflexe de chercher des solutions

C’est fou, parce que ce biais-là qu’on a, de vouloir chercher des solutions, il est tellement présent dans notre société, avec les enfants, mais même entre adultes, que ça reste un réflexe, une façon de réagir qui est automatique. 

Anecdote personnelle

Ça nous est encore arrivé le week-end dernier, alors que nous, ça fait quand même des années maintenant qu’on pratique l’écoute et qu’on sait que c’est comme ça qu’on fait ! 

Ça nous est encore arrivé le week-end dernier, où notre fils Anatole avait un rendez-vous qui était prévu (il avait choisi d’y aller d’ailleurs), et au moment de se préparer à partir, il dit : « En fait, finalement, je n’ai pas envie d’y aller. »

Dans le contexte dans lequel on était, il n’était pas question de ne pas y aller.
Et donc, mon mari commençait à lui dire : « Ah oui, mais ça ne va pas être possible » et puis également, essayer de le rassurer sous l’angle de : « Tu vas voir, ça va être chouette parce que… etc. »

Et quand j’ai commencé à écouter et à dire : « ah ouais, tu n’as pas envie d’y aller, tu regrettes finalement d’avoir pris cette décision ? »
Nicolas me disait : « Oui, mais bon, il n’y a pas le choix. » et moi : « mais ok, je ne suis pas en train de chercher une solution, je suis juste en train d’entendre ce qu’il dit. Ce n’est pas parce qu’il va y aller, de toute façon, qu’on ne peut pas valider le fait que là, tout de suite, il n’a pas envie d’y aller. »
Et mon mari m’a dit : « Ah oui, effectivement ! ».

Il le sait très bien, ça, dans la théorie !
C’est juste que c’est tellement habituel, dans notre environnement, de basculer en mode “solution”, qu’on a l’impression que quand il n’y a pas de solution qui existe, il ne vaut mieux pas écouter le cas.
Alors qu’en fait, ça fait du bien de s’écouter…

Voilà, donc ça, c’est vraiment un obstacle très fort dans notre démarche d’écoute.
Et si vous vous en rendez compte, je vous encourage à essayer de prendre les choses différemment.

Le message de confiance

Et encore : là, je vous parle de cas où de toute façon, la solution n’existe pas, et on a du mal à écouter parce qu’on se dit qu’il n’y a pas d’autre solution. 

Mais imaginons qu’il y ait des solutions et effectivement, qu’on puisse suggérer, qu’on puisse réagir avec des suggestions, des pistes, etc. 

En fait, là non plus, ce n’est pas de l’écoute.
Et en plus, ça envoie le message à l’autre, grosso modo, qu’on pense – inconsciemment évidemment – qu’il n’est pas capable de trouver ses propres solutions.

Donc, il nous partage son histoire et nous, on va répondre avec nos suggestions, nos solutions, en lui disant ce qu’il doit faire, ou en tout cas en donnant nos conseils…

Alors qu’en réalité, un vrai message de confiance, c’est de recevoir ce qu’il nous dit et de le laisser trouver sa propre solution.
Parce qu’en fait, la personne en face de nous a les ressources pour trouver sa propre solution.

Rejoindre l’autre au lieu de résoudre le problème

Comme le dit Thomas d’Ansembourg : « La personne en face de nous n’est pas un problème à résoudre, mais un être humain à rejoindre. »

Donc, l’idée, c’est réellement de rejoindre cette personne et de l’écouter.

Éventuellement, on peut lui poser des questions de l’ordre de :
« Ah ouais, effectivement, ça ne doit pas être simple. Et du coup, tu as réfléchi à ce que tu allais faire ? », si on pense réellement qu’elle a besoin de soutien dans cette démarche-là.
Mais elle est tout à fait capable de trouver sa propre solution. Nos enfants y compris.

Développement des compétences

Alors, bien sûr qu’ils ont moins d’expérience que nous.
Mais déjà, rien que de prendre ce temps de réflexion de ce qu’ils ont envie de faire, de ce qu’ils peuvent faire, etc., c’est développer des compétences dont on suppose qu’ils ne les ont pas parce qu’on va leur donner nos conseils nous-mêmes. 

Donc, c’est vraiment un espace qu’on peut leur offrir qui est très fort et un message de confiance qui est très fort.

Le moment pour offrir des suggestions

Et s’ils se retrouvent bloqués…
Moi, il m’arrive même que les enfants me demandent carrément : « Qu’est-ce que tu ferais, toi ? » 

Dans ces cas-là, évidemment, il y a un espace dans lequel on peut aussi suggérer des solutions s’ils se retrouvent un petit peu bloqués.
On peut leur dire même avant qu’ils posent la question : « J’ai l’impression que tu es un peu perdu. Tu as envie d’avoir des suggestions ou pas ? » Déjà, on peut poser la question. 

Et si c’est lui qui pose la question, moi, ça m’arrive de répondre :
« Si tu veux, je peux te dire ce que moi, je ferais à ta place. Mais ce sera ma solution. Ce ne sera pas la tienne. Je ne sais pas si elle te conviendra. » 

Parce que c’est ça qui est important : nous, on n’a pas la réponse universelle à leur situation. Ce sont eux qui l’ont. Ce qu’on peut faire, c’est être là en soutien. Et écouter, c’est déjà un soutien énorme. 

Voilà !

Deuxième obstacle : le désaccord

Deuxième cas, deuxième gros obstacle à l’écoute, c’est le désaccord

C’est le sentiment qui peut naître quand parfois, on n’est tellement pas d’accord avec ce que notre enfant nous dit !! et on a tendance à basculer dans une espèce de lutte de pouvoir, ou en tout cas de rapport de force, plutôt, dans lequel on a envie grosso modo de démontrer qu’on a raison et que lui, il a tort.

Raison ou tort

Et cette idée du fait que quand il y en a un qui a raison, l’autre a tort et qu’on est toujours en opposition, c’est un des principes, une des postures qui crée le plus de difficultés dans les relations.

Et moi, j’adore cette phrase qui dit :
« ce n’est pas parce que j’ai raison que tu as tort ». 

On peut avoir tous les deux raisons à la fois. Tout simplement parce qu’on a des perspectives différentes sur les choses.

Comprendre la perspective de l’autre

Quand j’aborde cette notion en classe, je le fais très simplement en écrivant un 6 sur un papier et en mettant ça entre deux personnes qui se font face. Et évidemment, l’un voit un 6, l’autre voit un 9. Et ils ont tous les deux raison. C’est réellement une question de perspective.

Et donc, plutôt que de se mettre en opposition par rapport à ce que va nous dire notre enfant, parce qu’on considère que sa perspective est fausse et on veut lui démontrer que nous, on a raison, on peut tout à fait au contraire se mettre en posture d’écoute pour essayer de comprendre sa perspective.

Le sens critique

Alors, bien sûr que, encore une fois, on a des années d’expérience qui font que peut-être, on a des éléments un peu plus sérieux. 

Parfois, non. Parfois, on touche à des sujets sur lesquels ils s’y connaissent beaucoup mieux que nous.

Mais il peut y avoir des situations dans lesquelles on a des éléments qui font qu’on a plus de chances que notre point de vue soit valide que le leur.

Mais en fait, peu importe. Parce que quand on va aller quand même à la découverte de leur point de vue, ça va nous permettre de les aider à développer leur sens critique.
Ça va nous permettre de consolider le lien avec eux. Ça va nous permettre de mieux comprendre ce qu’eux vivent et comment ils abordent les choses.

Et dans tous les cas, on est complètement dans un renforcement de notre connexion, de notre lien, qui va d’ailleurs avoir un effet hyper positif ensuite sur la coopération dans la famille.
Parce qu’on a envie de coopérer avec les gens avec qui on se sent en lien

L’image du pont : une métaphore pour l’écoute

Donc, même si on n’est pas d’accord avec eux, on peut essayer de les comprendre.

Et il y a une image que j’ai envie de vous donner ici, qui m’a été offerte par une personne qui suivait avec moi le séminaire d’approfondissement de la communication non violente en présentiel il y a quelques semaines, que j’ai trouvée absolument géniale. 

Elle disait qu’elle suivait un programme de couple avec des soirée organisées régulièrement, et ils avaient cette image du pont, le pont qui rejoignait un monde à l’autre en fait. 

Rejoindre l’autre

L’image veut que chacun soit d’un côté du pont – en fait, que le monde de chacun soit d’un côté du pont.

J’ai mon monde d’un côté. Et puis il y a un pont et il y a ton monde de l’autre côté. Et donc de temps en temps, la démarche était « est-ce que tu veux bien prendre le pont et venir dans mon monde ? ». 

Et quand on fait ça, quand on prend le pont pour aller dans le monde de l’autre, c’est là qu’on est vraiment à l’écoute de ce qui est vivant chez l’autre (comme on dit en CNV). 

La curiosité pour l’autre

C’est-à-dire que je suis dans le monde de l’autre. Mon monde à moi, il ne compte pas. Ce moment-là où je suis dans le monde de l’autre, c’est le moment où je suis pleine de curiosité, pour essayer de comprendre comment ça marche dans ce monde-là. 

Et c’est ça l’écoute, c’est être dans le monde de l’autre.
C’est le rejoindre là où il est. 

À partir du moment où j’arrive à le poser comme une image comme ça, je vais réellement être dans cette posture de curiosité et de découverte.

J’aime bien cette image parce que ça veut dire que mon monde à moi, je l’ai laissé derrière, temporairement.

Questions pour découvrir l’autre

Et donc quand mon enfant me raconte quelque chose, si je décide d’aller dans son monde, je vais dire : « ah oui, tu vois les choses comme ça toi. D’accord et alors pourquoi dans ces cas-là c’est comme si… Et ah d’accord… Et alors qu’est-ce qui te fait penser ça ? Et est-ce que c’est tout le temps comme ça ?, etc. »

Et on va poser des questions pour essayer de découvrir ce monde-là. Le fait de découvrir ce monde-là, ça ne veut pas forcément dire qu’il nous plaît, ça ne veut pas forcément dire qu’on est d’accord avec tout ce qu’on y trouve. Ça ne veut pas forcément dire qu’on va repartir avec les mêmes principes parce qu’on est convaincu. Ça veut dire qu’on essaye de visiter en fait.

L’expression de soi, ensuite

Et une fois qu’on a visité, une fois qu’on a rejoint l’autre, on peut lui dire par exemple « Ah bah, tu vois, c’est marrant parce que moi, je ne vois pas du tout les choses comme ça. Est-ce que tu veux bien retraverser le pont et puis venir dans mon monde à moi ? Et là, je vais t’expliquer comment c’est chez moi.
Bien sûr » 

Et là, on passe non plus en écoute, mais en expression de soi.
Mais d’abord, on est en phase d’écoute dans laquelle on a le droit d’avoir des perspectives différentes. Ce n’est pas invalidant.

Conclusion

Voilà. J’espère que ces deux grands obstacles de la recherche de solutions et de la différence vous parlent. 

J’espère surtout que vous les garderez à l’esprit pour en être conscient quand vous voyez que ça vient se mettre en chemin, enfin, ça vient bloquer l’écoute que vous pouvez avoir face à vos enfants.

Parce que le jour où on arrive à lever ces obstacles-là et à se mettre vraiment en connexion, ça facilite énormément les relations, les échanges et la suite.

N’oubliez pas de partager ce podcast avec ceux que ça pourrait inspirer. Et je vous retrouve dans un prochain podcast. À bientôt !

La responsabilité émotionnelle va plus loin que l’intelligence émotionnelle.
Le principe : nous sommes responsables de nos émotions.
En voilà une notion pas évidente !
Ni à vivre, ni à transmettre…
Quelques pistes qui peuvent vous y aider.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent et bienvenue dans ce nouveau podcast dans lequel je voudrais vous parler de comment enseigner la responsabilité émotionnelle à vos enfants. Alors évidemment, avant de pouvoir enseigner la responsabilité émotionnelle à nos enfants, il faut déjà avoir compris ce qu’est la responsabilité émotionnelle et du coup la vivre de notre côté.

Définition de la responsabilité émotionnelle

Différences entre intelligence émotionnelle et responsabilité émotionnelle

Commençons donc par ça : qu’est-ce que la responsabilité émotionnelle ? Et je vais vous donner en tout cas ma définition puisqu’en réalité, si on cherche sur internet (ce que j’ai fait un petit peu avant d’enregistrer cet épisode) on tombe plus sur des notions d’intelligence émotionnelle, de régulation émotionnelle que sur ce que moi, j’appellerais la responsabilisation émotionnelle.

Intelligence émotionnelle et régulation émotionnelle

Quelle différence je fais entre ces deux termes-là ? Le premier, l’intelligence émotionnelle ou la régulation émotionnelle (j’aime bien le terme d’intelligence émotionnelle en tout cas dans ce cas-là) c’est le fait d’être ouvert justement au monde des émotions, c’est le fait de pouvoir être à l’écoute de nos émotions, de savoir les reconnaître, de savoir les accueillir, de savoir les traverser – là, on est plus dans la régulation -… tout ce que globalement, on peut également appeler la “gestion des émotions”, ou en tout cas, c’est beaucoup dit sur internet. 

“Gestion des émotions” est un terme qui est assez largement repoussé par les acteurs de l’éducation positive, parce que “gestion”, ça sous-entend un petit peu contrôle, et ce n’est pas ce qu’on veut faire. On ne veut pas contrôler les émotions au sens de les bannir, les repousser, on veut réellement les accueillir et savoir un petit peu les réguler, les traverser. Ça, c’est toute la partie intelligence émotionnelle / régulation émotionnelle. 

Responsabilisation émotionnelle

Dans la partie responsabilisation émotionnelle ou responsabilité émotionnelle, il y a pour moi vraiment cette notion de responsabilité réellement, c’est-à-dire : je suis responsable de mes émotions, ou de mes sentiments. 

Je suis responsable de mes émotions, ça veut dire qu’elles m’appartiennent, j’ai un pouvoir dessus, et l’autre n’est pas la cause de mes émotions. 

Et c’est de ça que je vais vous parler aujourd’hui, de cette responsabilisation par rapport à nos émotions. 

J’espère que ça vous inspire !

Enseigner l’intelligence émotionnelle

Importance de l’intelligence émotionnelle avant la responsabilité émotionnelle

Parlons un tout petit peu d’abord justement de cet enseignement de l’intelligence émotionnelle, parce qu’on ne va pas passer à la partie enseignement de la responsabilité émotionnelle, si on n’a pas d’abord parlé un petit peu intelligence émotionnelle

Donc ça commence par là, et je le dis au passage, pour ceux d’entre vous qui n’ont pas déjà travaillé sur l’intelligence émotionnelle, commencez par là. 

Ressources sur le site

Il y a beaucoup de contenu sur mon site à ce sujet, et je fais une petite dédicace en disant ça à Raphaël qui s’est mis récemment à écouter mes podcasts et qui donc a dû entendre celui qui date de novembre 2017 sur la négation des sentiments.

Allez donc le voir, il n’est pas obsolète, et il parle bien de la tendance qu’on a d’habitude à avoir du mal à accueillir les émotions de nos enfants, et comment on peut évoluer là-dedans.

Importance de l’accueil des émotions

Donc tout le travail autour des émotions, autour de l’accueil des émotions, autour de la démarche pour aider nos enfants à reconnaître ces émotions-là, à en faire la différence, à savoir les exprimer, à savoir les traverser, ça, c’est vraiment un travail qui est fondamental et qui peut changer non seulement la façon dont ça se passe, mais également votre relation avec vos enfants, parce que ça crée une proximité de se mettre à s’ouvrir à ce que l’autre vit, et également dans notre propre façon de parler quand on partage nos émotions. 

On vit dans une société dans laquelle la vulnérabilité n’est pas toujours très bien vue. Et pourtant, ça fait de nous des êtres vivants. Et donc, ça crée une proximité toute autre, et dans la famille en particulier, c’est précieux.

Enseigner la responsabilité émotionnelle

Définition et importance de la responsabilité émotionnelle

Parlons maintenant de la responsabilité émotionnelle. Alors qu’est-ce que ça veut dire cette responsabilité émotionnelle ? 

Comme je viens de vous l’expliquer, c’est vraiment : « je suis responsable de mes émotions ». 

Et ça, c’est une des premières choses qu’on aborde quand on parle des émotions, parce que prendre la distance entre « c’est l’autre qui me met en colère » par exemple, et « je suis en colère », faire la différence entre ces deux choses-là, ces deux formulations-là, ce n’est pas anodin, et ça va réellement créer autre chose dans la relation.

Différence entre causes extérieures et réactions individuelles

Si je considère que c’est l’autre qui me met en colère, je le rends responsable de mon émotion, et je n’en prends pas la responsabilité de mon côté.
Pourtant, je suis responsable de mon émotion

Et je sais que c’est parfois difficile à entendre (en tout cas au départ…) parce qu’on vit des situations dans lesquelles, régulièrement, il y a des circonstances qui sont à l’extérieur de nous, qui nous mettent en colère justement.

On a l’impression qu’on n’a pas la main là-dessus, que ce n’est pas nous qui choisissons, ce sont ces circonstances-là qui font qu’on est en colère, point. 

Donc non, ce n’est pas moi qui suis responsable. 

Et pourtant, la meilleure façon de se rendre compte que ça vient de moi, c’est qu’on peut tout à fait imaginer quelqu’un d’autre, dans la même situation, qui réagirait de façon complètement différente. 

Et ça, ça prouve que cette réaction est en fait individuelle.

Les circonstances et nos pensées

Même si, évidemment, il y a certaines circonstances qui ont tendance à créer, chez (peut-être) la majorité des gens, le même genre de réaction, ce n’est pas automatique, ce n’est pas obligatoire.

En réalité, ces circonstances-là sont neutres, et ce qui crée l’émotion, ce sont les pensées qu’on a sur cette circonstance. C’est ce moment où (et parfois c’est inconscient) cette circonstance vient résonner en nous, par rapport à nos expériences, nos croyances, nos habitudes, nos principes, nos valeurs. 

Ça crée tout un tas de pensées, dont on n’a peut-être même pas conscience, et qui créent chez nous une émotion, un sentiment.
Et c’est cette émotion, ce sentiment qui va être le départ de notre réaction ensuite.

Exemple concret de réaction émotionnelle

Alors, je vous donne un exemple concret.
On en a discuté récemment en classe de CE2, lors d’une intervention en classe que je faisais justement sur les émotions, et je leur citais l’exemple suivant :

si quelqu’un vous dit : « Oh, c’est complètement nul ce que tu fais ! »

  • Réaction classique : c’est que, consciemment ou inconsciemment, ce qu’on pense, c’est « Non, mais ce n’est pas sympa de me dire ça ! Ça ne va pas, non ? Et puis d’abord, on ne se dit pas des trucs comme ça, etc. » 
  • Émotion : on est hyper agacé. 
  • Et réaction : on va lui dire « Arrête, tu n’as pas le droit de me dire ça ! » Ce qui, en général, n’améliore pas les choses. 

Ok, c’est une possibilité de réagir comme ça, et c’est souvent un peu classique. 

Influence des réactions classiques

Et d’ailleurs, le problème, c’est que, comme c’est la plus classique, c’est celle à laquelle on a été le plus exposé, et donc c’est par rapport à ce genre de réaction que se sont créées le plus de connexions dans notre cerveau, c’est ce qui va nous demander zéro effort à adopter, et donc ça se renforce en fait. 

Plus on voit ce genre de réaction, plus on adopte facilement ce genre de réaction, et plus on répète, et ça s’ancre encore plus. 

Donc forcément, on tourne en rond avec des réactions comme ça. 

Réactions possibles face aux critiques

Et pourtant, on pourrait très bien imaginer réagir complètement différemment, grâce à d’autres pensées. 

Donc, typiquement, l’autre enfant s’approche de moi et me dit : « C’est complètement nul ce que tu fais ! » 

Je pourrais : 

  • me dire : « Ah ok, bon, lui, il trouve ça nul, moi, je trouve ça bien. » 
  • Ressentir de l’indifférence
  • et lui dire, simplement : « ok ». 

Ou bien, troisième scénario (je vous le raconte comme je le fais un peu en classe, avec les élèves de CE2).

Troisième scénario, la personne arrive et dit « Oh, c’est nul ce que tu fais ! » 

  • Pensée : « Bah, c’est bizarre qu’il me parle comme ça, d’habitude, il est plutôt sympa. Il ne doit pas être bien aujourd’hui. » 
  • Sentiment : préoccupation
  • Réaction : « Ça ne va pas, il y a quelque chose qui ne va pas aujourd’hui ? »

Multiplicité des réactions possibles

C’est assez impressionnant de voir comme on peut réagir de façon complètement différente face à la même circonstance. Cela démontre à quel point on est responsable de nos émotions. 

Cela demande aussi d’entretenir des pensées, des réactions qui sont différentes, de ne pas tomber dans le piège de la réaction classique et immédiate. 

À condition évidemment qu’on ait envie de changer de réaction !

Si on avait le choix…

Parce que quand j’ai posé en classe la question de : « Ok, parmi ces trois scénarios, 1, 2, 3, lequel des trois, vous aimeriez pouvoir adopter, si vous vous en sentiez capable, si vous aviez le choix ? » 

Alors les élèves m’ont tous répondu 2 ou 3, sauf un, qui lui, m’a dit 1. 

Il préférait s’énerver sur le premier…

Et du coup, on en a parlé. 

On a dit : « Ah bon, pourquoi ?

 –  Parce que ce n’est pas juste. Il me dit un truc qui n’est pas sympa, et il faudrait juste qu’il s’en sorte ! »

Évidemment, cet enfant a grandi dans un contexte dans lequel on considère – et ça, c’est vrai pour nous tous globalement, ça demande de revisiter un peu nos croyances, y compris celles qu’on a reçues sans même s’en rendre compte – dans une ambiance dans laquelle quelqu’un qui fait quelque chose d’inapproprié, il devrait être puni

Et donc, cet enfant considère que si quelqu’un parle de façon désagréable à l’autre, il devrait être puni et donc subir la colère en retour plutôt qu’il ne lui arrive rien du tout.

Donc là, j’ouvre un autre débat dans lequel je ne vais pas rentrer tout de suite, mais je vais rester sur cette notion de responsabilité émotionnelle

Première réaction face à cette notion de responsabilité émotionnelle

Ce qui est magique avec cette responsabilité émotionnelle, c’est justement le fait que du coup, ça ouvre des choix, ça nous redonne le pouvoir. 

Au début, c’est un peu difficile à admettre parce que quand l’autre se comporte de façon inappropriée (en tout cas selon notre jugement) et qu’on se dit : « Oui, mais tu es responsable de tes propres émotions et donc c’est toi qui finalement te mets en colère et tu as le choix de ne pas te mettre en colère, etc. » , on se dit : « Bah non ! C’est lui, il se comporte mal, point. »

Donc on n’a pas envie d’entendre ça au départ. 

Deuxième : récupérer notre pouvoir

Et pourtant, d’un certain côté, c’est hyper rassurant, ça veut dire en fait : je n’ai pas besoin de subir ce que me fait subir l’autre. Je peux, moi, choisir autre chose.

Ce que dit par exemple Philippe Aïm, qui travaille énormément en rapport avec le harcèlement scolaire, lui, il dit : « L’autre n’a pas de télécommande sur mes émotions. » 

Et c’est exactement cette notion-là. 

Et donc, il a même une phrase qui est : « Je peux choisir de passer une bonne journée, quoi que tu en penses ou quoi que tu me fasses. » 

Alors évidemment, c’est facile de dire ça comme ça. 

Évidemment qu’il y a des comportements des autres qui vont faire que c’est plus ou moins difficile de passer cette bonne journée. Mais quand même, ça redonne un peu notre pouvoir

Cause et déclencheur

Donc, je suis responsable de mes émotions et je ne suis pas responsable de celles des autres.

Les comportements qui peuvent déclencher des émotions sont justement, le mot que je viens d’employer : des déclencheurs

Ce ne sont pas les causes profondes. 

Il y a des déclencheurs qui, assez facilement et assez répétitivement, nous envoient dans certaines émotions, mais ce ne sont pas pour autant les causes. 

Multiplicité des chemins émotionnels

D’ailleurs, même si on prend des comportements qui sont réellement tout à fait inacceptables, type harcèlement, on peut voir que l’enfant qui subit le harcèlement, en fonction des cas, peut se sentir en colère, effectivement, ou triste, ou honteux, ou seul. Et ces émotions sont différentes.

Évidemment, en l’occurrence, aucune de toutes celles-là n’est agréable. 

N’empêche que ça prouve bien que chacun a ses propres émotions. 

Et donc, ça ouvre en fait toute une panoplie d’autres chemins qui peuvent être choisis pour aller vivre autre chose. 

Et c’est exactement ça qu’ils ont conclu en CE2. 

Quand on a parlé de ces différentes réactions, ils ont dit : ça veut dire qu’il y a plusieurs chemins.

Et c’est ça qu’on a envie de transmettre aux enfants, c’est qu’il y a plusieurs chemins. Ils n’ont pas à subir leurs émotions, ils ont à accueillir leurs émotions et à choisir comment ils veulent réagir ensuite. 

Comment transmettre la responsabilité émotionnelle

Être un modèle pour nos enfants

Donc, comment on fait pour transmettre cette notion de responsabilité émotionnelle à nos enfants ? Alors évidemment, c’est toujours la même chose ! 

La meilleure façon de transmettre quelque chose, c’est d’en être soi-même le modèle. Et ce n’est pas évident, parce que nous-mêmes, on n’a pas grandi avec. Nous-mêmes, on a tendance à un peu subir nos émotions, à ne pas savoir l’exprimer avec les mots qui en prennent la responsabilité.

Utilisation du message « je »

Donc, le premier outil pour ça, pour pouvoir en donner le modèle, c’est d’adopter ce qu’on appelle le message « je » qui est si cher à Thomas Gordon

Qu’est-ce que le message “je” ?

C’est « je parle de moi en prenant justement la responsabilité de mes émotions ». C’est également ce qu’on voit en premier quand on fait de la communication non-violente : le côté responsabilité de mes émotions et parler de moi et de ce qui est vivant chez moi

Donc, c’est vraiment faire la différence entre le fait que quand un comportement nous pèse, on ne va pas dire : « vous êtes insupportables les enfants », mais on va dire « j’ai du mal quand je vois ça, parce que moi, j’aime bien… »

Et ça change tout, parce que du coup, c’est moi qui prends la responsabilité de mes émotions (et ça ouvre d’autres solutions).

Prendre la responsabilité pour ouvrir des voies

L’exemple que j’aime donner, c’est celui où il y a du bruit dans le salon parce que les enfants sont, par exemple, en train de jouer de façon forte, et j’ai beau leur dire de faire moins fort, ils continuent, mais au bout d’un moment, ce n’est pas eux qui sont insupportables, c’est moi qui ai besoin de calme. 

Et donc, le fait d’en prendre la responsabilité, ça peut ouvrir des voies qui ne sont pas forcément les mêmes. C’est-à-dire, ça peut être moi qui décide d’aller m’isoler, si c’est possible.

Favoriser la communication et la collaboration

Ça peut être de leur dire « tiens, ce jeu-là, j’ai l’impression qu’il n’est pas possible de le faire sans bruit parce que ça fait partie du jeu, est-ce que c’est ok de le faire dans votre chambre ? » 

Ce n’est pas que votre comportement est inapproprié, c’est que votre comportement à ce moment-là, il n’est pas compatible avec mes besoins à ce moment-là. 

Et à ce moment-là, on peut se rejoindre et trouver des solutions qui marchent pour tout le monde. 

Ça crée une ambiance complètement différente. 

Voilà… ce message « je » !

Prendre du recul avec le temps de pause

D’autre part, en termes de modèle, il y a aussi ce qu’on peut appeler le temps de pause

C’est-à-dire que quand je sens, moi personnellement, que mes émotions sont en train de déborder, en tout cas de monter suffisamment pour que j’arrive bientôt dans des moments où mon comportement ne va pas être tout à fait en lien avec ce que j’aimerais pouvoir faire (ça vous arrive à vous aussi, j’imagine ?) parce que j’ai beau avoir toute cette théorie, je n’arrive pas toujours à faire exactement ce que j’aimerais faire… si je sens que ça vient, je vais me retirer et je vais l’expliciter. 

Je vais dire : « Bon, là, je ne suis plus capable, je vais prendre une pause et je reviens ». 

Et ça aussi, c’est une forme de responsabilité émotionnelle. 

C’est-à-dire, je prends la responsabilité d’être à l’écoute du fait que ce que je vis est trop intense pour que je sois capable d’y faire face pour l’instant, je m’isole moi-même et je reviendrai quand j’aurai les moyens d’entrer en relation avec l’autre. Et ça, c’est un modèle qui est puissant. 

Donc, je vous encourage à faire ça !

Ajuster le vocabulaire

Alors, en termes de vocabulaire, pour vous dire ce que ça donne chez nous, quand justement, on évite d’accuser les autres de nos propres émotions…

Cela fait maintenant quelques années qu’on a supprimé de notre vocabulaire l’expression « tu m’énerves », puisqu’on a bien compris que ce n’est pas l’autre qui nous énerve. La colère vient de nous-mêmes. 

Et donc, on dit « je m’énerve ! », ce qui donne des situations assez rigolotes.. et d’ailleurs, ce n’est pas mal que ce soit assez rigolo, ça permet de désamorcer un petit peu les choses parfois. 

« Je m’énerve ! »

Enlever au moins la personne

Si vous ne voulez pas adopter « je m’énerve », vous pouvez au moins adopter « ça m’énerve », c’est déjà complètement différent de « tu m’énerves ».

Et d’ailleurs, ça me fait penser à une activité de Discipline Positive qu’on fait aussi parfois en classe, qui s’appelle « ça m’énerve et j’aimerais ». 

On parle avec les enfants de justement comment exprimer ça : ce qui nous énerve et ce qu’on aimerait vivre à la place.

Et dans la démarche de « ça m’énerve », on a justement cette distanciation avec l’autre. 

Je me souviens de la première fois que j’ai fait cette activité, c’était en classe de CP. 

On parlait de ce qui pouvait nous énerver, et il y a une petite fille qui dit : « Ça m’énerve quand Matthieu marche sur mon tapis de dictée ». 

Et je lui dis : « D’accord, et est-ce que si c’était quelqu’un d’autre que Matthieu, ça ne t’énerverait pas ? » 

Elle m’a dit : « Si, en fait, ça m’énerve, qui que ce soit.

 – Ah, donc, est-ce que ça t’énerve que Matthieu marche sur ton tapis de dictée, ou est-ce que ça t’énerve quand quelqu’un marche sur ton tapis de dictée ?

Ah bah ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée

Ok, donc en l’occurrence, il se trouve que c’est Mathieu qui l’a fait, et donc quand tu vas le dire à Mathieu, tu vas pouvoir lui dire : « Tu sais Mathieu, ça m’énerve quand quelqu’un marche sur mon tapis de dictée ». Mais du coup, quand tu lui dis comme ça, ce n’est plus lui qui est visé, c’est le comportement qu’il a adopté à ce moment-là, et ça change tout dans sa possibilité de le recevoir, parce qu’il va se sentir beaucoup moins accusé. » 

Ce sont les démarches qu’on peut adopter pour montrer un petit peu la responsabilité émotionnelle. 

J’espère que tout ça vous inspire !

Attention à la déresponsabilisation !

Les autres sont responsables de leurs émotions

J’ai quand même un dernier mot, parce que quand on parle de responsabilité émotionnelle, et je l’ai dit au passage, on dit qu’on est responsable de ses propres émotions, et qu’on n’est pas responsable de celles des autres. 

Et parfois, il y a une déresponsabilisation dans la démarche, de l’ordre de « Ah oui, non mais s’il s’énerve, de toute façon, c’est lui qui s’énerve, ce n’est pas moi. Ce n’est pas à cause de moi. Lui, il est responsable de ses propres émotions ». 

Oui, d’accord. Il ne faut pas non plus que ça serve d’excuse à tout comportement qu’on peut avoir avec l’autre, parce que de toute façon, il est responsable de ses émotions ! 

Choisir de ne pas être un déclencheur

Bien sûr, on est bien d’accord, et c’est ce qu’on a dit tout à l’heure, il y a quand même certains comportements qui sont plus déclencheurs que d’autres.

Alors, soit, ce ne sont pas les causes fondamentales, par exemple, si quelqu’un nous parle mal, peut-être que ça, c’est un déclencheur et que la cause fondamentale, c’est que moi, j’aime vivre le respect et que c’est pour ça que ce comportement-là, il ne me plaît pas à ce moment-là.
En réalité, je sais qu’il y a d’autres contextes et d’autres personnes pour lesquelles ça fait partie de leur mode de communication. Ils ne vont pas ressentir la même chose au même moment. Donc, tout est question de où on place notre propre limite.
N’empêche qu’il y a quand même des comportements qui sont effectivement inappropriés, désagréables, etc.

Empathie et règle d’or

Et c’est important de savoir qu’on a en nous aussi un pouvoir de choix sur ce qu’on va adopter comme comportement, sur l’impact que peuvent avoir nos paroles, ça par exemple, c’est important d’en avoir conscience et donc de développer l’empathie

La règle d’or…

Cependant, (et là, je fais le lien entre les deux) ce qui est intéressant dans le développement de cette empathie, c’est ce qu’on peut appeler la règle d’or

Alors pourquoi je l’appelle la règle d’or ? 

Parce que ça rejoint ce que les anglophones appellent la règle d’or. 

Donc, nous, les Français, on dit et on répète, et on a entendu depuis qu’on est petit : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’ils te fassent. » 

Et les anglophones, les américains en particulier, ont une règle d’or, ils disent juste “la règle d’or”, ils savent ce que c’est.

C’est :  « Fais aux autres ce que tu veux qu’ils te fassent. » 

On reconnaît bien là leur formule un peu plus positive que la nôtre, c’est déjà sympa !

…avec une autre perspective 

Mais en fait, chez nous, depuis quelques années déjà, on a changé cette règle-là. Parce que, finalement, justement, comme on est tous différents, on a tous des choses qui nous plaisent et qui ne nous plaisent pas, qui ne sont pas forcément les mêmes. 

Donc, dire, par exemple : « mais, tu aimerais toi qu’il te fasse ça ?Ben moi, ça ne me gênerait pas » peut répondre un enfant. Et c’est peut-être complètement sincère. Peut-être que ce qu’il est en train de faire à l’autre, lui, ça ne le gênerait pas. 

Et donc si on ne développe l’empathie qu’en revenant à son propre référentiel, on ne développe pas complètement l’empathie. 

Parce que l’empathie, c’est réussir à se mettre un peu à la place de l’autre, en acceptant en particulier qu’il y a d’autres façons d’aborder les choses et d’appréhender les choses.

Ce qu’ils aimeraient…

Et donc la règle qu’on donne, chez nous, c’est : 

« Ne fais pas aux autres ce qu’ils n’aiment pas qu’on leur fasse. » 

ou 

« Fais aux autres ce qu’ils aiment qu’on leur fasse. » 

Qu’on le dise en positif ou en négatif, en tout cas l’important, ce n’est pas ce que toi, tu considères être sympa ou pas sympa. 

C’est sois à l’écoute, à l’observation pour voir si l’autre, il apprécie. 

Et donc : « tu as l’impression qu’il apprécie là ce que tu fais ? Ça, c’est important. Même si toi, de ton point de vue, c’est quelque chose qui n’est pas grave. »

Je vais terminer là-dessus. J’espère que ce podcast vous a inspiré. 

Si vous avez des commentaires, écrivez-moi et partagez ce podcast avec ceux qui pourraient avoir du plaisir à l’écouter également. 

À très vite !

Les enfants qui se sentent en rivalité dans leur fratrie peuvent avoir des comportements que l’on déplore, et face auxquels on se demande comment réagir…

Je me saisis ici d’une question d’une membre de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » pour vous donner des idées !

Cette prise de recul, devant une situation concrète entre 2 garçons de 11 et 8 ans, permet de mieux cerner :

  • l’équilibre entre les progrès et notre impatience
  • les attentes parentales
  • ce qui peut se jouer entre les enfants (le concept de « la raison positive »)
  • comment on peut réagir sur le coup
  • comment on peut revenir sur la situation
  • le piège du compliment évaluatif
  • la place de chacun dans la famille

J’espère que ce partage vous inspirera !

Vous pouvez le voir en VIDÉO sur YT, ou l’écouter en AUDIO sur vos plateformes de podcasts (lien ci-dessous)

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Une petite vidéo impromptue pour aborder la question de la rivalité dans la fratrie.
On va partir d’une anecdote précise pour voir comment on peut gérer ces situations de tension où l’un des deux cherche à diminuer l’autre, à l’écraser, probablement parce que c’est sa façon à lui de se sentir mieux…

Changer d’énergie en observant les progrès

Voilà, je pars d’une question qui m’a été posée par une des mamans qui suit la formation En finir avec les disputes dans la fratrie.
Elle m’explique la chose suivante : « je me rends compte que même si j’ai déjà parcouru une bonne partie de la formation qui est top, j’ai encore du mal à trouver des pistes de réponse concrètes, lorsque je suis face à une situation conflictuelle avec mes garçons. Ça va mieux quand même entre eux, mais il y a toujours et toujours dans le quotidien des petites situations qui se cumulent et parfois ça passe et parfois ça déborde. »

Alors déjà, avant même d’aller dans la situation, j’ai envie de saluer le fait qu’elle arrive à observer, malgré les situations qui débordent, que ça va mieux entre eux.

C’est un travail de longue haleine d’améliorer les relations dans la fratrie et de gérer différemment les conflits.
Et donc, le fait que déjà, depuis qu’elle s’est inscrite à cette formation, il y a quelques mois, les choses s’améliorent entre les garçons, ça prouve qu’ils sont sur le bon chemin. Évidemment, quand les choses s’améliorent, quand on voit que ce qu’on fait porte ses fruits, quand on voit qu’on met en place des choses qui font que ça s’adoucit, on aurait envie que ça aille beaucoup plus vite !
On aurait envie que ce soit réglé. On aurait envie que, puisqu’ils savent mieux gérer à certains moments, ce soit le cas tout le temps !

Et ce n’est pas comme ça que ça marche.
Un apprentissage, ça va peu à peu et en plus, malheureusement, on peut même dire que ce ne sera jamais parfait.
Mais quand même, c’est intéressant déjà de noter les moments où ça va mieux parce qu’on se met plus facilement dans une posture dans laquelle on n’est pas en train de vouloir se débarrasser des conflits, mais on est en train de vouloir développer les moments où ça va bien quand on arrive à observer ces moments où ça va bien.

On est dans une énergie de “je veux plus de ça”, plutôt que “je veux moins de ça”. Et “plus de ça”, c’est plus encourageant ! Donc, déjà, je salue ça, même si ce n’est pas le thème de cette réponse, c’est intéressant de le noter.

Prendre conscience de nos attentes

Je reprends la lecture.

Donc, « parfois ça passe, parfois ça déborde. Du coup, je voulais te demander si tu pouvais me donner une piste face à cette situation vécue hier, s’il te plaît. » Voilà, elle s’adresse à moi justement pour ça et je me suis dit que cette situation était très intéressante pour n’importe qui.
J’avais envie de faire cette réponse de façon ouverte pour que ça puisse vous aider également si vous avez une situation similaire à la maison.

« Hier, mon garçon de 8 ans ressort un jeu de cartes et commence à faire, à son bureau dans sa chambre, un château de cartes. Il nous appelle au bout d’un moment, nous demande de venir regarder le résultat. C’était bien réalisé. On en a parlé avec lui et mon mari. Bien entendu, le grand de 11 ans arrive… »

Je m’arrête sur ce « bien entendu » : on voit déjà dans ce « bien entendu » un sentiment d’usure parce que cette maman a déjà vécu ces moments où le grand intervient alors qu’ils sont en train de passer un bon moment avec le plus jeune, et “il faut” qu’il gâche le moment…

Donc ça veut dire qu’il y a déjà un regard posé sur le grand qui est décourageant dès le départ, parce qu’on s’attend à ce qu’il fasse ça. Alors, la suite lui donne raison. Je ne dis pas qu’il n’est pas naturel que cette maman s’attende à ce que le grand fasse ça.

Mais parfois, il y a des enfants qui se comportent de la façon dont on les attend, de la manière qui correspond à ce qu’on attend d’eux en fait. Et donc parfois quand nous-mêmes, on change nos attentes, quand on fait passer un message de confiance vers le fait que l’enfant peut se comporter différemment, rien que ça, ça suffit à les faire changer.

Donc je note juste ça au passage comme un signal de « et si j’essayais de voir aussi les autres moments, les autres comportements chez mon enfant plutôt que de considérer que “bien entendu”, il va se comporter de façon désagréable ? ». 

On fait le lien d’ailleurs avec ce que je disais juste avant sur « voir aussi les moments qui se passent bien plutôt que ceux qui se passent pas comme on aimerait. »

Décoder la situation

Bref, je reviens donc à la lecture.

“Bien entendu, le grand arrive et que fait-il ? Il fait vibrer le plateau du bureau et arrive à faire tomber certaines cartes. Là, mon mari lui dit : « tu n’as pas fait ça quand même ! » Le grand, content d’avoir fait tomber certaines cartes, file en direction de sa chambre.

J’essaye de lui dire : « tu as l’impression de ne pas avoir ta place ? »
Je ne sais plus trop mes mots, mais je me suis mal exprimée.
J’aurais voulu dire quelque chose du style : « c’est difficile pour toi d’entendre qu’on complimente ton frère… »
-en écho avec la situation de Ludivine. (alors là, c’est parce que j’ai eu un échange avec une autre maman de la formation. Et donc, cette maman qui m’écrit fait un écho à la situation partagée.)

En fait, j’aimerais aider le grand sur ce type de petite pique qu’il envoie à son petit frère. Est-ce que tu peux me donner des pistes, des choses à lui dire ? J’aimerais bien revenir sur la situation à froid. »

Le pas de côté

Donc, déjà, c’est génial parce que cette maman, elle se pose deux questions

  • La première, c’est « qu’est-ce que j’aurais pu lui dire sur le coup ? » Et c’est important parce que cette situation peut se reproduire, effectivement.
  • Et la deuxième, c’est « comment je fais pour revenir sur cette situation à froid ? » 

Et c’est toujours une bonne idée de revenir sur la situation à froid. 

Ça ne veut pas dire qu’on va revenir sur toutes les situations tout le temps à froid, parce que parfois, en fonction du contexte, vous allez avoir trop de situations et les enfants n’ont pas envie de re-discuter et de creuser à chaque fois.
Mais une fois de temps en temps, ça permet de remettre certaines choses en place et de mieux comprendre ce qui se joue.

Donc, si on reprend un peu le contexte de cette histoire : au moment où le grand de 11 ans vient bouger le plateau pour faire tomber le château de cartes de son frère, on est bien d’accord que c’est un comportement inapproprié.

Bien sûr, ça n’a aucun intérêt.
En tout cas, ça ne va pas avec ce qu’on cherche à développer dans la famille, de connexion, de soutien, de partage, etc. Donc, évidemment que les parents ne sont pas contents. Et c’est pour ça que le père dit : « tu n’as pas fait ça quand même ! » en ton de reproche parce qu’il ne veut pas croire à ce genre de situation dans sa famille.

Cependant, tout comportement a une raison positive. C’est difficile de l’appréhender comme ça, parce qu’on peut se dire qu’il n’y a pas de raison positive, effectivement, au fait de casser le château de cartes de son frère.

la raison positive

En réalité, cet enfant ne se dit pas « tiens, voilà ce que je voudrais atteindre, et la bonne façon de l’atteindre, c’est de bouger le bureau de mon frère.” 

C’est assez inconscient, cette idée de raison positive. Mais en fait, tout comportement est une façon de vouloir nourrir un besoin dont on a conscience ou pas.

Donc, qu’est-ce qui peut se passer là pour le grand ?
C’est ça qu’essaie de comprendre la maman.
Déjà dans ses mots, c’est intéressant : elle a déjà cette démarche-là !
Alors, je sais pourquoi… parce qu’elle a commencé à suivre la formation.
Mais ça part d’un principe qui est, grosso modo : “pour se comporter bien, il faut se sentir bien.”
Cet enfant qui se comporte de manière inappropriée à ce moment-là, c’est un enfant qui est découragé.

D’accord, donc un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.
Il y a une source de découragement dans le contexte.

Analyse du contexte

Qu’est-ce qui se passe là ?

Il se passe que les parents admirent quelque chose qu’a fait son petit frère et lui, visiblement, il se sent mal face à ça. OK, il est découragé, donc il va aller casser le château de cartes.

Probablement, pour que le petit frère se sente moins bien. C’est une façon un peu de diminuer le petit frère : « Tu vois, tu ne réussis pas tout. Ton château de cartes, il est par terre. »

Ce n’est absolument pas logique parce que même si le château de cartes est par terre et qu’il n’a pas son beau château de cartes, il l’a quand même fait et réussi son château de cartes, c’est le grand qui l’a détruit. Mais enfin, il veut lui enlever quelque chose qu’il a.

Et souvent, ça, c’est une méthode pour se remettre à se sentir mieux soi-même parce qu’on est dans une position de rivalité

En l’occurrence, cet enfant est probablement dans une position de rivalité face à son petit frère, à dire « lui, il a quelque chose que moi, je n’ai pas. Ce n’est pas juste, ça m’enlève quelque chose à moi.
Et la meilleure façon de rétablir ça et de me re-sentir bien, c’est d’inverser les choses. Donc, je vais lui enlever ce qu’il a et comme ça, moi, je me sens puissant. J’ai réussi à détruire son truc. Je me sens supérieur. »

Et s’il se comportait bien, s’il se sentait bien au départ, s’il avait complètement confiance en lui, s’il était à l’aise, il serait suffisamment bien dans ses baskets pour venir dire « il est super ton château ».

Là, il y a un manque chez lui. En fait, ça parle de lui ! D’accord.

Le besoin derrière le comportement

Donc, il n’est pas en mesure de venir voir le petit frère en disant « il est super ton château » parce qu’il a l’impression que ça lui enlève quelque chose, que les parents soient là à admirer le château de cartes du frère. Donc, c’est ça qu’on veut creuser. En fait, c’est ça la raison positive.

La raison positive, c’est retrouver ma place dans la famille parce que là, pour l’instant, j’ai l’impression que mon petit frère est sur un piédestal et que moi, ça me diminue. Donc, j’ai envie de retrouver ma place.

Et c’est pour ça que cette maman s’approche de son enfant en disant « tu as l’impression que tu n’as pas ta place ? » – c’est une analyse qui est assez fine en réalité.

La difficulté, c’est que ce sont de grands mots pour un enfant de 11 ans, il n’a pas conscience de ça.

Donc, comment on va faire pour réussir à s’approcher de ça ? 

Ce qui est intéressant, c’est de voir aussi qu’on va essayer d’aider notre enfant

D’abord, on va essayer de le comprendre effectivement, mais on va aussi essayer de l’aider à voir que la stratégie qu’il a mise en place – en l’occurrence, le fait d’aller casser le château de cartes de son frère – ça ne va pas aider à nourrir son besoin.

Son besoin, à ce moment-là, c’est probablement d’appartenir, de développer sa confiance en lui. Il manque probablement de confiance. Il se sent menacé par son frère et quand il fait ça, il cherche à se sentir mieux.

Accompagnement vers des alternatives

Quand il fait ça, alors qu’il cherche à se sentir mieux, est-ce que réellement, il va se sentir mieux ? En fait, non, ce n’est que temporaire. Il y a des connexions avec les parents qui ne sont pas d’accord avec son comportement. Il y a des connexions avec son petit frère, ça n’améliore pas leur relation. Il ne va pas se sentir mieux. C’est très temporaire.

Donc, on va essayer d’encourager notre enfant :

  • à voir un petit peu ce qui peut se passer pour lui à ce moment-là, tout en accueillant. On a une posture de curiosité – j’appelle ça parfois la posture Sherlock Holmes – c’est à dire qu’on n’est pas, ou qu’on essaye en tout cas de  ne pas être dans le jugement, mais dans un essai de compréhension
  • à voir que sa stratégie, même si c’était le mieux qui lui venait à ce moment-là, ne correspond pas à ce qu’il veut développer.

Un peu d’humilité pour mieux compatir…

Au passage, je précise que cette notion de « un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé », c’est aussi vrai pour nous !

En fait, quand on se comporte mal, c’est qu’on est souvent découragé.
Et quand on se met à crier sur nos enfants, on ne se dit pas au départ « tiens, ça, c’est une bonne stratégie pour atteindre ce que je veux ! ».

J’étais récemment en séance d‘accompagnement individuel avec une maman qui m’expliquait ça – qui me disait qu’elle se retrouvait dans une situation avec sa petite fille qui était à table et qui criait de façon répétée. Et elle, ça la prenait. 

Une option de comportement parental, c’était de lui dire que ce n’était pas agréable qu’elle crie et qu’il fallait arrêter de crier.
Donc, ils lui avaient dit plusieurs fois d’arrêter de crier.
La petite continuait et donc, au bout d’un moment, la mère s’est mise à crier elle-même en lui criant dessus pour lui dire d’arrêter de crier.

En fait, c’est intéressant parce qu’elle voulait que la petite fille arrête de crier parce qu’elle avait justement un besoin de tranquillité.. et en se mettant elle-même à crier, elle ne nourrit pas du tout ce besoin de tranquillité !

Pourquoi, à ce moment-là, elle se comporte comme ça, même si sa stratégie ne nourrit pas du tout le besoin qu’elle cherche à nourrir ? Pourquoi elle a cette stratégie qui est inappropriée et ce comportement qui est d’autre part inapproprié ? 

Parce qu’elle se sent elle-même découragée !

 Elle a essayé des trucs, ça ne marche pas… et donc, au lieu (et c’est normal dans ces moments-là), au lieu de prendre du recul, de s’arrêter, de voir quelles autres alternatives elle a à sa disposition pour nourrir son besoin à ce moment-là.
En fait, des alternatives, il y en a ! Mais à ce moment-là, elle n’a pas la disponibilité, l’ouverture – parce qu’il y a les émotions qui montent – pour aborder le problème de façon différente… et donc ce qu’elle fait, c’est qu’elle fait du mieux qu’elle peut à ce moment-là, avec ses ressources. Et ça, ça donne qu’elle se met à crier sur sa fille. 

C’est vrai pour notre enfant aussi. À tous les moments.

Revenir sur la situation à froid

Donc là, ce garçon de 11 ans, lui, il a probablement d’autres façons de faire pour qu’il se sente mieux, pour qu’il nourrisse son estime de lui-même, pour qu’il retrouve sa place dans la famille telle qu’il aime l’avoir avec la connexion, etc. 

Et pourtant, le fait de détruire le château de cartes de son frère, c’est ce qui lui vient de mieux à ce moment-là, avec les ressources qu’il a de disponibles. 

Donc, effectivement, c’est intéressant dans ces cas-là de revenir à froid dessus.

Sur le coup, on peut parler du comportement.

Souvent, c’est qui se passe dans ce genre de situation : on n’est tellement pas d’accord avec le comportement qu’on va parler uniquement de ça, avec des réflexions du type « mais comment tu as pu faire ça ? »

Et en fait, c’est comme un iceberg. Le comportement, c’est la pointe de l’iceberg, mais il y a toutes les causes derrière qui sont cachées.
La maman l’a compris, puisqu’elle cherche à comprendre ce qui se passe derrière.

Comprendre ce qui se passe derrière, ça ne se fait pas sur le coup. Ça se fait plutôt à froid, puisque sur le coup, souvent, il y a les émotions qui débordent et donc, notre enfant n’est pas en mesure d’avoir une conversation.
Parfois, il suffit de quelques minutes pour redescendre. Mais en tout cas, ça veut dire a postériori. 

Donc, sur le coup, on va dire « je n’aime pas quand tu te comportes comme ça. Je sais que tu peux mieux faire. On va en parler. »

Ça peut être juste ça : on va mettre les limites sur le comportement, effectivement, sur le coup, sans trop  rabaisser notre enfant parce que ce n’est pas ce qu’on veut faire.

En revanche, la partie qui est intéressante, c’est un peu plus à froid de discuter avec lui.
Lui dire : « Bon, qu’est-ce qui s’est passé pour toi en fait  ? Comment te sentais-tu à ce moment-là  ? Qu’est-ce que tu cherchais à faire en fait au moment où tu as détruit … ? »

Note : attention au ton !
C’est vraiment sous l’angle, encore une fois, de la curiosité – Sherlock Holmes.

C’est : « Je suis sûre que dans le fond, il y avait une raison positive à ton comportement. » Moi, j’utilise cette notion de raison positive avec mes enfants. « Je suis sûre que dans le fond, tu avais une raison de le faire. C’est juste qu’elle m’échappe. Je me demande si c’est un manque de confiance en toi… Est-ce que tu as l’impression que nous les parents, on n’est pas assez encourageants avec toi ? Est-ce que t’as l’impression que quand tu enlèves un truc à ton frère, du coup, ça t’en donne plus à toi ? Est-ce que tu es vraiment dans la comparaison avec lui ? 
 J’aimerais juste comprendre parce que je me dis que je ne suis pas sûre que ce genre de comportement va réellement répondre à ce que tu cherches à atteindre à ce moment-là, qu’est-ce que t’en penses ? »

Donc là, vous voyez qu’on est dans un ton qui est très calme, qui n’est pas jugeant, au contraire, je sous-entends qu’il y a une vraie raison derrière et je cherche à la comprendre, donc je crée une connexion avec mon enfant parce que réellement, je veux être proche de lui et échanger avec lui. 

Donc ça, c’est vraiment quelque chose qui aide. Et donc, on peut lui demander. On peut lui dire « voilà, en tout cas, je ne suis pas sûre d’avoir compris, mais je vois bien qu’il se passe quelque chose. Et moi, j’ai envie d’être là pour toi. Est-ce que tu arrives à mettre des mots dessus ? »

L’enfant a 11 ans, donc ce n’est pas la même chose quand on s’adresse à un enfant de 4 ans, on est bien d’accord… A 11 ans, il est possible qu’il soit capable de mettre des mots dessus. Et même si ce ne sont pas des mots du type « j’ai besoin d’appartenir », ça va peut-être être des : « Oui, mais c’est parce que vous passez toujours du temps à lui donner des compliments, il réussit tout et puis moi, non

  • Ah ouais, tu as l’impression que… Est-ce que c’est un manque de temps qu’on passe avec toi ou c’est un manque d’encouragement pour les choses que tu réussis ? » 

Voilà, c’est à nous d’aller repréciser par rapport à ce qu’il va nous dire. On cherche ça.

Aider l’enfant à trouver d’autres stratégies

Et après, on peut avancer vers la stratégie.
Quelque chose du type « et est-ce que tu as eu l’impression, au moment où tu détruisais le château de ton frère, que ça t’aidait effectivement à te sentir mieux ? »

Et même s’il nous dit oui, on peut lui dire « ah oui, ok ! ».
« Et ce fait de se sentir mieux, c’était juste sur le coup ou c’est quelque chose qui dure ? Est-ce que dans le fond, tu te sens mieux ? Est-ce que si la situation se reproduit, tu serais plus à l’aise avec ça ? »

Parce qu’il y a ça aussi…
Il y a d’abord « est-ce que tu te sens mieux ou pas ? », et il peut tout à fait nous répondre non, parce que c’est souvent le cas.
Mais même s’il nous répond oui, il y a aussi ce qui nous fait du bien sur le coup, et puis, ce qui nous fait du bien à long terme.
C’est comme quand on fuit nos émotions en allant manger du chocolat : ça nous fait du bien sur le coup… est-ce que c’est réellement ce qui nous aide à aller mieux à long terme ? Non ! C’est intéressant aussi de faire cette différence-là.

Donc, il y a toute une conversation à avoir avec le garçon autour de ça, ça l’aide à prendre conscience.
Et en parallèle, ça l’aidera à trouver du coup des alternatives : « Ok, la prochaine fois que tu te sens comme ça, qu’est-ce que tu penses que tu pourrais faire d’autre ? »

« Qu’est-ce qui pourrait aider ? Qu’est-ce qui pourrait avoir plus de chances de nourrir ton besoin à ce moment-là ? » Voilà, on va l’aider à trouver des pistes, à trouver des solutions.

Et ça, c’est important parce que l’idée, ce n’est pas de lui dire juste « tu ne peux pas te comporter comme ça » même si ça, c’est effectivement un message à passer. On n’est pas d’accord avec ce comportement.
Mais si on lui dit seulement ça et qu’on lui dit « ça, c’est non », la prochaine fois qu’il se sent dans la même situation, il a compris que ça, ce n’était pas adapté, mais il n’a pas d’alternative

Donc, il n’y a pas vraiment de raison qu’il fasse autrement parce qu’il ne saura pas quoi faire d’autre.
Donc, il risque 

  • soit de ne rien faire du tout. Et finalement, d’un certain côté, au moins quand il se comporte comme ça, on voit qu’il se passe quelque chose pour lui, donc, c’est plutôt pas si mal.
  • Ou il risque de recommencer la même chose…

Exactement comme nous, quand on se dit bon, ça va, je vais arrêter de crier, et qu’en fait, la fois d’après, si on ne cherche pas des alternatives et qu’on ne creuse pas les situations en se disant « Ok, qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre à la place à ce moment-là ? », on va se retrouver bloqué.e dans la même situation à utiliser les mêmes méthodes. 

Je fais ce parallèle avec le parent parce que je trouve que c’est important de prendre ce recul aussi, parce qu’on est facilement dans le jugement face à nos enfants et dans la culpabilité par rapport à nous-même.
Mais en fait, c’est le même phénomène. On est tous en apprentissage et on cherche à faire de notre mieux et on fait de notre mieux avec nos ressources à cet instant-là. 

Finalement

Et donc ça, c’est toute la partie

  • aider notre enfant à s’exprimer
  • pour que nous comprenions ce qui se passe en lui
  • pour qu’il comprenne ce qui se passe en lui
  • voir quelles autres alternatives il y a à sa disposition

Et de l’autre côté, il y a un travail en parallèle autour de la place pour cet enfant (puisque c’est ce qui est identifié dans ce cas pour cet enfant)

Donc, peut-être que si c’est un manque d’attention des parents, par exemple, ça vaudrait le coup de voir comment les parents peuvent mettre en place un temps dédié en tête-à-tête avec lui pendant lequel il n’est pas interrompu par d’autres choses. 

On peut faire attention à aussi valoriser ce que fait le grand.
Note : Attention ! Dans la valorisation, en général, en éducation positive, on fait attention à ne pas tomber dans des compliments évaluatifs où c’est nous qui disons ce qui est bien et là, on entretient un besoin de reconnaissance parce que l’enfant se sent justement exister, reconnu, etc. que quand il y a quelqu’un d’autre qui lui dit « ce que tu fais, c’est bien ».
Mais en tout cas, en s’intéressant à lui, et en décrivant.

Par exemple, si lui faisait un château de cartes, plutôt que de dire « waouh, qu’il est beau ton château de cartes, mais qu’est-ce que tu es fort », qui sont des évaluations de la part des parents, on va plutôt dire « ça a dû demander beaucoup de passion de faire un château comme ça, tu y as passé beaucoup de temps ? Et ce n’était pas trop compliqué ? »
Et là, tout l’intérêt qu’on met dessus est dans la description du château et dans la valorisation du temps passé également. Ça aussi, ce sont des encouragements.
Et donc, c’est comme ça qu’on sort du compliment évaluatif pour être soit dans l’encouragement du chemin passé, soit dans le compliment descriptif.

Voilà, on peut être plus proche du grand.

On peut aussi, si on voit que c’est un manque d’estime de lui, essayer de développer ça. C’est-à-dire que, par exemple, on peut tous les soirs lui demander « tiens, raconte-moi un truc dont tu as été fier aujourd’hui » pour que lui aussi, il voit ce qu’il y a de chouette chez lui, ce qu’il arrive à accomplir et en plus, il a l’occasion de nous le partager.

Et là, on peut l’entendre et dire « ah ouais, je comprends effectivement que ça t’ait rendu fier ! Oh excellent, tu étais content alors du coup, ah génial. »

Et là, on est avec lui, on partage ça et on travaille sur sa place à lui.

Voilà, j’espère que tout ça vous donne des pistes.
J’avais envie de partager ça parce que je pense que ça peut aider n’importe qui. Si vous avez des questions qui se rapprochent de ce contenu ou qui sont autres, mettez-les-moi en commentaire…
Ça me donnera l’occasion de répondre à d’autres cas concrets !

Tous les lundis soirs, le cercle des parents heureux se réunit.

Et, à chaque fois, ça donne lieu à des réflexions, des prises de conscience, des ré-alignements.

C’est tellement précieux pour moi que j’ai décidé de partager avec vous, chaque mardi, ma pépite du cercle !

Aujourd’hui, ma pépite porte sur le lien entre l’écoute de nos enfants et le fait de faire bouger nos limites.

Curieuse de savoir ce que ça vous inspire !

(et pour en savoir plus sur le cercle, cliquez sur le lien plus haut !)

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C’est tellement précieux pour moi que j’ai décidé de partager avec vous, chaque mardi, ma pépite du cercle !

Aujourd’hui, ma pépite porte sur l’approche des comparaisons dans la fratrie, en fonction de nos croyances et aspirations.

Curieuse de savoir ce que ça vous inspire !

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On aimerait que nos enfants s’entendent bien !
Cela demande parfois un temps d’adaptation, surtout pour intégrer un nouveau venu dans la fratrie, alors que les 2 premiers ont déjà trouvé leur fonctionnement.

Voici la question que me pose Marie, maman de 3 garçons de 5 ans et demi, 4 ans, et moins d’un an, à laquelle je réponds dans ce podcast :

“Mes 2 grands sont très proches, comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?”

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Entente dans la fratrie

Bonjour les parents qui cheminent. Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’entente dans la fratrie. En fait, je réponds à une question de Marie qui m’écrit : Mes deux grands sont très proches. Comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?

Mise en contexte du cas

Alors pour mettre un peu plus de contexte, il faut savoir que les enfants de Marie ont quatre ans et cinq ans et demi pour les plus grands, et moins d’un an pour le dernier. Donc, la préoccupation est un peu une préoccupation d’anticipation, puisqu’il est logique que les deux grands (puisqu’ils ont quatre ans et cinq ans et demi) n’incluent pas encore complètement leur petit frère de moins d’un an dans leur jeu. Mais la question de Marie, c’est vraiment cette intégration dans le fait, dans le sens où : Comme les deux grands sont très proches, est-ce qu’ils vont laisser de la place à leur petit frère ?

Une étape de conscience : pourquoi se poser la question ?

Alors la question est super intéressante, parce que du coup, ce que cela m’inspire déjà, avant même de commencer à voir quels seraient les conseils pour cela, c’est la conscience de la raison pour laquelle on se pose la question, puisque l‘éducation positive, on appelle aussi cela l’éducation consciente. Et c’est un terme qui me plaît et me parle particulièrement puisque l’idée, c’est vraiment de régulièrement faire un pas en arrière et se poser des questions sur ce qu’on est en train de vivre, sur ce qu’on veut développer à long terme et sur les effets effectivement de nos attitudes par rapport à nos enfants, pour se positionner un peu différemment.

Donc déjà la prise de conscience ici (du moins ce n’est pas vraiment une prise de conscience, mais l’étape de conscience, on va dire), ce serait à mon avis de se poser la question suivante : Pourquoi Marie est attachée au fait que ces enfants se sentent tous bien ? C’est-à-dire, pourquoi tient-elle à ce que le plus jeune des enfants arrive à intégrer cette dynamique familiale déjà établie des deux plus grands ?

Connaître les besoins dans la famille

Alors la réponse peut sembler évidente, mais je trouve que c’est intéressant de se poser la question. Parce que cela permet de voir ce vers quoi on se dirige, ceux que l’on aime, ce à quoi on aspire, ce vers quoi on veut orienter notre boussole. Peut-être que dans la famille de Marie, il y a un besoin d’harmonie (chez Marie, il y a un besoin d’harmonie dans la famille). Peut-être qu’il y a un besoin de collaboration et de coopération… Selon ce qu’elle recherche exactement, ce n’est pas tout à fait la même chose qu’elle va chercher à développer entre ses enfants. Peut-être que c’est un besoin d’empathie ? Peut-être que c’est un besoin de partage ? Et le fait d’être dirigée par ces envies-là, l’envie de nourrir ces besoins-là, va pouvoir lui permettre de créer des choses, qui ressemblent à ce qu’elle veut créer, et de partir de cette envie-là, c’est intéressant.

Être dirigée par ses peurs

Et à la fois, dans cette étape de conscience, il y a aussi tous les aspects positifs, qui nous attirent vers quelque chose, mais également le fait d’être parfois dirigée par ses peurs

Pourquoi se pose-t-elle la question en avance ? Peut-être parce qu’elle craint que justement, le plus jeune ne soit pas inclus dans ce duo que forment les deux plus grands. Peut-être parce que quelque part, il y a une espèce de peur du rejet, qui vient peut-être aussi de son histoire à elle. Et donc c’est intéressant d’être dirigée plus par ses envies, ses aspirations que par ses peurs. Donc, c’est intéressant de s’arrêter une seconde pour voir un petit peu ce qui se cache derrière cette question-là. Parce qu’après tout, le fait que le petit ne soit pas encore intégré au jeu des grands, pour l’instant, c’est assez naturel. Et donc, peut-être qu’il y aura rien besoin de faire pour que ça se passe tout naturellement et que cette crainte n’a pas vraiment lieu d’être. Et donc un peu comme le dit ma mère, le pire n’est pas certain !

Alors, pourquoi Marie prend-elle le temps de s’interroger en avance de phase là-dessus ? Peut-être que chez elle, il y a une peur qui fait écho à quelque chose qu’elle aurait vécu. Je ne suis pas en train de jouer les psychologues et de dire qu’il faut absolument que Marie guérisse de ses propres peurs avant d’aborder son rôle de maman. Ce n’est pas ce que je dis. Je dis juste que c’est intéressant de se poser les questions de l’origine de nos interrogations et de nos envies. 

Quels seraient les avantages d’une dynamique familiale ?

Et puis du coup, (si on voit qu’il y a des peurs là-dedans) pour essayer d’en sortir, parce que finalement toutes les familles ne sont pas pareilles et toutes les situations ont leurs avantages et leurs inconvénients; Ce que je trouverais intéressant, c’est de se poser la question de justement, quels sont les avantages ? Quels seraient les avantages d’une dynamique familiale dans laquelle les deux grands restent très complices sans forcément inclure le dernier ? Quels seraient les avantages pour ces deux grands et quels seraient les avantages pour le dernier ? Parce qu’encore une fois, là aussi, il y aurait des avantages. Il y a évidemment des avantages au fait qu’ils soient tous copains ensemble, mais il y a aussi des avantages à l’autre situation. Je fais exprès de traîner un petit peu dans cette, dans cette remarque-là, pour que vous ayez le temps vous-même de digérer ou de réfléchir aux avantages que cela pourrait être avant moi-même d’en suggérer. Alors, quels avantages peut-on voir effectivement à cela ?

Pour les deux grands

Effectivement, cela peut consolider leur complicité. Et bien sûr qu’on a envie que tous nos enfants s’entendent bien entre eux. Mais une complicité particulière entre deux d’entre eux, c’est leur montrer ce que c’est que d’être complice, c’est leur créer un confident, c’est leur offrir des opportunités de partage, c’est créer un lien fort. C’est une vraie opportunité pour eux.

Pour le plus jeune

Mais même pour le plus jeune, cela peut être de développer plus facilement son autonomie, de savoir se positionner, lui, sans être dépendant des grands (parce qu’il y a des familles dans lesquelles, au contraire, le petit, on est tellement attaché à lui, à le couver, etc, qu’il a du mal à considérer qu’il a sa place sans qu’on s’occupe de lui). Peut-être que si on se retrouve dans une dynamique familiale, dans laquelle les deux grands intègrent peu le plus jeune, peut-être au contraire que cet enfant va pouvoir développer une confiance en lui, qu’il développera moins s’il est mieux intégré. Vous voyez ce que je veux dire ? Je pousse peut-être un peu les choses, mais c’est intéressant de se poser ces questions-là et de voir qu’il y a des avantages et des inconvénients à toute situation. 

Comment faciliter l’intégration du petit dans cette dynamique familiale ?

Une fois qu’on a dit cela et qu’on a pris conscience, on peut quand même se poser la question de comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale, comme Marie se questionne. Alors déjà, le premier point, le premier conseil que j’aurai à donner à Marie là-dessus, c’est que, c’est toujours plus facile de chercher plus de quelque chose que moins de quelque chose.

Chercher les moments où le petit est intégré

Au lieu de s’attacher, de s’arrêter sur les moments où le petit n’est pas intégré et essayer de faire disparaître ces moments-là, il vaut mieux chercher les moments où le petit est intégré et essayer de développer ces moments-là. Et c’est toujours plus simple de développer quelque chose qui existe déjà, qu’on veut faire grandir et à qui on veut donner plus de place, que de partir de quelque chose qu’on veut voir disparaître. Parce que l’énergie, qu’on met face à quelque chose qu’on a envie de voir grandir, est justement dans la construction, dans l’élan, dans le développement, contrairement à cette énergie un petit peu négative de rejet, en fait.

Accentuer ce moment d’intégration

Et partant de là, ce qui est intéressant, c’est d’accentuer les moments où ça arrive. Parce qu’il y a forcément (même si les grands ont une grande complicité), certains moments où le plus jeune est effectivement intégré. Et donc le premier comportement, qui peut aider de la part du parent, est d’accentuer les moments où cela arrive. Par exemple, une réflexion de cet ordre : J’ai l’impression que vous passez un chouette moment tous ensemble. 


Et là, vous voyez bien que dans ma réflexion, je suis uniquement dans la description : j’ai l’impression, mais je n’affirme rien. Je pose comme hypothèse qu’ils passent un chouette moment tous ensemble. Eux, ils ont le droit de penser cela ou de penser autrement. Ou alors, on peut même leur poser la question en fin de journée : C’était chouette quand vous avez fait ça avec votre petit frère ? Et, ils ont le droit de répondre comme ils ont envie. Moi, ce que je fais en faisant ces descriptions et en les interrogeant, c’est que je les aide à ancrer en eux le fait qu’ils passent effectivement de bons moments avec leur petit frère

Mais je ne suis ni dans le compliment, ni dans l’évaluation. L’évaluation, ce serait quelque chose du type : C’est chouette quand vous passez un moment avec lui. Bravo pour ça les garçons ! Ah, vous êtes tellement gentils de l’intégrer à votre jeu.

Là, on est dans le compliment et dans l’évaluation. Et cela risque de développer (je le dis rapidement, mais c’est intéressant quand même, de voir quand on veut accentuer quelque chose qu’on aime, de quelle manière le faire), d’accentuer un aspect, de développer (si on est trop dans le compliment et l’évaluation) un comportement, qui est lié plus au fait de le faire pour faire plaisir à la maman en l’occurrence, plutôt que de le faire pour le plaisir de le faire soi-même. Et cela change tout par rapport à la motivation interne ou externe (et donc le fait que cela continue à être fait, quand on n’est pas là par exemple). Et puis, aussi le fait de le faire parce qu’on a envie de le faire et non pas de se mettre à se comporter de sorte à plaire à l’autre, d’être plutôt à l’écoute de ce qui se passe en nous, pour les enfants. Donc, c’était le premier point “accentuer les moments où cela arrive”, juste en le soulignant, le décrivant. S’arrêter dessus pour que nos enfants voient ce qui se passe et qu’ils s’en rendent compte également.

Accentuer ce moment avec une sorte de rituel

On peut même accentuer cela aussi avec une espèce de rituel qui serait la complicité du jour, par exemple.
Ainsi, tous les soirs, on pourrait dire : Tiens, quel a été le moment complice du jour ? Et chaque jour, noter ou décrire un moment où il y a eu une complicité avec un autre membre de la fratrie ou un autre membre de la famille. Cela pourrait être aussi avec maman ou papa. Mais forcément, quand on fait ça, il y aura des moments où il y aura complicité avec le plus jeune. Et encore une fois, c’est une façon de le mettre en valeur et donc d’aider l’enfant à être conscient de cette complicité, qui existe déjà même avec l’enfant qui est plus jeune. Donc, avec ce rituel, ils sont pro-actifs et ce sont eux qui cherchent.

Créer des opportunités pour intégrer le plus jeune

Le deuxième conseil, qu’on peut donner et qui va se décliner de différentes manières, est le fait de créer des opportunités pour intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale. Donc quel genre d’opportunité il peut y avoir ?

Développer l’empathie

Alors déjà, pour intégrer le plus jeune, il y a cette notion de développer l’empathie.  Plus on a de l’empathie pour quelqu’un, plus on est proche de lui, plus on l’intègre dans nos préoccupations. Donc, un jeu du type “Se mettre à la place d’eux” me semble une piste pour pouvoir développer un peu l’empathie envers le plus jeune. J’imagine quelque chose du type :  Tiens, on fait un jeu ! On imagine que là t’es ton petit frère. Comment vois-tu les choses depuis son point de vue, quand ça se passe comme ça ? 

Et donc se mettre à leur place, se mettre dans leurs chaussures, dans leur peau, c’est voir le monde d’un autre œil et donc depuis l’œil de l’autre. Cela peut permettre de développer aussi la complicité indirecte, en fait, dans la mesure où on comprend mieux ce que vit l’autre et donc on a plus envie d’être avec lui. C’est une première opportunité.

Faire des plus grands, un exemple pour le petit

La deuxième opportunité, c’est de demander aux plus grands de montrer à leur petit frère comment on fait quelque chose. Alors, je ne parle pas forcément d’enseignement au sens de “Apprend lui à”, parce que les enfants, qu’on met en position d’enseignant, peuvent parfois prendre une posture un peu trop dans la directive (comme ils le reçoivent souvent de ceux qui leur enseignent), dans la correction, dans les remarques de ce qui ne va pas, etc. Donc juste veiller à cela, quand on encourage un de nos enfants à enseigner quelque chose à un autre enfant, qu’il soit plus grand ou plus petit d’ailleurs (parce que parfois, il y a des plus jeunes qui savent faire des choses que des plus âgés ne savent pas encore faire. Ce n’est pas forcément lié à l’âge, même si ça l’est souvent puisque c’est une question d’expérience). Mais, ne serait ce que de montrer, parce qu’en fait, si on peut expliquer à nos enfants que chacun apprend particulièrement par le modèle, on peut, dans ce cas, les encourager à montrer des choses (que tu n’as pas expliqué). 

Et montrer quelque chose pour inspirer l’autre et ici inspirer en l’occurrence le petit frère, c’est une bonne façon d’inclure le petit frère dans la dynamique familiale. J’imagine, par exemple, (je l’ai en tête en même temps que je dis cela) à un petit enfant, qui est en train de jouer avec un jeu pour passer des formes dans des trous (vous voyez comme c’est souvent le cas autour d’un an). On peut très bien imaginer un des grands, qui joue à cela devant lui, juste un moment. Il joue devant lui parce que lui, il va savoir mettre les bonnes formes au bon endroit et puis, c’est tout. Ensuite, il laisse le bébé faire. Mais il le laisse faire sans commenter, parce que le plus jeune a besoin aussi d’essayer, de se tromper, etc. Mais, le fait d’avoir vu le grand frère faire, il va voir que c’est possible. Cela peut être une façon de créer de la complicité entre les enfants. 

Faire un petit jeu spécifique

La troisième idée qui me vient, c’est de faire, carrément, un petit jeu spécifique. Si vraiment Marie a envie de développer cela chez ses enfants, elle peut créer un petit jeu avec ses grands :

  • avec des papiers à tirer pour faire une activité minute avec le petit frère, 
  • des petits défis comme jouer à coucou avec ton petit frère, faire rire ton frère, 
  • cela va être de chanter une chanson, … 

Des choses comme cela, cela peut être des petites activités, qu’elle encouragera à faire, sous forme de jeux avec les plus grands.

Inclure soi-même le plus jeune

Et la dernière idée que j’ai et qui va faire le lien avec cette espèce de parentalité consciente, c’est tout simplement d’inclure soi-même le plus jeune dans certains jeux qu’on fait avec les plus grands. 

Et pourquoi cela ferme la boucle ? Parce qu’encore une fois, nos enfants n’apprennent jamais mieux que par le modèle. Et donc si on se pose la question de comment ils peuvent, eux, intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale, la meilleure façon de faire, en fait, c’est de le faire nous-mêmes.
C’est-à-dire (explicitement en le faisant, mais sans forcément l’expliciter oralement) nous en incluant le plus jeune. Ainsi, voici les exemples qui me viennent en tête : 

  • J’ai des souvenirs de moments où on faisait des jeux de société avec nos plus grands, que les plus jeunes étaient à côté de nous. On leur donnait certaines pièces. Typiquement si on jouait aux échecs, au fur et à mesure que les pièces d’échecs étaient éliminées de l’échiquier, les pièces éliminées pouvaient être mises dans les mains du plus jeune, qui jouait avec ces pièces. De sorte que, d’un certain côté, il était avec nous dans le jeu, même s’il ne participait pas au jeu, puisqu’il n’en avait évidemment pas la possibilité à ce moment-là. Mais cela permettait quand même qu’il soit inclus dans l’activité, puisqu’il jouait avec les mêmes choses et à côté de nous.

Et le faire nous-mêmes, c’est aussi une façon de montrer à nos enfants comment ils peuvent aussi le faire eux-mêmes (à un moment, par exemple, où les deux grands décident de jouer ensemble et d’avoir quand même la possibilité, pour le petit frère d’être à côté sans que ce soit dérangeant, en se sentant faire partie de la démarche). 

Voilà les conseils que j’aurais aujourd’hui pour Marie. J’espère qu’ils vous ont parlé à vous aussi. Si vous avez aimé ce podcast, n’hésitez pas à lui mettre cinq étoiles sur votre plateforme de podcast et à le partager avec des parents que cela pourrait intéresser. Et puis, si vous avez d’autres idées pour inclure le plus jeune, n’hésitez pas à m’envoyer un message sur coralie@les6doigtsdelamain.com  ou à laisser un commentaire sous l’article de ce podcast. 

Et si vous avez d’autres questions à m’envoyer, auxquelles vous aimeriez me voir répondre dans ce podcast, de la même façon, vous pouvez me les envoyer par mail à coralie@les6doigtsdelamain.com.

À bientôt et bon cheminement

Quand nos enfants se disputent, en général, on n’a qu’une hâte : celle que ça s’arrête !! Et dans notre hâte, on commet ces erreurs communes face aux disputes entre enfants.

Malheureusement, ces disputes ne concernent pas que les protagonistes, mais bien tout l’entourage.
Chaque dispute nuit à l’ambiance générale, tout le monde se sent tendu, et toute la suite s’en ressent.

Pourtant, on aimerait bien que nos enfants sachent comment faire face au conflit sans en passer par de l’agressivité et de la violence.
On voudrait que nos enfants expriment différemment leur colère, qu’ils se respectent et qu’ils trouvent des solutions à leurs conflits qui conviennent à tous.

Bien sûr, on est conscient que tout cela demande un apprentissage… mais comment faire pour les y aider ? Pour que ce soit plus rapide ?

Je crois qu’en fait, on s’y prend souvent de manière maladroite, sans même s’en rendre compte.

Aider nos enfants dans leur dispute n’est pas évident. Comme d’habitude, on a tendance à reproduire ce qu’on a appris, même quand on constate que ça n’aide pas tellement la situation à moyen terme. Et c’est comme ça qu’on reproduit, encore et encore, des erreurs communes face aux disputes entre enfants, sur lesquelles j’attire votre attention ici.

Parce qu’on ne sait juste pas comment faire autrement.

Ce qu’en disent les enfants…

Avant d’écrire cet article, j’en ai parlé à mes enfants.

Je leur ai demandé quelles étaient pour eux les attitudes des adultes face à une dispute entre enfants qui étaient aidantes, et celles qui ne l’étaient pas.

Mon fils Léon (10 ans) m’a simplement répondu :

« Celles qui sont aidantes, c’est tout ce que tu fais toi, et celles qui n’aident pas, ce sont celles des autres adultes. »

Alors au delà de la flatterie… il y avait un point important dans sa réponse !

Parce qu’il ne faut pas croire que je suis magiquement compétente quand il s’agit de réagir à une dispute ! Non, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup appliqué, amélioré, affiné, et… en fait j’apprends encore, au quotidien !

S’il a l’impression que mes attitudes sont aidantes, et pas celles des autres, c’est parce que les autres (comme moi il y a quelques années) n’ont pas appris à adopter des attitudes aidantes. Ma manière de réagir aux disputes a complètement changé depuis que je chemine, et j’ai maintenant beaucoup à transmettre sur ce sujet.

C’est pour cela que j’ai créé la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »… mais je vous en reparlerai plus loin !

Quant à ce que m’a dit Anatole, je vous en parle dans la première des erreurs communes

Erreur 1 – Négliger les émotions

Quand il y a une dispute, c’est qu’il y a des émotions. Et, en général, des émotions fortes.

Evidemment : si personne n’était sous le coup de l’émotion, tout se réglerait dans le calme, voire il n’y aurait même pas conflit, parce que chacun aurait la faculté d’écouter l’autre.

Donc, faire fi des émotions présentes, cela revient à nier la dispute.

Cela se traduit par 2 tendances possibles :

celle, justement de vouloir effacer la dispute, ou bien celle de chercher à « raisonner » un enfant encore sous la vague de son émotion.

En « effaçant » la dispute

C’est d’ailleurs parfois littéralement ce qu’on leur dit : « Pas la peine de se disputer pour ça ! ».

En fait, ce n’est pas comme si les enfants AIMAIENT se disputer…

S’ils se disputent, c’est que, pour eux, à ce moment-là, C’EST important.

Suffisamment important pour que ça crée ces émotions.

On ne peut pas toujours le comprendre, et je dois dire qu’il m’arrive encore de leur renvoyer un peu ça… Par exemple en demandant : « C’est tellement important pour toi que ça vaut le coup de se disputer ? »

Quand je dis ça, je l’avoue, mon ton n’est pas toujours exemplaire.. dans le fond, il reflète probablement que je ne trouve pas ça tellement important… mais j’essaye de rester quand même dans l’accueil et la curiosité, comme je le peux, en encourageant quand même à une certaine prise de recul. De mon mieux. Bref.

Tout ça pour dire qu’aborder la situation sous l’angle : « Arrêtez de vous disputer ».. eh bien, comment dire… ça n’a aucune chance de marcher, en fait !

Selon mon fils Anatole (8 ans), une attitude qui n’aide pas du tout, c’est quand l’adulte dit : « Arrêtez, ou je vais devoir vous punir »

Il m’explique que non seulement ça n’aide pas, mais même ça empire les choses !

« Parce que quand on se dispute, on est déjà énervé contre l’autre, alors si en plus on se fait punir, on considère que c’est de sa faute, et on lui en veut encore plus ! »

Logique, non ?

En cherchant à raisonner

L’autre piège, quand on oublie de considérer les émotions, c’est de vouloir directement aller vers un raisonnement pour trouver une résolution.

Sauf que, quand on est sous le coup de l’émotion, on n’est pas capable de raisonner !

Donc, d’abord l’écoute et la validation, ensuite seulement les explications.

Ah tiens, tant qu’on parle d’entrer dans le raisonnement… c’est une transition parfaite pour l’erreur commune suivante.

Erreur 2 – Traiter seulement la partie émergée de l’iceberg

Au moment où on peut vraiment parler avec les enfants, sans que des émotions trop présentes empêchent la conversation, on a cette tendance à rester « collé » à l’épisode.
Comme si, lorsque mon fils Anatole empêche sa copine de tirer dans le ballon, son objectif était vraiment de l’empêcher de tirer dans le ballon !

Si on en reste là, on va entrer dans des considérations du type « toi, quand tu joues au ballon.. », ou « tu peux attendre ton tour ». Bref, on ne va traiter que la partie émergée de l’iceberg, sans chercher à comprendre tout ce qui se joue derrière, sans voir la VRAIE raison de la dispute.

A ce moment-là, pourtant, Anatole cherche à vivre quelque chose de fort pour lui. Il se sent seul, triste, déçu, parce que son copain lui a dit qu’il ne voulait plus jouer avec lui, et il cherche de la compagnie, il voudrait recevoir de l’empathie, il veut sentir qu’il a le pouvoir de faire en sorte que les autres se sentent comme lui et le comprennent….
Waouh ! Mais si on n’adresse que le pied devant le ballon, on passe complètement à côté de tout cet aspect sous-jacent qui est en fait fondamental !

Seulement voilà : pour réussir à aborder les choses autrement, il faut pouvoir prendre du recul, et gagner en conscience.

C’est l’objectif de tout le module 1 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie ».

Erreur 3 – Devenir l’arbitre de la dispute

Ça, c’est vraiment une erreur commune face aux disputes entre enfants. C’est une erreur classique, et normale.

Évidemment, on a vu tous les adultes autour de nous faire de même en grandissant.

Comme s’ils savaient mieux que les enfants ce qui était bien et mal, ce qui nous convenait, et ce qu’il fallait décider.

Bien sûr, nous avons un rôle de guide auprès de nos enfants. Nous avons la responsabilité de leur transmettre certaines valeurs, certaines règles de vie, et en particulier le respect de l’autre. Mais imposer le respect n’enseigne pas le respect.

D’autant que quand on joue le rôle de l’arbitre, on se trompe toujours !

Pourquoi ? Parce qu’on applique alors l’une, l’autre, ou un mélange des 2 méthodes suivantes :

On cherche le coupable

Avant de pouvoir juger, il nous faut comprendre.

Donc, on commence par chercher le « coupable ».

Rien que dans la démarche, on voit déjà qu’on part mal. Enfin, je dis ça avec le recul… peut-être que vous ne le voyez pas encore, parce que vous n’avez pas encore parcouru le chemin que je parcours depuis plusieurs années, et sur lequel j’avance encore !
Laissez-moi donc expliciter un peu mieux ce que je veux dire.

Quand on cherche un coupable, on reste dans une logique binaire de « bien » et de « mal ».
On entretient implicitement l’idée que l’un des deux a tous les torts.
Ce qui aura un tas de conséquences néfastes sur l’ambiance générale à moyen terme :

  • personne ne va vouloir s’excuser, puisque ça voudrait dire prendre TOUS les torts à sa charge. Or, il faut être deux pour se disputer. En général, il y a des torts des 2 côtés, et des raisons des 2 côtés. Quand on apprend nos enfants à demander pardon (et c’est l’objet d’un contenu entier du module 3 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »), on leur apprend en fait à prendre la responsabilité de ce qui les concerne, sans cette notion de « perdre » contre l’autre.
  • celui qui a été déclaré coupable va soit se sentir misérable, et ça ne l’aidera certainement pas à se sentir mieux pour se comporter mieux ; soit il en voudra encore plus à l’autre, et gardera alors un ressentiment qui s’exprimera, sans nulle doute, sous la forme d’une nouvelle dispute dont on vient de semer les graines…
  • celui qui a été déclaré non coupable en ressortira avec un sentiment de supériorité qui confirmera qu’il a raison de se disputer avec son frère / sa soeur, et risque bien de remettre ça en pratique rapidement
  • on encourage un clivage qui crée ou entretient la rivalité

En éducation positive, on ne cherche pas des coupables, on cherche des solutions.

On cherche à être « juste »

D’un certain côté, chercher le coupable, c’est chercher à être juste, chercher à voir où sont les torts, ce qu’il faudrait « réparer »…

Ça part d’une bonne intention : celle de la justice.

Mais que veut dire être juste ?

Sait-on RÉELLEMENT ce qu’il s’est passé ?

Oui, on peut recevoir le récit de l’épisode. Couvre-t-il bien tout ?

A-t-on bien pris en compte que le point de départ, c’était en fait un sentiment de jalousie qui datait de la veille quand… ?

Toute cette partie cachée de l’iceberg… la voit-on ?

Comment peut-on prétendre être juste alors qu’on ne sait pas vraiment ce que chacun vit ?

Ah, et d’ailleurs : quand on intervient pour être sûr que chacun ait « la même chose », est-ce qu’on tient compte des besoins de chacun ?

Pour être juste, vaut-il mieux chercher l’égalité, ou l’équité ?

Argh… tant de questions…

En fait, je crois que ce sont les enfants qui pourront nous aider à être justes. C’est à eux de savoir ce qu’ils vivent, ce qui leur convient, ce qui fera le plus sens en fonction de où ils en sont, et de ce qu’ils sont prêts à accepter, à donner, à recevoir.

On ne peut jamais être juste si on ne les implique pas dans la rechercher de la solution !

Et donc, forcément, en prenant parti, on crée, là encore, du ressentiment.

Bon.

Alors… facile… il suffit de…

Erreur 4 – Les laisser se débrouiller seuls

Ah oui, mais non !

Je sais, cet article vous perturbe. Moi aussi, j’ai été perturbée quand j’ai appris tout ça…

Alors, d’abord, avec ces 3 premières erreurs, on prend conscience de tout ce en quoi on est maladroit quand on intervient dans les disputes.

On s’aperçoit que notre intervention fait plus de mal que de bien.

La conclusion qui s’impose, c’est donc, simplement, d’arrêter d’intervenir ! De les laisser gérer la situation.

Parce que c’est en pratiquant qu’on apprend, donc il s’agit de les laisser pratiquer, expérimenter…

Et vous trouverez effectivement de nombreux articles d’éducation positive qui vous conseilleront ça.

MAIS

mais pour que leur pratique les fasse avancer dans la bonne direction, encore faut-il qu’ils aient un modèle à suivre, non ?

Nos enfants apprennent à parler seuls parce qu’on leur parle.
Si on prononçait devant, 90% du temps, des mots tordus… eh bien ils parleraient avec des mots tordus, évidemment.

Et c’est ce qui se passe avec la gestion de conflit.

Je souhaitre TRÉS fortement que cela change. Mais aujourd’hui, la réalité, c’est que la plupart des adultes

1- ne savent pas mener une gestion de conflit respectueuse

2- ont tendance à user de leur pouvoir pour imposer leur solution

Donc, si on laisse les enfants se débrouiller seuls, ils vont faire la même chose.

cqfd.

DONC

Donc, si on veut réellement amener nos enfants à savoir faire face au conflit autrement qu’en se criant dessus.

Si on veut qu’ils sachent écouter l’autre, qu’ils sachent exprimer leur problème, qu’ils sachent trouver d’autres méthodes que l’agressivité, qu’ils sachent comment chercher des solutions qui pourraient convenir à tous… il va falloir les accompagner.

Seulement, pour ça… il faut savoir le faire. Et on n’a pas appris.

La bonne nouvelle ? On PEUT apprendre !

Et moi, maintenant, je crois vraiment que c’est notre responsabilité.

C’est grâce à cet apprentissage, et cet accompagnement qu’on se retrouve avec un enfant qui a le sentiment que nos attitudes sont aidantes, et que celles des autres adultes ne le sont pas.

Je ne cherche pas à me vanter. Je me suis donnée du mal pour apprendre à sortir du modèle reçu. Et aujourd’hui, je rêve que ce soit le cas pour BEAUCOUP beaucoup plus d’adultes. Parce que ça changerait tout pour nos enfants, et pour le monde en général, si on savait vraiment comment enseigner la paix !

Erreur 5 – Laisser passer l’opportunité

Enfin, vous l’aurez peut-être compris à la lecture de tout ce qui précède, l’erreur que nous faisons devant les disputes de nos enfants, c’est de laisser passer l’opportunité que cette dispute représente.

Oui, la dispute est une opportunité.

Nos enfants ont (comme nous d’ailleurs) une foultitude de compétences relationnelles à développer.

Le conflit sera présent dans leur vie, ça ne fait aucun doute.
Pour que le conflit ne se transforme pas en dispute (c’est à dire la version agressive du conflit, qui, lui, est normal – et même souhaitable parfois, parce qu’il nous encourage à nous remettre en cause), il faut savoir y réagir.

Si on passe d’une dispute à l’autre avec l’attitude du « pompier », en cherchant uniquement, à chaque fois, à éteindre le feu ; sans jamais prendre le temps de leur apprendre à jouer avec les allumettes, alors ils ne développeront jamais ces compétences de vie tellement précieuses !

Alors, ne faisons pas cette erreur.

Au contraire, saisissons cette dispute comme une opportunité d’enseignement, pour, comme l’écrit Morgane en finissant la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie », « ramener de l’harmonie au sein de la famille grâce à l’écoute de tous, parents comme enfants, pour trouver un nouvel équilibre dans le respect de tous. »

Vous êtes partant ?

Comme bien d’autres parents, vous êtes fatigués d’entendre vos enfants se disputer… Les disputes entre frères et soeurs sont souvent un des premiers vecteurs d’usure des parents.

Ces disputes et autres chamailleries pèsent sur l’ambiance familiale, et vous ne savez pas toujours comment réagir. 

Faut-il intervenir ? Faut-il les laisser gérer la situation ?

D’un certain côté, vous savez que ces disputes sont normales, que les conflits font partie de la vie. Vous aussi, vous vous disputiez avec vos frères et soeurs… 

Mais vous avez quand même envie d’en sortir, de voir un peu plus d’harmonie, entre eux, et dans la famille en général. 

Par ici, on parle régulièrement de l’ambiance familiale, alors, bien sûr, on a aussi travaillé sur les disputes dans la fratrie. Et je vous assure qu’on peut vraiment faire en sorte que les choses changent ! Que les disputes soient moins fréquentes, et que nos enfants sachent comment aborder les conflits posément.

Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici les enregistrements.

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Pourquoi les frères et soeurs se disputent

D’abord, j’aime bien comprendre. 

Je trouve que parfois, rien que de prendre conscience, d’avoir un éclairage autre, ça permet de bouger les choses. 

Alors voilà déjà un bon point de départ : comprendre d’où vient la dispute. 

Ça parait évident, mais on en prend rarement le temps quand on n’y est pas sensibilisé…

Alors, à la place d’essayer de comprendre, on commence en général par passer par les réactions suivantes.

“Que cette dispute disparaisse !”

D’abord, on aimerait bien qu’il n’y ait pas de dispute. Tout simplement. 

Ça a l’air idiot, mais c’est tellement ancré en nous qu’on a tendance à vouloir faire disparaitre cette dispute le plus vite possible. 

Voir nos enfants se disputer, ça heurte notre rêve d’une famille harmonieuse, notre idéal d’enfants qui s’entendent bien.

Voir nos enfants se disputer, ça va à l’encontre de nos besoins de facilité, et de fluidité…

Alors, on commence souvent par tenter de nier cette réalité dont nous ne voulons pas. 

C’est un peu comme pour les émotions…

On voudrait que notre enfant n’ait pas peur, alors on lui dit “ne t’inquiète pas”, comme si ça pouvait suffire à régler le problème…

Face aux disputes dans la fratrie, on va dire “Arrêtez de vous disputer !” , et c’est tout.

Ça revient un peu à fermer les yeux, et à croiser les doigts bien fort en disant “abracadabra” et en espérant que quand on rouvrira les yeux, la dispute aura disparu !

Quand on fait ça, on ne prend tout simplement pas en compte la réalité de ce qu’ils vivent.

“Qu’est-ce qui se passe ?”

Au bout d’un moment, on comprend que la dispute ne peut pas s’envoler si facilement. 

Donc, on passe au traditionnel “Qu’est-ce qui se passe ?”, pour essayer de comprendre, et aider à résoudre le problème. 

Oui, mais… si on en reste à ce qu’il se passe dans cette situation, on reste en fait à la couche superficielle. A ce qui se voit. Mais on ne comprend pas ce qui se joue en toile de fond.

Pensez-y… 

Ça vous est déjà arrivé d’intervenir dans une dispute, de demander ce qu’il se passait, de régler le problème, et de retrouver vos enfants en train de se disputer de nouveau pour autre chose ?

Comme s’ils ne cessaient de se chercher ?

C’est parce que vous n’avez pas touché à la VRAIE raison derrière la dispute ! 

Comprendre la vraie raison de la dispute

Soyons clair, au départ, ce n’est pas évident de changer notre approche. 

Il s’agit de faire un pas en arrière, de prendre un peu de recul. 

Mais contre toute attente, ce n’est en fait pas si compliqué. 

Pour voir vraiment ce qui se joue, il suffit d’être un peu guidé. 

La logique est en réalité simple – la voici : 

Les enfants, comme tout le monde, ont des besoins.

Et, à certains moments, il leur semble que la dispute est la seule stratégie à leur disposition pour nourrir le besoin qui domine. 

C’est aussi simple que ça.

Alors, imaginez : 

si on comprend bien ces besoins – et, bonne nouvelle, ça nous servira dans des tas d’autres situations que celles des disputes dans la fratrie ! – 

puis qu’on fait le lien entre ces besoins et les raisons derrière les disputes, 

alors il est plus simple d’arrêter de nier la réalité, et de chercher ailleurs la porte de sortie, vous ne croyez pas ?

Une fois qu’on voit clairement comment ces besoins peuvent se traduire en disputes, on a enfin d’autres pistes.

Quand on va comprendre ce qui se joue derrière la dispute, on va naturellement arrêter de nier la réalité. Parce que ça reviendrait à nier également le besoin de l’enfant, ou en tout cas de passer outre ce besoin. 

Et à la place, on va essayer de trouver d’autres stratégies pour nourrir ces besoins, pendant et en dehors de la dispute, aussi ! 

De sorte que l’ambiance générale va peu à peu s’apaiser…

Est-ce facile ?

Comme je l’écrivais au début du paragraphe précédent, ce n’est pas évident… simplement parce qu’on ne l’a pas appris.

Mais en fait, ce n’est pas très compliqué. 

Il suffit d’être un peu guidé, un peu formé. 

👉🏻 C’est ce que je propose à travers ma formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »

Ensuite, enfin, on retrouve une sorte de choix dans nos réactions. 

Au lieu de réagir de manière réflexe, parce qu’on ne sait pas trop quoi faire d’autre, parce qu’on se sent démuni, on retrouve une sorte de choix. 

On peut décider, en conscience, de ce qu’on va faire – y compris dans ces moments où l’on sait que notre réaction n’est pas idéale, mais que c’est le mieux dont on est capable à ce moment-là, nous aussi ! 

Comment faire pour que nos enfants s’entendent ?

C’est triste de voir un frère et une soeur, deux frères, ou deux soeurs, qui ne s’entendent pas…

J’entends même parfois des mots forts de la part des parents : « Mes garçons se détestent », « mes filles ne se supportent pas »…

Quand on voit nos enfants qui se provoquent, qui s’agressent, qui se tapent, qui crient l’un sur l’autre, ou tout simplement qui s’ignorent… on se sent parfois dépassé.

On en conclut vite à une mésentente insoluble.

Certains parents avec qui j’échange me disent qu’ils craignent que la relation dans la fratrie ne s’améliore jamais.

C’était par exemple le cas d’Isabelle, qui m’écrivait, en mai : « Mon fils (8ans) fait une sorte de jalousie envers ma fille (3ans) ce qui induit les disputes. 
Mon fils refuse de jouer avec sa sœur alors qu’elle réclame pour jouer avec lui et ça la rend triste. »

Lorsqu’Isabelle passe le pas et décide de s’inscrire à la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie », fin août, elle écrit :

« J’ai l’impression que mes enfants ne tissent pas vraiment de liens entre eux. 
Je vois que ma fille est fort affectée et ça me fait mal au coeur. J’ai le sentiment que mon fils aurait préféré rester un enfant unique et que ma fille rame pour que son frère veuille bien jouer avec elle. »

On imagine aisément la tristesse d’Isabelle, constatant cette indifférence de son aîné envers sa soeur…

D’où vient la complicité entre les frères et soeurs ?

J’aimerais commencer par vous dire que, selon Thomas Gordon, ce n’est pas au nombre de leurs disputes que se dessine la relation future de nos enfants, mais plutôt au nombre de bons moments partagés.

Donc, plutôt que de vous focaliser sur les tensions, voyez tous les moments où cette complicité est déjà là.

Voyez tout ce que vos enfants partagent, ce qu’ils font ensemble, ce qui les unit, et construit peu à peu cette relation de fratrie qui aura toujours des hauts et des bas !

Ce qui ne veut pas dire que l’on ne doit pas quand même agir pour qu’ils se disputent moins (et/ou mieux !).

Ensuite, si vos enfants partagent peu de moments de complicité (comme dans le cas d’Isabelle ci-dessus), il suffit souvent d’un petit ajustement dans notre manière de faire.

Plus nous chercherons à imposer ces moments, moins cela fonctionnera.

En étant dans l’écoute, dans l’observation de ce qui se trame en toile en fond, dans une réaction mesurée et adaptée aux besoins de chacun, on ouvrira l’espace pour que chacun puisse trouver sa place dans la relation à l’autre.

C’est ainsi qu’après moins d’un mois dans la formation, Isabelle me raconte l’anecdote suivante, quasi-inimaginable un mois avant :

« Je ne vais pas écrire tous les exemples ici mais j’ai pu aussi aider mes enfants à désamorcer une dispute : 
Mon fils voulait jouer au camion mais ma fille à la dinette. 
Je leur ai demandé ce qu’ils pouvaient faire pour concilier les deux jeux et pour que cela fasse plaisir à tout le monde. 
Mon fils a alors proposé de jouer au livreur, ma fille faisait la cuisine, ils mettaient les plats dans des doggy bags et venaient me les livrer à la cuisine (pendant que je préparais le souper). »

Alors, je vous parle de comment agir ?

Deux manières d’agir pour que les enfants ne se disputent pas

Quand on identifie les besoins et les raisons derrière les disputes, on peut alors agir de deux manières : 

  • de manière préventive
  • de manière réactive

Réagir de manière préventive

Parfois, un sentiment de rivalité, ou de jalousie s’est installé entre nos enfants.

Il est alors d’autant plus important de savoir comment réagir à la dispute, car, plus on se placera en arbitre, et plus on aggravera les choses !

Mais avant même de parler de comment gérer les disputes, on peut facilement faire évoluer certaines de nos habitudes pour baisser le ressentiment, les frictions, et faire en sorte que nos enfants s’entendent mieux.

C’est une bonne manière d’enclencher un cercle vertueux :

si les conflits diminuent en nombre, toute la famille, parents et enfants, gardera plus d’énergie pour faire face à ceux qui se présenteront encore. 

Or, en tant que parent, on a vraiment des leviers sur lesquels on peut agir pour baisser la rivalité dans la fratrie, pour aider les enfants à se sentir écoutés… des leviers qui sont malheureusement souvent à l’opposé de ce que l’on a tendance à faire ! 

Car la rivalité vient aussi de certaines de nos réflexions, de nos attitudes, ou même de règles que l’on pose, sans bien réfléchir à leur implication…

Tout le module 3 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » est d’ailleurs dédié à ce que j’appelle l’environnement : tout ce qui vient autour des disputes, et qui va nous permettre de réellement baisser le ressentiment, les tensions latentes qui existent souvent entre nos enfants.

Quand j’ai découvert tout cela, je me suis vraiment demandé pourquoi on ne l’avait pas appris !

Vous voyez de quoi je parle ? Toutes ces prises de conscience qui nous viennent quand on chemine vers la parentalité positive, et pour lesquelles on se dit souvent : “Mais pourquoi personne ne m’a jamais expliqué ça avant ??”

Donc, si vous voulez déjà commencer, là, tout de suite, à modifier certaines de vos habitudes pour alléger l’ambiance, 

👉🏻 Téléchargez le guide “Disputes : 6 habitudes à modifier pour les diminuer”

Réagir de manière réactive

Vient le moment de la dispute… et là, il est bon d’avoir des billes. De savoir où on veut aller, et comment on va intervenir (ou pas).

Vous allez voir, dans la suite de cet article, que la manière dont on réagit à la dispute peut vraiment transformer ce moment difficile en une occasion magique !  

Alors, sans plus attendre, je vais vous confier cette approche qui change tout…

Les disputes sont des opportunités d’apprentissage

Oui, j’ai l’intention dans cette partie de vous aider à changer de regard sur les disputes.

Vous allez voir, c’est possible. 

Et rassurez-vous : ça ne veut pas dire qu’il faut garder les disputes dans la fratrie ! Ça va juste bouleverser un peu votre manière de les gérer…

Le manque de respect entre frères et soeurs

Dans le fond, vous savez très bien qu’une vie sans conflit, ce n’est pas possible. 

Le conflit fait partie des relations sociales, et on aura toujours des occasions d’être en désaccord, ou en décalage avec l’autre. Des moments où les besoins de l’autre ne correspondent pas aux nôtres. C’est également vrai entre parents et enfants d’ailleurs, et on sait bien nous-même comme c’est parfois difficile à gérer !

Face à ces situations, ce qui nous pose problème, en réalité, ce n’est pas le désaccord, mais bien la manière d’y faire face. 

Ce que l’on voudrait – en tout cas, je me raconte que vous vous dites ça vous aussi – c’est un monde dans lequel on peut gérer le conflit sans manquer de respect à l’autre. 

Voilà bien pourquoi la manière d’aborder les disputes dans la fratrie sont liées à notre style éducatif.

Vous êtes ici sur le chemin de la parentalité positive, et cette notion de respect de l’autre est précieuse pour vous, comme pour moi. 

Le modèle de la gestion des disputes

Le problème, c’est que ce n’est malheureusement pas le modèle que l’on reçoit en général dans notre société.

Donc, si on laisse les enfants avec ce qu’ils observent autour d’eux, ils apprendront à faire face aux conflits exactement comme ils l’observent, c’est à dire sans respect.

En réglant le conflit par la force, en fait. (qu’elle soit physique ou autre)

Je sais, j’exagère un peu…

En réalité, la gestion du conflit est entrée dans le programme scolaire au primaire !

Bonne nouvelle !

Sauf que… sauf que les adultes qui entourent nos enfants ne sont pas formés à ça…

Honnêtement les choses progressent, et les ressources à ce sujet se multiplient, mais il reste qu’ils ont grandi dans un monde dans lequel on ne le leur a pas appris, alors ils font comme ils peuvent, et ils réagissent eux-mêmes aux conflits avec leur approche du plus fort, en décidant à la place des enfants comment ça doit être réglé.

Bref.

Faut-il intervenir dans ces disputes entre frères et soeurs ?

Voici une question récurrente, et oh combien importante, que je reçois de la part des parents. 

Et la réponse classique à cette question est NON. Y compris sur des sites d’éducation positive.

C’est là que ce que je vais vous dire diverge. Ça va faire toute la différence.

Car, si je suis ce que je cherche à vous enseigner, ma réponse est oui. Un grand OUI !

MAIS

en fait, je devrais plutôt répondre à la normande : ÇA DÉPEND…

C’est vrai qu’on entend souvent qu’il vaut mieux ne pas intervenir dans les disputes entre frères et soeurs, qu’il vaut mieux laisser les enfants gérer leurs conflits seuls… 

Dans la théorie, je voudrais bien pouvoir dire ça aussi. Parce que je sais que les enfants apprennent par l’exemple. Ils voient, ils reproduisent, il leur suffit de s’entrainer. 

MAIS… si on reprend l’idée du modèle précédent, on s’aperçoit que ça ne peut pas marcher. 

Justement parce que si l’on n’intervient pas, nos enfants vont simplement reproduire le modèle reçu, qui leur montre souvent comment on gère le conflit par la force. 

Donc… il va nous falloir intervenir pour leur montrer une autre manière de faire.

C’est aussi simple que ça.

Intervenir de la bonne manière !

MAIS… mais si nous ne savons pas non plus faire autrement ? Parce que nous non plus, on ne l’a pas appris ? Serons-nous alors capables d’intervenir de manière constructive ?

Parce que là, je reviens à l’idée de départ : si vous intervenez pour jouer les arbitres… il vaut effectivement mieux se retenir ! (A condition que cela ne devienne pas trop violent, évidemment)

Jouer les arbitres risque plutôt de mettre encore de l’huile sur le feu !

Donc, si c’est possible, il vaut mieux s’éloigner que de venir arbitrer un conflit qui ne vous concerne pas. 

Cependant, dans ce cas, vous êtes sûr que vos enfants n’apprendront pas à régler leurs conflits respectueusement….

Alors, bien sûr, je voudrais vous encourager au contraire, à intervenir… à condition de savoir comment

Or, la gestion du conflit, c’est comme tout, ça s’apprend !! 

Donc, je résume : 

L’idée c’est d’apprendre la gestion du conflit, puis d’intervenir dans les disputes pour montrer aux enfants comment ça marche, et les aider ainsi à développer cette compétence, avant de se retirer et de les laisser gérer !

Et, franchement, cette compétence, elle leur sera utile à vie (et à vous aussi, au passage !).

Un apprentissage pour la vie

Pensez à toutes ces compétences que l’on voudrait que nos enfants acquièrent…

Il n’y a pas si longtemps, je vous parlais de l’outil des 2 listes, pour penser à notre parentalité à long terme…

J’ai envie de vous faire ici une petite liste des compétences relationnelles que nos enfants peuvent apprendre à développer au détour de leurs disputes : 

  • savoir dire non
  • exprimer ses besoins
  • négocier
  • écouter ses émotions
  • être sensible à celles de l’autre
  • avoir de l’empathie
  • identifier ses limites
  • savoir poser sa limite sans agressivité
  • faire des choix
  • prendre des décisions
  • envisager d’autre possibilités
  • tenir compte de l’autre
  • s’affirmer
  • trouver des solutions ensemble
  • ah, et puis savoir demander pardon ! 

Et voilà comment les disputes dans la fratrie deviennent de vraies opportunités d’apprentissage !

Franchement… Ça ne vous donne pas envie de les voir se disputer maintenant ?

J’ai demandé à Claire, maman de 2 enfants de 3 et 6 ans qui suit la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” quelle était sa plus grande prise de conscience à la fin du premier module, et voici ce qu’elle m’a répondu : 

“Voir les disputes comme des opportunités d’apprentissage. Et donc non seulement pas quelque chose à éviter à tout prix (possibilité de me débarrasser de mon héritage familial dans lequel j’ai appris à me taire plutôt qu’à dire mon désaccord) mais aussi carrément une opportunité de développer un tas de compétences.”

Alors bien sûr… on peut essayer de faire disparaitre les disputes sans passer par cette case “gestion de conflit”, mais qu’est-ce qu’on leur apprendra alors ? 

A refouler leurs opinions, à s’écraser ?

Ce serait quand même dommage de passer à coté de ces opportunités, non ?

Réconcilier les enfants

Je précise quand même un point qui n’est peut-être pas clair dans mes propos…

Il n’est pas question de conclure que les disputes, c’est génial, et qu’on veut continuer à en avoir dans la maison ! 

Non, ce que je veux dire c’est qu’au fur et à mesure que nos enfants développeront toutes ces compétences, les conflits se transformeront de moins en moins en disputes. 

C’est ça, l’idée !! 

On va les accompagner à ça.

C’est un vrai cercle vertueux pour sortir des disputes et que nos enfants trouvent leurs propres moyens de se réconcilier et de faire cohabiter leurs points de vue en cas de conflit.

L’apprentissage

Vous l’avez compris, maintenant. 

Notre rôle de parent, c’est de saisir l’opportunité des disputes pour enseigner toutes ces compétences à nos enfants. 

(Du moins quand on en a l’énergie – parce qu’on fait aussi ce qu’on peut)

Donc, oui, on va intervenir. 

Intervenir pour les encourager à s’écouter soi, puis l’un l’autre. 

Pour leur montrer comment exprimer ce qu’ils ressentent.

Pour les aider à choisir comment ils vont réagir à la provocation éventuelle de l’autre. 

Pour qu’ils sachent comment poser leurs limites. 

Pour qu’ils trouvent des solutions, ensemble.

Car ils en sont capables !! 

C’est pour ça que j’ai eu envie de créer la formation « en finir avec les disputes dans la fratrie », justement pour vous montrer comment faire tout ça, facilement, étape par étape.

C’est l’objet du module 2 de la formation.

Le moment où vos enfants vont gérer seuls leurs conflits

Peu à peu, vous verrez que vous n’aurez plus besoin d’intervenir, car vos enfants sauront trouver leur propre solution sans votre aide. 

Le dernier module de la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” s’intitule d’ailleurs “Savoir s’effacer”, pour identifier ce moment où on peut, en toute confiance, laisser nos enfants gérer ! 

Alors, non seulement vous pourrez savourer le calme dans la famille, mais vous pourrez aussi être fier de ce que vous aurez pu transmettre à vos enfants : des compétences pour la vie ! 

A vous : comment réagissez-vous aux disputes entre les enfants ?

Non, nos enfants ne veulent pas toujours prêter leurs jouets.
Pour un enfant, prêter ses jouets ne relève pas toujours de l’évidence. Il faut d’abord avoir confiance en l’autre.

De notre point de vue, les poupées et les légos devraient toujours être prêtés.
Que ce soit chez nous ou chez la nounou, nous rêvons d’une maison ou d’un environnement dans lesquels les enfants seraient toujours heureux de voir les petits invités ou les frères et soeurs profiter de tous les jouets, et l’harmonie régnerait.

Dans la pratique… hum… disons que ce n’est pas toujours le cas… Comment aider les enfants à développer leur générosité ?

Pourquoi un enfant ne veut-t-il pas prêter ses jouets ?

Je sais que certains parents n’ont même pas envie de se poser la question. Ils partent de l’hypothèse que l’enfant doit prêter, et puis c’est tout.
Que c’est aussi dans ce genre de circonstance que se teste notre autorité parentale.

Cependant, si vous êtes ici, c’est que vous cherchez à prendre du recul, et à mettre de la conscience dans vos techniques et habiletés parentales.
On va donc commencer par se demander pourquoi mon enfant ne veut pas prêter.

Il peut en fait y avoir plusieurs raisons à cela, et si on prend le temps d’y réfléchir, elles sont saines, et compréhensibles !

Et, avant même que nous en arrivions à la liste (forcément non exhaustive) de ces raisons, nous pouvons déjà essayer de nous mettre à leur place.

Une amie arrive, et s’intéresse aux chaussures que j’ai rangées dans l’entrée. Elle se met alors à les essayer les unes après les autres, sans me demander, et sans les remettre en place. Serais-je ravie ? Ou aurais-je plutôt envie de lui signifier, peut-être vertement, que ce sont MES chaussures, en les lui arrachant des mains au besoin ??

Voilà qui remet déjà un peu les choses en perspective, n’est-ce pas ?

Quelques suppositions, donc :

1 – la protection du jouet

Si l’autre s’approche d’un jouet que l’enfant aime particulièrement, il est probable qu’il ait simplement envie de le protéger. D’être certain que le jouet ne sera pas abîmé. C’est une crainte courante quand on doit prêter à un jeune enfant… C’est d’ailleurs vrai pour nous aussi : nous ne prêtons pas forcément les objets que l’on juge fragile à nos enfants, même des enfants âgés !
De plus, cette raison est d’autant plus valable lorsqu’il s’agit d’un jouet neuf.
(Je me souviens quand j’étais en école d’ingénieur : je n’aimais pas prêter mes BD. Car j’en prenais soin, et je ne voulais qu’elles trainent sur le sol des piaules de mes collègues, d’où elles ne ressortiraient probablement pas en aussi bon état. Inavouable ?)

2- la disponibilité du jouet

Soit, l’enfant ne joue pas avec… pour le moment. Mais pendant combien de temps l’autre va-t-il vouloir garder le jouet ? Et si l’envie lui venait (d’autant plus facilement qu’il voit l’autre y jouer) avant que le jouet soit de nouveau disponible ? Ne vaut-il mieux pas le garder en réserve ?
On comprend sa crainte…

Il y a bien un inconvénient à partager : on perd une partie de sa liberté : s’il veut récupérer le jouet, sans l’arracher, il lui faudra alors attendre son tour.
Tous les enfants n’avancent pas au même rythme sur cette compétence ! (Quelques infos sur l’évolution générale de l’aptitude à prêter avec l’âge dans cet article chez Naitre et grandir)
On y trouve également un avantage, dans le lien avec l’autre, dans la contribution. La générosité fait du bien, encore faut-il pouvoir s’y connecter…

3- la vengeance

Il est également possible qu’il y ait un conflit sous-jacent entre les enfants. Parfois, nous ne le savons pas, mais ils se sont disputés, voire, ils ne se sont pas disputés mais l’un a été blessé par l’autre, et n’a pas su l’exprimer, l’a gardé en lui. Peut-être une simple question de rivalité, ou de jalousie.

Alors, quand vient le moment de prêter, il n’en a juste pas envie. C’est sa manière à lui de se venger. De punir l’autre. (Je noterai au passage ici, au risque de toucher là où ça fait mal, que les enfants apprennent beaucoup du modèle qu’ils reçoivent. Ainsi, s’ils sont accoutumés à être punis pour ce qu’ils font, ils apprendront à leur tour que s’ils jugent que ce que l’autre a fait est répréhensible, alors cet autre mérite d’être puni… D’où l’importance pour nous de réfléchir à notre attitude par rapport à la punition.)

Si vous sentez que vos enfants sont souvent dans ce cas de figure, ça vaut la peine de travailler en parallèle sur l’entente dans la fratrie et la place de chacun…
(vous pouvez pour cela commencer par écouter cet exemple concret sur comment réagir à une situation de rivalité)

4- le pouvoir

Ah, qu’il est grisant parfois d’avoir le pouvoir ! De savoir qu’on peut simplement décider si oui ou non, on va accorder à l’autre ce qu’il demande. Qu’on peut avoir une influence sur l’humeur de l’autre !

Cet usage-là du pouvoir est nocif (plus d’infos sur le pouvoir et son usage par ici) ? C’est de l’abus de pouvoir ? C’est bien possible.
A nous d’enseigner à notre enfant à bien utiliser son pouvoir personnel. Cet apprentissage peut prendre du temps.
Mais ce qui est sûr, c’est que plus il aura d’opportunités de l’utiliser au quotidien, plus nous le laisserons faire appel à son libre arbitre, moins il sera tenté de l’utiliser ainsi.
Est-ce que cela signifie que les parents doivent laisser l’enfant décider de tout ? Non, bien sûr.
Ce que je dis ici, c’est que nous avons tous besoin de nous sentir importants. Un besoin qui est directement en lien avec la confiance en soi.
Si les enfants, même de jeunes enfants, se sentent comme des marionnettes contraintes à obéir aux ordres, il est fort probable qu’ils cherchent à récupérer un peu de leur pouvoir par des moyens détournés…
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut faciliter les choses en évitant les luttes de pouvoir ! Oui, les parents peuvent aider les jeunes (même les ados, j’en profite pour le glisser au passage…) à faire un bon usage de leur pouvoir personnel.

5- pas de raison !

Restent enfin les cas où il n’y a pas de vraie raison, ou pas de raison objective, mais où l’on n’a pourtant pas envie de prêter. On ressent une gêne.
Est-ce que j’ai toujours envie de prêter mes affaires à mon ado qui a tendance à puiser dans mon placard ? En l’occurrence, ça me gêne peu. Mais ça pourrait ! Sans qu’il n’y ait vraiment d’explication logique…
On pourrait se forcer, mais cela risque d’aggraver notre malaise et il y a fort à parier qu’une dispute s’ensuive peu après, qui nous permettrait de justifier notre réaction première…
Notre enfant a aussi ces moments-là… Qui correspondent peut-être à des phases de développement, peut-être pas…

Voici dans ce cas une idée de jeu autour du fait de prêter qui pourrait développer chez l’enfant un plaisir et une envie autres.

Remarque : je me focalise ici sur l’enfant qui refuse de prêter ses jouets, et ce que je pense que l’on peut faire en tant que parents pour le motiver.
Si je prends une minute au passage pour parler de l’autre enfant (car dans cette situation, on est bien d’accord, il n’y a pas un mais des enfants, et nous avons un rôle parental à jouer auprès de chaque enfant…), je dirais que le mieux à faire est d’accueillir sa frustration. Oui, il se peut qu’il pleure, qu’il crie… et la parentalité, ça consiste aussi à aider les enfants à traverser leurs difficultés.
Dans un environnement Montessori, il n’y a souvent qu’un exemplaire de chaque matériel. Lorsqu’un envie désire un matériel qui est déjà pris, cela lui apprend à attendre. C’est bien aussi !

Comment réagir à ce refus de prêter ?

Notre manière d’aborder les choses peut changer la donne. Cela devra cependant être mené avec délicatesse.

1- Accepter

La première étape sera d’accepter le point de vue de l’enfant. Accepter qu’il n’ait pas envie de prêter et ne pas le faire contre son gré. Car ne pas prêter est également une manière pour lui de poser ses limites.
Il sait que ce jouet lui appartient, et qu’il peut décider. (Surtout si c’est vraiment un jouet qui lui est attaché personnellement, type son doudou…)

Lui laisser cette prérogative est une manière de valider son indépendance, son pouvoir de décision.
J’imagine que pour certains parents, cela pourrait s’apparenter à du laisser-faire, ou à de la surprotection.

Ce n’est pas ainsi que je le vois.
Pour moi, ces moments sont des opportunités d’apprentissage de la sociabilisation. Les enfants mettent des années à grandir, années que les parents peuvent mettre à profit pour enseigner ce genre de compétences !
Respecter sa manière de protéger ses jouets, c’est lui enseigner à respecter également notre instruction de ne pas prendre les ciseaux de la cuisine (que je ne retrouve jamais quand j’en ai besoin !!).

Si nous forçons l’enfant à prêter, il y a peu de chances que cela lui enseigne les bonnes raisons de le faire, et qu’il prête lorsque nous ne sommes pas à son côté… Encore une fois, nous touchons ici à la différence entre le contrôle extérieur et intérieur.

En revanche, s’il ne se sent pas jugé et remis en question, l’enfant sera plus ouvert à la phase suivante.
C’est pour moi la meilleure (et même la seule) manière d’accompagner les enfants vers une envie de prêter.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être fin psychologue pour comprendre qu’on n’enseigne pas la générosité en forçant l’enfant !

Note : il va de soi que je fais la différence entre accepter la décision, et accepter certains comportements liés à cette décision.
C’est ok de ne pas vouloir prêter, ce n’est pas ok de faire mal par exemple. Mon enfant doit apprendre à poser sa limite de manière adéquate.
(A nous, parfois, de lui montrer comment… vous savez que les enfants sont très forts pour imiter !)

2- Chercher la cause

Puisque nous acceptons la position de notre enfant, simplement, nous pouvons en parler avec lui. Essayer de creuser les raisons derrière son refus.
S’il a du mal à les formuler, on peut éventuellement l’aider, mais attention à ne pas l’enfermer dans une réponse qui risque ensuite de ne pas être complète.
Ce n’est pas à nous de lui expliquer ce qui se passe en lui !

Lorsque Léon (6 ans tout juste) a refusé de prêter son nouveau camion Mack (son cadeau d’anniversaire) à son petit frère Anatole (3 ans et demi), nous avons discuté sans reproche.
Le cas était très simple : il avait peur que son frère ne le lui abime. Il n’a pas forcément tort ! Anatole est encore un petit garçon qui n’aura pas les mêmes gestes que Léon pour ouvrir et fermer le camion au moment d’y ranger les voitures…

3- Chercher des solutions avec l’enfant

Une fois la raison, ou l’une d’elles en tout cas, éclaircie, on peut chercher des solutions.

Dans mon cas, je savais qu’Anatole n’abimerait pas le camion, je l’avais déjà vu jouer avec.
Mais je n’ai pas répondu cela à Léon, quelle chance aurais-je eue de le convaincre simplement en le lui disant ?
A la place, je lui ai demandé si cela lui serait plus facile si je m’engageais à surveiller Anatole pendant qu’il jouait avec le camion. Et en effet, cette solution convenait à Léon.

Nous nous sommes donc mis d’accord, et Anatole a joué près de moi.
J’ai même fait exprès de lui demander : « Tu fais bien attention au camion de Léon, Anatole ? », alors que Léon était à côté, afin que chacun ait bien confiance en cette « surveillance ».

Si j’avais noté que les gestes d’Anatole manquaient de douceur, j’aurais probablement pris le temps, avec Léon, de lui montrer comment faire. Là encore, l’implication de Léon l’aurait rendu plus réceptif à la démarche.
La vie de famille est un vrai laboratoire pour développer les compétences relationnelles !!
Et au passage, pour nous, de développer nos compétences parentales…

Dans les jours qui ont suivi, ils ont beaucoup joué ensemble avec ce camion, et, quand ce n’était pas le cas, et que Léon était occupé à autre chose, Anatole m’a régulièrement demandé de venir le surveiller parce qu’il voulait jouer avec « le Mack de Léon ».

Si Léon n’avait pas été d’accord avec cette solution, qu’aurais-je fait ?
Je lui aurais demandé s’il avait une autre idée !

Et si nous n’avions pas trouvé d’idée, je ne l’aurais pas forcé. Ce refus de prêter aurait été une opportunité :

  • opportunité pour Anatole, dont je me serais attachée à recevoir l’émotion, de vivre le refus, et d’apprendre à y faire face, à traverser ce sentiment désagréable.
  • opportunité pour Léon de développer son empathie. Car il serait alors témoin de la tristesse de son frère. Cela l’encouragerait peut-être à trouver une solution la fois suivante. (Il arrive d’ailleurs que cette phase-là soit celle pendant laquelle la solution nait !).

4- Jusqu’à ce qu’un jour…

Et puis, inévitablement, vient le jour où ces méthodes positives portent leurs fruits.
Oui, les enfants peuvent évoluer, à condition qu’on leur en laisse le temps !!

Chez nous, cela a eu lieu il y a 2 semaines, c’est à dire un mois et demi après l’arrivée de ce fameux camion Mack à la maison. Nous étions tous ensemble dans le salon, quand Anatole me demande de le surveiller pour jouer.

Je n’ai pas le temps de répondre, que Léon intervient :
« Anatole, en fait maintenant tu as bien compris et tu fais bien attention. Tu n’as plus besoin d’être surveillé. »

Ça y est, mon fils veut bien prêter !

Il y a des jours avec et des jours sans… Les jours où l’on est le parent que l’on a envie d’être, et les jours où l’on se transforme en maman qui craque…

Je crois vraiment que l’on progresse en se construisant sur nos succès, et en s’inspirant des succès des autres également. C’est pourquoi je lis tant, et pourquoi je partage tant avec vous.

Il y a peu, je vous racontais comment j’avais réussi à garder la tête froide devant la colère de mon fils.

Mon histoire aujourd’hui est contraire : il n’a pas gardé la tête froide devant ma colère !
Laissez-moi vous raconter…

En ce moment, notre rythme est en phase avec celui du générateur, puisque, depuis le passage de l’ouragan María, c’est lui qui nous donne l’électricité et l’eau (qui ne monte pas dans l’appartement si la pompe ne peut fonctionner).

Ainsi, tous les soirs, à 18h, c’est la course : c’est à la fois l’heure de la douche et de la préparation du repas, puisque j’essaye de faire dîner les petits avant 19h.

Hier, je m’y suis prise tôt, à 17h30, je prévenais déjà Léon et Anatole (6 et 3 ans) que la douche interviendrait une demi-heure plus tard, et qu’il faudrait que le salon soit rangé avant, ce qui ne semblait pas difficile, puisqu’il y avait peu de choses qui trainaient… en théorie, ils étaient bien d’accord. En attendant, ils continuaient à jouer.

A 18h, alors que je pouvais lancer ma cuisson, ils jouaient toujours. Je les avertis que je serai prête pour la douche 10 minutes plus tard. Mais 15 minutes plus tard, rien n’a changé, et je suis usée…. Fatiguée de me battre, je me sens impuissante.

Je décide d’y être indifférente, de ne plus me battre, et annonce simplement que je vais me doucher, et qu’ils pourront se doucher seuls lorsqu’ils auront rangé le salon.

Seulement, mon indifférence ne tient pas devant leurs cris :
« Je voulais me doucher avec toooooooi !!!
– Alors pourquoi n’as-tu pas rangé ? Ca fait presqu’une heure que je vous le dis ! Je suis venue le répéter, une fois, deux fois, trois fois, et vous n’avez rien fait !! (oui, je sais, tout ce qu’il ne faut pas dire !! Je ne me sens pas très fière…) »
La conversation tourne en boucle, et mes velléités de rester calme s’estompent peu à peu…

Oui, je deviens la maman qui craque.

Je finis par comprendre que je fais plus de mal que de bien en restant, et je pars enfin prendre ma douche, seule, les laissant pleurer seuls dans le salon.

Lorsqu’ils me rejoignent, ma douche est terminée, personne n’est encore calmé, et je me réfugie dans ma chambre.

Je suis là, en serviette, en train de pleurer, repensant à la manière dont j’ai (mal) géré la situation, m’interrogeant sur ce qu’il aurait fallu faire, triste de ne pas avoir pu partager ce moment avec eux, ne sachant pas non plus comment j’allais faire pour que mon plus petit soit lavé (Léon peut le faire seul, mais va-t-il prendre l’initiative d’aider son frère ?)…

C’est alors qu’Oscar (15 ans) entre, pour me demander je ne sais quoi.
Il me voit abattue et me dit :

« Tu sais maman, t’es une super maman. C’est pour ça que tu te sens mal comme ça.
Il y a beaucoup de familles dans lesquelles des scènes comme ça, il y en a tout le temps, et c’est justement parce que ça arrive peu chez nous que tu te sens si mal. Et si ça arrive peu, c’est grâce à toi. »

Merci, mon grand !!

De l’autre côté de la porte, j’entends mon Alice (10 ans) qui amène Anatole à la douche. Elle aussi a compris que je n’étais plus capable, et que j’avais besoin de soutien à ce moment-là.

Merci ma grande !

Bon sang, ce n’est pas facile tous les jours, mais nous restons une famille unie, et c’est ça qui compte !!

Un peu plus tard, une fois calmée, je me suis assise avec mes deux plus jeunes, et nous avons essayé de chercher comment nous pourrions éviter qu’une telle scène se répète. Nous n’avons pas trouvé, mais j’ai confiance, cela viendra.