https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2025/05/rando-solo-scaled.jpg?fit=2048%2C1536&ssl=115362048Nicolehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngNicole2025-05-09 12:32:222025-05-13 15:12:55Rando solo
Depuis que j’ai emprunté le chemin de l’éducation positive, j’ai senti que le rythme était une question qui revenait régulièrement. Une de mes phrases-clé d’ailleurs (que les parents qui suivent ma formation Point de Rencontre + connaissent bien), c’est : « La parentalité positive est une question de rythme. »
Pendant ces vacances, nous avons choisi de ralentir. Cela nous arrive parfois. Et j’ai envie de le partager avec vous. D’abord pour vous en expliquer les raisons, ensuite pour vous montrer à quoi ça peut ressembler.
NOTE : cet article sera complété au fur et à mesure de nos vacances – mais seulement quand j’en aurai le temps ! (Vous l’aurez compris, je ne m’impose rien…)
Ralentir, un choix à contre-courant
Anecdote : une incompréhension classique sur le fait de ne pas avoir le temps
Hier soir, je donnais une conférence en ligne sur le thème « Encourager la coopération ». L’une des participantes m’a demandé comment prendre le temps d’accueillir les émotions des enfants lorsqu’on n’en avait pas le temps.
Alors… d’abord il n’est pas forcément nécessaire d’avoir le temps pour accueillir… il s’agit d’abord de changer les mots qu’on emploie. Remplacer par exemple le « C’est pas grave ! » en « Ah oui, je comprends que tu n’aies pas aimé. »
Mais, c’est vrai, souvent la parentalité positive impose un autre rapport au temps. On en parlait déjà dans l’article « Question de ryhtme : ralentir ? » qui évoquait les concepts de slow life, ou de slow parenting.
S’en est donc suivi un échange autour du rythme. Pas le temps. Ralentir. C’est vrai que c’est dur dans notre société actuelle, qui pousse à un rythme effreiné, je l’admets bien volontiers !
Cette participante me dit qu’il n’est pas possible pour elle de ralentir. Pas possible. Elle rentre du travail à 20h, et à ce moment-là, il faut juste que les enfants aillent au lit. C’est comme ça. Sauf que… elle explique ensuite qu’elle ne travaille pas le mercredi, et qu’elle passe sa journée à les amener à gauche et à droite pour leurs activités…
Un choix délibéré
Et c’est là qu’on comprend qu’il y a aussi une question de choix.
Ces parents ont effectivement fait le choix de « remplir » le mercredi d’activités. Avec toutes les meilleures intentions du monde. mais au détriment d’un ralentissement.
Je ne dis pas que c’est le mauvais choix, c’est peut-être celui qui leur convient, mais c’est un choix délibéré.
De notre côté, nos enfants n’avaient pas d’activité du tout quand ils étaient petits. Du tout. Et bien sûr, sur un certain point, c’est dommage. Ils n’ont pas appris à jouer au tennis, ou je ne sais quoi qu’ils auraient pu faire.
Mais… ils ont eu le temps de s’ennuyer, de créer, de jouer ensemble.
On ne peut pas tout avoir, et on choisit.
Est-ce que les enfants de cette participante tirent plus de bénéfices de leurs activités que ceux qu’ils tireraient d’une maman plus reposée et présente avec eux le mercredi ? Je n’ai pas la réponse. Mais je sais que « ce n’est pas possible de ralentir » n’est vrai que dans les contraintes que l’on se met.
Le lien avec les vacances
Un moment où on a souvent le choix en tout cas de ralentir ou pas, c’est le moment des vacances.
Nous, on aime bien découvrir de nouveaux endroits, et on n’a pas peur de faire de l’itinérance… on a parcouru énormément de kilomètres avec nos enfants, et ça ne nous fait pas peur.
Mais parfois, il est bon de privilégier autre chose. Le fait de prendre le temps. De laisser de la respiration. De ne pas seulement faire et faire, mais aussi être. Ensemble.
Ça me parait d’autant plus important que pendant les vacances, justement, nous sommes ensemble. Ce qui veut dire que ça permet de partager, mais ça crée également des tensions!
C’est ce que me racontait Laure, et qui l’a poussée à s’inscrire à « En finir avec les disputes dans la fratrie » « Mes enfants se disputaient beaucoup, et c’est souvent pendant les vacances que ça se cristallise parce qu’ils sont ensemble… et c’est dommage parce qu’on a envie de passer des belles vacances ! »
Donc, ce moment de respiration, il fait du bien à tout le monde, individuellement et collectivement !
Sortir du quotidien pour se reconnecter
La première tentation qu’on pourrait avoir, quand on décide de ralentir le rythme, c’est tout simplement d’éviter de partir en vacances ! Et c’est effectivement le choix qu’on fait parfois. On part un peu moins, on s’autorise des moments maison, on rentre un peu plus tôt.
Les préférences des enfants
Il faut dire que nos deux plus jeunes adorent rester à la maison.
Ça leur donne le temps de ressortir les activités qui ne sortent pas toujours, de trainer avec leurs BDs, de jouer dans leur chambre… bref, ils savourent l’absence de rythme et d’obligation !
Donc, ça nous encourage à respecter parfois cette envie.
L’importance du changement d’environnement
Mais on sait aussi que changer d’environnement permet de vivre autre chose !
Donc, si on part, c’est évidemment parce qu’on aime voir d’autres paysages, mais aussi parce que c’est ce qui crée de l’espace pour plus de connexion.
Je suppose que je ne suis pas la seule à vivre ça ! En restant à la maison, on reste dans nos routines et dans nos charges mentales… dans le rangement, les lessives, etc…
Quand on part, tout d’un coup, on est plus libre.
Le cadre inhabituel crée de l’espace et nous permet de partager d’autres expériences.
Les activités choisies
Quand on décide, comme c’est le cas cette fois, de faire des vacances « posées », on fait particulièrement attention au rythme.
On va alterner les journées avec activité (randonnée en particulier… parce que notre destination est juste magnifique !), et les moments de détente, autour d’un puzzle, d’un jeu de société ou d’un livre...
C’est seulement pendant ce type de vacances qu’on choisit une destination, pour y rester le plus de nuits possible. (Comme notre destination est un peu loin, il nous faudra 2 nuits à l’aller, et 1 au retour quand même…).
Ça permet aussi moins de logistique de bagages, de courses, et de se sentir un peu plus vite « comme à la maison » !
Et sur le trajet…
Et dès le trajet (bon ça, en vrai, c’est aussi le cas dans les vacances itinérantes), on commence les activités de connexion, puisqu’on en profite pour lire un livre ensemble !
On a commencé à lire la série « Alma » de Timothée de Fombelle l’été dernier, et on n’a toujours pas fini, parce qu’on le lit avec Alice qui est entre-temps partie à l’université… on en est à la fin du tome 2.
Les tomes 2 et 3 partent donc avec nous, et je me réjouis de les reprendre !
C’est un rituel familial auquel on tient tous depuis des années…
Carnet de bord de nos vacances en Écosse
Nous sommes déjà allés en Ecosse à la Toussaint 2023. Cette fois, notre objectif est clair : on voulait voir l’île de Skye ! On a donc réservé une maison dans un coin isolé de l’île… on va être bien, mais c’est un peu loin, il faut donc compter le trajet dans les vacances…
Mardi 8 avril : route Londres-Lancaster – départ vers 15h30
Un horaire de départ un peu surprenant, mais dû à nos contraintes externes : Nicolas était en réunion à Paris la veille et le matin, et revenait par le train en début d’après-midi.
De mon côté, je travaillais encore mardi matin, avec même une séance d’accompagnement en ligne des parents de Point de Rencontre + pendant la pause déjeuner.
Malgré ça, on a eu une organisation au top !!
Pour commencer, le matin, avant que je me mette à mon bureau, on a réparti les tâches entre Alice, Léon, Anatole et moi. (Pour rappel, au moment où j’écris ces mots, ils sont respectivement 18, 13 et 11 ans).
Entre autres choses, Alice a préparé le déjeuner, et Anatole s’est porté volontaire pour faire des quiches pour le soir, car on savait qu’on n’arriverait pas tôt.
Tout le monde a été super efficace, j’ai été bluffée ! Tellement qu’on avait déjà chargé la voiture à 15h, quand Nico est arrivé.
Le temps qu’il se change, et prenne un café, on est parti vers 15h30, pour 4h de route environ + un arrêt pour charger la voiture (électrique), jusqu’à Lancaster.
Et dans la voiture, on a pu reprendre la lecture d’Alma !
Arrivée vers 20h30 – avec une bonne répartition des rôles. On voit que nos enfants sont rôdés maintenant, et c’est bien agréable.
Pendant qu’Anatole et moi préparions les lits, Nico est allé brancher la voiture et Alice et Léon préparaient la table.
C’était assez marrant de découvrir les quiches qu’Anatole avait conçu avec tout ce qui restait dans le frigo : c’est la première fois que je goûtais des bouts de radis dans une quiche !!
Mercredi 9 avril : route Lancaster-Invergarry – tout en prenant le temps
Ce mercredi est une journée complète de route… mais on trouve le temps pour des pauses.
D’abord, on commence par sortir petit-déjeuner en ville, ce qui nous permet d’avoir un aperçu de Lancaster.
Ensuite, de la route bien sûr, tout en équilibre entre moments lecture tous ensemble, et moment chacun dans son coin pendant lesquels les enfants, principalement, écoutent de la musique.
Ce qui rythme nos arrêts, c’est la charge électrique de la voiture.
Alors, on essaye de calculer et de bien viser. Là, on fait une pause à Glasgow (ça y est, on est en Ecosse !), et on en profite pour
1- déjeuner au restaurant (et rire de l’accent devant lequel on est un peu perdu…)
2- acheter un jeu de société (Anatole n’a pris que de « petits » jeux, et on aime aussi les jeux plus ambitieux, c’est l’occasion d’enrichir notre collection).
Rien de spécial dans notre après-midi, mais nous arrivons le soir dans un genre d’auberge de jeunesse un peu isolée, où l’on dort, après un dîner très basique, dans une chambre familiale.
Episode du choix du lit
Je ne vais pas vous faire croire que tout se passe toujours sans conflit… Bien sûr qu’il y a parfois des tensions !
Ce soir-là, débat autour du choix du lit. Chacun des enfants voudrait prendre le lit qui est au dessus du nôtre, nul doute parce qu’il est un peu original (un lit simple au dessus d’un lit double, avec une échelle/escalier)
Alice, évidemment, se retire très vite de la discussion : à 18 ans, on sait qu’on peut mettre son énergie ailleurs…
Mais Léon et Anatole tournent un peu en boucle dans leurs arguments, et n’arrivent pas à trancher.
J’aime éviter d’intervenir dans ces situations, pour qu’ils trouvent leur propre solution. Mais là, c’est vraiment bloqué. Nico et moi prenons donc une décision : c’est Anatole qui sera au dessus de nous.
Je leur dis quand même que je me sens un peu déçue qu’aucun des deux ne décide que le choix du lit ne vaut pas cette tension… Cela fait probablement réfléchir Anatole qui, pendant que Léon prend sa douche, me dit : « Finalement, je regrette de m’être battu pour ce lit. C’est vrai que ce n’est pas si important ! Je vais le lui laisser. » Quelle n’est pas la surprise de Léon de trouver son frère dans l’autre lit quand il sort de la salle de bain !
Ouf.
Jeudi 10 avril : on arrive sur l’île de Skye !
Le matin
Notre lieu pour la nuit n’est qu’à 2h30 de notre destination, mais nous avons bien l’intention de prendre notre temps pour l’atteindre. Tout d’abord, petit déjeuner tranquille. (et simple)
Puis, tout en entamant le tome 3 d’Alma, on avance donc entre les lochs vers le pont de l’île de Skye.
Premier arrêt impromptu au bord de la route, pour voir la végétation qui se reflète dans l’eau.
Bon sang, c’est tellement beau que je sens comme une montée d’émotion interne ! Ça me fait rarement ça, je vous assure, mais là, clairement, je nourris des besoins de beauté et de grandeur, dont je n’étais même pas vraiment consciente !
On reste un peu au bord de l’eau, et c’est tout bête, mais c’est le vrai début de notre escapade écossaise pour tout le monde. Comme le lancement officiel des vacances !
C’est d’ailleurs au bord de ce loch qu’on prend notre première photo de famille, qui vient en tête de cet article.
On fera un autre arrêt rapide sur le parking d’un château populaire, mais on n’y restera pas. Ça n’a pas, pour nous, la magie de ce loch où nous étions seuls…
On fera un autre arrêt rapide sur le parking d’un château populaire, mais on n’y restera pas. Ça n’a pas, pour nous, la magie de ce loch où nous étions seuls…
On fera un autre arrêt rapide sur le parking d’un château populaire, mais on n’y restera pas. Ça n’a pas, pour nous, la magie de ce loch où nous étions seuls…
Enfin, avant d’aller vers sur Skye, on fait un détour par un village côtier très joli, dans lequel la marée basse nous permet de pique-niquer sur une petite île de la baie.
Quelle chance au niveau temps !! Du vent, certes, mais un soleil magnifique !
Enfin, avant de rejoindre Skye, un détour vers un village côtier, où nous pique-niquons au soleil. Quelle chance au niveau temps !!
Épisode de la place dans la voiture
Dans notre voiture, pendant longtemps, Léon était au milieu (Alice plus grande, et Anatole avait un réhausseur). Maintenant qu’on a enlevé le réhausseur, Anatole a hérité de cette place.
Et parfois, les limites entre les places posent des problèmes : « Tu es trop de mon côté. » « Arrête de te pencher. » etc..
L’un des griefs de Léon, c’est : « Tes jambes doivent rester au milieu. » (mais bien sûr… beaucoup moins de place à cet endroit pour que ce soit vraiment le cas).
Parfois, ça crée des tensions, surtout quand ça fait plusieurs heures qu’on roule.
Et parfois…. c’est magique. C’est l’un de ces derniers moments que je voulais raconter, pour montrer que ça peut arriver et booster ma propre confiance dans le fait qu’on a le droit d’espérer un fonctionnement ultra respectueux et pacifiste.
Léon : « Anatole, comme je n’aime pas que nos jambes soient collées, je viens de décaler les miennes. Je t’en informe pour que tu puisses voir où elles sont et qu’elles restent bien en place. »
Une demi-heure plus tard : « Anatole, je ne peux m’empêcher de constater que nos jambes se touchent, je ne sais pas si c’est toi ou si c’est moi qui ai changé ma position. »
Léon n’est pas forcément complètement calme intérieurement quand il dit ça (on en a parlé plus tard, le soir), mais il sait qu’on parvient mieux à ses fins quand on communique de manière posée et respectueuse.
Et en effet, plutôt qu’une réponse de l’ordre de « Je peux pas faire autrement, j’ai pas de place ! » de plus ou moins bonne foi, il reçoit un « Ah oui, pardon, je les redécale. »
Quel bonheur d’entendre cet échange !
L’après-midi
Ça y est ! Cette fois, en début d’après-midi, nous sommes vraiment sur l’île de Skye. (on remarque au passage que s’exposer à des langues étrangères peut aider à l’orthographe dans notre propre langue . En anglais, si on ne l’entend pas, on voit le « s » de « isle » dont l’existence pointe son nez dans l’accent circonflexe de « île »…)
On passe d’abord par la partie sud-ouest de l’île pour une visite de distillerie (sans Anatole qui n’a pas l’âge…). Enfin, on remonte vers le nord et le cottage qu’on a réservé.
Une bien belle journée !
Vendredi 11 avril : Rando le matin – Relax l’après-midi
Il fait un soleil magnifique sur l’ïle de Skye… ce qui n’est pas toujours le cas !! On va donc en profiter pour faire 2 jours de rando.
Nico et moi, on aime les randonnées. Les enfants sont donc habitués, mais pas toujours fans. Ils nous ont donc fait la demande l’été dernier que nos randos ne fassent pas plus de 10km.
Ce vendredi, c’est une demande à laquelle on peut facilement accéder, car Nicolas a malheureusement une réunion de boulot dans l’aprèm. C’est une manière concrète de limiter le timing.
Je trouve une balade qui ne nécessite même pas de prendre la voiture : nous partons de notre logement vers 9h30 pour aller vers le phare de Neist, à l’extrême ouest de l’île.
C’est une balade relativement facile, 10 km pile, et pas trop de dénivelé, donc moins de 3h. Et le paysage est vraiment beau !
Arrivés sur la presqu’île du phare (bonne descente pour l’atteindre, donc une bonne montée au retour !), les garçons jouent dans les rochers un moment, puis nous repartons.
Avant de rentrer (à presque 200m de la maison), on se pose pour le pique-nique et ça donne lieu à un moment assez drôle, quand Alice nous dit qu’en fait… elle n’aime pas les pique-nique ! (en tout cas pas les sandwichs) Et voilà que chacun dit que lui non plus !!
On décide d’essayer une autre formule la prochaine fois.
Retour à la maison à temps pour la réunion de Nico, et un bon moment détente pour les autres.
Je fais du puzzle (un cadeau d’Alice qui l’a trouvé en dépôt-vente et l’a apporté exprès en surprise), Alice lit, les garçons jouent à Dongeons et Dragons.
Puis Anatole et moi préparons de la pâte à crêpes (ça faisait longtemps que je n’avais pas fait ça…), et on se retrouve tous en fin d’aprèm pour un chouette goûter !
Samedi 12 avril : Rando en 2 temps (… ou 2 balades ?)
Normalement, dans des vacances qu’on veut « posées », on ne fait de vraie excursion qu’un jour sur deux. Mais là, 2 arguments nous poussent à prévoir une grande journée à l’extérieur :
1- la veille, on est rentré en tout début d’aprèm, on a donc eu toute une après-midi tranquille
2- il fait un soleil radieux, et en Ecosse, il faut savoir en profiter !!
Donc : journée rando.
Le plan de la journée
Suite à l’échange de vendredi sur le pique-nique, j’organise une autre version de notre journée : au lieu d’une grande randonnée, j’en prévois deux plus petites.
Le plan est donc : on part relativement vite le matin, on roule jusqu’au point de départ de la belle rando que j’ai prévu (mais pas trop longue), on se pose ensuite dans un restau, puis on fait une dernière balade jusqu’à une plage, avant de rentrer.
Soleil radieuxLa montée nous donne chaudLes enfants courent dans la descenteAlice taquine son père qui a peur quand les enfants s’approchent du bord de la falaise…La plage de Staffin
La plage est un peu une blague : on devrait pouvoir y observer des traces fossilisées de dinosaures… mais on n’y a trouvé que des gens qui cherchaient lesdites traces !!
Le plan de la soirée
Pour la soirée, on se prévoit une sortie spéciale entre grands !
Un peu en avance sur l’anniversaire de Nicolas (le 28), j’ai réservé un super restau de la mer près de là où nous logeons, pour Alice, lui et moi. (Menu trop cher pour emmener Léon et Anatole qui sont encore un peu difficiles sur la nourriture…)
Avant ça, on réfléchit à la soirée des garçons. Le samedi soir, quand on est à la maison, c’est généralement pizza maison. Ils demandent donc des pizzas… qu’on achète surgelées. Pour moi, c’est aussi une démarche de lâcher-prise pendant les vacances.
En tout cas, ils passent une super soirée, et nous aussi (on s’est régalé…) !
Dimanche 13 avril : Petite sortie plage/pique-nique… et dessert au café
Au départ, on pensait qu’il pleuvrait ce dimanche, et… les pronostics se sont éclairés, au moins pour le matin !
Donc : on a prévu une autre sortie, pour découvrir l’une des jolies pages de l’île.
Comme on a pris notre temps le matin, on ne coupe pas au pique-nique… MAIS on a prévu cette fois un pique-nique différent : au lieu du pain à garnir, ce sont des tupperwares de salade de pâtes au pesto (individualisés en fonction de qui aime les poivrons / les courgettes / les cornichons…) que nous prenons à l’abri du vent.
Puis… sauve qui peut !! Les nuages arrivent d’un coup, et on sent qu’on risque de se faire saucer !!!
On repart vite vers la voiture… en riant d’avance de cette anecdote… mais heureusement ce ne sera qu’une averse.
C’est donc peu mouillés finalement que nous rejoignons la voiture, mais on profite quand même de l’anecdote pour s’arrêter au 1er village dans un café pour un dessert thé/gâteau.
Retour à la maison vers 15h, ça nous donne encore un beau moment de détente.
L’occasion d’essayer un nouveau jeu de société : Canterbury. (Pendant qu’Alice essaye de réviser pour ses exams…)
Lundi 14 avril : RIEN !
Cette fois, ça y est : c’est une vraie journée pluvieuse.
L’occasion de dormir un peu plus, et de trainer.
Comme j’aime inclure les infos dans la logistique, je vais les chercher avant le petit déjeuner, et les mets en charge.
Ils nous préparent donc des oeufs, champignons, oignons, saumon fumé, bagels… trop chouette !
Puis, chacun son activité : Nico bouquine, je finis le puzzle que m’avait déniché Alice (et on le laissera sur place), et elle m’aide un peu, entre 2 révisions. Léon et Anatole passent des heures à jouer à « dongeons et dragons » – on peut dire que ces vacances ont bien participé à leur complicité !
Dans l’après-midi quand même, profitant d’une éclaircie, Nicolas, Alice et moi sortons faire une balade le long de la baie (avec des pantalons k-way au cas où…).
Au retour… encore un goûter crêpes !! Autant dire qu’on se fait plaisir !
Mardi 15 avril et mercredi 16 avril : Route du retour
Mardi 15 – 1ère journée de retour
Et voilà… notre séjour touche à sa fin.
On peut dire qu’on aura eu de la chance, et qu’on aura bien profité et du temps, et du repos.
Il nous reste quand même une demande non satisfaite : Anatole voulait aller dans un restaurant de la mer pour manger des moules…
On a donc calculé la route pour s’arrêter charger la voiture à Fort Williams, pendant que nous faisons un super déjeuner poissons/fruits de mer !
Une sacrée pause, mais qui en valait la peine…
On est parti avec de nouvelles quiches pour faire face à toute éventualité, et hésitons pour le dîner… mais on finit dans un restau indien, décidant de garder la quiche pour le lendemain, afin d’arriver plus tôt chez nous.
C’est une chouette manière de terminer ces vacances familiales, et on discute pendant le dîner de ce qu’on a aimés. Un jeu qu’on aime bien faire dans ces cas-là : « les mots des vacances » !
Le soir, nous dormons dans un hôtel avec des chambres qui communiquent, alors Alice vient près de moi pour me lire un bout de « Pride and prejudice » qu’elle m’a donné à lire après l’avoir fini – beau moment de complicité.
Mardi 16 – 2ème journée de retour
Petit déjeuner buffet simple… puis on part.
Le point fort de cette dernière journée sera la lecture d’Alma ! (mais le tome 3 n’est malheureusement pas terminé, même si bien avancé)
Pour le reste, ce sera moyen : arrêt en station avec notre quiche, embouteillages… mais rien de bien grave : arrivée chez nous avant 17h, ce qui permet de pas mal ranger avant de se poser pour la soirée !
J’apprécie de voir combien nous avons progressé dans la logistique de groupe.
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2025/04/ecosse-famille-loch.jpg?fit=640%2C480&ssl=1480640Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2025-04-04 16:17:152025-05-13 15:13:04Et si les vacances étaient (vraiment) faites pour ralentir ?
Ça vous arrive de sentir que la journée commence mal et de ne pas savoir comment inverser la tendance pour que l’ambiance s’améliore ?
On a eu un cas concret dimanche dernier, suite à un réveil non sollicité… On avait l’impression de patauger dans une morosité dont il semblait impossible de s’extraire. Comment, dans ces moments-là, faire basculer l’ambiance pour retrouver un peu de joie en famille ? Ça a été notre défi, et on a mis un peu de temps à y arriver !
J’ai donc envie de poser ça ici, en espérant que ça puisse vous aider vous aussi à voir comment retrouver la bonne humeur quand la journée commence mal.
Et ce qui me pousse encore à prendre le temps de le faire, c’est que ça colle parfaitement avec le thème du mois de la « farandole des blogs« , créé et organisé ce mois-ci par Gaëlle, de oeuf-poule-poussin. (Si le sujet vous intéresse, allez au moins lire son article sur l’anatomie de la poule et de l’oeuf… de quoi apprendre pas mal en famille !)
Un dimanche qui commence mal
Que s’est-il donc passé dimanche dernier pour que notre journée commence mal ?
Vous vous en doutez : on a été réveillé par les enfants ! C’est banal, c’est normal, mais c’est pesant. Pour deux raisons. D’une part, parce que la fatigue est réellement l’ennemi du parent positif, d’autre part, et c’est ça le plus insupportable pour moi, parce que nos enfants savent bien, depuis des années, que le respect du sommeil des autres est super important pour nous !!
C’est un thème sur lequel on travaille depuis qu’ils sont petits, et plutôt avec succès, en vrai !
Je me souviens d’une époque où ils avaient bien appris à sortir de leur chambre pour aller dans le salon, et se référer à la liste des jeux compatibles avec le matin.
Aujourd’hui, il n’y a plus ces listes en place, parce qu’on s’attend à ce qu’ils aient l’âge d’y penser seuls (11 et 13 ans quand même…).
Et, si on est honnête, ils savent effectivement descendre doucement et fermer la porte du salon. MAIS – et c’est là que ça me rend folle – ils n’ont pas vraiment intégré le fait d’adapter les gestes hors de la routine à ce qu’il se passe dans la maison.
Dimanche dernier, donc, Anatole est à la douche, et Léon va lui parler… Ils sont de bonne humeur, et rient… sauf qu’il est 8h10, et que la salle de bain est proche de notre chambre : je me réveille.
Une mauvaise humeur qui s’installe
Le problème va bien sûr plus loin que ça.
Parce qu’en vrai, je pourrais être réveillée à 8h10 (qui n’est pas du tout une heure choquante pour moi, même le week-end), et réagir positivement, me réjouissant de la perspective d’un dimanche cocooning.
Sauf que je ressasse…
1e erreur : ressasser
Ben oui, ça tourne en boucle dans ma tête : « C’est pas possible qu’ils fassent pas gaffe à notre sommeil, comme ça ! » En fait.. c’est possible : la preuve !
« Mais ça fait des années qu’on en parle, quand est-ce que ça va vraiment changer ?? » « J’en peux plus de répéter ! »
En fait, plus je tourne avec ces pensées, et plus ma mauvaise humeur se confirme. Je me sens à la fois énervée et démunie.
2e erreur : mettre sous le tapis
Bon. Pas la peine de rester là-dessus, on va essayer de changer les choses. Nico et moi avions prévu d’aller courir, ça va nous faire un moment ensemble, et nous changer les idées. C’est parti !
Sauf que… surprise : faire semblant de rien et changer de sujet tout en me lançant dans une activité qui ne me plait pas (soyons honnête, courir… bref.), ça ne change pas vraiment mon humeur.
Je laisse Nico parler, et ma fatigue ne m’encourage pas à être bien à l’écoute. Au bout d’un moment, c’est entre nous que les tensions apparaissent… et je renonce à la fin de la course.
3e erreur : déplacer sa mauvaise humeur
Lorsque nous nous retrouvons, un peu plus tard, autour du petit déjeuner, ça ne va pas beaucoup mieux.
Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, et l’usure que Nicolas exprime se transforme en débat sur l’éducation. Et voilà comment notre mauvaise humeur se transporte dans notre couple, n’arrangeant évidemment pas les choses, ni pour l’ambiance, ni pour la manière d’aborder la question. La tentation est en effet facile de conclure qu’on se dispute à cause des enfants, que tout est de leur faute.
4e erreur : s’enfoncer
Une erreur proche de la première, mais qui va plus loin : avec tout ça, j’ajoute de nouvelles raisons pour encourager ma mauvaise humeur. Je me raccroche à tout ce qui me justifier que j’ai raison de me sentir comme ça, sans chercher à changer quoi que ce soit.
Dans ma tête, j’entends un résumé de la situation : « C’est vraiment un dimanche pourri ! »
Déclic : il faut faire quelque chose !
En vrai, il ne « FAUT » pas. Je pourrais très bien rester dans cette humeur, m’isoler pour la journée, et c’est tout. Mais je VEUX faire quelque chose.
Mon déclic est lié au temps qui passe : d’un côté, ça fait maintenant des heures que je m’embourbe et que je ne suis pas bien ; d’un autre côté, il reste encore bien plus d’heures dans cette journée, et je n’ai pas envie qu’elles ressemblent aux premières !
Je respire, je réfléchis. Je sais que je peux décider de ce que je veux faire dans ces circonstances. C’est à moi de décider et d’agir si je ne veux pas rester dans cet état.
Les solutions pour transformer l’ambiance
A partir de là, j’ai 3 choix qui s’offrent à moi. Ou du moins, ce sont les 3 choix auxquels je pense.
1- je prends une vraie grosse pause pour me ressourcer. Ça m’évite d’entrer dans l’escalade.
2- je demande aux enfants qu’on se pose ensemble pour discuter de la situation
3- je choisis de lancer un truc loufoque et joyeux pour changer la dynamique complètement
Ce que je me dis à ce moment-là, c’est :
La pause ne me suffira pas dans cette situation, puisque ça fait déjà un moment que l’épisode a eu lieu et que la course, la marche seule, le petit déjeuner ont eu peu d’effet.
J’aimerais être en mesure de lancer un truc joyeux, mais ça pose 2 problèmes :
je ne m’en sens pas capable à ce moment-là
je ne suis pas d’accord pour juste lâcher prise sur ce sujet
Mon chemin à suivre est donc clair : on va commencer par l’idée 2, et ensuite on verra si 3 devient accessible !
Solutions « réflexion & communication »
Ça tombe bien, on a réussi à redescendre un peu dans notre couple, et les enfants arrivent.
Je lance donc : « Bon, est-ce que vous pouvez vous asseoir s’il vous plait, et qu’on discute, parce que j’ai vraiment envie de sortir de ça. »
Léon et Anatole nous rejoignent dans le salon.
Nico et moi expliquons ce qui nous pèse.
Je précise : « Au delà du réveil en soi, je me rends compte que j’interprète ça comme un manque de respect, un manque d’attention aux autres. Et pour moi, c’est important qu’on fasse attention les uns aux autres ! »
On écoute ce qu’ils font déjà, et on valide les progrès réels qu’on a souvent du mal à voir quand on est sous l’effet de la colère. Déjà, ça fait du bien.
On partage aussi que ce n’est pas suffisant pour nous, que ce sujet nous use. Que ça a également des conséquences sur notre attitude par rapport à eux. Une espèce de ressentiment qui ne nous donne pas envie de faire des efforts à notre tour. Et qu’on n’aime pas ressentir ça…
Et on en arrive à cette phrase-clé, nécessaire dans toutes ces conversations : « Qu’est-ce qu’on peut faire ? »
Finalement, il est décidé que les garçons vont préparer des affiches à mettre dans les zones où le silence est de mise le matin, pour être sûrs de ne pas oublier. Ça ne va pas être top pour la déco, mais si ça peut régler cette question… on est prêt !
Ouf. Je sens que ça nous a fait du bien. C’est apaisant de se sentir écouté, et pris en compte.
Suis-je prête à la suite ?
Solutions « fun et joyeuses »
Pas immédiatement, non. J’ai d’abord besoin de passer par la case 1, celle du moment de ressourcement. Mais cette 3ème voie n’est plus très loin.
Puisque l’ambiance est plus légère, on va pouvoir parler du menu, et prévoir un jeu !
Chez nous, les jeux de société ont une place de choix. Pas de week-end sans jouer.
Ouf. L’ambiance change, et la journée est transformée !
Cas pratiques plus faciles : astuces
Comme vous l’avez vu, ce dimanche matin n’a pas été simple pour moi. Les solutions « funs et joyeuses » pour changer d’ambiance n’avaient pas forcément leur place.
Mais que ça ne vous empêche pas d’y croire !
J’ai en effet en tête des moments où nous avons pu changer les choses, et je vais vous transmettre ces quelques astuces avant de terminer cet article.
La porte magique
La 1e fois que j’ai eu cette idée de « porte magique », c’était il y a des années, alors que nous visitions une ville avec Oscar et Alice (Léon était bébé). Ils se cherchaient l’un l’autre, et on sentait la tension qui montait. La balade n’était alors agréable pour personne.
On s’est arrêté, et j’ai dit : « Bon. On s’installe dans une dynamique dans laquelle on va juste rester bloqué si on continue. Je propose donc qu’on décide consciemment de changer les choses. On va se dessiner une porte magique, ici. On passe à travers la porte et l’ambiance change, c’est ok ? »
Etrange comme on retrouve alors son pouvoir d’action… Je pense que c’est le fait d’avoir eu tous envie de changer les choses : on a passé la porte, et c’était tout différent !
Depuis, je ressors de temps en temps la porte magique… avez-vous déjà essayé ?
La ré-entrée en scène
Dans certains cas, ce n’est pas tant les émotions qui montent que le fait qu’on sent que c’est parti de travers.
Une réflexion qui a été mal interprétée, une réponse qui ne se justifiait pas… on ressent presque immédiatement du regret, de l’ordre de « attends, je voulais pas dire ça… », ou même « attends, tu voulais pas dire ça ! ».
Alors, j’aime bien essayer de juste recommencer, tout simplement.
Je dis quelque chose de l’ordre de « J’ai l’impression qu’on a bifurqué sans s’en rendre compte. Je te propose qu’on recommence. », et je sors de la pièce. Physiquement. Puis je re-rentre et recommence avec ma phrase de départ, éventuellement ré-adaptée si c’est moi qui ai fourché.
Ce que j’aime dans cette solution, c’est qu’elle transmet bien le droit à l’erreur et la possibilité de ré-essayer. Toutes les compétences se travaillent, y compris les compétences sociales !
Et puis, c’est suffisamment « décalé » pour créer un nouveau départ en soi.
Le « splash » jaune et/ou rose
Cette dernière astuce nécessite un préalable.
Vous connaissez « La couleur des émotions » ? Ce livre avec le monstre des couleurs et la petite fille qui l’aide à faire le tri dans ses émotions ? Dans le livre, chaque émotion est reliée à une couleur. En l’occurence, celles qui m’intéressent :
le jaune pour la joie
le rose pour l’amour
et depuis qu’Anatole est petit, je lui fais parfois des « Splash » jaunes et/ou roses. Quand il était en petite section, c’était même une tradition quand je le posais à l’école. J’annonce la couleur – littéralement !- : « je prendre le rose », je fais semblant de ramasser une grosse quantité de « quelque chose », je la soulève et la renverse au dessus de sa tête en disant « splash ! »
Ça peut sembler incroyable, mais ça marche ! Mon fils se sent alors plus joyeux, et plus aimé.
Alors, encore aujourd’hui, quand je le sens un peu down, je lui propose un spash… et ça l’aide !
Le reset musical
Celui-ci, il est plus pour moi-même ! C’est parce que j’adore chanter… Alors, me mettre de la musique entrainante sur laquelle je peux chanter, ça me permet de changer d’humeur rapidement.
Dans mon top, j’ai par exemple : « Résiste » de France Gall, ou « Dancing queen » d’Abba.
Le gros avantage, c’est que non seulement ce sont des chansons entrainantes, mais c’est une manière très efficace de me mettre dans une bulle (sonore en l’occurence) qui m’isole de ce qui peut se passer autour pour me reconnecter à mes ressources internes.
Ensuite, c’est un peu comme si tout changeait de couleur autour de moi !
Conclusion : On ne contrôle pas tout, mais on peut toujours choisir notre énergie
Voilà, ce que je voulais vous transmettre aujourd’hui : certaines journées commencent mal, et c’est comme ça.
Parfois, on est fatigué, irrité, et rien ne se passe comme on voudrait. Mais ce qui compte, ce n’est pas tant le fait que ça démarre mal… c’est ce qu’on décide d’en faire.
En prenant du recul et en identifiant nos options, on peut sortir de la spirale négative et recréer du lien.
Que ce soit en prenant un moment pour souffler, en ouvrant une discussion sincère avec nos enfants, ou en choisissant une approche plus légère et ludique, il y a toujours une porte de sortie vers une meilleure ambiance.
Bien sûr, ça ne fonctionne pas toujours en un claquement de doigts. Il faut parfois du temps, et certaines méthodes marchent mieux que d’autres selon le contexte. Mais l’important, c’est d’avoir des outils à tester et de se rappeler qu’on a du pouvoir sur la dynamique familiale.
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2025/02/journee-commence-mal-scaled.jpg?fit=1597%2C2048&ssl=120481597Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2025-02-17 14:09:242025-05-14 10:52:31La journée commence mal : comment retrouver une bonne ambiance en famille ?
Je crois très fort au fait que la paix, ça s’apprend. Pour plusieurs raisons. D’abord parce que si je ne crois pas ça, alors je perds l’espoir, qui est source de toute piste de progrès ! Mais surtout parce que je le vis au quotidien. Depuis des années maintenant que j’avance sur le chemin de la parentalité positive, je vis et je vois une évolution chez moi, chez mes enfants, vers une écoute de l’autre et une gestion des conflits qui n’a rien à voir avec celle qu’elle était.
Cette semaine, j’ai encore une fois eu l’occasion de vivre un épisode qui m’a confirmé cette croyance aidante. Je vous raconte…
Une dispute qui dégénère
Vendredi dernier, j’ai vu deux petits garçons se disputer. Ils avaient seulement 6 ans. La situation avait tellement dégénéré que ces garçons en étaient à se jeter des cailloux à la tête !
Mais bon sang… que se passe-t-il dans notre monde pour que ça puisse se passer comme ça ??
Mon intervention
Quand j’ai vu ça, j’ai immédiatement interrompu les choses d’un « STOP ! » sonore. Un garçon a fui. L’autre, que je connaissais, s’est éloigné de moi. Tandis que je le suivais, il cherchait à m’échapper. Visiblement, il avait peur que je lui fasse des reproches, bien conscient que lancer des cailloux n’était pas vu d’un bon oeil. Mais je me suis approchée doucement, et lui ai dit calmement : « Attends, je ne vais pas te gronder. » Il m’a donc laissée m’approcher.
Je me suis mise à sa hauteur, et lui ai dit : « Dis donc, tu devais être sacrément énervé pour en venir à lancer des cailloux ! – ouuiii, me répond-il, les larmes aux yeux – il s’est passé quelque chose ? – ouuuii – tu veux m’en parler ? – il m’a jeté des cailloux !! J’en ai reçu un, là !! »
J’ai pu l’écouter, entendre comme c’était désagréable, et, on a ensuite pu échanger sur le fait que lancer des cailloux en retour ne ferait probablement qu’aggraver la situation. Cet enfant m’a écoutée parce que j’ai fait le premier pas.
S’il s’est comporté ainsi face à l’autre garçon, c’est parce que, sur le coup, aucune autre alternative ne lui est apparue. Ensemble, on a pu y réfléchir, et en trouver.
Ma réflexion
Je ne peux pas dire comment il réagira si une telle situation se reproduit, mais je sais que la probabilité est plus forte qu’il évite de jeter des cailloux maintenant qu’on a discuté d’autres stratégies que si je m’étais contentée de lui reprocher son comportement.
Cependant, son attitude, lorsque j’ai voulu lui parler, démontre bien une chose : c’est qu’il s’attendait à la leçon de morale. (et qu’il n’en avait pas besoin !). Ce qui prouve que c’est la réaction classique des adultes qui l’entourent. Je ne suis pas surprise… ça aurait aussi été la mienne il y a quelques années.
Parce que, tous autant que nous sommes, nous reproduisons ce que nous connaissons. Nous n’avons pas appris à faire autrement.
Pourtant…
Il est possible de changer les choses
Oui, il est possible d’enseigner à nos enfants à
entendre et laisser passer la vague de l’émotion
chercher différentes idées pour faire face à une situation qui leur déplait
Est-ce facile ? Pas toujours… Cela demande-t-il du temps, de l’énergie ? Oui, un peu, comme tout apprentissage ! Cela en vaut-il la peine ? Franchement… ai-je besoin de répondre à cette question ?
La paix, ça s’apprend
En fait, soyons clair : La paix, ça s’apprend. Comme les maths ou le foot. Et là, ce n’est pas moi qui le dis : c’est Thomas d’Ansembourg. (Une célébrité dans le monde de la communication non violente francophone, dont je suis complètement fan !)
Il soulève même cette réflexion – et je dois dire que j’ai la même :
« Qu’est-ce qui fait que pour des choses très agréables -comme conduire une voiture, parler une autre langue, pratiquer un sport- mais pas fondamentales pour bien vivre, nous sommes prêts à faire des apprentissages rigoureux, déterminés, engagés, avec des efforts, en acceptant que ça ne tombe pas du ciel… et pour la paix, la paix avec soi, toutes les parties de soi, la paix avec l’autre, toutes les parties de l’autre, la paix avec la vie ; on attend que ça tombe du ciel, sans faire le moindre effort… c’est surprenant, non ? »
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2022/05/La-paix-ca-sapprend.png?fit=503%2C296&ssl=1296503Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2022-05-14 22:56:132024-05-21 10:45:09« La paix ça s’apprend » dit Thomas d’Ansembourg
« Les enfants n’ont point d’affaires plus sérieuses que leurs jeux. » Michel de Montaigne
(article rédigé par Emilie)
La parentalité ludique est tellement complémentaire de la parentalité positive qu’on pourrait dire qu’elle en est l’une des facettes.
Elle utilise le jeu et l’humour pour répondre à de très nombreux objectifs du parent positif : la connexion, le remplissage du réservoir, la validation des sentiments, la coopération, la diminution des conflits …
Le premier soir où j’ai assisté à une soirée de formation sur la parentalité ludique dans le cercle des parents heureux , j’étais tellement enthousiaste, que j’avais envie d’aller réveiller mes enfants pour tester et partager avec eux !
Je remercie d’ailleurs énormément, Gwen , du blog petit bou(t) par petit bou(t) pour cette soirée riche d’enseignements et de bonne humeur !
Je vais essayer de vous montrer dans cet article à quel point le jeu c’est du sérieux …et j’espère titiller votre plaisir et votre créativité pour vous donner l’envie d’essayer et d’adopter la parentalité ludique !
DES 1001 RAISONS DE PRATIQUER LA PARENTALITÉ LUDIQUE….
On a dit sérieux hein !?
Nous allons donc balayer ici les différents fondements théoriques du parentage ludique.
Du plus évident ….
a. Jouer et rire ensemble mettent de la bonne humeur et de la légèreté dans notre quotidien, aussi bien pour les enfants que pour nous-même. Mettre de la joie peut changer la dynamique en nous mettant dans une belle énergie face aux aléas de la vie.
b. Puisqu’il y a plus de complicité, la connexion est meilleure et donc la qualité de la relation l’est nécessairement aussi. Cela est précieux à tout âge, mais encore plus à l’adolescence, quand le besoin d’appartenir à la bande de copains prend le pas sur l’appartenance à la famille.
c. Dans une atmosphère détendue et connectée on obtient plus facilement la coopération, diminuant ainsi de nombreux moments de tension.
d. C’est un moyen de recharger notre réservoir et celui de nos enfants . On sait comme ce sont des éléments clés pour se sentir bien en famille. Gros bonus : pouvoir le faire simultanément est vraiment précieux dans nos vies à 100 à l’heure !
e. Pour l’enfant tout est jeu, ça tombe bien quand on sait qu’il apprend par le jeu ! C’est prouvé scientifiquement on apprend mieux dans la jubilation que dans la douleur.
…. Au plus subtil.
f. Grâce au jeu et à l’humour on montre comment rendre agréables des moments rébarbatifs de la vie, transmettant ainsi le goût de l’effort. Cela peut paraitre contre-intuitif et pourtant quand il faut faire quelque chose et qu’on n’en a pas très envie, autant rendre ça plus plaisant : moins de découragement, plus de petits et grands projets aboutis !
g. Le jeu permet à l’enfant d’exercer son pouvoir personnel, un de ses 2 besoins fondamentaux. Il n’a alors plus d’intérêt à le faire en s’opposant à nous.
h. Il permet de préparer en amont des situations délicates (hospitalisation, déménagement …)
i. Il a même un pouvoir guérisseur. Parfois on engramme un traumatisme, c’est-à-dire un souvenir que le cerveau n’arrive pas à traiter et qui reste donc à vif. En le rejouant on oblige le cerveau à l’assimiler pour qu’il ne vienne plus nous tarauder.
j. Grâce au jeu on va pouvoir accompagner des enfants à sortir de leur « rôle » et abandonner leurs étiquettes
k. On pourra parfois libérer des blocages et dénouer des situations complexes et engluées, aussi bien chez les plus jeunes que chez les adolescents.
l. Il sera possible de renouer le contact physique, donner de l’attachement et de la sécurité, sans trop en avoir l’air.
m. On favorisera ou restaurera l’estime de soi en perdant lamentablement, au profit des enfants qui sont suffisamment en position d’infériorité dans la vie de tous les jours.
n. On peut améliorer la relation dans la fratrie, construire la complicité et l’esprit d’équipe en laissant les enfants s’opposer ensemble contre nous.
o. Dans la même veine, si l’on sent que le jeu se tend pour des histoires d’égo, on peut y prendre part en prenant la place du nul/clown : la bonne humeur revient, les estimes de chacun sont préservées.
p. Bon je ne suis pas allée jusqu’à Z mais quand même , ça fait un bon nombre de raisons de tester vous ne trouvez pas ?!
MISE EN PLAISIR …euh pardon MISE EN PRATIQUE et CAS CONCRETS DE LA PARENTALITÉ LUDIQUE
Place maintenant aux différents types de jeu et d’humour et à leurs jubilatoires illustrations ! ☺
Les chansons et les jeux insolites
Tous deux sources de motivation pour se lever, ranger, aller à la douche, se brosser les dents…
Les chansons peuvent, en plus, permettre de créer du lien en entrant dans le monde de votre ado, ou, à tous les âges, en transmettant une culture musicale.
On peut laisser le choix de la chanson aux enfants, et qui dit choix dit pouvoir personnel.
On peut en inventer, en personnaliser et créer une proximité avec cet air rien qu’à nous.
♪ ♫ C’est une belle journée, une si belle journée qui commence … ♬♩. ♬
Les jeux insolites, eux, sont redoutables pour les transitions difficiles.
On y va comme un éléphant, une fusée, un gorille, en fermant les yeux, on demande à l’enfant de nous rejoindre en faisant une entrée spectaculaire, on met les chaussettes sur les mains ….
Les défis
Pour faire vivre le plaisir de gagner et favoriser l’estime de soi, ou pour donner du rythme quand il en manque.
Dans les deux cas on prend soin de rater, de rater ridiculement et lamentablement, on en fait des tonnes !
L’exemple emblématique est celui de la course, mais aussi tous les jeux et défis pendant lesquels les enfants vont s’unir contre nous : jeux de société, cap de … ?
💣 Le défi se fait contre l’adulte pas entre enfants, pour ne pas stimuler la rivalité.
Quand on prend le rôle du perdant et que les enfants peuvent lutter contre nous, ils n’ont plus besoin d’essayer de se défausser du rôle du nul sur une autre personne (le copain , le petit frère … )
Faire parler les objets
Un must, qui marche aussi bien chez les plus jeunes que chez les grands. Le message est pérenne, l’humour aide à ancrer sans répéter ni harceler. Il enlève un poids à tout le monde !
On peut coller une affiche ou un post-it avec un message humoristique.
On peut faire écrire un courrier de la part de l’objet et pourquoi pas le personnifier en lui donnant un nom ? C’est vrai ça ! Lucette la lunette des toilettes en a ras le bol de se faire arroser à tout va !
On peut prendre une voix insolite pour faire parler un objet : la serviette qui pleure parce qu’elle traine par terre toute mouillée, le sol qui éternue car il s’enrhume…
Du vécu : C’est un peu la lutte pour avoir des toilettes propres quand on passe après mon plus jeune fils.
Un jour, j’ai collé cette affiche , que je me suis bien régalée à créer. On en a bien ri et l’effet est radical depuis. De temps en temps un petit rappel « tu as checké gentleman ? » , ou un peu d’humour avec l’accent anglais et c’est réglé !
Les jeux de chahut et de contact physique
Ils permettent de libérer les tensions de la journée.
Ils sont aussi très puissants pour les enfants qui ont du mal à réclamer les câlins alors qu’ils en ont besoin.
Avec les ados qui prennent leur distance c’est un moyen de cultiver un contact physique devenu plus difficile à instaurer.
Pistolet à bisous , bataille de coussins, trappe-trappe , karaté chaussette (accroupi essayer d’attraper les chaussettes de l’autre ), le jeu du géant ( les enfants tentent de faire tomber l’adulte qui joue le géant ) …
Encore une fois on prendra soin de perdre théâtralement et de laisser les enfants « se liguer » contre nous !
Après quelques jours de mise en place c’est une super méthode de reconnexion pour des soirées plus apaisées et plus fluides !
💣 On peut craindre que l’excitation de ces jeux ne retombe pas. Cela procure tellement de plaisir aux enfants que ça pourrait être le cas. La solution c’est de le ritualiser : 5 minutes par jour avec des règles précises (on reste sur le lit, on tape seulement en dessous des épaules… ) .
Si les enfants savent que c’est quotidien, ils seront rassurés sur le fait qu’ils auront leur dose et accepteront de s’arrêter.
Les jeux de pouvoir
Laisser l’enfant exercer son pouvoir de manière non conflictuelle :
L’enfant détermine les règles. On peut en plus modéliser le fait que ce n’est pas facile pour nous de suivre des règles qui nous déplaisent (ça aidera quand ce sera son tour ) .
Il est la locomotive du train, on est le robot qu’il guide ou la poupée molle dont il fait ce qu’il veut.
Les jeux d’attachement
C’est la mise en scène de l’amour par le jeu. On joue à expérimenter le plaisir de se séparer et de se retrouver.
Chez les touts-petits c’est l’emblématique caché-coucou ! Avec les plus grands on joue à s’attraper et à des parties de cache-cache en milieu varié !
Les jeux inappropriés
Parfois l’enfant porte en lui une préoccupation qu’il ne parvient à exprimer que par une utilisation inappropriée du jeu (coller des gommettes de manière compulsive, décapiter les playmobils, jeter des objets par la fenêtre, casser, jouer frénétiquement aux jeux vidéos … )
Jouer avec lui ( en dépassant notre malaise ) permet à l’enfant de lâcher sa préoccupation . Une fois que la pulsion d’agressivité est accueillie par l’adulte, l’enfant s’en libère.
Pour les ados qui sont souvent enfermés dans leur chambre à jouer aux jeux vidéo, et que l’on désespère de voir coopérer, il y a de très nombreux bénéfices à partager une partie avec eux de temps en temps.
Du vécu : Que ce soit pour évacuer de l’anxiété, exercer son pouvoir personnel ou attirer l’attention, qui n’a pas rencontré le problème des gros-mots intempestifs ?
La parentalité ludique offre plusieurs solutions : dédier un lieu pour déverser les gros-mots, faire une fête aux gros mots où durant quelques minutes tout est permis, remplacé le gros mot par des mots insolites ( cucurbitacée , les gros mots du capitaine Haddock …).
Les jeux « thérapeutiques »
On remet en scène des moments difficiles pour aider le mental à les digérer.
On utilise les peluches, les légos ou playmobils, on théâtralise ensemble pour revivre l’opération, la séparation, une douleur …
Tout en le guidant, on laisse l’enfant diriger le jeu , choisir une version exacte ou la modifier et répéter autant qu’il en a besoin.
2. Même processus pour anticiper un moment délicat : un déménagement, une hospitalisation, ou bien comment il faudra se tenir au restaurant.
On joue à imaginer des variantes : être un enfant horrible au restaurant ou au contraire le client d’un restaurant très « select » , être le docteur , être le malade…
On apprivoise la situation dans un contexte aimant et avec du rire.
Les jeux pour expérimenter autrement
Par le jeu, on s’entraîne à adopter de nouveaux comportements, on sort de son rôle ou de son étiquette.
En utilisant des situations imaginaires, l’enfant se met dans des rôles différents.
L’enfant timide va pouvoir faire un spectacle, le fragile sauver une personne en détresse, le gros dur s’adoucir en jouant le médecin, le brusque jouer les funambules ….
💣 Se laisser guider par l’enfant pour voir ce qu’il est prêt à expérimenter, sans le forcer.
Les injonctions paradoxales
Le principe est de casser la résistance qui n’a alors plus de sens, tout en permettant à l’enfant d’aller à l’encontre de notre demande.
La philosophie c’est de reconnaitre que chacun fait le meilleur choix pour lui à l’instant T.
Plus on va essayer de le convaincre du contraire plus l’autre va s’accrocher à son idée.
Au contraire si on admet que c’est le meilleur choix pour lui en ce moment, alors l’enfant peut prendre du recul sur ce choix et se demander s’il n’en aurait pas d’autres.
Du vécu : Ca fait plusieurs fois que j’appelle les garçons pour faire les devoirs , rien n’y fait . Je leur dis « ok , je comprends , plus de devoirs , ça ne sert à rien de s’entrainer un peu de toute façon et puis ça prend du temps sur le jeu c’est embêtant…. » Dans les 10 minutes ils étaient au travail.
Autre exemple : « je ne te donne qu’une règle surtout, surtout ne mets pas ton pyjama !!! »
Avec un ado, on m’a rapporté l’anecdote suivante :
L’enfant est décrocheur de l’école depuis plus de deux mois : il se lève tard , ne se lave plus …
Après avoir tout essayé la maman à bout d’argument tente un « ok j’imagine que tu as de bonnes raisons … ». 15 jours plus tard le jeune avait rangé sa chambre, s’était lavé , habillé et demandait du soutien pour être réadmis au lycée .
💣 Attention au ton qui ne doit être ni moqueur ni ironique mais bienveillant pour que l’enfant entende que l’on reconnait sincèrement son choix.
Pour conclure, il est bon de se souvenir que chaque enfant sera sensible à un moyen ou à un autre. Leurs besoins vont changer en fonction du moment, du vécu de la journée et de l’âge.
On pourra mixer certaines pratiques, changer, bref faire preuve d’adaptation et de créativité.
Pas toujours évident.
Comme tout, c’est un apprentissage qui se révèlera facile pour certains et demandera des efforts à d’autres.
Il n’empêche, tout le monde peut s’approprier certaines de ces approches.
Si vous avez envie d’aller plus loin je vous conseille la lecture des deux livres de référence dans le domaine :
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2021/08/image.png?fit=960%2C720&ssl=1720960Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2021-08-10 11:53:002025-04-22 09:55:23Des bienfaits de la parentalité ludique
Déménager, c’est toujours stressant. Sur un plan logistique comme émotionnel. Un déménagement, c’est en effet un vrai chamboulement, qu’il soit choisi ou subi. Et quand on ajoute des enfants dans l’équation, cela s’avère encore plus délicat… Le déménagement pour l’enfant est toujours subi. En tant que parent, quelles précautions pouvons-nous prendre pour que nos enfants vivent au mieux ce déménagement ? Pour les accompagner dans cette période, alors que nous-mêmes sommes sous stress.
Faire les cartons, vider l’appartement ou la maison, vendre, donner, trier… plus tout l’administratif… Et encore, tout cela ne parle que de l’aspect pratique des choses. Que se passe-t-il au niveau émotionnel ? Et surtout : comment garder une ambiance familiale la plus sereine possible, dans ce chamboulement ? Pas facile ! Quel est l’impact du déménagement sur les enfants ?
Dans notre famille, des déménagements, on en a connu énormément. Cela ne rend pas les choses simples pour autant.. mais à force, on a appris quelques trucs. On a appris à prendre quelques précautions bien utiles lorsqu’on déménage avec des enfants. Alors que nous venons de vivre un n-ième changement de pays, j’ai pensé qu’il pourrait être utile de les partager avec vous !
Je ne vais pas vous parler déménageurs, devis de déménagement, monte-meuble, garde-meuble, volume et lettre de voiture… Je vous laisse gérer ces aspects pratiques. Mon focus ici, c’est de vous parler de vous donner quelques conseils pour accompagner les enfants – parce que je crois que c’est surtout ça qui va aboutir à un déménagement réussi !
Vous allez déménager prochainement ? Prenez d’abord le temps de lire ces conseils. Car sur le plan familial et émotionnel aussi, un déménagement ne se gère pas à la dernière minute. Il se prépare.
Précaution no1 : Ecouter ce que nos enfants vivent
S’il n’y avait qu’un conseil à retenir, ce serait celui-là.
Si nos enfants ne font pas face au même stress logistique que le nôtre, ils n’en vivent pas moins un stress émotionnel.
Avant, pendant, et après le déménagement en tant que tel.
Il n’est pas simple de tout quitter, et le mieux que l’on puisse faire pour eux dans ces moments-là, c’est de les écouter. Simplement. Je vais encore vous parler d’accompagner les émotions. Accompagner les émotions quand il faut tout quitter.
Oui, parce que c’est bien ce qui leur arrive. Et ce n’est pas simple.
On ne va pas changer leur situation, on ne va pas trouver des solutions. Notre rôle est simplement d’être là, et d’entendre.
Entendre pourquoi ils ne veulent pas partir, ce qui va leur manquer. Ils ont le droit et le besoin de le partager, sans qu’on leur réponde « Mais tu vas voir, ça va être bien là-bas ! » (même si on va également les aider à se projeter, en choisissant nos moments, on en reparle plus bas…).
Le droit, ensuite, de dire qu’ils n’ont pas envie d’être dans ce nouvel endroit, qu’ils voudraient retourner à l’ancien, sans qu’on leur réponde : « Pourtant, tu as dit hier que c’était bien ici… ».
Comme chez tout être humain, leurs émotions vont et viennent, et rien ne peut mieux les aider à développer leur résilience que de les vivre, simplement.
On me demande parfois « Comment faire accepter un déménagement ? ». Mais l’idée n’est pas de faireaccepter. L’idée est plutôt de s’ouvrir à ce que vit notre enfant dans ce déménagement qu’il n’a pas choisi. C’est en recevant cette information là qu’on l’aidera le mieux à accepter sa situation. Parce qu’au lieu de se sentir forcé, il se sentira entendu et compris.
« Pour se comporter bien, il faut se sentir bien. »
Laissez-moi vous parler un peu de ce dernier déménagement avec les enfants. Nous avons quitté la région parisienne pour nous installer à Londres. (Ce n’est pas le premier déménagement international que nous vivons, on est un peu rôdés… ce qui malheureusement ne simplifie pas les démarches administratives !)
Au fur et à mesure que la date approchait, une certaine excitation montait en nous : l’envie de la découverte, savoir comment ça allait être… Notre exclamation régulière : « London, baby ! »
Alors, quand l’Eurostar est entré dans la banlieue londonienne, j’ouvrais grand mes yeux, tout en montrant ce que je pouvais à Anatole (6 ans), en lui expliquant qu’on arrivait. Mais, lorsque je me suis tournée vers ma fille Alice (13 ans), je me suis rendue compte qu’elle pleurait. Cette arrivée n’était pas une joie chez elle. Pas à ce moment-là. Non, à ce moment-là, ma fille est triste. Arriver à Londres, c’était probablement pour elle le signe concret qu’il n’y avait plus de retour en arrière, qu’elle allait vraiment vivre dans une ville loin de ses copains…
J’ai donc atténué mon enthousiasme, et j’ai essayé de recevoir : « Je suis désolée. »
Et c’est vrai. Je suis désolée de lui faire subir cela. Car c’est le bon terme : « subir ». Pas seulement bien sûr ! Je sais que nous offrons également de grandes chances à nos enfants, en leur faisant découvrir le monde, en leur donnant l’opportunité d’apprendre d’autres langues. Mais la médaille a son revers, et, vraiment, j’en suis désolée.
Précaution no2 : Les aider à se projeter
Transition délicate après ce que je viens d’écrire, mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’un déménagement, pour un enfant, c’est un peu comme des montagnes russes. (Pour nous aussi, d’ailleurs…)
Donc, si on doit être là pour écouter et entendre leur détresse lorsqu’elle se présente, on peut aussi être présent pour susciter leur enthousiasme dans les moments où ils sont au sommet.
Vous voyez la différence ?
Autant il n’est pas question de leur dire « Mais ça va être bien, tu verras ! » au moment où ils nous parlent de leur tristesse, parce qu’alors, on ne serait pas du tout dans l’écoute de ce qu’ils vivent, autant on peut saisir les bons moments pour parler de notre destination avec enthousiasme.
Et dans ces moments-là, une bonne méthode, c’est de les aider à se projeter. Concrètement.
Parce que ce déménagement, il reste très théorique pour un enfant. Surtout pour les plus jeunes.
On va donc essayer de les aider à visualiser ce que cela signifiera pour eux.
Pour cela, plusieurs méthodes, à adapter à l’âge des petits.
Le plus simple, et qui marche pour tous : des photos !
Des photos du lieu de vie en particulier. Je ne vous dis pas combien de fois on a montré les photos de la future maison à Léon (8 ans). On a même pu parler des attributions de chambre, de comment on placerait les meubles, etc…
On a également été sur google maps pour voir le plan de Londres. On a entré notre nouvelle adresse pour voir où on serait, le parc d’à côté – et puis on a pris le petit bonhomme pour se promener grâce aux photos satellites : on a virtuellement fait le chemin de la maison au parc, puis de la maison à l’école…
Avec Alice, plus grande, j’ai eu des échanges autour du choix de son collège, les discussions que j’avais eues, les impressions. On a sorti le plan de métro, on a regardé les adresses des différentes maisons à visiter et le temps de trajet à partir de chacune d’elles… Je l’ai en fait impliquée ainsi dans les préparatifs, pour qu’elle soit moins dans la position de l’enfant qui subit, justement.
Et en même temps, j’ai un souvenir d’elle, quand elle avait 2 ans, et que nous quittions l’Afrique du Sud pour la France. C’était compliqué pour une si petite fille de comprendre ce qu’il se passait autour d’elle.
L’agitation, les meubles qui partaient en container, nous avec nos valises…
On avait alors eu recours, pour rendre les choses plus concrètes pour elle, au jeu.
J’avais pris des personnages playmobils, pour représenter les membres de notre famille – grands-parents compris – un avion jouet, des paquets-valises, un camion, et j’avais joué les scènes devant elle de tout ce qui allait se passer :
les déménageurs qui chargent les meubles dans le camion, qui les emportent, et les mettent dans un bateau, tandis que nous préparons nos valises, et prenons l’avion. Nous arrivons chez les grands-parents, chez qui nous logeons le temps de trouver un appartement ; pendant ce temps, le bateau avec les meubles arrive, puis nous leur demandons d’apporter les meubles dans l’appartement qu’on aura trouvé, et on y va à notre tour, avec nos valises !
Je sentais bien que tout cela restait compliqué pour elle, mais ça l’avait quand même apaisée. Elle avait compris qu’il y allait avoir un nouveau dans lequel on allait retrouver nos affaires. Elles n’étaient pas simplement emportées par des gars costauds !
Les personnages playmobils ont alors intégré notre sac de voyage, et on les sortait régulièrement pour refaire des bouts de la scène – je les vois encore dans l’avion, ils faisaient à l’époque partie des objets rassurants de cette petite fille qui avait bien du mal à appréhender ce qui se passait autour d’elle…
Précaution no3 : Impliquer les enfants dans le tri pré-déménagement
Cette fois, on va parler un peu de l’aspect concret de ce déménagement avec les enfants.
Parce qu’on le sait bien : un déménagement, c’est l’occasion de faire le tri, de se délester un peu. Et ce serait plus facile de faire ce tri sans eux : pas question de déménager tous les petits bouts de carton gardés « pour le jour où », les bâtons et autres bouts de ficelle.
Oui mais…
Oui mais parfois, un bout de ficelle a une importance qui nous échappe.
Là encore, il faudra s’adapter à l’âge de l’enfant. Il va de soi qu’un enfant de 2 ans aura du mal à identifier ce qu’il faut garder ou pas. En revanche, quand l’enfant a 6 ans, il peut être impliqué.
Impliqué dans le rangement et le tri des jouets. L’aider à voir ce qui ne lui correspond plus, ou ne lui va plus, et décider ensemble de le donner au petit frère d’un copain, par exemple.
Impliqué ans la préparation de la valise, pour décider ce qu’il veut garder avec lui. (C’est également une occasion de se projeter : les premiers jours, tout sera dans les cartons de déménagement, que voudras-tu avoir pour t’occuper dans le nouveau logement ?)
Et cela demandera de notre part un certain lâcher-prise.
Si on se rappelle que déménager est un chamboulement pour notre enfant, on pourra plus facilement accepter d’assouplir la limite quant à ce qu’il faut garder ou pas.
Avec Léon (8 ans), nous avons préparé une boîte qu’on a intitulée « activités manuelles », dans laquelle il a choisi les morceaux de ficelle et autre bric-à-brac « pour fabriquer un truc un jour » qu’il voulait. C’était le bon équilibre pour lui et moi.
On a fait attention à bien emballer ce qu’il considérait être fragile…
C’est également rassurant pour les enfants, à l’arrivée, de retrouver leurs objets.
Précaution no4 : Prendre le temps de dire au revoir
Avant d’arriver, il faut partir.
Et partir, ça veut dire quitter un endroit qu’on aime, et des personnes auxquelles on tient.
Je vois encore Léon, au moment où l’on a quitté la cour d’école pour la dernière fois, il y a quelques semaines, fondre en larmes en réalisant qu’il ne passerait plus ce portail…
On a tous ces moments-là… Quand je repense à nos déménagements, je revois le camion de déménagement qui s’éloigne… Un symbole.
Donc, de notre côté, un bon mois avant de partir, nous avons fait la liste des personnes que nous avions vraiment envie de voir encore une fois avant le départ.
Pourquoi ne pas faire la même chose avec nos enfants ?
Dans cette période, je savais que rien n’était plus important pour eux que ces derniers moments partagés.
Alors, on a invité des copains, on a laissé Alice passer tout le temps qu’elle voulait à l’extérieur, ou à dormir chez des copines. Elle est même partie passer un week-end à Lyon chez des amis !
On a organisé un goûter d’anniversaire en avance pour Léon.
Tout ça ne marche que si on accepte que « todo no se puede ». Je vous traduis… Ca veut dire « Tout ne se peut pas ». C’est une phrase que j’ai apprise et intégrée lorsque nous avons vécu au Mexique, et qui m’aide à me défaire de la perfection à choisir mes combats.
Ainsi, je me suis moins attachée à l’aspect scolaire… Les relations étaient plus importantes, dans cette période de leur vie. Donc, tant pis si Alice est rentrée fatiguée de son week-end à Lyon, ça en valait tellement la peine !
Pour le goûter d’anniversaire, on ne pouvait pas rajouter des contraintes… alors on a juste invité les enfants au parc, et j’ai acheté un gâteau chez Picard (et une maman nous en a apporté un maison !)
Ce qu’on faisait, c’était déjà bien. On faisait de notre mieux.
Et même quand on se rate, on peut se rattraper. Ainsi, j’ai réalisé que j’aurais aussi dû inviter Chloé, une copine d’Anatole. Il m’en malheureusement parlé trop tard (de l’importance de faire la liste avec eux avant…).
Ce raté est ressorti en arrivant à Londres, lorsqu’il a vu pleurer sa soeur…
Alors, dans le taxi, j’ai appelé la maman de Chloé, et nous avons pris rdv pour le lendemain, pour que les enfants puissent se parler, et qu’Anatole puisse dire vraiment au revoir à son amie.
Précaution no5 : Impliquer les enfants dans l’installation post-déménagement
Ça y est, le déménagement en tant que tel a eu lieu. C’est l’heure d’investir le nouvel espace.
Certains parents pensent alors qu’il est plus simple de tout préparer avant l’arrivée des enfants (quand c’est possible), et je crois que c’est une erreur.
Moins les enfants seront impliqués dans la démarche, plus ils seront dans la position de la subir. Si on repense à cette fausse bonne idée de « faire accepter » le déménagement aux enfants, on comprend que la meilleure piste, c’est de les en rendre acteurs.
C’est comme pour tout en fait : imposer à nos enfants aura tendance à engendrer l’opposition. Redonner du pouvoir à nos enfants encouragera la coopération.
Ici, on leur donne du pouvoir par l’action, par les choix.
Comment tu veux placer tes meubles ? Tu m’aides à remonter celui-là ? Tiens, voilà les vis… Et ces jouets-là, on les met plutôt ici, ou plutôt là ?
Pour les ados, bien sûr, pas besoin de leur donner le choix du placement des jouets… ils sauront organiser leur chambre seuls.
Mais on peut les impliquer sur d’autres plans, tout en étant à l’écoute. Ainsi, Alice m’a aidée à installer la cuisine, à décider où on mettrait les assiettes, les casseroles.. Je n’aurais pas demandé ça à son grand-frère Oscar que ça n’aurait pas du tout intéressé ! Lui aurait plutôt participé à remonter le canapé. (Malheureusement, Oscar est resté en France pour ses études, mais c’est une autre histoire…)
Jusqu’où peut-on aller dans cette implication de l’enfant à l’arrivée ? Y a-t-il une règle ? Je vais partir d’un exemple.
Récemment, une maman m’a demandé conseil pour son fils. Voici ce qu’elle m’écrit :
Mon fils (4 ans1/2) dort toujours dans son petit lit de bébé (bien juste pour lui !!). Il a un lit au sol (taille adulte 1 personne) sur lequel je lui propose régulièrement de dormir en lui disant qu’il y serait plus à l’aise. Mais il refuse. Je m’étais dit que dans le nouvel appartement, je lui mettrais directement son lit de grand, mais ça fait peut-être bcp pour lui, non ?
En fait, il n’y a pas de réponse toute faite à une telle situation. Tout dépend du garçon : comment il se sent dans ce déménagement, s’il a besoin de retrouver le cadre sécurisant qu’il connait, ou s’il se sent au contraire prêt à ce nouveau départ.
Parfois, un changement d’environnement fait grandir nos enfants d’un coup. Parfois, au contraire, cela leur fait perdre leurs repères, et on sent qu’ils ont besoin de se récréer un cadre de sécurité.
Lorsque nous sommes rentrés de Puerto Rico, il y a deux ans, Anatole, 4 ans, voulait que je m’asseye tout proche de lui à chaque repas. Et cela a duré des semaines. Parce qu’il avait besoin de se raccrocher à quelque chose.
J’encourage donc cette maman à être à l’écoute de son fils. A soulever la question avec lui. Et à voir comment il réagit aux différentes options. Peut-être que la solution est dans un lit intermédiaire : un lit d’enfant juste pour lui, qui ne soit plus à barreaux ?
Précaution no6 : Ne pas être trop pressé de vider les cartons !
Si l’installation dans ce nouveau lieu est importante, pour s’y sentir bien, il y a également quelque chose d’encore plus important : de se sentir bien ensemble !
Cela demande de veiller à l’ambiance familiale, surtout au début.
Là encore, des choix à faire.
Bien sûr, on n’a pas envie que l’installation traine des mois. Mais l’échéance n’est plus la même qu’avant le départ. On peut donc se permettre de prendre un peu plus de temps, pour avoir celui de partager.
Cela changera peu à peu, au fur et à mesure que chacun se fera à son nouvel environnement, se récréera son sentiment de bien-être, se sentira de nouveau appartenir à un lieu, et acceptera enfin pleinement ce déménagement.
Mais au début, c’est clair : rien ne nous attend dans le nouveau lieu, et la seule constante, c’est notre famille !
Alors, prenons-en soin, et mettons-là en priorité.
Faites des pauses dans le déballage pour vous retrouver, et créez les activités qui vous ressemblent.
Lorsque nous sommes arrivés à Puerto Rico (il y a 6 ans de cela), un de mes premiers achats a été un gaufrier ! Et je l’ai ressorti ici, pour créer des goûters sympas en famille…
Une tradition chez nous : la lecture de Harry Potter à haute voix… C’est notre moment de reconnexion, de partage.
On l’a lu avec Oscar en arrivant au Mexique, puis avec Oscar et Alice en arrivant à Puerto Rico, maintenant avec Alice, Léon et Anatole, dans ce contexte londonien qui lui correspond si bien !
Des semaines de moments partagés tout définis (nous en sommes actuellement au tome 4…)
Trouvez votre équilibre entre ce besoin d’aménagement et ce besoin de lien. Tout peut se faire, il suffit de se donner le temps.
Et puis, bien sûr, n’hésitez pas à sortir, à découvrir votre environnement, votre nouveau lieu de vie.
Lorsque l’on vient d’arriver dans un endroit, on pose sur les choses un oeil encore neuf, qui permet de s’émerveiller bien plus. C’est le moment de partager cela ! La forme du métro, l’accent des gens, le soleil sur la tamise, les écureuils de Hyde Park… voici quelques unes de nos premières découvertes… Même si les règles du confinement ne nous aident pas !!
Précaution no7 pour bien vivre un déménagement avec les enfants : Prendre soin de soi
Enfin, je terminerai par un conseil pour vous. Car dans le déménagement avec les enfants, il y a toujours vous.
Et si ce conseil de prendre de soi est toujours valable, il l’est encore plus dans cette période. Car, si déménager est stressant pour nos enfants, il l’est également pour nous. Un déménagement sans stress, ça n’existe pas.
Alors, si l’on veut être en mesure d’accompagner nos enfants, si on veut pouvoir faire des gaufres, ou les impliquer dans le remontage des meubles dans la nouvelle maison, il faut d’abord avoir l’énergie de le faire. Or, si notre réservoir est vide, nous n’aurons aucune énergie.
Je sais bien que le temps nous manque pour prendre soin de nous… Il est pourtant nécessaire de trouver ce qui nous permet de maintenir cette énergie qui nous permettra de traverser ces changements sereinement. Trouver ce qui nous ressource en temps limité.
Et puis, adapter nos attentes, accepter de faire de notre mieux, même s’il est moins haut qu’à d’autres moments.
Alors, vous aurez toutes les ressources nécessaires pour mettre en place toutes ces précautions, et faire en sorte que ce déménagement avec les enfants, et en famille, se passe au mieux !
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/11/Demenagement-et-enfants.jpg?fit=2016%2C1512&ssl=115122016Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2020-11-20 14:56:242024-05-17 16:39:397 précautions à prendre quand on déménage avec des enfants
Il y a peu, j’ai assisté à une présentation sur le thème de la culpabilité. Cette conférence était organisée par une association de familles, alors évidemment, le public était majoritairement composé de parents, mais le thème était la culpabilité en général. Au début de la présentation, l’intervenante a demandé à chacun de citer une situation dans laquelle nous nous sentions coupables. Une bonne moitié des réponses concernait le comportement face aux enfants : “Je me sens coupable quand je crie sur mes enfants.” “Je me sens coupable quand je n’arrive plus à être patiente en fin de journée.” “Je me sens coupable quand je n’arrive pas à me faire obéir et que je bascule dans la force.” … La culpabilité est un sentiment très présent chez les parents, et particulièrement chez les mères. J’avais donc envie de vous en parler.
Comme d’habitude, écrire m’aide à réfléchir. Et ce n’est sûrement pas un hasard si je trouve aujourd’hui une illustration concrète de ce thème dans ma vie personnelle. J’ai commencé à écrire cet article il y a quelques jours, et ce matin, justement, je me sens coupable… Je vais donc vous raconter pourquoi, en toute honnêteté, et en ravalant ma honte.
Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici l’enregistrement.
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Nous sommes en vadrouille en famille en Inde. Cette nuit, notre camp de base est un genre de lodge au bord d’une réserve d’oiseaux, en pleine nature. C’est super beau. Nous logeons dans des espèces de grandes tentes-maisons. Et c’est ici que nous avons fêté le nouvel an.
Ce matin, c’est le bruit de Léon fermant la tente en sortant qui m’a réveillée. Il avait été très discret, ai-je découvert ensuite, puisqu’il s’était habillé dans le presque noir, et avait bien bordé ses doudous avant de sortir. Il est ensuite allé rejoindre son frère et son copain devant la tente voisine, et ils se sont mis à jouer. Seulement voilà, leur enthousiasme occultait complètement l’heure… Nous sommes le matin du 1er janvier, il est 7h30, et eux crient. Moi… je m’énerve !
Un déclencheur
On est tous plus ou moins résistant au manque de sommeil. Je ne lui suis pas. Pour moi, la fatigue est réellement un ennemi. Elle a facilement pour effet de me transformer en sorcière. Comme je le sais, je m’énerve d’avance, et le bruit le matin est un de mes déclencheurs : je n’arrive pas à supporter que ceux qui sont réveillés ne fassent pas attention à ceux qui dorment. Je me répète que c’est un manque de respect dingue, alors même que l’autre voix dans ma tête sait que cela n’a rien à voir, que les enfants oublient et ne se rendent pas compte… Mais c’est malgré tout souvent la première voix qui l’emporte, malheureusement.
Et c’est ce qui se passe ce matin, alors que je me lève pour dire : “Oh, les gars !! Y’a des gens qui dorment dans ce camp ! Il y a nous de ce côté, et d’autres gens de l’autre côté ! Alors soit vous êtes capables de jouer dehors sans faire de bruit, soit c’est dans les tentes avec un bouquin, c’est clair ?”
Hum…. comme parent positif, on fait mieux…
C’est drôle d’ailleurs ; on sent dans mes mots que j’ai intégré certains principes, qui ressortent même dans la colère. Je ne leur dis pas qu’ils sont insupportables : je décris la situation, je leur donne un choix et une conséquence claire. J’aurais presque pu dire la même chose et que ce soit adapté. Seulement les mots ne font pas tout. Ici, mon ton est agressif. Quoi que je dise, je le dis mal. Je ne suis pas dans l’encouragement, mais dans le rabaissement. Je ne suis pas dans l’écoute mais dans l’imposition et l’exigence. Je ne suis pas dans la coopération mais dans le reproche et le pouvoir.
La culpabilité pointe son nez
Je me recouche, aussitôt envahie par la culpabilité. Mes premiers mots de l’année seront donc ceux-là. Une agression. Je ne peux plus changer ça.
Et puis… comment puis-je leur demander de parler gentiment quand je leur donne ce modèle-là moi-même ? Je respire.
Changement d’approche
Cinq minutes plus tard, quand les cris reprennent (ils font à présent un concours de lancer de billes et hurlent : “gagné !!”), je ressors calmement, m’approche, et leur dis : “Ecoutez, les gars. D’abord, je voudrais vous demander pardon du ton que j’ai utilisé avant. Ensuite, je vois que c’est vraiment difficile pour vous de ne pas crier. Vos billes arrivent juste devant la tente des voisins, et vous les gênez forcément. Vous aurez encore plein d’autres moments dans la journée pour jouer à ça, et faire du bruit. Là, maintenant, il vaudrait mieux trouver une activité qui ne dérange pas les autres.” Alors, Léon part en courant : “Je vais à la cible !”. Il y a en effet une cible avec un arc et des “flèches” au bout en caoutchouc dans la partie commune du camp, un peu plus loin des dormeurs.
Les deux autres veulent suivre. “Aucun problème, leur dis-je, il faut juste être habillé pour aller là-bas.” Ils rentrent dans leur tente pour enlever les pyjamas. Je retourne dans la mienne, un peu soulagée. Mais je sais que je ne dormirai plus.
Comment je me sens
Honnêtement, mes sentiments sont confus à ce moment-là :
un reste de culpabilité
un soulagement d’avoir su redresser la barre
un sentiment d’injustice parce que finalement, ma nuit a bien été interrompue
de l’acceptation, parce que ce sont des enfants
du ressentiment quand même à cause de cette interruption.
Pour autant, je me dis : Oui, il est injuste que je sois réveillée parce qu’ils font trop de bruit, alors qu’ils auraient pu -ils auraient dû même !- jouer calmement. Mais voyons les choses objectivement : est-ce que les agresser aide à résoudre la situation ? Absolument pas ! On peut même penser, et observer, que c’est lorsque j’aborde les choses calmement que les solutions apparaissent. J’aurai donc toujours plus à gagner à éviter l’agression. A court terme pour mon sommeil, à long terme encore plus, pour tous leurs conflits à venir, au cours desquels ils vont vraisemblablement user des techniques qu’ils auront observées.
Et je reste donc, avec mon sentiment de culpabilité. Que vais-je en faire ? On en parle ?
Qu’est-ce que la culpabilité ?
Commençons par le commencement. D’où vient ce sentiment de culpabilité ? Qu’est-ce qui se joue en nous pour faire naître cette expérience émotionnelle, somme toute plutôt désagréable ?
Voilà la première chose que nous explique Camille Sépulchre, l’intervenante, et que je note immédiatement en gras, tant ça me parait limpide.
La culpabilité nait d’un conflit psychique : elle vient du décalage entre moi tel(le) que je voudrais être, et moi tel(le) que je suis.
C’est exactement ce qui s’est joué ce matin : le décalage entre la maman positive, qui enseigne à ses enfants, par le modèle, à parler gentiment, qui fait preuve de tolérance pour leur temps d’apprentissage, et celle qui s’est mise à agresser ses enfants de but en blanc. Ce décalage a immédiatement déclenché ma culpabilité.
Pour notre esprit, la culpabilité est alors une façon de réparer : on s’en veut et ça répare un peu ce qu’on a fait. Vous avez déjà senti ça ?
Nous sommes juges de nous-mêmes
Discuter de cette culpabilité est également l’occasion de revenir sur un point fondamental : la responsabilité de nos sentiments. C’est une notion fondamentale, très bien expliquée dans la CNV (cf. Les mots sont des fenêtres) : nous sommes responsables de nos sentiments.
Si vous lisez cela pour la première fois, vous pouvez être surpris. L’idée est pourtant simple. Des circonstances identiques font naitre des sentiments différents. Je suis facilement agacée par quelque chose qui, au contraire, plait à mon voisin. C’est donc bien que ce n’est pas la situation elle-même qui engendre mon sentiment, mais moi. Ou, plus précisément, mes pensées.
Dans le cas de la culpabilité, nos propres pensées sont des jugements. “Je n’aurais pas dû..”, “J’ai tort…”, “Je ne suis pas capable..”, “Je devrais…”
Nous sommes notre propre juge, et nous nous jugeons nous-mêmes très durement. Cependant, le fait que cette culpabilité découle de nos pensées en fait un sentiment réellement très personnel. D’autant qu’elle est particulièrement influencée par nos expériences passées, comme nous allons le voir.
Les différentes formes de culpabilité
Ces pensées qui créent chez nous un sentiment de culpabilité viennent elles-mêmes de niveaux différents. Elles viennent :
de nous et de nos aspirations
de ce que la société nous a transmis
de ce que nos parents et ancêtres nous ont transmis
Plus la culpabilité vient de loin, plus elle est inconsciente. Car beaucoup de nos jugements sur nous-mêmes sont directement liés à des croyances qui sont véhiculées sans même que l’on en ait vraiment conscience.
Quelques exemples de ce que peut nous avoir transmis la société : “Je dois savoir gérer mon travail, ma famille, et ma maison.” “Je ne suis pas là pour me faire plaisir.” “Les enfants doivent obéir aux adultes.” “Je dois penser aux autres avant de penser à moi.” “Un garçon, ça ne pleure pas.” “Il faut être efficace.” “Il faut travailler à corriger ses faiblesses plutôt que se focaliser sur ses forces.”
Quelques exemples de ce que peuvent nous avoir transmis nos parents, qui se confond parfois avec ce que nous a transmis la société : “Je n’ai pas le droit à l’erreur.” “Je me débrouille seul.” “On ne peut pas savourer si on n’a pas d’abord souffert.” “La vie, c’est comme un match de boxe, il faut être le premier.” (spéciale dédicace à mon grand-père qui nous disait ça régulièrement… Heureusement, on n’écoutait pas toujours !) …
Toutes ces croyances ancrées en nous, influencent nos pensées, qui, à leur tour, créent ce sentiment de culpabilité. Par rapport au geste qu’on vient de faire, à la pensée de ce qu’on aurait pu commettre… Et que l’on traduit par ce genre de pensées, mi-conscientes : “Je ne suis pas à la hauteur de ce que les gens attendent de moi.” « Je ne passe pas assez de temps avec mes enfants. » En fait, nous sommes en décalage avec une certaine idéalisation de nous-mêmes.
Nous voyons bien ici la part de l’inconscient dans ce sentiment de culpabilité : 1- la culpabilité vient du décalage de ce que nous sommes avec l’idée que nous nous faisons de ce que nous “devrions” être. 2- or, ce que nous devrions être vient de nos croyances héritées de nos parents et de la société.
Ce qui est clair, c’est que plus nous nous situons dans l’inconscient, et plus il est difficile de passer au dessus de notre sentiment de culpabilité.
La culpabilité est un signe de bonne santé psychologique
En effet, que serait un monde sans culpabilité ? Alors, on verrait probablement : un manque de scrupules, un égoïsme absolu, un manque d’empathie… Bref, éradiquer la culpabilité ne serait pas une bonne idée ! Comme tous les sentiments, en fait, la culpabilité a bien une raison d’être.
Notre sentiment de culpabilité prouve que nous savons reconnaitre le bien et le mal. Seuls les vrais psychopathes n’ont pas de culpabilité !
La culpabilité nous arrive sans que nous le choisissions. En revanche, nous avons alors le choix de ce qu’on fait de cette culpabilité. C’est à nous de décider comment y réagir.
Que peut-on faire de notre culpabilité ?
Il y a quelques années, j’écrivais ici-même que “notre culpabilité est une bonne nouvelle.” J’expliquais en effet que la culpabilité était pour moi une prise de conscience qui pouvait servir de point de départ, et c’est ce dont nous allons parler ici.
Culpabilité saine et culpabilité malsaine
Il existe en fait deux manières de vivre notre culpabilité. On peut parler de culpabilité saine et de culpabilité malsaine.
Culpabilité malsaine
Je me figure la culpabilité malsaine comme un boulet à notre pied. Cette culpabilité est celle que l’on ressasse, en boucle. Plus on s’enfonce, plus elle est présente. Plus elle est présente, plus on se juge, et plus cela détruit notre estime de nous-même. C’est alors un cercle vicieux, très pénible.
La culpabilité malsaine nous immobilise, c’est évidemment celle dont on veut le plus se débarrasser. Cependant, s’en débarrasser ne veut pas dire faire une croix sur la culpabilité dans son ensemble, mais plutôt décider d’agir pour en faire une culpabilité saine.
Culpabilité saine
La culpabilité saine, elle, est plutôt un moteur. Lorsque l’on sait la recevoir, elle nous donne l’énergie qu’il nous faut pour avancer.
On a vu déjà que la culpabilité découlait d’un décalage entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être. En prendre conscience permet d’entamer un travail sur soi.
Travailler sur soi n’est pas toujours simple, car cela implique souvent une remise en question qui nous rend inconfortable. Sans parler du temps d’investissement nécessaire. Mais notre culpabilité est sans aucun doute une motivation : l’envie de ne plus la ressentir nous poussera à avancer ! Voilà pourquoi je parle de moteur…
Cependant, l’action ne sera pas toujours la meilleure voie à suivre. En fait, la culpabilité saine engendrera toujours une réflexion chez nous. Ensuite, nous déciderons s’il convient d’entrer en action ou non.
Deux scénarios sont possibles :
Agir pour se transformer
Surmonter notre culpabilité
Agir pour se transformer : la méthode
Nous parlons ici d’utiliser la culpabilité comme moteur pour se transformer. Pour tendre un peu plus vers cet idéal que nous avons en tête et qui nous fait nous sentir coupable. Encore faut-il savoir comment faire cela.
Je vais donc vous livrer ici un exemple personnel, que Camille, la présentatrice, m’a aidée à creuser lors de sa présentation.
Ma situation
“Je me sens coupable quand j’en veux à mon mari de prendre du temps pour lui.”
Oui… je l’avoue (et j’ai un peu honte). Le week-end, mon mari trouve de plus en plus souvent l’occasion de faire un peu de saxophone. Une partie de moi se réjouit qu’il renoue avec cette passion qui a été un peu moins présente ces dernières années, et l’autre lui en veut d’y consacrer du temps. En toute objectivité, je sais que je ne devrais pas lui en vouloir. (Vous remarquez le “je ne devrais pas”, qui parle de qui j’ai envie d’être). Ce n’est pas comme s’il ne s’impliquait pas dans la maison ou avec les enfants. Il trouve honnêtement le bon équilibre, et pourtant, je sens cette négativité en moi, que je ne voudrais pas ressentir !
Camille m’a encouragée à chercher les conflits intérieurs et les idéalisations auxquelles cette situation me renvoyait.
La situation est celle qu’elle est. Soit. J’ai donc le choix : soit je reste avec ça, je me morfonds, et je tourne en rond avec l’idée que je ne devrais pas ressentir ça, mais sans rien y faire, ce qui devient un boulet à mon pied (culpabilité malsaine), soit je décide d’entamer un travail qui me permettra de mieux comprendre ce qui se joue.
Recherche des idéaux cachés derrière ma culpabilité
On voit bien qu’il y a ici un décalage entre qui je suis dans cette situation et la personne que j’aimerais être. Je vais donc m’y arrêter un moment.
Quel est mon idéal ? J’aimerais être contente pour lui. J’aimerais moi aussi prendre du temps pour moi. → Ah ! Il y a également de la jalousie là-dessous ! Mais pourquoi est-ce que je ne prends pas du temps pour moi ? Je voudrais avoir une maison qui tourne (et pour cela, j’y consacre de l’énergie, c’est mon choix) Je voudrais qu’il soit présent à ses enfants. – Hum… voilà qui nécessite également une réflexion plus poussée : d’abord, parce qu’il est présent à ses enfants – pas un week-end sans un jeu de société par exemple -, ensuite parce que je sais bien que pour être réellement présent à ses enfants, il faut également prendre du temps pour soi !
Voici donc mon idéal, très clair : me réjouir qu’il puisse prendre du temps pour lui sans arrière-pensée et prendre également du temps pour moi sans arrière-pensée
Une réflexion qui se prolonge
Dans les jours qui suivent cette présentation, j’ai l’occasion de pousser encore un peu cette réflexion. Je m’aperçois que la construction de notre équilibre de vie crée un décalage entre nous. Du fait que je travaille à la maison, j’ai parfois l’occasion de prendre du temps pour moi dans la semaine. Bien sûr, comme tout le monde, je cours plutôt après le temps ! Mais quand même, convaincue que respirer et remplir mon réservoir est fondamental, faute de quoi je ne suis pas la maman que j’ai envie d’être, je m’accorde des pauses qui me font du bien. De son côté, Nicolas a peu d’occasion de faire de même. Faire du saxophone est son moment. Et je sais que lorsqu’il a pu souffler dans son saxo, il est ensuite plus détendu, et s’occupe par exemple plus facilement du bain des enfants. Parce qu’il a rempli son réservoir.
La transformation
Cela n’a l’air de rien, mais cette analyse m’a aidée à passer à l’action. Le week-end suivant, je sens une vraie transformation en moi. Nicolas part faire du saxo, et moi, je me réjouis pour lui. Réellement, et sincèrement !
Reste à voir si cela durera, mais je sens bien que j’ai franchi un pas important. D’ailleurs, je n’hésite plus à aller prendre un bain avec un bon livre, dont je sors à mon tour plus reposée ! Cela va également avec un apprentissage du lâcher-prise qui m’appartient complètement.
Quand nous ne sommes pas dans l’action : surmonter la culpabilité
Il existe encore des tas de situations où il est possible de se sentir coupable sans que nous puissions agir pour que la situation change. Prenons le cas de quelqu’un qui a du mal à supporter d’être privilégié sans l’avoir forcément mérité. Ex : “J’ai des enfants facilement, alors que ma voisine n’y arrive pas.”
Encore une fois, tout le monde ne ressent pas de la culpabilité dans une telle situation. Mais, si nous nous plaçons dans le cas d’une maman qui en ressentirait, voyons quel serait l’idéal derrière ce sentiment. Probablement quelque chose de l’ordre de : « Dans mon idéal, tout le monde a les mêmes chances, et dans mon idéal je ne fais pas face à la tristesse de l’autre. Dans mon monde idéal, je ne rendrais personne triste. »
Pas possible de changer la situation, mais pourquoi pas essayer de développer son empathie, d’écouter l’autre, d’adapter son comportement…
Et puis, on peut se poser soi-même la question suivante : “Je ressens de la culpabilité. Qu’est-ce que j’en fais pour moi ?” Surmonter sa culpabilité dans ce cas peut signifier s’en débarrasser par la gratitude. Reconnaître qu’on n’est pas responsable de la situation des autres, et se sentir reconnaissant de ce que l’on vit.
Un choix
Voilà, je vous ai livré tout ce que je savais, ou presque. Je sais qu’il me reste à mener le travail que je vous ai décrit plus haut sur la situation exposée en début d’article. J’ai commencé à le faire, mais j’aimerais mener ce travail à son terme pour vous en parler un peu plus sans alourdir cet article déjà long.
Une chose à retenir en tout cas : on ne choisit pas de se sentir coupable, mais on choisit bien ce que l’on fait de cette culpabilité. Pour moi, le choix est désormais fait : je veux embrasser ma culpabilité pour chercher les idéaux et croyances qui se cachent derrière. Attendre que les choses changent d’elles-mêmes ne fonctionne pas.
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/01/culpabilit%C3%A9-des-meres-e1579187748895.jpg?fit=480%2C640&ssl=1640480Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2020-01-17 09:03:142024-05-21 10:27:31La culpabilité des mères (et des pères)
Ca y est, cette première semaine de rentrée est terminée. J’espère qu’elle a été bonne chez chacun d’entre vous. C’est souvent délicat cette semaine-là. Toujours plein d’émotions ! La fin des vacances, le retour à un rythme plus contraignant. La joie de retrouver ses copains, éventuellement, l’anxiété de la découverte des enseignants, parfois un changement d’école… Il n’est pas rare que toutes ces émotions combinées fassent comme des ampoules qui s’allument toutes à la fois, et qui nous éblouissent un peu. Ajoutons à ça le stress des premiers matins qui ne sont pas encore tout à fait rôdés, la reprise pour les parents aussi, et ça peut donner un cocktail sympathique.
A titre d’illustration, je voulais vous raconter notre première semaine.
Lundi
Lundi n’est pas une vraie journée de rentrée chez nous, sauf pour Oscar, qui démarre avec enthousiasme une classe prépa.
Pour Alice, en 4è, c’est seulement la rencontre avec le prof principal et la classe. Elle est contente de retrouver ses copains, et d’y aller doucement.
Avec Léon et Anatole, nous passerons une heure à l’école : rencontre en individuel avec chacune des maîtresses. C’est une vraie chance, cela leur permet à chacun de créer un premier lien avec douceur.
Tous les deux commencent dans une nouvelle école.
Léon, évidemment, puisque nous avions commencé l’école à la maison en janvier ! Il aurait bien aimé rester en école à la maison, alors j’attendais un peu de voir comment se déroulerait l’adaptation. La maîtresse l’a vraiment très bien reçu. Elle l’a écouté, s’est montré intéressée par ce qu’il avait à dire, ça a vraiment été un tres bon premier contact.
Pour Anatole, c’est l’entrée au CP. Je suis ravie : il est dans la classe de l’institutrice chez qui je suis intervenue toute l’année dernière en séances de Discipline Positive. (ce que je vais très probablement continuer à faire cette année d’ailleurs, nous aurons l’occasion d’en reparler…)
Mardi
Cette fois, ça y est, chacun prend son chemin tôt le matin.
De mon côté, j’emmène les garçons par le train : une seule station, ce n’est pas très loin, mais rudement efficace.
Au moment de se séparer devant le portail, je vois mon Anatole faire une petite moue.
Nous avions justement lu la veille au soir une histoire de rentrée, et étions tombés sur un commentaire du type : “Bastien rentre au CP maintenant. Il est grand. Et les grands, ça n’a pas peur !”. Evidemment, nous en avions discuté entre nous, et étions tombés d’accord pour dire que si, les grands aussi, ça avait peur !
Donc, devant le portail, je me penche vers mon Anatole, et lui demande : “Tu as un peu peur ?”
“- Ouiiiii….”. Larmes aux yeux.
“Tu sais, c’est normal d’avoir un peu peur. C’est une nouvelle école, avec des gens que tu ne connais pas, ça fait un peu peur les endroits nouveaux. Après, tu vas entrer dans la cour, et puis tu vas retrouver ta maîtresse, que tu as rencontrée hier, et elle va tous vous faire monter dans la classe, et tu pourras rencontrer les autres enfants. Alors, ça ira mieux. Pour l’instant, c’est un peu difficile.”
Je le prends dans mes bras doucement, et lui demande :
“Tu penses que ça t’aiderait si Léon entrait avec toi en te tenant la main ?
– oui.
– Léon, tu serais d’accord pour prendre Anatole par la main pour entrer dans la cour ?
– bien sûr ! »
Et voilà mes deux plus jeunes qui s’éloignent… Mission accomplie.
Pour moi, cette journée est une parenthèse merveilleuse. J’ai une très bonne amie argentine de passage, et nous allons voir Paris ! D’abord une expo à l’atelier des lumières, puis nous allons acheter du thé chez Mariage Frère, déjeuner dans un bistrot, balade en scooter, dessert dans une pâtisserie japonaise… (La pâtisserie Tomo, que je vous recommande si vous aimez ce style…) J’en profite à fond !
Je me sens privilégiée.
Si je n’avais pas eu cette amie, je me serais directement mise au travail. Là, j’ai pu savourer cette première journée de retrouvailles avec moi-même, et me ressourcer avant de passer à ma propre rentrée. Ça m’a fait du bien.
Mercredi
Aie.. mercredi est un peu plus difficile… On sent que, même s’ils sont contents de leur nouvel environnement, il y a pas mal d’émotions contenues chez mes garçons. Les disputes sont plus fréquentes, les cris se multiplient.
Mon amie part en fin d’après-midi, et j’essaye de puiser dans mes envies de maman positive pour ré-orienter les choses.
Avec succès d’abord : nous faisons des jeux de société, tout se passe bien.
En fin de journée cependant, tandis que je prépare le dîner, l’ambiance se tend.
D’abord, j’entends Léon et Anatole qui jouent avec Alice. C’est un jeu de poursuite et de bataille. Ça fait beaucoup, beaucoup de bruit, et cela me pèse…
Au bout d’un moment, Alice veut arrêter, et n’est pas écoutée. Son ton se durcit : “Anatole, rends-moi mon coussin !”
Je monte alors, avec l’idée de prendre le relai.
Oh, la mauvaise idée ! Je n’avais pas pris le temps d’écouter d’abord ce qui se passait en moi, et j’aurais dû !
Dès que je me suis retrouvée en haut, j’ai craqué :
J’ai trouvé Anatole accroché à un coussin qui appartenait à sa sœur, et ne voulant pas le rendre. Il jouait encore, elle non. Je lui ai arraché le coussin en le poussant à moitié, il s’est mis à pleurer, et j’ai crié : « je n’en peux plus de vos hurlements depuis ce matin ! »… Là, j’ai réalisé que je ne calmais pas tellement les choses, et je suis repartie…
Heureusement, plus tard, j’ai pu remonter calmée, me suis excusée, et ai accompagné Anatole seul pour un petit bain, afin de le détendre aussi.. et ça a été efficace.
N’empêche, sentiment un peu amer en cette fin de journée… je me couche en souhaitant faire mieux le lendemain…
Jeudi
Allez les garçons, le train part à 8h12 ! C’est difficile d’être prêts à partir. Nous ne ratons pas le train, mais il nous faut courir sur le quai pour l’attraper… Les préparatifs du matin sont encore à peaufiner. Nous avons un peu perdu le rythme.
D’autant que Nicolas, mon mari, est en déplacement toute la semaine. Je dois donc m’assurer seule que les choses avancent tout en me préparant.
Tout va bien cependant.
Encore une nouvelle expérience aujourd’hui : Mélissa, une jeune américaine, m’accompagne pour aller chercher les enfants. C’est la première fois qu’elle va les voir, et elle sera ensuite chargée de les récupérer et de les garder tous les jeudis en fin d’après-midi. (Cela permet aux enfants de continuer à parler anglais de temps en temps depuis notre retour de Porto Rico)
Une réussite. Tout se passe bien avec Mélissa, et j’en profite puisque cela me permet de travailler un peu plus longtemps. Chouette. Un point de plus qui s’installe dans notre organisation.
Le soir, comme la veille, je savoure un moment avec mes grands.
En effet, je les vois moins : Alice profite des premiers jours pour trainer un peu avec les copains après l’école, Oscar dîne et travaille sur place, et rentre après 20h.
Alors, une fois que Léon et Anatole sont au lit, nous restons tous les trois un moment, à discuter et à voir Friends !
Vendredi
Yes ! Cette fois, le matin se passe sans stress. Tout est fluide, nous sommes en train de prendre le rythme, je suis super contente.
Jusqu’au moment où… en montant dans le train, Léon me dit : “Maman, on n’a pas les cartables !” Oups…
Tant pis, j’accompagne les enfants à l’école, puis je reviens à la maison, et je retourne à l’école pour poser les cartables.
N’empêche, ça nous servira de leçon, je crois que nous n’oublierons plus les cartables !
Ouf. Il est 16h20, je récupère mes garçons, ravis de leur semaine de rentrée. Le vendredi, c’est toujours plus cool : pour moi, c’est déjà le week-end. Ils peuvent jouer dans le jardin, bricoler à la cave, on est tranquille.
Et puis, je les entends chanter les chansons apprises à l’école. Chansons que j’aime beaucoup, déjà.
Léon chante des bulles qui s’envolent, et Anatole clame : “Je veux apprendre ! Je veux apprendre !”
Enfin
Voilà, c’est la fin de cette semaine. J’ai hâte du week-end, et de retrouver mon mari, de voir plus mes grands, bref, que nous nous retrouvions tous ensemble… Brièvement, car dès mardi, je pars à mon tour une semaine, avec mon groupe de travail. Alors, je savoure.
Ah, je ne vous ai pas parlé de la découverte des devoirs pour Anatole… mais je crois que cela pourra faire l’objet d’un article à part entière, parce que c’est un thème qui en vaut la peine.
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2019/09/semaine-de-rentree.jpg?fit=960%2C1280&ssl=11280960Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2019-09-11 08:48:532022-08-29 17:48:04Ma semaine de rentrée des classes
Je vous avais fait part en janvier de ma décision de prendre mon fils Léon, 7 ans, en école à la maison. Cela fait maintenant 4 mois, et je vous en ai peu parlé depuis. Non parce que je n’avais rien à dire, mais parce qu’avec l’IEF, tout d’un coup, notre temps s’envole… Et pourtant, ce parcours est intéressant, je crois. Comment s’est passée l’adaptation, comment nous sommes-nous finalement organisés, quelle sera la suite… En somme, quel est le bilan, après 4 mois d’école à la maison ? J’avais pas mal d’interrogations sur la manière dont se déroulerait l’IEF, aujourd’hui j’ai plus de réponses. C’est ce dont je voudrais vous parler aujourd’hui.
Est-ce que Léon se sent bien en école à la maison ?
Commençons pas le commencement. Nous avions décidé de retirer Léon de l’école parce qu’il y était mal, alors la première question à laquelle je voudrais répondre, c’est celle de savoir s’il se sent mieux.
Là, aucun doute : c’est le jour et la nuit !
Depuis que nous avons mis l’IEF en place, mon fils s’est remis à respirer autrement. Déjà, les pipis au lit avaient disparu depuis que la décision avait été prise. Et à partir du moment où il est resté à la maison, nous avons retrouvé notre joli sourire. Lui qui était devenu tendu et agressif s’est détendu. On sentait qu’il pouvait de nouveau s’épanouir.
Il adore avoir du temps pour lui, l’école ne lui manque absolument pas, il trouve son équilibre, c’est un bonheur.
Les liens sociaux
Nous avons quatre enfants. Nos enfants ne sont donc jamais très longtemps tout seuls… (nous non plus, d’ailleurs !). Léon et Anatole, qui sont les plus proches, en particulier. Dans tous les moments où son petit frère n’est pas à l’école, Léon joue avec lui. Beaucoup.
Cependant, Léon a également l’occasion de voir d’autres enfants :
après l’école, nous invitons parfois l’un de ses copains de CE1. En général, environ une fois par semaine. Et ça se passe bien.
le vendredi, il m’accompagne dans ma séance de Discipline Positive en classe de CP. Il n’y prend pas une part active, mais reste dans le groupe et assiste à la conversation. Souvent, nous arrivons en avance, et il participe d’abord à la fin de la récréation.
il fait également partie des farfadets (des scouts, en plus jeune). Une fois par mois, il participe donc à la rencontre d’une dizaine d’enfants.
Léon n’est donc pas isolé. D’ailleurs, il n’exprime aucun manque sur ce point-là. Si c’était le cas, il serait facile de trouver d’autres occasions de retrouver des enfants en IEF comme lui, car de nombreuses rencontres et sorties sont organisées. Je ne l’ai pas beaucoup fait parce que nous n’en ressentons pas le besoin, ni lui, ni moi.
L’apprentissage académique
Léon « travaille » beaucoup moins que lorsqu’il était à l’école, c’est évident. Il passe énormément de temps dans les BD. Astérix, Léonard, les schtroumpfs, n’ont plus de secret pour lui (merci la bibliothèque). Mais… n’avons-nous fait que ça pendant 4 mois ?
Le contenu
Il est tres facile d’apprendre des tonnes de choses au quotidien, sur tout un tas de sujets ! Ceux qui pratiquent le « unschooling » (soit aucun enseignement formel) en savent quelque chose.
Je crois cependant qu’il est plus facile d’avancer en francais avec un minimum d’enseignement formel. Nous réservons donc un temps de travail à cela, et nous y glissons également les maths !
Certes, Léon écrit beaucoup moins que ce qu’il ferait s’il était en classe. Cela ne nous a pas empêchés de faire de la grammaire, et d’apprendre les conjugaisons. Nous avons un classeur pour les fiches, qui contient tout ce que l’on apprend. Au niveau mathématiques, nous avançons également bien, dans les différentes opérations en particulier. Pour ces deux matières, j’applique pas mal de méthodes Montessori, et cela nous convient bien.
Le temps de travail
Le rythme n’est pas évident à trouver. Au début, nous travaillions le matin, jusqu’au déjeuner. Je me suis vite rendue compte que nous n’avions absolument pas besoin de tout ce temps-là ! Donc, l’horaire de travail a été raccourci et placé, au fil de nos envies, à des moments variants. Cela manquait de cadre… Nous avons alors convenu que ce serait fixe : tous les matins de 8h30 à 10h. Cela a très bien fonctionné pendant un bon moment. Depuis le retour des vacances, mon emploi du temps s’est alourdi, et les séances de travail de Léon s’en ressentent. Elles ne sont plus quotidiennes. Cela ne m’inquiète pas, et lorsque nous travaillons, c’est souvent tres efficace.
Je suppose que toutes les familles qui essayent de trouver l’équilibre entre le temps de travail et le reste passent par ces changements : essayer, observer, voir ce qui marche, changer, recommencer… C’est aussi ça la vie ! Egalement un apprentissage en soi !
L’apprentissage informel
La magie de l’école à la maison est là : dans l’apprentissage informel, qu’il soit autonome ou non.
Les sorties
D’abord, il y a tout ce qu’on a eu l’occasion de voir et d’apprendre lors de nos sorties :
J’ai très vite acheté le pass annuel du palais de la découverte et cité des sciences (c’est le même). Malheureusement, la cité des sciences est un peu loin.. Moins facile donc, mais quand même, entre les fois où nous avons l’énergie d’y aller, et les moments palais de la découverte, on a appris tellement de choses dont nous n’aurions probablement pas parlé autrement :
le lien entre les saisons et la rotation de la terre autour du soleil, les jours qui rallongent et raccourcissent, les étoiles dans le ciel…
les poissons électriques : pour se défendre ou pour communiquer
les bactéries du corps humain, l’intestin, le microbiote
le fonctionnement des gênes dominants et récessifs, l’hérédité
Léon est systématiquement passionné, et, je dois dire, moi aussi ! A chaque fois, je ressors en me disant qu’il faut qu’on y aille plus souvent !
Vous l’aurez compris, je suis plus attirée par les sciences… Mais j’ai quand même saisi cette occasion du temps que nous avions pour initier Léon à l’art :
au musée d’Orsay, où il a apprécié les statues, et découvert les impressionnistes
à l’atelier des lumières où mes parents l’ont amené voir une expo de Van Gogh en sons et lumières
Nous allons aussi bien plus régulièrement à la médiathèque, et piochons au hasard de nos trouvailles dans : ce qui se trouve sous Paris, les cathédrales, les atlas… (et les BD !)
Sans aller loin
Et puis, il y a tout ce que l’on apprend sans bouger, juste parce qu’on suit l’énergie insufflée par l’enfant.
Nous avons ainsi passé des jours à dessiner et colorier tous les drapeaux d’Europe, et à les disposer sur le sol en fonction de la position du pays correspondant. Nous avons lu la signification des couleurs qui les composent, grâce à l’excellent livre « Les drapeaux du monde expliqués aux enfants« . C’était incroyable de voir Léon se passionner pour cela, et identifier les positions des pays d’Europe…
Nous avons également créé un herbier avec les feuilles que nous avons trouvées dans la rue, et appris à identifier le noisetier, le bouleau, le marronnier, et autres arbres que je regardais à peine avant de prendre le temps de le faire avec lui.
Nous faisons régulièrement des parties de jeux de société, et nous cuisinons. (Quels progrès sur ce plan-là !!)
Il bricole toujours beaucoup, et construit ses propres objets… il a également appris à coudre.
Et puis, bien sûr, il est au point sur l’invasion de la Gaule par Jules César (et le village qui résiste encore et toujours à l’envahisseur), et sur la forêt palombienne (celle du Marsupilami), qui l’a mis sur la trace de l’Amazonie, que nous avons pu repérer dans l’atlas, et dont il connait également la faune par « la cabane magique » !
Est-ce que je me sens bien en école à la maison ?
Enfin, pour faire écho à la première question que j’ai soulevée, je terminerai avec cette question qui, cette fois, me concerne. Car nous sommes en fait deux à faire l’école à la maison. La question se pose donc de savoir si cette solution convient à tous.
Vous vous en souvenez, lorsque nous avons pris cette décision, elle était temporaire.
Je suis tellement contente de voir tous les aspects que je viens de vous présenter que je me suis cependant sérieusement interrogée sur l’opportunité de continuer. Je vois le bonheur de la douceur du rythme, des moments partagés, de l’apprentissage plaisir, et je me dis que ce serait chouette de continuer…
Et en même temps.
En même temps, c’est clair : je manque de temps pour moi.
L’école à la maison, c’est top, mais ce n’est pas l’équilibre que je recherche, ou en tout cas, pas en ce moment. Depuis le début, je suis frustrée de tout ce temps que je n’ai plus pour continuer à développer mon activité au rythme que j’aimerais. Frustrée par les réunions auxquelles je ne me rends pas. Par les idées qui me viennent et que je n’ai pas le temps d’implémenter.
Et pourtant, j’ai déjà l’impression de voler tous les moments que je peux pour travailler entre deux activités…
Alors, j’ai décidé que l’expérience s’arrêterait là pour le moment.
Léon et Anatole ont été acceptés tous les deux à partir de septembre dans une autre école, où je sais que l’ambiance est plus bienveillante. Ce n’est pas mon école idéale, mais elle offre un bon équilibre entre ce que je cherche et ce que je peux offrir.
Je suis ravie d’avoir eu l’occasion de vivre cette expérience. L’occasion se représentera peut-être un jour. Mais aujourd’hui, j’ai envie et besoin d’autre chose. Je vous dis souvent que pour bien s’occuper de ses enfants, il faut d’abord prendre soin de soi. Remplir d’abord son propre réservoir. C’est le choix que je fais.
Qu’en pense Léon ?
Léon aimerait continuer à rester à la maison. Il me suggère même des idées d’organisation : « Tu me donnes plus de travail en autonomie, et tu fais les leçons à Anatole, et après c’est lui qui apprendra le travail en autonomie, et comme ça, tu pourras travailler ! ». Mais il comprend. Il appréhende un peu le retour à l’école, sans plus.
Et puis, hier, nous avons eu un échange que je crois assez déterminant.
Il venait de passer la journée entière au centre aéré, ce qui n’arrive à peu près jamais. J’animais une formation en multi accueil, et n’étais pas disponible. Lorsque je l’ai récupéré, il m’a dit qu’il n’aimait pas certains animateurs. Il me raconte : « C’est fou, il y en a qui ne savent pas que ce n’est pas agréable de pousser ! »
Récit rapporté de sa conversation avec l’animateur Momo :
« Momo, tu peux arrêter de me pousser s’il te plait ?
– pourquoi ?
– parce que c’est désagréable…
– oui, ben si c’est désagréable, t’as qu’à aller plus vite, et puis c’est tout ! »
Il enchaine avec l’anecdote suivante où un animateur, trouvant qu’il trainait en rentrant de leur sortie, lui a dit : « Ca suffit d’être derrière ! Si ça continue, dès qu’on arrive au centre, tu es puni ! »
Je me suis alors mise à sa hauteur, et je lui ai dit :
« Tu vois, c’est pour ça que j’ai envie d’avoir plus de temps pour travailler. Parce que j’en ai assez de vivre dans un monde où les adultes parlent comme ça aux enfants, juste parce qu’ils en ont le pouvoir.
Ce matin, j’ai passé du temps avec des dames super qui gardent des enfants avant la maternelle, et qui apprennent à parler autrement, justement. Et j’ai envie de partager ça encore, et encore. D’aider le plus de gens possible à changer. J’ai besoin d’avoir plus de temps, pour aider à changer tout ça ! »
https://i0.wp.com/les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2019/05/bilan-apres-4-mois-decole-a-la-maison-e1558022610800.jpg?fit=481%2C640&ssl=1640481Coraliehttps://les6doigtsdelamain.com/wp-content/uploads/2020/07/logo-horizontal-small-300x218.pngCoralie2019-05-16 17:04:322021-10-14 09:32:43Ecole à la maison : bilan après 4 mois
Je vous ai déjà parlé ici de discipline positive, et en particulier de discipline positive en classe. L’éducation nationale affiche bien dans ses ambitions le développement des compétences socio-émotionnelles chez les élèves, apprendre à mieux vivre ensemble, à résoudre les conflits de manière respectueuse… Seulement voilà : les adultes qui les entourent n’ont souvent pas appris ces compétences-là, alors comment les enseigner ? Le défi des enseignants dans ce contexte est très proche de celui des parents, qui cherchent à transmettre des notions de bienveillance et de respect, qui ne sont pas vraiment dans la continuité de ce que nous avons reçu lorsque nous étions enfants… La discipline positive en classe, c’est un moyen de faire évoluer les choses, et j’adore y contribuer !
Le besoin de développer les compétences socio-émotionnelles
Les neurosciences sont aujourd’hui formelles : le cerveau d’un enfant sous stress se développe moins bien ! C’est au contraire lorsque l’enfant est entouré d’empathie que son cerveau se développe mieux, qu’il progresse, qu’il apprend, et qu’il donne le meilleur de lui-même. Il a alors plus confiance en lui et peut progresser encore. C’est un cercle vertueux.
En classe, cela se ressent aussi, évidemment. Dans son livre « Heureux d’apprendre à l’école », Catherine Gueguen présente les résultats de certaines recherches qui montrent que les élèves qui développent les compétences socio-émotionnelles voient leurs résultats scolaires s’améliorer. De façon intéressante d’ailleurs, cela est vrai également lorsque seuls les enseignants de ces élèves se forment !
Il existe aujourd’hui plusieurs manières de développer ce type de compétences. Plusieurs approches qui avancent dans le même sens. La CNV par exemple. La discipline positive est l’une de ces approches.
L’association de Discipline Positive propose une approche très complète, puisqu’elle propose des formations aux parents et aux enseignants, et qu’elle propose également tout cet accompagnement à la Discipline Positive en classe.
A terme, j’ai l’intention de me former également à former les enseignants pour qu’ils puissent agir de manière indépendante. J’attends pour cela d’avoir plus d’expérience en classe moi-même.
Une démarche sur toute l’année scolaire
Accompagner les élèves dans la démarche de la Discipline Positive ne se fait pas en un jour. C’est en réalité une démarche étalée sur toute l’année scolaire, avec des séances régulières (en général, hebdomadaires).
L’objectif est d’atteindre une ambiance de classe dans laquelle le groupe peut discuter ensemble. De l’organisation nécessaire à la classe, leurs idées, des problèmes qui surgissent. Cela se fait au cours de TEC, ou Temps d’Echange en Classe, qui sont des réunions de classe. Pendant ces TEC, chacun peut s’exprimer. Chacun fait partie de la solution.
L’enseignant sort alors de son rôle d’autorité, pour chercher avec les élèves les solutions à mettre en place dans la classe pour que le groupe entier fonctionne mieux.
Cependant, avant de parvenir à mener ces réunions de manière harmonieuse, il s’agit de s’assurer que certaines compétences fondamentales sont acquises.
C’est pourquoi les premières séances (et quand je dis les premières, cela dure en fait un sacré temps, disons presque la moitié de l’année, cela dépend des classes, et de la manière dont on progresse) sont consacrées au développement de ces compétences fondamentales : implication de chacun dans le groupe classe, auto-régulation, respect mutuel, coopération, communication, etc…
Au fur et à mesure, les échanges s’enrichissent, la dynamique de la classe se modifie, et l’on peut aller plus loin. Dans le processus, enseignant et élèves grandissent ensemble.
Mon expérience de Discipline Positive en classe
J’ai suivi une formation de personne-ressource, pour aider à mettre en place la Discipline Positive dans une classe en mars 2017. Fin 2017, enfin, je commençais à me rendre en classe de CE1 pour les premières séances. Je vous en avais parlé à l’époque, et j’étais enchantée de mes débuts. Cependant, la ré-organisation des cours suite à l’ouragan Maria qui n’était pas passé inaperçu avait provoqué l’interruption du projet.
Lors de mon retour en France, j’ai de nouveau cherché un terrain d’entrainement, et j’ai trouvé !
Depuis novembre 2018 (nous sommes, à l’heure où j’écris en avril 2019), j’interviens de manière quasi-hebdomadaire en classe de CP. La maitresse est volontaire (bien sûr, sinon je ne serais pas dans sa classe), dynamique, et très ouverte. Elle, les élèves, et moi, progressons tous à la fois !
C’est tellement chouette de voir comment la classe s’investit ! D’être témoin de la magie qui s’opère dans ce groupe, alors qu’ils n’ont que 6 ou 7 ans ! … que j’ai bien l’intention de vous faire un article spécifique sur mon expérience dans cette classe ! Promis, il ne trainera pas.
—- septembre 2019, 2 petits compléments —
Hum… Finalement, l’article traine… puisqu’il n’est toujours pas écrit ! Ce sera l’occasion de vous faire carrément un bilan de l’année.. avant celle qui va commencer puisque, c’est décidé, je vais de nouveau intervenir dans cette classe !
En mai/juin, j’ai également mené un projet en classe de 5e, avec une bonne partie de l’équipe pédagogique. Les profs volontaires ont donné chacun une heure, plus quelques sessions en « vie de classe » : nous avons pu faire 8 sessions, et c’était MAGIQUE !! Là aussi, il va falloir que je vous détaille un peu tout ça. En attendant, sachez que l’on peut vraiment agir sur l’ambiance de classe, planter des graines sur des manières plus respectueuses de vivre ensemble. J’y crois, et n’ai pas l’intention de m’arrêter en si bon chemin !
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