Cela fait plusieurs fois maintenant que je vois des parents en difficulté, cherchant de l’aide, et qui se retrouvent face à une figure d’autorité qui nie leurs principes d’éducation bienveillante. Il peut s’agir tout simplement d’un enseignant, ou d’un animateur, mais le cas se présente également avec un pédiatre, ou un psychologue.

C’est alors très difficile pour le parent, qui se met à douter de ses principes. En effet, le parent cherche à être le meilleur parent possible, et se heurte à une difficulté. Le professionnel auquel il s’adresse alors lui fait entendre que sa posture n’est pas la bonne ! Que penser ?

Au mieux, le parent s’énerve contre ce professionnel qui ne comprend rien à ses principes éducatifs ; au pire il doute, voire culpabilise…

Je pencherais probablement pour le 1er scénario si j’étais dans cette situation, mais comme je ne le suis pas, je peux voir la situation de l’extérieur, plus froidement, et cela m’a donné envie d’y réfléchir et de vous proposer mes pistes sur le sujet.

Le flot d’émotions

Ce qui rend la situation très difficile, c’est le flot d’émotions auquel nous faisons immédiatement face. Il nous est quasiment impossible à ce moment-là de considérer les choses avec calme.

Or, tant que nous serons envahis par l’émotion, nous ne serons pas capables de prendre du recul, de chercher à voir ce que nous pouvons retirer malgré tout de cette interaction, ou d’avancer vers une solution. Comme le diraient Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson (auteurs du cerveau de votre enfant, que je suis en train de lire, et dont je vous parlerai bientôt), nous réagissons avec la partie droite de notre cerveau, et n’arrivons plus à la reconnecter à la gauche.

Seulement, au moment où nous commençons à parler de nos problèmes avec le professionnel en question, nous sommes déjà dans une position émotionnelle forte, car le sujet dont il s’agit porte déjà une charge en soi, la plupart du temps. Eviter de ne pas se laisser envahir est donc compliqué.

Comme beaucoup de ceux qui s’intéressent aux émotions, je ne peux que conseiller de chercher à observer ces émotions qui nous traversent alors. Prendre un temps pour respirer, et accueillir l’émotion, le sentiment qui nous traverse. Reconnaitre son existence, et le laisser prendre sa place puis disparaitre, en temps et en heure.

Lorsque l’émotion n’est pas trop forte, afin de poursuivre cette démarche de retour à un état émotionnel plus neutre (l’état de l’adulte, si l’on suit l’idée des 3 états du moi), on peut alors chercher à comprendre ce qu’il se passe pour la personne en face de nous.

Pourquoi ce professionnel réagit-il ainsi ?

C’est également un être humain

Oui, la personne qui nous fait face est également un être humain. Ce qui signifie que, malgré son autorité de position découlant de son métier, elle est faillible. Ce n’est pas un super héros. (Tout comme nous !) . Et il subit la résistance au changement qui est si humaine…

En particulier, on peut se souvenir que cette personne a été enfant. Et a eu des parents. Des parents avec certains principes éducatifs.

C’est donc aussi difficile pour lui que pour nous de remettre en cause le modèle d’éducation qu’il connait. Cela lui demanderait de remettre en cause la manière dont il perçoit ses parents. (Je sais, c’est également notre cas, mais c’est plus difficile pour certains que pour d’autres, et c’est peut-être son cas, c’est comme ca !)

De plus, il y a des chances que cette personne ait également des enfants. Ainsi, tout comme dans le cas de nos parents qui ont parfois du mal à comprendre la parentalité positive, remettre ses principes éducatifs en cause reviendrait également à admettre qu’il n’a pas fait avec ses enfants ce qu’il « aurait dû » faire. Ce qui n’est jamais facile à admettre. Surtout dans notre culture française où l’erreur est si mal vue.

Enfin, comme si tout cela ne suffisait pas déjà à freiner bien des adultes, ajoutez dans son cas le fait qu’il a déjà quelques années d’expérience derrière lui, durant lesquelles il a conseillé bien des parents…

Alors… changer de principes, ça veut dire prendre conscience de tous les mauvais conseils dont il faudrait alors prendre la responsabilité !! Avouez que ca va plus loin que pour nous, non ? On peut comprendre que la résistance au changement soit encore plus forte chez ce professionnel que chez d’autres !

La culpabilité que l’on ressent en tant que parent qui découvre de nouveaux principes en avançant sur le chemin, et qu’il nous faut dépasser, serait bien multipliée chez lui !! Donc, c’est naturel, il freine. Inconsciemment, évidemment, mais de manière, finalement, compréhensible, même si l’on en attendrait plus d’un professionnel censé nous aider…

Il a observé d’autres parents perdus

Je n’ai pas besoin de vous dire comme il est difficile de rester sur le chemin de la parentalité positive. Pas besoin de vous rappeler l’énergie que cela demande de chercher les différentes options qui s’offrent à nous pour réussir à respecter nos besoins tout en respectant nos enfants.

En avançant sur ce chemin, et en comprenant mieux les réactions de nos enfants, certains parents se perdent. Je le sais, je l’ai vu. En voulant bien faire, mais ne sachant pas toujours bien comment, certains parents basculent dans la permissivité. Et ces parents-là, notre professionnel en a vus. Forcément. Et cela ne contribue pas à lui faire changer d’avis sur les bienfaits d’une éducation bienveillante.

Ainsi, lorsqu’il réagit en s’opposant à nos principes, il est possible qu’il ne réagisse pas vraiment à ce qu’il voit, mais plutôt à ce qu’il a vu. Il répond à une émotion élastique.

Face à lui, notre force sera donc de réagir comme lorsque nous sommes face à nos enfants : en ne prenant pas les choses personnellement ! Ahah… Je ris moi-même en écrivant cette phrase, parce que je ne sais pas si c’est possible… Car il faut bien compter avec le fait que nous sommes également humains !! Mais enfin, ça vaut quand même la peine d’y penser, non ?

Ce professionnel a ses propres principes éducatifs

Résultat des 2 premiers points déjà soulevés : notre professionnel a ses propres principes éducatifs.

Comment explique-t-il le développement de l’éducation positive auquel nous assistons actuellement ?
Il considère que c’est un effet de mode…

A-t-il raison ? Après tout, bien des points éducatifs ont l’air de répondre à des effets de mode : allonger un bébé sur le ventre ou sur le dos ; allaiter ou nourrir au lait en poudre…

En fait, nous aussi, nous pourrions voir les choses ainsi. Car l’opinion du professionnel sur la question suit également une mode : celle qui avait cours au moment où il s’est formé !

Et c’est ainsi qu’on assiste à des situations absurdes, comme l’infirmière qui désinfecte le sein de la maman à l’alcool, brouillant les pistes olfactives du bébé qui cherche le sein pour téter !!

Il me semble pourtant que nous dépassons ici la notion de mode. Car l’apport des neurosciences a permis d’avancer énormément dans notre analyse des effets de notre posture parentale. Bien plus ces dernières dizaines d’années que le siècle précédent…

Comment pouvons-nous alors réagir ?

Se former pour pouvoir s’affirmer

Pour réussir à réagir en analysant simplement que notre position éducative diverge de celle qui nous est présentée, il faut déjà se sentir solide.

Si nous ne sommes pas sûrs de nous, et de notre posture, nous serons facilement perturbés. Le problème n’est alors pas tant l’attitude du professionnel en question, mais plutôt notre manque de confiance en nous-mêmes.

Afin de regagner confiance, et de rester solide sur notre chemin, rien de tel que de se sentir compétent. Autant, finalement, que ce professionnel qui a fait des études. D’autres études. Des études qui n’incluaient malheureusement pas la parentalité positive. Ainsi, sur ce sujet, nous en connaitrons plus que lui.

Se former, aujourd’hui, n’est pas si compliqué. Car les renseignements sont disponibles. Sur des blogs comme celui-ci. Dans les livres : faites donc un tour par ma bibliothèque, elle regorge de livres inspirants !

En suivant des ateliers, ou des formations. En présentiel, ou en ligne.

J’en ai suivi pas mal moi-même, et elles m’ont toujours aidée.. Faites un tour par les formations des 6 doigts de la main pour trouver celle qui vous convient…

Alors, nous pourrons adopter la posture parentale qui nous convient, qui ne bascule ni dans l’autoritarisme, ni dans la permissivité, et savoir, tout en restant humain, ce vers quoi nous aspirons et ce en quoi nous croyons.

S’entourer d’un soutien bienveillant

Sur les chemins semés d’embuches, rien de tel que d’être soutenu !

Si vous avez l’impression d’être seuls dans votre entourage à pratiquer la parentalité positive, vous aurez d’autant plus de mal à trouver vos marques, à vous sentir confiants. N’hésitez pas alors à chercher du soutien, soit en rencontrant d’autres parents, soit en rejoignant des groupes virtuels dans lesquels vous vous sentirez entendus.

Il existe également des cafés de parents qui peuvent jouer ce role à la perfection. Ou il peut suffire d’un/d’une ami(e) pour avancer.

Se concentrer sur le principal : le respect mutuel

Qu’est-ce qui nous permet de savoir que nous ne nous perdons pas ? Que nous sommes sur le bon chemin, quoi qu’en dise ce professionnel avec lequel nous nous sentons tellement en désaccord ?

Comment savoir si l’on vit bien la parentalité que l’on cherche à vivre ?
Pour moi, la réponse est : en mettant le respect mutuel au coeur de l’analyse.

Si je ne respecte pas mon enfant, je ne suis pas dans la parentalité positive.
Si mon enfant ne me respecte pas (au vrai sens de respect, pas au sens d’obéissance), je ne suis pas dans la parentalité positive.

Mais, si je respecte mon enfant pour ce qu’il est, et que je me sens respectée pour ce que je suis, alors je suis sur le chemin. J’ai confiance, et j’avance.

Alors, quelle solution face à cette divergence de principes éducatifs ?

Eh bien, de deux choses l’une : soit nous avons le choix du professionnel, soit nous ne l’avons pas.

La meilleure option : changer de professionnel !

La vie est déjà suffisamment compliquée pour ne pas y ajouter un pédiatre dont les valeurs divergent des nôtres… Réfléchissons aux autres options qui s’offrent à nous !

Ainsi, lorsque mon amie Gwen, du blog Petit bout par petit bout, cherchait un psychologue, elle a bien compris – et écrit – que « pour qu’un tel accompagnement soit efficace, il fallait déjà que psy et parents ait des convictions éducatives communes ».

Dans ce cas, la réponse est claire : essayer de changer de professionnel, en prenant garde à se renseigner auparavant pour en trouver un qui soit en ligne avec nos valeurs éducatives.

Il existe cependant des cas plus compliqués, en particulier lorsque nous faisons face à des professeurs peu bienveillants.

Tout peut être envisagé dans ce cas, et cela dépend du contexte. Est-ce seulement un professeur, ou toute l’ambiance de l’école ? Existe-t-il d’autres écoles géographiquement et financièrement accessibles qui conviendraient mieux ? C’est probablement très compliqué. Je vous laisse en faire l’analyse au cas par cas.

Lorsque cette option n’est pas disponible

C’est malheureux. Il va pourtant falloir faire face. En sachant que cette épreuve sera également une opportunité, même si nous n’en sommes pas d’office convaincus.

Dans cette épreuve, il sera important de :

  • réussir à prendre le recul nécessaire par rapport aux méthodes du professionnel en question (comme face à la maitresse de mon fils qui utilise ce système de recompense toutes les semaines…)
  • essayer de lui parler de nos différences sans l’attaquer, avec toute l’écoute nécessaire pour espérer la même chose en retour. Et c’est là que la première partie de cet article peut aider !
  • soutenir notre enfant. Il m’aura fallu quelques années, mais j’ai enfin compris que ce principe de ne rien dire contre le professeur était ridicule. Bien sûr, il ne s’agit pas d’encourager notre enfant à être en opposition avec son enseignant. Cependant, on peut exprimer notre désaccord sur certains points spécifiques. Ce sera même une bonne occasion de transmettre nos propres valeurs éducatives à notre enfant.

Avez-vous déjà fait face à une telle situation ? Dites-moi comment cela s’est passé pour vous !

Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Et nous faisons tous face à des épreuves, plus ou moins lourdes, plus ou moins difficiles à traverser. Certaines, cependant, peuvent également se voir comme des opportunités.  J’avais soulevé cette idée déjà une semaine après le passage de l’ouragan Maria, qui a « abattu » Puerto Rico.

Alors, quand Caroline, du blog Le colibri imparfait, a choisi ce thème pour son carnaval d’articles (c’est à dire un ensemble d’articles écrits par plusieurs blogueurs autour d’un même thème), j’ai décidé de saisir cette occasion pour revenir dessus.

Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre

Je me rends bien compte qu’il peut sembler facile pour moi, ici, derrière mon ordinateur, d’écrire qu’une épreuve peut se révéler une opportunité. Que certains d’entre vous vivent ou ont vécu des épreuves qui me seront toujours épargnées. Mon propos n’est absolument pas de minimiser ces épreuves, ou de dire qu’il suffit de se secouer pour que l’épreuve devienne une opportunité. Mais je pense que cette idée peut être creusée.

Alors que je réfléchissais à cet article, j’ai d’un coup posé mes lunettes, et discuté avec ma voisine de bureau (Hum.. comprendre ma voisine de café, car mon « bureau » accepte aussi de servir d’autres personnes…). Je la connais pour la voir quotidiennement dans ce café, et je sais qu’elle a traversé une sacrée épreuve.

Elle travaillait aux US dans les services sociaux, récupérant les enfants en situation trop difficile. En situation que nous ne pouvons même imaginer. Elle vivait des scènes du type aller dans un squat de drogués et y trouver un bébé dans une poubelle… Et ce travail s’est révélé de plus en plus difficile, de plus en plus pesant pour elle, et pour sa santé. Jusqu’à ce que sa famille décide de la sortir de là.
Depuis, elle a changé de vie. Sa soeur et elle ont acheté chacune un petit appartement à Puerto Rico, et elle revit, semble-t-il.

Je lui ai donc demandé son point de vue sur la question. Et c’est elle qui m’a répondu : « Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre. », phrase suffisamment explicite pour que je décide de l’utiliser comme titre de cette introduction !

La porte se ferme…

Bien sûr, ce qu’on en voit d’abord, c’est l’épreuve. C’est la porte qui se ferme. Pire. On ne voit même pas encore que la porte se ferme. On se demande seulement « Pourquoi moi ? ». On n’a pas de vision de ce qu’il se passe parce qu’on est incapable de prendre du recul par rapport à la situation. On est sous la vague, et on pense que c’est la fin. Tout simplement.

Seulement, pour reprendre encore une phrase de ma voisine de café : « Tant que l’on est vivant, il n’y a pas de fin. »

Peu à peu, on commence à s’en rendre compte. A voir que la porte s’est fermée.
Et l’on se sent victime. On ne se rend pas compte que l’on a du pouvoir.
S’arrêter là est – indirectement- notre choix. Notre responsabilité.

Cette épreuve n’est pas tout ce dont nous sommes capables.

Encore une fois, je ne cherche ici à heurter personne. Il n’est certainement pas facile de sortir de cette impasse, et quand je dis que cela relève de notre responsabilité, je ne dis pas que cela se fera sans mal. Je ne dis pas qu’ouvrir l’autre porte est chose aisée. Jamais. Mais certaines étapes pourront nous rendre les choses un peu plus simples.

Vivre nos émotions sans culpabilité

L’acceptation

Pour moi, la clef est là.

Lorsque María nous est tombé sur le coin de la tête (Je parle de l’ouragan, pas d’une femme), nous cherchions à relativiser. A nous raccrocher au fait que ce que nous vivions n’était pas si dur que cela, qu’il y avait bien des gens dans tes situations bien pires… Et c’était vrai, bien sûr. Mais savoir qu’il y avait pire ne nous aidait pas tellement. Ca ne nous permettait qu’à arriver à la conclusion que « nous n’avions pas le droit de nous plaindre. »

En fait, nous tombions naturellement dans une démarche de négation des sentiments. Et cela ne nous permettait pas de traverser ce que nous vivions.

Jusqu’à ce qu’un jour, forte de mes compétences parentales, je réalise que ce que je vivais, ce que je ressentais était valide. Par le simple fait que je le ressentais. Une émotion, un sentiment, n’a pas besoin de raison d’être. Sa seule présence suffit à justifier son existence. J’ai donc décidé de m’ouvrir à mes propres sentiments. 

Cela n’exclue pas la compassion pour ceux qui sont dans une situation pire, certainement pas.

Mais le fait que d’autres vivent des événement plus difficiles n’enlève rien à la difficulté de notre propre situation. D’ailleurs, on trouve toujours des gens qui vivent des choses pires dans d’autres endroits du monde ! Je crois que je ne veux même pas commencer à évoquer toutes les épreuves dont nous pourrions parler ici..

Nous pouvons donc séparer les choses, et être conscients que : « oui, certains vivent des choses plus dures. En même temps, ce que je vis est difficile pour moi. J’ai le droit d’être triste, d’être en colère, d’être frustrée, d’avoir du mal à faire face. J’en ai le droit, je n’ai pas besoin de me montrer plus fort pour le principe. Je serai fort en acceptant de partager ce que je vis. »

Le partage

Ensuite, je pense que ce qui peut aider, c’est justement de partager cette situation. De bénéficier d’une réelle écoute de la situation.

Car je peux clairement ici parler d’opportunité ! S’ouvrir aux autres de ce que nous ressentons, c’est bien l’opportunité de :

  • renforcer notre échange et notre connexion avec l’autre
  • donner l’exemple à nos enfants du fait que nos sentiments sont valides, quels qu’ils soient
  • vivre le fait qu’une émotion se traverse
  • se découvrir soi-même dans une période de trouble

Et à notre tour, nous écouterons, ce qui nous permettra de

  • renforcer notre échange et notre connexion avec l’autre (oui, je l’écris de nouveau, et ça en vaut la peine, car c’est réellement puissant !)
  • développer notre empathie

Chez nous

Sur ce plan-là spécifiquement, je peux vous dire que j’ai appris des choses.

Je sais qu’avoir appris avant à manoeuvrer mon bateau parental par temps calme m’a aidée dans cette tempête, même si ce n’a pas toujours été suffisant.
Mais j’ai bien pu communiquer avec mes enfants sur le fait que je n’étais pas un super-héros.
J’ai aussi eu occasion de constater comme ils étaient capables de m’apporter du soutien lorsque j’en avais besoin !

J’ai aussi pu avancer dans la connaissance de moi-même. Car je me suis rendue compte que les moments les plus stressants pour moi étaient ceux où nous devions nous adapter aux changements. Les moments où nous savions d’avance que nous n’aurions pas de générateur pouvaient s’organiser. Mais les jours où le générateur devait s’allumer et tombait en panne ont été bien plus stressants pour moi. J’ai réalisé à quel point j’avais besoin de contrôle dans ma vie.. Et c’est bien ce que nous avions évoqué lorsque nous avions parlé de carte dominante dans notre personnalité !

Vivre le moment présent

Après « vivre nos émotions », je vous parle de « vivre le moment présent ». Décidément, il semble que la pleine-conscience se soit un peu immiscé dans ma vie

En effet, je pense que pour réussir à avancer, il faut avoir admis que nous traversons une tempête.

Comprendre nos difficultés

« Les circonstances sont neutres », dit Clothilde de Change ma vie. (Un podcast que je vous recommande chaleureusement !).

Car, face à des circonstances identiques, nous réagissons les uns et les autres de manière différente. Ce qui fait notre difficulté, c’est notre propre interprétation de la situation, avec notre système de pensées.

Lorsque l’on commence à en être capable, il peut donc valoir la peine de s’attarder un moment sur ce qui nous est le plus difficile à vivre dans l’épreuve à laquelle nous faisons face.

L’anxiété nous aveugle. Elle fait grandir le problème. Cherchons ce qui est le plus problématique, et cela pourra déjà nous aider à circonscrire un peu la question.

Si je reprends l’exemple de l’ouragan ici, comme vous l’avez vu, chez moi, la difficulté majeure était le manque de contrôle. Nous avons donc mis en place tout un système qui permettait d’y faire face. Des repas froids et plus simples, des réserves en conserve, toujours, pour faire face à l’absence d’alternatives. Le moins de choses possibles dans le frigo, qui ne marchait pas pendant 12h ou parfois 24 ou 36. Des bassines d’eau dans les douches…

Cela semble évident ? Oui, sûrement, mais ca me permettait de faire partiellement face au problème. Ou du moins, à mon problème. Car pour d’autres, le problème n’était pas celui-ci. J’ai vu des parents pour lesquels la fermeture de l’école, dans un premier temps, puis leurs horaires réduits, dans un deuxième, constituait une réelle inquiétude. Inquiétude d’un retard scolaire pour leur enfant. Pour moi, ceci n’a jamais été une préoccupation.. Chez eux, la mise en place devra donc être différente !

Un pas après l’autre

Vivre le moment présent, c’est également se focaliser sur celui-ci. Avancer un pas après l’autre. Ne pas encore trop s’inquiéter de la suite mais bien de traverser ce que nous visons à ce moment-là. Se poser la question, jour après jour, de ce qui doit être fait ce jour-là.

Cela permet à la fois d’être concentré, de ne pas se perdre dans des projections incertaines, et d’avancer.

Et c’est à force d’avancer, tout en nous donnant le temps de traverser nos émotions, que nous parviendrons enfin à apercevoir le contour de la porte à ouvrir…

Chercher le positif

Enfin, pour croire en l’existence de cette porte que nous allons bientôt pousser, mieux vaut s’attacher à voir le positif que le négatif de notre situation.

Là encore, je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais je sais aussi que l’on peut bien souvent trouver du positif à notre situation.

Pour illustrer ce point je ne vous parlerai pas de nous cette fois, mais d’Anne-Dauphine Julliand, que j’ai eu la grande joie d’écouter de vive voix au festival des rendez-vous de juillet à Autun en juillet 2017

Si vous ne la connaissez pas, Anne-Dauphine Julliand est, entre autres, l’auteur de Deux petits pas dans le sable mouillé. Dans ce livre, elle raconte la vie et la mort de sa fille, porteuse d’une maladie génétique. Bien sûr, le livre est dur, et triste. Et, en même temps, il est étrangement porteur de joie. La phrase la plus célèbre de ce livre est d’ailleurs : « Ajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie ». Il est impressionnant de constater comme cette famille a su, dans les moments les plus difficiles, accepter ce qu’ils vivaient, s’entourer de chaleur, et choisir de voir le positif.
(Si l’aventure de ce livre marquant vous tente, en voici le lien Amazon : Deux petits pas sur le sable mouillé )

Un exemple que tout est possible.

… une autre porte s’ouvre

Oui, à un moment donné, lorsque nous sommes prêts, une autre porte va s’ouvrir.

La difficulté vient du fait que cette autre porte ne nous apparait pas immédiatement, évidemment. La porte ne brille pas, ne se montre pas. Il nous faut la chercher. Et c’est pourquoi les étapes précédentes sont si importantes.

Et lorsque l’on commence à l’apercevoir, même si nous ne sommes pas encore prêts à avancer, il s’agit d’avoir confiance. Confiance qu’à un certain moment, nous serons capables de l’emprunter, de passer cette porte.

Et la passer n’est pas égoïste. Ce n’est pas irrespectueux pour l’épreuve, ou les personnes, que nous laissons derrière. Au contraire. C’est les respecter que de décider de continuer. De choisir de ne pas se laisser abattre.

Nous revenons ici à la notion du choix. Un choix que nous avons vu s’affirmer ici, à de multiples reprises, avec la propagation du #PRselevanta : « Puerto Rico se lève ». (L’opportunité -encore – pour moi de me rendre compte à quel point je m’étais attachée à ce pays..)

La situation ne sera plus jamais la même, et nous aurons toujours des regrets. Mais c’st un nouveau début. Un début dans lequel nous sommes capables de choisir de rester positif.

Ensuite…

Quelque temps plus tard, un temps qui dépendra probablement de la difficulté de l’épreuve vécue, on pourra discuter des opportunités que cette épreuve nous a effectivement offertes.

C’est un exercice que j’ai mené hier, avec ma famille.
Alice (11 ans), et Oscar (15 ans) n’ont pas hésité à dire également qu’ils percevaient cette épreuve comme une opportunité. Qu’est-ce que vivre cet ouragan leur a apporté ?

D’abord, le plus évident :

  • Se rendre compte de notre chance d’avoir au quotidien ce qui semble évident : la lumière par exemple !!
  • Prendre conscience de ce que d’autres peuvent vivre plus régulièrement dans d’autres coins du monde…
  • Développer les contacts avec les voisins, se connaitre, se soutenir face aux difficultés, partager nos joies (dois-je préciser que le jour où l’électricité nous est revenue – 53 jours après l’ouragan – nous avons immédiatement organisé un gros apéro festif en bas de l’immeuble ?)

Mais le plus marquant a été pour eux :

  • Apprendre la cohabitation : être tous dans la même chambre, se réveiller avec un petit frère en travers de son lit…
  • Former une équipe : installer ensemble les « tormenteras » avant que l’ouragan n’arrive, essorer l’eau qui s’infiltrait, puis s’aider les uns les autres dans la logistique du quotidien..
  • Partager tant de moments en famille ! En vivant ensemble, vraiment ensemble, entre le salon et notre chambre, nous partagions plus de temps. Quasiment tous les soirs, après avoir couché les plus jeunes, nous faisions un jeu de société à 4, souvent à la bougie…

Est-ce possible que je sente même chez eux une pointe de nostalgie quand nous reparlons de ces quelques semaines si stressantes ? Eh oui…

Nous avons donc conclu la conversation en décidant de nous remettre à jouer plus souvent !

Et si vous souleviez cette conversation chez vous ? Que diraient les membres de votre famille ? Pensent-ils également que les épreuves peuvent se révéler des opportunités ?

Ne pas se leurrer : des relations sans conflit, je ne crois pas que cela existe. La question va donc plutôt porter sur la manière de résoudre le conflit. Car selon notre caractère, selon le moment, selon notre relation à l’autre, selon nos principes, nous n’avons pas tous les mêmes attitudes face aux disputes, et pas les mêmes non plus selon que celles-ci se présentent entre parent et enfant, ou dans la fratrie par exemple. Et pourtant, nous avons probablement tous le même objectif : sortir de ce conflit !

Quelles sont donc les différentes manières d’atteindre cet objectif ?

Les 3 manières de résoudre un conflit

D’après ce que j’ai lu, il existe trois manières de régler un conflit. Et cette analyse m’aide à voir où je veux aller, ce que cherche à obtenir lorsque je me lance dans une résolution de conflit.

1- La force

Sans doute la méthode la plus rapide pour résoudre un conflit.
Dans ce cas, celui qui détient le pouvoir impose sa position, souvent sans vraiment écouter le point de vue de l’autre, parce qu’il considère que c’est à lui de prendre la décision. C’est efficace, et l’on peut passer à autre chose.

2- Le compromis

Le compromis, c’est quand les positions de chacun sont trop éloignées pour que l’on puisse réellement trouver une solution qui réponde aux envies de tous. Il va donc falloir que chacun cède un peu (ou beaucoup) de terrain, pour essayer de rejoindre l’autre.
La décision sera donc prise ensemble, en tenant compte de chaque partie présente, et en choisissant le meilleur compromis.
Mon fils aîné (15 ans) a l’habitude de dire : « Un bon compromis laisse tout le monde mécontent. »
Pour tout dire, cette phrase ne me plait pas tellement, mais elle n’est pas tout à fait fausse…

3- Le consensus

Le consensus, à l’inverse du compromis, laisse tout le monde content ! Car le consensus, c’est l’option qui permet de répondre aux envies et besoin de chacun. C’est lorsque l’on trouve une solution qui plait à tous. Evidemment, c’est la meilleure manière de résoudre un conflit !

Comme dans le cas où mes deux plus jeunes ont trouvé un arrangement pour le câlin du retour du travail. Ils en sont sorti tous les deux contents.

Comment choisir quelle méthode adopter ?

Il va de soi que chacun devra répondre à cette question, et surtout que la réponse dépendra du conflit en question. Non seulement de ce sur quoi il porte, mais encore plus de nos positions respectives par rapport à la situation.

Pour vous guider un peu dans la démarche de ce choix de méthode, je voudrais vous encourager déjà à réfléchir à chacune de ces méthodes. Bien sûr, je me doute que vous me voyez venir, et avez déjà deviné que mon goût pour ces méthodes va croissant ! Une chose après l’autre. Avançons.

Quel impact a la résolution de conflit via la force ?

Donc. La première manière de régler un conflit, c’est la force.
La force physique, au sens propre, ou bien plus couramment la force de celui qui impose.

C’est une méthode sur laquelle il vaut la peine de s’arrêter, parce qu’elle correspond beaucoup au mode de fonctionnement de notre société.

C’est heureusement de moins en moins vrai. Les décisions sont de moins en moins imposées de force des patrons à leurs employés, des maris à leurs femmes, et le modèle donné évolue.

Cependant, nous fonctionnons encore beaucoup selon ce modèle entre adultes et enfants, dans une société dans laquelle l’autoritarisme est encore très présent. Ainsi, beaucoup d’adultes utilisent la force pour régler leurs conflits avec les enfants. (Sous couvert de respect.)
« Parce que je te le dis. » est une réponse courante. Et nous attendons des enfants qu’ils obéissent. Point.

Vous savez déjà que cela ne correspond pas à mes aspirations. Cependant, dire que cela ne me correspond pas ne suffit pas. Il s’agit encore de comprendre pourquoi.
D’ailleurs, pour être honnête, auparavant, ça correspondait à mon fonctionnement ! Parce que c’est ainsi que j’avais appris à être, comme beaucoup d’entre nous. Pourquoi avoir changé de point de vue ? Parce que j’ai réussi à prendre du recul, et à me poser la question de ce que je voulais transmettre à mes enfants.

En fait, c’est encore une question de pouvoir. Lorsque nous imposons la solution par la force, nous enseignons à notre enfant que c’est le plus fort qui gagne. Point.

Il ne se sent pas écouté (adieu la connexion !), et apprend que la vie fonctionne selon la loi du plus fort. Donc, lorsqu’ils seront forts à leur tour, ils imposeront également (à leur petit frère par exemple). Lorsqu’ils seront face à quelqu’un de plus fort, ils suivront les instructions (« C’est lui qui m’a dit de le faire ! »).

Oublions donc notre envie de les rendre responsables de leurs actions, de leur enseigner le sens critique… Régler les conflits par la force, c’est plus rapide, mais c’est oublier notre plan de route à long terme !

Bien sûr, on peut apporter un bémol à cette analyse. Il y a aura toujours des situations, en fonction de l’âge et du danger, dans lesquelles nous n’aurons pas d’autre choix que d’utiliser la force. Marshall Rosenberg appelle cela la force protectrice. Mais soyons clairs : ces situations sont bien plus rares que les autres !

Alors, compromis ou consensus ?

Ma foi, cette fois, je crois qu’il est évident pour tous que le consensus est plus souhaitable que le compromis ! Seulement voilà : il n’est pas toujours trouvable…

Notre démarche consistera donc à mettre en place la recherche de consensus, en sachant que nous n’obtiendrons peut-être qu’un compromis. Ce qui est déjà pas mal.

Dans tous les cas, en nous lançant dans la démarche de recherche de solution qui convienne à tous, nous donnons à nos enfants un modèle d’écoute, de respect mutuel, et les aidons à développer leur sens de l’empathie.

Ce serait chouette d’ailleurs que cela soit enseigné dans nos écoles ! Rien qu’à écrire ces lignes, je me sens triste, en pensant à tous ces adultes non malveillants, mais non formés, qui « aident » à résoudre les conflits entre enfants en imposant leur décision arbitraire, sans avoir pris le temps de les écouter. Car non seulement cela ne résout pas le conflit, mais, de nouveau, cela ne leur enseigne pas à le faire autrement à leur tour, ensuite !

Dans la pratique, comment se déroule la résolution de conflit ?

Trouver le bon moment

Inutile de chercher à résoudre un conflit lorsque tout le monde est encore sous le coup de la colère. En fait, inutile de chercher à résoudre un conflit lorsque l’un des protagonistes est encore sous le coup de la colère.

Nous attendrons donc d’abord que tout le monde soit dans un état émotionnel neutre.

Ensuite, il faut être sûr que chacun est disposé à discuter. Le mieux est donc de le demander.
« J’aimerais discuter avec toi, est-ce un bon moment maintenant ? » ou bien : « Tu pourras me dire quand tu seras disponible ? »
On peut éventuellement préciser de quoi l’on voudrait discuter, mais pas forcément.

Ecouter le point de vue de chacun

Oui, ça a l’air évident comme ça, mais nous ne suivons pas toujours bien cette étape ! Et pourtant, elle est fondamentale à plusieurs titres.

  • D’une part, parce qu’on ne peut évidemment pas envisager de trouver comment répondre aux besoins de chacun si l’on ne connait pas les besoins de chacun !
  • D’autre part, parce que l’autre est toujours plus ouvert à discussion et recherche de solution lorsqu’il se sent écouté !!

Nous allons donc commencer par formuler le point de vue de chacun.

L’idéal est de laisser d’abord l’enfant s’exprimer. De lui demander ce qu’il se passe pour lui par rapport à la situation dont il est question. S’il est trop jeune, ou s’il ne dit rien, nous pouvons essayer de communiquer ce que nous pensons de sa situation, et essayer ainsi de nous en faire l’interprète. Attention cependant à rester précautionneux dans notre communication, pour laisser la place au doute dans ce que nous décrirons.

Ensuite, nous parlerons de notre point de vue. Nous partagerons notre propre ressenti, nos envies, nos besoins.

Cette phase d’échange de point de vue est vraiment riche. Parce que c’est celle qui nous aide, et aide notre enfant, à développer des qualités d’empathie et de respect mutuel.

Elle crée aussi de la connexion : il n’est pas question simplement d’écouter le point de vue de l’enfant et de devenir responsable de la résolution de son problème. Il n’est pas non plus question d’exposer notre point de vue et d’imposer notre solution à notre enfant. Ici nous sommes à la croisée des chemins, dans une position dans laquelle nous cherchons chacun à comprendre l’autre pour essayer de trouver un fonctionnement qui convienne à tous. Waouh.

Parfois, une chose extraordinaire se produit alors. En donnant à chacun d’entre nous l’occasion de prendre l’autre en compte, nous faisons disparaitre le problème ! Car parfois, écouter l’autre permet de se rendre compte qu’il n’y a pas vraiment de conflit. C’était seulement une mésentente, un quiproquo quasiment !

C’est ce qui était arrivé à mes grands lorsque nous avions discuté de l’heure de départ pour l’école

Proposer des solutions

Dans la majorité des cas, cependant, il conviendra de chercher une solution.

Si les points de vue exposés précédemment ne sont pas trop éloignés l’un de l’autre, cette étape peut être très simple. Une solution est proposée, on vérifie qu’elle convient à l’autre, et on l’adopte ! Facile, rapide, et tellement efficace qu’on a envie de recommencer cela régulièrement !!

Il arrive que ce ne soit pas si facile. Il faudra alors proposer plusieurs solutions. Chercher à être créatif. Comme si nous faisions un brainstorming. De vraies idées pour résoudre le conflit. Et parfois nos enfants pourront avoir des idées que nous n’aurions pas eues

Choisir la solution, l’essayer pendant un temps

Enfin, on peut choisir la solution. Une solution qui convienne à tous.

Et nous convenons alors d’une période d’essai. Parce qu’en réalité il est difficile d’affirmer que la solution nous conviendra tant qu’elle n’aura pas été testée. C’est une idée, et il s’agit de la mettre à l’épreuve de la pratique.

Il arrive, enfin, que les points de vue de chacun soient tellement éloignés qu’il parait impossible de trouver une solution qui convienne à tous. Tout ce que propose l’un déplait à l’autre, et vice-versa.
Dans ce cas, il faudra peut-être interrompre la démarche, et accepter d’en sortir sans solution immédiate. (ou avec une solution temporaire, tout en étant clair sur le fait qu’elle ne convient pas vraiment.)
Et laisser les choses reposer. Car, même si l’on n’aboutit pas immédiatement à une solution, la conversation aura déjà été une étape. Une étape très importante même puisqu’elle aura aidé chacun à mieux comprendre l’autre. Et il y a fort à parier que lorsque cette conversation sera reprise, les choses auront déjà évolué un peu.

Le suivi

Nous avons déjà soulevé, ci-dessus, l’idée d’une « période d’essai ». Cela implique évidemment un suivi. Au bout d’un certain temps – convenu en avance, souvent pour nous, une semaine -, nous pourrons donc échanger sur la manière dont chacun a vécu la mise en place de la solution, et décider de l’adoption définitive de celle-ci, ou de sa modification. Chez nous il aura fallu plusieurs semaines pour trouver la solution qui convienne à tous pour le moment du débarrassage !

Mais cela n’est pas la seule raison d’être du suivi. En fait, souvent, une période d’adaptation est nécessaire. Ou du moins, une période d’apprentissage.

C’est l’idée qui me pose le plus de difficultés, à moi… J’ai tendance à considérer que lorsqu’on a décidé ensemble d’une solution, on n’a plus qu’à l’appliquer, et puis c’est tout ! Mais ce n’est pas si simple…
Sur ce sujet, le livre La discipline positive pour les adolescents donne de très bonnes pistes, qui peuvent s’appliquer pour les enfants plus jeunes également.

En gros, les enfants n’ayant pas les mêmes priorités que nous, il nous appartient de mettre en place un suivi tout à la fois ferme et bienveillant, revenant sur les points de notre accord de façon sobre, sans reproche ni critique, mais sans tolérance excessive non plus. Un art, je vous dis !

Un investissement de temps…

Je ne peux terminer cet article sans un mot sur le temps d’investissement que cette démarche demande.

Parfois, les parents auxquels j’explique les principes de recherche de solution me rétorquent que cela demande trop de temps ! Lorsque l’on cherche à résoudre un point, on ne veut pas passer tant de temps à le discuter, et encore moins à revenir dessus encore, pour faire évoluer la solution, et ainsi de suite !

Soit.

Il est vrai que nous vivons dans une société d’efficacité, et je comprends que cette démarche puisse sembler trop longue.

Cependant…

Cependant réfléchissez bien.

Sur deux points.

  1. Ce que nous cherchons à développer chez nos enfants. Ce que nous leur enseignons dans la démarche : l’écoute, l’empathie, la recherche de solution, l’engagement, le respect, l’harmonie… Cela vaut la peine de prendre du temps, non ? (d’ailleurs, cela peut également se faire en dehors du moment, par des lectures telles que les blipoux, par exemple)
  2. Lorsqu’on adopte une solution qui ne convient pas à tous, ne perd-on pas un temps fou (et une énergie folle aussi !) à revenir sur les problèmes posés, sur le non-suivi des règles ? Ne gâchons-nous pas notre humeur à nous agacer pour tout ce qui nous rend insatisfaits ? Est-ce qu’on gagne réellement du temps à long terme, en l’économisant à court terme ?

Je vous laisse sur cette réflexion…

Et si vous voulez télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

Lorsque je demande aux parents que j’accompagne quelles sont leurs difficultés avec leurs enfants, le thème des luttes de pouvoir surgit régulièrement. Et ce n’est pas surprenant. Car, dans notre maison, les volontés s’opposent. Celle de notre enfant, et la nôtre.

Il est cependant possible de s’éloigner de ce fonctionnement, et de ne plus entrer si facilement dans des luttes de pouvoir, d’où nul ne sort gagnant.

Ce qui crée ces luttes…

Forts de notre expérience, et de nos propres priorités, nous noyons souvent nos enfants sous nos instructions. Or nos enfants, comme tout le monde, ont besoin de sentir qu’ils peuvent user de leur libre arbitre, qu’ils détiennent une forme de pouvoir personnel qu’ils sont en droit d’exercer.

Ainsi, souvent, ils ne s’opposent pas à nous, mais au fait que nous bridons leur liberté, que nous ne respectons pas leurs priorités, leurs besoins à eux.

Finalement, nous avons une bonne part de responsabilité !

Et si nous prenions les choses sous cet angle-là, et réfléchissions à ce que nous pourrions changer dans notre attitude pour susciter une réponse différente ?

C’est là que les 3 états du moi entrent en jeu…

Les 3 états du « moi »

Les états du « moi » sont un des postulats de l’analyse transactionnelle. Je ne m’étendrai pas sur l’analyse transactionnelle, parce que je n’en connais quasiment rien. Elle est à ranger dans ces informations palpitantes que j’ai encore à apprendre, et, ça tombe bien, parce que j’adore apprendre ! Mais il faut du temps pour cela…

Je peux seulement vous en dire que c’est une analyse qui parle de personnalité et de communication, et qu’elle a été créée par Eric Berne (un canadien) en 1958. C’est donc lui également qui a défini les 3 états du « moi », dont je vais vous parler un peu plus en détails. La première fois que j’ai entendu parler de ces états, c’était dans ma formation en ligne de positive parenting solutions, et cela m’a immédiatement servi, comme je vous le conterai plus loin.

Ces trois états sont :

  • le Parent
  • l’Adulte
  • l’Enfant

Avant d’aller plus loin, il est important de préciser que les noms de ces états ne signifient absolument pas qu’ils sont réservés aux parents, adultes, et enfants respectivement. Chacun peut passer par chacun de ces états.

Le parent

L’état du parent est celui dans lequel nous sommes lorsque nous avons la responsabilité de quelqu’un. Il est lié aux règles, aux normes. Nous sommes dans l’état de parent lorsque nous donnons des instructions, des ordres. Lorsque nous cherchons à faire preuve d’autorité. (Et je ne rentrerai pas ici dans le débat passionnant des différents types d’autorité…)

L’adulte

L’adulte est un état émotionnellement neutre. C’est l’état dans lequel nous sommes lorsque nous recevons de l’information, lorsque nous cherchons à la comprendre. C’est probablement l’état dans lequel vous êtes au moment où vous me lisez.

L’enfant

L’enfant, à l’inverse, est un état émotionnellement fort ! Nous sommes dans cet état lorsque nous ressentons. Cela peut être positif : nous rions, nous sommes joyeux ; ou négatif : nous sommes tristes, ou énervés !

Dans quel état nous situons-nous le plus souvent ?

Cela dépend de qui l’on parle

En général, les adultes hors de la présence des enfants passent la plupart de leur temps en mode « adulte ». Ils peuvent également passer en mode « parent » au moment de diriger des opérations, ou en mode « enfant » lorsqu’ils se disputent, ou, au contraire, savourent un moment de joie avec des amis – ou des enfants-.

Les enfants passent, eux, la plupart de leur temps en mode… « enfant » ! Les émotions prennent en effet chez eux beaucoup de place. Ils peuvent cependant être également en mode « adulte », lorsqu’ils sont à l’école par exemple, ou qu’ils se concentrent sur quelque chose. Et ils peuvent même passer en mode « parent » lorsqu’ils répètent le modèle reçu sur un jeune frère par exemple !

Le problème : les adultes passent une bonne partie de leur temps avec les enfants en mode « parent ». Et c’est là que le bât blesse !

Vous avez en effet compris que cet état de parent ne donne pas sa part de pouvoir à l’autre. Parce que plus nous passons de temps dans l’état du parent, et plus cela encourage les luttes de pouvoir.

Comment sortir de cet état de parent ?

Bien sûr, nous avons déjà parlé de méthodes pour sortir de cet état-là. Cet état dans lequel nous noyons nos enfants sous nos instructions…

Dès les débuts de ce blog, lors de la lecture de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, nous avions listé des alternatives aux ordres, pour encourager la coopération.

Plus récemment, nous avons parlé de positivité dans nos instructions.

En fait, les méthodes pour sortir de cet état ne sont pas si compliquées, et peuvent changer rapidement l’ambiance à la maison, je peux en témoigner.

Je vous encourage donc à aller lire les articles en lien ci-dessus, si ces méthodes ne sont pas claires pour vous, et à les mettre en pratique, le plus rapidement possible.

Cependant, ces méthodes nous permettent en fait de sortir régulièrement de l’état de parent pour entrer dans un état bien plus neutre, qui correspondrait donc à l’état d’adulte. C’est bien. Honnêtement, je suis déjà très contente de cette évolution.

Mais… quel est l’état dans lequel nos enfants nous préfèrent ? L’enfant !
Oui, nos enfants adorent lorsque nous basculons ! Lorsque nous entrons dans leur monde.

D’ailleurs, hier soir, mon fils Léon (6 ans) disait clairement à son grand frère Oscar (15 ans) qu’il adorait quand ce dernier faisait des batailles de coussins avec lui !!

Pour aller plus loin

Ainsi, lorsque j’ai découvert ces états, je me suis fait cette réflexion. Que j’avais réussi à sortir le plus souvent possible de l’état de parent pour entrer dans celui de l’adulte, ce qui était déjà pas mal, mais que cela me ferait peut-être du bien de chercher un peu plus à entrer en état d’enfant.

Et justement, je découvrais le même jour (par la même formation), le concept du moment particulier. Alors, j’ai de suite mis en place les deux, avec ma fille Alice (10 ans à l’époque). Et ça a été un succès !

J’en ai régulièrement fait l’expérience depuis. Lorsque je bascule en mode enfant, cela rend toujours les choses plus faciles !

Je me souviens des visites de Paris avec mes grands, pendant lesquelles je sautais de joie sur le trottoir. Ils disaient avoir honte.. mais ils souriaient !

Je me souviens m’être enthousiasmée à outrance avec eux devant des copains, et les avoir fait rire.

Je me souviens avoir joué à ouvrir et fermer la porte de la salle de bain en faisant semblant de tomber devant les petits, et avoir changé l’ambiance…

En fait, c’est bien ce que suggère la parentalité ludique. Et si je n’ai pas commencé à en parler sur le blog, j’ai déjà constaté son efficacité ! (En particulier quand les voitures viennent se laver les dents avec Anatole…). D’ailleurs, si, dans une démarche d’avancée vers l’état de l’enfant, vous voulez vous mettre à la parentalité ludique sans attendre que je me décide à écrire à ce sujet, je vous encourage à aller voir les articles à ce sujet de mon amie Gwen, listés à la fin de cet article.

Je vais d’ailleurs aller les relire moi-même. Car, si j’ai essayé, je n’y ai encore pas assez recours. Parce que cela correspond peu à ma personnalité peut-être… Mais, je sens un nouveau changement poindre en moi. Je vous en faisais part la semaine dernière : j’aspire à plus de joie !

Cette revue des 3 états du « moi » tombe donc à pic. Pour me remettre à l’esprit que, pour plus de joie, il me faut retrouver mon âme d’enfant ! Pas si  facile… Y parvenez-vous ?

Développer ses compétences de parent positif permet de bien mieux gérer les moments difficiles. Mais j’aimerais aller plus loin, et susciter également plus de moments positifs dans notre famille ! Une vraie décision ?

Dans ce podcast, je vous partage mes interrogations à ce sujet, mon désir de progresser…

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Un mode d’éducation différent

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Aujourd’hui, je voudrais parler de la joie dans l’éducation, dans la famille. Plus que des conseils, je crois que c’est une interrogation que je partage ici.

Une interrogation qui fait suite à des réflexions que je me suis faites dans notre propre famille. Je me suis rendue compte que nous avons développé chez nous énormément de techniques, de compétences, et puis, évidemment, de façons de penser, plus profondes, qui nous permettent d’avoir un mode d’éducation bien différent de ce qu’il était il y a plusieurs années.

Un mode d’éducation qui nous permet plus de connexion avec nos enfants. Nous sommes persuadés que la connexion est à la source de l’enseignement, que nous ne pouvons pas espérer la collaboration, la coopération de nos enfants sans être connectés avec eux, et nous dépensons pas mal d’énergie pour s’attacher à se défaire de nos réflexes de jugements, de critiques. Et plutôt s’attacher à mieux comprendre nos enfants, ainsi que je le partage régulièrement sur le blog.

Une évolution positive de notre parentalité

C’est tout un travail sur nous-mêmes, qui nous a aidés à moins nous énerver ; la compréhension de l’enfant nous permet de développer notre tolérance, et si j’ai commencé ce chemin avec l’idée de moins crier, il est clair que cet objectif-là est atteint !

Pourtant, j’ai encore le sentiment que ce n’est pas assez. Mieux nous entendre, et moins crier, c’est déjà énorme, je le sais. Je sais également que j’ai appris à aider mes enfants à développer des compétences à long terme.

Je leur apprends à faire de leurs erreurs des opportunités. Je leur apprends comment trouver des solutions, entre nous, et dans leurs conflits. Je développe leur confiance en eux. Et je suis ravie de tout cela !

Cependant, parfois, j’ai l’impression qu’il me manque encore quelque chose… Il me manque la joie !

Notre ennemi, la fatigue et l’impatience

Bien sûr, il y a les moment dans lesquels nous avons du mal, malgré toutes nos compétences, malgré toutes nos bonnes intentions, parce que nous sommes nous-mêmes fatigués, irrités. Nous avons peu de patience.  Ces moments-là seraient évidemment les plus difficiles, ce sont les moments où l’on a le plus de mal à recevoir leurs émotions, ou du moins leurs émotions négatives. Ce sont les moments où l’on perd la perspective de leur âge.

On a beau avoir appris que leur cerveau n’est pas encore complètement mûr, qu’il est normal qu’ils ne sachent pas gérer leurs émotions, quand on fait face aux colères des enfants, aux frustrations des enfants, on a parfois du mal à garder notre patience. L’un de nos enfants est particulièrement sensible, et, lorsqu’il est lui-même dans une journée difficile, que les pleurs s’enchainent, c’est parfois épuisant !

Cependant, je me faisais récemment la réflexion que l’intensité avec laquelle ils sont parfois capables d’exprimer leur colère, leur tristesse, est également présente pour les émotions positives. C’est incroyable de voir de quelle manière ils expriment leur joie, leur gaité, pour des toutes petites choses !

Notre atout : les émotions positives

Voir comme le rire peut éclater pour une bêtise.. comme trainer le papier en faisant semblant que c’est une voiture peut les mettre en joie, les voir courir vers nous quand on rentre à la maison pour se jeter dans nos bras ! Oui, le jeune enfant est extrême dans ses réactions, tant dans le positif que dans le négatif.

Et, parfois, j’aimerais pouvoir encore puiser en moi pour m’attacher à ces réactions positives. Pour m’y recharger suffisamment pour, à mon tour, pouvoir l’exprimer lorsque tout va bien.

Pas seulement développer ma capacité de faire mieux face aux moments négatifs. Mais également profiter, savourer plus les moments positifs. Et je vais encore plus loin : créer des moments positifs, mettre de la joie dans des moments qui sont plutôt neutres.

Je crois que ça, c’est un réel défi. C’est vraiment aller un cran plus loin. Ne pas s’arrêter seulement au fait de mieux gérer les conflits, mais également de rendre la vie plus heureuse. D’être plus joyeux au quotidien.

Développer son lâcher-prise

Ca passe également par des compétences. Ca peut vouloir dire par exemple de développer sa capacité à lâcher-prise. A ne pas se bloquer sur des attitudes du quotidien qui nous agacent, clairement, mais qui finalement ne gâchent que notre propre humeur.

Et si, parfois, on se détachait un petit peu de ces moments-là, de ces agacements-là, pour plutôt s’attacher au plaisir d’être ensemble ? Si on arrivait à mieux développer la joie de la famille…

Encore une fois, ce partage aujourd’hui est plus de l’ordre de l’interrogation que du conseil. Parce que je cherche des pistes. Parce que moi-même je sens que j’en ai besoin. Parce que je trouve encore que je ne profite pas assez des moments partagés, que je ne les savoure pas assez.

Mon constat

Oh oui, bien sûr nous avons des moments de joie, et de rire, et de partage, et de jeux !
Mais je suis persuadée que nous avons en nous la capacité de faire en sorte que ces moments soient plus fréquents encore. Et je suis persuadée que c’est un cercle vertueux. Que plus nous savourerons ces joies, plus nous insufflerons de la joie dans notre quotidien, moins nous aurons besoin de compétences pour mieux gérer les conflits, parce que moins il y aura de conflits.
Entre nous et eux, et entre eux également.

Alors, je me propose d’essayer ça. Dans les jours qui viennent, je vais m’attacher à la joie. La poser comme priorité familiale. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à me les partager. Et la semaine prochaine, j’essayerai de prendre un moment pour vous raconter ce que ça a pu changer chez nous.

A bientôt !

Ajout un peu plus tard : l’article qui raconte comment j’ai vécu cette envie de joie dans les semaines qui ont suivi.

Vous êtes de plus en plus nombreux chaque mois à lire les articles de ce blog, et à me faire des retours encourageants !

Je suis ravie d’apporter ma pierre à l’édifice, de semer des graines au quotidien, pour créer avec vous un avenir meilleur pour nos enfants, dans lequel la bienveillance sera au coeur de leurs relations, je l’espère.

Je vous sollicite aujourd’hui pour savoir comment aller plus loin !

Pour cela, je vous remercie d’avance de prendre le temps de répondre à ce questionnaire

Remplir le « réservoir d’amour« … Connaissez-vous ce concept de réservoir d’amour ? Parfois qualifié de réservoir affectif, il désigne en quelque sorte le niveau de notre bien-être affectif. De l’interêt de l’avoir au plus haut !

Mais… « réservoir d’amour »… en voilà une expression naïve !
Dois-je vraiment utiliser ces mots ridicules ? Se demandent certains, à qui l’idée que tout ce qui est fleur bleue est ridicule a été inculquée depuis le plus jeune âge…

Ma foi, c’est comme vous voulez. Cependant, lisez avant de décider.

J’ai quand même deux arguments :

  1. Je n’ai pas vraiment trouvé d’expression plus claire (et surtout c’est celle qui est communément admise dans la littérature, alors c’est quand même plus simple pour se comprendre quand on parle tous le même langage ! )
  2. Quitte à ne pas utiliser les mots, il n’est pas interdit de se familiariser avec le concept !

Chez nous, même mon mari – un des plus anti-fleur-bleue que je connaisse – s’y est mis. Parce que finalement, ça reflète bien une réalité !

Qu’est-ce que ce réservoir d’amour ??

Le réservoir d’amour, c’est une métaphore, bien sûr.

Cela permet de mettre des mots sur le fait que nous avons tous besoin d’amour pour avancer.

Ainsi, l’idée est la suivante : imaginons que nous ayons tous un réservoir. Pour nous sentir bien, le réservoir doit être plein. Ou en tout cas pas vide.

Or, beaucoup des interactions que nous aurons au long de la journée peuvent avoir une influence sur le niveau de ce réservoir.

Lorsque nous passons du temps avec un ami, le niveau augmente.
Lorsque notre amoureux nous prend la main, le niveau augmente.
Lorsque le voisin nous agresse, le niveau baisse.
Lorsque nous avons honte, le niveau baisse.
Lorsque notre enfant nous sourit, il monte.

Je pense que vous avez compris le principe, n’est-ce pas ?

Pourquoi avons-nous besoin que ce réservoir d’amour soit plein ?

Cela rejoint une phrase du Dr Ginott, que je vous ai déjà citée plusieurs fois, et à laquelle il est bon de revenir régulièrement :

Pour se comporter bien, il faut se sentir bien.

Et oui, quand on le voit ainsi, ça semble évident. Nous sommes tous familiers avec cette idée. Nous avons tous expérimenté le fait que les jours où nous sommes stressés, fatigués, les jours où nous sommes contrariés, où les choses ne se passent pas comme prévu, nous sommes moins agréables avec notre entourage !

Lorsque nous nous sommes disputés avec le voisin (visiblement, j’ai quelque chose contre ce voisin… ne le lui dites pas ! Ou plutôt si, ça lui ferait peut-être du bien de l’entendre ! Bref.) Lorsque nous nous sommes disputés avec le voisin, donc, disais-je, nous sommes moins patients avec les enfants, pas vrai ?
Et bien, figurez-vous que c’est pareil pour tout le monde, y compris les enfants !!

Alors, face à un comportement désagréable de notre enfant, la manière la plus efficace de réagir, c’est de… remplir son réservoir d’amour !!

Vous pensez que cette idée n’est que théorique ?

Je vais vous raconter ce qui m’a inspiré cet article, et vous laisser juge…

Cette semaine, je n’étais pas chez moi, mais en déplacement. C’est donc mon mari qui s’est occupé seul d’eux le soir. Et, même en essayant de rentrer plus tôt que d’habitude, il ne rentre pas souvent plus tôt que ce que je fais quand je suis présente.

Un soir, je reçois le message suivant :
« Soirée difficile, mais tout bien terminé. Léon, après plusieurs épisodes en partant fâché et pleurant dans sa chambre m’a dit, avec des larmes : « mon réservoir d’amour est vraiment vide, et ça me fait mal ! ». Alors, après, on a rempli les réservoirs des deux petits, puis lu des histoires et ça allait beaucoup mieux ! »

A quelle fréquence doit-on remplir ce réservoir ?

Il est impossible de donner une règle générale. Impossible. Parce que cela dépend de beaucoup de facteurs !

  • La confiance en soi, par exemple, influe beaucoup : plus on se sent bien dans ses propres baskets, moins les contrariétés auront un impact sur notre réservoir.
  • La fatigue influe aussi : comme elle joue sur notre humeur, elle nous rendra plus sensibles aux difficultés.
  • L’entourage, évidemment !! Plus nous évoluons dans un environnement bienveillant, plus il nous est facile de maintenir le niveau de notre réservoir ! En un sens, il est re-rempli en permanence…

Dans tous les cas, le point important à retenir, c’est que les enfants ont un réservoir plus petit que les adultes. Donc, il faudra le re-remplir plus régulièrement. Car les enfants ont une plus grande sensibilité que les adultes. Ils se font plus facilement envahir par les émotions (agréables autant que désagréables, même si nous nous focalisons souvent plus sur les désagréables). Cela est lié au fait que leur cerveau n’a pas fini sa maturité…

Note : Vous pouvez voir cette petite bande dessinée pour garder en tête cette image du réservoir des petits qui est plus petit.

Un pré-requis fondamental

Et je reviens cette fois sur une idée importante. Pour pouvoir prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi-même.

J’ai vu en effet trop de mères conscientes de ce qu’il manquait à leur enfant, mais incapables de le leur offrir. Et, comme elles, je me retrouve également dans cette situation parfois. (Vous vous rappelez que j’avais expliqué à mon fils que je n’étais pas un super-héros ?)

Alors, cela vaut la peine de le répéter : prendre soin de soi n’est pas égoïste ! C’est plutôt la meilleure chance d’offrir à notre famille une mère (ou un père !) capable de faire face aux difficultés qui se présenteront inévitablement.

Effet secondaire : le développement de l’empathie !

Une fois que la notion du réservoir est passée chez nos enfants, ils sont prompts à la comprendre. Et à comprendre qu’elle s’applique également aux autres.

Et c’est une bonne manière d’être sensible à l’autre, de l’écouter, de le comprendre. En somme, de développer cette empathie qui change tout à notre manière d’avancer dans la vie !

Encore une illustration ? Pas de problème, je l’ai dans ma besace.

Un soir, Léon (6 ans) estime que je suis trop difficile avec lui. (A tort ou à raison ? On est rarement bon juge de soi-même… J’essayais de bien faire, mais il est vrai que j’étais fatiguée) Il pleure, et pleure encore.
Au bout d’un moment, je lui dis, alors qu’il pleure sur le canapé : « Je n’ai plus l’energie de ca. Moi aussi, j’ai besoin qu’on remplisse mon réservoir d’amour…
– Ah, ben il fallait le dire ! » me répond-il, en s’arrêtant de pleurer ! Et il vient immédiatement me faire un gros câlin…

Ca a eu l’effet désiré : nous nous sommes tous les deux sentis mieux !

Et dans la pratique, comment fait-on pour remplir ce réservoir ?

Bonne nouvelle : j’ai des idées à vous proposer !

Remplir le réservoir est un travail permanent. Car la meilleure méthode pour le remplir, c’est de ne pas le laisser se vider !

Note : vos actions pour remplir le réservoir de vos enfants seront d’autant plus efficaces qu’elles correspondront au langage d’amour de vos enfants.

👉🏻 Cliquez ici pour découvrir et comprendre les langages de l’amour

Voici donc les idées que l’on qualifiera de préventives

  • Passer des « moments particuliers » avec notre enfant ! Sans doute le plus efficace de tout ce que je pourrais vous lister ici…
  • Ecouter notre enfant. Ce qui signifie écouter ce qu’il a à dire, sans essayer de le convaincre que le problème qu’il a n’est pas, sans le juger, sans chercher à lui offrir des solutions toutes faites, juste l’écouter.
  • Le laisser exprimer ses sentiments. Parce que c’est ainsi qu’il se sentira compris, et respecté.
  • Les jeux de société. Cela dépend probablement des goûts de chaque famille. Chez nous, les jeux de société sont très présents, et je sais qu’ils nous aident au quotidien. Parce qu’à travers eux, nous passons des moments agréables. Des moments de partage qui ne sont pas teintés d’obligations (type prendre le bain…)
  • Faire attention aux messages qui nous lui transmettons : insister, lorsqu’il fait une erreur, sur le fait que l’on a confiance en lui pour apprendre. Et éliminer les punitions !!

Sans oublier les idées réactives

Au moment où l’on sent que l’enfant a du mal à faire face, on peut encore infléchir les choses.

  • Le moment particulier est encore un bon outil ! Lorsque nos deux plus jeunes se disputent à répétition, nous en prenons un chacun, et nous isolons pour un moment particulier impromptu ! En général, ça fonctionne bien.
  • Dans tous les cas, il faut (encore une fois) recevoir l’émotion. Mettre les mots dessus aidera l’enfant à se connecter à nous, à se sentir entendu, et le soulagera immanquablement.
  • (En fait, tout ce qui est listé ci-dessus peut également servir dans le feu de l’action !)
  • La tendresse bien sûr ! Les câlins sont chez nous la meilleure manière de remplir le réservoir lorsqu’il est vide. Passer le message d’amour dans les moments difficiles est le meilleur moyen d’atteindre l’autre. C’est pourquoi d’ailleurs le câlin est le choix favori d’Anatole sur notre roue des options. Et parfois, un simple geste suffit à se reconnecter, et ouvrir la communication.
  • Le rire… Ce n’est pas toujours évident de trouver en nous l’énergie de réagir différemment. (et je re-soulèverais bien le fait de prendre soin de nous-mêmes… mais vous l’avez compris, je crois !). Pourtant, si l’on décide de changer l’humeur, de surprendre, la dynamique peut changer du tout au tout !
  • Dans la continuité du point précédent, la parentalité ludique apporte bien des options autres. (Je n’ai malheureusement pas encore pris le temps d’écrire à ce sujet, mais vous trouverez des inspiration chez mon amie Gwen via ses petits bouts du livre de Lawrence Cohen…). Chez nous, ce ne sont pas les chatouilles qui l’emportent, mais je n’hésite pas à entrer dans l’univers de mon fils et de ses voitures, les emmenant se laver les dents, par exemple !
  • Lire une histoire. Pour les plus jeunes, comme les moins jeunes, se poser pour une histoire est une bonne idée : cela mélange le temps partagé, le temps calme, et la proximité physique. Si l’enfant est un peu âgé pour un câlin, lire un chapitre l’un à côté de l’autre est une bonne alternative !! C’est l’une des activités favorites de ma fille de 11 ans, et partie intégrante de nos moments particuliers

Voilà, je suis persuadée que ces listes non exhaustives vous auront donné des pistes intéressantes…

J’ai hâte de savoir ce que cet article va changer chez vous, et quelles sont les idées que vous pouvez me proposer pour enrichir cette liste !

Pas facile de faire face à un enfant qui s’oppose… Surtout sur des points qui nous semblent non négociables. Dans ce podcast, je vous encourage à changer de posture face à cette opposition. Pour mieux la comprendre.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription. 

L’enfant qui s’oppose

Aujourd’hui nous allons parler de l’enfant qui s’oppose, qui s’oppose à nous, mais pas vraiment à nous, justement.

En tant que parent, c’est une situation à laquelle on fait souvent face.  Notre enfant s’oppose à ce qu’on lui demande. Qu’est-ce que je peux faire pour qu’il m’obéisse ?

En fait, je voudrais vous encourager à vous éloigner un petit peu de ce rapport complètement vertical, qui veut que : on demande quelque chose à notre enfant, et il doit nous obéir. S’il ne le fait pas, c’est qu’il s’oppose à nous.

Voilà une logique traditionnelle qu’on peut essayer de rompre.

L’enfant qui s’oppose à nous, ne s’oppose pas forcément à nous. Ca peut arriver. Je ne dis pas que ça n’arrive jamais, en particulier lorsqu’il est dans une logique de revanche, dont nous pourrons parler un petit peu plus tard.

Mais ce que je voudrais d’abord mettre en valeur, c’est que la majorité du temps, l’enfant ne s’oppose pas à nous. L’enfant s’oppose parce qu’il a, lui, de son côté, une dynamique intérieure, qui lui donne envie de faire autre chose.
L’enfant qui s’oppose au fait d’aller au bain, ne s’oppose pas forcément au bain, il s’oppose parce qu’il a envie de jouer. En fait, il y a une dynamique positive en lui.

Donc, la première erreur que nous faisons souvent, face à un enfant qui s’oppose, c’est de prendre les choses personnellement. De considérer que s’il n’exécute pas ce que nous lui demandons de faire, alors c’est un échec de notre part, en tant que parent.

Et en fait, ça ne l’est pas. C’est meme plutôt une bonne nouvelle que cet enfant soit capable d’exprimer ses propres opinions, qu’il sache défendre son territoire, qu’il sache garder ses positions, des choses qui lui seront bien utiles dans sa vie !

Faire une pause

L’important serait donc de voir, d’une part, le moteur qu’il y a derrière, et pour ça, il est nécessaire de faire une pause, de prendre du recul. Et je sais que parfois, ça nous rend fous. Parce qu’il y a des choses sur lesquelles on considère qu’il n’y a juste pas le choix, et que on veut contraindre l’enfant, parce que… parce que c’est comme ça ! Et que l’enfant ne veut pas obéir, et qu’on est… qu’on cherche à rester dans une dynamique du parent positif qui n’impose pas à ses enfants d’obéir, mais qui cherche la motivation interne de l’enfant pour qu’il soit d’accord pour coopérer, c’est pas toujours facile !

Alors quand cela se produit, quels seraient les conseils ?

D’abord, la première étape, c’est celle que l’on a déjà soulevée : de ne pas prendre les choses personnellement, de faire une pause, et d’observer l’enfant. De comprendre ce qu’il se passe pour lui. Pas contre nous, pour lui.

Essayer de voir que souvent le comportement de l’enfant est la pointe de l’iceberg. Comme le dit Jane Nelsen dans la Discipline positive, les comportements inappropriés ont en général une raison d’être. Ca peut être un besoin d’attention, qui est la raison la plus connue parmi les parents, mais ça peut être également une envie de prendre le pouvoir.

L’enfant qui se sent contraint au cours de sa journée, a envie, à un moment, d’exprimer, de vivre le fait qu’il a également du pouvoir, lui. Qu’il peut décider de ses actions. Et ça, c’est très bien, c’est important, c’est un vrai moteur.

Alors, on peut valider cette position-là, ce qu’il veut, et ce qu’il ne veut pas. Même si parfois, il n’y a pas le choix. Donc, cette première étape, déjà nous permet de mettre les choses en perspective, elle nous permet d’ avoir un regard différent sur l’enfant, de mieux accepter cette situation.

Parce que, ce dont il faut être persuadé, c’est que s’opposer en retour ne sert à rien. Ca ne sert à rien parce que ça ne va pas aider à ce que l’enfant change de position. Ca ne va qu’entretenir, ou même créer quand elle ne l’est pas, une lutte de pouvoir qui ne mènera à rien, si ce n’est, si vraiment on ne lâche pas, à imposer en tant que parent, par la peur, la contrainte… les choses qu’on aimerait voir suivies plus spontanément.

Alors, si on ne peut pas s’opposer en retour, que faire ?

On arrive donc à la deuxième étape. Celle de notre décision, notre action. Quelles sont les réactions possibles ?

La réaction la plus simple, ça peut être de simplement lâcher prise. Il est parfois possible de remettre en cause ce qu’on demande, de décider que ce n’est pas si important, ou de gagner en flexibilité.

C’est à dire, si on est dans un moment où l’on décide que c’est l’heure d’aller au bain, peut-être  que l’on peut trouver un accord avec l’enfant, pour dire “Ah, tu voulais finir ça..” Comprendre pourquoi il dit non. Il est en train de dessiner. “Tu voulais finir ton dessin ? Pas de problème, est-ce que ça te convient d’aller au bain après ton dessin ?” Il y a de bonnes chances que l’enfant réponde oui !

Pour éviter justement de rentrer dans cet affrontement qui ne va faire qu’encourager l’affrontement. Parce qu’au bout d’un moment, on se retrouve comme dans une bataille. On veut être vainqueur. Et l’enfant est dans la même position. Du moins, dans une position symétrique.

Donc, faire une pause face à lui, c’est aussi lui donner une fenêtre pour évoluer sans “perdre la face”. Et souvent, ça suffit à résoudre le problème.

Exemple

Hier, mon Anatole de 4 ans vient à table, et il ne s’est pas lavé les mains. Et c’est vrai que c’est un point sur lequel nous ne cédons pas. C’est à dire que pour nous, il est très important que les enfants aient les mains lavées avant d’aller à table. Ce sont des choses qu’ils apprennent au fur et à mesure, et qui viendront tout seul. Bientôt. Cependant, à 4 ans, on n’est pas encore convaincu de la nécessité de se laver les mains avant de passer à table. En général, ça se passe bien. En général, on lui dit :
“Ah, qu’est-ce qui te manque pour passer à table ?
– Ah oui, me laver les mains !” il y va.
Et puis, il y a des jours où ça se passe moins bien.
Hier, il vient à table, et ne s’est pas lavé les mains.
“Ah Anatole, je crois que tu as oublié quelque chose.
– Je ne veux pas me laver les mains. dit-il.”
Bon. Moi de répondre :
Ah, tu ne veux pas te laver les mains ? Donc tu ne veux pas déjeuner ?
– Si, je veux déjeuner, mais je ne veux pas me laver les mains !

Bien. Cas d’opposition simple, on pourrait très bien entrer dans une dispute. ET dans une lutte de pouvoir. Du type “Il n’est pas question de ça, tu vas laver les mains, tu fais ce que je te dis et puis c’est tout, etc…”

Mais comme nous sommes des parents positifs, nous évitons l’affrontement direct. Je valide donc le fait qu’il n’ait pas envie de se laver les mains, parce qu’il a le droit, et je lui dis.
– Ah.. tu veux dire “Je ne veux pas me laver les mains, mais je vais quand même me laver les mains, parce que je veux déjeuner”
Et lui de répondre :
– Non, je ne veux pas me laver les mains, mais je veux déjeuner.

Et là, je ne dis rien. Je commence mon déjeuner. Parce que je pense qu’il est plus simple de lui laisser l’opportunité de prendre sa position, et de changer d’avis, que de continuer à m’opposer. Et effectivement, voilà mon petit bonhomme qui réfléchit un petit peu, et qui me dit :
“Euh… je veux dire : je veux me laver les mains, parce que je veux déjeuner.”
Tu m’en vois ravie…
et il est parti se laver les mains.

Je ne dis pas que ça marche à tous les coups.

Il y aura sûrement des moments où du coup, il va se mettre à déjeuner, alors qu’il ne se sera pas lavé les mains, et il faudra encore aller chercher un autre outil. Mais je pense que, par défaut, on peut essayer d’avoir confiance. Avoir plus confiance. Il le sait, dans le fond, qu’il faut se laver les mains avant d’aller déjeuner. Il exprime seulement le fait qu’il n’a pas envie d’aller se laver les mains, ce qui peut arriver, et, au passage, il a une position de l’enfant qui décide qu’il ne va pas aller se laver les mains juste parce que sa maman lui dit d’aller se laver les mains. Donc, il me fait savoir qu’il a le droit d’avoir sa position, je ne m’oppose pas, il a donc aussi la liberté d’aller se laver les mains sans que ce soit parce que je le lui ai imposé. C’est comme si c’était lui qui en prenait la décision.

Et ça, ça change tout au rapport entre nous.

Et ce qui est magique là-dedans, c’est que plus on évitera ce type d’oppositions, du moins d’affrontements et de luttes de pouvoir, et moins on aura de chances qu’il y ait d’autres luttes de pouvoir.

Parce que, de nouveau :

la lutte de pouvoir, d’où vient-elle ?

Du fait que chacun a besoin de montrer qu’il a ce pouvoir, cette possibilité d’imposer son point de vue. Donc, plus il y aura de moments où nous l’imposerons et plus notre enfant aura son besoin de montrer qu’il en a aussi.. à combler !

Si en revanche, on lui laisse l’opportunité de prendre ses décisions, et de s’exprimer, il y a toutes les chances qu’ensuite, lorsqu’on lui demande quelque chose, il ne le voie pas comme une imposition, et il coopère beaucoup plus facilement.

Le cas dans lequel l’enfant s’oppose réellement à nous, et pas à ce qu’on lui demande, c’est le cas de la revanche. C’est s’il est fâché contre nous, et qu’il veut nous le “faire payer”.

il considère qu’il ne se sent pas bien, et que, il n’a pas trouvé de solution pour changer ça, mais que, au moins, il peut entrainer les autres avec lui. Et ça, ça se passe quand on trouve que l’autre s’est mal comporté avec nous.

Là encore, s’il y a des moments où on lui aura.. manqué de respect, où on lui aura imposé des choses, ou bien où on aura pris partie dans une dispute avec son frère par exemple, il y’a plus de chances qu’ensuite, l’enfant s’oppose, même si la situation n’a rien à voir, et que nous la dé-corellons. Pour lui c’est une opposition à nous, parce que c’est sa façon “de se venger”.

Tout comme ça nous arrive naturellement à nous. On n’a pas envie, en fait, de faire plaisir à quelqu’un contre qui on est fâché, même si l’autre point sur lequel on pourrait lui faire plaisir n’a absolument rien à voir avec le sujet de notre fâcherie.

Et on en revient toujours au même : pour se comporter bien, il faut se sentir bien.

Donc le parent positif s’attachera plus à la relation avec l’enfant, à entretenir le lien, et à créer la connexion, parce qu’il sait que c’est de cette connexion que viendra la coopération.

Voilà, j’espère que cette réflexion vous aidera dans la vôtre… N’hésitez pas à faire des commentaires !

Sur ce thème, comme bien souvent en parentalité positive, l’équilibre n’est pas toujours facile à trouver. Lorsque nous leur demandons quelque chose, faut-il l’expliquer aux enfants ? Ne pas le faire ne reviendrait-il pas à l’imposer ?

J’aimerais aujourd’hui creuser ce sujet, qui m’est particulièrement sensible parce que Léon, 6 ans, supporte de moins en moins que je me lance dans des discours… Car, je l’avoue d’emblée : limiter mes mots n’est pas mon fort !

Retour sur cette habileté parentale, et les moments de l’utiliser…

Les « techniques » de parentalité positive qui encouragent à rester concis

Pour commencer, voyons si le conseil nous est parfois donné explicitement d’en dire moins.
Et, en effet, il nous est donné ! Voici ce que j’ai trouvé :

Le dire en un mot

Dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, le chapitre sur la coopération nous suggère de nous contenter d’un mot seulement pour communiquer certaines de nos demandes. Cette technique est reprise par Isabelle Filliozat dans « J’ai tout essayé ! ».
(En ajoutant le lien vers l' »article » – en mérite-t-il le nom ?- s’y reportant, je note le changement dans mes articles, depuis que je ne les écris plus seulement pour moi, mais bien pour vous !)

Ainsi, mon exemple préféré est celui que j’ai le plus utilisé : « Oscar, ton sac. » sera plus efficace que « Oscar, tu as encore laissé ton sac dans le couloir !! » (Qu’est-ce que je suis contente que ce sac ne soit plus dans le couloir…)

C’est une technique redoutable pour l’adulte comme pour l’enfant. En effet, pour nous, cela représente une économie d’énergie, ce qui limite notre agacement face à la situation. Pour l’enfant, cela parait moins attaquant, et il sera probablement plus prompt à réagir.
C’est probablement la raison pour laquelle cette technique plait généralement beaucoup aux parents auxquelles je l’explique en atelier. Elle est de plus rapide à mettre en place !

Ecrire une note

Toujours dans Parler pour que les enfants écoutent… , une technique proposée est d’écrire. Ecrire ? Oui, écrire pour aider l’enfant à se rappeler de ce qu’il doit faire sans que nous ayons toujours à le lui rappeler.

Ainsi, j’ai une amie qui a mis cette technique en pratique en affichant à côté du lavabo une note précisant que  « La brosse à dents et le dentifrice se rangent dans le gobelet. ». Le soir même, son mari a pensé, en entrant dans la salle de bain, que leur fils de 6 ans ne s’était pas brossé les dents…

Chez moi, j’ai également utilisé cette technique dans un autre contexte : pour éviter de crier ! Ainsi, face à ce sac toujours dans le couloir (bon sang, qu’est-ce que ca a duré !!), et en alternative à « Oscar, ton sac. », il m’est arrivé de lui tendre un papier lui demander de vérifier l’entrée. C’est plus simple, plus sobre, et on passe plus vite à autre chose que lorsqu’on a laissé notre agacement (je reste limitée) passer nos lèvres !

Passer par le contact physique

Enfin, je trouve que ce conseil va encore un cran plus loin. Ici, nous n’avons même plus besoin de paroles.

Je lis d’abord cette idée dans « J’ai tout essayé ! », et l’applique beaucoup avec Anatole, mon plus jeune, tellement pris dans son jeu qu’il n’écoute pas quand je l’appelle. Il suffit de s’approcher et de créer la connexion physiquement pour qu’il me prête attention.

Mais c’est encore cette idée qui revient dans Poser des limites à son enfant, lorsque Catherine Dumontheil-Kremer nous explique comment sortir de l’impasse

Ainsi donc, parfois les mots sont à économiser !!

Les enfants peuvent-ils accepter sans explication ?

Problème : si nous n’expliquons pas, cela signifie-t-il que nous imposons ?

Parce que, si c’est le cas, j’aime autant expliquer. En effet, comme le préconise Rosenberg, qui, par la CNV, m’inspire à rêver en un monde meilleur, je voudrais être bien capable de distinguer demande et exigence.
Car je ne cherche pas à avoir des enfants qui obéissent aveuglément. J’aime, même si c’est parfois usant, je l’admets bien volontiers, qu’ils soient capables de remettre mes exigences en cause.

L’explication a le mérite de leur donner un contexte, de leur permettre de comprendre d’où vient ma demande.
Soit.
Cependant, si nous mettons en place une relation bienveillante avec nos enfants, ils nous font confiance. Ainsi, surtout lorsqu’ils sont jeunes, ils n’ont pas forcément besoin d’une explication ! Ce n’est pas tant que nous imposions que le simple fait que nous les guidons.

Nous amènerons par exemple le jeune enfant se laver les mains avant le déjeuner, sans forcément se lancer dans le pourquoi de la chose. Bien sûr, nous pouvons également le leur expliquer. De toute manière, cela viendra un jour naturellement, car ils risquent fort de nous le demander le jour où ils voudront le remettre en cause ! Mais il n’est pas nécessaire de prendre de l’avance, en « justifiant » tout ce que nous leur demandons.

Pourquoi explique-t-on ?

Je pense qu’une bonne manière d’aborder les choses, et de savoir où placer la limite, est probablement de se demander quelles sont les raisons qui nous poussent à expliquer.
Car celles-ci peuvent varier…

Les moments où nous expliquons pour l’enfant

Il y a effectivement les moments où notre explication s’adresse à l’enfant. Ces moments où nous voyons qu’il a besoin de comprendre pourquoi faire quelque chose. Dans ces cas-là, l’explication est utile est constructive, et permet de débloquer simplement la situation.

Pourquoi doit-on partir du parc ? Parce que c’est l’heure du bain : regarde, le soleil est déjà en train de se coucher.

Les moments où nous expliquons pour nous-mêmes

Certaines fois, il peut nous arriver d’expliquer, non pour l’enfant mais pour nous. Hum… pas très clair. Je sais. Comment bien exprimer ça ? Je veux dire que parfois, nous sentons bien que notre explication ne tient pas bien la route, ou bien, nous aimerions suivre des principes que nous avons du mal à appliquer…
Alors, nous justifions plus que nous expliquons, espérant qu’en justifiant à l’enfant, nous nous convaincrons nous-mêmes.

Que de fois j’ai essayé d’expliquer à mes enfants pourquoi ce n’était pas une bonne idée de voir un film ce jour-là…
L’explication est d’ailleurs suffisamment faible pour qu’un général, elle soit suivie d’un « Mais on peut quand même voir un film ? »
Il serait plus efficace d’être directement honnête avec moi-même et avec eux, et de dire que je cherche à les aider à développer autre chose… voire ne même pas vraiment justifier, parce que finalement, ils sont trop jeunes pour vraiment écouter…

Et c’est en général ce qui finit par se passer. On sort une autre activité, et on passe à autre chose.

Les moments où nous expliquons pour l’enseignement

Voilà le moment qui, pour moi, est le plus délicat. Du moins, celui pour lequel j’ai le plus de mal à me positionner.
Car l’explication pour l’enseignement est valable, bien sûr ! Le problème, c’est quand elle devient systématique…

Ainsi, je me suis tellement inspirée de Jane Nelsen, et j’ai tellement bien intégré le fait que le conflit est une opportunité d’enseignement, que je suis tentée, à chaque conflit, d’entrer dans un échange qui nous permette d’en tirer l’enseignement.
Parfois ca fonctionne bien, et je vois bien que nos enfants progressent, et parfois, au milieu de mon discours, je les perds…

Et j’ai tellement envie de les aider à grandir, de les guider… J’ai tellement envie de saisir les opportunités, que je me retrouve frustrée de ne pas pouvoir aller plus loin dans mon explication !

Je comprends qu’il faut que j’accepte que mes mots auront plus d’effet s’ils sont plus rares. Que je n’aie pas peur de rater des opportunités : il y en aura sans aucun doute d’autres qui se présenteront ! (C’est également ce que dit mon amie Gwen de Petit bout par petit bout lorsqu’elle traite du même thème des explications.)

Accepter que nous ne convaincrons pas

Une idée que je copie tout droit de l’article de Gwen précédemment cité, et qu’il me semble important de reprendre ici, parce qu’elle m’a vraiment laissée songeuse. Elle écrit donc, je cite : « mes explications n’ont pas pour but de convaincre mon enfant ».

Eh oui. Ca semble logique, et pourtant, ne nous retrouvons-nous pas régulièrement dans la position de vouloir convaincre ? Avec nos enfants, ou avec n’importe qui, d’ailleurs !
Lorsque nous parviendrons à accepter que chacun a le droit d’avoir son opinion, que nous pouvons expliquer pour donner notre point de vue, mais que le but n’est pas de convertir l’autre, nous gagnerons en sérénité.

Et ce sera également un enseignement implicite pour nos enfants : un modèle de respect et de tolérance. Ah, je devrais peut-être saisir les opportunités de me l’enseigner à moi, cela !!

Le bon moment pour expliquer

Dans tous les cas, que l’on trouve que la situation réclame une explication ou pas, il s’agit de choisir le bon moment pour expliquer.

Car le gros piège, celui qu’il faut absolument éviter, c’est celui de se lancer dans une explication alors que l’enfant n’est pas en mesure de l’écouter. (Thème abordé dans le podcast sur la validation des sentiments et les explications)

En effet, lorsque l’enfant est encore sous le coup de l’émotion, il n’est pas capable de s’ouvrir à nos explications.
Et ce n’est pas tout : de la même manière, lorsque nous sommes encore sous le coup de l’émotion, nous ne sommes pas capables d’expliquer calmement ! Et dans ce cas, évidemment, notre message ne sera pas reçu non plus.

Donc… mieux vaut marquer une pause et revenir ensuite.

Et parfois, c’est piégeant. Ces derniers temps (et c’est ce qui m’a poussée à écrire cet article, pour m’inciter à creuser en moi-même), j’ai du mal à me positionner par rapport à mon fils Léon, 6 ans.

Suite à des moments de disputes avec son jeune frère, je lui laisse un temps pour retrouver son calme, en l’accompagnant ou non. Souvent la roue des options l’aide à cela.
J’ai l’impression d’attendre ainsi le bon moment avant d’entrer dans les explications. Alors, j’essaye de saisir l’occasion du conflit pour développer son empathie. J’essaye donc quelque chose du type « Tu sais, je crois que ton frère aimerait pouvoir décider également du scénario quand vous jouez avec les voitures… ». Et régulièrement, il s’enfuit au milieu de mon explication pour aller se réfugier dans son lit !
C’est donc que je me suis lancée trop tôt dans l’explication… et que je dois apprendre à lâcher prise !

En conclusion

Y a-t-il vraiment une conclusion à tirer, autre que celle que nous donnera l’expérience ?

Je vais quand même m’y essayer :

  • ne pas trop expliquer lorsque l’on peut s’en passer, surtout dans le cas des situations récurrentes, dans lesquelles les explications ont déjà été données ! (Non, pas la peine d’ajouter « des milliers de fois » !!)
  • être convaincus que nos enfants, surtout jeunes, n’ont pas toujours besoin d’explications
  • se poser la question de la raison pour laquelle nous expliquons
  • accepter que l’enfant ne soit pas convaincu (ce qui ne signifie pas qu’il fera forcément ce qu’il veut, cela se jugera au cas par cas)
  • choisir le bon moment pour expliquer !

Voilà, si vous parvenez à bien suivre tous ces principes, dites-le moi, ça m’intéresse de savoir comment vous faites !!

– Note : cet article « Le piège des récompenses » est d’abord paru dans Grandir Autrement, numéro 67 de novembre/décembre 2017 –

Lorsque l’on cherche à faire avancer un âne, on utilise la méthode de la carotte et du bâton. C’est une manière d’exercer un contrôle sur lui, de l’amener à faire ce que l’on désire. On ne se demande pas si c’est ce dont il a envie, on exerce simplement un contrôle extérieur.
Bien des méthodes éducatives reprennent ce principe, celui de la carotte et du bâton, remplacés face à nos enfants par des récompenses et des punitions.
Cela peut éventuellement fonctionner à court terme, mais il est intéressant de s’interroger également sur les effets à long terme d’une telle méthode.

Marshall Rosenberg, quand il parle de punition1, écrit que, d’après son expérience, ce qui convainc les parents de l’inutilité de cette méthode est de se poser les deux questions suivantes : “En quoi voudrais-je que mon enfant change de comportement ?” et “Quelle motivation voudrais-je qu’il ait pour faire ce que je lui demande ?”.
C’est en général la réponse à cette deuxième question qui encourage le parent à trouver une autre méthode.

On pourrait appliquer ces mêmes questions au cas de la récompense.
En effet, lorsque nous offrons une pièce à notre enfant pour vider le lave-vaisselle, désirons-nous vraiment qu’il vide le lave-vaisselle pour gagner cette pièce, ou voudrions-nous en fait qu’il vide le lave-vaisselle parce qu’il trouve normal de contribuer à la vie familiale ?

Le message derrière la récompense

En réalité, si nous parlons de récompense à l’enfant, c’est que nous pensons qu’il a besoin d’une motivation extérieure pour avoir envie d’agir. C’est évident. Seulement voilà : c’est évident pour lui aussi.

Donc, en lui faisant miroiter la future récompense, nous lui passons implicitement mais clairement le message suivant : “Je ne crois pas une minute que tu feras ce que je te demande si je ne te soudoie pas…” Voilà un message fort, qui ne contribuera probablement pas à son estime de lui-même…

Un enfant grandit et progresse quand on croit en lui, notre récompense est donc en fait contre-productive…Nous ne cherchons en aucun cas à développer chez l’enfant une motivation intrinsèque, mais bien à rétribuer le résultat de ce que nous lui imposons. Que se passera-t-il lorsque la récompense aura perdu son attrait ? Faudra-t-il la faire grandir ? Probablement… Et si nous ne sommes plus là pour la donner, notre enfant aura-t-il envie de continuer ? Certainement pas ! D’abord parce qu’il “sait”, grâce à nous, qu’il n’en est pas capable, ensuite parce qu’il n’y verrait plus d’interêt : qu’y gagnerait-il ?

Quand la récompense prend le pas sur l’envie

Plus nous offrons de motivation extérieure à l’enfant, plus sa motivation intérieure baisse. Ou, pour reprendre les mots de Céline Alvarez2 : “La motivation exogène va venir court-circuiter la motivation endogène.

C’est l’effet de sur-justication (overjustification) mis en évidence par Mark Lepper, psychologue à Stanford. L’une de ses premières études3 consistait en effet à demander à deux groupes d’enfants de maternelle de dessiner. A l’un des groupes, il était promis des médailles pour leurs dessins, à l’autre non. Lorsque l’équipe revient observer les enfants, quelques semaines plus tard, les enfants du groupe qui s’était vu offrir les médailles dessinent beaucoup moins : ils n’en voient plus l’intérêt lorsqu’ils ne sont plus récompensés… De plus, la qualité de leurs dessins décroît également. En substance, le raisonnement inconscient de l’enfant (ou de l’adulte) est : “Si l’on me récompense pour cet acte, c’est que je n’ai pas de raison d’aimer le faire si je ne suis pas récompensé, donc je ne l’aime pas.”

L’enfant perd alors son plaisir. On pourrait penser, dans ces conditions, que le système de récompense marche mieux pour une activité qui ne plait initialement pas à l’enfant. Nul risque alors de déplacer sa motivation, inexistante dès le départ. Et pourtant… Les expériences menées en ce sens prouvent que cela n’est pas non plus une solution. En réalité, l’absence de motivation externe encourage toujours à mieux rechercher une motivation interne, même lorsque celle-ci n’est pas évidente de premier abord.

Si nous comprenons ce principe, nous comprenons que nous ne devons pas payer nos enfants pour leurs notes (que ce soit en argent ou en cadeau) ! Non seulement parce que nous ne pourrons vraisemblablement pas tenir la longueur – car la récompense doit augmenter pour garder son attrait ; mais surtout parce que nous leur enseignerions que la seule raison pour eux d’obtenir de bonnes notes est de gagner la récompense. L’apprentissage en lui-même perd son sens, et surtout son interêt…

Quelles alternatives ?

Encore une fois, la clef réside dans la motivation intrinsèque. C’est celle-ci qu’il s’agit d’encourager. Et pour cela, essayons de mieux comprendre ce qui peut motiver nos enfants.

Selon Adler, psychologue autrichien dont les principes sont à la base de la discipline positive4, Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.

Reprenons alors le cas du lave-vaisselle. Il est important, tout d’abord, que l’enfant se sente appartenir : il fait partie de la famille, son point de vue est respecté. L’idéal est que la répartition des contributions de chacun à la vie de famille (et non des tâches, notez bien le changement de vocabulaire) soit faite au préalable, ensemble. Alors, chaque fois que l’enfant contribuera, par exemple en vidant le lave-vaisselle, il saura qu’il remplit une partie de son rôle dans la famille, famille dans laquelle il a sa place, et son importance.

Parlons à présent des notes en classe. Au départ, l’enfant a envie d’apprendre. Celle-ci se perd lorsque le travail scolaire ne lui appartient plus : il n’étudie pas pour lui, mais pour ses parents, ou pour ses professeurs. Rendons-lui sa responsabilité, faisons-lui confiance. Offrons à nos enfants le temps de l’apprentissage en l’encourageant de manière positive, en l’accompagnant jusqu’à la réussite, pour lui. En nous focalisant sur elle, et pas sur les échecs. Puis, lorsqu’il réussit, résistons à l’envie de lui dire que nous sommes fiers de lui – après tout, ce n’est pas notre réussite ! – , demandons-lui plutôt s’il est fier de lui-même, et réjouissons-nous avec lui. Il se sentira capable, et écouté, donc important. Il s’appropriera alors son succès,  et aura probablement à coeur de continuer sur sa lancée. Nous l’aurons alors aidé à développer sa motivation intrinsèque, bien plus que s’il avait réussi pour nous complaire…

Le problème vient probablement du fait que nos enfants n’ont pas l’habitude qu’on leur fasse confiance.

Lors d’une réflexion, dans un cours que je ne donne qu’à 2 élèves, sur la méthode à mettre en place pour éviter qu’ils n’interrompent le cours pour dériver sur du hors-sujet, l’un d’eux me propose de faire comme sa maîtresse principale : noter sur un papier la source de chaque interruption, et donner à la fin du cours un bonbon à celui qui s’est le mieux comporté… Je lui explique : “En fait, je voudrais que tu n’interrompes pas le cours, pas parce que tu veux gagner un bonbon, mais bien parce que tu es convaincu que c’est mieux pour nous tous, toi y compris, qu’il y ait moins d’interruptions…” Surprise chez le garçon. Il est rare qu’on en appelle à son sens d’appartenance au groupe, à un fonctionnement plus horizontal que vertical. Cela donne donc lieu à une petite conversation, suite à laquelle nous décidons que chacun aura un papier à son côté pour noter les thèmes hors-sujet qui lui viennent, et que le cours durera cinq minutes de moins, pour que chacun puisse partager ce qu’il a noté. Depuis, les cours sont bien plus faciles, et le garçon y voit bien son propre interêt !

Changement de méthode

Que faire si l’on était adepte des récompenses jusqu’ici ? Ne pas s’inquiéter, il n’est jamais trop tard. Etre honnête avec ses enfants. Leur expliquer que l’on s’est rendu compte qu’on aimerait les voir développer d’autres raisons de faire ce qu’ils font, que l’on peut d’ailleurs y réfléchir avec eux s’ils le veulent, et que l’on a toute confiance qu’ils en seront capables !

De mon côté, j’ai toute confiance que vous en serez capables…

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce thème vous intéresse, vous aurez peut-etre envie de lire mon livret « Tout ce qu’il faut savoir sur les punitions et les récompenses pour s’en débarrasser. »