J’ai reçu cette question qui me semble intéressante : comment écouter un enfant qui ne veut pas parler ? En effet, il arrive que nous abordions notre enfant plein de bonnes intentions d’écoute, et même d’écoute active, et qu’il reste silencieux. Comment réagir à ce silence ? Cela signifie-t-il que notre posture n’est pas bonne ?

Les trois grandes failles de notre ecoute

Il est fréquent (mais non systématique) que notre enfant n’ait pas envie de parler parce qu’il ne croit pas vraiment à notre capacité d’écouter. Probable en effet que celle-ci comporte effectivement des failles ! Cela vaut donc la peine de commencer par voir quelles peuvent être ces failles.

Faille numéro 1 : écouter toujours

L’écoute est une compétence relationnelle fondamentale, que ce soit avec nos enfants ou avec les adultes qui nous entourent. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut y avoir systématiquement recours.

Dans la vie quotidienne, bien des situations ne nécessitent pas une grande attention.

Je ris en m’imaginant ce que serait notre vie si nous cherchions à être en mode “écoute active” à tout instant ! Imaginons par exemple que mon fils me dise “Maman, tu peux me passer le sel ?”, je ne vais pas lui répondre “Ah… Tu voudrais que je te passe le sel ?”

Si nous y avons recours trop souvent, notre écoute manquera de sincérité. Alors, il y a fort à parier que notre enfant parlera moins. Sachons écouter sans abus.

L’écoute vraie, celle qui nous implique sincèrement, est celle que nous emploierons lorsque nous constaterons que notre enfant a besoin de partager. Nous lui servirons alors de miroir pour avancer, si nous parvenons à éviter la faille numéro 2 : celle de juger.

Faille numéro 2 : écouter en jugeant

C’est probablement l’attitude la plus difficile à corriger.
Il nous est en effet souvent impossible de faire taire notre petite voix intérieure qui nourrit nos pensées par rapport à ce que nous raconte notre enfant.

Le problème est le suivant : plus nous exprimerons des jugements (voire des reproches) face à ce que nous raconte notre enfant, plus il se mettra sur la défensive.
Alors, de nouveau, il aura de moins en moins envie de nous parler. Evidemment.

Je sais… je sais que parfois on a complètement “raison” de réagir comme nous le faisons ! Qu’on lui avait déjà dit qu’il ne devait pas faire ci ou ça.. Qu’il est impossible de ne pas lui dire que ce n’était pas une bonne idée… Je sais…
Voyons dans ce cas les choses sous l’angle positif : sachant que cela ne nous plairait pas, il a eu d’autant plus de courage de nous en parler !

Dans ce cas, posons-nous la question suivante : qu’est-ce qui est le plus précieux ? Lui faire la leçon, ou m’assurer que mon enfant continue de me parler au lieu de me mentir ?

Car plus nous ferons la morale, moins nous l’encouragerons à nous parler.

J’ajouterai que de toute facon, plus nous communiquerons notre jugement, moins il le recevra. Donc, même sur le coup, notre message ne passera pas.
Sachons faire confiance à notre enfant : s’il a la liberté de s’exprimer, il saura prendre lui-même le recul nécessaire sur la situation. Il saura conclure qu’il aurait dû agir autrement.

D’ailleurs, souvent, il le sait déjà, il n’a pas besoin de nous pour le lui dire.

Au contraire, il a besoin de notre acceptation pour se rendre compte qu’il est normal de faire des erreurs, que nous sommes dans son équipe, que nous ressentons à son égard un amour inconditionnel, et que, quoi qu’il advienne, nous serons là pour l’aider à apprendre et à grandir.

Alors, il pourra trouver la solution en lui.

Faille numéro 3 : Ecouter avec un objectif

Il y a des situations qui nous posent problème à nous, et pas à notre enfant.
Il y a des situations qui posent problème à notre enfant, et pas à nous.

Je trouve que cette approche, présentée par Thomas Gordon, aide vraiment à ajuster notre posture à la situation. Dans Parents efficaces au quotidien, Thomas Gordon parle de zones d’acceptation, au sujet desquelles je vous ferai un article dédié.

Sans entrer trop dans la théorie ici, comprenons simplement que l’écoute est vitale lorsque notre enfant nous parle d’une situation qui lui pose problème.
Une frustration, une difficulté… Parce que, de nouveau, nous pourrons être là pour l’entourer.

En revanche, si le problème est purement nôtre, ce n’est pas l’écoute simple qui permettra de changer les choses. Si nous écoutons avec cet objectif en tête, nous allons tout droit à l’échec.

Prenons un exemple.

Imaginons un jeune ado qui, chaque jour, rentre de l’école, jette son cartable et ses chaussures dans l’entrée, sort de quoi goûter, et laisse tout en plan ensuite.
Clairement, la situation posera problème au parent. Malheureusement pour nous, pas à l’enfant.

Dans ces conditions, ce sera donc à nous d’exprimer ce qui nous pose problème, plus que de chercher à écouter ce qui se passe pour l’enfant. (Pour cela, c’est probablement le message JE qui sera le plus efficace, et je note que je dois également écrire un article là-dessus !)

Si c’est dans ce contexte que nous cherchons à écouter, il n’est pas surprenant que l’enfant ne parle pas : je dirais presque que cela ne le concerne pas… Je le répète : cette fois, c’est plutôt à nous de parler.

J’apporterai quand même un bémol ici, qui est d’importance, même si cela sort du cadre du thème qui nous intéresse aujourd’hui.
Si notre communication sous forme de message JE n’apporte pas ses fruits, il nous faudra entrer dans une recherche de solution.

Dans ce cas, effectivement, nous passerons par une étape d’écoute de notre enfant. Nous essayerons de comprendre ce qu’il se passe pour lui au moment où il rentre de l’école. Pourquoi les choses restent en plan. Est-ce qu’il est fatigué, est-ce qu’il oublie, est-ce qu’il ne se rend pas compte ? Et là, il faudra pouvoir écouter sans juger… Mais cette fois, l’objectif aura été annoncé : nous nous serons assis avec lui en lui expliquant que nous cherchons à régler la situation.

Ecouter ou se taire

A présent que nous en sommes conscients, nous cherchons à mettre en place une écoute sans faille. Et malgré cela, notre enfant ne s’ouvre toujours pas à nous…

Laisser le temps au temps

Il va falloir faire preuve de patience. Nous changeons, nous en sommes convaincus, mais notre enfant ne l’est pas encore. Il nous a trop entendu avant, il a besoin de se sentir de nouveau en confiance pour avoir envie de partager.

Ne cherchons pas à précipiter les choses. Allons-y doucement.

Etre disponible pour bien écouter

Dans les moments où notre enfant veut nous raconter quelque chose – que ce soit une difficulté ou une joie, il s’agit d’être disponible pour lui donner vraiment toute notre attention.
Or, ce n’est pas toujours le cas.

Si nous sentons que nous ne le sommes pas, il vaut mieux le lui communiquer avec sincérité.
Cela donnera :
“J’ai vraiment envie d’entendre ce que tu as à me dire, et je suis occupée pour le moment. Tu peux attendre quelques minutes ?”
ou bien
“Mince, je voudrais rester et t’écouter, mais je dois préparer le diner… Tu viendrais dans la cuisine avec moi pour me le raconter en même temps ?”
ou bien
“Ecoute, je suis désolée, je dois absolument terminer ce que je fais, et je sais que je ne vais pas pouvoir bien t’écouter en même temps. Tu voudrais bien garder cette histoire pour le diner ?”

Il se peut que cela frustre notre enfant. Et en même temps, ne vaut-il pas mieux le frustrer sur le moment, et être ensuite bien disponible pour lui que d’essayer de faire tout à la fois et de ne pas vraiment l’entendre ?

Plus il prendra l’habitude d’être pleinement écouté lorsqu’il se confiera, et non d’une oreille distraite, plus notre enfant aura envie de nous parler.

Ouvrir le dialogue

Pour encourager l’enfant à commencer à parler, l’écoute n’est pas toujours la meilleure technique.
Parfois, il est plus efficace d’ouvrir simplement le dialogue.
“Tu voudrais me parler de… ?”

En effet, l’écoute facilite la communication, mais elle ne la crée pas. C’est seulement lorsque l’enfant aura commencé à s’exprimer que nos capacités d’écoute se révéleront un réel atout.

Donner l’exemple

Comme toujours, ce que nous faisons a souvent plus d’impact que ce que nous disons. Ainsi, si nous désirons encourager nos enfants à nous parler, le plus simple et souvent de leur parler également.

Racontons ce qui nous est arrivé dans la journée, nos réussites, nos difficultés, nos erreurs. Alors, nous inviterons réellement à l’échange.

Accepter le silence

Malgré tout, il y a des personnes plus enclines à partager que d’autres. Les enfants n’échappent évidemment pas à cette règle. Si ce n’est pas notre cas, il faudra quand même l’accepter chez notre enfant, que nous acceptons tel qu’il est.

Si cela est un problème pour nous, il n’est pas interdit de l’exprimer, mais nous ne pourrons pas le contrôler et le faire changer. L’acceptation, dans ce processus, est clef.

Car c’est de l’acceptation que nait le désir de partage.

Qu’en pensez-vous ?

— Note : cet article est d’abord paru dans le magazine Grandir Autrement – N 72 de sept-oct 2018 —-

Lorsque l’on demande à un groupe de parents de parler de leurs difficultés avec leurs enfants, il n’est pas rare d’entendre parler de devoirs. En effet, cette tâche quotidienne se transforme régulièrement en bataille, et devient sujet sensible, pour les parents comme pour les enfants.

En fait, les parents aimeraient que leurs enfants soient responsables de leurs devoirs, et les enfants aimeraient que les parents les laissent prendre cela en charge. A priori, ces objectifs ne sont pas seulement compatibles, ils sont identiques ! Alors, d’où vient le dérapage ?

Sur ce sujet, les mots de Jean-Michel Blanquer, présentant le projet “devoirs faits” sont assez révélateurs : « Ça signifie que des devoirs, il y en a, mais qu’ils ne sont pas faits pour être faits à la maison mais plutôt dans l’établissement, de façon à créer une forme de tranquillité en famille sur ces sujets, à amenuiser les inégalités qui peuvent exister entre les familles et à avoir du temps heureux en famille.”1
Si l’objectif d’amenuiser les inégalités est clair, on peut s’interroger sur celui de “créer une forme de tranquillité en famille” : cela confirme bien, s’il en était besoin, la tension qui existe autour de ce moment…

Notre objectif ici est de proposer des pistes pour revenir à l’objectif commun initial : encourager notre enfant à être autonome sur la question des devoirs, et l’accompagner dans cette direction sans heurt si ce n’est pas encore le cas.

A quoi servent les devoirs ?

Peut-être faudrait-il déjà commencer par là.

Cette simple question est un débat en soi. Certains n’hésiteront pas à citer la circulaire de 1956 qui bannit théoriquement les devoirs écrits au primaire, jugés inutiles… Mais quelle que soit notre position, si notre enfant rentre à la maison avec des devoirs, il va bien falloir qu’il y fasse face.

Or, lorsqu’un enseignant décide de donner des devoirs à ses élèves, il ne le fait certainement pas dans le but de leur nuire. Au contraire. Comprendre les raisons qui soutiennent cette décision sera donc un premier pas important.

Et les raisons sont multiples. Les bénéfices attendus pour l’enfant seraient ainsi : le fait de s’approprier la leçon, voir s’il a bien compris, et s’entrainer pour mieux maitriser les notions abordées ; apprendre à s’organiser dans son travail personnel, compétence qui lui sera bien utile. Et pour l’enseignant : s’assurer une certaine homogénéité dans le groupe, vérifier que les explications ont bien été comprises, ou déceler au contraire un besoin d’approfondissement.

Prend-on le temps de discuter de ces bénéfices avec l’enfant ?

Malheureusement, l’adulte – que ce soit l’enseignant ou le parent – se positionne souvent dans une relation verticale, dans laquelle il attend que l’enfant obéisse, même s’il ne sait pas pourquoi. Je vous encourage aujourd’hui à vous poser la question suivante : cette posture est-elle compatible avec le fait d’attendre de l’enfant qu’il prenne la responsabilité de ces devoirs ?

Pour qui l’enfant fait-il les devoirs ?

C’est une question clef. Car les neurosciences nous ont montré une activité du cerveau bien plus forte lorsque l’activité est choisie, et non imposée. Donc, pour que l’apprentissage soit efficace, il faut éviter que les devoirs soient une simple obligation.

Pas facile. Cependant, si l’on ne peut contrôler l’autre, on peut se contrôler soi-même. Il sera peut-être difficile de persuader notre enfant qu’il fait bien les devoirs pour lui-même, mais ce sera déjà un bon point de départ de ne pas lui enseigner, par notre comportement, qu’il les fait pour nous.

Le simple fait de lui demander, encore et encore, s’il a bien fait ses devoirs, lui montre bien l’importance que cela revêt pour nous, bien plus que le contenu de ce qu’il apprend, dont on lui parle en général très peu… Plutôt que de nous intéresser au contenu de son apprentissage, nous restons focalisés sur le bulletin, qui doit être bon pour nous plaire. Et voilà comment l’enfant en vient à travailler pour nous, plus que pour lui.2

Rendre à César ce qui est à César

L’année dernière, j’assistais à la réunion parents-profs de ma fille, en équivalent CM23. L’une des mamans cherche à faire annuler les notes d’une évaluation, arguant que les notions au programme n’étaient pas claires sur le site qui permet aux parents de voir tous les devoirs de leurs enfants, et qu’elle n’a donc pas préparé son fils de manière adéquate. Je ne peux m’empêcher de penser que si elle avait laissé son fils prendre lui-même cela en charge, au lieu de regarder elle-même le sujet du contrôle, il aurait sûrement mieux su ce qu’il devait travailler…

Il s’agit pour nous d’un vrai travail de lâcher-prise : pour encourager nos enfants à l’autonomie face à leur travail scolaire, laissons-leur cette autonomie. Arrêtons de les harceler, et laissons-les faire. Si les devoirs ne sont pas faits, ils apprendront.

La difficulté vient de notre inquiétude : si notre enfant ne travaille pas bien à l’école, va-t-il bien s’en sortir dans la vie ? Poussés par cette inquiétude, nous prenons souvent le problème à l’envers. En effet, il vaut mieux le laisser “échouer” lorsque cela a encore peu d’importance, afin de lui laisser le temps de développer des qualités d’organisation, plutôt que d’être derrière lui sans cesse, jusqu’à ce qu’il perde tout intérêt dans la démarche.

Lorsque les devoirs mettent l’enfant en échec

Parfois, la difficulté vient du fait que l’enfant “n’y arrive pas”. Il veut bien faire ses devoirs, mais les trouve trop difficiles. A nous alors d’adopter une posture d’écoute, et d’essayer de comprendre ses difficultés. On peut également échanger avec lui sur ce qui est attendu en fonction du contexte. Car quand on fait quelque chose, on peut être en zone d’apprentissage ou en zone de compétence4. Quand l’enfant répond aux questions d’un contrôle, on attend de lui qu’il soit en zone de compétence. Mais quand il fait ses devoirs, il est, au contraire, en zone d’apprentissage. Il est donc normal de se tromper. C’est même important. Car c’est en essayant, et en se trompant, qu’on ajuste le tir. C’est de l’erreur que vient réellement l’apprentissage.

Notre rôle devient alors d’aider l’enfant à comprendre que les choses ne sont pas définies une fois pour toutes. Que ce n’est pas qu’il n’y arrive pas, mais qu’il n’y arrive pas encore. Et ce “encore” fait toute la différence. C’est ce que les anglo-saxons appellent le “growth mindset”5. Et pour l’accompagner vers cette amélioration, mettons bien en valeur ce qu’il réussit, plutôt que ce qu’il fait “mal”. Montrons-lui qu’il est capable6. Car c’est par la confiance en soi que passe la réussite.

Le rôle du parent dans les devoirs

Notre rôle est uniquement de soutenir. Les devoirs leur appartiennent, et ils peuvent avoir besoin d’aide, à n’importe quel âge, pour apprendre à mettre en place des méthodes. Nous pouvons les encourager à trouver des manières originales d’apprendre leur poésie, à explorer ce qui fonctionne le mieux pour eux. A mettre en place un programme de progression si cela est nécessaire.

Soyons à l’écoute. Prenons les notes pour ce qu’elles sont : un indice utile que quelque chose n’a pas été bien compris. Sans jugement, nous pouvons les aider à réfléchir à ce qu’ils peuvent mettre en place pour y remédier. Les encourager à trouver leur propre solution.

Notre attitude sera alors un vrai message de confiance, qui les aidera à croire en eux-mêmes, et les mettra sur la voie de cette autonomie dont nous rêvons pour eux !

  1. https://www.nouvelobs.com/education/20170529.OBS9976/et-si-cette-fois-c-etait-vraiment-la-fin-des-devoirs-a-la-maison.html
  2. https://les6doigtsdelamain.com/je-suis-fier-de-toi-mais-je-ne-te-le-dis-pas/
  3. En système américain, plus cours d’espagnol.
  4. “How to get better at the things you care about”. Eduardo Briceño. TEDxManhattanBeach, Novembre 2016.
  5. “The power of believing that you can improve”. Carol Dweck. TEDxNorrkoping, Novembre 2014.
  6. “L’éducation positive” Claire Blondel. TEDxLyon, Novembre 2011.

Développer l’empathie de nos enfants… On en rêve tous, non ? Parce que, finalement, l’empathie, c’est bien la base de tout. Si nous avions appris, dès tout jeunes, à être à l’écoute de l’autre, à comprendre ce qu’il ressent, ce serait bien plus simple d’avoir des relations respectueuses avec chacun… Ce serait plus naturel d’être aimable, et de respecter les limites de l’autre. Du coup, ce serait même plus naturel de poser nos propres limites, tout en comprenant que ce sont les nôtres, et qu’accuser l’autre au passage ne nous aidera pas. Un idéal, carrément.

L’empathie… de quoi parle-t-on ?

Je ne vais pas ici m’avancer sur la définition précise de l’empathie, parce que je lis et j’entends des choses différentes, et ne voudrais surtout pas contribuer au flou artistique qui règne autour de cette notion.

Je vais plutôt vous expliquer ce que cela signifie pour moi.

L’empathie est une notion émotionnelle (vous avez constaté à quel point les émotions sont au coeur de tout ce cheminement ?). C’est ce qui nous permet d’écouter vraiment l’autre, de le comprendre, et de l’appréhender, non seulement sur le plan cognitif, mais également sur le plan émotionnel.

L’empathie nous permet de vraiment comprendre ce qui vit l’autre. De nous projeter. De sorte que cela devient alors naturel de le soutenir, et de faire attention à lui.

On parle également d’auto-empathie, lorsque qu’on est capable d’être ainsi à l’écoute de soi-même, ce qui est d’ailleurs probablement le point de départ pour développer ensuite l’empathie envers les autres…

Développer l’empathie des enfants, est-ce réellement possible ?

J’ai eu l’occasion il y a quelques semaines d’interviewer une maîtresse d’école qui a décidé de mettre l’empathie au coeur de son projet de classe. Et ce qui s’est développé dans sa classe semble magique. Je vous en parlerai bientôt, promis.

En tout cas, nul doute ne subsiste. Oui, il est possible de développer l’empathie. 

Encore faut-il que cela nous soit proposé. Faire attention aux autres, essayer de comprendre ce qu’ils vivent, ce qu’ils ressentent, c’est un exercice quotidien. 

Vous vous êtes sûrement rendu compte déjà que s’ouvrir aux émotions, ce n’est pas évident. Souvent élevés dans un contexte qui ne laissait pas beaucoup de place à celles-ci, nous n’avons pas appris à écouter les nôtres, et avons tendance à nier celles des autres.

Cependant, pour vous qui êtes sur ce blog, l’intérêt de s’ouvrir aux sentiments n’est pas une idée nouvelle. Voilà pourquoi, aujourd’hui, j’ai voulu aller plus loin, et vous parler de s’ouvrir à l’empathie !

Ma méthode pour développer l’empathie : saisir les occasions

Finalement, ce que je vous propose est assez simple. 

Partant du principe que l’empathie correspond au fait de comprendre les émotions de l’autre, j’ai commencé à jouer avec cette idée avec mon fils Anatole, 4 ans.

Je suppose que vous avez, comme moi, entendu vos enfants vous demander, un jour : « Pourquoi il pleure, ce garçon ? », lorsqu’il croisait un enfant en pleurs dans la rue. Avant, je répondais simplement que je ne le savais pas, avant de passer à autre chose.

Maintenant, je saisis l’occasion, et, tout en admettant effectivement que je ne le sais pas, je propose à mon fils d’imaginer les raisons possibles.

Ce que cela donne

Ainsi, la semaine dernière – et c’est ce qui m’a donné envie de vous partager cette idée -, j’étais seule avec Anatole, et nous nous rendions au marché.

Sur le chemin, nous sommes passés à côté d’un garçon qui pleurait. Il avait environ 6 ans, et était accompagné de son papa, de son grand frère, et de son petit frère en poussette. Après la question classique, Anatole et moi avons discuté de raisons possibles pour lesquelles ce petit garçon pouvait bien pleurer. 

“Parce qu’il est avec son papa alors qu’il voudrait être avec sa maman.” me suggère Anatole.
– Au passage, je note le message de mon fils, qui traverse une période d’insécurité dans laquelle il veut sans cesse être avec moi ! –
C’est le point de départ d’une discussion. 

Oui, il est possible que ce garçon veuille être avec sa maman. Et pourquoi sa maman n’est pas là ? Et comment peut se sentir le papa ? (“Triste, parce que lui il veut être avec le garçon…”)
Nous creusons cette piste. Et je laisse Anatole dérouler son scénario.

Puis, j’ouvre les possibilités : “Et est-ce qu’on pourrait imaginer une autre raison pour laquelle ce garçon pleure ?
– oui
– alors… pourquoi il pleure ?
– Peut-être parce que lui et le bébé, ils ne veulent pas aller au marché.
– ah. Et pourquoi est-ce qu’ils ne veulent pas aller au marché ?
– parce que… parce que… parce que le papa leur a dit qu’ils allaient aller en voiture, et eux, ils veulent aller à pied !
– ah, c’est pour ça qu’il pleure ?
– oui
– Et alors qu’est-ce qu’il pourrait faire le papa ?
– il pourrait dire “je suis désolé”, mais le petit garçon, il serait quand même triste.”
Et ça continue !

“Est-ce qu’on a encore une autre idée de pourquoi ce petit garçon était en train de pleurer ?”
Tant que mon fils est ouvert à cette discussion, nous imaginons. Puis, il me dira qu’il ne veut plus discuter de ça et nous pourrons changer de sujet.

L’effet de ce genre d’exercice

Grâce à cette démarche, mon Anatole s’ouvre à l’idée que les raisons pour lesquelles ce petit garçon peut être en train de pleurer sont infinies. 
Et il s’exerce à les deviner. 

Ce n’est pas une démarche évidente, car elle implique la partie de son cerveau qui n’est pas encore mature. Et justement, je crois fermement au fait que plus je l’encourage à créer des connexions dans cette zone-là, plus il lui sera facile d’y faire appel lorsqu’il en aura besoin.

Ainsi, j’espère que cette démarche lui servira lorsqu’il fera face à des camarades de classe en détresse, par exemple. S’interroger devrait lui permettre d’être plus à l’écoute. 

Et c’est grâce à cette empathie, qu’il aura peu à peu développée, qu’il pourra plus facilement trouver des solutions en cas de conflit. Car la compréhension de ce qui est vivant chez l’autre en est un pré-requis !

Et vous, quelles méthodes avez-vous pour développer l’empathie chez vos enfants ?

– Note : cet article “Encourager les enfants à contribuer à la maison” est d’abord paru dans Grandir Autrement, numéro 69 de mars/avril 2018 –

La vie quotidienne d’une famille, nombreuse ou non, n’est pas toujours facile. Dans notre société où le rythme s’accélère sans cesse, nous courons après le temps, et la gestion du foyer semble toujours en prendre trop. 
Attendons-nous de nos enfants qu’ils participent à toutes ces tâches ? Il n’est pas toujours facile d’atteindre cet objectif sans dispute ! 
Pourtant, il y va de l’interêt de tous, et en particulier du leur. 
C’est ce que nous allons voir ici : pourquoi et comment encourager les enfants à contribuer à la maison. 

La participation des enfants à la vie du foyer dépend principalement de ce que nous leur demandons, et de la manière dont nous le leur demandons. 
D’une certaine façon, tout comme la parentalité positive consiste à trouver l’alternative, à la fois à l’autoritarisme et à la permissivité, ou, pour reprendre les termes de la discipline positive, à allier fermeté et bienveillance ; de même l’implication demandée à nos enfants et la manière de procéder pour cela peut refléter une attitude parentale en ligne avec notre projet de parents ou non. 

Dans ce cadre, cet article n’a pas pour ambition de juger ce qu’il faut ou ne faut pas faire, mais plutôt d’encourager la réflexion pour vérifier justement que nous sommes en ligne avec notre projet. 

Scénario 1 : on impose à l’enfant de participer 

Dans les familles dans lesquelles le style d’éducation traditionnel, c’est à dire autoritaire, persiste, il n’est pas question que les enfants ne participent pas. Et s’ils n’en ont pas l’inclinaison naturellement, nous le leur imposons, simplement. 

Cela peut se faire de manière plus ou moins conflictuelle. Il est probable que les conflits surgissent plus avec un enfant qu’avec l’autre, car chacun a son caractère et sa propre résistance à l’autorité. 

La méthode varie également : on peut choisir de laisser un rôle précis à chacun, ou bien que les rôles tournent. 
Cependant le dénominateur commun est le suivant : le système est imposé par le parent, et, si l’enfant ne suit pas les instructions, le parent bascule régulièrement dans les cris, les menaces, les chantages et autres punitions.

Il est fort probable que cela ne soit pas le cas dans votre maison, compte-tenu du contexte de cet article. Cependant, l’alternative à cette manière de fonctionner n’est pas unique. 

Scénario 2 : L’enfant ne participe pas, ou quasiment pas. 

Dans d’autres familles, dans lesquelles le bien-être de l’enfant est (trop) pris en compte, il est possible de tomber dans l’extrême inverse, celui qui nous fait frôler la permissivité. 

Cette fois,  la contribution des enfants est à peine sollicitée, le raisonnement étant le suivant : 
L’enfant est un être plein de joie. Il apprend en jouant, et le laisser jouer aidera à son développement (ce qui est tout à fait exact). Il a encore le temps de découvrir les contraintes que la vie lui imposera, et nous ne voudrions pas les lui imposer trop tôt. 
De plus, c’est notre rôle de parents de l’aider, de lui rendre la vie plus agréable. Il est donc naturel que nous prenions en charge la maison, et que nous leur facilitions la vie le plus possible. 

Je précise ici que malheureusement, ce raisonnement est souvent l’apanage des femmes, qui se retrouvent à gérer seules la maison. L’une d’elle m’a un jour précisé : “J’ai le temps de le faire, pourquoi les mettrais-je à contribution alors que je n’en ai pas vraiment besoin ?”

En effet, pourquoi ? Quels problèmes cela pose-t-il ?
Nous pouvons répondre à cette question selon deux perspectives différentes : la position du parent, et celle de l’enfant.

Le problème pour le parent

Se sacrifier pour son enfant, cela fait partie du rôle du parent, il n’y a pas de doute là-dessus. Sacrifier son sommeil dans les premiers mois, sacrifier une bonne partie de son temps libre ensuite, sacrifier parfois ses soirées en amoureux… Mais tout cela n’est pas considéré comme un sacrifice, parce que c’est amplement compensé par tout le bonheur que nous retirons du temps passé avec nos enfants. 
Ou du moins… est-ce ce dont nous tentons de nous persuader. 

Seulement, il existe un équilibre entre nos besoins et ceux de nos enfants. Les cas de burn-out parental se multiplient, parce que certains parents se sont coupés de leurs besoins, en cherchant tellement à être à l’écoute de leur(s) enfant(s). 

Cependant, mettre un voile sur nos envies et besoins ne les fera pas disparaitre. Ce sacrifice finira par générer du ressentiment à l’égard de nos enfants. Et, malgré toutes nos bonnes intentions, nous risquons de ne plus être capables de nous montrer agréables envers eux, alors même que nous avons choisi un sacrifice qu’ils ne nous ont pas demandé…

Enfin, évoquons un cas particulier mais réel : lorsque le parent néglige ses besoins personnels au point que son rôle de parent devient tout ce qui nous définit. Il entretiendra alors la dépendance de son enfant, de peur que ce rôle ne disparaisse. N’oublions pas de nous recentrer sur notre objectif de parent à long terme : celui d’accompagner nos enfants vers l’indépendance ! 

Le problème pour l’enfant

Depuis son plus jeune âge, l’enfant aime faire, et aime faire seul. “Moi tout seul !”, dit-il très vite. Parce que lorsque l’on fait pour soi-même, on apprend, on se sent capable, et on avance vers l’autonomie et l’indépendance. 

Lorsque nous “rendons le service” de tout faire pour notre enfant, nous risquons de lui faire passer le message qu’il n’est pas capable. 

Or l’enfant, comme tout être humain, a besoin de se sentir capable, et utile. 

Un soir, j’étais chez des amis, qui me recevaient pour plusieurs jours. Je désirais contribuer, ce qui est toujours difficile dans une maison dont on ne connait pas les habitudes. Un soir, je sors le sac poubelle, et demande où je dois le mettre. La grande fille de mes amis me le prend aimablement des mains. “Ne t’inquiète pas, je vais le faire.” Je la remercie, je sais qu’elle le fait dans un élan de générosité, mais je suis mal à l’aise : je me sens inutile. Je veux vraiment contribuer !!

Il en va de même pour nos enfants. En ne les incluant pas dans le fonctionnement de la maison, nous ne leur enseignons pas le bonheur de l’appartenance au groupe, de l’utilité pour ce groupe de les avoir en son sein, alors même que cela pourrait leur apporter tellement de satisfaction.

Scénario 3 : nous impliquons l’enfant – une vraie contribution

Le modèle auquel j’aspire, celui proposé par la parentalité positive, est celui de la coopération.

La coopération, c’est l’exercice d’un pouvoir avec vos enfants. (Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, Parents respectueux, enfants respectueux)

L’idée est de prendre en compte les besoins de chacun, et de trouver ensemble un fonctionnement qui convienne à tous. En effet, si les besoins des enfants sont écoutés, et que ceux-ci sont impliqués dans l’organisation, dans les décisions du fonctionnement, ils seront plus disposés à participer. De même, lorsque nous communiquons sur nos besoins en les exprimant, ils seront plus facilement pris en compte. 

Comment faire cela ? 

Pour commencer, on peut tout simplement mettre en place une réunion de travail. 

Ainsi, lorsque j’ai présenté à mes plus grands enfants la liste de tout ce que je faisais à la maison, non en les accusant de ne pas participer, mais en leur disant que j’avais besoin d’aide, chacun a pu choisir dans la liste les tâches qui lui convenaient. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas eu besoin de le leur rappeler dans les jours – pardon, semaines – qui suivirent, mais il suffisait d’un mot, pas d’une discussion.

On peut également leur proposer quelque chose de particulier (et ne pas insister -au moins dans un premier temps- s’ils le refusent) : “Les enfants, je me rends compte que la logistique des repas au quotidien est lourde pour moi. Est-ce que vous seriez d’accord pour prendre en charge un dîner par semaine chacun ?” (Cette question s’adressait à mes 2 plus grands, âgés à ce moment-là de 14 et 9 ans, pas à leurs petits frères de 5 et 3…).

Ou bien, comme je l’ai fait quelques mois plus tard : “Je pense que vous seriez capables de laver vos propres draps, qu’en pensez-vous ?”. S’en est suivi une consultation entre eux sur le mode de fonctionnement que cela pourrait avoir, sachant que ma fille ne peut atteindre le sèche-linge. Répartition des rôles, le rythme, comment s’en souvenir, etc.  En procédant ainsi, nous leur enseignons également le travail en équipe, la prise de décision… 

Ils sont alors contents de leur implication : ils ont le contrôle de ces moments-là, et sont tellement fiers de se prendre en charge, et de nourrir la famille ! 

Et cette démarche peut commencer dès le plus jeune âge : encourageons-les à participer à la préparation du repas, au nettoyage de la table (même si elle en sort plus salie que lavée), au rangement des courses… Les occasions de les impliquer sont nombreuses, et toujours des opportunités de nourrir leur besoin de contribution.

Le préalable : le lien ! 

Une clef cependant fondamentale :  pour qu’une démarche de coopération puisse être mise en place dans une famille, il faut d’abord avoir tissé un lien entre les membres de la famille. Si nous n’avons pas une vraie connexion avec notre enfant, il sera vain de lui expliquer que nous avons besoin d’aide, car cela le laissera de marbre. 

Ce sera donc toujours la première étape : se connecter avec notre enfant, partager des moments avec lui, l’écouter, le respecter. Et parfois, accepter qu’il refuse, ce qui n’est pas facile. 

Je me souviens d’un exemple donné par Marshall Rosenberg pour illustrer la différence entre une demande et une exigence, touchant justement à la contribution aux tâches de la maison : il s’était rendu compte que, si le refus de son fils à sortir la poubelle le mettait en colère, c’est bien parce qu’il l’exprimait lui-même comme une exigence et non comme une demande. C’est alors un cercle vicieux, car l’enfant réagit mal à l’exigence

L’une des manières les plus efficaces de créer ce lien sera également de les amener vers l’empathie. Et pour cela, il nous faut apprendre à parler de nous. Communiquer nos sentiments et nos besoins, comme nous écoutons les leurs : sans accusation ni jugement. 

Ainsi, reprenant les étapes OSBD (Observation -Sentiment – Besoin – Demande) proposées par la CNV, dire : “Lorsque je rentre à la maison, et que je vois que le petit-déjeuner n’a pas été débarrassé, je me sens frustrée, parce que j’ai besoin de considération. Mon temps a autant de valeur que le vôtre. Seriez-vous d’accord pour laisser une table propre avant l’école ?” sera probablement la meilleure méthode (testée) d’obtenir leur coopération sur ce point !

Et en attendant… ?

Pour terminer, et rester réaliste, si vous avez un besoin urgent que vos enfants participent, qui ne peut attendre que ce travail sur le lien entre vous porte ses fruits, vous pouvez penser à mettre en place, pour certains points, des conséquences (et non des punitions), étroitement liées au comportement à encourager. 

Exemple : “Les enfants, je voudrais vous informer du fait que j’ai décidé de ne plus laver les vêtements qui ne seront pas dans le panier.” ou bien : “Les jouets qui n’ont pas été rangés le soir seront considérés comme des jouets en trop, et seront mis de côté, le temps que l’on trouve la quantité qui rend le rangement possible.”

Cependant, si vous choisissez de commencer par cette dernière option, ne surtout pas oublier de travailler en parallèle sur le lien, l’expression de vos sentiments, l’écoute des leurs, et la prise de décision en commun… et pour tout cela, car Rome ne s’est pas faite en un jour : laissons le temps à l’apprentissage !!

La joie comme intention… ou comment l’ambiance familiale peut changer par un simple changement de priorité !

Il y a quelques semaines, je vous parlais de mon envie de mettre la joie en priorité dans ma famille.

Retour sur cette expérience, qui s’avère particulièrement efficace !

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Ma réflexion sur la joie

Ici Coralie, du blog 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Lors de mon dernier podcast, je vous parlais de la joie. Et je partageais avec vous le fait que j’avais envie de la mettre plus dans mes priorités au quotidien dans nos relations familiales.

Je m’étais en effet fait la réflexion qu’en avançant sur le chemin de la parentalité positive, j’avais réussi à apprendre comment être beaucoup moins en conflit avec mes enfants, j’avais réussi à leur apprendre également à être moins en conflit entre eux, et que l’ambiance à la maison en avait été changée. Et que malgré tout ça, j’avais envie d’aller plus loin, pour non seulement avoir des relations plus calmes, mais également plus joyeuses.

Et je vous avais promis de faire un retour là-dessus, et de vous dire comment ça s’était passé.
Alors voilà, c’est mon objectif aujourd’hui : quel a été l’impact de cette réflexion ? Ai-je réussi à fixer la joie comme priorité ?

Tout a changé !

En fait, c’est vraiment intéressant de voir à quel point un simple changement d’état d’esprit peut changer les choses. Je ne vais pas vous dire que depuis que j’ai décidé de me focaliser sur la joie, tout a changé.
Je ne vais pas vous dire que, du jour au lendemain, la joie a été omniprésente dans mon foyer. Non, tout n’a pas changé, ceci d’autant moins que je n’ai pas réussi à garder cette joie en tête tous les jours.

Cependant, les jours où elle était effectivement présente dans mon esprit, la dynamique a été différente. Alors, j’y ai réfléchi et j’ai cherché à l’analyser un peu. Comprendre ce que ça avait vraiment changé.

Déjà, noter très clairement la responsabilité qu’on a, nous, en tant que parents, sur l’ambiance familiale.
Bien sûr, les enfants en ont une également ; bien sûr, leur comportement a une influence ; mais notre façon de réagir à ce comportement peut également tout changer. J’en étais déjà persuadée, cependant, je vois que ça peut aller encore un cran plus loin avec cette idée de joie.
Parce que c’est, comme je l’ai dit au début, certains jours mon seul état d’esprit qui décide de se focaliser sur la joie qui fait que mon attitude est différente, et que l’ambiance est différente.
Parce que, oui, j’ai vu des ambiances différentes les jours où j’étais vraiment focalisée dessus.

Comment ça s’est traduit concrètement ?

D’abord,

le premier point,

il est très clair, c’est que j’ai choisi de me remplir de la joie que j’observais. C’est à dire que, au lieu de considérer que lorsque mes plus jeunes enfants exprimaient leur joie, c’était.. on va dire normal, et me comporter moi « comme si de rien n’était », j’ai eu une démarche consciente de me remplir de leur joie, de rire avec eux, d’essayer de comprendre ce qui les enthousiasmait et de m’enthousiasmer avec eux.

Et ça, déjà, c’est fort, parce que ça m’a permis d’entretenir ma propre décision.

C’est à dire que, d’aborder les choses avec joie, et de trouver encore plus de joie en la puisant chez eux. Finalement, c’était eux qui remplissaient mon réservoir.

Ce premier point-là, je pense que tous les parents de jeunes enfants peuvent le vivre.

C’est moins évident chez les enfants plus grands, qui n’ont pas la même manière d’exprimer leur joie, cependant c’est quelque chose à chercher également, se réjouir de ce qu’ils partagent, au lieu de facilement considérer que ça a peu d’intérêt.

Le deuxième point

est plus personnel, et j’imagine qu’il se déclinera différemment, selon les parents et le caractère de chacun. Parce que nous sommes tous des adultes différents, face à des enfants différents. Mais surtout des adultes différents. Et chez moi, il y a un grand besoin de contrôle. C’est d’ailleurs un thème que nous avons déjà abordé, lorsque nous avons parlé de comment notre personnalité influence celle de nos enfants, et que nous avions fait l’analyse de la carte dominante.

Alors, pour choisir la joie au dessus de ce besoin de contrôle, ça m’a demandé du lâcher-prise.
Le lâcher-prise, c’est sûrement plus facile pour certains parents que pour d’autres ! Et, dans la théorie, je sais que le lâcher-prise est important, je l’ai déjà mis en place à de multiples reprise, et j’y repense régulièrement. Mais cette fois, au lieu de choisir le lâcher-prise, j’ai choisi la joie, et le lâcher-prise est venu naturellement.

Etrangement, ça a été, du coup, beaucoup plus facile. Parce que, du coup, ce n’était plus un choix « négatif », c’est à dire un choix de ne pas voir quelque chose, de ne pas prêter attention à un comportement qui m’aurait déplu, de ne pas me battre pour, comme lorsqu’on choisit ses batailles, ce qui est très important ; ca a été au contraire un choix positif.

Je choisis la joie.

Et évidemment, naturellement, ça veut dire que, lorsque mes enfants se sont levés de table pour montrer le dernier enchaînement de danse, avec la chanson qui va avec, qu’ils ont apprise pendant leur cours de sport, je n’ai pas eu besoin de m’imposer de ne pas réagir au lever de table pour ne pas me battre, j’ai savouré le partage de la chanson, le rire des autres, et effectivement, le fait de se lever de table à ce moment-là n’avait aucune importance !

Ca a été un lâcher-prise naturel. Ca ne veut pas dire que les règles ne doivent pas exister, ça ne veut pas dire qu’on ne va pas revenir dessus, mais ça veut dire que l’on choisit ses priorités. Je peux vous dire que chez nous, les diners où je suis arrivée avec une posture d joie ont été réellement différents !

Enfin,

le troisième point,

c’est que j’ai cherché à mon tour à créer de la joie. Et ça, oui, ça me demande encore un effort, parce que ce n’est pas mon caractère naturel forcément, mais il y a eu plusieurs moments où j’ai plus facilement basculé dans une parentalité que l’on qualifie de ludique, pour ceux qui connaissent, dans laquelle on prône le jeu avec l’enfant, non seulement pour se défaire de situations de conflit, ce que je faisais déjà, mais également en dehors de tout contexte, simplement comme moyen de connexion.

Alors, le jeu comme moyen de connexion, c’est quelque chose que, chez nous, on utilise beaucoup, de façon tranquille, encore une fois. C’est à dire que nous faisons beaucoup de jeux de société. Mais, cette fois, j’ai mis en place également du jeu plus vivant. Des jeux de chatouilles, des jeux de semi-bagarre, des moments où l’on danse, des choses qui ne me viennent pas forcément naturellement, mais qui permettent également de changer l’ambiance.

Et c’est drôle de voir à quel point c’est facilement suivi ! On commence avec un enfant, et puis ils s’y mettent tous. Et alors moi qui ai des enfants d’âges différents, puisque l’aîné a 15 ans, et le dernier 4, je peux vous dire que dans ces moments-là, les écarts d’âge s’effacent ! C’est assez magique.

Quelle est la leçon à retenir de tout ça ?

C’est le fait qu’on peut effectivement avoir une influence sur la façon dont les choses se passent par la simple posture dans laquelle on se met.

De nouveau, ce n’est pas une baguette magique, parce qu’il y a des jours où je suis plus stressée que d’autres, où je suis plus fatiguée que d’autres, et où la joie me viendra moins naturellement, mais le fait de l’avoir à l’esprit peut réellement changer les choses.

Et dans cette démarche, une astuce toute simple :

Avant de rentrer chez moi, j’y réfléchis. Je pose mon intention, dans les 2 minutes qui précèdent le moment ù je passe la porte. Je ne cherche pas à enchainer les choses, à être encore sur mon téléphone,etc. Non, pendant ces 2 minutes, je respire,  je souris, et je pose mon intention de joie. La suite en découle naturellement. Même si j’ai encore parfois besoin de m’y reconnecter.

Je ne peux donc que vous conseiller de faire la même chose. De réfléchir à la priorité pour vous, et, si c’est la joie, comme ça l’était pour moi ces dernières semaines, et, j’espère les prochaines semaines également, connectez-vous à cette intention avant de rentrer chez vous, et essayez de la garder présente. Et voyez la différence.

Si vous pensez que dans cette démarche, ce podcast peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à le partager.
Et n’hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire comment la joie a pu être mise en place chez vous.

A bientôt !

Note : cette notion d’intention m’a paru tellement efficace que c’est devenu la première astuce de mes « 39 astuces d’éducation positive« . A vous de découvrir les 38 autres !

Cela fait plusieurs fois maintenant que je vois des parents en difficulté, cherchant de l’aide, et qui se retrouvent face à une figure d’autorité qui nie leurs principes d’éducation bienveillante. Il peut s’agir tout simplement d’un enseignant, ou d’un animateur, mais le cas se présente également avec un pédiatre, ou un psychologue.

C’est alors très difficile pour le parent, qui se met à douter de ses principes. En effet, le parent cherche à être le meilleur parent possible, et se heurte à une difficulté. Le professionnel auquel il s’adresse alors lui fait entendre que sa posture n’est pas la bonne ! Que penser ?

Au mieux, le parent s’énerve contre ce professionnel qui ne comprend rien à ses principes éducatifs ; au pire il doute, voire culpabilise…

Je pencherais probablement pour le 1er scénario si j’étais dans cette situation, mais comme je ne le suis pas, je peux voir la situation de l’extérieur, plus froidement, et cela m’a donné envie d’y réfléchir et de vous proposer mes pistes sur le sujet.

Le flot d’émotions

Ce qui rend la situation très difficile, c’est le flot d’émotions auquel nous faisons immédiatement face. Il nous est quasiment impossible à ce moment-là de considérer les choses avec calme.

Or, tant que nous serons envahis par l’émotion, nous ne serons pas capables de prendre du recul, de chercher à voir ce que nous pouvons retirer malgré tout de cette interaction, ou d’avancer vers une solution. Comme le diraient Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson (auteurs du cerveau de votre enfant, que je suis en train de lire, et dont je vous parlerai bientôt), nous réagissons avec la partie droite de notre cerveau, et n’arrivons plus à la reconnecter à la gauche.

Seulement, au moment où nous commençons à parler de nos problèmes avec le professionnel en question, nous sommes déjà dans une position émotionnelle forte, car le sujet dont il s’agit porte déjà une charge en soi, la plupart du temps. Eviter de ne pas se laisser envahir est donc compliqué.

Comme beaucoup de ceux qui s’intéressent aux émotions, je ne peux que conseiller de chercher à observer ces émotions qui nous traversent alors. Prendre un temps pour respirer, et accueillir l’émotion, le sentiment qui nous traverse. Reconnaitre son existence, et le laisser prendre sa place puis disparaitre, en temps et en heure.

Lorsque l’émotion n’est pas trop forte, afin de poursuivre cette démarche de retour à un état émotionnel plus neutre (l’état de l’adulte, si l’on suit l’idée des 3 états du moi), on peut alors chercher à comprendre ce qu’il se passe pour la personne en face de nous.

Pourquoi ce professionnel réagit-il ainsi ?

C’est également un être humain

Oui, la personne qui nous fait face est également un être humain. Ce qui signifie que, malgré son autorité de position découlant de son métier, elle est faillible. Ce n’est pas un super héros. (Tout comme nous !) . Et il subit la résistance au changement qui est si humaine…

En particulier, on peut se souvenir que cette personne a été enfant. Et a eu des parents. Des parents avec certains principes éducatifs.

C’est donc aussi difficile pour lui que pour nous de remettre en cause le modèle d’éducation qu’il connait. Cela lui demanderait de remettre en cause la manière dont il perçoit ses parents. (Je sais, c’est également notre cas, mais c’est plus difficile pour certains que pour d’autres, et c’est peut-être son cas, c’est comme ca !)

De plus, il y a des chances que cette personne ait également des enfants. Ainsi, tout comme dans le cas de nos parents qui ont parfois du mal à comprendre la parentalité positive, remettre ses principes éducatifs en cause reviendrait également à admettre qu’il n’a pas fait avec ses enfants ce qu’il « aurait dû » faire. Ce qui n’est jamais facile à admettre. Surtout dans notre culture française où l’erreur est si mal vue.

Enfin, comme si tout cela ne suffisait pas déjà à freiner bien des adultes, ajoutez dans son cas le fait qu’il a déjà quelques années d’expérience derrière lui, durant lesquelles il a conseillé bien des parents…

Alors… changer de principes, ça veut dire prendre conscience de tous les mauvais conseils dont il faudrait alors prendre la responsabilité !! Avouez que ca va plus loin que pour nous, non ? On peut comprendre que la résistance au changement soit encore plus forte chez ce professionnel que chez d’autres !

La culpabilité que l’on ressent en tant que parent qui découvre de nouveaux principes en avançant sur le chemin, et qu’il nous faut dépasser, serait bien multipliée chez lui !! Donc, c’est naturel, il freine. Inconsciemment, évidemment, mais de manière, finalement, compréhensible, même si l’on en attendrait plus d’un professionnel censé nous aider…

Il a observé d’autres parents perdus

Je n’ai pas besoin de vous dire comme il est difficile de rester sur le chemin de la parentalité positive. Pas besoin de vous rappeler l’énergie que cela demande de chercher les différentes options qui s’offrent à nous pour réussir à respecter nos besoins tout en respectant nos enfants.

En avançant sur ce chemin, et en comprenant mieux les réactions de nos enfants, certains parents se perdent. Je le sais, je l’ai vu. En voulant bien faire, mais ne sachant pas toujours bien comment, certains parents basculent dans la permissivité. Et ces parents-là, notre professionnel en a vus. Forcément. Et cela ne contribue pas à lui faire changer d’avis sur les bienfaits d’une éducation bienveillante.

Ainsi, lorsqu’il réagit en s’opposant à nos principes, il est possible qu’il ne réagisse pas vraiment à ce qu’il voit, mais plutôt à ce qu’il a vu. Il répond à une émotion élastique.

Face à lui, notre force sera donc de réagir comme lorsque nous sommes face à nos enfants : en ne prenant pas les choses personnellement ! Ahah… Je ris moi-même en écrivant cette phrase, parce que je ne sais pas si c’est possible… Car il faut bien compter avec le fait que nous sommes également humains !! Mais enfin, ça vaut quand même la peine d’y penser, non ?

Ce professionnel a ses propres principes éducatifs

Résultat des 2 premiers points déjà soulevés : notre professionnel a ses propres principes éducatifs.

Comment explique-t-il le développement de l’éducation positive auquel nous assistons actuellement ?
Il considère que c’est un effet de mode…

A-t-il raison ? Après tout, bien des points éducatifs ont l’air de répondre à des effets de mode : allonger un bébé sur le ventre ou sur le dos ; allaiter ou nourrir au lait en poudre…

En fait, nous aussi, nous pourrions voir les choses ainsi. Car l’opinion du professionnel sur la question suit également une mode : celle qui avait cours au moment où il s’est formé !

Et c’est ainsi qu’on assiste à des situations absurdes, comme l’infirmière qui désinfecte le sein de la maman à l’alcool, brouillant les pistes olfactives du bébé qui cherche le sein pour téter !!

Il me semble pourtant que nous dépassons ici la notion de mode. Car l’apport des neurosciences a permis d’avancer énormément dans notre analyse des effets de notre posture parentale. Bien plus ces dernières dizaines d’années que le siècle précédent…

Comment pouvons-nous alors réagir ?

Se former pour pouvoir s’affirmer

Pour réussir à réagir en analysant simplement que notre position éducative diverge de celle qui nous est présentée, il faut déjà se sentir solide.

Si nous ne sommes pas sûrs de nous, et de notre posture, nous serons facilement perturbés. Le problème n’est alors pas tant l’attitude du professionnel en question, mais plutôt notre manque de confiance en nous-mêmes.

Afin de regagner confiance, et de rester solide sur notre chemin, rien de tel que de se sentir compétent. Autant, finalement, que ce professionnel qui a fait des études. D’autres études. Des études qui n’incluaient malheureusement pas la parentalité positive. Ainsi, sur ce sujet, nous en connaitrons plus que lui.

Se former, aujourd’hui, n’est pas si compliqué. Car les renseignements sont disponibles. Sur des blogs comme celui-ci. Dans les livres : faites donc un tour par ma bibliothèque, elle regorge de livres inspirants !

En suivant des ateliers, ou des formations. En présentiel, ou en ligne.

J’en ai suivi pas mal moi-même, et elles m’ont toujours aidée.. Faites un tour par les formations des 6 doigts de la main pour trouver celle qui vous convient…

Alors, nous pourrons adopter la posture parentale qui nous convient, qui ne bascule ni dans l’autoritarisme, ni dans la permissivité, et savoir, tout en restant humain, ce vers quoi nous aspirons et ce en quoi nous croyons.

S’entourer d’un soutien bienveillant

Sur les chemins semés d’embuches, rien de tel que d’être soutenu !

Si vous avez l’impression d’être seuls dans votre entourage à pratiquer la parentalité positive, vous aurez d’autant plus de mal à trouver vos marques, à vous sentir confiants. N’hésitez pas alors à chercher du soutien, soit en rencontrant d’autres parents, soit en rejoignant des groupes virtuels dans lesquels vous vous sentirez entendus.

Il existe également des cafés de parents qui peuvent jouer ce role à la perfection. Ou il peut suffire d’un/d’une ami(e) pour avancer.

Se concentrer sur le principal : le respect mutuel

Qu’est-ce qui nous permet de savoir que nous ne nous perdons pas ? Que nous sommes sur le bon chemin, quoi qu’en dise ce professionnel avec lequel nous nous sentons tellement en désaccord ?

Comment savoir si l’on vit bien la parentalité que l’on cherche à vivre ?
Pour moi, la réponse est : en mettant le respect mutuel au coeur de l’analyse.

Si je ne respecte pas mon enfant, je ne suis pas dans la parentalité positive.
Si mon enfant ne me respecte pas (au vrai sens de respect, pas au sens d’obéissance), je ne suis pas dans la parentalité positive.

Mais, si je respecte mon enfant pour ce qu’il est, et que je me sens respectée pour ce que je suis, alors je suis sur le chemin. J’ai confiance, et j’avance.

Alors, quelle solution face à cette divergence de principes éducatifs ?

Eh bien, de deux choses l’une : soit nous avons le choix du professionnel, soit nous ne l’avons pas.

La meilleure option : changer de professionnel !

La vie est déjà suffisamment compliquée pour ne pas y ajouter un pédiatre dont les valeurs divergent des nôtres… Réfléchissons aux autres options qui s’offrent à nous !

Ainsi, lorsque mon amie Gwen, du blog Petit bout par petit bout, cherchait un psychologue, elle a bien compris – et écrit – que « pour qu’un tel accompagnement soit efficace, il fallait déjà que psy et parents ait des convictions éducatives communes ».

Dans ce cas, la réponse est claire : essayer de changer de professionnel, en prenant garde à se renseigner auparavant pour en trouver un qui soit en ligne avec nos valeurs éducatives.

Il existe cependant des cas plus compliqués, en particulier lorsque nous faisons face à des professeurs peu bienveillants.

Tout peut être envisagé dans ce cas, et cela dépend du contexte. Est-ce seulement un professeur, ou toute l’ambiance de l’école ? Existe-t-il d’autres écoles géographiquement et financièrement accessibles qui conviendraient mieux ? C’est probablement très compliqué. Je vous laisse en faire l’analyse au cas par cas.

Lorsque cette option n’est pas disponible

C’est malheureux. Il va pourtant falloir faire face. En sachant que cette épreuve sera également une opportunité, même si nous n’en sommes pas d’office convaincus.

Dans cette épreuve, il sera important de :

  • réussir à prendre le recul nécessaire par rapport aux méthodes du professionnel en question (comme face à la maitresse de mon fils qui utilise ce système de recompense toutes les semaines…)
  • essayer de lui parler de nos différences sans l’attaquer, avec toute l’écoute nécessaire pour espérer la même chose en retour. Et c’est là que la première partie de cet article peut aider !
  • soutenir notre enfant. Il m’aura fallu quelques années, mais j’ai enfin compris que ce principe de ne rien dire contre le professeur était ridicule. Bien sûr, il ne s’agit pas d’encourager notre enfant à être en opposition avec son enseignant. Cependant, on peut exprimer notre désaccord sur certains points spécifiques. Ce sera même une bonne occasion de transmettre nos propres valeurs éducatives à notre enfant.

Avez-vous déjà fait face à une telle situation ? Dites-moi comment cela s’est passé pour vous !

Non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Et nous faisons tous face à des épreuves, plus ou moins lourdes, plus ou moins difficiles à traverser. Certaines, cependant, peuvent également se voir comme des opportunités.  J’avais soulevé cette idée déjà une semaine après le passage de l’ouragan Maria, qui a « abattu » Puerto Rico.

Alors, quand Caroline, du blog Le colibri imparfait, a choisi ce thème pour son carnaval d’articles (c’est à dire un ensemble d’articles écrits par plusieurs blogueurs autour d’un même thème), j’ai décidé de saisir cette occasion pour revenir dessus.

Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre

Je me rends bien compte qu’il peut sembler facile pour moi, ici, derrière mon ordinateur, d’écrire qu’une épreuve peut se révéler une opportunité. Que certains d’entre vous vivent ou ont vécu des épreuves qui me seront toujours épargnées. Mon propos n’est absolument pas de minimiser ces épreuves, ou de dire qu’il suffit de se secouer pour que l’épreuve devienne une opportunité. Mais je pense que cette idée peut être creusée.

Alors que je réfléchissais à cet article, j’ai d’un coup posé mes lunettes, et discuté avec ma voisine de bureau (Hum.. comprendre ma voisine de café, car mon « bureau » accepte aussi de servir d’autres personnes…). Je la connais pour la voir quotidiennement dans ce café, et je sais qu’elle a traversé une sacrée épreuve.

Elle travaillait aux US dans les services sociaux, récupérant les enfants en situation trop difficile. En situation que nous ne pouvons même imaginer. Elle vivait des scènes du type aller dans un squat de drogués et y trouver un bébé dans une poubelle… Et ce travail s’est révélé de plus en plus difficile, de plus en plus pesant pour elle, et pour sa santé. Jusqu’à ce que sa famille décide de la sortir de là.
Depuis, elle a changé de vie. Sa soeur et elle ont acheté chacune un petit appartement à Puerto Rico, et elle revit, semble-t-il.

Je lui ai donc demandé son point de vue sur la question. Et c’est elle qui m’a répondu : « Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre. », phrase suffisamment explicite pour que je décide de l’utiliser comme titre de cette introduction !

La porte se ferme…

Bien sûr, ce qu’on en voit d’abord, c’est l’épreuve. C’est la porte qui se ferme. Pire. On ne voit même pas encore que la porte se ferme. On se demande seulement « Pourquoi moi ? ». On n’a pas de vision de ce qu’il se passe parce qu’on est incapable de prendre du recul par rapport à la situation. On est sous la vague, et on pense que c’est la fin. Tout simplement.

Seulement, pour reprendre encore une phrase de ma voisine de café : « Tant que l’on est vivant, il n’y a pas de fin. »

Peu à peu, on commence à s’en rendre compte. A voir que la porte s’est fermée.
Et l’on se sent victime. On ne se rend pas compte que l’on a du pouvoir.
S’arrêter là est – indirectement- notre choix. Notre responsabilité.

Cette épreuve n’est pas tout ce dont nous sommes capables.

Encore une fois, je ne cherche ici à heurter personne. Il n’est certainement pas facile de sortir de cette impasse, et quand je dis que cela relève de notre responsabilité, je ne dis pas que cela se fera sans mal. Je ne dis pas qu’ouvrir l’autre porte est chose aisée. Jamais. Mais certaines étapes pourront nous rendre les choses un peu plus simples.

Vivre nos émotions sans culpabilité

L’acceptation

Pour moi, la clef est là.

Lorsque María nous est tombé sur le coin de la tête (Je parle de l’ouragan, pas d’une femme), nous cherchions à relativiser. A nous raccrocher au fait que ce que nous vivions n’était pas si dur que cela, qu’il y avait bien des gens dans tes situations bien pires… Et c’était vrai, bien sûr. Mais savoir qu’il y avait pire ne nous aidait pas tellement. Ca ne nous permettait qu’à arriver à la conclusion que « nous n’avions pas le droit de nous plaindre. »

En fait, nous tombions naturellement dans une démarche de négation des sentiments. Et cela ne nous permettait pas de traverser ce que nous vivions.

Jusqu’à ce qu’un jour, forte de mes compétences parentales, je réalise que ce que je vivais, ce que je ressentais était valide. Par le simple fait que je le ressentais. Une émotion, un sentiment, n’a pas besoin de raison d’être. Sa seule présence suffit à justifier son existence. J’ai donc décidé de m’ouvrir à mes propres sentiments. 

Cela n’exclue pas la compassion pour ceux qui sont dans une situation pire, certainement pas.

Mais le fait que d’autres vivent des événement plus difficiles n’enlève rien à la difficulté de notre propre situation. D’ailleurs, on trouve toujours des gens qui vivent des choses pires dans d’autres endroits du monde ! Je crois que je ne veux même pas commencer à évoquer toutes les épreuves dont nous pourrions parler ici..

Nous pouvons donc séparer les choses, et être conscients que : « oui, certains vivent des choses plus dures. En même temps, ce que je vis est difficile pour moi. J’ai le droit d’être triste, d’être en colère, d’être frustrée, d’avoir du mal à faire face. J’en ai le droit, je n’ai pas besoin de me montrer plus fort pour le principe. Je serai fort en acceptant de partager ce que je vis. »

Le partage

Ensuite, je pense que ce qui peut aider, c’est justement de partager cette situation. De bénéficier d’une réelle écoute de la situation.

Car je peux clairement ici parler d’opportunité ! S’ouvrir aux autres de ce que nous ressentons, c’est bien l’opportunité de :

  • renforcer notre échange et notre connexion avec l’autre
  • donner l’exemple à nos enfants du fait que nos sentiments sont valides, quels qu’ils soient
  • vivre le fait qu’une émotion se traverse
  • se découvrir soi-même dans une période de trouble

Et à notre tour, nous écouterons, ce qui nous permettra de

  • renforcer notre échange et notre connexion avec l’autre (oui, je l’écris de nouveau, et ça en vaut la peine, car c’est réellement puissant !)
  • développer notre empathie

Chez nous

Sur ce plan-là spécifiquement, je peux vous dire que j’ai appris des choses.

Je sais qu’avoir appris avant à manoeuvrer mon bateau parental par temps calme m’a aidée dans cette tempête, même si ce n’a pas toujours été suffisant.
Mais j’ai bien pu communiquer avec mes enfants sur le fait que je n’étais pas un super-héros.
J’ai aussi eu occasion de constater comme ils étaient capables de m’apporter du soutien lorsque j’en avais besoin !

J’ai aussi pu avancer dans la connaissance de moi-même. Car je me suis rendue compte que les moments les plus stressants pour moi étaient ceux où nous devions nous adapter aux changements. Les moments où nous savions d’avance que nous n’aurions pas de générateur pouvaient s’organiser. Mais les jours où le générateur devait s’allumer et tombait en panne ont été bien plus stressants pour moi. J’ai réalisé à quel point j’avais besoin de contrôle dans ma vie.. Et c’est bien ce que nous avions évoqué lorsque nous avions parlé de carte dominante dans notre personnalité !

Vivre le moment présent

Après « vivre nos émotions », je vous parle de « vivre le moment présent ». Décidément, il semble que la pleine-conscience se soit un peu immiscé dans ma vie

En effet, je pense que pour réussir à avancer, il faut avoir admis que nous traversons une tempête.

Comprendre nos difficultés

« Les circonstances sont neutres », dit Clothilde de Change ma vie. (Un podcast que je vous recommande chaleureusement !).

Car, face à des circonstances identiques, nous réagissons les uns et les autres de manière différente. Ce qui fait notre difficulté, c’est notre propre interprétation de la situation, avec notre système de pensées.

Lorsque l’on commence à en être capable, il peut donc valoir la peine de s’attarder un moment sur ce qui nous est le plus difficile à vivre dans l’épreuve à laquelle nous faisons face.

L’anxiété nous aveugle. Elle fait grandir le problème. Cherchons ce qui est le plus problématique, et cela pourra déjà nous aider à circonscrire un peu la question.

Si je reprends l’exemple de l’ouragan ici, comme vous l’avez vu, chez moi, la difficulté majeure était le manque de contrôle. Nous avons donc mis en place tout un système qui permettait d’y faire face. Des repas froids et plus simples, des réserves en conserve, toujours, pour faire face à l’absence d’alternatives. Le moins de choses possibles dans le frigo, qui ne marchait pas pendant 12h ou parfois 24 ou 36. Des bassines d’eau dans les douches…

Cela semble évident ? Oui, sûrement, mais ca me permettait de faire partiellement face au problème. Ou du moins, à mon problème. Car pour d’autres, le problème n’était pas celui-ci. J’ai vu des parents pour lesquels la fermeture de l’école, dans un premier temps, puis leurs horaires réduits, dans un deuxième, constituait une réelle inquiétude. Inquiétude d’un retard scolaire pour leur enfant. Pour moi, ceci n’a jamais été une préoccupation.. Chez eux, la mise en place devra donc être différente !

Un pas après l’autre

Vivre le moment présent, c’est également se focaliser sur celui-ci. Avancer un pas après l’autre. Ne pas encore trop s’inquiéter de la suite mais bien de traverser ce que nous visons à ce moment-là. Se poser la question, jour après jour, de ce qui doit être fait ce jour-là.

Cela permet à la fois d’être concentré, de ne pas se perdre dans des projections incertaines, et d’avancer.

Et c’est à force d’avancer, tout en nous donnant le temps de traverser nos émotions, que nous parviendrons enfin à apercevoir le contour de la porte à ouvrir…

Chercher le positif

Enfin, pour croire en l’existence de cette porte que nous allons bientôt pousser, mieux vaut s’attacher à voir le positif que le négatif de notre situation.

Là encore, je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais je sais aussi que l’on peut bien souvent trouver du positif à notre situation.

Pour illustrer ce point je ne vous parlerai pas de nous cette fois, mais d’Anne-Dauphine Julliand, que j’ai eu la grande joie d’écouter de vive voix au festival des rendez-vous de juillet à Autun en juillet 2017

Si vous ne la connaissez pas, Anne-Dauphine Julliand est, entre autres, l’auteur de Deux petits pas dans le sable mouillé. Dans ce livre, elle raconte la vie et la mort de sa fille, porteuse d’une maladie génétique. Bien sûr, le livre est dur, et triste. Et, en même temps, il est étrangement porteur de joie. La phrase la plus célèbre de ce livre est d’ailleurs : « Ajouter de la vie aux jours quand on ne peut plus ajouter de jours à la vie ». Il est impressionnant de constater comme cette famille a su, dans les moments les plus difficiles, accepter ce qu’ils vivaient, s’entourer de chaleur, et choisir de voir le positif.
(Si l’aventure de ce livre marquant vous tente, en voici le lien Amazon : Deux petits pas sur le sable mouillé )

Un exemple que tout est possible.

… une autre porte s’ouvre

Oui, à un moment donné, lorsque nous sommes prêts, une autre porte va s’ouvrir.

La difficulté vient du fait que cette autre porte ne nous apparait pas immédiatement, évidemment. La porte ne brille pas, ne se montre pas. Il nous faut la chercher. Et c’est pourquoi les étapes précédentes sont si importantes.

Et lorsque l’on commence à l’apercevoir, même si nous ne sommes pas encore prêts à avancer, il s’agit d’avoir confiance. Confiance qu’à un certain moment, nous serons capables de l’emprunter, de passer cette porte.

Et la passer n’est pas égoïste. Ce n’est pas irrespectueux pour l’épreuve, ou les personnes, que nous laissons derrière. Au contraire. C’est les respecter que de décider de continuer. De choisir de ne pas se laisser abattre.

Nous revenons ici à la notion du choix. Un choix que nous avons vu s’affirmer ici, à de multiples reprises, avec la propagation du #PRselevanta : « Puerto Rico se lève ». (L’opportunité -encore – pour moi de me rendre compte à quel point je m’étais attachée à ce pays..)

La situation ne sera plus jamais la même, et nous aurons toujours des regrets. Mais c’st un nouveau début. Un début dans lequel nous sommes capables de choisir de rester positif.

Ensuite…

Quelque temps plus tard, un temps qui dépendra probablement de la difficulté de l’épreuve vécue, on pourra discuter des opportunités que cette épreuve nous a effectivement offertes.

C’est un exercice que j’ai mené hier, avec ma famille.
Alice (11 ans), et Oscar (15 ans) n’ont pas hésité à dire également qu’ils percevaient cette épreuve comme une opportunité. Qu’est-ce que vivre cet ouragan leur a apporté ?

D’abord, le plus évident :

  • Se rendre compte de notre chance d’avoir au quotidien ce qui semble évident : la lumière par exemple !!
  • Prendre conscience de ce que d’autres peuvent vivre plus régulièrement dans d’autres coins du monde…
  • Développer les contacts avec les voisins, se connaitre, se soutenir face aux difficultés, partager nos joies (dois-je préciser que le jour où l’électricité nous est revenue – 53 jours après l’ouragan – nous avons immédiatement organisé un gros apéro festif en bas de l’immeuble ?)

Mais le plus marquant a été pour eux :

  • Apprendre la cohabitation : être tous dans la même chambre, se réveiller avec un petit frère en travers de son lit…
  • Former une équipe : installer ensemble les « tormenteras » avant que l’ouragan n’arrive, essorer l’eau qui s’infiltrait, puis s’aider les uns les autres dans la logistique du quotidien..
  • Partager tant de moments en famille ! En vivant ensemble, vraiment ensemble, entre le salon et notre chambre, nous partagions plus de temps. Quasiment tous les soirs, après avoir couché les plus jeunes, nous faisions un jeu de société à 4, souvent à la bougie…

Est-ce possible que je sente même chez eux une pointe de nostalgie quand nous reparlons de ces quelques semaines si stressantes ? Eh oui…

Nous avons donc conclu la conversation en décidant de nous remettre à jouer plus souvent !

Et si vous souleviez cette conversation chez vous ? Que diraient les membres de votre famille ? Pensent-ils également que les épreuves peuvent se révéler des opportunités ?

Ne pas se leurrer : des relations sans conflit, je ne crois pas que cela existe. La question va donc plutôt porter sur la manière de résoudre le conflit. Car selon notre caractère, selon le moment, selon notre relation à l’autre, selon nos principes, nous n’avons pas tous les mêmes attitudes face aux disputes, et pas les mêmes non plus selon que celles-ci se présentent entre parent et enfant, ou dans la fratrie par exemple. Et pourtant, nous avons probablement tous le même objectif : sortir de ce conflit !

Quelles sont donc les différentes manières d’atteindre cet objectif ?

Les 3 manières de résoudre un conflit

D’après ce que j’ai lu, il existe trois manières de régler un conflit. Et cette analyse m’aide à voir où je veux aller, ce que cherche à obtenir lorsque je me lance dans une résolution de conflit.

1- La force

Sans doute la méthode la plus rapide pour résoudre un conflit.
Dans ce cas, celui qui détient le pouvoir impose sa position, souvent sans vraiment écouter le point de vue de l’autre, parce qu’il considère que c’est à lui de prendre la décision. C’est efficace, et l’on peut passer à autre chose.

2- Le compromis

Le compromis, c’est quand les positions de chacun sont trop éloignées pour que l’on puisse réellement trouver une solution qui réponde aux envies de tous. Il va donc falloir que chacun cède un peu (ou beaucoup) de terrain, pour essayer de rejoindre l’autre.
La décision sera donc prise ensemble, en tenant compte de chaque partie présente, et en choisissant le meilleur compromis.
Mon fils aîné (15 ans) a l’habitude de dire : « Un bon compromis laisse tout le monde mécontent. »
Pour tout dire, cette phrase ne me plait pas tellement, mais elle n’est pas tout à fait fausse…

3- Le consensus

Le consensus, à l’inverse du compromis, laisse tout le monde content ! Car le consensus, c’est l’option qui permet de répondre aux envies et besoin de chacun. C’est lorsque l’on trouve une solution qui plait à tous. Evidemment, c’est la meilleure manière de résoudre un conflit !

Comme dans le cas où mes deux plus jeunes ont trouvé un arrangement pour le câlin du retour du travail. Ils en sont sorti tous les deux contents.

Comment choisir quelle méthode adopter ?

Il va de soi que chacun devra répondre à cette question, et surtout que la réponse dépendra du conflit en question. Non seulement de ce sur quoi il porte, mais encore plus de nos positions respectives par rapport à la situation.

Pour vous guider un peu dans la démarche de ce choix de méthode, je voudrais vous encourager déjà à réfléchir à chacune de ces méthodes. Bien sûr, je me doute que vous me voyez venir, et avez déjà deviné que mon goût pour ces méthodes va croissant ! Une chose après l’autre. Avançons.

Quel impact a la résolution de conflit via la force ?

Donc. La première manière de régler un conflit, c’est la force.
La force physique, au sens propre, ou bien plus couramment la force de celui qui impose.

C’est une méthode sur laquelle il vaut la peine de s’arrêter, parce qu’elle correspond beaucoup au mode de fonctionnement de notre société.

C’est heureusement de moins en moins vrai. Les décisions sont de moins en moins imposées de force des patrons à leurs employés, des maris à leurs femmes, et le modèle donné évolue.

Cependant, nous fonctionnons encore beaucoup selon ce modèle entre adultes et enfants, dans une société dans laquelle l’autoritarisme est encore très présent. Ainsi, beaucoup d’adultes utilisent la force pour régler leurs conflits avec les enfants. (Sous couvert de respect.)
« Parce que je te le dis. » est une réponse courante. Et nous attendons des enfants qu’ils obéissent. Point.

Vous savez déjà que cela ne correspond pas à mes aspirations. Cependant, dire que cela ne me correspond pas ne suffit pas. Il s’agit encore de comprendre pourquoi.
D’ailleurs, pour être honnête, auparavant, ça correspondait à mon fonctionnement ! Parce que c’est ainsi que j’avais appris à être, comme beaucoup d’entre nous. Pourquoi avoir changé de point de vue ? Parce que j’ai réussi à prendre du recul, et à me poser la question de ce que je voulais transmettre à mes enfants.

En fait, c’est encore une question de pouvoir. Lorsque nous imposons la solution par la force, nous enseignons à notre enfant que c’est le plus fort qui gagne. Point.

Il ne se sent pas écouté (adieu la connexion !), et apprend que la vie fonctionne selon la loi du plus fort. Donc, lorsqu’ils seront forts à leur tour, ils imposeront également (à leur petit frère par exemple). Lorsqu’ils seront face à quelqu’un de plus fort, ils suivront les instructions (« C’est lui qui m’a dit de le faire ! »).

Oublions donc notre envie de les rendre responsables de leurs actions, de leur enseigner le sens critique… Régler les conflits par la force, c’est plus rapide, mais c’est oublier notre plan de route à long terme !

Bien sûr, on peut apporter un bémol à cette analyse. Il y a aura toujours des situations, en fonction de l’âge et du danger, dans lesquelles nous n’aurons pas d’autre choix que d’utiliser la force. Marshall Rosenberg appelle cela la force protectrice. Mais soyons clairs : ces situations sont bien plus rares que les autres !

Alors, compromis ou consensus ?

Ma foi, cette fois, je crois qu’il est évident pour tous que le consensus est plus souhaitable que le compromis ! Seulement voilà : il n’est pas toujours trouvable…

Notre démarche consistera donc à mettre en place la recherche de consensus, en sachant que nous n’obtiendrons peut-être qu’un compromis. Ce qui est déjà pas mal.

Dans tous les cas, en nous lançant dans la démarche de recherche de solution qui convienne à tous, nous donnons à nos enfants un modèle d’écoute, de respect mutuel, et les aidons à développer leur sens de l’empathie.

Ce serait chouette d’ailleurs que cela soit enseigné dans nos écoles ! Rien qu’à écrire ces lignes, je me sens triste, en pensant à tous ces adultes non malveillants, mais non formés, qui « aident » à résoudre les conflits entre enfants en imposant leur décision arbitraire, sans avoir pris le temps de les écouter. Car non seulement cela ne résout pas le conflit, mais, de nouveau, cela ne leur enseigne pas à le faire autrement à leur tour, ensuite !

Dans la pratique, comment se déroule la résolution de conflit ?

Trouver le bon moment

Inutile de chercher à résoudre un conflit lorsque tout le monde est encore sous le coup de la colère. En fait, inutile de chercher à résoudre un conflit lorsque l’un des protagonistes est encore sous le coup de la colère.

Nous attendrons donc d’abord que tout le monde soit dans un état émotionnel neutre.

Ensuite, il faut être sûr que chacun est disposé à discuter. Le mieux est donc de le demander.
« J’aimerais discuter avec toi, est-ce un bon moment maintenant ? » ou bien : « Tu pourras me dire quand tu seras disponible ? »
On peut éventuellement préciser de quoi l’on voudrait discuter, mais pas forcément.

Ecouter le point de vue de chacun

Oui, ça a l’air évident comme ça, mais nous ne suivons pas toujours bien cette étape ! Et pourtant, elle est fondamentale à plusieurs titres.

  • D’une part, parce qu’on ne peut évidemment pas envisager de trouver comment répondre aux besoins de chacun si l’on ne connait pas les besoins de chacun !
  • D’autre part, parce que l’autre est toujours plus ouvert à discussion et recherche de solution lorsqu’il se sent écouté !!

Nous allons donc commencer par formuler le point de vue de chacun.

L’idéal est de laisser d’abord l’enfant s’exprimer. De lui demander ce qu’il se passe pour lui par rapport à la situation dont il est question. S’il est trop jeune, ou s’il ne dit rien, nous pouvons essayer de communiquer ce que nous pensons de sa situation, et essayer ainsi de nous en faire l’interprète. Attention cependant à rester précautionneux dans notre communication, pour laisser la place au doute dans ce que nous décrirons.

Ensuite, nous parlerons de notre point de vue. Nous partagerons notre propre ressenti, nos envies, nos besoins.

Cette phase d’échange de point de vue est vraiment riche. Parce que c’est celle qui nous aide, et aide notre enfant, à développer des qualités d’empathie et de respect mutuel.

Elle crée aussi de la connexion : il n’est pas question simplement d’écouter le point de vue de l’enfant et de devenir responsable de la résolution de son problème. Il n’est pas non plus question d’exposer notre point de vue et d’imposer notre solution à notre enfant. Ici nous sommes à la croisée des chemins, dans une position dans laquelle nous cherchons chacun à comprendre l’autre pour essayer de trouver un fonctionnement qui convienne à tous. Waouh.

Parfois, une chose extraordinaire se produit alors. En donnant à chacun d’entre nous l’occasion de prendre l’autre en compte, nous faisons disparaitre le problème ! Car parfois, écouter l’autre permet de se rendre compte qu’il n’y a pas vraiment de conflit. C’était seulement une mésentente, un quiproquo quasiment !

C’est ce qui était arrivé à mes grands lorsque nous avions discuté de l’heure de départ pour l’école

Proposer des solutions

Dans la majorité des cas, cependant, il conviendra de chercher une solution.

Si les points de vue exposés précédemment ne sont pas trop éloignés l’un de l’autre, cette étape peut être très simple. Une solution est proposée, on vérifie qu’elle convient à l’autre, et on l’adopte ! Facile, rapide, et tellement efficace qu’on a envie de recommencer cela régulièrement !!

Il arrive que ce ne soit pas si facile. Il faudra alors proposer plusieurs solutions. Chercher à être créatif. Comme si nous faisions un brainstorming. De vraies idées pour résoudre le conflit. Et parfois nos enfants pourront avoir des idées que nous n’aurions pas eues

Choisir la solution, l’essayer pendant un temps

Enfin, on peut choisir la solution. Une solution qui convienne à tous.

Et nous convenons alors d’une période d’essai. Parce qu’en réalité il est difficile d’affirmer que la solution nous conviendra tant qu’elle n’aura pas été testée. C’est une idée, et il s’agit de la mettre à l’épreuve de la pratique.

Il arrive, enfin, que les points de vue de chacun soient tellement éloignés qu’il parait impossible de trouver une solution qui convienne à tous. Tout ce que propose l’un déplait à l’autre, et vice-versa.
Dans ce cas, il faudra peut-être interrompre la démarche, et accepter d’en sortir sans solution immédiate. (ou avec une solution temporaire, tout en étant clair sur le fait qu’elle ne convient pas vraiment.)
Et laisser les choses reposer. Car, même si l’on n’aboutit pas immédiatement à une solution, la conversation aura déjà été une étape. Une étape très importante même puisqu’elle aura aidé chacun à mieux comprendre l’autre. Et il y a fort à parier que lorsque cette conversation sera reprise, les choses auront déjà évolué un peu.

Le suivi

Nous avons déjà soulevé, ci-dessus, l’idée d’une « période d’essai ». Cela implique évidemment un suivi. Au bout d’un certain temps – convenu en avance, souvent pour nous, une semaine -, nous pourrons donc échanger sur la manière dont chacun a vécu la mise en place de la solution, et décider de l’adoption définitive de celle-ci, ou de sa modification. Chez nous il aura fallu plusieurs semaines pour trouver la solution qui convienne à tous pour le moment du débarrassage !

Mais cela n’est pas la seule raison d’être du suivi. En fait, souvent, une période d’adaptation est nécessaire. Ou du moins, une période d’apprentissage.

C’est l’idée qui me pose le plus de difficultés, à moi… J’ai tendance à considérer que lorsqu’on a décidé ensemble d’une solution, on n’a plus qu’à l’appliquer, et puis c’est tout ! Mais ce n’est pas si simple…
Sur ce sujet, le livre La discipline positive pour les adolescents donne de très bonnes pistes, qui peuvent s’appliquer pour les enfants plus jeunes également.

En gros, les enfants n’ayant pas les mêmes priorités que nous, il nous appartient de mettre en place un suivi tout à la fois ferme et bienveillant, revenant sur les points de notre accord de façon sobre, sans reproche ni critique, mais sans tolérance excessive non plus. Un art, je vous dis !

Un investissement de temps…

Je ne peux terminer cet article sans un mot sur le temps d’investissement que cette démarche demande.

Parfois, les parents auxquels j’explique les principes de recherche de solution me rétorquent que cela demande trop de temps ! Lorsque l’on cherche à résoudre un point, on ne veut pas passer tant de temps à le discuter, et encore moins à revenir dessus encore, pour faire évoluer la solution, et ainsi de suite !

Soit.

Il est vrai que nous vivons dans une société d’efficacité, et je comprends que cette démarche puisse sembler trop longue.

Cependant…

Cependant réfléchissez bien.

Sur deux points.

  1. Ce que nous cherchons à développer chez nos enfants. Ce que nous leur enseignons dans la démarche : l’écoute, l’empathie, la recherche de solution, l’engagement, le respect, l’harmonie… Cela vaut la peine de prendre du temps, non ? (d’ailleurs, cela peut également se faire en dehors du moment, par des lectures telles que les blipoux, par exemple)
  2. Lorsqu’on adopte une solution qui ne convient pas à tous, ne perd-on pas un temps fou (et une énergie folle aussi !) à revenir sur les problèmes posés, sur le non-suivi des règles ? Ne gâchons-nous pas notre humeur à nous agacer pour tout ce qui nous rend insatisfaits ? Est-ce qu’on gagne réellement du temps à long terme, en l’économisant à court terme ?

Je vous laisse sur cette réflexion…

Et si vous voulez télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

Lorsque je demande aux parents que j’accompagne quelles sont leurs difficultés avec leurs enfants, le thème des luttes de pouvoir surgit régulièrement. Et ce n’est pas surprenant. Car, dans notre maison, les volontés s’opposent. Celle de notre enfant, et la nôtre.

Il est cependant possible de s’éloigner de ce fonctionnement, et de ne plus entrer si facilement dans des luttes de pouvoir, d’où nul ne sort gagnant.

Ce qui crée ces luttes…

Forts de notre expérience, et de nos propres priorités, nous noyons souvent nos enfants sous nos instructions. Or nos enfants, comme tout le monde, ont besoin de sentir qu’ils peuvent user de leur libre arbitre, qu’ils détiennent une forme de pouvoir personnel qu’ils sont en droit d’exercer.

Ainsi, souvent, ils ne s’opposent pas à nous, mais au fait que nous bridons leur liberté, que nous ne respectons pas leurs priorités, leurs besoins à eux.

Finalement, nous avons une bonne part de responsabilité !

Et si nous prenions les choses sous cet angle-là, et réfléchissions à ce que nous pourrions changer dans notre attitude pour susciter une réponse différente ?

C’est là que les 3 états du moi entrent en jeu…

Les 3 états du « moi »

Les états du « moi » sont un des postulats de l’analyse transactionnelle. Je ne m’étendrai pas sur l’analyse transactionnelle, parce que je n’en connais quasiment rien. Elle est à ranger dans ces informations palpitantes que j’ai encore à apprendre, et, ça tombe bien, parce que j’adore apprendre ! Mais il faut du temps pour cela…

Je peux seulement vous en dire que c’est une analyse qui parle de personnalité et de communication, et qu’elle a été créée par Eric Berne (un canadien) en 1958. C’est donc lui également qui a défini les 3 états du « moi », dont je vais vous parler un peu plus en détails. La première fois que j’ai entendu parler de ces états, c’était dans ma formation en ligne de positive parenting solutions, et cela m’a immédiatement servi, comme je vous le conterai plus loin.

Ces trois états sont :

  • le Parent
  • l’Adulte
  • l’Enfant

Avant d’aller plus loin, il est important de préciser que les noms de ces états ne signifient absolument pas qu’ils sont réservés aux parents, adultes, et enfants respectivement. Chacun peut passer par chacun de ces états.

Le parent

L’état du parent est celui dans lequel nous sommes lorsque nous avons la responsabilité de quelqu’un. Il est lié aux règles, aux normes. Nous sommes dans l’état de parent lorsque nous donnons des instructions, des ordres. Lorsque nous cherchons à faire preuve d’autorité. (Et je ne rentrerai pas ici dans le débat passionnant des différents types d’autorité…)

L’adulte

L’adulte est un état émotionnellement neutre. C’est l’état dans lequel nous sommes lorsque nous recevons de l’information, lorsque nous cherchons à la comprendre. C’est probablement l’état dans lequel vous êtes au moment où vous me lisez.

L’enfant

L’enfant, à l’inverse, est un état émotionnellement fort ! Nous sommes dans cet état lorsque nous ressentons. Cela peut être positif : nous rions, nous sommes joyeux ; ou négatif : nous sommes tristes, ou énervés !

Dans quel état nous situons-nous le plus souvent ?

Cela dépend de qui l’on parle

En général, les adultes hors de la présence des enfants passent la plupart de leur temps en mode « adulte ». Ils peuvent également passer en mode « parent » au moment de diriger des opérations, ou en mode « enfant » lorsqu’ils se disputent, ou, au contraire, savourent un moment de joie avec des amis – ou des enfants-.

Les enfants passent, eux, la plupart de leur temps en mode… « enfant » ! Les émotions prennent en effet chez eux beaucoup de place. Ils peuvent cependant être également en mode « adulte », lorsqu’ils sont à l’école par exemple, ou qu’ils se concentrent sur quelque chose. Et ils peuvent même passer en mode « parent » lorsqu’ils répètent le modèle reçu sur un jeune frère par exemple !

Le problème : les adultes passent une bonne partie de leur temps avec les enfants en mode « parent ». Et c’est là que le bât blesse !

Vous avez en effet compris que cet état de parent ne donne pas sa part de pouvoir à l’autre. Parce que plus nous passons de temps dans l’état du parent, et plus cela encourage les luttes de pouvoir.

Comment sortir de cet état de parent ?

Bien sûr, nous avons déjà parlé de méthodes pour sortir de cet état-là. Cet état dans lequel nous noyons nos enfants sous nos instructions…

Dès les débuts de ce blog, lors de la lecture de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, nous avions listé des alternatives aux ordres, pour encourager la coopération.

Plus récemment, nous avons parlé de positivité dans nos instructions.

En fait, les méthodes pour sortir de cet état ne sont pas si compliquées, et peuvent changer rapidement l’ambiance à la maison, je peux en témoigner.

Je vous encourage donc à aller lire les articles en lien ci-dessus, si ces méthodes ne sont pas claires pour vous, et à les mettre en pratique, le plus rapidement possible.

Cependant, ces méthodes nous permettent en fait de sortir régulièrement de l’état de parent pour entrer dans un état bien plus neutre, qui correspondrait donc à l’état d’adulte. C’est bien. Honnêtement, je suis déjà très contente de cette évolution.

Mais… quel est l’état dans lequel nos enfants nous préfèrent ? L’enfant !
Oui, nos enfants adorent lorsque nous basculons ! Lorsque nous entrons dans leur monde.

D’ailleurs, hier soir, mon fils Léon (6 ans) disait clairement à son grand frère Oscar (15 ans) qu’il adorait quand ce dernier faisait des batailles de coussins avec lui !!

Pour aller plus loin

Ainsi, lorsque j’ai découvert ces états, je me suis fait cette réflexion. Que j’avais réussi à sortir le plus souvent possible de l’état de parent pour entrer dans celui de l’adulte, ce qui était déjà pas mal, mais que cela me ferait peut-être du bien de chercher un peu plus à entrer en état d’enfant.

Et justement, je découvrais le même jour (par la même formation), le concept du moment particulier. Alors, j’ai de suite mis en place les deux, avec ma fille Alice (10 ans à l’époque). Et ça a été un succès !

J’en ai régulièrement fait l’expérience depuis. Lorsque je bascule en mode enfant, cela rend toujours les choses plus faciles !

Je me souviens des visites de Paris avec mes grands, pendant lesquelles je sautais de joie sur le trottoir. Ils disaient avoir honte.. mais ils souriaient !

Je me souviens m’être enthousiasmée à outrance avec eux devant des copains, et les avoir fait rire.

Je me souviens avoir joué à ouvrir et fermer la porte de la salle de bain en faisant semblant de tomber devant les petits, et avoir changé l’ambiance…

En fait, c’est bien ce que suggère la parentalité ludique. Et si je n’ai pas commencé à en parler sur le blog, j’ai déjà constaté son efficacité ! (En particulier quand les voitures viennent se laver les dents avec Anatole…). D’ailleurs, si, dans une démarche d’avancée vers l’état de l’enfant, vous voulez vous mettre à la parentalité ludique sans attendre que je me décide à écrire à ce sujet, je vous encourage à aller voir les articles à ce sujet de mon amie Gwen, listés à la fin de cet article.

Je vais d’ailleurs aller les relire moi-même. Car, si j’ai essayé, je n’y ai encore pas assez recours. Parce que cela correspond peu à ma personnalité peut-être… Mais, je sens un nouveau changement poindre en moi. Je vous en faisais part la semaine dernière : j’aspire à plus de joie !

Cette revue des 3 états du « moi » tombe donc à pic. Pour me remettre à l’esprit que, pour plus de joie, il me faut retrouver mon âme d’enfant ! Pas si  facile… Y parvenez-vous ?

Développer ses compétences de parent positif permet de bien mieux gérer les moments difficiles. Mais j’aimerais aller plus loin, et susciter également plus de moments positifs dans notre famille ! Une vraie décision ?

Dans ce podcast, je vous partage mes interrogations à ce sujet, mon désir de progresser…

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Un mode d’éducation différent

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.

Aujourd’hui, je voudrais parler de la joie dans l’éducation, dans la famille. Plus que des conseils, je crois que c’est une interrogation que je partage ici.

Une interrogation qui fait suite à des réflexions que je me suis faites dans notre propre famille. Je me suis rendue compte que nous avons développé chez nous énormément de techniques, de compétences, et puis, évidemment, de façons de penser, plus profondes, qui nous permettent d’avoir un mode d’éducation bien différent de ce qu’il était il y a plusieurs années.

Un mode d’éducation qui nous permet plus de connexion avec nos enfants. Nous sommes persuadés que la connexion est à la source de l’enseignement, que nous ne pouvons pas espérer la collaboration, la coopération de nos enfants sans être connectés avec eux, et nous dépensons pas mal d’énergie pour s’attacher à se défaire de nos réflexes de jugements, de critiques. Et plutôt s’attacher à mieux comprendre nos enfants, ainsi que je le partage régulièrement sur le blog.

Une évolution positive de notre parentalité

C’est tout un travail sur nous-mêmes, qui nous a aidés à moins nous énerver ; la compréhension de l’enfant nous permet de développer notre tolérance, et si j’ai commencé ce chemin avec l’idée de moins crier, il est clair que cet objectif-là est atteint !

Pourtant, j’ai encore le sentiment que ce n’est pas assez. Mieux nous entendre, et moins crier, c’est déjà énorme, je le sais. Je sais également que j’ai appris à aider mes enfants à développer des compétences à long terme.

Je leur apprends à faire de leurs erreurs des opportunités. Je leur apprends comment trouver des solutions, entre nous, et dans leurs conflits. Je développe leur confiance en eux. Et je suis ravie de tout cela !

Cependant, parfois, j’ai l’impression qu’il me manque encore quelque chose… Il me manque la joie !

Notre ennemi, la fatigue et l’impatience

Bien sûr, il y a les moment dans lesquels nous avons du mal, malgré toutes nos compétences, malgré toutes nos bonnes intentions, parce que nous sommes nous-mêmes fatigués, irrités. Nous avons peu de patience.  Ces moments-là seraient évidemment les plus difficiles, ce sont les moments où l’on a le plus de mal à recevoir leurs émotions, ou du moins leurs émotions négatives. Ce sont les moments où l’on perd la perspective de leur âge.

On a beau avoir appris que leur cerveau n’est pas encore complètement mûr, qu’il est normal qu’ils ne sachent pas gérer leurs émotions, quand on fait face aux colères des enfants, aux frustrations des enfants, on a parfois du mal à garder notre patience. L’un de nos enfants est particulièrement sensible, et, lorsqu’il est lui-même dans une journée difficile, que les pleurs s’enchainent, c’est parfois épuisant !

Cependant, je me faisais récemment la réflexion que l’intensité avec laquelle ils sont parfois capables d’exprimer leur colère, leur tristesse, est également présente pour les émotions positives. C’est incroyable de voir de quelle manière ils expriment leur joie, leur gaité, pour des toutes petites choses !

Notre atout : les émotions positives

Voir comme le rire peut éclater pour une bêtise.. comme trainer le papier en faisant semblant que c’est une voiture peut les mettre en joie, les voir courir vers nous quand on rentre à la maison pour se jeter dans nos bras ! Oui, le jeune enfant est extrême dans ses réactions, tant dans le positif que dans le négatif.

Et, parfois, j’aimerais pouvoir encore puiser en moi pour m’attacher à ces réactions positives. Pour m’y recharger suffisamment pour, à mon tour, pouvoir l’exprimer lorsque tout va bien.

Pas seulement développer ma capacité de faire mieux face aux moments négatifs. Mais également profiter, savourer plus les moments positifs. Et je vais encore plus loin : créer des moments positifs, mettre de la joie dans des moments qui sont plutôt neutres.

Je crois que ça, c’est un réel défi. C’est vraiment aller un cran plus loin. Ne pas s’arrêter seulement au fait de mieux gérer les conflits, mais également de rendre la vie plus heureuse. D’être plus joyeux au quotidien.

Développer son lâcher-prise

Ca passe également par des compétences. Ca peut vouloir dire par exemple de développer sa capacité à lâcher-prise. A ne pas se bloquer sur des attitudes du quotidien qui nous agacent, clairement, mais qui finalement ne gâchent que notre propre humeur.

Et si, parfois, on se détachait un petit peu de ces moments-là, de ces agacements-là, pour plutôt s’attacher au plaisir d’être ensemble ? Si on arrivait à mieux développer la joie de la famille…

Encore une fois, ce partage aujourd’hui est plus de l’ordre de l’interrogation que du conseil. Parce que je cherche des pistes. Parce que moi-même je sens que j’en ai besoin. Parce que je trouve encore que je ne profite pas assez des moments partagés, que je ne les savoure pas assez.

Mon constat

Oh oui, bien sûr nous avons des moments de joie, et de rire, et de partage, et de jeux !
Mais je suis persuadée que nous avons en nous la capacité de faire en sorte que ces moments soient plus fréquents encore. Et je suis persuadée que c’est un cercle vertueux. Que plus nous savourerons ces joies, plus nous insufflerons de la joie dans notre quotidien, moins nous aurons besoin de compétences pour mieux gérer les conflits, parce que moins il y aura de conflits.
Entre nous et eux, et entre eux également.

Alors, je me propose d’essayer ça. Dans les jours qui viennent, je vais m’attacher à la joie. La poser comme priorité familiale. Si vous avez des idées, n’hésitez pas à me les partager. Et la semaine prochaine, j’essayerai de prendre un moment pour vous raconter ce que ça a pu changer chez nous.

A bientôt !

Ajout un peu plus tard : l’article qui raconte comment j’ai vécu cette envie de joie dans les semaines qui ont suivi.