Prendre le temps de s’informer et de se tromper

Nous ne sommes jamais tout à fait prêts pour la tempête qui nous emporte lorsque nous devenons parents. La joie, bien sûr, mais aussi la fatigue ! Et puis, surtout,… toutes ces questions qui nous viennent : est-il normal qu’il dorme si peu, ou trop ? Faut-il le réveiller, le laisser pleurer, le nourrir, encore ? Non seulement nous nous sentons souvent dépassés, mais force est de constater qu’il n’y a pas forcément consensus autour de nous. Belle-maman a une opinion claire, mais la cousine en a un autre… qui a raison ??

Bon an mal an, nous trouvons peu à peu notre propre manière de fonctionner. Seulement, l’enfant grandit, et de nouvelles questions se posent. Pourquoi s’oppose-t-il ? Dois-je le punir pour qu’il comprenne ? Suis-je trop dure ? Pas assez ? Et de nouveau, les avis divergent.

Dans ce brouillard, comment trouver le fil ? Comment trouver sa propre place de parent ?

— Note :  cet article a d’abord été publié dans Grandir Autrement, numéro 76 de mai-juin 2019, dans le dossier « Ralentir »

Chaque situation est unique

Les conseils des autres peuvent certes être intéressants, mais il ne faudrait pas oublier que chacun est unique. Il n’y aura donc pas de recette magique universelle. Ce qui a fonctionné pour l’un ne marchera probablement pas pour l’autre. D’ailleurs, la manière d’appliquer la recette, quelle qu’elle soit, dépendra de notre posture parentale, du contexte, de l’environnement, de notre propre vécu, de nos autres attitudes… Autant dire que l’on ne reproduit jamais vraiment la même recette, dans laquelle, de toute manière, les ingrédients diffèrent. Il n’est donc pas surprenant que les résultats ne soient pas toujours cohérents.

Une reproduction inconsciente

Au départ, c’est notre expérience qui nous guidera principalement. En tant que parent, on essaye, on tâtonne, on réagit, et surtout on fait au mieux. Notre cheminement nous semble surtout personnel. En réalité, si nous nous contentons de l’expérience, nul doute que nos choix seront guidés par notre vécu, tout simplement. Notre cerveau s’évertue à nous garder dans des schémas connus, parce qu’il nous est inconfortable de remettre en cause les modèles reçus. Donc, consciemment ou inconsciemment, nous reproduisons. Les exemples sont nombreux de parents qui reconnaissent leurs parents dans leurs attitudes, alors même qu’ils aimeraient s’en éloigner.

Ont-ils cependant bien pris le temps de s’ouvrir à un autre style parental ? De se renseigner sur d’autres manières de faire ? De se former ? On pense souvent qu’être parent ne s’apprend pas, qu’il suffit d’être. Pourtant, le nombre de parents en désarroi montre bien que cela ne suffit pas vraiment.

En réalité, la difficulté vient du fait que les schémas sont inscrits en nous. Une bonne nouvelle pourtant : le cerveau reste plastique à l’âge adulte. Oui, nous pouvons inscrire autre chose. Nous pouvons modifier nos réactions et nos habitudes. Nous pouvons nous former.

Etre parent s’apprend

Pour faire évoluer nos réactions, pour modifier nos manières de faire, une seule option : prendre le temps de se renseigner. Si nous nous sentons insatisfaits de la façon dont les choses se déroulent pour nous, que nous avons l’impression diffuse qu’il est possible de faire autrement, allons chercher ces informations.

La littérature sur l’éducation fleurit. Les conférences se multiplient, les ateliers se développent. Chacun peut donc trouver son biais d’information, celui qui lui conviendra le mieux.

Pour trouver sa voie, il s’agit de se donner le temps pour s’informer.

Prendre le temps de consulter les ouvrages, voir ce qui résonne en nous, s’ouvrir à un autre type de pensée, s’ouvrir à des alternatives que nous n’envisagions peut-être pas. Car cela ne vient généralement pas tout seul, c’est un choix personnel. Il faut donc y consacrer le temps nécessaire. Chacun trouvera alors sa propre manière de le faire. Encore faut-il savoir que cette manière existe. Ouvrir notre esprit à ce qui nous correspondra le mieux.

Les moyens d’y parvenir sont variés : soit par la lecture de livres1, soit par les blogs et les magazines, soit en suivant des ateliers de parentalité, en écoutant des podcasts… Chaque nouveau contact est alors tout à la fois une remise en question, et une manière de progresser. Chaque réflexion reçue est une avancée vers une parentalité qui nous parait plus en adéquation avec ce que l’on ressent, à condition de s’en donner la possibilité.

Le temps d’apprentissage

Nombreux sont les parents qui, lorsqu’ils découvrent les principes d’une parentalité plus respectueuse de l’enfant, et d’eux-mêmes, aimeraient y adhérer rapidement. Il n’est alors pas rare que ces parents se heurtent aux difficultés de la mise en place. Parce qu’il n’est pas aisé de changer, parce que cela nous pousse hors de notre zone de confort, parce que nous avons besoin, comme nos enfants, d’un temps d’apprentissage.

Le plus beau cadeau que nous pouvons alors offrir à notre famille est, de nouveau, celui de se donner le temps, au sens de durée cette fois. Car la bienveillance commence par nous-mêmes. Lorsque nous dérapons, il existe d’autres voies que celles de la culpabilité. Saluons plutôt notre prise de conscience. Remercions-nous pour le travail que nous sommes en train de mener. Transformons les difficultés en opportunités d’apprentissage.

Etre parent, cela s’apprend. Grace à toutes les ressources disponibles, et sur le tas, aussi. Prendre le temps de l’apprentissage, ce sera aussi essayer, et observer le résultat. Se tromper, le reconnaitre, et recommencer. Partager ses interrogations avec son conjoint, chercher des options, des alternatives, remettre les choses en cause, ré-essayer, et se tromper encore…

Prendre du recul

Lorsque cet exercice s’avère difficile, n’oublions pas qu’il est fondamental, pour pouvoir donner de notre personne, d’être bien nous-mêmes. N’oublions pas qu’il est nécessaire de s’accorder des pauses2, en dehors du contexte éducatif, pour mûrir notre réflexion, afin de revenir ensuite avec un réservoir émotionnel qui nous permet d’aborder les questions plus sereinement.

Nul doute que dans ce cheminement, nous ne sommes pas égaux. Notre vécu nous y a plus ou moins préparé, et il nous faudra chacun lutter contre des démons différents. Mais nous ne sommes jamais seuls. Il se trouvera toujours quelqu’un, ou quelque ouvrage sur le bord du chemin, pour nous accompagner. Avancer vers le parent que l’on aimerait être est un choix. Encore faut-il s’en donner le temps.

  1. https://les6doigtsdelamain.com/les-livres-de-ma-bibiliotheque
  2. voir Grandir Autrement N63, La nécessité de s’accorder des pauses
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