Pas facile de faire face à un enfant qui s’oppose… Surtout sur des points qui nous semblent non négociables. Dans ce podcast, je vous encourage à changer de posture face à cette opposition. Pour mieux la comprendre.

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L’enfant qui s’oppose

Aujourd’hui nous allons parler de l’enfant qui s’oppose, qui s’oppose à nous, mais pas vraiment à nous, justement.

En tant que parent, c’est une situation à laquelle on fait souvent face.  Notre enfant s’oppose à ce qu’on lui demande. Qu’est-ce que je peux faire pour qu’il m’obéisse ?

En fait, je voudrais vous encourager à vous éloigner un petit peu de ce rapport complètement vertical, qui veut que : on demande quelque chose à notre enfant, et il doit nous obéir. S’il ne le fait pas, c’est qu’il s’oppose à nous.

Voilà une logique traditionnelle qu’on peut essayer de rompre.

L’enfant qui s’oppose à nous, ne s’oppose pas forcément à nous. Ca peut arriver. Je ne dis pas que ça n’arrive jamais, en particulier lorsqu’il est dans une logique de revanche, dont nous pourrons parler un petit peu plus tard.

Mais ce que je voudrais d’abord mettre en valeur, c’est que la majorité du temps, l’enfant ne s’oppose pas à nous. L’enfant s’oppose parce qu’il a, lui, de son côté, une dynamique intérieure, qui lui donne envie de faire autre chose.
L’enfant qui s’oppose au fait d’aller au bain, ne s’oppose pas forcément au bain, il s’oppose parce qu’il a envie de jouer. En fait, il y a une dynamique positive en lui.

Donc, la première erreur que nous faisons souvent, face à un enfant qui s’oppose, c’est de prendre les choses personnellement. De considérer que s’il n’exécute pas ce que nous lui demandons de faire, alors c’est un échec de notre part, en tant que parent.

Et en fait, ça ne l’est pas. C’est meme plutôt une bonne nouvelle que cet enfant soit capable d’exprimer ses propres opinions, qu’il sache défendre son territoire, qu’il sache garder ses positions, des choses qui lui seront bien utiles dans sa vie !

Faire une pause

L’important serait donc de voir, d’une part, le moteur qu’il y a derrière, et pour ça, il est nécessaire de faire une pause, de prendre du recul. Et je sais que parfois, ça nous rend fous. Parce qu’il y a des choses sur lesquelles on considère qu’il n’y a juste pas le choix, et que on veut contraindre l’enfant, parce que… parce que c’est comme ça ! Et que l’enfant ne veut pas obéir, et qu’on est… qu’on cherche à rester dans une dynamique du parent positif qui n’impose pas à ses enfants d’obéir, mais qui cherche la motivation interne de l’enfant pour qu’il soit d’accord pour coopérer, c’est pas toujours facile !

Alors quand cela se produit, quels seraient les conseils ?

D’abord, la première étape, c’est celle que l’on a déjà soulevée : de ne pas prendre les choses personnellement, de faire une pause, et d’observer l’enfant. De comprendre ce qu’il se passe pour lui. Pas contre nous, pour lui.

Essayer de voir que souvent le comportement de l’enfant est la pointe de l’iceberg. Comme le dit Jane Nelsen dans la Discipline positive, les comportements inappropriés ont en général une raison d’être. Ca peut être un besoin d’attention, qui est la raison la plus connue parmi les parents, mais ça peut être également une envie de prendre le pouvoir.

L’enfant qui se sent contraint au cours de sa journée, a envie, à un moment, d’exprimer, de vivre le fait qu’il a également du pouvoir, lui. Qu’il peut décider de ses actions. Et ça, c’est très bien, c’est important, c’est un vrai moteur.

Alors, on peut valider cette position-là, ce qu’il veut, et ce qu’il ne veut pas. Même si parfois, il n’y a pas le choix. Donc, cette première étape, déjà nous permet de mettre les choses en perspective, elle nous permet d’ avoir un regard différent sur l’enfant, de mieux accepter cette situation.

Parce que, ce dont il faut être persuadé, c’est que s’opposer en retour ne sert à rien. Ca ne sert à rien parce que ça ne va pas aider à ce que l’enfant change de position. Ca ne va qu’entretenir, ou même créer quand elle ne l’est pas, une lutte de pouvoir qui ne mènera à rien, si ce n’est, si vraiment on ne lâche pas, à imposer en tant que parent, par la peur, la contrainte… les choses qu’on aimerait voir suivies plus spontanément.

Alors, si on ne peut pas s’opposer en retour, que faire ?

On arrive donc à la deuxième étape. Celle de notre décision, notre action. Quelles sont les réactions possibles ?

La réaction la plus simple, ça peut être de simplement lâcher prise. Il est parfois possible de remettre en cause ce qu’on demande, de décider que ce n’est pas si important, ou de gagner en flexibilité.

C’est à dire, si on est dans un moment où l’on décide que c’est l’heure d’aller au bain, peut-être  que l’on peut trouver un accord avec l’enfant, pour dire “Ah, tu voulais finir ça..” Comprendre pourquoi il dit non. Il est en train de dessiner. “Tu voulais finir ton dessin ? Pas de problème, est-ce que ça te convient d’aller au bain après ton dessin ?” Il y a de bonnes chances que l’enfant réponde oui !

Pour éviter justement de rentrer dans cet affrontement qui ne va faire qu’encourager l’affrontement. Parce qu’au bout d’un moment, on se retrouve comme dans une bataille. On veut être vainqueur. Et l’enfant est dans la même position. Du moins, dans une position symétrique.

Donc, faire une pause face à lui, c’est aussi lui donner une fenêtre pour évoluer sans “perdre la face”. Et souvent, ça suffit à résoudre le problème.

Exemple

Hier, mon Anatole de 4 ans vient à table, et il ne s’est pas lavé les mains. Et c’est vrai que c’est un point sur lequel nous ne cédons pas. C’est à dire que pour nous, il est très important que les enfants aient les mains lavées avant d’aller à table. Ce sont des choses qu’ils apprennent au fur et à mesure, et qui viendront tout seul. Bientôt. Cependant, à 4 ans, on n’est pas encore convaincu de la nécessité de se laver les mains avant de passer à table. En général, ça se passe bien. En général, on lui dit :
“Ah, qu’est-ce qui te manque pour passer à table ?
– Ah oui, me laver les mains !” il y va.
Et puis, il y a des jours où ça se passe moins bien.
Hier, il vient à table, et ne s’est pas lavé les mains.
“Ah Anatole, je crois que tu as oublié quelque chose.
– Je ne veux pas me laver les mains. dit-il.”
Bon. Moi de répondre :
Ah, tu ne veux pas te laver les mains ? Donc tu ne veux pas déjeuner ?
– Si, je veux déjeuner, mais je ne veux pas me laver les mains !

Bien. Cas d’opposition simple, on pourrait très bien entrer dans une dispute. ET dans une lutte de pouvoir. Du type “Il n’est pas question de ça, tu vas laver les mains, tu fais ce que je te dis et puis c’est tout, etc…”

Mais comme nous sommes des parents positifs, nous évitons l’affrontement direct. Je valide donc le fait qu’il n’ait pas envie de se laver les mains, parce qu’il a le droit, et je lui dis.
– Ah.. tu veux dire “Je ne veux pas me laver les mains, mais je vais quand même me laver les mains, parce que je veux déjeuner”
Et lui de répondre :
– Non, je ne veux pas me laver les mains, mais je veux déjeuner.

Et là, je ne dis rien. Je commence mon déjeuner. Parce que je pense qu’il est plus simple de lui laisser l’opportunité de prendre sa position, et de changer d’avis, que de continuer à m’opposer. Et effectivement, voilà mon petit bonhomme qui réfléchit un petit peu, et qui me dit :
“Euh… je veux dire : je veux me laver les mains, parce que je veux déjeuner.”
Tu m’en vois ravie…
et il est parti se laver les mains.

Je ne dis pas que ça marche à tous les coups.

Il y aura sûrement des moments où du coup, il va se mettre à déjeuner, alors qu’il ne se sera pas lavé les mains, et il faudra encore aller chercher un autre outil. Mais je pense que, par défaut, on peut essayer d’avoir confiance. Avoir plus confiance. Il le sait, dans le fond, qu’il faut se laver les mains avant d’aller déjeuner. Il exprime seulement le fait qu’il n’a pas envie d’aller se laver les mains, ce qui peut arriver, et, au passage, il a une position de l’enfant qui décide qu’il ne va pas aller se laver les mains juste parce que sa maman lui dit d’aller se laver les mains. Donc, il me fait savoir qu’il a le droit d’avoir sa position, je ne m’oppose pas, il a donc aussi la liberté d’aller se laver les mains sans que ce soit parce que je le lui ai imposé. C’est comme si c’était lui qui en prenait la décision.

Et ça, ça change tout au rapport entre nous.

Et ce qui est magique là-dedans, c’est que plus on évitera ce type d’oppositions, du moins d’affrontements et de luttes de pouvoir, et moins on aura de chances qu’il y ait d’autres luttes de pouvoir.

Parce que, de nouveau :

la lutte de pouvoir, d’où vient-elle ?

Du fait que chacun a besoin de montrer qu’il a ce pouvoir, cette possibilité d’imposer son point de vue. Donc, plus il y aura de moments où nous l’imposerons et plus notre enfant aura son besoin de montrer qu’il en a aussi.. à combler !

Si en revanche, on lui laisse l’opportunité de prendre ses décisions, et de s’exprimer, il y a toutes les chances qu’ensuite, lorsqu’on lui demande quelque chose, il ne le voie pas comme une imposition, et il coopère beaucoup plus facilement.

Le cas dans lequel l’enfant s’oppose réellement à nous, et pas à ce qu’on lui demande, c’est le cas de la revanche. C’est s’il est fâché contre nous, et qu’il veut nous le “faire payer”.

il considère qu’il ne se sent pas bien, et que, il n’a pas trouvé de solution pour changer ça, mais que, au moins, il peut entrainer les autres avec lui. Et ça, ça se passe quand on trouve que l’autre s’est mal comporté avec nous.

Là encore, s’il y a des moments où on lui aura.. manqué de respect, où on lui aura imposé des choses, ou bien où on aura pris partie dans une dispute avec son frère par exemple, il y’a plus de chances qu’ensuite, l’enfant s’oppose, même si la situation n’a rien à voir, et que nous la dé-corellons. Pour lui c’est une opposition à nous, parce que c’est sa façon “de se venger”.

Tout comme ça nous arrive naturellement à nous. On n’a pas envie, en fait, de faire plaisir à quelqu’un contre qui on est fâché, même si l’autre point sur lequel on pourrait lui faire plaisir n’a absolument rien à voir avec le sujet de notre fâcherie.

Et on en revient toujours au même : pour se comporter bien, il faut se sentir bien.

Donc le parent positif s’attachera plus à la relation avec l’enfant, à entretenir le lien, et à créer la connexion, parce qu’il sait que c’est de cette connexion que viendra la coopération.

Voilà, j’espère que cette réflexion vous aidera dans la vôtre… N’hésitez pas à faire des commentaires !

Sur ce thème, comme bien souvent en parentalité positive, l’équilibre n’est pas toujours facile à trouver. Lorsque nous leur demandons quelque chose, faut-il l’expliquer aux enfants ? Ne pas le faire ne reviendrait-il pas à l’imposer ?

J’aimerais aujourd’hui creuser ce sujet, qui m’est particulièrement sensible parce que Léon, 6 ans, supporte de moins en moins que je me lance dans des discours… Car, je l’avoue d’emblée : limiter mes mots n’est pas mon fort !

Retour sur cette habileté parentale, et les moments de l’utiliser…

Les « techniques » de parentalité positive qui encouragent à rester concis

Pour commencer, voyons si le conseil nous est parfois donné explicitement d’en dire moins.
Et, en effet, il nous est donné ! Voici ce que j’ai trouvé :

Le dire en un mot

Dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, le chapitre sur la coopération nous suggère de nous contenter d’un mot seulement pour communiquer certaines de nos demandes. Cette technique est reprise par Isabelle Filliozat dans « J’ai tout essayé ! ».
(En ajoutant le lien vers l' »article » – en mérite-t-il le nom ?- s’y reportant, je note le changement dans mes articles, depuis que je ne les écris plus seulement pour moi, mais bien pour vous !)

Ainsi, mon exemple préféré est celui que j’ai le plus utilisé : « Oscar, ton sac. » sera plus efficace que « Oscar, tu as encore laissé ton sac dans le couloir !! » (Qu’est-ce que je suis contente que ce sac ne soit plus dans le couloir…)

C’est une technique redoutable pour l’adulte comme pour l’enfant. En effet, pour nous, cela représente une économie d’énergie, ce qui limite notre agacement face à la situation. Pour l’enfant, cela parait moins attaquant, et il sera probablement plus prompt à réagir.
C’est probablement la raison pour laquelle cette technique plait généralement beaucoup aux parents auxquelles je l’explique en atelier. Elle est de plus rapide à mettre en place !

Ecrire une note

Toujours dans Parler pour que les enfants écoutent… , une technique proposée est d’écrire. Ecrire ? Oui, écrire pour aider l’enfant à se rappeler de ce qu’il doit faire sans que nous ayons toujours à le lui rappeler.

Ainsi, j’ai une amie qui a mis cette technique en pratique en affichant à côté du lavabo une note précisant que  « La brosse à dents et le dentifrice se rangent dans le gobelet. ». Le soir même, son mari a pensé, en entrant dans la salle de bain, que leur fils de 6 ans ne s’était pas brossé les dents…

Chez moi, j’ai également utilisé cette technique dans un autre contexte : pour éviter de crier ! Ainsi, face à ce sac toujours dans le couloir (bon sang, qu’est-ce que ca a duré !!), et en alternative à « Oscar, ton sac. », il m’est arrivé de lui tendre un papier lui demander de vérifier l’entrée. C’est plus simple, plus sobre, et on passe plus vite à autre chose que lorsqu’on a laissé notre agacement (je reste limitée) passer nos lèvres !

Passer par le contact physique

Enfin, je trouve que ce conseil va encore un cran plus loin. Ici, nous n’avons même plus besoin de paroles.

Je lis d’abord cette idée dans « J’ai tout essayé ! », et l’applique beaucoup avec Anatole, mon plus jeune, tellement pris dans son jeu qu’il n’écoute pas quand je l’appelle. Il suffit de s’approcher et de créer la connexion physiquement pour qu’il me prête attention.

Mais c’est encore cette idée qui revient dans Poser des limites à son enfant, lorsque Catherine Dumontheil-Kremer nous explique comment sortir de l’impasse

Ainsi donc, parfois les mots sont à économiser !!

Les enfants peuvent-ils accepter sans explication ?

Problème : si nous n’expliquons pas, cela signifie-t-il que nous imposons ?

Parce que, si c’est le cas, j’aime autant expliquer. En effet, comme le préconise Rosenberg, qui, par la CNV, m’inspire à rêver en un monde meilleur, je voudrais être bien capable de distinguer demande et exigence.
Car je ne cherche pas à avoir des enfants qui obéissent aveuglément. J’aime, même si c’est parfois usant, je l’admets bien volontiers, qu’ils soient capables de remettre mes exigences en cause.

L’explication a le mérite de leur donner un contexte, de leur permettre de comprendre d’où vient ma demande.
Soit.
Cependant, si nous mettons en place une relation bienveillante avec nos enfants, ils nous font confiance. Ainsi, surtout lorsqu’ils sont jeunes, ils n’ont pas forcément besoin d’une explication ! Ce n’est pas tant que nous imposions que le simple fait que nous les guidons.

Nous amènerons par exemple le jeune enfant se laver les mains avant le déjeuner, sans forcément se lancer dans le pourquoi de la chose. Bien sûr, nous pouvons également le leur expliquer. De toute manière, cela viendra un jour naturellement, car ils risquent fort de nous le demander le jour où ils voudront le remettre en cause ! Mais il n’est pas nécessaire de prendre de l’avance, en « justifiant » tout ce que nous leur demandons.

Pourquoi explique-t-on ?

Je pense qu’une bonne manière d’aborder les choses, et de savoir où placer la limite, est probablement de se demander quelles sont les raisons qui nous poussent à expliquer.
Car celles-ci peuvent varier…

Les moments où nous expliquons pour l’enfant

Il y a effectivement les moments où notre explication s’adresse à l’enfant. Ces moments où nous voyons qu’il a besoin de comprendre pourquoi faire quelque chose. Dans ces cas-là, l’explication est utile est constructive, et permet de débloquer simplement la situation.

Pourquoi doit-on partir du parc ? Parce que c’est l’heure du bain : regarde, le soleil est déjà en train de se coucher.

Les moments où nous expliquons pour nous-mêmes

Certaines fois, il peut nous arriver d’expliquer, non pour l’enfant mais pour nous. Hum… pas très clair. Je sais. Comment bien exprimer ça ? Je veux dire que parfois, nous sentons bien que notre explication ne tient pas bien la route, ou bien, nous aimerions suivre des principes que nous avons du mal à appliquer…
Alors, nous justifions plus que nous expliquons, espérant qu’en justifiant à l’enfant, nous nous convaincrons nous-mêmes.

Que de fois j’ai essayé d’expliquer à mes enfants pourquoi ce n’était pas une bonne idée de voir un film ce jour-là…
L’explication est d’ailleurs suffisamment faible pour qu’un général, elle soit suivie d’un « Mais on peut quand même voir un film ? »
Il serait plus efficace d’être directement honnête avec moi-même et avec eux, et de dire que je cherche à les aider à développer autre chose… voire ne même pas vraiment justifier, parce que finalement, ils sont trop jeunes pour vraiment écouter…

Et c’est en général ce qui finit par se passer. On sort une autre activité, et on passe à autre chose.

Les moments où nous expliquons pour l’enseignement

Voilà le moment qui, pour moi, est le plus délicat. Du moins, celui pour lequel j’ai le plus de mal à me positionner.
Car l’explication pour l’enseignement est valable, bien sûr ! Le problème, c’est quand elle devient systématique…

Ainsi, je me suis tellement inspirée de Jane Nelsen, et j’ai tellement bien intégré le fait que le conflit est une opportunité d’enseignement, que je suis tentée, à chaque conflit, d’entrer dans un échange qui nous permette d’en tirer l’enseignement.
Parfois ca fonctionne bien, et je vois bien que nos enfants progressent, et parfois, au milieu de mon discours, je les perds…

Et j’ai tellement envie de les aider à grandir, de les guider… J’ai tellement envie de saisir les opportunités, que je me retrouve frustrée de ne pas pouvoir aller plus loin dans mon explication !

Je comprends qu’il faut que j’accepte que mes mots auront plus d’effet s’ils sont plus rares. Que je n’aie pas peur de rater des opportunités : il y en aura sans aucun doute d’autres qui se présenteront ! (C’est également ce que dit mon amie Gwen de Petit bout par petit bout lorsqu’elle traite du même thème des explications.)

Accepter que nous ne convaincrons pas

Une idée que je copie tout droit de l’article de Gwen précédemment cité, et qu’il me semble important de reprendre ici, parce qu’elle m’a vraiment laissée songeuse. Elle écrit donc, je cite : « mes explications n’ont pas pour but de convaincre mon enfant ».

Eh oui. Ca semble logique, et pourtant, ne nous retrouvons-nous pas régulièrement dans la position de vouloir convaincre ? Avec nos enfants, ou avec n’importe qui, d’ailleurs !
Lorsque nous parviendrons à accepter que chacun a le droit d’avoir son opinion, que nous pouvons expliquer pour donner notre point de vue, mais que le but n’est pas de convertir l’autre, nous gagnerons en sérénité.

Et ce sera également un enseignement implicite pour nos enfants : un modèle de respect et de tolérance. Ah, je devrais peut-être saisir les opportunités de me l’enseigner à moi, cela !!

Le bon moment pour expliquer

Dans tous les cas, que l’on trouve que la situation réclame une explication ou pas, il s’agit de choisir le bon moment pour expliquer.

Car le gros piège, celui qu’il faut absolument éviter, c’est celui de se lancer dans une explication alors que l’enfant n’est pas en mesure de l’écouter. (Thème abordé dans le podcast sur la validation des sentiments et les explications)

En effet, lorsque l’enfant est encore sous le coup de l’émotion, il n’est pas capable de s’ouvrir à nos explications.
Et ce n’est pas tout : de la même manière, lorsque nous sommes encore sous le coup de l’émotion, nous ne sommes pas capables d’expliquer calmement ! Et dans ce cas, évidemment, notre message ne sera pas reçu non plus.

Donc… mieux vaut marquer une pause et revenir ensuite.

Et parfois, c’est piégeant. Ces derniers temps (et c’est ce qui m’a poussée à écrire cet article, pour m’inciter à creuser en moi-même), j’ai du mal à me positionner par rapport à mon fils Léon, 6 ans.

Suite à des moments de disputes avec son jeune frère, je lui laisse un temps pour retrouver son calme, en l’accompagnant ou non. Souvent la roue des options l’aide à cela.
J’ai l’impression d’attendre ainsi le bon moment avant d’entrer dans les explications. Alors, j’essaye de saisir l’occasion du conflit pour développer son empathie. J’essaye donc quelque chose du type « Tu sais, je crois que ton frère aimerait pouvoir décider également du scénario quand vous jouez avec les voitures… ». Et régulièrement, il s’enfuit au milieu de mon explication pour aller se réfugier dans son lit !
C’est donc que je me suis lancée trop tôt dans l’explication… et que je dois apprendre à lâcher prise !

En conclusion

Y a-t-il vraiment une conclusion à tirer, autre que celle que nous donnera l’expérience ?

Je vais quand même m’y essayer :

  • ne pas trop expliquer lorsque l’on peut s’en passer, surtout dans le cas des situations récurrentes, dans lesquelles les explications ont déjà été données ! (Non, pas la peine d’ajouter « des milliers de fois » !!)
  • être convaincus que nos enfants, surtout jeunes, n’ont pas toujours besoin d’explications
  • se poser la question de la raison pour laquelle nous expliquons
  • accepter que l’enfant ne soit pas convaincu (ce qui ne signifie pas qu’il fera forcément ce qu’il veut, cela se jugera au cas par cas)
  • choisir le bon moment pour expliquer !

Voilà, si vous parvenez à bien suivre tous ces principes, dites-le moi, ça m’intéresse de savoir comment vous faites !!

– Note : cet article « Le piège des récompenses » est d’abord paru dans Grandir Autrement, numéro 67 de novembre/décembre 2017 –

Lorsque l’on cherche à faire avancer un âne, on utilise la méthode de la carotte et du bâton. C’est une manière d’exercer un contrôle sur lui, de l’amener à faire ce que l’on désire. On ne se demande pas si c’est ce dont il a envie, on exerce simplement un contrôle extérieur.
Bien des méthodes éducatives reprennent ce principe, celui de la carotte et du bâton, remplacés face à nos enfants par des récompenses et des punitions.
Cela peut éventuellement fonctionner à court terme, mais il est intéressant de s’interroger également sur les effets à long terme d’une telle méthode.

Marshall Rosenberg, quand il parle de punition1, écrit que, d’après son expérience, ce qui convainc les parents de l’inutilité de cette méthode est de se poser les deux questions suivantes : “En quoi voudrais-je que mon enfant change de comportement ?” et “Quelle motivation voudrais-je qu’il ait pour faire ce que je lui demande ?”.
C’est en général la réponse à cette deuxième question qui encourage le parent à trouver une autre méthode.

On pourrait appliquer ces mêmes questions au cas de la récompense.
En effet, lorsque nous offrons une pièce à notre enfant pour vider le lave-vaisselle, désirons-nous vraiment qu’il vide le lave-vaisselle pour gagner cette pièce, ou voudrions-nous en fait qu’il vide le lave-vaisselle parce qu’il trouve normal de contribuer à la vie familiale ?

Le message derrière la récompense

En réalité, si nous parlons de récompense à l’enfant, c’est que nous pensons qu’il a besoin d’une motivation extérieure pour avoir envie d’agir. C’est évident. Seulement voilà : c’est évident pour lui aussi.

Donc, en lui faisant miroiter la future récompense, nous lui passons implicitement mais clairement le message suivant : “Je ne crois pas une minute que tu feras ce que je te demande si je ne te soudoie pas…” Voilà un message fort, qui ne contribuera probablement pas à son estime de lui-même…

Un enfant grandit et progresse quand on croit en lui, notre récompense est donc en fait contre-productive…Nous ne cherchons en aucun cas à développer chez l’enfant une motivation intrinsèque, mais bien à rétribuer le résultat de ce que nous lui imposons. Que se passera-t-il lorsque la récompense aura perdu son attrait ? Faudra-t-il la faire grandir ? Probablement… Et si nous ne sommes plus là pour la donner, notre enfant aura-t-il envie de continuer ? Certainement pas ! D’abord parce qu’il “sait”, grâce à nous, qu’il n’en est pas capable, ensuite parce qu’il n’y verrait plus d’interêt : qu’y gagnerait-il ?

Quand la récompense prend le pas sur l’envie

Plus nous offrons de motivation extérieure à l’enfant, plus sa motivation intérieure baisse. Ou, pour reprendre les mots de Céline Alvarez2 : “La motivation exogène va venir court-circuiter la motivation endogène.

C’est l’effet de sur-justication (overjustification) mis en évidence par Mark Lepper, psychologue à Stanford. L’une de ses premières études3 consistait en effet à demander à deux groupes d’enfants de maternelle de dessiner. A l’un des groupes, il était promis des médailles pour leurs dessins, à l’autre non. Lorsque l’équipe revient observer les enfants, quelques semaines plus tard, les enfants du groupe qui s’était vu offrir les médailles dessinent beaucoup moins : ils n’en voient plus l’intérêt lorsqu’ils ne sont plus récompensés… De plus, la qualité de leurs dessins décroît également. En substance, le raisonnement inconscient de l’enfant (ou de l’adulte) est : “Si l’on me récompense pour cet acte, c’est que je n’ai pas de raison d’aimer le faire si je ne suis pas récompensé, donc je ne l’aime pas.”

L’enfant perd alors son plaisir. On pourrait penser, dans ces conditions, que le système de récompense marche mieux pour une activité qui ne plait initialement pas à l’enfant. Nul risque alors de déplacer sa motivation, inexistante dès le départ. Et pourtant… Les expériences menées en ce sens prouvent que cela n’est pas non plus une solution. En réalité, l’absence de motivation externe encourage toujours à mieux rechercher une motivation interne, même lorsque celle-ci n’est pas évidente de premier abord.

Si nous comprenons ce principe, nous comprenons que nous ne devons pas payer nos enfants pour leurs notes (que ce soit en argent ou en cadeau) ! Non seulement parce que nous ne pourrons vraisemblablement pas tenir la longueur – car la récompense doit augmenter pour garder son attrait ; mais surtout parce que nous leur enseignerions que la seule raison pour eux d’obtenir de bonnes notes est de gagner la récompense. L’apprentissage en lui-même perd son sens, et surtout son interêt…

Quelles alternatives ?

Encore une fois, la clef réside dans la motivation intrinsèque. C’est celle-ci qu’il s’agit d’encourager. Et pour cela, essayons de mieux comprendre ce qui peut motiver nos enfants.

Selon Adler, psychologue autrichien dont les principes sont à la base de la discipline positive4, Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.

Reprenons alors le cas du lave-vaisselle. Il est important, tout d’abord, que l’enfant se sente appartenir : il fait partie de la famille, son point de vue est respecté. L’idéal est que la répartition des contributions de chacun à la vie de famille (et non des tâches, notez bien le changement de vocabulaire) soit faite au préalable, ensemble. Alors, chaque fois que l’enfant contribuera, par exemple en vidant le lave-vaisselle, il saura qu’il remplit une partie de son rôle dans la famille, famille dans laquelle il a sa place, et son importance.

Parlons à présent des notes en classe. Au départ, l’enfant a envie d’apprendre. Celle-ci se perd lorsque le travail scolaire ne lui appartient plus : il n’étudie pas pour lui, mais pour ses parents, ou pour ses professeurs. Rendons-lui sa responsabilité, faisons-lui confiance. Offrons à nos enfants le temps de l’apprentissage en l’encourageant de manière positive, en l’accompagnant jusqu’à la réussite, pour lui. En nous focalisant sur elle, et pas sur les échecs. Puis, lorsqu’il réussit, résistons à l’envie de lui dire que nous sommes fiers de lui – après tout, ce n’est pas notre réussite ! – , demandons-lui plutôt s’il est fier de lui-même, et réjouissons-nous avec lui. Il se sentira capable, et écouté, donc important. Il s’appropriera alors son succès,  et aura probablement à coeur de continuer sur sa lancée. Nous l’aurons alors aidé à développer sa motivation intrinsèque, bien plus que s’il avait réussi pour nous complaire…

Le problème vient probablement du fait que nos enfants n’ont pas l’habitude qu’on leur fasse confiance.

Lors d’une réflexion, dans un cours que je ne donne qu’à 2 élèves, sur la méthode à mettre en place pour éviter qu’ils n’interrompent le cours pour dériver sur du hors-sujet, l’un d’eux me propose de faire comme sa maîtresse principale : noter sur un papier la source de chaque interruption, et donner à la fin du cours un bonbon à celui qui s’est le mieux comporté… Je lui explique : “En fait, je voudrais que tu n’interrompes pas le cours, pas parce que tu veux gagner un bonbon, mais bien parce que tu es convaincu que c’est mieux pour nous tous, toi y compris, qu’il y ait moins d’interruptions…” Surprise chez le garçon. Il est rare qu’on en appelle à son sens d’appartenance au groupe, à un fonctionnement plus horizontal que vertical. Cela donne donc lieu à une petite conversation, suite à laquelle nous décidons que chacun aura un papier à son côté pour noter les thèmes hors-sujet qui lui viennent, et que le cours durera cinq minutes de moins, pour que chacun puisse partager ce qu’il a noté. Depuis, les cours sont bien plus faciles, et le garçon y voit bien son propre interêt !

Changement de méthode

Que faire si l’on était adepte des récompenses jusqu’ici ? Ne pas s’inquiéter, il n’est jamais trop tard. Etre honnête avec ses enfants. Leur expliquer que l’on s’est rendu compte qu’on aimerait les voir développer d’autres raisons de faire ce qu’ils font, que l’on peut d’ailleurs y réfléchir avec eux s’ils le veulent, et que l’on a toute confiance qu’ils en seront capables !

De mon côté, j’ai toute confiance que vous en serez capables…

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce thème vous intéresse, vous aurez peut-etre envie de lire mon livret « Tout ce qu’il faut savoir sur les punitions et les récompenses pour s’en débarrasser. »

Vous l’avez noté dans vos bonnes résolutions : “Ca y est, c’est décidé, je vais appliquer la parentalité positive !”
Seulement voilà : on a beau décider de quelque chose, ça ne vient pas tout seul…
Non, c’est même parfois sacrément difficile !

Quand je me suis lancée sur ce chemin, il y a quelques années, je ne savais pas ce qu’était la parentalité positive, mais je savais que je voulais faire évoluer l’ambiance à la maison. J’étais décidée. Décidée en particulier à ne plus crier !!

Alors qu’approche le moment des bonnes résolutions, je suis persuadée que certain(e)s d’entre vous auront la même démarche ; et je voudrais partager avec vous mon expérience.

Note : Cet article participe à l’évènement “Votre meilleure astuce pour appliquer vos bonnes résolutions” du blog Devenez Meilleur. Je vous mets d’ailleurs un article de ce blog en lien plus bas, au sujet de prendre du temps pour ce qui est important. Pour cet événement, de nombreux blogueurs vont donner leur astuce.  Cliquez ici pour voter pour mon article si vous l’aimez !

Une bonne résolution doit être réaliste

Cette démarche de la “bonne résolution”, je ne l’ai pas eu qu’une seule fois, mais plusieurs.
Parce que l’un des premiers points à prendre en compte pour qu’une résolution fonctionne, c’est qu’elle ne soit pas trop ambitieuse !

Si l’on cherche à tout transformer, d’un coup, et rapidement, on se dirige droit dans le mur.
Ainsi, il s’agit plutôt de fonctionner par étapes.

Même si notre objectif est plus ambitieux, commençons par prendre la résolution de faire un premier pas. Car chaque pas nous rend plus forts. C’est ce premier pas qui nous permettra de faire le deuxième, alors même que nous ne nous en sentions pas capables à l’origine.
Nous prendrons donc des bonnes résolutions successives, au fur et à mesure de notre avancée.

La motivation

Bien sûr, il y a également les bonnes résolutions en lesquelles nous ne croyons pas vraiment, dès le départ. Pour la bonne raison que nous n’en avons pas vraiment envie !
Ce sont les résolutions que nous prenons parce que nous savons bien que “il faudrait”…

Seulement, si nous n’avons pas trouvé une vraie motivation interne, qui nous servira de moteur pour tenir, il y a fort à parier que notre décision s’évanouira bien vite…

La motivation est donc également un préalable à la résolution qui se respecte. Prenons le temps de réfléchir à ce qui compte pour nous et pourquoi nous voudrions y parvenir.

N’hésitons pas, pour cela, à prendre rendez-vous avec nous-mêmes.
Car il est important de prendre du temps pour ce qui est important. Et prendre soin de nous est important. Si nous voulons être de meilleurs parents, nous devons également nous accorder des pauses

Pourquoi les bonnes résolutions sont abandonnées ?

Imaginons à présent que nous ayons bien respecté les pré-requis.
Nous avons choisi une bonne résolution qui est :

  • réaliste
  • motivante

Et malgré ça, notre résolution a tendance à s’évanouir.

Quelle est la raison principale de cet échec ?
C’est malheureux à dire, mais je crois que la raison la plus commune, c’est l’oubli ! Tout simplement.

Nous prenons le temps de réfléchir à ce que l’on voudrait changer, nous décidons de nos bonnes résolutions, puis, la vie reprend son cours, et les bonnes résolutions tombent dans l’oubli !!
Ainsi, pour être tenue, la résolution doit nous être rappelée. Parfois, il suffit de l’avoir en tête pour avancer vers notre objectif. Pour ne pas se perdre sur le chemin.

Mon astuce

Partant de là, je crois que la meilleure astuce pour appliquer ses bonnes résolutions, c’est de mettre en place un rappel, ou un système qui nous permettra de nous le rappeler.

Ainsi, lorsque j’ai décidé de ne plus crier, j’ai affiché une main à 6 doigts dans notre salon, qui me servait de rappel. C’était une boussole qui me montrait le chemin !

Lorsque je me suis fixée ce défi de méditation en pleine conscience quotidienne, je me suis mis une alarme….

En revanche, lorsque j’ai décidé de passer ne seraient-ce que quelques minutes chaque jour en tête à tête avec ma fille, je ne l’ai jamais tenu, parce que je ne cesse d’oublier… Je sais maintenant qu’il faudra, bientôt, que je décide d’une manière claire de le garder en tête, si je veux vraiment que cela se réalise.
L’écrire ici est une bonne chose : cela m’engagera à le faire !

Ces rappels physiques représentent une idée simplissime, qui peut pourtant faire toute la différence !
Avez-vous déjà essayé ?

Certes, être parent signifie s’oublier un peu pour ses enfants. Mais il reste important de prendre du temps pour soi.

Dans ce podcast, je vous parle de comment j’ai réussi à mettre en place une routine pour moi, qui bénéficie finalement à toute la famille.

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Cependant, si vous préférez lire, en voici la retranscription.

Le constat : la quête de la perfection est dangereuse

Ici Coralie, du blog Les 6 doigts de la main, pour avancer ensemble sur le chemin de la parentalité positive.
Un podcast un peu particulier, parce que vous entendez le bruit des vagues derrière. Je suis en effet sur la plage, en train de marcher. Et c’est ce qui m’inspire ce podcast, et c’est pourquoi j’ai décidé de ne pas tarder à l’enregistrer.

En tant que parents, nous avons également besoin de pauses, et de temps pour nous-mêmes. Et c’est ce que je voudrais mettre en valeur aujourd’hui.

Je me souviens quand je vivais encore à Paris, j’étais consultante, dans une entreprise de jeunes loups ambitieux… et j’avais déjà deux enfants. Je ne collais pas bien au modèle de l’entreprise. Pourtant, motivée par mon environnement, j’avais envie de devenir manager, de progresser. D’ailleurs, mon métier me plaisait, mon travail me motivait.


Et puis un jour, j’ai discuté avec une jeune femme, justement, qui venait d’être promue manager, et qui avait des enfants, ce qui était très rare. Et je lui demande, je lui dis :
« Explique-moi, inspire-moi, montre-moi la voie ! Comment as-tu réussi à jongler entre tes enfants, ton travail, réussir à être promue ? »

Et là, elle me dit : « Tu sais, Coralie, attention à ce que tu cherches. Moi, j’ai voulu tout faire. J’ai voulu être une super épouse, une super maman, et une super professionnelle. J’avais envie de ne renoncer à rien. Et donc, j’ai cherché toutes les heures que je pouvais, je me suis donnée dans tout, et j’ai essayé. Le résultat, c’est ce que tu vois, c’est à dire qu’effectivement, j’ai des enfants, et j’essaye d’être une super maman avec eux. Et puis, oui, j’ai été promue manager, une super professionnelle. Mais j’ai pas réussi à être super épouse à la fois. On vient de divorcer. »
Et ça, ça m’a mis un coup. Je me suis dit « Elle a raison en fait. C’est beaucoup une question de priorités. »

On se met sur les épaules une charge énorme, en pensant qu’on peut tout réussir. On voudrait être des super-héros, on voudrait être parfait en plus ! On voudrait que dans chacun des domaines de nos vies, on fasse tout exactement comme c’est dans nos rêves ! Le rêve de la famille orangeade, j’appelle ça…

Seulement, la vraie vie, c’est pas ça.

Cherchons à progresser

La vraie vie, c’est que, d’abord, comme on dit au Mexique : « Todo no se puede. », ce qui veut dire « Tout ne se peut pas. », et ça, c’est une vraie leçon de vie. Et, d’autre part, que même si on est focalisé sur un des aspects, pour autant, on ne sera pas parfait. Cette quête de la perfection, elle est vouée à l’échec, et elle nous rend malheureux. Parce qu’elle nous encourage à nous comparer à un idéal inatteignable.

Alors, ne cherchons pas à être parfaits, cherchons à progresser. Et cherchons à progresser sur le chemin qui compte pour nous.
Ca ne veut pas dire d’abandonner le reste. Ca veut dire d’avoir des objectifs moins ambitieux.

Je sais que c’est facile à dire pour moi aujourd’hui, parce que je ne suis plus en entreprise. Et, il est probable que j’aurais du mal à vraiment faire ce choix, si j’avais encore envie de progresser dans une carrière. Je parle d’une carrière au sens traditionnel du terme. Parce que, cette envie de progresser dans une carrière, je l’ai encore ! Et ce que je fais aujourd’hui, c’est un vrai travail.


Seulement, en tant que maman, en tant que professionnelle, en tant qu’épouse, j’accepte aussi mes failles – pas toujours bien d’ailleurs, parce que, j’ai beau le prôner et le savoir, ça reste difficile à vivre, à accepter, et on continue à se mettre la pression – mais, ne pas rester sur ses échecs trop longtemps. Les voir comme des opportunités de progresser.

Un besoin d’énergie

Pour réussir à faire de notre mieux, il faut avoir beaucoup d’énergie. Le chemin de la parentalité positive, qui est celui sur lequel je vous encourage, demande une énergie folle, surtout au début ! Mais même après, je dirais.


Il demande d’être centré sur les besoins de nos enfants, il demande d’être à l’écoute, alors que nous-mêmes nous vivons plein de choses. Il demande donc de mettre parfois notre stress de côté, et la meilleure solution pour ça, c’est simplement d’être moins stressé. Simplement… Comme si c’était simple.


Il demande aussi et surtout, et c’est pour ça qu’il demande beaucoup d’énergie, il demande de réfléchir autrement que les modèles qu’on a reçus.
Cela veut dire lutter contre nos réflexes. Cela, c’est vraiment difficile. C’est pour ça que, dès qu’on est dans un jour fatigué, ça ne marche plus. Ca ne marche plus parce qu’on n’est plus centré. On n’est plus concentré. J’écrivais « La fatigue, ennemi numéro un du parent positif« .. ça, je le crois toujours.

D’ailleurs, je dois dire que, chez nous, parmi nos changements, je pense qu’il y a celui de se coucher plus tôt qu’avant, simplement. Et ça, ça a un impact sur tout le reste.

Prendre soin de soi en se ressourçant

Mais enfin, le changement dont je voulais vous parler aujourd’hui, il est vraiment lié avec le fait que je marche sur la plage ! Je vous explique : je me suis rendue compte que pour être cette super maman, ou du moins, pour avancer vers elle, même si je ne l’atteindrai jamais complètement, j’avais aussi besoin d’être ressourcée moi-même. Pour prendre soin des autres, on a besoin de prendre soin de soi.

Et j’avais tellement envie de faire face à tout, j’avais tellement envie de sentir que j’étais capable, que je tombais dans un piège classique qui est celui de ne pas demander trop d’aide. D’autant plus que… mon mari, cadre exécutif, travail à temps plein… etc…
Et puis, après tout, moi aussi je travaille à temps plein ! Heureusement, j’ai un mari super compréhensif pour ça.
C’est même lui qui m’a encouragée, qui m’a dit « Prends donc du temps pour toi. Va donc marcher sur la plage, ça te fera du bien, ça te dé-stressera. » Parce qu’il y a eu toute une période où je me réveillais systématiquement avant le réveil, pour des raisons de stress professionnel.
Et puis, du coup, on en a discuté. Je lui ai dit : « Le problème, c’est que… Marcher sur la plage.. après avoir posé les enfants à l’école, il fait déjà trop chaud. » Il faut dire que nous vivons à Puerto Rico, dans les Caraïbes, et même l’hiver, le soleil donne ! »
Alors je lui dis : « L’idéal, ce serait que je puisse partir tôt le matin quand je me réveille, comme ça, le soleil ne tape pas encore trop. »
Et je l’ai fait un week-end, et c’était super agréable !

La nécessité de prendre du temps pour soi

Et depuis, on a pu en parler, et j’ai accepté le fait que j’avais moi aussi mes besoins, que les autres pouvaient participer, et m’aider, parce que nous étions une équipe ! Et parce que si on voulait que tout le monde prenne sa place, que tout le monde fonctionne bien dans cette famille, le fait que je prenne du temps pour moi, c’était bien pour les autres aussi, c’était pas égoïste. C’était aussi ce qui permettait aux autres d’avoir une maman plus détendue, moins stressée.

Et donc, sur les 5 jours où il y a école par semaine, au lieu d’amener les enfants 5 fois à l’école, je ne les amène plus que 3 fois. Une fois par semaine, mon mari les amène. Une fois par semaine, mon aîné les amène. Du coup, moi, j’ai 2 jours qui sont libérés, et ces jours-là, je pars plus tôt, je vais sur la plage, je marche quasiment une heure, un peu moins, 50 minutes, de sorte que je commence ma journée déjà plus apaisée !

Alors, je sais que vous n’avez probablement pas une plage à côté de chez vous. Et puis, peut-être que le matin n’est pas le meilleur moment pour vous. Peut-être que ça ne colle pas dans l’organisation, mais je vous encourage fortement à réfléchir à ça à votre tour. A cette nécessité de s’accorder des pauses. A cette nécessité de prendre du temps pour soi. Et je dis bien une nécessité. Pas un égoïsme, de prendre du temps pour soi.

Une nécessité parce que, en prenant du temps pour soi, on s’offre mieux à l’autre ensuite. C’est bon pour tous.

Réfléchissez-y, et essayez de voir ce qui pourrait être mis en place dans votre routine !
Plus ou moins régulièrement, ça peut être peu souvent. Mais déjà, observez ce que ça peut changer.
Impliquez les autres, ils seront probablement contents de vous offrir ça.
Et ensuite, je serais super intéressée de savoir ce que ça a pu faire pour vous.

Voilà, c’était ma pensée du jour

N’hésitez pas à partager ce podcast, si vous pensez qu’il peut aider d’autres parents.
Et comme d’habitude, vous pouvez suivre les 6 doigts de la main sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Instagram.
De mon côté, je vous dis « à bientôt » !

Tandis que les fêtes approchent, et que tout devrait être prêt, cette question tourne encore un peu dans ma tête : quel jouet fera le plus plaisir à mon garçon de 4 ans ? C’est que, chez nous, la question doit s’enchainer : notre petit dernier est né le 31 décembre… Donc, après Noël, suivra son anniversaire !

Voici donc le fruit de mes réflexions du moment sur ce sujet, reprenant les paramètres à prendre en compte.

Proposer plutôt que d’imposer le jouet

Nous décidons souvent d’avance si le jeu ou le jouet est adapté à l’âge, s’il va plaire, avec des critères tout extérieurs.

Notre intention n’est pas mauvaise, mais en voulant lui imposer des jeux qui ne l’attirent pas, nous risquons parfois de tordre notre message. Passant de « Tu vas voir, ce jeu-là, il est chouette ! » à « Tu ne sais pas ce qui est bien. », ce qui ne participera pas à lui donner une bonne image de lui-même.

Je ne dis pas qu’il ne faudra pas proposer, au contraire ! Seulement respecter les réactions…

Récemment, j’ai ressorti un memory, avec une grande envie d’y jouer avec mon Anatole ! Je pensais que presque 4 ans, c’était le bon âge… Il s’est avéré qu’il n’était pas du tout intéressé ! Avant la fin de la partie, il s’esquivait… J’ai fini par y jouer avec Oscar et Alice, 15 et 10 ans !! Comme quoi, il vaut mieux ne pas vouloir imposer nos pré-jugés sur l’âge adéquat pour le jeu…

A 4 ans comme à tout âge : les goûts et les couleurs…

Cela parait évident : lorsque l’on choisit un cadeau pour quelqu’un, il faut commencer par s’interroger sur ses goûts. C’est vrai pour n’importe qui, mais c’est un paramètre que nous oublions parfois avec nos enfants, parce que nous aimerions tellement qu’ils s’intéressent à ce qui nous semble chouette, à nous !

C’est difficile de se sentir différent, de ne pas comprendre la passion de notre enfant pour un jouet qui nous semble sans intérêt, tandis qu’il néglige celui qui nous avait semblé juste parfait…

Ne consommons donc pas inutilement et cherchons plutôt à suivre ses goûts !

Suivre son garçon pour mieux comprendre le jouet qui lui plaira

Voilà, la clef est sûrement là : suivre ce qu’il nous indique !

Les enfants, comme l’indiquait Maria Montessori, ont des périodes de sensibilité. Ils se passionnent pour un thème, ou un autre, à fond. Parfois, cela prend toute la place, et parfois, cela passe. Je pense qu’il est important de suivre l’enfant dans sa période. Son enthousiasme est l’engrais qui permet de transformer le jeu en apprentissage !

Je sais donc que le jouet qui lui fera le plus plaisir, celui qui transformera le moment de l’ouverture des cadeaux en un vrai moment plaisir, c’est le jouet qui suivra sa passion. Chez nous, en ce moment, pas de doute : des petites voitures ! Il n’a pas encore l’âge de s’enthousiasmer pour un jouet dont il ne sait rien encore…

Varier les plaisirs autour du thème qui le passionne

Pour amener notre enfant à varier les plaisirs, nous pourrons toujours le faire en partant du même thème.
Ainsi, le jeu de société qui marche le mieux avec Anatole est un jeu de… courses de voitures !
Pour les activités manuelles ? On fabrique un circuit pour les voitures.
Pour les jeux de construction ? Un garage pour les ranger !

Vous l’avez compris : l’important est de conserver l’enthousiasme ! Peu importe que cela semble se répéter, tant que notre enfant est heureux de se lancer dans chaque activité. C’est son élan qui fera le succès du moment de jeu.

Nul besoin d’une grande quantité

Corollaire à cette théorie de thème : l’enfant appréciant finalement peu les jouets qui sortiront de son thème, nul besoin d’accumuler les cadeaux ! C’est plus le cadeau bien choisi qui comptera.

Si cela signifie qu’un nouveau besoin se fera sentir au milieu de l’année, quand la période changera, eh bien, nous y ferons face à ce moment-là. Il vaut mieux un cadeau sans occasion plus tard que des cadeaux tout de suite qui finiront au placard…

Alors, pour conclure : quel jouet pour un garçon de 4 ans ?

Pour conclure : réponse impossible. Car cette réponse réside dans l’observation de l’enfant.
Le jouet n’est pas un standard qui convient à tous, il doit s’adapter à un enfant en particulier. Et chacun est unique.

Je vous poserai donc pour terminer la question qui vous permettra de trouver votre réponse :
quelle est la passion de votre enfant ?

Nos enfants doivent parfois assumer les conséquences de leurs décisions. Cependant, cela reste parfois frustrant, et nous aimerions pouvoir plus souvent parler solutions plutôt que conséquences logiques…
Seulement, comment opérer ce changement ? C’est l’objectif de cet article.

Pourquoi s’éloigner des conséquences ?

Tout d’abord, soyons clairs sur les conséquences. Nous avons déjà abordé la question de l’utilisation, dans le cadre d’une éducation positive, de conséquences plutôt que de punitions. Ce n’est sûrement pas la première fois que vous lisez cela, mais ce cheminement peut prendre du temps, tant il va à l’encontre des modèles reçus.
Ainsi, si cela n’est pas clair pour vous, n’hésitez pas à d’abord prendre le temps de lire la différence entre une punition et une conséquence, voire, pour commencer, pourquoi les punitions sont nocives (pour l’enfant comme pour nous).

Lorsque l’on a réussi à opérer ce changement, les choses sont déjà différentes. Chez nous, par exemple, il n’y a plus de punition, et c’est un sujet dont nous discutons régulièrement, lorsque mes enfants rapportent que leurs camarades ont été punis. Ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont pas à subir les conséquences de certains de leurs comportements. Les limites existent, et sont claires pour tous.

Cependant, l’utilisation de la conséquence, qui met l’enfant face à ses responsabilités, devient parfois tellement facile que celle-ci devient un recours éducatif bien plus courant que ce qu’il devrait être. Or, la conséquence ne devrait être ni la seule ni la première technique éducative à laquelle nous devrions avoir recours.

L’objectif premier, en effet, est d’aider l’enfant à améliorer son comportement, et ceci avant de le laisser assumer les conséquences d’un comportement non corrigé ! Et voilà pourquoi nous choisirons de ne faire appel aux conséquences qu’après avoir essayé d’autres méthodes, qui pourraient bien porter leurs fruits ! Parfois, les deux seront nécessaires en parallèle, comme c’est le cas dans l’exemple de ce petit garçon qui jetait ses jouets par le balcon

Que signifie parler solutions plutôt que conséquences logiques ?

Pour que la différence soit bien claire, je vous propose de partir des caractéristiques de ces techniques, telles que listées par Jane Nelsen dans La discipline positive :

Pour rappel, les 4 R de la conséquence – La conséquence est : 

  • Reliée – à l’acte de l’enfant
  • Respectueuse
  • Raisonnable
  • Révélée à l’avance

La solution  est : 

  • Reliée – à l’acte de l’enfant
  • Respectueuse
  • Raisonnable
  • Aidante

Ainsi, c’est ce dernier point qui fait toute la différence entre les deux….
Mais que veut dire ce « aidante » dont on qualifie la solution ? Comment cela se traduit-il dans la réalité ?

L’idée est en fait de faire équipe avec notre enfant. Nous allons donc chercher avec lui ce qu’il pourrait mettre en place pour réussir à corriger son comportement. Ainsi, contrairement à la conséquence qui se contente de développer le sens des responsabilités (ce qui est déjà pas mal), l’idée, cette fois, est d’aider l’enfant à faire face à cette responsabilité en l’aidant à trouver une solution « utile et qui enseigne ».

Cette attitude est assez magique, parce que c’est elle qui permet de considérer que tout comportement à corriger est une opportunité d’apprentissage !

Un exemple concret

Prenons un exemple concret. Chez nous en ce moment, l’un des points que je devrais adresser (mais il faut que je prenne le temps de le faire, toujours le même problème, pas vrai ??), c’est le vidage de l’égouttoir…

En effet, Alice (10 ans) est en charge de vider l’égouttoir quand la vaisselle est sèche. C’est une action du quotidien qu’elle a choisie lors d’une « réunion de travail » en famille. Seulement voilà, il est encore fréquent qu’elle parte pour l’école sans avoir vidé l’égouttoir, ce qui me gêne les jours où je cuisine.

En mode conséquence logique, on pourrait décider que si elle ne vide pas l’égouttoir avant de partir, elle devra faire elle-même la vaisselle que je n’ai pas pu faire faute de place pour la faire sécher. Cela serait annoncé à l’avance, évidemment, et elle saurait donc à quoi s’en tenir. Cependant, cela ne l’aide pas forcément pour la prochaine fois qu’elle fera face à une situation similaire !

En mode solution, nous chercherions plutôt à être constructifs, en trouvant une méthode pour qu’elle n’oublie pas, simplement. Là, comme ça, je pense par exemple à une affichette sur la porte de sortie… Mais je me garderai de suggérer cela avant de voir ce qu’elle-même peut proposer ! Car je cherche aussi à encourager mes enfants à penser par et pour eux-mêmes. Pas facile d’être parents…

Voilà, je vous encourage à présent à vous dépasser, en parlant solutions plutôt que conséquences avec vos enfants ! Beaucoup plus de confiance transmise dans cette posture-là, non ?

De mon côté, encore une fois, écrire cet article m’encourage : je m’engage à essayer de chercher une solution avec Alice dans la semaine, et de revenir vous en faire un compte-rendu !
Edit : article sur ma recherche de solution

Non, nos enfants ne veulent pas toujours prêter leurs jouets.
Pour un enfant, prêter ses jouets ne relève pas toujours de l’évidence. Il faut d’abord avoir confiance en l’autre.

De notre point de vue, les poupées et les légos devraient toujours être prêtés.
Que ce soit chez nous ou chez la nounou, nous rêvons d’une maison ou d’un environnement dans lesquels les enfants seraient toujours heureux de voir les petits invités ou les frères et soeurs profiter de tous les jouets, et l’harmonie régnerait.

Dans la pratique… hum… disons que ce n’est pas toujours le cas… Comment aider les enfants à développer leur générosité ?

Pourquoi un enfant ne veut-t-il pas prêter ses jouets ?

Je sais que certains parents n’ont même pas envie de se poser la question. Ils partent de l’hypothèse que l’enfant doit prêter, et puis c’est tout.
Que c’est aussi dans ce genre de circonstance que se teste notre autorité parentale.

Cependant, si vous êtes ici, c’est que vous cherchez à prendre du recul, et à mettre de la conscience dans vos techniques et habiletés parentales.
On va donc commencer par se demander pourquoi mon enfant ne veut pas prêter.

Il peut en fait y avoir plusieurs raisons à cela, et si on prend le temps d’y réfléchir, elles sont saines, et compréhensibles !

Et, avant même que nous en arrivions à la liste (forcément non exhaustive) de ces raisons, nous pouvons déjà essayer de nous mettre à leur place.

Une amie arrive, et s’intéresse aux chaussures que j’ai rangées dans l’entrée. Elle se met alors à les essayer les unes après les autres, sans me demander, et sans les remettre en place. Serais-je ravie ? Ou aurais-je plutôt envie de lui signifier, peut-être vertement, que ce sont MES chaussures, en les lui arrachant des mains au besoin ??

Voilà qui remet déjà un peu les choses en perspective, n’est-ce pas ?

Quelques suppositions, donc :

1 – la protection du jouet

Si l’autre s’approche d’un jouet que l’enfant aime particulièrement, il est probable qu’il ait simplement envie de le protéger. D’être certain que le jouet ne sera pas abîmé. C’est une crainte courante quand on doit prêter à un jeune enfant… C’est d’ailleurs vrai pour nous aussi : nous ne prêtons pas forcément les objets que l’on juge fragile à nos enfants, même des enfants âgés !
De plus, cette raison est d’autant plus valable lorsqu’il s’agit d’un jouet neuf.
(Je me souviens quand j’étais en école d’ingénieur : je n’aimais pas prêter mes BD. Car j’en prenais soin, et je ne voulais qu’elles trainent sur le sol des piaules de mes collègues, d’où elles ne ressortiraient probablement pas en aussi bon état. Inavouable ?)

2- la disponibilité du jouet

Soit, l’enfant ne joue pas avec… pour le moment. Mais pendant combien de temps l’autre va-t-il vouloir garder le jouet ? Et si l’envie lui venait (d’autant plus facilement qu’il voit l’autre y jouer) avant que le jouet soit de nouveau disponible ? Ne vaut-il mieux pas le garder en réserve ?
On comprend sa crainte…

Il y a bien un inconvénient à partager : on perd une partie de sa liberté : s’il veut récupérer le jouet, sans l’arracher, il lui faudra alors attendre son tour.
Tous les enfants n’avancent pas au même rythme sur cette compétence ! (Quelques infos sur l’évolution générale de l’aptitude à prêter avec l’âge dans cet article chez Naitre et grandir)
On y trouve également un avantage, dans le lien avec l’autre, dans la contribution. La générosité fait du bien, encore faut-il pouvoir s’y connecter…

3- la vengeance

Il est également possible qu’il y ait un conflit sous-jacent entre les enfants. Parfois, nous ne le savons pas, mais ils se sont disputés, voire, ils ne se sont pas disputés mais l’un a été blessé par l’autre, et n’a pas su l’exprimer, l’a gardé en lui. Peut-être une simple question de rivalité, ou de jalousie.

Alors, quand vient le moment de prêter, il n’en a juste pas envie. C’est sa manière à lui de se venger. De punir l’autre. (Je noterai au passage ici, au risque de toucher là où ça fait mal, que les enfants apprennent beaucoup du modèle qu’ils reçoivent. Ainsi, s’ils sont accoutumés à être punis pour ce qu’ils font, ils apprendront à leur tour que s’ils jugent que ce que l’autre a fait est répréhensible, alors cet autre mérite d’être puni… D’où l’importance pour nous de réfléchir à notre attitude par rapport à la punition.)

Si vous sentez que vos enfants sont souvent dans ce cas de figure, ça vaut la peine de travailler en parallèle sur l’entente dans la fratrie et la place de chacun…
(vous pouvez pour cela commencer par écouter cet exemple concret sur comment réagir à une situation de rivalité)

4- le pouvoir

Ah, qu’il est grisant parfois d’avoir le pouvoir ! De savoir qu’on peut simplement décider si oui ou non, on va accorder à l’autre ce qu’il demande. Qu’on peut avoir une influence sur l’humeur de l’autre !

Cet usage-là du pouvoir est nocif (plus d’infos sur le pouvoir et son usage par ici) ? C’est de l’abus de pouvoir ? C’est bien possible.
A nous d’enseigner à notre enfant à bien utiliser son pouvoir personnel. Cet apprentissage peut prendre du temps.
Mais ce qui est sûr, c’est que plus il aura d’opportunités de l’utiliser au quotidien, plus nous le laisserons faire appel à son libre arbitre, moins il sera tenté de l’utiliser ainsi.
Est-ce que cela signifie que les parents doivent laisser l’enfant décider de tout ? Non, bien sûr.
Ce que je dis ici, c’est que nous avons tous besoin de nous sentir importants. Un besoin qui est directement en lien avec la confiance en soi.
Si les enfants, même de jeunes enfants, se sentent comme des marionnettes contraintes à obéir aux ordres, il est fort probable qu’ils cherchent à récupérer un peu de leur pouvoir par des moyens détournés…
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut faciliter les choses en évitant les luttes de pouvoir ! Oui, les parents peuvent aider les jeunes (même les ados, j’en profite pour le glisser au passage…) à faire un bon usage de leur pouvoir personnel.

5- pas de raison !

Restent enfin les cas où il n’y a pas de vraie raison, ou pas de raison objective, mais où l’on n’a pourtant pas envie de prêter. On ressent une gêne.
Est-ce que j’ai toujours envie de prêter mes affaires à mon ado qui a tendance à puiser dans mon placard ? En l’occurrence, ça me gêne peu. Mais ça pourrait ! Sans qu’il n’y ait vraiment d’explication logique…
On pourrait se forcer, mais cela risque d’aggraver notre malaise et il y a fort à parier qu’une dispute s’ensuive peu après, qui nous permettrait de justifier notre réaction première…
Notre enfant a aussi ces moments-là… Qui correspondent peut-être à des phases de développement, peut-être pas…

Voici dans ce cas une idée de jeu autour du fait de prêter qui pourrait développer chez l’enfant un plaisir et une envie autres.

Remarque : je me focalise ici sur l’enfant qui refuse de prêter ses jouets, et ce que je pense que l’on peut faire en tant que parents pour le motiver.
Si je prends une minute au passage pour parler de l’autre enfant (car dans cette situation, on est bien d’accord, il n’y a pas un mais des enfants, et nous avons un rôle parental à jouer auprès de chaque enfant…), je dirais que le mieux à faire est d’accueillir sa frustration. Oui, il se peut qu’il pleure, qu’il crie… et la parentalité, ça consiste aussi à aider les enfants à traverser leurs difficultés.
Dans un environnement Montessori, il n’y a souvent qu’un exemplaire de chaque matériel. Lorsqu’un envie désire un matériel qui est déjà pris, cela lui apprend à attendre. C’est bien aussi !

Comment réagir à ce refus de prêter ?

Notre manière d’aborder les choses peut changer la donne. Cela devra cependant être mené avec délicatesse.

1- Accepter

La première étape sera d’accepter le point de vue de l’enfant. Accepter qu’il n’ait pas envie de prêter et ne pas le faire contre son gré. Car ne pas prêter est également une manière pour lui de poser ses limites.
Il sait que ce jouet lui appartient, et qu’il peut décider. (Surtout si c’est vraiment un jouet qui lui est attaché personnellement, type son doudou…)

Lui laisser cette prérogative est une manière de valider son indépendance, son pouvoir de décision.
J’imagine que pour certains parents, cela pourrait s’apparenter à du laisser-faire, ou à de la surprotection.

Ce n’est pas ainsi que je le vois.
Pour moi, ces moments sont des opportunités d’apprentissage de la sociabilisation. Les enfants mettent des années à grandir, années que les parents peuvent mettre à profit pour enseigner ce genre de compétences !
Respecter sa manière de protéger ses jouets, c’est lui enseigner à respecter également notre instruction de ne pas prendre les ciseaux de la cuisine (que je ne retrouve jamais quand j’en ai besoin !!).

Si nous forçons l’enfant à prêter, il y a peu de chances que cela lui enseigne les bonnes raisons de le faire, et qu’il prête lorsque nous ne sommes pas à son côté… Encore une fois, nous touchons ici à la différence entre le contrôle extérieur et intérieur.

En revanche, s’il ne se sent pas jugé et remis en question, l’enfant sera plus ouvert à la phase suivante.
C’est pour moi la meilleure (et même la seule) manière d’accompagner les enfants vers une envie de prêter.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être fin psychologue pour comprendre qu’on n’enseigne pas la générosité en forçant l’enfant !

Note : il va de soi que je fais la différence entre accepter la décision, et accepter certains comportements liés à cette décision.
C’est ok de ne pas vouloir prêter, ce n’est pas ok de faire mal par exemple. Mon enfant doit apprendre à poser sa limite de manière adéquate.
(A nous, parfois, de lui montrer comment… vous savez que les enfants sont très forts pour imiter !)

2- Chercher la cause

Puisque nous acceptons la position de notre enfant, simplement, nous pouvons en parler avec lui. Essayer de creuser les raisons derrière son refus.
S’il a du mal à les formuler, on peut éventuellement l’aider, mais attention à ne pas l’enfermer dans une réponse qui risque ensuite de ne pas être complète.
Ce n’est pas à nous de lui expliquer ce qui se passe en lui !

Lorsque Léon (6 ans tout juste) a refusé de prêter son nouveau camion Mack (son cadeau d’anniversaire) à son petit frère Anatole (3 ans et demi), nous avons discuté sans reproche.
Le cas était très simple : il avait peur que son frère ne le lui abime. Il n’a pas forcément tort ! Anatole est encore un petit garçon qui n’aura pas les mêmes gestes que Léon pour ouvrir et fermer le camion au moment d’y ranger les voitures…

3- Chercher des solutions avec l’enfant

Une fois la raison, ou l’une d’elles en tout cas, éclaircie, on peut chercher des solutions.

Dans mon cas, je savais qu’Anatole n’abimerait pas le camion, je l’avais déjà vu jouer avec.
Mais je n’ai pas répondu cela à Léon, quelle chance aurais-je eue de le convaincre simplement en le lui disant ?
A la place, je lui ai demandé si cela lui serait plus facile si je m’engageais à surveiller Anatole pendant qu’il jouait avec le camion. Et en effet, cette solution convenait à Léon.

Nous nous sommes donc mis d’accord, et Anatole a joué près de moi.
J’ai même fait exprès de lui demander : « Tu fais bien attention au camion de Léon, Anatole ? », alors que Léon était à côté, afin que chacun ait bien confiance en cette « surveillance ».

Si j’avais noté que les gestes d’Anatole manquaient de douceur, j’aurais probablement pris le temps, avec Léon, de lui montrer comment faire. Là encore, l’implication de Léon l’aurait rendu plus réceptif à la démarche.
La vie de famille est un vrai laboratoire pour développer les compétences relationnelles !!
Et au passage, pour nous, de développer nos compétences parentales…

Dans les jours qui ont suivi, ils ont beaucoup joué ensemble avec ce camion, et, quand ce n’était pas le cas, et que Léon était occupé à autre chose, Anatole m’a régulièrement demandé de venir le surveiller parce qu’il voulait jouer avec « le Mack de Léon ».

Si Léon n’avait pas été d’accord avec cette solution, qu’aurais-je fait ?
Je lui aurais demandé s’il avait une autre idée !

Et si nous n’avions pas trouvé d’idée, je ne l’aurais pas forcé. Ce refus de prêter aurait été une opportunité :

  • opportunité pour Anatole, dont je me serais attachée à recevoir l’émotion, de vivre le refus, et d’apprendre à y faire face, à traverser ce sentiment désagréable.
  • opportunité pour Léon de développer son empathie. Car il serait alors témoin de la tristesse de son frère. Cela l’encouragerait peut-être à trouver une solution la fois suivante. (Il arrive d’ailleurs que cette phase-là soit celle pendant laquelle la solution nait !).

4- Jusqu’à ce qu’un jour…

Et puis, inévitablement, vient le jour où ces méthodes positives portent leurs fruits.
Oui, les enfants peuvent évoluer, à condition qu’on leur en laisse le temps !!

Chez nous, cela a eu lieu il y a 2 semaines, c’est à dire un mois et demi après l’arrivée de ce fameux camion Mack à la maison. Nous étions tous ensemble dans le salon, quand Anatole me demande de le surveiller pour jouer.

Je n’ai pas le temps de répondre, que Léon intervient :
« Anatole, en fait maintenant tu as bien compris et tu fais bien attention. Tu n’as plus besoin d’être surveillé. »

Ça y est, mon fils veut bien prêter !

« C’est bien beau, tout ça, mais il faudrait voir à lui poser des limites à cet enfant ! »

Vous êtes persuadés du bien-fondé de vos nouveaux choix éducatifs, mais vos parents ne les comprennent pas.

Depuis que je parle avec des parents engagés sur le chemin de la parentalité positive, il n’est pas rare d’entendre qu’ils se heurtent à des principes différents chez les grands-parents.

Ce n’est pas surprenant : s’il nous faut du temps et de l’énergie pour changer notre posture face à nos enfants, pour briser le modèle reçu, imaginez ce qu’il peut leur en coûter à eux !

D’abord, ils ne comprennent même pas de quoi nous parlons. Certaines choses « normales » ne le sont plus sous notre nouveau prisme, comment peuvent-ils ne serait-ce que s’en douter. Ainsi, mon beau-père n’avait pas conscience du tout de l’impact que sa tape avait pu avoir sur notre Anatole
Laissons-leur un peu de temps également, comme nous nous le sommes donné !

Malheureusement, le sujet est sensible, la discussion pas toujours facile, et j’entends des familles dans lesquelles des solutions radicales sont adoptées : on ne voit plus les grands-parents !

Comment faire pour essayer d’améliorer les choses ?

Le sentiment de culpabilité chez nos parents

Lorsque nous parlons à nos parents de nos découvertes sur le plan éducatif, de nos principes, nous oublions souvent un aspect fondamental, qui nuit à cette conversation : indirectement, implicitement, nous remettons en cause la manière dont ils nous ont éduqués.

Lorsque j’étais jeune maman, portée par ma lecture de L’éveil de votre enfant, je me souviens avoir eu des discussions passionnées sur l’autonomie de l’enfant, sur ce qu’on pouvait l’aider à développer en le laissant en motricité libre, par exemple, ou en le laissant comprendre le fonctionnement d’un jouet sans l’interrompre… et je ne comprenais pas pourquoi je me heurtais à des résistances.

C’est que, tout aveuglée par mon nouveau rôle de maman, j’avais l’impression d’être la première à vivre cela.
J’en avais oublié que les grand-mères de mon fils avait elles-mêmes été mamans !

Maintenant, mettons-nous à la place de ces mères. De deux choses l’une : soit elles parviennent à nous entendre dans notre enthousiasme de parent, sans faire de lien avec ce qu’elles ont pu faire elles-mêmes avec leurs enfants, soit elles tombent d’emblée dans une démarche de comparaison, et notre message sera alors reçu comme : « Vous n’avez pas fait ce qu’il fallait. »
Bam.
Dur à entendre, non ??

Nous savons tous que le parent parfait n’existe pas, et que plus tard, nos enfants partis, nous refléterons probablement sur certaines erreurs commises en cours de route… Cependant, nous espérons également que le sentiment de réussite, celui d’avoir apporté à nos enfants ce dont ils ont le plus besoin pour faire face à la vie à leur tour l’emportera.

Alors, imaginez qu’à ce moment-là, votre enfant vienne vous voir en vous disant : « En fait, il ne faut pas faire comme cela, il vaut mieux faire différemment, parce que votre méthode est nocive… » Qu’il ait raison ou pas, il est normal que ce soit difficile à encaisser.

Nous qui apprenons au quotidien avons régulièrement du mal à nous débarrasser de la culpabilité ressentie à chaque faux-pas. Mais nous savons que nous sommes en phase d’apprentissage, que nous continuons à avancer, que nous aurons mille autres occasions de mieux faire. Que peuvent bien ressentir nos parents pour lesquels le rôle d’éducateur est terminé, et qui n’auront plus d’occasion de faire différemment ? Une culpabilité qu’ils cherchent naturellement à éviter !

Or, si le chemin déjà parcouru m’a bien enseigné quelque chose, c’est qu’avant de pouvoir échanger avec quelqu’un, enfant ou adulte, il faut déjà être connecté à lui. Faire preuve d’empathie.

Ainsi, si vous souhaitez discuter éducation avec vos parents, la première étape fondamentale, c’est de les rassurer sur le fait que vous n’êtes pas en train de remettre en question ce qu’ils eux-mêmes fait. Et pour cela, rien de plus simple que de le leur dire !

« Tu sais, quand je te parle de nos principes d’éducation, je ne remets pas en cause ce que vous avez fait avec nous… D’abord parce que les époques sont différentes, la société dans laquelle nous grandissions n’est pas celle dans laquelle nos enfants grandissent ; ensuite parce que les recherches en neuro-sciences permettent de mieux comprendre certaines choses que nous ignorions avant. Je ne doute pas que vous avez fait du mieux que vous avez pu. Vous avez plus d’expérience que nous, et vous jugez peut-être que ces nouveaux principes sont une mode. C’est possible. De toute façon, il n’y a pas de recette miracle, et les parents essayent toujours de faire au mieux avec leurs enfants. Pour nous, faire au mieux, c’est suivre ces principes d’éducation positive.  Alors, nous aimerions que vous nous souteniez dans cette démarche. »

Ecouter leurs craintes pour leurs petits-enfants

Deuxième point important : le bénéfice du doute. Essayons de faire preuve envers nos parents de la même bienveillance que celle dont nous voudrions toujours faire preuve envers nos enfants.

Vous allez vite comprendre le parallèle. Et si nous décidions que nos parents n’agissent pas contre nous, mais plutôt poussés par un autre besoin ? (Vous voyez la démarche ? Vous la reconnaissez ?)

Ainsi, cherchons donc quel pourrait être le besoin du grand-parent, qui s’oppose à nos méthodes éducatives.
La première explication possible, c’est celle que nous avons évoquée au paragraphe précédent : ne pas culpabiliser des choix éducatifs qu’ils ont eux-mêmes faits.

La deuxième, parce que les grands-parents aiment tendrement leurs petits enfants, pourrait être que, continuant à croire en leurs principes, et pensant sincèrement que nous nous trompons, ils ont peur de l’effet que nos expérimentations pourraient avoir sur nos enfants. Ils aimeraient aider. Vraiment.

Dans ce cas, c’est compliqué, parce qu’ils n’auront probablement pas l’énergie de passer autant de temps que nous pour comprendre les raisons derrière nos principes éducatifs, mais nous pouvons là encore échanger avec eux.
« J’ai l’impression que dans le fond, tu as un peu peur que nous soyons en train de faire fausse route, et que nos enfants en pâtissent, c’est bien ça ? »

« De mon côté, je crois très fort en ce que nous avons entrepris, et en même temps, j’aimerais garder une bonne relation avec toi. Crois-tu que tu serais d’accord pour en apprendre un peu plus sur ce que nous cherchons à mettre en place ? »

Si la réponse est positive, ce que j’espère, allez-y doucement. Choisissez bien vos sujets, vos exemples. Et écoutez également. Même si vous n’êtes pas vraiment d’accord. Ce que vous dites fera son chemin, doucement, et vous pourrez reprendre cette conversation, régulièrement !

(Et entre-temps, envoyez-les sur ce blog !!)

Ne pas être sûr de soi…

L’un des pièges dans lesquels nous tombons lorsque nous faisons face à des personnes qui remettent nos croyances en cause, c’est de les affirmer encore plus fort, pensant que cela nous donne plus raison.

Ainsi, on explique que nos méthodes sont meilleures parce que…   , que nos enfants sauront être autonomes parce que… , que les parents qui crient n’ont pas compris…

Seulement, dans ce contexte, nous oublions que nous ne sommes pas des parents parfaits. Nous voudrions tellement démontrer notre propos que nous nous mettons sous tension au moment où nous sommes devant nos parents, soucieux de leur montrer un mode éducation sans faille. Comme si nous n’étions pas également en train de nous chercher, de définir encore le bon équilibre entre la fermeté et la bienveillance.

Pourtant la réalité est bien celle-là : nous ne montrons pas toujours le modèle qui convaincra notre auditoire, et c’est un stress supplémentaire d’avoir nos parents à nos cotés, prêts à mal interpréter tout échec de notre part.

Une fois encore, je crois que la sincérité est la seule voie hors de ce conflit.

« Je suis ravie d’appliquer de plus en plus chez nous des principes de parentalité positive, qui répondent vraiment à mes valeurs, et à ce que je voudrais développer chez nos enfants. Seulement, apprendre à changer mes manières de faire, par rapport à une société qui fonctionne encore beaucoup selon un schéma adulte-enfant vertical, et emploie régulièrement des violences éducatives n’est pas facile. Ainsi, je progresse, mais je rate encore, régulièrement.

Quand je suis chez vous, j’ai tellement l’impression que vous allez juger ce que je fais que je me sens encore plus stressé(e). Alors, je voudrais vous dire simplement que le fait que je sois engagé(e) dans cette voie ne signifie pas que je ne ferai plus d’erreur. Brisant les modèles répandus, nous cherchons encore à nous définir à partir de rien, et ce n’est pas facile. Ainsi, parfois, vous me verrez complètement débordé(e) par la situation. Ca ne remet pas en cause mon mode d’éducation. Ca devrait au contraire m’encourager à apprendre encore, à progresser. J’espère que vous le comprendrez. »

Notre relation avec nos parents, notre relation avec nos enfants – le plus précieux

Avant de conclure cette réflexion, je voudrais insister sur ce qui est au coeur de ces interrogations. Les vraies raisons pour lesquelles la situation peut poser problème. Parce que c’est souvent en prenant le temps de revenir à l’essentiel qu’on peut enfin avancer clairement.

Au coeur de toutes ces interrogations, donc, que trouvons-nous ?

Nous trouvons notre relation avec nos enfants, d’abord. Celle qui nous encourage à évoluer, au quotidien, à nous surpasser, à devenir meilleur chaque jour.

Nous trouvons notre relation avec nos parents, également. Celle qui nous a aidés à grandir, que cela ait été selon nos principes ou non. Celle que nous aimerions garder, qui continue à compter.

Et si nous le leur disions ?

« Papa, maman, quand nous nous opposons autour de l’éducation des enfants, je me sens triste, parce que j’ai besoin d’harmonie dans ma relation avec vous, ainsi que dans celle avec mes enfants. Pourrions-nous trouver ensemble une méthode pour que cela fonctionne ? »

Oui, incluons nos parents dans cette réflexion ! Après tout, ils sont autant acteur de notre relation que nous le sommes. Tout comme nous l’enseignons à nos enfants, développons avec eux la recherche de solution, celle qui permet d’écouter chacun, et de trouver un fonctionnement qui peut concilier les besoins de tous.

Et si vraiment cela ne marche pas, alors nous pourrons nous interroger sur ce qui est le plus précieux pour nous :
Continuer à entretenir une relation nuisible avec des parents qui refusent le dialogue sur ce thème si fondamental pour nous, ou protéger notre relation avec nos enfants, en accord avec nos valeurs ?

Parfois, la vie nous amène à des choix difficiles, et c’est pourquoi je voudrais vous encourager à tenter tout ce qui a été proposé avant de songer à des solutions plus définitives.

Et de votre côté, comment ça se passe ? Vos parents soutiennent-ils vos choix éducatifs ?
Avez-vous pu en parler avec eux ?

Lorsque nos enfants se comportent mal, nous interprétons souvent leurs actes comme dirigés contre nous.

Hier, par exemple, une amie (à laquelle je dédicace cet article, né de ma conversation avec elle) me racontait comment son neveu, de presque un an, faisait exactement ce que sa mère venait de lui interdire de faire, tout en la regardant dans les yeux.
Interprétation de la maman : il est en train de me provoquer !
Mais non, il peut y avoir plein d’explications derrière le comportement d’un enfant !

Voyons donc comment évoluer dans notre manière de considérer son comportement.

Première étape : arrêter de penser que le comportement est dirigé contre nous.

C’est dur à admettre, parfois, mais c’est la réalité : l’enfant a son propre monde, ses propres besoins, ses propres fonctionnements, et nous n’en sommes pas toujours le centre.

Dans le cas ci-dessus, il peut y avoir plusieurs explications (merci Isabelle Filliozat)

Dans tous les cas il le fait POUR lui, et non CONTRE nous.

On peut même aller jusqu’à dire, comme l’explique bien cet article de Parents Naturellement – attention âmes sensibles –  que les caprices n’existent pas !

Deuxième étape : prendre du recul

Une fois que l’on accepte que le comportement n’est pas dirigé contre nous, il faut réussir à sortir de la réaction. Il s’agit plutôt de faire une pause, c’est le S de la méthode STAR proposée par Elizabeth Crary.

Face à l’enfant, plutôt que de s’entêter à chercher à lui faire faire ce qu’on lui demande, marquer un temps et faire mentalement un pas en arrière pour comprendre le contexte.

Ainsi, ce matin, j’ai observé mon Anatole. (3 ans et demi).
D’habitude, c’est surtout moi qui supervise la préparation des plus jeunes avant le départ à l’école. Depuis peu, mon mari et moi avons établi qu’une fois par semaine, il s’en chargerait (préparation et accompagnement à l’école), pour que je puisse partir tôt marcher sur la plage.
Ce matin donc, alors que je m’apprête à partir, je vois mon mari qui explique à Anatole – qui dessine plutôt que de s’habiller – qu’il est en train de perdre patience…
Anatole est bloqué, et dit que lui aussi, il “commence à perdre patience”.
La suite n’est pas difficile à prévoir !!

Je m’attarde donc pour réfléchir avec un peu de recul (toujours plus facile quand on n’est pas la personne impliquée) : les horaires de l’école ont changé depuis 2 jours, les enfants ont une demi-heure de moins le matin. Je viens d’annoncer que je sortais, sans avoir pris de temps avec lui. Anatole n’a pas eu son moment de calme avant l’entrée dans le rythme du matin. C’est clair. Et plus son père s’oppose à lui, plus il aura besoin de montrer qu’il peut également s’opposer, parce qu’il manque de connexion avec nous ce matin.

Troisième étape : changer la dynamique

C’est une chose de comprendre le contexte, ensuite la difficulté reste : comment s’en sort-on ?
Probablement l’étape qui demande le plus de travail, celle pendant laquelle, à court d’idées, on se sent le plus impuissant !!

Quelques idées dans notre besace cependant :

  • indiquer à l’enfant une manière d’être utile

L’enfant aime être impliqué, il aime se sentir utile. Lui proposer d’agir le permettra de sortir de son blocage, car au lieu de nous opposer à lui, nous l’incluons, nous recréons la connexion.

  • basculer dans le jeu ou l’humour

Ah… la parentalité ludique… Souvent très utile pour sortir des situations de blocage. Là encore, cela crée une connexion, et nous sortons de l’opposition. Ce matin, face à Anatole, j’aurais pu par exemple m’exclamer : “Attention, la fusée va décoller ! voooouuu…” en le saisissant et le faisant voler vers sa chambre. “La fusée est en recherche de vêtements…vooouuu”…   Encore faut-il être d’humeur…

  • remplir le réservoir affectif de l’enfant

C’est la solution pour laquelle j’ai opté ce matin : compte-tenu de ce que j’avais réalisé lors de ma prise de recul à l’étape précédente, j’ai pensé que ce petit avait besoin de tendresse plutôt que d’instructions.
Je me suis donc approchée, et lui ai dit : “J’ai l’impression que mon Anatole a besoin d’un câlin, c’est ça ?”
Comme il a acquiescé, je lui ai fait un câlin. Et je sais ce que vous pensez : que c’est bien joli tout ça, mais que le matin, on n’a pas le temps de s’arrêter pour un câlin ! Sauf que c’est faux : si je ne m’arrête pas pour le câlin, je sais que le reste prendra plus de temps, et au final, j’y perdrai.

C’est ça aussi la parentalité positive : savoir investir son temps !! En fait, il a eu besoin de deux câlins. Puis, il a quitté son masque d’opposition, et s’est mis à se déshabiller. Je suis partie, et Nicolas (mon mari) m’a ensuite dit que tout s’était très bien passé.

Quatrième étape : si le comportement se répète

Dans ces cas-là, je crois qu’il convient de prolonger encore la 3ème étape.

Je garde en tête une image vue en formation de discipline positive : celle d’un iceberg.
L’image servait à illustrer le fait que le comportement n’était que la partie immergée d’un problème probablement plus large, et plus enfoui. C’est au dessous de l’iceberg qu’il faut essayer de s’attaquer.

Car, je reprends cette fois l’un des principes d’Adler : “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”

En fait, c’est comme pour nous, si on y réfléchit bien !

Il y a les moments où tout va bien, où les personnes autour de nous réagissent comme nous le voudrions, ou, en tout cas, comme nous nous y attendons, et nous arrivons à nous comporter en accord avec nos valeurs, à utiliser nos compétences de parents positifs, et puis il y a ceux où rien ne va plus, où nous nous sentons impuissants, où nous sommes découragés ! Il suffit alors d’un rien pour que toutes nos compétences volent en éclat, et que nous fassions tout ce que non seulement nous savons que nous ne devrions pas faire, mais que, de surcroît, dans le fond, nous n’avons pas envie de faire !!

En CNV (Communication Non Violente, merci M Rosenberg !), on apprend que nos sentiments sont des indices de nos besoins nourris ou non nourris. Pour réussir à faire en sorte que notre enfant ne se sente plus découragé, il faudrait donc trouver quel est son besoin non nourri !

D’où l’étape suivante :

Cinquième étape : revenir aux nécessités de base

Une fois les besoins de survie remplis (eau, nourriture, sécurité), “Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

En considérant le comportement de l’enfant sous cet angle, nous pourrons probablement adapter notre comportement pour nous adresser plus directement à la source du problème.

Alors, parce que ça en vaut décidément la peine, prenons le temps de rappeler ce que signifient ces concepts d’appartenance et d’importance.

(J’ai simplement fait ici, je l’avoue sans honte, un copier-coller de mon article sur les nécessités de base des enfants…)

Appartenir

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !

On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.

(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance 

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?
Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

“On aide mieux en aidant moins” écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.

Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!

A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?

Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.

On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Pour conclure

Je vous invite à prendre quelques minutes, là, tout de suite, à réfléchir au dernier conflit que vous avez eu avec votre enfant, et vous poser la question : quel était son besoin à ce moment-là ? Comment pourrais-je faire pour l’aider à appartenir et avoir de l’importance ?

C’est à vous !