Il règne souvent une grande confusion entre ces termes, qui désignent pourtant des concepts différents. Il y a bien une différence entre sentiment et émotion, entre sensation et sentiment ! 

Certes, il s’agit de recevoir tant les émotions que les sentiments, mais cela reste intéressant de savoir de quoi l’on parle. Surtout dans un contexte dans lequel l’intelligence émotionnelle est de plus en plus considérée et encouragée.

Je vais donc vous parler ici des émotions primaires, de ce qui provoque les émotions, de comment reconnaitre les sentiments, de sensations corporelles, etc…

Note : Cet article est le premier de ma série d’extraits de « La grammaire des émotions« , formation de l’école d’Isabelle Filliozat (EIREM) .
(Ces explications ne remplaceront pas les expériences émotionnelles vécues pendant le stage, mais à défaut, elles permettent d’en approcher l’aspect informationnel.)

Sensation

Commençons par le plus simple : une sensation est quelque chose que l’on ressent physiquement : le coeur qui bat, la gorge nouée, les larmes aux yeux, les mains moites, les tremblements…

Ces sensations sont des informations, et notre corps ne ment pas. La question est de savoir si nous sommes à l’écoute de ces sensations.
(Je me souviens de mes premières séances de méditation guidées. Je ne savais pas dire ce que je sentais, et j’ai d’ailleurs toujours du mal à le faire !)

Dans notre vie, nous ressentons des tas de sensations qui ne sont pas liées aux émotions !
Par exemple, quand je cours, j’ai le souffle court et j’ai chaud, pas vous ?

Mais il y a également des sensations qui sont réellement les réactions physiologiques déclenchées par des émotions, et elles ont été étudiées.
Je vous les retranscris un peu plus bas, après vous avoir expliqué ce que sont les émotions…

Emotion

Une raison d’être

L’émotion a une fonction. Une vraie fonction bio-régulatrice.
Il n’y a pas d’émotion positive et d’émotion négative ; il y a une réaction émotionnelle à une situation.

Voyons comment elle fonctionne, afin que vous puissiez décoder tout le processus émotionnel.

Les différentes phases d’une émotion

Une émotion (é – extérieur + motion – mouvement : un mouvement vers l’extérieur) est une réponse brève à un stimulus extérieur. Elle ne dure pas plus de 2 minutes.

La situation dans laquelle nous sommes joue le rôle de déclencheur, ou de stimuli, et notre corps libère des hormones qui correspondent à cette situation : c’est la charge.

Ces hormones dépendent de l’émotion, car a une raison d’être, une fonction bio-régulatrice, pour permettre une réaction spécifique.

Alors, notre corps se prépare à réagir, se mobilise, c’est la tension.

Enfin, une fois le danger écarté, ou la situation (ce qui a déclenché l’émotion) solutionnée,  le corps a besoin de revenir au calme : c’est le moment où l’émotion doit être exprimée, sortie, c’est la décharge.

Comme la décharge est l’expression de l’émotion, c’est la seule partie qui se voit. On a donc parfois tendance à confondre l’émotion avec sa seule décharge.
Or, la décharge, surtout chez les enfants qui n’ont pas encore développé leurs capacités d’auto-régulation, est parfois désagréable à entendre.
Voilà pourquoi certains parents ne laissent pas les enfants exprimer leur émotion.
Voilà pourquoi certains parlent encore de « contrôler les émotions », avec l’idée en fait de les refouler.

Seulement, le fait d’interdir cette décharge n’éliminera pas l’émotion elle-même dans ses premières phases : la charge et la tension.
Si la décharge n’a pas lieu, le corps reste en tension, et sous stress, ce qui aura probablement des conséquences plus néfastes !

L’expression des émotions n’est pas nécessairement inappropriée, et elle aide à se remettre de ces émotions…

Note : parfois, les émotions ne sont pas réellement cohérentes avec la situation. Ou que l’intensité de l’émotion soit disproportionnées.
Ce sont dans ce cas des réactions émotionnelles parasites, des émotions complexes pour lesquelles je vous invite à lire l’article spécifique.

Un nombre limité d’émotions

Les émotions désignant bien ces signaux d’alarme brefs, et nécessaires, elles ne sont en fait pas nombreuses.

En fonction de la littérature, le nombre de ces émotions varient, mais les variations en sont limitées.

En fait, on retrouve toujours les émotions « de base », ou émotions fondamentales :

  • la joie
  • la tristesse
  • la colère
  • la peur

auxquelles, selon les auteurs, on peut ajouter tout ou partie des émotions suivantes :

  • le dégout
  • la honte
  • l’amour
  • la surprise

(Dans la liste de la formation de « la grammaire des émotions » de l’EIREM, donc selon Isabelle Filliozat, seule la surprise ne figure pas, car elle n’a pas besoin d’être suivie par une décharge. Je ne me permettrai pas de donner pas mon point de vue sur ce détail, qui me dépasse encore…)

On pourrait croire que ce nombre limité permet de facilement reconnaitre ses émotions, mais ce n’est pas si facile… car il arrive aussi que plusieurs émotions se mélangent !

Enfin, comme nous allons le voir, les émotions peuvent également évoluer en sentiments.

Sentiment

Question de durée

Le sentiment s’installe plus dans la durée. Il n’est pas dépendant d’un stimulus extérieur, d’une situation précise.

On peut ainsi se sentir confus, tendu, désorienté, léger, embarrassé, jaloux, enthousiaste… Le sentiment peut être simple ou complexe (un mélange d’autres sentiments, ou découlant du refoulement d’une émotion), et sa durée peut varier du tout au tout. (Toute la vie parfois !)

Reconnaitre ses sentiments

Bien sûr, une fois qu’on a dit ça, on comprend mieux qu’il est plus difficile de mettre des mots sur nos sentiments.

Nommer une émotion est une chose, nommer un sentiment est plus subtil.

Cela demande en fait un certain entrainement, et je ne peux dire ça sans évoquer la possibilité d’une vraie démarche d’auto-empathie

Note : si vous sentez, comme moi, que nommer vos sentiments peut vous aider, vous pouvez vous procurer mes cartes sentiments, et mener les activités proposées autour du vocabulaire émotionnel avec vos enfants.

Sentiments mêlés

Attention : L’une des choses que l’on apprend en CNV – et vous le verrez dans le livre de Marshall Rosenberg, Les mots sont des fenêtres – est que certains termes que nous prenons pour des sentiments, parce que nous avons pris l’habitude de les exprimer en commençant par « je me sens », sont en fait des sentiments mêlés, c’est à dire qu’au lieu de simplement décrire comment nous nous sentons, nous y cachons un jugement, ou une interprétation de la volonté de l’autre.
Ainsi : je me sens « abandonné » (= Tu m’abandonnes), je me sens « incompris » (= Tu ne me comprends pas), je me sens agressé… ne sont pas des sentiments !!

Les émotions peuvent aussi être des sentiments

Je vous entends d’ici : « Mais je peux aussi me sentir triste sur une plus longue durée ! ».

En effet, les émotions peuvent aussi être à la source de sentiments. Ou plutôt le sentiment peut-être lié aux émotions, en étant un prolongement de l’émotion.

Je crois que l’exemple qui l’illustre le mieux est celui de l’amour : nous pouvons ressentir de l’amour (sentiment), en continu – ou presque ! – pour notre conjoint. Mais, au moment précis où celui-ci nous regarde dans les yeux, en nous disant « je t’aime », la chaleur que nous ressentons est le signe de l’émotion d’amour ! Elle est bien différente ! Et cette émotion, en effet, est brève…

Le lien entre émotion et sensations

Lorsqu’une émotion envahit notre corps, celui-ci réagit, et nous avons alors des sensations qui y sont liées.
Des études ont été menées pour faire le lien entre ces sensations et les émotions.

Connaitre le lien entre les deux peut nous aider à mieux comprendre nos émotions, en écoutant notre corps (comme si c’était facile…).

Les sensations habituelles liées aux émotions

Les voici, telles que décrites dans la formation de la EIREM.

Peur : accélération cardiaque, sensation de froid, chair de poule, mains moites, pâleur…
Colère : accélération cardiaque, sensation de chaleur, poings serrés, tensions dans la mâchoire, sourcils froncés…
Tristesse : baisse du rythme cardiaque, baisse de l’énergie, pleurs
Amour : chaleur dans la poitrine, détente dans tous les corps, rosissement du visage…
Joie : respiration ample, élan dans tout le corps, envie de sauter, pleurs !
Dégoût : lèvre supérieure retroussée, nez plissé, nausée…
Honte : chaleur, augmentation rythme cardiaque, yeux baissés…

Reconnaitre les émotions par leurs manifestations

Vivre nos émotions, c’est forcément en sentir les effets.
Comme quand je sens mes joues rouges au moment où je fais face à ma peur.

Non seulement ces manifestations peuvent être des indices pour nous (plutôt que de me raconter que je n’ai pas peur), mais cela donne un signal aux autres.
C’est une manière qu’a mon corps d’extérioriser mes émotions.

Et c’est vrai dans l’autre sens : parfois, c’est l’expression faciale de l’autre qui m’informe d’une émotion qu’il aurait plutôt essayé cacher…

Les raisons fonctionnelles de nos émotions

Comme écrit plus haut, chaque émotion a sa raison d’être. Elle a une fonction bio-régulatrice.
Avancer dans la compréhension des émotions, c’est aussi voir ce qui peut se cacher derrière.

Finalement, c’est cette fonction de l’émotion qui explique le concept même d’émotion !

Quand et pourquoi ressent-on des émotions ?

Reprenons encore une fois la liste des émotions, et voyons quand elles peuvent intervenir, et pourquoi elles sont là.

Peur
quand : danger
fonction : assurer sa protection

Colère
Quand : frustration, blessure, un peu d’injustice
fonction : restaurer son intégrité, établir ses limites, restaurer la relation

Tristesse
Quand : séparation, perte
Fonction : accepter, faire le deuil

Joie
Quand : rencontre, succès, liberté
Fonction : réunir, favoriser l’apprentissage, donner sens à la vie

Dégoût
Quand : injustice, viol
Fonction : restaurer la justice, avoir conscience de ses valeurs, rejeter – se purifier

Amour
Quand : intimité
Fonction : se sentir relié, nourrir l’attachement

Honte
Quand : humiliation, rejet
Fonction : éviter de blesser autrui, être accepté dans le groupe social

Ce que ces raisons m’apprennent

J’aime penser que cette liste m’aide à mieux comprendre mes émtoions.

Ce qui est sûr, c’est qu’elle m’aide à intégrer l’idée que les émotions ont une vraie raison d’être.
Je comprends donc mieux que lorsqu’on ressent des émotions, l’idée n’est pas de les contenir ou de les refouler, mais bien de les entendre.
Cela ne signifie pas forcément qu’il va falloir verbaliser nos émotions, mais au moins, si on veut pouvoir réguler ce qui se passe en nous, on peut commencer par les reconnaitre. Et cela demande de vraies compétences émotionnelles.

Si ce sujet vous intéresse, et que vous voulez en savoir plus sur toutes ces émotions, je vous suggère

L’interêt de faire la différence entre émotion et sentiment

Au delà de l’aspect satisfaisant (pour moi en tout cas) de savoir de quoi l’on parle, on peut se poser la question de la pertinence ou du moins de l’interêt de savoir distinguer émotion, sensation, et sentiment…

Accueillir

Partons de ce dont on parle le plus en éducation positive : l’accueil des émotions.

Le principe d’accueil et d’écoute, que j’ai découvert d’abord en lisant Faber et Mazlish, est valable aussi bien pour les émotions que pour les sentiments.
Nul besoin de faire la distinction pour se mettre à l’écoute de ce qui est vivant chez l’autre.

En Communication NonViolente, cette distinction n’est d’ailleurs pas faite non plus – toute émotion ou sentiment étant considéré comme l’indice d’un besoin nourri ou non nourri.
J’ai même assisté à un séminaire animé par Thomas d’Ansembourg où la question lui était posée, et visiblement, la différence n’était pas claire pour lui.

Le temps de pause

Là où cette différence peut cependant nous aider dans notre démarche, c’est dans l’approche de la décharge de l’émotion.

Quand on comprend que les comportements liés à l’émotion ne sont pas l’émotion elle-même, on peut alors s’intéresser à d’autres expressions émotionnelles.

Ce que beaucoup appellent « gérer ses émotions ». Oui, la « gestion » des émotions concerne réellement les émotions, pas les sentiments.
Celles qui arrivent suite à un stimulus, et qui ne sont pas là pour durer.

C’est une bonne nouvelle : ça veut dire que, à défaut d’autre chose, le temps au moins permettra d’apaiser les choses.
D’où l’importance du temps de pause quand on se sent débordé.

Et ça, en tant que parent, ça me semble bien utile de l’avoir compris, tant pour nos propres émotions que pour celles de nos enfants !

Le premier livre d’éducation que j’ai vraiment lu, c’est celui-ci : L’éveil de votre enfant, de Chantal de Truchis-Leneveu, il y a déjà 15 ans de cela !
Cela faisait donc un moment que je voulais en faire ici un bref résumé, et que, prise par autre chose, ce résumé restait en bas de ma liste.

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Je saisis aujourd’hui l’opportunité du carnaval d’articles (c’est à dire un thème traité à la fois par plusieurs blogueurs) lancé par Sonia, du blog Danse prénatale sur le thème “LE livre à lire pendant votre grossesse”.

Si je n’ai pas lu ce livre à proprement parler pendant la grossesse, je l’ai lu lorsque mon aîné avait tout juste quelques mois, et il m’a énormément apporté.

En particulier, sur le thème de l’autonomie.

En avant-propos, l’auteur, Chantal de Truchis-Leneveu, explique que le fondement de ce qu’elle présente dans son livre découle des principes observés et décrits dans la pouponnière de Loczy. Je sais que cet exemple de Loczy est aujourd’hui présenté aux psychologues et autres professionnels de la petite enfance, et c’est pourquoi je le précise ici.

Principe fort : l’enfant est acteur de son développement. 

Sommaire de l’éveil de votre enfant

Afin que vous ayez une meilleure idée du contenu du livre, en voici le sommaire.

Chapitre 1 : Découvrir un bébé
Chapitre 2 : Les soins quotidiens, moments privilégiés d’échange
Chapitre 3 : Le temps éveillé ou la liberté de mouvements et d’activités
Chapitre 4 : Les jouets et les aménagements
Chapitre 5 : Le droit à l’émotion
Chapitre 6 : L’apprentissage de la réalité et de la vie sociale
Chapitre 7 : Séparation, histoire de toute vie humaine
Chapitre 8 : Accueil, mode d’emploi
Chapitre 9 : Et pour nous les parents ?

Tous les chapitres sont intéressants, en particulier parce qu’ils invitent à un nouveau regard sur l’enfant, à plus d’écoute et d’échange.

Une introduction à la parentalité positive ?

En reprenant ce livre, que je n’ai pas lu depuis des années, je suis surprise d’y voir toute une partie sur le droit à l’émotion. Et en particulier ce sous-titre, qui me semble si important aujourd’hui : “Parler ne supprime pas la difficulté”. Ainsi, l’auteur encourage à l’écoute de l’émotion, à son acceptation, principe même de l’éducation positive. L’avais-je compris à l’époque ?

De la même manière, je trouve dans le chapitre 6 une présentation brève de “Trois conceptions de l’éducation” :
Penser que l’on doit dresser l’enfant
Penser que l’on a à aider l’enfant à comprendre le pourquoi des exigences
Adopter le laisser-faire

Quel lien fort entre cette liste d’options, et le positionnement de la parentalité positive, ni autoritarisme, ni permissivité ! Même si ce livre ne développe pas complètement les principes de parentalité positive, nous voyons bien que nous y sommes déjà un peu ! Je comprends que ce livre m’ait tant parlé à l’époque.

Mais ce que j’ai le plus retenu de ce livre, ce que j’ai le plus appliqué, c’est tout ce qui touche à la liberté de mouvements, et aux activités.

La motricité libre

Dans ses premières années de vie, l’enfant développe sa motricité de manière époustouflante. Et nul besoin pour cela de l’y encourager. En revanche, il est bon de ne pas l’entraver.

J’ai retenu ainsi deux principes fondamentaux :
1- ne pas mettre l’enfant dans une position qu’il ne maîtrise pas (assis sur un canapé coincé par des coussins, posé sur une balançoire…)
2- ne pas le mettre en position de dépendance de l’adulte dans ses mouvements

Deux exemples concrets pour illustrer ce dernier point, qui pour moi est fondamental puisqu’il relève autant du développement que de l’autonomie de l’enfant :

Le toboggan

Tout comme l’explique Floriane dans son article sur l’autonomie du tout petit, dans la partie sur la motricité libre, nul besoin de mettre l’enfant sur le toboggan avant qu’il soit capable d’y monter. Ce n’est pas que l’enfant ne l’apprécierait pas, mais il serait alors dans une relation de dépendance totale par rapport au parent : impossible de renouveler l’expérience sans l’adulte.

Or, l’enfant est tout aussi content de développer sa motricité en apprenant à monter sur la première marche du jeu, à passer le pont… Et lorsque, enfin, il saura monter seul jusqu’en haut du toboggan, son bonheur à le descendre en sera décuplé. Alors, vous pourrez vous réjouir pour lui de le voir remonter, seul et capable, pour recommencer !

La marche

Lorsque nous expliquions que nous ne voulions pas prendre les mains de notre fils pour l’aider à marcher, les gens nous regardaient comme des extra-terrestres… Et c’est bien dans ce livre que j’ai lu cette idée. En fait, l’enfant a déjà bien à faire en apprenant à se mettre debout seul, en apprenant à passer les obstacles à 4 pattes, à descendre les escaliers à reculons, etc… Il se mettra à marcher lorsqu’il sera en mesure de marcher, simplement.

Je ne sais pas bien ce qui nous pousse, en tant que parent, à vouloir accélérer cette étape. Une fierté mal placée ?? Pourtant, nous n’encourageons pas la marche ainsi, au contraire, car l’enfant développe alors de mauvais appuis en se pendant à nos doigts, en plus d’une totale dépendance tant que cette étape n’est pas terminée.

L’avantage de cette indépendance : 

Comme mes enfants n’allaient que là où ils pouvaient aller seuls, ils ont pu seuls découvrir leurs limites. Lorsqu’ils montaient quelque part, je n’avais pas peur. Je savais qu’ils avaient pris les bons appuis, qu’ils avaient confiance en eux-mêmes, qu’ils maitrisaient ce qu’ils faisaient.

Et même plus tard, nous avons gardé ce principe : si mon fils me demande de le monter dans l’arbre, je lui dis : “Tu peux monter où tu veux tant que tu le fais seul. Si tu ne peux pas le faire sans aide, c’est que c’est encore trop dangereux pour toi.”

Pour l’aspect pratique, le livre liste et décrit des tas d’aménagements et d’activités pour l’enfant en fonction de son âge, de 0 à 20 mois.

Et également…

Pour terminer, l’auteur soulève des questions importantes pour le quotidien de l’enfant :
les moments de séparation
les structures d’accueil, voir comment il y sera accueilli et respecté
et ouvre enfin sur l’attitude du parent, et sur son propre vécu.

Ainsi, je ne peux que conseiller aux futurs parents et aux parents de jeunes enfants de lire ce livre, qui vous aidera énormément en terme d’accompagnement de votre enfant vers son propre développement.

Et lorsque vous l’aurez lu, venez donc m’en parler ici !

– Cet article présente l’un des TED Talks que j’ai aimés –

Alors que je préparais mon bref compte-rendu du livre The concious parent, de Shefali Tsabary, j’ai eu l’idée d’en chercher un peu plus sur cette psychologue et son travail.

C’est ainsi que j’ai découvert ce TEDx talk, dans lequel elle prône un réel changement dans notre attitude de parents.

Complètement en ligne avec l’éducation bienveillante, Shefali Tsabary encourage les parents à être conscients !

Avertissement : à l’heure où je partage ce lien, les sous-titres francais ne sont pas encore disponibles.

Ce livre m’a été prêté par une maman de l’un de mes ateliers, et j’ai pris plaisir à le parcourir.

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Comme j’en avais déjà beaucoup dans ma besace, je l’ai un peu lu en diagonale, et ne pourrai donc vous un faire un résumé par morceaux comme j’aime bien les faire, mais j’ai quand même pris notes de certaines idées intéressantes.

Il semble que ce livre n’ait pas encore été traduit, mais si ce que j’en note vous intéresse, un autre livre du même auteur existe en francais : Parents, enfants : grandir ensemble

Voici donc les idées que j’ai aimées dans ce livre :

Accepter notre enfant tel qu’il est, savourer les moments

Saisir les opportunités de transmettre notre amour, sans raison.

L’enfant est en recherche de lui-même. Laissons-lui du temps pour s’ennuyer et se découvrir. Trop faire empêche d’être.

L’importance de se connaitre en tant que parent, de s’écouter : écouter sa respiration, écouter le silence, écrire un journal…

Exprimer sa gratitude envers l’enfant

Recevoir les erreurs, les célébrer !

Enseigner est plus efficace que punir : la punition peut arrêter le comportement, mais n’inspire pas à le remplacer par un comportement plus adéquat…

Réfléchir à notre responsabilité dans le comportement des enfants

Et pour terminer, l’idée que nous pouvons progresser ensemble, en tant que société, en gardant ces principes à l’esprit.

  • Quand on ne valide pas les émotions, on leur enseigne à ne pas prêter attention aux émotions des autres
  • Quand on récompense le succès et qu’on blâme les échecs, on leur enseigne à ne pas essayer si on craint de ne pas réussir
  • Quand on remplit notre temps d’activités, on leur enseigne à être distrait
  • Quand on s’énerve face à la vérité, on leur enseigne à mentir…

Pour écouter Shefali Tabary, je vous encourage, si vous comprenez bien l’anglais, à voir son TEDx talk.

Cet été, j’ai eu cette opportunité extraordinaire de passer 3 jours à Autun, en Bourgogne, pour assister au festival : Les Rendez-vous de Juillet 2017, un festival de journalistes, proposant des tas de thèmes passionnants !

Révolutions dans l’éducation

Le thème qui m’avait attirée là : “Révolutions dans l’éducation”.
C’est assez ironique d’ailleurs, parce que j’en avais entendu parler des mois avant, avec l’annonce d’une intervention de Catherine Gueguen, et finalement, entre le moment où je m’étais acheté mon pass de 3 jours (dans l’ignorance du programme précis à l’époque), et le moment de la programmation, son nom avait disparu de la liste ! Je n’ai jamais su pourquoi…

Cependant, il restait, sur ce thème, comme intervenantes principales :
Céline Alvarez – Les lois naturelles de l’enfant
Eline Snel – Calme et tranquille comme une grenouille
Isabelle Filliozat – Parentalité positive

Je ne regrette pas de m’être rendue à Autun pour cette occasion !! Le programme de “Révolutions dans l’éducation” était : ces 3 conférences, dans cet ordre, à 2 reprises (le vendredi matin, et le dimanche matin) ; et la projection d’un documentaire sur le décrochage scolaire, suivie d’une discussion avec sa réalisatrice.

J’ai donc assisté aux trois conférences le vendredi, (avec ma complice Gwen, du blog Petit bout par petit bout) puis suis retournée voir Céline Alvarez le dimanche.
J’ai évidemment pris quantité de notes, d’où je sors mes comptes-rendus !

Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence de Céline Alvarez
Cliquez ici pour lire le compte-rendu de la conférence d’Eline Snel
compte-rendu de la conférence d’Isabelle Filliozat encore en préparation

Quant à la projection, elle s’intitulait “Décrochage”.
Il s’agit d’un documentaire réalisé par Virginie Saclier, suite au décrochage scolaire de son fils en 4eme.
Le documentaire présente ce qu’est le décrochage, et montre quelques initiatives cherchant à lutter contre celui-ci. En parrallèle, il donne la parole à plusieurs enfants concernés par ce décrochage (dont le fils de la réalisatrice), quasiment tous au niveau collège. Ces enfants nous partagent leur hisoire, leur vécu, leurs ressentis, et c’est poignant.
On touche du doigt le cercle vicieux dans lequel ces enfants tombent :
Face à l’échec, ils ne croient plus en eux-mêmes, et les professeurs, vidés, les abandonnent.
C’est alors l’entrée dans la spirale : de plus en plus de provocation, ils n’essayent plus d’apprendre.

Ca fait mal au coeur, et donne vraiment envie de précipiter cette révolution de l’éducation !!

En dehors de ce thème, j’ai également assisté à la projection de
« Et les mistral gagnants” réalisé par Anne-Dauphine Julliand
J’avais déjà eu l’occasion de lire ses livres Deux petits pas dans le sable mouillé et Une journée particulière, livres autobiographiques qui racontent la vie de sa famille face à la maladie de leur petite fille, dont on cite souvent cette phrase : “Puisque je ne pouvais rajouter des jours à sa vie, j’allais ajouter de la vie à ses jours.”
Ce documentaire suit quelques enfants malades dans leur quotidien, avec le parti pris de les montrer tels qu’ils le vivent, avec leur joie et leur bonheur malgrè tout.
Anne-Dauphine Julliand, qui a ensuite répondu aux questions est incroyablement douce, elle semble simple et accessible.
Cette projection a vraiment été un beau moment.

Ils changent le travail

Et puis, lorsque le thème de l’éducation était en pause, j’en ai profité pour piocher dans le thème “Ils changent le travail », qui présente de grands principes communs avec l’éducation positive !
Car les principes que nous cherchons à appliquer avec nos enfants peuvent également se mettre en place avec des adultes, et c’est ce que certaines entreprises essayent de faire. On les appelle les « entreprises libérées », ce que j’ai appris à Autun !

C’était vraiment inspirant de voir que certains croient en tous ces principes, à encore plus grande échelle, cherchant à les mettre en place directement dans le monde professionnel, avec des adultes ! Comme quoi, il n’est jamais trop tard !
J’ai ainsi assisté à un entretien, et à une projection – débat.

L’entretien, mené de main de maître, permettait à Bertrand Ballerina, directeur des relations solciales de Michelin, de parler de ce qu’il avait réussi à mettre en place dans certaines usines du groupe, dans lesquelles le personnel avait été responsabilisé, dans lesquelles le fonctionnement avait énormément évolué, et l’atmosphère modifiée !

Dans les premières phases du développement du projet, Bertrand Ballerina a cherché une manière de communiquer ce qu’il avait en tête, tant au niveau du management que des ouvriers.

Un jour, il a entendu parler d’un orchestre, Les Dissonances, créé par David Grimal, violoniste : un orchestre qui a ça de particulier qu’il n’a pas de chef d’orchestre !!

Une journée a été organisée chez Michelin, au cours de laquelle Les Dissonances sont venues jouer, après quoi les musiciens ont échangé avec les employés du groupe, autour de tables rondes. L’occasion de découvrir un nouveau modèle, une autre façon de faire !

Enfin, le dimanche, avant de partir d’aucun, j’ai assisté à une projection de Le bonheur au travail, documentaire de Martin Meissonnier sur les entreprises “libérées”, qui mettent l’homme au centre de la production.

Je vous encourage à le voir. Voir comment certaines entreprises ont réussi à effectivement mettre l’homme au centre. Voir comment la responsabilisation des employés change l’ambiance de l’entreprise. Voir ce qu’il est possible d’atteindre lorsque l’on accepte de modifier le modèle reçu, voir les difficultés auxquelles on peut se heurter, l’incompréhension de l’entourage, les craintes.

Après la projection, un débat, avec pour principal répondant Laurent Ledoux, qui a commencé à transformer ainsi le ministère belge des transports. Ses difficultés, ses réussites.

Peut-on faire changer le monde en s’attaquant également au marché du travail ?

Oui, le monde peut changer ! Et ceux qui y croient, heureusement, sont de plus en plus nombreux, même s’ils restent minoritaires…

Quand nous devenons parents, nous sommes à l’écoute de nos enfants. C’est bien naturel : ceux-ci ont des besoins, et nous sommes là pour y répondre. Ils sont petits et dépendant de nous.
Puis les enfants grandissent, et ont toujours des besoins, auxquels, en général, nous continuons à répondre. C’est notre responsabilité de parents, et c’est également un plaisir ; parce que nous sommes heureux de remplir notre rôle, de leur apporter du bien-être.

Seulement voilà, à force de vouloir être à l’écoute de nos enfants, nous oublions parfois d’être à l’écoute de nous même. Et c’est là qu’intervient le problème.

Pourquoi est-il important d’écouter nos besoins ?

Pour pouvoir prendre soin de quelqu’un, il faut d’abord être en état de le faire.
L’image la plus claire pour illustrer ce point est celle du masque à oxygène en avion. L’image est classique, mais très parlante. Il s’agit d’enfiler son propre masque à oxygène d’abord, avant d’être capable d’enfiler le sien à l’enfant.

En CNV, le principe est le même : nous ne pouvons offrir d’empathie à personne si nous n’avons pas d’abord pris soin de nous-mêmes, via l’auto-empathie. Ainsi, pour être de meilleurs parents, et dans l’intérêt de nos enfants, prenons d’abord soin de nous-mêmes.

Comment savoir ce dont nous avons besoin ?

L’une des difficultés de cette démarche cependant, est qu’il nous est parfois difficile de savoir quels sont nos besoins. En effet, savoir s’écouter est une compétence que nous n’avons pas apprise. Nous avons majoritairement été élevés hors des principes d’éducation positive que nous apprenons ici, et n’avons pas appris à écouter ce que nous ressentions. Ainsi, si nous essayons aujourd’hui d’apprendre à nous comporter différemment face à nos enfants, il faudrait également apprendre à nous comporter différemment face à nous-mêmes. Peu à peu, cherchons en nous ce que nous ressentons, écoutons notre agacement comme un indice sur nos besoins, et apprenons à les identifier pour y répondre.

Le coût de l’insatisfaction de nos besoins

Si nous persistons dans l’idée que les besoins de nos enfants doivent systématiquement passer d’abord, avant les nôtres, nous risquons d’en payer ensuite les conséquences. Mettre un voile sur nos propres envies, sur nos propres besoins ne va pas les faire disparaître.

Notre patience va s’user, et nous réagirons de moins en moins bien face aux enfants. Impossible de montrer de l’enthousiasme lorsque nous sommes sous le coup de la fatigue, et la tension va monter.

Ensuite, et c’est probablement le plus grave, si nous continuons à négliger nos besoins, nous finirons par nourrir du ressentiment à l’égard de nos enfants. Nous leur en voudrons de notre sacrifice, même s’ils ne le demandaient pas vraiment, et nous nous montrerons d’autant plus désagréables avec eux, malgré toutes nos bonnes intentions.

« Si je veux juste entendre ce qui est vivant chez l’autre, sans prendre en compte ce qui est vivant chez moi, je me fais violence et donc il va y avoir de la violence, il va y avoir cette colère. » Isabelle Padovani

Prendre soin de nous

Ainsi, il est important de prendre soin de nous. Mais voilà… comment faire ?
Comment sortir de cette habitude de déni de soi, pour apprendre à écouter les signes qui nous montrent que nous avons besoin d’une pause ? Comment s’arrêter pour analyser quels sont nos besoins non nourris ?

Dans Parents respectueux, enfants respectueux, les auteurs suggèrent aux parents qui n’en ont pas l’habitude de commencer par s’accorder 10 minutes par jour.
Juste 10 minutes. 10 minutes pour soi qui peuvent être consacrées à ce que nous voulons.
L’annoncer aux enfants. Leur expliquer que c’est un besoin pour mieux s’occuper d’eux ensuite.
Ils sont capables de le comprendre. Probablement pas dès le premier jour, mais petit à petit.

Essayons ensuite d’identifier quels sont nos besoins non nourris. Nous n’avons pas tous les mêmes. Pour certains, il s’agira plus de repos, pour d’autres d’amitié, ou de soutien, de créativité, d’exercice…

Quels que soient les besoins identifiés, n’hésitons pas, à prendre du temps pour nous, ou, comme cela avait été discuté dans “Grandir Autrement”, à écouter  la nécessité de s’accorder des pauses.

Ainsi, nos enfants apprendront à respecter cet espace qui sera le nôtre, qui nous permettra de respirer.
Et cet espace aura d’autant plus de portée qu’il sera aussi un modèle pour eux. Nous leur enseignons comment il est possible de prendre soin de soi-même. Nous leur montrons qu’il est possible de ne pas oublier de se respecter soi-même quand on prend soin des autres.

Et nous leur offrirons des parents plus ouverts, loin du ressentiment de celui qui a besoin de temps seul comme d’un masque à oxygène !!

Si cela vous semble toujours difficile, écoutez au moins cette idée des auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux : « Nous espérons aussi que vous prendrez l’habitude de vous accorder chaque jour quelques instants de réflexion pour vous rappeler avec quelles intentions vous voulez élever vos enfants. »

Car c’est sûr, souvent, on se perd en route, mieux avoir un plan

Pour acheter Parents respectueux, enfants respectueux en format poche (il existe également au format broché, mais j’aime mieux les formats faciles à emporter !) :

Dans le programme de conférences du festival d’Autun, dans le cadre du thème “Révolutions dans l’éducation”, figurait le nom d’Eline Snel.
(Ainsi que ceux de Céline Alvarez, et d’Isabelle Filliozat )

Pourquoi cette hollandaise, auteur de Calme et attentif comme une grenouille était-elle invitée à donner une conférence sur ce thème ?
Parce que la pleine conscience est en plein développement dans nos écoles, avec des résultats trés positifs !

La conférence se déroulait en 2 temps, Eline Snel parlant en anglais, et Catherine Meyer, éditrice aux éditions Les Arènes, traduisant. Est-ce la raison pour laquelle cette conférence manquait de dynamisme ? Je ne crois pas, mais j’ai pourtant senti que ce n’était pas très clair pour les novices.

C’est pourquoi je voudrais compléter ce compte-rendu d’un entretien avec une amie, qui a suivi la formation d’Eline Snel il y a 2 ans et anime depuis des ateliers de pleine conscience dans les écoles. J’ajouterai un lien dans cet article dès que cet entretien sera fait !

La rapidité avec laquelle cette pratique s’est répandue est assez extraordinaire.
Eline Snel, mère de 4 enfants (et de 9 petits-enfants) pratique la pleine conscience depuis plus de 30 ans.
Il y a 12 ans, des professeurs lui ont demandé une formation pour les enfants. Il n’existait rien encore. Elle avait donc une totale liberté pour aborder son sujet. Cela lui a pris plusieurs années. Elle s’est rendue dans les écoles pour apprendre des enfants. Pour savoir comment leur enseigner.
Elle a observé comment les professeurs leur demandaient de se concentrer, sans pour autant leur montrer comment se concentrer ; comment ils leur demandaient de se calmer, sans leur montrer comment se calmer !

Pour faire passer les notions de la pleine conscience aux enfants, Eline Snel avait besoin d’une métaphore. Et elle l’a cherchée quelques mois, jusqu’à trouver l’image de la grenouille.

La grenouille sait être immobile et ne bouger que lorsque c’est nécessaire.
Le mouvement du ventre de la grenouille permet d’observer sa respiration.
La transformation du têtard peut servir de métaphore pour l’ado…

Et, d’abord :

La grenouille peut faire de grands bonds, comme notre cerveau.

Notre cerveau a une pensée toutes les 2 secondes, donc des milliers dans une journée.

Dans notre cerveau, il n’est pas difficile d’être ailleurs, d’être hier…
La première étape de la méditation, c’est d’apprendre à etre conscient du fait d’être présent ou non. D’être “ici et maintenant”.
Ce n’est pas évident. Comme un instrument, ça se travaille. La pleine conscience permet de travailler le “muscle de l’attention.” D’après eline Snel, après seulement “ ou 4 semaines de méditation, à raison de 5 à 10 minutes par jour, on voit déjà une différence.
(Cette conférence n’est pas étrangère à mon envie de me poser ce défi de méditation quotidienne cet été, et je ne sais pas si je peux dire que je vois une différence, mais il m’arrive régulièrement de penser consciemment à être présente !)

D’après Eline Snel, c’est toute la différence entre l’enseignement de la pleine conscience et l’enseignement traditionnel : à l’école, l’information passe souvent de l’extérieur vers l’intérieur. Avec la méditation, on attend que l’attention veinne de l’intérieur, ou plutôt, la méditation donne la possibilité à ce qui est déjà à l’intérieur de sortir au moment opportun, à son rythme.

Pourquoi les enfants sont-ils stressés ?

On attend des enfants qu’ils soient de petits savants : la plupart des compétences qu’on leur enseigne sont cognitives. On ne leur ensiegne rien sur leur monde intérieur. Pourtant, ils savent tous qu’ils ont un monde intérieur, et ils sentent quand ils ne sont pas fiers de ce qu’ils ont fait, par exemple. Mais comme personne ne valide leur monde intérieur, ils ne lui font pas confiance.
(Tiens, ça me fait bigrement penser à la validation des sentiments, ça !)
Il s’agit donc de donner aux enfants l’opportunité de se connecter à leur richesse intérieure.

Le programme de la grenouille dans les écoles

Le programme qu’Eline Snel a finalement créé est conçu pour se dérouler sur 8 semaines (8 séances plus celles confiées à l’instituteur) et correspond à 3 parties :
– observer le mondre intérieur, les émotions ; comment entrainer le muscle de l’attention
– comment répondons-nous à notre monde interne, une fois qu’on en est conscient
– comment entrainer le muscle de la compassion
et ce programme est en train de se répandre comme une trainée de poudre.
La pleine conscience est présente partout, répondant à un véritable besoin de changer nos méthodes éducatives.
La révolution dans l’éducation a donc déjà commencé !

Devant ce programme, chacun apprend à son rythme, et voit ce qui résonne en lui.
Les enfants se sentent libres de sentir leurs émotions au lieu de les rejeter.
Cela commence dans le “cours” de méditation, parce que c’est un environnement où l’enfant est en sécurité. Normalement, on parle peu d’émotions à l’école.
Eline Snel raconte l’histoire d’une petite fille qui après le premier cours sur les émotions, s’était mise à pleurer, pleurer, et auquel un petit garçon avait dit : “Je suis content que tu pleures.”
En acceptant ses émotions et celles de l’autre, l’enfant apprend l’empathie.
Sans pour autant cherhcer de solution à l’émotion.

Dans un deuxième temps, les enfants apprennent que les pensées ne sont pas faits.
Une pensée peut être une idée, ou une image, ou un bruit. Dans tous les cas, on peut imaginer un bonhomme à l’intérieur, qui raconterait des histoires…
On ne peut pas arrêter de pender, mais on peut arrêter de considérer que toutes ces pensées sont vraies.

Enfin, les enfants apprendront que la compassion commence par nous-mêmes.

Et je reste sur cette pensée : je crois que nous aussi, nous devrions bien nous mettre à apprendre cela, non ?

S’il n’existe pas un seul style d’éducation, ce n’est pas seulement parce qu’il n’existe pas de recette magique, mais également parce que nous avons tous des manières de fonctionner différentes. Les enfants sont tous différents, les parents également.

Connaître notre personnalité peut nous aider à mieux analyser notre comportement, et les réactions qu’il peut susciter chez nos enfants.

4 styles de fonctionnement

Depuis l’enfance, nous avons interprété notre environnement, et construit peu à peu un style de fonctionnement qui nous est propre.

On pourrait classer ces « styles de fonctionnement » en 4 groupes, en fonction de la priorité poursuivie par l’adulte :

  • le confort
  • le contrôle
  • la volonté de faire plaisir
  • le sentiment d’importance / supériorité

(Ces priorités ont été définies par Nira Kefir, psychologue adlérienne, et reprises dans la théorie de la Discipline Positive.)

Ces styles de fonctionnement ne sont ni bons ni mauvais, et l’objectif de cette analyse n’est pas de nous poser une étiquette, mais bien de mieux comprendre notre fonctionnement, qui, quelqu’il soit, invitera à développer certaines compétences plutôt que d’autres chez les enfants.

La carte dominante et… la 2è carte

En effet, l’exercice qui est en général mené dans un atelier de Discipline Positive est le suivant :
Vous avez 4 cadeaux empoisonnés devant votre porte :
La critique et l’humiliation / Le rejet et l’abandon / L’inutilité et l’insignifiance / Le stress et la souffrance émotionnelle
Vous devrez en accepter trois. Lequel sera celui que vous déciderez de rendre ? Celui dont vraiment vous ne voulez pas ? Dont vous ne supportez pas l’idée ?

Ce que vous cherchez à tout prix à éviter détermine votre carte dominante :

Si vous voulez éviter la critique et l’humiliation, votre carte dominante est le contrôle
Si vous voulez éviter l’inutilité et l’insignifiance, votre carte dominante est la supériorité
Si vous voulez éviter le stress et la souffrance émotionnelle, votre carte dominante est le confort
Si vous voulez éviter le rejet et l’abandon, votre carte dominante est faire plaisir

Le deuxième cadeau que vous choisirez de rejeter sera votre 2è carte.

Ce qui fait la différence entre les deux cartes est bien souvent l’intensité de ressenti attaché à ce qu’on tente d’éviter.

Car nous avons tous envie de rejeter tous ces cadeaux, évidemment ! Mais la force de notre ressenti face à eux est réellement dépendant de chacun. Faites l’exercice avec un ami, avec votre conjoint(e), vous vous en rendrez compte !

Que signifient alors ces notions de carte dominante et de 2è carte ?

La carte dominante est celle que nous aurons tendance à jouer dans un contexte de crise, d’urgence. Je sors ma carte dominante quand je me sens menacé….

Ma deuxième carte est probablement celle qui correspond à mon style de fonctionnement du quotidien. Celle à laquelle j’ai tendance à faire appel dans un fonctionnement « normal ».

La réaction possible des enfants face à notre carte dominante

  • le contrôle

Le but de l’adulte qui joue sa carte « contrôle » est en général de maîtriser la situation et de garder le contrôle de ses émotions. Cependant, l’enfant l’interprète comme une tentative d’emprise, et cela suscite l’opposition !

  • la supériorité

L’adulte est persuadé qu’il ne sera à la hauteur qu’à condition d’exceller. Cela suscite malheureusement chez l’enfant le sentiment de ne pas être capable. Il y a donc risque de désengagement, ou à l’inverse de tout investir pour exceller (pensant que c’est la seule manière d’être aimé)

  • le confort

L’adulte joue la carte « confort » lorsqu’il cherche à éliminer les sources de stress et de conflits. Il imposera donc peu, et risque d’inviter l’enfant à se montrer exigeant, à ne pas prendre en charge la satisfaction de ses besoins. Difficile dans ce cadre d’enseigner la responsabilité sociale.

  • faire plaisir

L’adulte, voulant plaire, a tendance à aller à l’avant des désirs de l’enfant, sans forcément l’couter, puis trouvera ensuite qu’il reçoit peu de gratitude. L’enfant risque de développer l’idée suivante : « Je n’appartiens que lorsque les autres s’occupent de moi. »

Ces styles de fonctionnement sont également des forces

Avant que, vous reconnaissant peut-être dans l’un de ces styles de fonctionnement, vous vous sentiez complètement déprimé et coupable, laissez-moi vous parler des forces de ces styles. Chaque attitude a évidemment ses avantages et ses inconvénients, il ne s’agit pas de se limiter au revers de la médaille !

Repassons donc chacune des cartes pour parler également de leurs aspects positifs.

  • le contrôle

La carte « contrôle » offre en modèle aux enfants des ressources telles que le sens de l’organisation, la planification, le respect de l’ordre, la détermination.

  • la supériorité

L’adulte qui utilise la carte « supériorité » peut encourager les enfants à se dépasser, à développer leurs capacités !

  • le confort

Devant la carte « confort », les enfants apprennent à rendre le quotidien prévisible et confortable, à éviter les situations de stress, et prendre le temps de respirer.

  • faire plaisir

Cette fois, l’adulte fera probablement passer à l’enfant des notions de considération, d’empathie, de réconciliation sans agressivité. (Ah, je vois bien que ce n’est pas ma carte dominante… Ces qualités-là me demandent souvent plus de travail !)

Comment utiliser cette analyse ?

Je crois toujours que, plus nous sommes conscients de notre mode de fonctionnement, plus nous serons à même de l’accepter et d’avancer avec, pour l’utiliser pour sa force plus que pour sa faiblesse.

Comme nous venons de le voir, chacun de ces styles peut aider à développer des qualités chez nos enfants. Pour ne pas tomber dans le piège, à l’inverse, d’inviter chez l’autre ce que l’on redoute chez soi, en devenir conscients nous aidera.

Le livre de la discipline positive encourage d’ailleurs à mener l’exercice suivant, une fois ses cartes identifiées :
réfléchir aux atouts de se carte dominante
réfléchir aux travers de sa carte dominante
ce que cette priorité peut inviter chez les enfants (positif et négatif)
améliorations possibles

Ce travail est également intéressant à mener avec le partenaire, car il est probable qu’il ait une carte différente de la nôtre. Lorsque nous l’aurons compris, nous serons également plus à même de mieux supporter les faiblesses de celle-ci, en s’attachant également à ses atouts, qui seront également à développer, et apporteront à nos enfants ce que nous ne sommes nous-mêmes peut-être pas en mesure de leur apporter !

Dans La discipline positive, Jane Nelsen donne des exemples de comment cette analyse a pu aider certains parents.

De mon côté, j’ai mené cette analyse, et ai identifié que ma carte dominante était le contrôle, et ma deuxième carte la supériorité. Je suis consciente qu’en fonction de nos cartes, nous ne faisons pas face aux mêmes défis parentaux, et que le chemin à suivre pour avancer sera à adapter !

-> Nous menons également cette analyse dans la formation POINT DE RENCONTRE.

Si vous aussi, vous voulez mieux vous connaitre, et vous servir de vos forces tout en évitant les pièges de votre style de fonctionnement, rejoignez les parents qui cheminent avec POINT DE RENCONTRE !

« A la différence de beaucoup d’autres sentiments, la colère est presque toujours dirigée contre une autre personne. « Je suis fâché » signifie ordinairement « Je suis fâché contre toi. » »
écrit Thomas Gordon dans Parents efficaces.

Il est important de le comprendre, parce que cela modifie grandement le « message Je » !

En effet, Thomas Gordon conseille de s’exprimer auprès des enfants en « message Je », c’est à dire en parlant de nous, plutôt que d’accuser l’autre en utilisant un « message Tu » (ce qui n’est pas sans rappeler les conseils de Faber et Mazlish dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, qui suggéraient, dans le chapitre sur la coopération de décrire ce que l’on ressent.).

C’est logique, et cela rejoint également les mots de Marshall Rosenberg : en accusant et reprochant, « nous limitons sérieusement nos chances d’obtenir ce que nous voulons. »

Le problème ici, selon Thomas Gordon, c’est que, même en message Je, le message de colère prend rapidement un ton d’accusation…

Ce qu’il préconise est donc de réfléchir au sentiment premier. Oui, au sentiment premier.

« Je suis maintenant convaincu, écrit-il, que le parent produit lui-même la colère après avoir éprouvé un premier sentiment. »

A la lecture de cette phrase, je m’interroge.
Je vois bien des situations dans lesquelles il est clair que notre colère cache un autre sentiment.
L’exemple typique, et le premier qui vient en tête, est le moment où l’on perd temporairement un enfant.
Quand on le retrouve, il arrive souvent, au lieu qu’on le prenne dans nos bras pour lui dire à quel point on est content de le revoir, qu’on commence par lui reprocher de s’être égaré !! On est colère parce qu’on a eu peur, c’est clair.

D’autres exemples peuvent venir : ici, Gordon parle du parent en colère parce qu’il est en fait déçu que son fils ait oublié son anniversaire…

Cependant, est-ce vraiment toujours le cas ?
La colère est également un sentiment en soi, non ? On peut aussi être en colère, avec pour sentiment premier… la colère, pas vrai ?

Je ne suis pas sûre d’avoir trouvé la réponse à cette question, mais ce que je peux raconter, c’est ce qui m’est arrivé le jour où je me suis vraiment posé cette question.

J’étais seule, et j’ai réfléchi à la dernière occasion où je m’étais sentie en colère.
Le matin même, en fait. Pourquoi ? Parce qu’Oscar (14 ans) n’avait pas pris le temps de vider le lave-vaisselle avant de partir à l’école. Bon. Analysons. J’étais donc en colère. Un autre sentiment ? Un sentiment « premier » ?

Oui, en fait.
J’étais blessée. Aïe, Rosenberg parlerait là de « sentiment mêlé ». Je devrais probablement chercher un autre terme. Mais ça me permet déjà de mieux creuser le besoin derrière ce sentiment : je m’écoute, ce qui ne m’arrive pas si souvent, et je réalise que ma colère face au fait qu’il n’ait pas vidé le lave-vaisselle découle d’un besoin de considération.

Si le lave-vaisselle n’est pas vidé, c’est parce que tout le monde sait que je suis à la maison, et peux donc le vider moi-même, une fois qu’ils sont partis. Seulement voilà, cela sous-entend que mon temps a moins de valeur que celui des autres. Que ce que j’ai d’autre à faire est moins important.

C’est étrange, parce que ça semble évident a posteriori, mais avoir pu faire ce raisonnement m’aide beaucoup. C’est tellement plus clair quand on met les bons mots sur le besoin !

Le soir même, je partage ce raisonnement avec ma famille, et avec Oscar en particulier. Je ne suis plus énervée, j’explique simplement ce que ça suscite chez moi. Mon message centré sur ce besoin de considération est beaucoup mieux reçu que celui du matin  qui tournait plus ou moins autour de « Je veux pas le savoir, c’est ton job », soit dans la gamme du reproche… Et le lendemain, le lave-vaisselle est vidé !

Merci Thomas Gordon pour cet encouragement à l’introspection. J’aimerais garder cela à l’esprit pour m’interroger ainsi régulièrement sur mon sentiment premier derrière la colère…

Et vous ? Etes-vous prêt à faire cette analyse ?

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Thomas Gordon est un psychologue américain (mort en 2002), spécialiste de la communication et de la résolution de conflits selon une méthode gagnant-gagnant.

Il a créé un programme de formation de parents intitulé “Parents efficaces” dans les années 60.
Egalement appelée « méthode Gordon », cette méthode « gagnant-gagnant » cherche à rompre avec les modèles d’éducation classique :
– celui de l’autoritarisme, dans lequel le parent gagne et l’enfant perd
– celui de la permissivité, dans lequel l’enfant gagne et le parent perd.

Gordon défend le point de vue (que je partage) que la plupart des parents restent dans ces modèles-là parce qu’ils pensent que ce sont les seules options.
Pour sa part, il propose une méthode sans parent, dans laquelle les avis de chacun sont pris en compte.
On est donc bien déjà dans la dynamique de la parentalité positive.

Ce livre est dense.
Il nécessite franchement une deuxième lecture avant que je puisse vous en faire des résumés clairs.
Cependant, il est assez complet et apporte beaucoup.

Pour vous donner une idée de ce qu’il contient, en voici la table des matières :

1- Les parents reçoivent des blâmes mais peu de formation
2- Les parents sont des personnes et non des dieux
3- Comment écouter pour que vos enfants vous parlent : le langage de l’acceptation
4- L’application de vos capacités d’écoute active
5- Comment écouter les enfants trop jeunes pour s’exprimer
6- Comment parler pour que vos enfants vous écoutent
7- L’application du « message-Je »
8- Changer un comportement inacceptable en changeant l’environnement
9- Les inévitables conflits entre parents et enfants : qui devrait gagner ?
10- Le pouvoir des parents : nécessité ou justification ?
11- La méthode « sans perdant » pour résoudre les conflits
12- Les craintes et les préoccupations des parents au sujet de la méthode sans perdant »
13- L’application de la méthode « sans perdant »
14- Comment éviter d’être congédié par ses enfants ?
15- Les parents peuvent éviter les conflits en se transformant eux-mêmes
16- Les autres parents de vos enfants

Articles en rapport avec ce livre :
La colère oui… mais quel est notre “sentiment premier” ?

– et bien d’autres à venir –