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Je suis comme vous : je rêve d’une ambiance familiale apaisée et sereine… Et cela demande de l’énergie ! En effet, pour atteindre la sérénité, il faut déjà en donner le modèle. Or, le modèle d’éducation traditionnel que nous avons souvent reçu n’entre pas tout à fait dans ce cadre. Je dirais même plutôt qu’il encourage à une certaine lutte de pouvoir entre parents et enfants. L’éducation positive propose de faire basculer la relation, pour passer d’un mode vertical à un mode horizontal. De quoi être perdu devant un enfant qui répond ! Que se passe-t-il en lui, et en nous, lorsque notre enfant nous déclare brutalement : « T’es pas mon chef ! » ? Comment ne pas, alors, prendre cette tendance à « répondre » pour de l’insolence ? Et surtout, comment réagir ?

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Ce que l’enfant exprime réellement

Choisir de décoder le message

Si on veut éviter les altercations inutiles (y en a-t-il des utiles ?), il faut commencer par réussir à entendre ce que dit l’autre. Ou disons plutôt à entendre ce qu’il veut dire.

Malheureusement, nous n’avons pas appris à nous exprimer de manière claire et directe. Nous sommes souvent emportés par nos émotions, et nous exprimons de manière indirecte, de sorte que notre message est souvent difficilement recevable. Et, évidemment, c’est vrai dans l’autre sens.

La première étape, donc, sera toujours, lorsque  nous sommes en état de le faire (d’où l’importance de prendre soin de nous d’abord), d’essayer de décoder ce que nous dit l’autre, plutôt que de le prendre personnellement.

Le cas de l’enfant qui nous répond

Un enfant qui nous dit « T’es pas mon chef ! » a beau dire « Tu », il parle surtout de lui… Si nous parvenons à enfiler les oreilles girafe que nous propose Marshall Rosenberg, nous entendrons peut-être : « J’existe ! Je suis capable ! J’ai envie de pouvoir prendre mes propres décisions ! »
Ce qui, convenons-en, change déjà pas mal les choses, non ?

Pourquoi cette réaction ?

Le besoin d’importance

Pour mieux comprendre l’attitude de notre enfant, il faut peut-être commencer par bien assimiler ce à quoi aspire tout être humain. Alfred Adler parle en effet de deux nécessités fondamentales : appartenir et avoir de l’importance.

On évoque souvent le besoin d’appartenir de l’enfant, qui s’exprime en particulier à travers son attachement, et lorsqu’il recherche de l’attention.

On parle moins de ce besoin d’avoir de l’importance, pourtant tout aussi fondamental.

Pour grandir en développant sa confiance en soi, il faut se sentir capable, utile… Or, un enfant qui ne fait que suivre les instructions qu’il reçoit à longueur de journée n’a absolument pas l’impression d’avoir de l’importance ! Comment alors peut-il croire qu’il a de la valeur ? Qu’il est digne de confiance ?

Lorsque l’enfant, dès 2 ans, se met à dire clairement « Non ! », il est déjà dans une démarche dans laquelle il réclame sa position : il veut avoir son mot à dire.

L’opposition de l’enfant, signe d’un bon développement

A tout prendre, je dois dire que je préfère un enfant qui m’explique que je ne suis pas son chef, plutôt qu’un enfant qui obéit aveuglément à tout ce que je lui demande. Non, je ne cherche pas l’obéissance chez mes enfants

Comprenez-moi bien : je n’ai pas dit que ce ne serait plus facile d’avoir des enfants qui obéissent au doigt et à l’oeil à ce que je leur demande. C’est sûr que cela me permettrait d’être plus en contrôle de la situation !

Seulement, lorsque l’on choisit d’être parent, on ne choisit pas une vie facile ! Non, on choisit d’accompagner des petits bouts d’êtres humains pour les aider à grandir, et à développer les compétences qui leur seront utiles lorsqu’ils voleront de leurs propres ailes. Ça, c’est mon plan parental !

Alors, si je réfléchis ainsi à long terme, je me dis que, finalement, le fait que mon enfant sache répondre, qu’il sache poser sa limite, montrer qu’il a aussi envie de s’exprimer, de décider, eh bien c’est plutôt une bonne nouvelle !

Comment réagir ?

« Tout ça, c’est très joli », pensez-vous sûrement, mais que faire, alors ?

Ne pas en faire toute une affaire

Pour commencer, ne pas en faire toute une affaire. A ce stade de la réflexion, vous avez bien compris que lorsqu’un enfant réagit ainsi, il ne s’oppose pas forcément à vous. Il n’est pas en train de vous attaquer, de remettre en question votre relation. Il est en train de dire qu’il a également le droit à son opinion, à son pouvoir de décision. Il dit qu’il veut pouvoir se sentir libre parfois !

Nul besoin dans ce cas de réaffirmer votre rôle. Vous n’êtes pas en péril de perte d’autorité !

Rappelez-vous, comme l’explique si bien Thomas Gordon, qu’il y a plusieurs conceptions de l’autorité, et l’autorité par la force n’est pas celle que nous cherchons. Vous atteindrez au contraire une meilleure autorité auprès de votre enfant lorsque vous l’aurez entendu, lorsqu’il vous fera confiance, lorsque vous serez en lien avec lui.

Recevoir ce qu’il nous dit

On pourra donc commencer par tout simplement recevoir ce que notre enfant nous dit : « Non, en effet, je ne suis pas ton chef. Est-ce que je t’en ai donné l’impression ? Je suis ton parent, et je suis responsable de toi pour l’instant, je suis ton guide, et je suis là, entre autres, pour t’aider. »

Rien que ces mots peuvent déjà tout changer : c’est un point fort, c’est une action concrète, par laquelle nous refusons d’entrer dans une lutte de pouvoir.

Chercher des alternatives dans notre communication

Puisqu’il nous a si bien fait comprendre qu’il veut à son tour exprimer son pouvoir, à nous de modifier notre mode de communication pour lui en donner l’occasion !

Pour cela, une ligne directrice : moins d’ordres, moins d’ordres, moins d’ordres !

Cela ne veut pas dire qu’on ne demande plus rien à notre enfant. Mais que nous allons le demander autrement. Que nous allons nous entrainer à communiquer de manière moins directive.

Ca a l’air compliqué, mais, lorsqu’on y réfléchit, ça ne l’est pas tant que ça : on sait déjà le faire avec les adultes. Oui, lorsque nous demandons des choses à nos collègues, à des amis, il est bien rare qu’on le fasse en en donnant l’ordre direct. En général, on va plutôt :

  • faire une demande : « Tiens, tu pourrais mettre ton sac sous la table plutôt ? »
  • poser une question : « T’es bientôt prêt à partir ? »
  • donner une information : « Je crois que X est déjà en bas à nous attendre, il ne faudra pas qu’on traine.. »
  • parler de nous : « J’ai peur d’être en retard… »
  • aider : « Tiens, j’ai ramassé ton papier qui était tombé. »
  • décrire la situation : « Tu sens le courant d’air ? Tes papiers risquent de s’envoler. »

Alors.. il n’y a plus qu’à appliquer les mêmes méthodes avec nos enfants !

Apprendre peu à peu à parler avec un langage plus bienveillant…

Ca ne marchera pas à tous les coups, c’est sûr, mais plus nous y parviendrons, et plus cela changera la dynamique de nos échanges ! Parce qu’alors, nous laisserons nos enfants agir par eux-mêmes, et c’est un vrai message de confiance. Alors, ils pourront commencer à sentir effectivement qu’ils sont capables.

Ils n’auront plus besoin de lutter pour nous dire que « nous ne sommes pas leur chef ! »

Lorsque nos enfants se comportent mal, nous interprétons souvent leurs actes comme dirigés contre nous.

Hier, par exemple, une amie (à laquelle je dédicace cet article, né de ma conversation avec elle) me racontait comment son neveu, de presque un an, faisait exactement ce que sa mère venait de lui interdire de faire, tout en la regardant dans les yeux.
Interprétation de la maman : il est en train de me provoquer !
Mais non, il peut y avoir plein d’explications derrière le comportement d’un enfant !

Voyons donc comment évoluer dans notre manière de considérer son comportement.

Première étape : arrêter de penser que le comportement est dirigé contre nous.

C’est dur à admettre, parfois, mais c’est la réalité : l’enfant a son propre monde, ses propres besoins, ses propres fonctionnements, et nous n’en sommes pas toujours le centre.

Dans le cas ci-dessus, il peut y avoir plusieurs explications (merci Isabelle Filliozat)

Dans tous les cas il le fait POUR lui, et non CONTRE nous.

On peut même aller jusqu’à dire, comme l’explique bien cet article de Parents Naturellement – attention âmes sensibles –  que les caprices n’existent pas !

Deuxième étape : prendre du recul

Une fois que l’on accepte que le comportement n’est pas dirigé contre nous, il faut réussir à sortir de la réaction. Il s’agit plutôt de faire une pause, c’est le S de la méthode STAR proposée par Elizabeth Crary.

Face à l’enfant, plutôt que de s’entêter à chercher à lui faire faire ce qu’on lui demande, marquer un temps et faire mentalement un pas en arrière pour comprendre le contexte.

Ainsi, ce matin, j’ai observé mon Anatole. (3 ans et demi).
D’habitude, c’est surtout moi qui supervise la préparation des plus jeunes avant le départ à l’école. Depuis peu, mon mari et moi avons établi qu’une fois par semaine, il s’en chargerait (préparation et accompagnement à l’école), pour que je puisse partir tôt marcher sur la plage.
Ce matin donc, alors que je m’apprête à partir, je vois mon mari qui explique à Anatole – qui dessine plutôt que de s’habiller – qu’il est en train de perdre patience…
Anatole est bloqué, et dit que lui aussi, il “commence à perdre patience”.
La suite n’est pas difficile à prévoir !!

Je m’attarde donc pour réfléchir avec un peu de recul (toujours plus facile quand on n’est pas la personne impliquée) : les horaires de l’école ont changé depuis 2 jours, les enfants ont une demi-heure de moins le matin. Je viens d’annoncer que je sortais, sans avoir pris de temps avec lui. Anatole n’a pas eu son moment de calme avant l’entrée dans le rythme du matin. C’est clair. Et plus son père s’oppose à lui, plus il aura besoin de montrer qu’il peut également s’opposer, parce qu’il manque de connexion avec nous ce matin.

Troisième étape : changer la dynamique

C’est une chose de comprendre le contexte, ensuite la difficulté reste : comment s’en sort-on ?
Probablement l’étape qui demande le plus de travail, celle pendant laquelle, à court d’idées, on se sent le plus impuissant !!

Quelques idées dans notre besace cependant :

  • indiquer à l’enfant une manière d’être utile

L’enfant aime être impliqué, il aime se sentir utile. Lui proposer d’agir le permettra de sortir de son blocage, car au lieu de nous opposer à lui, nous l’incluons, nous recréons la connexion.

  • basculer dans le jeu ou l’humour

Ah… la parentalité ludique… Souvent très utile pour sortir des situations de blocage. Là encore, cela crée une connexion, et nous sortons de l’opposition. Ce matin, face à Anatole, j’aurais pu par exemple m’exclamer : “Attention, la fusée va décoller ! voooouuu…” en le saisissant et le faisant voler vers sa chambre. “La fusée est en recherche de vêtements…vooouuu”…   Encore faut-il être d’humeur…

  • remplir le réservoir affectif de l’enfant

C’est la solution pour laquelle j’ai opté ce matin : compte-tenu de ce que j’avais réalisé lors de ma prise de recul à l’étape précédente, j’ai pensé que ce petit avait besoin de tendresse plutôt que d’instructions.
Je me suis donc approchée, et lui ai dit : “J’ai l’impression que mon Anatole a besoin d’un câlin, c’est ça ?”
Comme il a acquiescé, je lui ai fait un câlin. Et je sais ce que vous pensez : que c’est bien joli tout ça, mais que le matin, on n’a pas le temps de s’arrêter pour un câlin ! Sauf que c’est faux : si je ne m’arrête pas pour le câlin, je sais que le reste prendra plus de temps, et au final, j’y perdrai.

C’est ça aussi la parentalité positive : savoir investir son temps !! En fait, il a eu besoin de deux câlins. Puis, il a quitté son masque d’opposition, et s’est mis à se déshabiller. Je suis partie, et Nicolas (mon mari) m’a ensuite dit que tout s’était très bien passé.

Quatrième étape : si le comportement se répète

Dans ces cas-là, je crois qu’il convient de prolonger encore la 3ème étape.

Je garde en tête une image vue en formation de discipline positive : celle d’un iceberg.
L’image servait à illustrer le fait que le comportement n’était que la partie immergée d’un problème probablement plus large, et plus enfoui. C’est au dessous de l’iceberg qu’il faut essayer de s’attaquer.

Car, je reprends cette fois l’un des principes d’Adler : “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”

En fait, c’est comme pour nous, si on y réfléchit bien !

Il y a les moments où tout va bien, où les personnes autour de nous réagissent comme nous le voudrions, ou, en tout cas, comme nous nous y attendons, et nous arrivons à nous comporter en accord avec nos valeurs, à utiliser nos compétences de parents positifs, et puis il y a ceux où rien ne va plus, où nous nous sentons impuissants, où nous sommes découragés ! Il suffit alors d’un rien pour que toutes nos compétences volent en éclat, et que nous fassions tout ce que non seulement nous savons que nous ne devrions pas faire, mais que, de surcroît, dans le fond, nous n’avons pas envie de faire !!

En CNV (Communication Non Violente, merci M Rosenberg !), on apprend que nos sentiments sont des indices de nos besoins nourris ou non nourris. Pour réussir à faire en sorte que notre enfant ne se sente plus découragé, il faudrait donc trouver quel est son besoin non nourri !

D’où l’étape suivante :

Cinquième étape : revenir aux nécessités de base

Une fois les besoins de survie remplis (eau, nourriture, sécurité), “Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

En considérant le comportement de l’enfant sous cet angle, nous pourrons probablement adapter notre comportement pour nous adresser plus directement à la source du problème.

Alors, parce que ça en vaut décidément la peine, prenons le temps de rappeler ce que signifient ces concepts d’appartenance et d’importance.

(J’ai simplement fait ici, je l’avoue sans honte, un copier-coller de mon article sur les nécessités de base des enfants…)

Appartenir

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !

On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.

(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance 

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?
Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

“On aide mieux en aidant moins” écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.

Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!

A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?

Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.

On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Pour conclure

Je vous invite à prendre quelques minutes, là, tout de suite, à réfléchir au dernier conflit que vous avez eu avec votre enfant, et vous poser la question : quel était son besoin à ce moment-là ? Comment pourrais-je faire pour l’aider à appartenir et avoir de l’importance ?

C’est à vous !

« Ne pars pas en courant comme ça !! »
« Non, tu ne peux pas sortir : range ta chambre, plutôt ! »
Etrangement, les enfants ne réagissent pas toujours très positivement à ce genre d’instructions…

Un jour, j’ai rencontré une femme versée dans la parentalité positive qui me disait que, quand ses collègues lui parlaient de leurs enfants qui refusaient d’obéir, elle leur répondait : « Va dans ton bureau ! ».
Il semblerait que cela aidait le collègue estomaqué à se rendre compte à quel point nos manières de parler à nos enfants encourageaient peu à la coopération !!

En fait, nos enfants reçoivent beaucoup, beaucoup, beaucoup d’instructions dans une journée.

Alors, bien sûr, ils se sentent sans pouvoir : on attend parfois d’eux qu’ils soient de simples marionnettes qui exécutent ce qu’on leur demande. Cela ne risque pas de nourrir leur besoin humain de se sentir important !  Mais l’enfant sent bien qu’il est une personne à part entière, et qu’il a un pouvoir de décision, et il entend bien l’exercer ! 

Ca parait logique… personne n’aime entendre « Va dans ton bureau ! »… Ca nous donnerait plutôt envie de nous rebeller, nous aussi, non ?

D’autre part, la majeure partie de ces instructions est formulée comme une interdiction plutôt qu’une permission.
« Ne touche pas à ça ! »

Or, quelles sont les implications de cette négation :

  • Elle invite à se focaliser sur le comportement négatif
  • Elle oblige l’enfant à traduire l’information : je ne dois PAS faire ça… QUE dois-je faire plutôt ?
  • Elle est déprimante : si on me dit sans cesse ce que je fais mal, je ne me sens pas tellement inspiré à faire mieux…

Et voilà pourquoi nous nous retrouvons, sans l’avoir anticipé, dans des luttes de pouvoir

Comment les éviter ?

  • Décrire la situation

Avec un « Ton sac est resté dans le couloir. », l’enfant comprend qu’il doit l’enlever. L’ordre est inutile.
« C’est l’heure du bain. » donne une information sans diriger l’enfant. S’il ne réagit pas, on peut lui donner un choix : « Tu préfères y aller tout de suite, ou lorsque tu auras terminé ton dessin ? »

  • Utiliser des questions ouvertes

« Que te manque-t-il pour être prêt à partir ? » plutôt que « Mets tes chaussures, on s’en va. »
« Où les voitures se rangent-elles ? »

  • Tourner nos instructions de manière positive 

« On marche doucement. » plutôt que « Ne cours pas. »
« Je préfèrerais que tu utilises ton couteau pour pousser. » plutôt que « Ne pousse pas avec les doigts. »

  • Trouver des manières de dire oui

« Oui, dès que ta chambre sera rangée, tu pourras descendre voir le voisin. »
« Oui, tu pourras avoir un bout de gâteau après le repas, au dessert. »

Et vous, comment évitez-vous les luttes de pouvoir ? Avez-vous déjà réussi à mettre ces techniques en place avec succès ?

La confiance en soi… un thème fondamental pour avancer dans la vie ! Cela vaut la peine de s’y pencher, car, bien sûr, elle prend ses racines dans l’enfance.

Cet article est écrit dans le cadre d’un festival d’articles organisé par l’épatante Caro du blog Entrepreneuses à succès.
Le concept : Carolle a fait appel à différents blagueurs pour un tour d’horizon sur le même thème :
« Avoir confiance en soi pour réussir ».
Evidemment, mon regard est tourné vers l’enfant…

Deux groupes d’élèves de CM1 ont reçu une feuille d’exercices. Chaque feuille contient 3 exercices, et le 3è est le même dans les 2 groupes. Ce qui diffère, ce sont les deux premiers : dans un cas, ces deux premiers exercices sont faciles, dans l’autre, ils sont difficiles.
La situation dans laquelle ces élèves se trouvent au moment d’aborder le dernier exercice n’est donc pas la même :
Dans le 1er cas, les élèves viennent de réussir deux exercices (car ils étaient faciles), ils ont compris qu’ils étaient capables de faire les exercices qu’on leur demandait, et abordent ce 3ème exercice avec confiance.
Dans le 2ème cas, les élèves viennent de faire face à des difficultés, de peiner, éventuellement d’échouer à résoudre les 2 premiers exercices. Ils abordent donc le dernier avec un certain découragement.
Vous l’aurez compris : le taux de réussite de ce dernier exercice est bien plus fort dans le premier groupe ! Pourtant, le dernier exercice était identique, et les élèves de niveau équivalent…
Seulement voilà : pour réussir, il ne faut pas seulement savoir faire, il faut aussi avoir confiance en nous !

Bien sûr.
Seulement, comment faire pour avoir confiance en nous ? Qu’est-ce qui explique que certains d’entre nous doutent sans cesse de leurs capacités, et d’autres non ?
C’est probablement le résultat de beaucoup de facteurs combinés, il serait impossible de donner une réponse unique. Je crois cependant que ce genre de qualité a beaucoup à voir avec notre enfance, et notre éducation.

Je voudrais donc soulever le point suivant :
comment aider nos enfants à développer leur confiance en eux ?

Souvent, quand on éduque nos enfants, on est focalisé sur le quotidien, sur les règles, sur le fonctionnement de la maison, et on oublie de se fixer un objectif à long terme, comme une carte de route à suivre pour arriver où l’on voudrait.
Si nous nous arrêtions pour cela, et que nous listions ce que nous aimerions aider à développer chez nos enfants à long terme, il est probable que dans notre liste figurerait “la confiance en soi”.

La confiance en soi, qu’est-ce ?

Avoir confiance en soi, c’est croire en ses capacités. Mais pas seulement. Lorsqu’on a confiance en quelqu’un, cela signifie qu’on a foi en l’autre, confiance en ce qu’il est, en ses valeurs, en ce qu’il dit. La confiance en soi, c’est donc également cela : avoir confiance en ce que nous sommes, en nos valeurs, confiance en ce que nous nous disons à nous-mêmes, c’est à dire en ce que nous ressentons.

Seulement voilà, nous les parents, au moment où nos petits, encore bébés, commencent à exprimer ce qu’ils ressentent, nous avons déjà tendance à le nier : “Chut.. ce n’est rien ! Allons, arrête de pleurer…” “Il n’y a pas de raison de s’énerver !” .. Et plus tard, face aux situations difficiles : “n’aie pas peur !”
Ainsi, en tant que parents, nous faisons souvent fausse route dès le départ, inconsciemment.

Validons les sentiments de nos enfants

C’est le moment de faire une pause. De faire un pas en arrière, et de devenir conscients de ce que nous disons, gardant en tête notre carte de route, celle qui inclut la confiance en soi à développer chez nos enfants.

Car en niant ainsi les sentiments de nos enfants, nous affirmons qu’ils ne peuvent croire en ce qu’ils ressentent. Ils identifient leur détresse, leur colère, leur peur, et, sous prétexte de les rassurer, nous les mettons en doute. Nous leur indiquons de ne pas avoir peur (comme si un sentiment pouvait s’ordonner !), nous leur expliquons que leurs raisons sont mauvaises.

Bien sûr, cela part d’une bonne intention : nous cherchons à les rassurer, à les faire se sentir mieux. Nous n’aimons pas voir nos enfants malheureux. Nous avons en général de bonnes raisons de nier les sentiments de nos enfants.
Ainsi, à mon neveu qui pleurait d’avoir raté sa première étoile, une amie disait : “Mais c’est pas grave ! Tu l’auras l’année prochaine !” La déception n’a donc pas lieu d’être ? Imaginons ce qui peut se passer dans la tête de ce petit garçon : “J’ai tort de pleurer ? Je ne devrais pas ? Ce n’est en fait pas grave ? Pourquoi alors me sens-je ainsi ? Ce n’est peut-être pas normal… Je ne peux pas me faire confiance pour savoir si ce que je ressens est valide, en fait…”
Arrivé à l’adolescence, lorsqu’une personne dominante du groupe voudra entrainer les autres dans une situation dangereuse, il est probable alors que tous ceux qui ne se sentent pas à l’aise avec cette idée se remémorent tous les moments où on leur a dit “N’aie pas peur !” et taisent simplement leur malaise, honteux de le ressentir et de ne pouvoir se faire confiance à eux-mêmes…

Ceux qui réussissent croient en eux-mêmes, savent qu’ils peuvent s’écouter. Savent que ce qu’ils ressentent et ce qu’ils expriment est valide.
Pour les aider à atteindre cet objectif, validons les sentiments de nos enfants.
“Tu es déçu de ne pas avoir eu ta première étoile…” est un bien meilleur accompagnement de l’enfant : il apprend à identifier son sentiment, à le recevoir, et il apprendra même par l’expérience que certains sentiments ne durent pas. Nous l’armons donc bien mieux pour les futures expériences difficiles, qu’il ne manquera pas de vivre !

— Note : si ce thème de validation des sentiments vous inspire, faites donc un tour sur la présentation de ma mini-formation d’accompagnement des émotions

Laissons-les faire seuls !

La confiance en soi, c’est également savoir que l’on est capable.

Dès le plus jeune âge, c’est ce que cherche l’enfant. “Moi tout seul”. Ce n’est pas toujours évident pour nous, parents, parce que nous savons qu’il n’y arrivera pas, ou que ça prendra beaucoup plus de temps et que nous sommes pressés, ou parce qu’il risque d’y avoir des dégâts au passage, parfois simplement parce que nous voulons nous sentir utiles en les aidant…

Toutes ces raisons sont les nôtres, et elles sont valables, mais la force de vie qui anime nos enfants dans ces moments-là est également ce qui nous aidera à suivre le cap.

Laisser l’enfant faire seul est une priorité

Dans la pratique, comment l’appliquer ?

  • lui offrir un environnement à son niveau (beaucoup de bonnes idées pour commencer dès le début, dans cet article de “parents naturellement” sur l’autonomie de bébé)
  • prendre le temps de lui enseigner. “Voici comment on verse le lait dans le bol…”
  • s’il y a des dégâts, c’est également l’occasion d’un enseignement : “Pour nettoyer, tu peux prendre cette éponge-là.”
  • calculer plus de temps pour le lui laisser.

Plus nous laisserons d’autonomie à notre enfant, plus il se sentira capable.
Ainsi, dès qu’ils le peuvent, encourageons-les à participer à la vie familiale.
Même s’ils y sont au départ réticents (parce que nous leur avons donné de mauvaises habitudes), le fait de contribuer sera bénéfique pour leur confiance en eux.

Surtout, surtout, gardons en tête cette idée-là :
“Nous aidons mieux en aidant moins.” Haïm Ginott

Laissons-les décider seuls

Enfin, l’un des points les plus difficiles pour nous, est d’accepter que nos enfants sont capables de prendre leurs propres décisions.
Nous sommes des guides, oui, mais il y a une énorme différence entre l’autorité qui impose et le guide qui inspire.
Si nous attendons de nos enfants qu’ils obéissent à ce que nous leur demandons, sans même y réfléchir, nous ne les aidons pas à développer leur sens des responsabilités, et leur prise d’autonomie. Nous risquons plutôt d’encourager des luttes de pouvoir, ce qui est encore un autre problème. Voilà pourquoi je ne cherche pas à avoir des enfants obéissants. (lien)
Cela ne veut pas dire que nous ne leur demandons plus rien. Au contraire. Un bon leader encourage à la coopération ! Nous chercherons donc à influencer plutôt qu’à imposer.

Et dans les décisions du quotidien, encourageons nos enfants à se poser des questions, à prendre leurs décisions, et à en constater le résultat. Bien sûr, cela veut dire qu’ils feront face à des échecs, que nous ne leur aurons pas évités. Mais c’est ainsi qu’ils apprendront. Et quand ils réussiront, ils pourront être fiers d’eux, fiers d’avoir persévéré, fiers d’avoir accompli quelque chose seuls. Ils s’affirmeront pour ce qu’ils sont, sans se sentir un prolongement de nous.

Alors, nous les aurons vraiment aidés à avoir confiance en eux pour réussir.

Cliquez ici pour consulter les autres articles de ce carnaval sur le thème de la confiance; sur le blog entrepreneuses à succès !

Dans ce chapitre de La discipline positive, Jane Nelsen nous encourage à analyser les comportements inappropriés (notez bien l’expression : non pas « mauvais comportements » mais « comportements inappropriés ») pour en comprendre les causes et les décoder au lieu de n’y répondre qu’en surface. Et rien que le fait de les considérer sous un autre angle nous aidera !

Pour commencer, nous sommes invités à assumer notre part de responsabilité.

Je trouve ce point particulièrement intéressant, car il est rarement soulevé ainsi.

En effet, Jane Nelsen rappelle que l’adulte participe au comportement inapproprié de l’enfant. Je sais, ce n’est pas facile à accepter, c’est pourtant très vrai ! Notre réaction face à nos enfants, et même parfois nos actions face à nos enfants ont une influence sur leur comportement également ! Ainsi, « s’ouvrir à une responsabilité partagée » nous aidera à mieux aborder le reste.

Ensuite, l’auteure rappelle qu’un comportement inadapté peut être dû à une incompréhension, à une étape normale du développement de l’enfant, ou à un sentiment de découragement.

Dans ce dernier cas, il est fréquent que les interprétations erronées de l’enfant, dont nous avons parlé dans les principes adlériens, lui dictent son comportement dans le but inconscient d’atteindre un objectif mirage.

Je vais recommencer cette dernière explication, parce qu’elle est clef ici.

L’enfant a un besoin.

Disons par exemple qu’il a besoin d’être vu. De manière inconsciente en général. Son observation et son interprétation du monde l’ont conduit à penser qu’on ne le remarque que lorsque l’attention est centrée sur lui. Son objectif mirage est donc d’accaparer l’attention. Il est qualifié de mirage parce que ce n’est pas ce qui répondra réellement à son besoin, mais c’est bien ainsi qu’il voit les choses… Il adaptera donc inconsciemment son comportement pour atteindre cet objectif, agaçant le parent ou le prof, qui lui donnera ainsi toute son attention !

Lorsque j’ai lu pour la première fois ce chapitre, il y a de cela quelques mois, ce n’était pas très clair pour moi.

Cependant, entretemps, j’ai suivi une formation de « discipline positive dans la classe« , au cours de laquelle nous avons fait des exercices autour de ces objectifs mirages, et ça me parait être vraiment bien vu.

Les 4 objectifs mirages (définis par Dreikurs)

  • Accaparer l’attention
  • Prendre le pouvoir
  • Prendre une revanche
  • Confirmer sa croyance d’incapacité

Et, pour identifier quel est l’objectif mirage poursuivi par l’enfant, il s’agit d’observer ce qu’il suscite en nous !

Le livre présente ainsi une « grille d’identification des besoins cachés derrière les comportements inappropriés » qui est fort utile pour toute personne interagissant avec des enfants. C’est cette grille qui nous guidera pour ne pas adresser le comportement lui-même, qui n’est souvent que la partie émergée de l’iceberg, mais bien sa cause : le besoin inassouvi qui est immergé.

Parlons un peu plus de chacun de ces objectifs-mirages.

Accaparer l’attention

L’enfant cherche probablement à accaparer l’attention lorsque l’adulte se sent agacé, irrité…
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’appartiens que si je suis au centre de l’attention ».
Son message codé est en fait : « Remarquez-moi, impliquez-moi ».
Que peut dans ce cas faire le parent ?
Il peut : confier une responsabilité à l’enfant ; planifier des « moments particuliers » ; instaurer des signaux avec l’enfant ; faire une recherche de solution avec lui !

Prendre le pouvoir

L’enfant cherche probablement à prendre le pouvoir lorsque l’adulte se sent défié, remis en cause dans son autorité.
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’ai de sentiment d’appartenance que lorsque je suis en position de force ».
Je rappelle que toute personne, enfants inclus, a besoin d’une part de pouvoir.
Le message codé de l’enfant est : « Laissez-moi participer, donnez-moi des choix. »
Que peut dans ce cas faire le parent, face à l’enfant qui s’oppose ?
Il peut marquer un temps de pause, et penser à sa responsabilité dans ce comportement.
Valider les sentiments de l’enfant, offrir des choix, et l’impliquer dans les solutions.

Prendre une revanche

L’enfant cherche probablement à prendre une revanche lorsque l’adulte se sent blessé, déçu…
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’ai pas de sentiment d’appartenance , je souffre mais je peux au moins rendre la pareille en faisant souffrir l’autre. »
On touche ici au besoin d’appartenance déjà évoqué dans le cas de l’attention ci-dessus, mais l’enfant n’a même plus de solution pour y répondre…
Le message codé de l’enfant est : « Aidez-moi. Je souffre intérieurement. »
Que peut dans ce cas faire le parent ?
Il est d’abord nécessaire de contrôler ses réactions pour briser le cycle de la revanche… Pas facile ! Le temps de pause revêt ici encore plus d’importance, pour réussir à analyser son ressenti, et à refléter les sentiments de l’enfant. Ici encore plus qu’ailleurs, il faut chercher à se reconnecter à l’enfant !

Confirmer sa croyance d’incapacité

L’enfant cherche probablement à confirmer sa croyance d’incapacité lorsque l’adulte se sent impuissant, démuni…
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’arrive pas à appartenir ni à avoir de l’importance, ni à me sentir capable, c’est tout simplement impossible, je me désengage. »
L’enfant qui se désengage manque cruellement de confiance en lui. Il s’agira alors de l’accompagner étape par étape.
Le message codé de l’enfant est : « Ne me laissez pas tomber. Tendez-moi la main. »
Que peut dans ce cas faire le parent ?
Ne pas baisser les bras, enseigner les compétences sans faire à la place de l’enfant. Fixer des étapes intermédiaires. Encourager, encourager, en montrant que nous avons confiance dans les capacités de l’enfant !

Reste à intégrer cela…

Savoir identifier ces objectifs-mirages, et les distinguer l’un de l’autre peut se révéler très utile pour savoir comment répondre à un comportement inapproprié.

En effet, nous ne devrons pas réagir de la même manière face à un enfant dont l’objectif mirage est d’accaparer l’attention que face à celui qui cherche à confirmer sa croyance d’incapacité.

Comme vous l’avez vu ci-dessus, notre premier indice d’identification, c’est notre ressenti face au comportement de l’enfant.

Lorsque j’ai lu ce chapitre de La discipline positive pour la première fois, cela m’a semblé bien compliqué.

Depuis, il m’est arrivé plusieurs fois d’y repenser lorsque j’arrivais à écouter mon ressenti, et à me rendre compte à quel point cela semblait tomber juste !

Je ne sais pas toujours garder ce regard, chercher à décoder ainsi, mais j’avance chaque jour un peu plus sur ce chemin, comme vous je l’espère.

Remarque : Un peu plus tard, je retrouve, dans Parents respectueux, enfants respectueux , cette idée de chercher le besoin derrière le comportement (indépendamment des objectifs mirages).

J’avais déjà évoqué Adler lorsque j’avais écrit « Les nécessités de base des enfants », je retombe dessus à la lecture de La discipline positive de Jane Nelsen.

En effet, les principes adlériens ne sont rien de moins que les fondements de la discipline positive développée par Jane Nelsen.

Quels sont ces principes ?

  1. Les enfants sont des êtres sociaux
  2. Le comportement de l’enfant est tendu vers un but
  3. Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance
  4. Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé
  5. La responsabilité sociale ou le sens de la communauté
  6. Le principe d’égalité, fondement de la coopération
  7. Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage
  8. S’assurer de faire passer le message d’amour

Et comment les interpréter ?

Les enfants sont des êtres sociaux

Selon Adler, l’enfant nait avec un vrai sens de solidarité et de communion.
Son comportement dépendra donc grandement de son environnement, du contexte social, de l’interprétation qu’il fera du comportement de ceux qui l’entourent.
Je crois qu’on touche ici à la force du modèle !

Le comportement de l’enfant est tendu vers un but

Selon Adler, le comportement est tendu vers un but à atteindre, qui n’est même pas conscient. L’enfant interprète ce qu’il observe, et adapte son comportement en fonction de ce qu’il ressent devoir faire pour obtenir ce qu’il recherche. Comme quand parfois on cherche le compliment par exemple… Seulement, l’enfant le fait souvent de manière inconsciente, sinon ce serait trop facile. Comme quand Léon cherchait de l’attention… Je ne sais si je l’aurais compris sans Adler.

Enfin, ajoutons à ça que, selon Dreikurs, psychiatre qui poursuivit en son temps le développement des principes adleriens, « les enfants perçoivent bien mais interprètent mal », et nous nous retrouvons face à des comportements agaçants qui n’obtiennent pas toujours le but cherché, et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer !

Un exemple parlant, donné par Jane Nelsen ici : la régression du jeune enfant quand un bébé arrive à la maison. C’est assez simple à comprendre en fait : l’enfant observe que quand le bébé demande un biberon, on s’occupe de lui. Il interprète donc que quand un enfant a envie d’un biberon, les adultes sont là pour répondre à cette envie. Or, il aimerait également qu’on s’occupe de lui, c’est son but. Donc, il demande un biberon !

Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance

On rejoint ici l’article que je citais au début de celui-ci, sur les nécessités de base des enfants.

C’est en se sentant faire partie du groupe, et en sentant qu’on y contribue que l’enfant va se construire une vraie confiance en soi.

La compréhension de ce besoin essentiel nous permettra l’éclairage des principes précédents : le but d’un comportement sera en général d’appartenir et d’avoir de l’importance, car l’enfant est un être social.

Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé

Ainsi, si nous ne nourrissons pas le besoin de l’enfant, il devra chercher un moyen de l’obtenir. Et comme il peut interpréter mal ce qu’il observe, il va basculer dans un comportement inadapté. C’est en réalité sa manière de dire « Je voudrais appartenir et avoir de l’importance, mais je ne sais pas comment y parvenir. »

Lors d’un comportement que nous n’apprécions pas, posons-nous la question : que cherche réellement l’enfant ? Quel est son besoin derrière son attitude ? On pourra ainsi l’aider à répondre à son besoin de manière plus adaptée.

La responsabilité sociale ou le sens de la communauté

Les expériences le prouvent : les petits enfants ont naturellement une envie d’aider l’autre. Prendre en compte le besoin de l’autre, essayer d’y répondre, voilà une belle manière de vivre la communauté. Ne les laissons pas perdre cet élan. Laissons-les contribuer, et que cela devienne un échange.

Dreikurs disait : « Ne faites pas pour un enfant ce qu’il est capable de faire tout seul. » Parce qu’en faisant pour lui-même, l’enfant trouve sa place dans la communauté, et développe le sentiment d’être capable. Etant capable, il pourra à son tour aider l’autre, suivant ainsi son instinct de responsabilité sociale.

A l’inverse, n’abandonnons pas à lui-même un enfant qui ne sait pas. Accompagnons-le dans son apprentissage pour lui donner également le modèle du sens de la communauté, et impliquons-le jusqu’à ce qu’il soit capable de prendre la responsabilité seul.

En résumé : ne faisons pas pour, prenons le temps d’enseigner.

C’est l’histoire si marquante du poisson, non ? « Donnez un poisson à un homme, il mangera une fois. Apprenez-lui à pêcher, il mangera toute sa vie ! »

Le principe d’égalité, fondement de la coopération

Jane Nelsen insiste sur la démarche de » connecter avant d’enseigner ».

L’enseignement se fondant sur la coopération, il faut d’abord être connecté avec l’enfant. Et pour cela, il est nécessaire d’aborder notre relation selon un principe d’égalité. Non, cela ne signifie pas qu’un enfant et un adulte sont identiques, mais plutôt qu’ils ont également droit au respect. Ce qui n’est pour l’instant, en général, pas le cas, comme évoqué dans cet article.

En cas de problème, nous veillerons donc à nous connecter avec respect avec notre enfant, avant de chercher une solution avec lui. Concrètement, nous l’écouterons avec empathie, respecterons ses émotions et besoins, partagerons nos propres émotions et besoins. Alors seulement, nous pourrons avancer ensemble.

Ces étapes correspondent d’ailleurs bien à ce que nous avions lu dans les livres de Faber et Mazlish, ou d’Elizabeth Crary.

La connexion peut et doit évidemment se construire également en dehors des situations de conflits, pour plus d’idées sur le sujet, voir comment connecter avec son enfant ?

Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage

Je le mettais dans l’article de présentation de ce livre, parce que c’est un thème qui y revient régulièrement et qui est clef : apprécier la valeur de l’erreur ! Car les erreurs sont des OPPORTUNITES.

L’erreur est un thème que nous avons déjà approché au travers notamment de TED talks : celui de Claire Blondel, celui d’Eduardo Briceño ; grâce à Jane Nelsen, nous la valorisons chez nous également : tous les samedi, avec Oscar (14 ans) et Alice (10 ans), nous avons ajouté à nos « samedi victoire », le « samedi erreur ». Ainsi, chacun partage également son erreur de la semaine, et ce qu’il en a retiré !

Ce n’est pas évident, car pour accepter de faire face à l’erreur, il faut avoir le courage d’être imparfait !

Cas d’application concret : en tant que parent, nous faisons régulièrement des erreurs dans la manière d’aborder les choses avec nos enfants. Ayons le courage d’être imparfaits, et n’hésitons pas à aller les voir avec notre part de responsabilité pour demander pardon pour notre débordement. Ainsi, nous leur donnons le modèle d’une démarche de réparation.

S’assurer de faire passer le message d’amour

Pour terminer, ne perdons pas de vue l’essentiel : quand nous faisons des reproches à nos enfants, souvent, c’est parce que nous les aimons.

Eh oui ! Sinon, peu nous importerait qu’ils se couchent tard et soient fatigués, qu’ils rentrent après la tombée de la nuit, qu’ils ne travaillent pas leur français…

En fait, nous cherchons à leur imposer ce qui nous semble important pour eux, parce que nous les aimons. Seulement voilà : reçoivent-ils bien ce message ?

Essayons de marquer un temps de pause et de réfléchir à nos formulations, pour inclure ce message, parce que finalement, c’est bien lui qui compte le plus !

Bien sûr, après avoir écrit ça, je sais quand même que la prochaine fois que je m’énerverai, je ne marquerai pas de temps de pause, je m’agacerai, et mon message d’amour ne passera pas….

Mais ce sera une opportunité ! Une opportunité de m’en rendre compte, d’y réfléchir, une opportunité de retourner voir mon enfant et de lui montrer comment on répare. Ensuite, nul doute que j’aurai une autre opportunité de faire mieux. Je suis imparfaite, et je l’accepte, tout en cherchant à faire mieux !

Je ne vous apprends rien : dans une maison, les tâches sont nombreuses. On aimerait que nos enfants y participent, mais en même temps, on voudrait ne pas les “forcer”. On se sent tiraillé… en fait, il faudrait qu’ils aident spontanément, ce serait l’idéal !

Oui, mais arrêtons de fantasmer… Qu’ils participent spontanément ne se fera pas !
En revanche, on peut probablement les y amener, peu à peu.

Pour moi, il y a ici plusieurs questions dans cette question :

1- Est-il important qu’ils participent ?

Ce n’est pas important, c’est fondamental ! Eh oui, on touche ici aux besoins fondamentaux de l’être humain (du moins selon Adler, et franchement, plus j’apprends, et plus je suis en ligne) : Appartenir et Avoir de l’importance.
Avoir de l’importance, c’est, entre autres, se sentir capable et utile. On a tous besoin de ça ! Quand quelqu’un fait quelque chose pour moi, je suis sensible à l’attention, mais s’il ne me laisse rien faire, je reçois le message qu’il pense que je ne suis pas capable ! Alors, comme je ne supporte pas cette idée, je vais interpréter autrement le comportement des autres, je vais progressivement intégrer l’idée que je n’ai de l’importance que lorsqu’on s’occupe de moi, et je vais de moins en moins en faire…

Si, au contraire, on me laisse en charge de certaines tâches de la maison, c’est qu’on me fait confiance, c’est qu’on sait que j’en suis capable. J’ai une responsabilité et je m’en acquitte. Au début, peut-être pas avec succès, mais chaque erreur est une opportunité d’apprentissage… Peu à peu, nourri par un environnement bienveillant, je vais m’améliorer, je vais mettre en place une routine, je vais montrer à mon entourage qu’on peut compter sur moi ! Et ça, ça me rend plus fort !
D’ailleurs, en laissant l’enfant contribuer, on fait d’une pierre deux coups, parce que ça répond aussi en partie à son besoin d’appartenance : il trouve ainsi aussi sa place dans la famille. Celle-ci fonctionne, entre autres, grâce à lui !

Premières étapes à franchir donc : premièrement, être convaincu qu’il est bon pour eux de participer ; deuxièmement, changer son vocabulaire pour transmettre cette nouvelle conviction : ils ne participent pas aux tâches de la maison, ils contribuent au fonctionnement de la famille !

2- Quel modèle leur donne-t-on en faisant pour eux ?

Quand on fait pour les enfants, on peut ressentir plusieurs choses.
Le plaisir de donner de notre temps, oui, mais aussi du ressentiment pour ce qu’ils nous “obligent” à faire, et puis de la frustration de ne pas être considéré(e) (notre temps n’est visiblement pas valorisé…). Ainsi, je vois beaucoup de mamans qui ne se sentent pas bien dans le rôle de celle qui fait tout, qui aimeraient bien que les enfants les aident, et qui accumulent du ressentiment pour tout ce que ces derniers ne font pas… Mais l’ont-elles vraiment communiqué avant ?
En fait, ces mamans n’ont pas vraiment su poser leurs limites. Ont-elles seulement compris qu’elles ne respectaient pas leurs limites d’ailleurs ? On l’a déjà vu : on n’a pas appris à écouter nos sentiments, à identifier nos besoins… Comment pourrait-on les communiquer si on n’en a même pas conscience ?

Seulement voilà : en donnant ce modèle-là à nos enfants, on ne leur enseigne pas non plus à poser leurs propres limites !
Parce que les enfants copient ce qu’ils voient, évidemment. Alors, si on leur montre qu’on trouve normal de se laisser dévorer par leurs besoins, au détriment des nôtres, ils recevront qu’il est normal de se laisser dévorer, et risquent fort de reproduire le modèle. Il leur sera probablement plus difficile de faire face à un ami envahissant, de faire respecter leur espace ; en un mot, ils ne sauront pas non plus faire respecter leurs limites.
A l’inverse, si nous leur donnons l’occasion de prendre en compte nos limites pour adapter leur propre comportement, nous leur enseignons le respect de l’autre (en l’occurence, de nous !) et ça aussi, c’est fondamental !
D’ailleurs, si les enfants se mettent à contribuer, notre reconnaissance nous encouragera à les respecter plus à notre tour, et nous entrerons dans un cercle vertueux, où le respect de l’autre pourra enfin remplacer le ressentiment ; avec les conséquences que l’on peut imaginer sur l’ambiance à la maison !

3- Comment faire pour les y inciter ?

Les deux premières questions traitaient des raisons que nous pouvons avoir d’encourager nos enfants à contribuer.
“J’ai deux raisons, dont chaque est suffisante seule.” aurions-nous pu dire, à la manière de Cyrano de Bergerac…
Maintenant, comment ??
Je crois qu’arrivé à ce stade, parfois, sans même qu’on s’en rende compte, la moitié du chemin est faite. Pourquoi ? Parce que si nos enfants participent peu, c’est probablement parce qu’on leur a demandé sans y mettre le coeur, justement parce qu’on ne voulait pas les “forcer”. Maintenant qu’on est convaincu du bien-fondé de la démarche, nos demandes vont avoir plus de poids, ne serait-ce que par leur sincérité.

Je vois 2 manières de commencer réellement :
Celle qui est la plus coopérative, qui cherche à les inclure et à leur donner l’opportunité de constater nos besoins pour leur donner l’envie de contribuer sans qu’on ait à les forcer du tout, c’est la réunion de travail. (suivre le lien pour savoir comment la mettre en place). C’est vraiment la solution à privilégier !
Une réunion familiale au cours de laquelle on leur présente la liste des choses qui doivent être faite dans la maison, et on leur demande en quoi ils veulent contribuer.
Quand chacun choisit, c’est souvent très efficace ! Ca a très bien marché chez nous.

Il y a cependant des familles dans lesquelles les enfants ont tellement l’habitude qu’on ne leur demande pas de participer qu’ils ont du mal à voir le besoin de l’autre. Ils ne reçoivent pas la pose de la limite, parce qu’ils ne savent pas ce que c’est ; et ils sont peut-être déjà dans le cas où ils croient qu’il faut qu’on s’occupe d’eux pour qu’ils aient de l’importance.
Avec ces enfants-là, il faudra y aller peu à peu, et effectivement les « forcer » au début, pour pouvoir rétablir la trajectoire, et le message !
Pour cela, on peut commencer par les tâches qui « leur appartiennent ». Ce que je veux dire par là, c’est : si cette tâche n’était pas faite, à qui cela poserait-il problème ?
Si le problème est vôtre (ex : rangement du salon), ils n’auront pas d’autre motivation que la prise en compte de votre besoin, ce qui est justement ce qui leur pose problème pour l’instant.
Si le problème est leur (ex : linge sale dans le panier), alors on peut s’en servir pour les sensibiliser à la question de la prise en compte du besoin de chacun, en installant des conséquences naturelles !
La conséquence naturelle, c’est ce qui advient lorsque nous ne faisons rien.
Ainsi, s’ils ne mettent pas leur linge au panier à linge, et que nous n’intervenons pas sur ce point, le linge ne sera pas propre. Et ça, ce sera bien leur problème.

Attention : il n’est pas question de se mettre à faire ça du jour au lendemain, sans les avoir prévenus ! Nous allons communiquer avec nos enfants.
Nous leur dirons : « Tu sais, j’ai réalisé que je devais souvent ramasser les vêtements sales par terre dans ta chambre, et je trouve que ce n’est pas mon rôle. Je voulais donc t’informer du fait que dorénavant, je ne laverai que les vêtements qui seront dans le panier. Il sera de ta responsabilité de les y mettre si tu veux des vêtements propres. » On peut même ajouter (surtout si les enfants sont jeunes) : « Penses-tu que tu t’en souviendras, ou as-tu besoin d’aide pour réfléchir à un système qui te permettra de ne pas oublier ? »
Et ensuite, il faut s’y tenir !! C’est à dire :
– ne pas ramasser le linge qui est par terre, bien sûr.
– ne pas remplacer ça par un rappel constant du fait qu’il y ait du linge par terre. On rappelle le principe : c’est devenu LEUR responsabilité. On peut respecter la courbe d’apprentissage en le leur rappelant une fois les premiers jours, et ensuite, on laisse arriver la conséquence. C’est important qu’ils s’en rendent compte, ça les aidera à grandir !
– s’il arrive un jour où ils n’ont plus de caleçon, ou de short de sport, ne pas résoudre pour eux. L’attitude à adopter sera : « Je suis désolée pour toi que tu n’aies plus de caleçon, j’espère que tu vas trouver une solution. » et s’en aller…
– résister à l’envie d’enfoncer le clou : « Je t’avais bien dit que tu devais mettre ton linge au panier !! », ils s’en sont déjà rendu compte. On peut recevoir la difficulté, simplement, et se focaliser sur le futur : « Mince, tu n’as plus de short…  Non, je ne peux pas le laver vite, tu connais la règle que nous avons mise en place. Je comprends que tu sois déçu ! Je suppose que la prochaine fois, tu ne l’oublieras pas. »

Une fois que l’équilibre dans la maison évolue, que les enfants participent plus aux tâches qui les concernent, et qu’ils comprennent ainsi mieux le concept de responsabilité, nul doute qu’ils seront plus ouverts et plus réceptifs à la réunion de travail que nous évoquions plus haut !

Et petit à petit, ce foyer verra se développer plus de respect pour le rôle de chacun.

“Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

Ceci est un des principes exposés par Adler, un psychologue autrichien du 20è siècle, et je suis impressionnée par la manière dont ses principes résonnent dans l’éducation positive. (Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aussi consulter cet article sur les principes adlériens – fondateurs de la discipline positive)

Appartenir ?

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !
On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.
(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance ?

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?

Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

« On aide mieux en aidant moins » « écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.
Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!
A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?
Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.
On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Un nouveau regard sur l’enfant

Comprendre ces nécessités de bases, c’est poser un nouveau regard sur l’enfant.
Car les comportements ont un objectif.
Ainsi, voici un autre énoncé d’Adler  “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”
(Lien vers l’article sur l’enfant découragé ici)

Le message inconscient de cet enfant est donc : “Je n’ai pas l’impression d’appartenir ni d’avoir de l’importance, et je ne sais pas toujours comment faire pour changer les choses.”

Ca change la perspective, pas vrai ?