Dans un couple, on n’est pas toujours complètement en ligne sur tous les principes éducatifs. C’est normal, on a des histoires différentes, des expériences différentes, et ça nous influence, qu’on le veuille ou non ! Selon le contexte et le cheminement de chacun, ces désaccords prennent plus ou moins de place. Oui, il y a régulièrement des ajustements à faire, c’est normal. Et des différences qui persisteront aussi : nous sommes différents et c’est ok. Mais parfois, ces désaccords sur l’éducation prennent trop de place dans le couple. Les tensions parentales impactent l’ambiance familiale. Et ce, même quand le couple lui-même va bien ! « Notre couple conjugal fonctionne… c’est notre couple parental qui dysfonctionne. » m’écrit une maman dont je garderai l’anonymat.

Moi, je crois très fort que quand le couple conjugal fonctionne, il y a la matière pour réussir à parler des désaccords sur l’éducation.
(Note : vous l’aurez compris ; je ne parle pas ici du cas des parents divorcés, de gardes partagées, ni du cas d’un couple qui ne va pas bien indépendamment des enfants, auquel je conseillerai plutôt d’aller voir un thérapeute conjugal)
Sauf que je sais que « dans la vraie vie », ça reste compliqué. Parce qu’il y a là beaucoup d’émotionnel. Parce qu’on a tellement envie de convaincre l’autre qu’on se retrouve vite à jouer au jeu de « j’ai raison », sans bien écouter ce que dit notre partenaire…

Que s’est-il passé ? Comment est-on passé du couple qui fonctionne ou couple qui se dispute sur la manière de « gérer » les enfants ?
Et surtout… est-il possible d’aborder ces questions sereinement ?

Devenir parents

Le « couple conjugal fonctionne » parce qu’il s’est formé avant de devenir parents.
Souvent, la question des principes éducatifs n’a même pas clairement été évoquée avant de se présenter concrètement.

Alors, ensemble, en devenant parents, on essaye de s’ajuster, de trouver une manière de faire qui correspond aux deux.
On teste, on ajuste, on est souvent démuni, parce que parent s’apprend surtout sur le tas…
Bien sûr, il y a toujours des moments où on n’est pas tout à fait d’accord, où on n’a pas la même interprétation des choses, ou la même posture.
Mais on avance quand même ensemble. On se pose des questions, on échange, et peu à peu, on avance.

Dans beaucoup de couples, ça s’arrête là.
Pour vous qui êtes ici, cependant, ce n’est pas le cas.

Une posture qui change

Parfois, il y a d’autres facteurs que la seule expérience qui font évoluer les pratiques…

L’un des parents se forme

Quand j’ai commencé une formation Montessori, ça a pas mal fait évoluer mon approche de la pédagogie.

C’est probablement ce qu’il vous arrive aussi, sur le plan éducatif :
si vous êtes arrivé.e sur ce blog, c’est que vous cherchez à vous renseigner sur l’éducation positive.
Vous cherchez à évoluer dans vos pratiques parentales.

Que ce soit parce que vous vous sentez débordé.e, ou parce que vous êtes inspiré par ce que vous avez lu sur le sujet, vous êtes là parce que vous voulez bouger.

Le problème, c’est que vous êtes peut-être seul.e à bouger.
Or, déjà, bouger, soyons honnête, ce n’est pas facile…
Alors si en plus, à côté de nous, on a quelqu’un qui continue à employer des méthodes dont vous essayez de sortir, ben clairement, ça ne vous aide pas !

C’est rigolo comme, en l’écrivant comme ça, on voit déjà le côté un peu « injuste » de notre posture… Vous le sentez ?
Grosso modo, on a décidé de changer, on a du mal à le faire, et on en veut à l’autre, qui n’a rien demandé, de ne pas bouger en même temps…

Le temps passe et le décalage se creuse

Cependant, vous n’en êtes peut-être plus là :
peut-être que dans les premiers temps, vous avez su faire preuve de patience, comprenant que votre partenaire, qui ne lisait pas / ne se formait pas, ne puisse pas évoluer comme vous.
Seulement vous espériez qu’au fur et à mesure de vos partages, de vos changements, il (ou elle) commencerait à évoluer aussi.
Vous vous sentez maintenant fatigué.e, et déçu.e.
Vous aimeriez sentir un peu plus d’alignement, et plus de soutien…

Éduquer son partenaire

Voici que peu à peu, vous vous retrouvez dans le rôle du donneur de leçons.
Vous lui expliquez tout ce qu’il (ou elle) ne fait pas bien, ce qui ne convenait pas, pourquoi ça ne convenait pas, etc…

Vous vous posez en sachant.e, et dans le fond, vous l’êtes !
Vos arguments s’enchainent : « Il faut accueillir avec bienveillance… », « Et les neurosciences… »

Malheureusement, non seulement vos messages ne passent pas, mais ils mettent plutôt l’autre sur la défensive…

Chez vous, ça se transforme en ressentiment : « S’il ne veut pas que je lui fasse la leçon, il n’a qu’à se former, lui aussi ! »

(Note : pour des raisons de légèreté d’écriture, j’écris cette phrase au masculin, alors que ça pourrait être dans l’autre sens…
Notons quand même que je l’ai à peu près toujours entendu dans ce sens-là, ce qui pourrait donner lieu à une autre discussion, sur la place des femmes dans l’éducation des enfants… Pourquoi ce sont si souvent des mères et non des pères que je retrouve dans mes formations ? Oh, on pourrait passer du temps là-dessus… mais c’est une autre histoire…)

On peut tout à fait comprendre ce ressentiment !! Et en même temps… en même temps, quand on aborde la conversation avec ressentiment ET avec cette posture de donneur de leçons, agrémentée en général de pas mal de reproches… bizarrement l’autre se met sur la défensive et notre message ne passe pas.

La posture et le rôle de chacun

J’ajouterai que ce clivage prend d’autant plus de place quand chacun cherche à « contrebalancer » ce qu’il juge « trop » chez l’autre.

Le cas classique : l’opposition bienveillance / fermeté.

Pour sortir de cette opposition, il faut déjà être au clair avec les principes de parentalité bienveillante…

Vous avez lu Filliozat et cherchez à développer des relations respectueuses, mais n’êtes pas encore au point (et c’est normal) sur comment poser vos limites sans punitions
(cela dépend surtout de comment vous « êtes tombé dans la marmite » de l’éducation positive)

Vous pourriez probablement vous rejoindre sur des notions de « cadre bienveillant » ou d' »autorité positive ».

Seulement voilà : comme vous êtes encore en apprentissage, votre partenaire vous juge parfois un peu « trop » dans la bienveillance, et il craint une bascule dans la permissivité ou le laxisme.
Cela l’encourage à se montrer plus autoritaire que ce qu’il serait spontané. Il compense. Il remplit son rôle.
Le problème, c’est que cela crée l’effet inverse chez vous : à votre tour de compenser cette façon d’éduquer qui ne vous convient plus par une approche bienveillante, parfois à outrance…

La Discipline Positive parle d’allier fermeté et bienveillance, mais dans votre couple, des rôles parentaux se sont insidieusement mis en place, et c’est l’un ou l’autre en fonction du parent… et ça n’aide pas !

D’où vient vraiment le conflit ?

Si j’écoute ce que dit la CNV (Communication NonViolente), les conflits ne sont généralement pas au niveau des besoins, mais des stratégies.

Ce qui veut dire que si vous parveniez à discuter de vos besoins profonds, vous pourriez probablement vous entendre, vous comprendre, et apporter de la douceur et plus de connexion entre vous, même sur ce sujet délicat de l’éducation de l’enfant.

Seulement, pour répondre à ces besoins que vous avez chacun, vous êtes probablement particulièrement attachés à certaines stratégies. Et ce sont ces stratégies qui s’opposent, et qui créent le conflit !

Un exemple

Illustrons cela avec un exemple classique pour les personnes qui sont dans mes formations. La situation est réelle, mais je vais prendre un couple fictif pour l’illustrer.
Considérons donc la famille de Caroline et Julien.

Dans la famille de Caroline et Julien, le coucher est compliqué.
Leur fille de 4 ans se relève une fois, deux fois, trois fois (vous connaissez le coup : une fois pour boire, puis pour faire pipi, puis parce qu’elle voulait un dernier bisou, etc…)
Les parents sont tous les deux usés…

Caroline a à coeur d’accompagner sa fille en douceur. Elle pense fondamentalement que c’est la meilleure manière de contribuer à son épanouissement. Elle prend donc sur elle pour ne pas se mettre à crier, et la raccompagne chaque fois dans sa chambre en lui disant gentiment, avec espoir :« Tu ne sors plus, hein ? ».

Julien tient à poser ses limites, à avoir un temps pour lui (et pour Caroline et lui) après le coucher des enfants. Il intervient : « Ça suffit maintenant ! Si tu sors encore de la chambre, tu n’auras pas d’histoire du soir demain. »

Les échanges entre eux ressemblent à :
« Tu la laisses te mener par le bout du nez ! »
« Tu es trop dur avec elle ! »

Clairement, les méthodes s’opposent…
Mais, nous qui sommes extérieurs à ce couple, et surtout, libres des émotions qu’ils ressentent à ce moment-là, on sent bien que ce couple n’est pas forcément opposé en termes de besoins fondamentaux…

Est-ce que Julien n’aspire pas également à de la douceur dans la famille ? Est-ce que Caroline n’a pas également besoin d’un temps seule et/ou en couple ?
Probablement que si ! Seulement, ni l’un ne l’autre ne voit de piste pour concilier ces besoins…

N’empêche : s’ils parlaient de leurs besoins, plutôt que de se reprocher les méthodes employées, est-ce que vous pensez que la conversation se déroulerait de la même manière ?

Il serait temps de mettre du « nous » dans cette relation : ce n’est pas « mon enfant », mais « notre enfant » (ou « nos enfants »), ce n’est pas seulement « mes besoins », mais « nos besoins ».

Manque d’écoute

Malheureusement, dans notre histoire, les deux parents sont fatigués.
Ils n’ont pas l’énergie et la disponibilité d’écouter calmement les besoins de l’autre, pour les décoller de la stratégie employée !

Comme l’illustre bien Apprentie Girafe : « La plupart des conflits viennent du fait que chaque partie a désespérément besoin d’écoute mais qu’aucune n’a les moyens d’en donner. »

Et les choses se passeraient réellement différemment si

1- vous aviez les moyens d’offrir de l’écoute (pensez à votre réservoir !)

2- vous saviez comment on écoute vraiment (malheureusement, ça, j’ai découvert qu’on ne l’avait pas appris !)

Comment se sortir de ces conflits de couple ?

Bon. Vous comprenez mieux à présent d’où viennent ces conflits, et peut-être que cette histoire de besoins et de stratégies vous a permis d’entrevoir la lumière au bout du tunnel…

En fait, cette notion d’écoute pour sortir du conflit, c’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

Vous pouvez sortir du conflit !

La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez faire en sorte que les choses changent. Vous pouvez remettre de la communication dans votre couple.
Une communication bienveillante, comme celle que vous développez déjà avec vos enfants. Parce que dans le fond, la communication avec les enfants, c’est la même chose que la communication avec n’importe qui : si on apprend à mener avec eux un dialogue bienveillant, pourquoi ne pas le faire également avec son conjoint ?

Donc, si vous lisez entre les lignes, c’est une double bonne nouvelle :

Le premier aspect, c’est qu’il est (le plus souvent) possible de changer cette dynamique !

Le deuxième aspect, c’est que, comme dans les conflits avec les enfants, vous n’avez besoin de convaincre l’autre d’aller voir quelqu’un ou de se former pour faire bouger les choses.
Vous aurez quand même besoin qu’il (ou elle) soit d’accord pour échanger, mais ça… il y a également des manières de faire qui vous permettront de mettre les chances de votre côté !

La mauvaise nouvelle, c’est que c’est encore à vous de faire le boulot.

Et oui, je sais, vous faites déjà pas mal de taf en vous formant à l’éducation !
Votre pensée interne (et je cite des vrais mots que j’ai reçus d’une maman !), c’est probablement : « j’en ai marre d’être la seule qui cherche, qui se documente, qui se pose des questions et qui guide tout le monde. »

J’entends.

Je reçois ce sentiment d’usure avec beaucoup d’empathie et de douceur.

J’imagine bien que vous aimeriez avoir plus de soutien, plus de partage, dans cette démarche.

Seulement voilà… la réalité, c’est qu’il ne fera pas la démarche de se renseigner.

Alors que choisissez-vous ?

D’attendre qu’il change magiquement, au risque, si la magie ne se produit pas, d’avoir un couple en crise, ou de mettre les chances de votre côté pour sortir de ces conflits, pour échanger et apaiser ces tensions ?
A vous de voir…

Invitez l’autre à échanger

Si vous choisissez de mettre vos compétences au service non seulement de la famille, mais aussi de votre couple parental, ça va passer par un échange avec l’autre.

Ces échanges, ils ont lieu de toute façon. Sauf que souvent, on les subit plus qu’on ne les choisit.

La manière dont ça se passe, c’est qu’on fait fasse à une situation avec les enfants qu’on a envie de gérer de manières complètement différentes, et qu’on se retrouve à se faire des reproches, exactement comme dans l’histoire de Julien et Caroline ci-dessus.
Ce n’est certes pas un échange constructif, mais c’est bien un échange ! Que vous subissez et qui ajoute à la tension quotidienne…

Et si vous décidiez d’appréhender les choses autrement ?

Quelques conseils pour cela :

  • Evitez les échanges « à chaud ». Nos émotions nous font trop souvent dire des choses que nous regrettons ensuite…
  • Prévoyez un moment spécifique (ainsi, vous devenez acteur de vos vies : échanger sur le sujet devient un choix, plus une nécessité du moment)
  • Parlez de ce que vous ressentez
  • Invitez sans imposer

Ce que ça pourrait donner : « Je me sens triste de nous voir en conflit alors que je suis sûre que dans le fond on a les mêmes objectifs. Est-ce que tu serais ok pour prévoir un moment pour échanger à ce sujet ? »

Clarifiez préalablement ce qui se passe pour vous

Nos choix en matière d’éducation des enfants, c’est le résultat de toute une vie interne.
Notre histoire d’abord, notre expérience passée et présente, notre apprentissage, ce dont on se nourrit au quotidien, nos croyances, nos valeurs, nos aspirations.

Alors, avant d’aller juger l’autre, soyons bien clair sur ce qui se joue en nous.

Qu’est-ce qui est important ? Pourquoi nous sommes heurté.e par certaines attitudes de l’autre ?

Ecoutez, écoutez, écoutez !

Phase fondamentale d’apaisement : l’écoute.

C’est celle qu’on zappe le plus, et c’est pourtant celle qui apportera le plus de résultat.

C’est contre-intuitif : c’est justement parce qu’on ne sera à ce moment-là PAS à la recherche du résultat que ce résultat pourra ensuite émerger.

Le lien d’abord. Le résultat ensuite.

Thomas d’Ansembourg

Je ne vous encouragerai jamais assez à aborder la conversation avec une posture de « curiosité ravie » comme le disait mon premier formateur en CNV.
Cela demande 2 choses : l’intention d’écouter ET l’emploi des méthodes d’écoute active.

Alors, vous pourrez réellement vous ouvrir au monde de l’autre pour que la magie du lien agisse.

Parlez de ce qui vivant en vous

Ensuite seulement, vous pourrez parler de vous.
Avoir d’abord veillé à la connexion aura mis plus de chances de votre côté pour avoir en face une oreille bienveillante.

De vos aspirations, de vos rêves, de ce que vous avez envie de vivre !

Partez d’une énergie positive pour transmettre votre élan…

Co-créez l’éducation de vos enfants

C’est ce qui vous permettra enfin de vous rejoindre pour co-créer votre parentalité.

(encore merci à Apprentie Girafe pour ses illustrations si parlantes !)

Dans le fond, vous avez le même objectif : des enfants heureux, et une famille épanouie !

Programme d’accompagnement : « Comment parler des désaccords éducatifs dans le couple ? »

J’ai conscience que ces conseils peuvent sembler brefs…

Je sais qu’entre la théorie et la pratique, il y a souvent un pas.

C’est comme tout : ça s’apprend !
Pour cela plusieurs méthodes, et parfois la présence d’un tiers peut aider.
Que ce soit pour de la médiation, ou un simple conseiller conjugal (dont le rôle, entre écoute, reformulation, et coaching, est surtout celui de facilitateur de dialogue)

P

Vous pouvez également choisir de rejoindre mon programme « Comment parler des désaccords éducatifs dans le couple ? », ou en tout cas de vérifier quand sera la prochaine session de ce programme d’accompagnement.

Certes, cela demande de l’investissement (en argent et en temps), et en même temps, si ça peut vous permettre d’éviter ces conflits récurrents (qui mènent parfois, je l’ai vu, à une séparation…), ça en vaut la peine, non ?

POINT DE RENCONTRE + est une formation avec accompagnement qui vous aidera à transformer votre vie de famille.

Entretien avec Isabelle, qui hésitait à s’inscrire il y a un an, après avoir déjà suivi des formations de parentalité positive qui n’avaient « pas tenu leurs promesses ».

Note : la nouvelle cohorte de PDR+ est en cours de recrutement. Les portes sont ouvertes jusqu’au 14 décembre.
Pour en savoir plus : https://les6doigtsdelamain.com/point-de-rencontre/

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Il arrive qu’une situation anodine se transforme en lutte de pouvoir, et donc en dispute, alors qu’elle pourrait être gérée complètement différemment si on avait la possibilité de prendre un peu de recul…

C’est une compétence qui se développe, et cette anecdote vécue vous montre comment on peut faire ça, relativement facilement.

Ça ne marchera peut-être pas à tous les coups, mais ça vaut la peine d’avoir cette méthode dans sa besace !

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent.

Aujourd’hui, je voudrais vous raconter une petite anecdote qui illustre bien comment on peut facilement passer d’une circonstance assez simple du quotidien à une lutte de pouvoir, et comment on peut s’en sortir.

D’une situation banale à une situation d’opposition

La situation de départ

On était dans le salon. C’était le week-end dernier, avec mes deux plus jeunes garçons, qui ont 12 et 9 ans, Léon et Anatole. Chacun avait son activité. Anatole était en train de lire, moi aussi, et Léon était en train de faire de la guitare. 

Et alors, quand Léon joue de la guitare c’est relativement envahissant, car il joue relativement fort, mais en plus, là, il était en train de chercher les accords d’une chanson… Donc, il chantait la chanson et mettait des accords dessus qui n’allaient pas forcément avec, puisqu’il était en pleine recherche du bon accord, et ce n’était pas forcément harmonieux, puisque les accords qu’il utilisait ne collaient pas à ce qu’il chantait. 

Donc, au bout d’un moment, Anatole se sent gêné, perturbé, dérangé (on peut utiliser plusieurs termes pour ça…), et il se tourne vers son frère et lui dit : “Écoute Léon, tu peux arrêter de jouer de la guitare s’il te plaît, je n’arrive pas à lire.” 

L’escalade

En fait, je n’ai pas vraiment assisté au tout début.
Donc, cette phrase que je viens de vous citer, c’est moi qui l’invente, parce que j’étais moi-même dans ma lecture, je n’y ai pas prêté attention.
Mais ce que j’ai entendu, c’est qu’en moins d’une minute, on s’est retrouvé dans une opposition, un ton qui commençait à se tendre, peut-être pas encore à monter, mais en tout cas à se tendre…
Anatole disait à Léon : “Écoute, ici, c’est l’espace commun. Tu ne peux pas faire du bruit et déranger les autres. Si tu veux faire de la guitare fort, tu n’as qu’à le faire de ton côté. Va dans ta chambre !”

De son côté, Léon était en train de dire à son frère : “Non, ben écoute, ici, c’est l’espace commun. Tu ne peux pas m’empêcher de faire de la guitare. Si tu veux du calme, tu n’as qu’à aller trouver un autre endroit. Va dans ta chambre !” 

Grosso modo, on en était là.

Petite analyse de la situation

Chaque point de vue se défend

On voit qu’on est dans une opposition de point de vue clair. C’est intéressant parce que chacun de ces points de vue se défend en fait. 

Il n’y en a pas un qui a plus raison que l’autre sur le fait que “c’est l’espace commun, donc il faut qu’il n’y ait pas de bruit”, ou que “c’est l’espace commun, donc je dois supporter le bruit de l’autre et c’est à moi de m’isoler”

Chacun de ces points de vue se défend.
Et ça, ça rejoint quelque chose que j’aime bien essayer de faire passer à mes enfants, c’est qu’il y a toujours différentes perspectives sur une situation

Et donc la phrase que j’aime répéter, c’est : “Ce n’est pas parce que j’ai raison que tu as tort.”

En fait, on se retrouve souvent dans des situations de vie dans lesquelles chacun a raison, avec son histoire, sa perspective, sa façon de ressentir les choses, son regard en fait, avec ses lunettes à lui. 

D’ailleurs, on utilise parfois cette expression : “avec mes lunettes”. 

Lutte de pouvoir

Donc, chacun des deux a son point de vue.
Chacun des deux a raison d’un certain côté.
N’empêche que leur point de vue semble irréconciliable, puisque l’un comme l’autre est bloqué sur une stratégie qui est que l’autre aille dans sa chambre. 

Et surtout, on se retrouve dans une situation – et c’est ça que je voudrais mettre en avant – dans laquelle, c’est en train de se transformer en lutte de pouvoir.

En effet, chacun est ancré dans sa posture : “moi je reste et toi tu pars”.
Donc, imaginons que l’un des deux adopte une attitude pacifiste. Que l’un décide de partir, c’est-à-dire de dire : “Oui, tu as raison. Je n’ai pas envie de déranger. Je vais aller faire de la guitare ailleurs.” ou à l’inverse, “Oui, tu as raison. Je ne vais pas t’empêcher de faire de la guitare. Je vais aller lire dans ma chambre.” 

Chacune de ces attitudes pourrait, à ce moment-là, être interprétée comme “je cède, j’ai perdu”.

Et comme on est dans une ambiance sociétale dans laquelle on est justement beaucoup dans le : “je vais gagner contre l’autre, c’est lui qui va céder ...”, on rentre facilement dans ces luttes de pouvoir-là.
On se retrouve, du coup, un peu piégé à vouloir montrer qu’on a ce pouvoir, le montrer à l’autre ou à soi-même, ne pas vouloir être “le perdant”, et donc se retrouver bloqué.
Et c’est comme ça qu’on persiste dans des luttes de pouvoir dans lesquelles, en réalité, aucun des deux ne sort gagnant, parce qu’aucun des deux n’a envie d’un conflit au départ.
Et même si on finit par gagner, ça passe par le conflit, donc c’est un peu dommage. 

Le chemin pour s’en sortir

Donc l’idée, c’est d’ouvrir un petit peu les horizons en arrivant à faire passer le message explicite ou implicite, comme vous allez le voir, qu’il y a d’autres voies, en fait. Et l’autre voie pour exercer son pouvoir sans être dans cette dynamique gagnant-perdant, c’est justement d’utiliser une sorte de gagnant-gagnant, c’est-à-dire dans la coopération.

En fait, quand on arrive à trouver des solutions ensemble, à coopérer, à fonctionner en groupe, on est aussi en train d’utiliser son pouvoir. Et on est en train d’utiliser son pouvoir AVEC l’autre plutôt que CONTRE l’autre

Et c’est hyper chouette de se retrouver dans ces situations-là !

C’est ça que j’ai envie d’apporter à mes enfants.
Et en tout cas, ce sont des valeurs auxquelles on croit très fort dans l’éducation positive : le fait de passer à des relations de coopération. 

Comment résoudre une lutte de pouvoir :  étape par étape !

Observer pour intervenir de manière adéquate

Dans ce cas précis, je lève donc la tête et je vois que mes garçons commencent à être dans une lutte de pouvoir. 

À ce moment-là, le ton n’est pas trop monté, donc ils sont encore en mesure d’entendre ce que je vais dire.
Sinon, s’ils étaient en train de se hurler l’un sur l’autre, de toute façon, ils ne seraient pas en mesure d’aller plus loin et éventuellement réfléchir à des solutions.
Donc, je leur dirais plutôt de faire une pause et qu’on en parlerait plus tard. 

Mais sur le coup, ce n’est pas encore débordant, donc je peux directement intervenir et dire :
“Attendez les garçons, j’ai l’impression que vous êtes en désaccord là, c’est ça ? Donc, ce que j’entends, c’est que toi, Anatole, tu aimerais bien pouvoir lire dans le calme et que la guitare te dérange. Et que du coup, tu considères que comme c’est l’espace commun, il ne faudrait pas que Léon envahisse trop cet espace commun avec le bruit de sa guitare, c’est ça ?

  • Tout à fait !
  • OK. Et toi, Léon, ce que j’entends, c’est que tu as envie de faire de la guitare et que comme tu es dans l’espace commun, tu considères que si Anatole trouve que la guitare le dérange trop, il n’a qu’à ne pas rester dans cet espace commun, c’est bien ça ?” 
  • c’est ça !”

Voilà.

Vous voyez que quand je dis ça, en fait, je n’ai rien dit de plus que ce qui s’était déjà dit. Donc, on pourrait penser que cette phase-là, elle ne sert à rien. Mais en fait, ce dont je m’assure en faisant ça, c’est de deux choses différentes : 

  • La première, c’est que je m’assure que chacun se sente entendu dans ce qu’il a dit

Parce que quand on est dans la lutte de pouvoir, il y en a un qui dit un truc, et l’autre, il ne lui dit pas “Ah, toi, tu penses que tatata… Ah oui, mais tu vois, moi, avec mon point de vue et ma perspective, tatata…”, ce qui serait exactement l’attitude à adopter si on voulait bien faire passer le message que ce n’est pas parce que j’ai raison que tu as tort.
Donc, on recevrait ce que dit l’autre et on dirait “Regarde, j’ai une perspective différente”, mais cela ne remettrait pas en cause sa perspective.
Alors que dans la façon la plus classique de communiquer, on est tout de suite dans l’opposition. Donc, on n’entend même pas, ou du moins, on ne reçoit même pas ce que nous dit l’autre.
Donc, quand je reformule comme ça, ça me permet d’être sûre que chacun est reçu dans ce qu’il a dit.

  • Et le deuxième point, c’est que ça me permet de m’assurer que chacun des deux a aussi entendu le point de vue de l’autre, justement. 

Parce que parfois, on réagit trop vite.
Donc ça, c’est déjà le reposer un peu, décrire le problème en tenant compte de chacun

Leur redonner la main

Et puis, à ce moment-là, on va passer à la phase suivante qui est : “Ok, qu’est-ce qu’on pourrait trouver comme solution ?
Ça, c’est ma question. Moi, je pose juste la question.
Je ne suis pas en train de dire : “Ok, dans ces cas-là, on va faire comme ça.” en leur apportant MA solution. 

Peut-être que dans une certaine phase et avant que les enfants aient l’habitude de trouver leur propre solution, on va le faire un petit peu plus.
Moi, mes enfants, ils sont un peu rodés à cet exercice, théoriquement en tout cas. 

Et c’est ce que j’accompagne les parents à faire dans la formation En finir avec les disputes dans la fratrie.
Il y a tout un processus pour accompagner vos enfants à aller vers des démarches de recherche de solutions, pour qu’ils sachent faire ça.

Moi, je leur dis à ce moment-là :
“Qu’est-ce que vous pourriez trouver comme solution ?”
Et évidemment, les premières solutions qui sortent (c’est naturel) ce sont celles qu’ils ont déjà évoquées, c’est-à-dire qu’Anatole me dit que Léon n’a qu’à aller faire de la guitare dans sa chambre, et Léon me dit qu’Anatole n’a qu’à aller lire dans sa chambre. 

Après, il y a d’autres alternatives qui pourraient apparaître (qui me viennent à moi) parce que la chambre de Léon est plus loin de l’espace commun. J’aurais pu lui suggérer d’aller par exemple dans mon bureau. 

Mais à ce moment-là, j’aimerais bien d’abord voir si eux, ils n’ont pas d’autres idées. Donc, je ne le leur suggère pas et je répète seulement :
“Ok, oui, Léon pourrait aller dans sa chambre, d’accord.” Donc, c’est Anatole qui dit ça. Léon dit : “Oui, ou bien Anatole pourrait aller dans sa chambre.” 

“Ok, Léon pourrait aller dans sa chambre, Anatole pourrait aller dans sa chambre, Ok. Quoi d’autre ?”
Là, évidemment, il y a un blanc, puisque pour l’instant, ils ne voyaient que ces deux solutions-là. Et là, on comprend bien pourquoi on est en lutte de pouvoir, puisque comme il n’y a que ça qui leur vient spontanément au départ ! Forcément, ils sont en opposition, puisque ce n’est pas compatible pour eux de rester tous les deux !

“Et donc, quoi d’autre ?”

Les idées arrivent

Alors, après cette petite pause, pendant laquelle ils réfléchissent effectivement, Anatole dit : “Peut-être qu’il pourrait jouer de la guitare moins fort ?”
Première réaction de Léon : “Non, la guitare, on la joue, ça ne se joue pas moins fort.”
Anatole dit “Si, en grattant un peu moins fort sur les cordes.”
Ok, du coup, je me tourne vers Léon, je lui dis : “Est-ce que tu voudrais essayer ?” Alors, Léon essaye de refaire ce qu’il est en train de faire en grattant un peu moins fort.
Je me tourne vers Anatole, je lui dis : “Ça te convient comme ça ?”
Anatole dit : “Oui, c’est ok !”, et, immédiatement, repart dans sa lecture. 

Léon s’essaye encore un petit peu là, pendant 10-15 secondes, et je lui dis : “Et toi, ça te convient comme ça ?” Il me dit : “Oui, c’est ok.” Et hop, il continue sa guitare.

Et on se retrouve à rester !

On est restés, je ne sais pas, au moins 20 minutes de plus, tous les trois dans cet espace commun. Anatole et moi en train de lire, Léon en train de faire sa guitare, tout en surveillant de ne pas la jouer trop fort. (Il y a même eu un moment où il s’est re-laissé aller un petit peu, à monter un peu le son, il s’en est rendu compte, il a re-diminué.)
Et où, finalement, on est tous restés ensemble, harmonieusement.

C’est magique

Je trouve ça assez magique de voir, comme dans certaines circonstances, il est facile, en fait, de sortir d’une lutte de pouvoir qui semblait bloquée, en ne faisant que faire un pas en arrière pour re-décrire la situation, et en disant : “Qu’est-ce qu’on peut faire et quoi d’autre ?”

Parce que c’est ce que je dis souvent aux parents quand je parle des disputes dans la fratrie, et c’est ce qu’on voit dans la formation En finir avec les disputes dans la fratrie, c’est que très souvent, la raison de la dispute, c’est que c’est la meilleure stratégie qui leur apparaît à ce moment-là, parce que parfois, c’est la seule, et parfois, ils en voient des pires, comme de se taper dessus, par exemple. 

Donc la dispute à ce moment-là est la meilleure stratégie qui leur apparaît.  Et parfois – pas toujours, et ça dépend de l’entraînement qu’ils ont dans la démarche, évidemment, mais parfois – il suffit d’ouvrir la question sur la possibilité qu’il y ait un autre chemin pour qu’ils trouvent ce chemin-là, qu’ils l’empruntent, et que tout se calme.

Voilà, donc si tout ça vous inspire, je vous encourage évidemment à aller faire un tour sur la page de ma formation En finir avec les disputes dans la fratrie pour en savoir plus, et pour vous inscrire si vous voulez apprendre à faire la même chose avec vos enfants. 

Et dans tous les cas, je vous encourage à mettre ça en place avec vos enfants la prochaine fois que vous sentez qu’il y a une tension qui vient, avant que ça n’explose, sinon ils ne sont plus en mesure de faire ça. Attention à ça, et à l’accueil des émotions dans ces cas-là !

Et puis, partagez ce podcast avec d’autres gens que ça pourrait intéresser, si vous pensez que ça peut les inspirer.
N’hésitez pas aussi à laisser 5 étoiles et/ou un avis pour aider ce podcast à se développer. 

À très vite !

Un épisode un peu différent : j’interroge mon fils Oscar, 21 ans, sur son adolescence avec l’éducation positive.

Ce que ça lui a apporté, comment il l’a vécu, ce qu’il en pense aujourd’hui…

Pour tous ceux d’entre vous qui se demandent ce que ça peut donner « à long terme » !

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent.

Un épisode un peu particulier aujourd’hui, parce que j’avais envie de vous donner un peu une perspective de ce que peut donner l’éducation positive à un peu plus long terme.

Ce qu’on me dit souvent, que le fait d’avoir des enfants plus âgés me permet d’avoir un peu de recul, c’est vrai. Et on me demande ce que mes enfants en pensent. 

Aujourd’hui, je reçois dans ce podcast mon fils Oscar, qui a 21 ans.

– Alors Oscar, merci d’avoir accepté de faire ce podcast avec moi déjà.

– De rien, ça me fait plaisir !

L’expérience de grandir dans une atmosphère d’éducation positive

– L’expérience d’avoir grandi avec une atmosphère, un peu “éducation positive”- pour remarque, on a commencé ça quand tu avais 12 ans – comment c’était ? Est-ce que globalement, tu en as été content ou pas ?

– Alors, il est indéniable qu’aujourd’hui, l’ambiance qu’on a dans la famille, je me rends très bien compte que c’est une des grosses forces de notre famille, et ça non pas par rapport à ce qu’on avait avant, mais par rapport à mes amis, à toutes les familles que je vois autour de moi. Il y en a beaucoup qui vont avoir déjà une moins bonne ambiance avec leurs parents au cours de l’adolescence, par exemple.

D’ailleurs, on en parlait quand j’étais adolescent, quand on avait par exemple d’éventuelles disputes de temps en temps, on se disait : “C’est quand même cool d’avoir globalement une super ambiance”, alors que beaucoup d’adolescents commencent à mal s’entendre avec leurs parents.

Et puis, ça se voyait aussi plus jeunes…

Aujourd’hui, il y a une certaine indépendance qui se met en place, donc peut-être que ça joue aussi un rôle moins important, mais quand on était un peu plus jeunes et il y avait pas mal de questions de « qu’est-ce qui est une décision de l’enfant, qu’est-ce qui est une décision du parent ?”  et tout ça.
Aujourd’hui, et on en parlait hier avec Alice (Note : Alice est la sœur d’Oscar, elle a 16 ans au moment de cet enregistrement) nous, on a un rapport à ça qui est… j’ai l’impression qu’on nous a donné beaucoup d’indépendance, et je me sens très libéré par rapport à ça, et c’est hyper agréable

– Ok, alors du coup, tu as commencé à répondre à certaines autres questions que j’avais, donc c’est super…

L’éducation positive du point de vue des enfants 

Une des questions que j’avais, c’était “qu’est-ce que tu vois de spécifique à l’éducation positive ? Qu’est-ce que c’est pour toi l’éducation positive ? Tu nous parles de l’indépendance et de la prise de décision, visiblement, c’est un élément important pour toi.” 

– Effectivement, ça, c’est quelque chose dont je me suis beaucoup rendu compte.

En fait, j’ai l’impression d’avoir toujours grandi dans un sentiment global de “c’est moi qui prends les décisions, vous êtes là pour m’encadrer, pour m’aider, pour m’appuyer, mais jamais pour être contre moi.

 Et ça, ça fait un peu cliché de dire les choses comme ça, mais c’est vrai que c’est hyper sécurisant comme atmosphère

Et d’ailleurs, aujourd’hui, ça se répercute sur les discussions qu’on a, ou certaines des grosses décisions dans ma vie.

D’une part, je sais que c’est à moi de les prendre, et donc je sais que d’une certaine façon, je vais peut-être les prendre dans tous les cas, si c’est mon avis, et que quand je vous en parle, ce n’est pas pour vous demander la permission.

Par contre, je sais que vous avez toujours été là pour me donner des conseils, votre avis, et me sécuriser un peu dans mes décisions, et donc c’est hyper rassurant de se dire que c’est vraiment ça le rapport d’encadrement que j’ai avec mes parents.

…C’était quoi la question ? J’ai oublié !

– Non, non, c’est ça, c’est très bien. Je vais revenir sur la suite de la question effectivement. 

J’ai quand même envie de creuser un peu ce que tu viens de dire, parce que tu dis du coup “vous n’avez jamais été contre moi…”, et donc tu prenais tes décisions.

Effectivement, avec un rapport de… – tu as raison, ce que je ressens moi, d’un point de vue parental, et là, je transmets pour ceux qui nous écoutent, c’est une posture de confiance dans les capacités et les ressources de l’enfant
Est-ce que ça veut dire, parce qu’on pourrait aussi interpréter ça sous l’angle “c’est moi qui décide et vous n’avez rien à dire”, un peu laxiste, permissivité ? Est-ce que t’as l’impression qu’on t’a laissé prendre n’importe quelle décision ?

– Non, et je sais qu’il y a toujours eu des limites, évidemment.
Et ces limites, plus je prends de l’âge, plus elles deviennent laxistes. Aujourd’hui, pour le coup, effectivement, c’est moi qui décide de ma vie.

Donc, comme c’est un spectre, je ne saurais pas exactement dire. Cependant, justement, je trouve que, du moins tel que je le visualise aujourd’hui, le fait de sentir qu’on a vraiment une liberté de ses actions et que, souvent, le fin mot d’un débat, après une vraie réflexion et une vraie pondération des choses, c’est “si c’est comme ça que tu veux faire les choses, eh bien, on les fera comme ça” , “si c’est comme ça que tu veux prendre tes décisions, prends-les” , fait que j’ai l’impression d’avoir assez tôt pu moi-même limiter les décisions qui auraient été complètement irrationnelles.

Je pense qu’aussi, vous n’aviez pas besoin de vous poser la question de “si c’était trop laxiste ou pas”, parce que juste des décisions trop extrêmes, je ne les prenais pas en décidant moi-même de ne pas les prendre. 

– Tu veux dire que ça a aidé à développer un certain sens des responsabilités ? 

– On peut dire ça !

– Ok, intéressant. 

La notion de responsabilisation 

Je me demande aussi si ça, c’est aussi un point de vue qui est spécifique à l’adolescence, donc, que tu as traversée avec cette éducation…
Est-ce que c’est quelque chose que tu observes quand tu penses à l’éducation qu’on donne et que tu vois aujourd’hui l’éducation qu’on a donnée et qu’on continue à donner à tes plus jeunes frères qui ont aujourd’hui maintenant 9 et 11 ans ? Est-ce que tu dirais là aussi qu’ils prennent leurs décisions ? 

– Alors oui, effectivement.

Encore une fois, il y a ce fait qu’à 9 et 11 ans, on est moins responsable. Donc effectivement, il y a des moments où forcément, vous devez un peu mettre des limites.

Mais dans la mesure où l’une des valeurs est de pouvoir les responsabiliser le plus possible, je trouve ça souvent assez impressionnant quand je vois les débats ou les diverses querelles qu’il peut y avoir, ou décisions qu’il doit y avoir dans un foyer au quotidien, à quel point l’effort est fait pour essayer de responsabiliser le jeune. 

Et même parfois, à la fois, c’est inspirant et c’est frustrant de se dire, même dans un débat où je pourrais moi-même prendre part, de dire en fait, j’aimerais bien faire les choses plus vite, plus efficacement. Et on prend un peu des détours pour que ce soit vraiment eux qui prennent les décisions. Et je vois bien que c’est le principe et c’est ce que tu nous expliques. Mais du coup oui, c’est sûr que c’est une valeur prépondérante et quand je vois l’atmosphère dans laquelle ça nous a fait grandir, je ne peux qu’adhérer. 

– Ok, super !

Les spécificités de l’éducation positive

Et du coup, effectivement, ma question, c’était, indépendamment de cette confiance, autonomie, prise de décision, responsabilisation, qu’est-ce que tu vois d’autres comme spécificités de l’éducation positive ?

– Alors, il y a cette question de responsabilisation, il y a une question qui je pense n’est pas forcément à mettre au premier plan, mais qui joue un rôle assez important pour moi : de non-punissant.

Je me souviens que quand j’étais adolescent notamment, j’avais un peu l’impression que c’était presque la triche par rapport aux autres de ne pas me faire punir. Et parfois ça m’est arrivé de faire des bêtises et de ne pas me faire punir à une hauteur qui aurait été raisonnable pour de telles bêtises. Et ça, bah oui, je le vois aujourd’hui encore, vraiment ce côté.

Et d’ailleurs, on en avait parlé, j’essaye de l’appliquer un petit peu : je suis chef scout, et j’essaye de l’appliquer un petit peu avec mes jeunes scouts. Et très vite, j’arrive aussi face aux limites du modèle et au fait que c’est dur à mettre en pratique.

Mais du coup, ça, je trouve que c’est quelque chose que je ressens pas mal et qui est franchement assez fort parce qu’il y a cette même notion de responsabilisation de, en fait : “les choses, tu ne les fais pas parce que tes parents te disent de les faire ou parce que si tu fais les choses mal, il va y avoir des conséquences divines venues d’un pouvoir extérieur”, mais juste parce qu’il faut apprendre à prendre sa vie en main et que dans la vie, on ne fait pas des choses qui, par exemple, nuisent aux gens ou qui ont des conséquences néfastes.

Donc ça, je l’ai remarqué aussi. 

Et j’ai l’impression de peut-être ne mettre la lumière que sur une petite partie du concept.
Donc, si je devais développer, je dirais aussi, il y a ce côté plus globalement positif que je comprends peut-être moins bien, qui est peut-être un peu plus vague, mais juste d’être le plus possible dans le soutien de l’enfant, dans évidemment : “essayer de ne jamais crier, essayer de ne jamais insulter l’enfant ou le critiquer”. Et ça, peut-être que je le souligne moins parce que ça me semble un peu être acquis aujourd’hui dans mon foyer, mais je pense effectivement que ça fait vraiment partie aussi d’une ambiance bienveillante. Voilà. 

– Ok, excellent. C’est super ! Et puis toutes ces notions sont liées en fait, la notion de soutien en fait particulièrement qui se traduit dans tout ce que tu viens de dire. 

Le point de vue des copains au regard de l’éducation positive

Est-ce que c’est quelque chose dont tu as déjà parlé avec tes copains, soit à l’adolescence, soit maintenant ?

– Oui, toujours, je pense plus à l’adolescence, quoique… Ouais, pas mal à l’adolescence, quand les questions commençaient à se poser un petit peu de , “jusqu’à quelle heure j’ai le droit de sortir, si je fais des soirées, etc.”, il y avait un peu une confrontation de nos visions et je me souviens que ça m’a toujours un peu angoissé quand des amis me parlaient de parents par exemple hyper contraignants, qui n’étaient pas ouverts à la discussion.
En fait, je pense que c’est ça qui est le plus ressorti, c’est le fait que… Et alors pour le coup, vous n’étiez pas les seuls évidemment, il y a des amis aussi qui pouvaient complètement discuter avec les parents, mais le côté, je l’ai toujours un peu eu comme acquis que des parents sont vraiment là pour nous encadrer, donc il y a toujours ouverture à la discussion, à la négociation.

Voilà, mon argent de poche, il ne me suffit pas ou il me suffit. Voilà, en fait ces horaires-là pour rentrer de soirée me conviennent ou ne me conviennent pas. Et le fait de me dire qu’il y avait des foyers dans lesquels ça ne marchait pas comme ça, je me disais : “Mais on doit se sentir enfermé. On ne peut pas s’exprimer. On ne peut pas… En fait, comment les parents peuvent savoir qu’on se sent bien s’ils ne sont pas à l’écoute de nos retours ?”

Voilà, donc je pense que c’est à peu près de ça dont je me souviens dans l’adolescence. 

Et puis aujourd’hui, évidemment, ça joue une place moins importante vu que je ne vis plus avec vous, mais c’est vrai que parfois quand je raconte à des amis que je suis venu vous voir, qu’on a parlé de ceci ou de cela, ils sont un peu étonnés juste du fait qu’on ait une relation très ouverte, très saine et très agréable

– C’est cool ! Nous aussi, on apprécie la relation avec toi, c’est clair, et avec tes frères et sœurs.

Ce que l’enfant retire de l’éducation positive ? 

Est-ce que… j’avais envie de dire un petit peu maintenant qu’est-ce que tu penses en avoir retiré, mais je crois que tu l’as déjà pas mal couvert.
Visiblement, cette autonomie, cette prise de décision, cette confiance dans tes choix, tout en sachant que si tu as besoin de conseils ou de soutien, on est encore là pour toi. 

– Petit exemple pratique, je me souviens que notamment, c’était rentré en jeu quand j’avais hésité à prendre une année sabbatique pour faire de la musique et que c’était une décision qui était, je ne sais pas si je dirais risquée, mais c’était une grosse décision à prendre, qui correspondait un peu au code : des parents trop traditionnels n’auraient jamais autorisé ça.
Et du coup, je me disais : “dans quelle mesure est-ce que… Quel rôle vont jouer mes parents dans ma décision pour ça ?” Et en fait, j’ai beaucoup aimé en m’écoutant moi-même me rendre compte que j’avais vraiment envie de vous en parler parce que je savais que dans tous les cas, j’allais pouvoir prendre cette décision, mais que j’étais vraiment intéressé de savoir quels étaient vos avis, aussi de vous faire part de ma réflexion et de pourquoi je prenais cette décision, et de pouvoir juste m’appuyer sur vous pour prendre cette décision avec sagesse.

– Et c’est un bon exemple parce que… Est-ce que tu sens dans certaines de ces discussions ou tu as senti… que justement parfois on est nous-mêmes un peu en lutte contre nous-mêmes, entre les parents qu’on a envie d’être : soutenants et puis les idées reçues, les croyances dont on a aussi hérité et qui sont difficiles pour nous, qui nous rendent les choses parfois difficiles pour sortir du rôle des parents “classiques” comme tu dis.

– Ouais carrément ! C’est vrai que parfois ça se voit. Après, je trouve que c’est peut-être aussi de l’expérience, mais votre discours est quand même assez fluide vis-à-vis de ce questionnement-là. Peut-être ça se voit un petit peu plus chez papa, qui va plus avoir tendance peut-être à retourner dans ses travers un peu traditionnels. Mais en tout cas, la partie prise sur vous, et donc être à l’écoute et être ouverts à ce que je vous dis est quand même clairement fonctionnelle, permet donc qu’on ait des discussions comme ça où je me sens parfaitement écouté et serein de parler de ça avec vous.

– Ok, cool ! 

Le côté « fleur bleue »

J’ai quand même une autre question que j’hésite à poser, mais je vais la poser quand même pour être en toute transparence avec nos auditeurs.

Est-ce qu’il y avait aussi des côtés relous ? Typiquement, récemment, on m’a demandé : “Ah bon, vous faites des réunions familiales régulièrement, mais est-ce que tes enfants apprécient ça ?” Est-ce qu’il y a des choses qui t’ont semblé un peu pesantes ? 

– Ok. Alors effectivement, pour être en toute transparence avec nos auditeurs, il y a tout l’écosystème un peu qui va avec ça, qui peut sembler un peu, je ne sais pas si j’ai le bon mot, un peu fleur bleue.
(Oh, c’est plutôt le bon mot, je suis plutôt satisfait de ce mot !)

Donc oui, les réunions familiales, mais il n’y a pas que ça, il va y avoir aussi des petits mots sur les portes des salles de bain, sur le frigo, des petites citations parfois que maman va nous sortir. Donc effectivement, il y a tout cet univers-là qui peut sembler un petit peu fleur bleue et qui parfois peut être un petit peu pesant.

Alors avec ma sœur par exemple, on se retrouve un peu là-dedans et donc ça nous est arrivé un petit peu de nous moquer de cette partie-là de l’univers. 

Cela étant dit, je pense – et aujourd’hui, avec un petit peu de recul, je suis persuadé – qu’en fait, on a trop facilement tendance à critiquer ces trucs-là qui sont un petit peu trop idéalistes et à se dire : “Nnnnn, le monde est gris, il ne faudrait pas mettre des citations positives sur notre frigo.”
Alors qu’en fait, la réalité, c’est qu’avoir des citations positives sur son frigo, en fait, effectivement, ça fait que tu les lis plusieurs fois par jour et ça améliore juste ta mentalité. 

Et on a un peu la même chose aux scouts.
À la fin de la journée, on se fait des réunions entre nous pour discuter des tensions et tout. Et donc sur papier, toujours ces trucs-là qui en fait sont des efforts, c’est aussi ce même débat de “est-ce que les gens sont prêts à s’investir dans une parentalité nouvelle”, alors que ça peut coûter de l’argent, ça peut coûter du temps et sur papier, ce n’est pas quelque chose qui est immédiatement rentable.

Et en fait, tous ces trucs-là, je trouve, il se trouve que c’est comme ça qu’on met une ambiance globale de bien-être en place.
Et donc, il faut réussir à s’affranchir de cette image qu’on a de “c’est relou”, même si j’avoue, j’y suis moi-même encore un petit peu sensible et on se permet d’en rire un petit peu de temps en temps. Et d’ailleurs, on a des blagues un peu dans la famille quand ça va trop loin… on s’en moque, bien sûr ! 

Mais du coup, par exemple, les réunions familiales, oui, au début et même encore aujourd’hui, les jeunes, tout le monde fait un peu “Rhoo, réunion familiale !”  mais en fait, c’est trop cool d’avoir une réunion familiale pour mettre les soucis au sol. 

Et je pense que ça, intrinsèquement, ce sera toujours le débat des temps qu’on prend pour aller mieux avec nous-mêmes.
Comme aller chez le psy, c’est relou, tu prends une heure, mais en fait, ça va mieux, enfin, tu travailles sur toi. 

En vacances, avec des potes, c’étaient des “vacances voyage”, donc il y avait des tensions. Donc, on a fait quelques moments où on s’est retrouvés pour discuter des tensions.
Au début, tout le monde avait la flemme parce que ça prend du temps et que c’est un peu relou. Et en fait, à la fin, tout le monde se sent mieux parce que c’est trop cool de pouvoir avoir un moment où on se sent en sécurité pour parler de nos… (Note : la suite était trop claire pour être dite, sûrement…)

et je pense que forcer ses enfants, pendant que tu as un peu le… t’es quand même parent, donc tu as quand même la prise de décision de la famille, forcer un peu la main sur “bah ouais, il va y avoir des citations positives sur le frigo et oui, on va prendre du temps pour faire des réunions familiales”, ça permet de vraiment leur ouvrir les yeux sur le fait que c’est quelque chose d’hyper important dans la vie et qu’en fait, ça pourrait vraiment aller mieux si on s’ouvre à ça

– Super, merci beaucoup pour tout ton partage, tout ton retour avec honnêteté et transparence. Et puis, on reste en contact !

– Yes, bah, on s’écrit ! Un p’tit mail, un p’tit texto… 

– Exactement. 

Les parents qui cheminent, si vous avez envie d’entendre d’autres podcasts, n’oubliez pas de vous abonner à la chaîne et de partager cet épisode à d’autres parents que ça pourrait aider ou inspirer. 

À bientôt !

En cette période de rentrée, je me retrouve de nouveau à me poser des questions d’organisation. Pas seulement comment faire, mais surtout ce que je veux. C’est marrant comme ces périodes charnières (la rentrée, la fin d’année) sont des moments de redéfinition. Avec en particulier cette question : comment prendre soin de moi ? Des moments pour les bonnes résolutions.
Et toujours la même question de fond : est-ce que je vais les suivre ?
Entre mes envies, que je transforme en résolutions, et la réalité, qu’est-ce qui risque de s’immiscer ?
Vous le sentez, vous aussi, ce sentiment d’échec avant même d’avoir commencé ?

Pourtant, je sais, et vous le savez également (et c’est pourquoi cet article a sa place sur le blog) que prendre soin de moi est un fondamental, un préalable même, au fait d’être la maman que j’ai envie d’être.
Si je ne pense pas à moi, si je ne prends pas soin de mon énergie, de mon réservoir, alors je n’aurai tout simplement pas les moyens d’adoucir mes relations avec les autres.
Sans compter que, quel que soit mon choix, je donne un modèle à mes enfants. Je peux leur montrer que la vie, c’est dur, qu’on n’est pas là pour rigoler, qu’on subit et que c’est comme ça ; ou bien je peux leur montrer que l’on peut décider (au moins en partie) de ce qu’on va mettre en place, et choisir son chemin.

Allez, je vous embarque dans mes réflexions à ce sujet, au cas où ça pourrait vous inspirer. Vous me direz en commentaire comment ça résonne ou pas en vous !

Être acteur de sa vie

Je vais commencer par ça, parce que je crois que c’est le point de départ.

J’échoue avant de commencer

J’évoquais plus haut le sentiment d’échec qui nous envahit d’avance quand on prend nos « bonnes résolutions »… et en réalité, ce n’est pas seulement au moment des résolutions qu’on vit cela, c’est au quotidien… (enfin.. moi en tout cas…)

Quelques exemples, que vous modifierez pour qu’ils vous correspondent, si ça vous chante, de ces phrases que je me dis sans vraiment y croire :

  • Ce soir, je me couche plus tôt !
  • Je ferai mes exercices demain…
  • Ce week-end, je passe un moment particulier avec chacun de mes enfants
  • Tous les soirs, on va noter les gratitudes du jour sur un carnet
  • Je vais commencer mes journées par méditer
  • Ce gâteau-là, je n’en prendrai pas.

Alors… que se passe-t-il entre le moment où l’on se dit ses phrases, et le moment de passer à l’action ?

Comme des « menaces en l’air »

C’est drôle, ça me donne envie de faire un parallèle avec notre cheminement en temps que parent.

Combien de fois ai-je eu des échanges avec certains d’entre vous, autour de ces « menaces en l’air » ?

Toutes ces choses que le parent dit sans même y croire.

Exemple véridique, entendu cet été d’une maman vers sa fille de 3 ans : « Ah non, si tu pleures, on va pas à la créperie ! »
Bien sûr qu’elles vont aller à la créperie, avec ou sans pleurs ! (Je passe ici sur l’accueil des émotions, qui est un autre sujet…)

Point de progrès parental : éviter de dire des choses que vous ne pensez pas.

Ben oui… mais c’est visiblement plus facile à dire qu’à faire, puisqu’on le fait clairement aussi avec soi-même, intérieurement !
(en général pas de lancer des menaces, mais au moins de se dire des choses auxquelles. on ne croit pas vraiment…)

Un premier pas donc : surveiller nos pensées (et nos paroles) pour savoir si on pense vraiment ce que l’on dit.

Tiens, ça c’est déjà pas mal prendre soin de nous (et des autres) !

Un manque de discipline ?

Devant notre manque de constance, devant ce décalage entre des décisions prises, on pourrait avoir tendance à en déduire que nous manquons de discipline, de volonté.
Qu’il nous faut redoubler d’efforts, et puis c’est tout.

De nouveau, on est dans une logique de « La vie, c’est dur ; on n’est pas là pour rigoler, fais un effort, que diable ! »

Alors… je ne dis pas que la vie est toujours facile… mais si on en croit Brooke Castillo, en adoptant ce genre de posture dans laquelle on voudrait faire passer nos actions « en force », on a en fait peu de chances de réussir.

Si vous connaissez le « modèle de Brooke » (que Clotilde Dussolier a grandement contribué à faire connaitre en France à travers son podacst « change ma vie »), vous connaissez la théorie :

Il y a en nous un enchainement interne Pensée -> Sentiment -> Action -> Résultat

Vouloir changer l’action sans travailler sur la pensée et le sentiment, c’est mener un combat contre nous-même, et donc, forcément, l’un de nous est perdant !


Reprendre mon pouvoir

Alors moi, je suis pleine de bonnes intentions pour moi-même, dans la démarche même.

Je me dis que pour prendre soin de moi, je ne vais pas lutter, je ne vais y aller « en force », je vais plutôt faire évoluer mes pensées pour m’engager à l’action.

Là encore, c’est également une manière de prendre de soin de moi ! (qui, je pense, n’est pas à négliger non plus…)

Construire sa vie

J’en arrive enfin au lien avec le titre de cette partie qui était, vous vous en souvenez peut-être, « être acteur de sa vie ».

Je crois que l’une des grandes raisons pour lesquelles on prend des décisions qu’on ne tient pas, c’est parce qu’on subit un peu notre vie. On en subit surtout le rythme.

Ce rythme, souvent effréné, qui découle d’une pression sociétale qui pousse à la productivité, à l’efficacité, nous laisse peu d’espace pour mettre en place les routines qui nous feraient intérieurement du bien.

Et dans le temps qui nous reste, beaucoup d’entre nous se retrouvent à chercher les distractions facilement accessibles (pour faire baisser le niveau de stress), plutôt que de prendre le temps de nous demander comment nous allons, fondamentalement, et comment nous pouvons aller mieux.

Comme le dit et l’écrit Thomas d’Ansembourg (et bon sang, cette phrase est vraiment restée en moi…) :

Nous avons plus appris à compenser notre mal-être qu’à nourrir notre bien-être profond et contagieux.

Thomas d’Ansembourg

Or, fondamentalement, c’est un choix.

Est-ce que je veux continuer à subir ce rythme et le rendre responsable du peu d’espace que j’ai pour prendre soin de moi, ou est-ce que je veux reprendre la responsabilité de ma vie, et voir quelle marge de manoeuvre j’ai, dans le contexte qui existe ?

Voilà. En cette rentrée, j’ai envie d’ouvrir encore l’espace qui va me permettre de me faire passer en priorité.

Et pour cela, je commencerai par me poser la question suivante : « Prendre soin de moi, c’est quoi ? »

Prendre soin de moi, c’est quoi ?

Evidemment, ça, ça dépend de chacun ! Je partage donc ici le fruit de MA réflexion, à vous de l’appliquer à votre cas.

Dans cette première réflexion, je me sens libre de faire une liste à la Prévert.

Je voudrais voir tout ce qui m’inspire et/ou fait partie de ces « je devrais » qui reviennent régulièrement, sans me limiter, sans me poser d’obstacles pratiques. Pas encore.
Je reviendrai ensuite à la réalité, pour voir ce qu’il est possible de faire.

Allons-y.

Ralentir

La première chose qui me vient, c’est « ralentir ».

C’est rigolo, d’ailleurs, parce que je n’ai pas vraiment un rythme de dingue. J’ai plutôt, selon les critères communs, un bon équilibre, je crois.

Et justement, c’est l’un de mes blocages pour me permettre de ralentir.

Une pensée un peu de l’ordre de « Tu ne devrais pas vouloir ça, t’as déjà bien de la chance par rapport à plein d’autres gens, sois contente de ce que tu as. »

Seulement, dans cette partie, je vous le rappelle, et je me rappelle à moi-même, parce qu’on a facilement un petit chacal interne qui vient mettre la grouille, je liste sans jugement.

Et c’est un fait, j’ai encore cette aspiration à ralentir.

Concrètement, pour moi, ça voudrait dire :

  • une to-do list moins dense
  • prendre le temps de méditer
  • pratiquer la respiration (la cohérence cardiaque, par exemple)
  • de grandes balades !

Sur le plan physique

Le 2e point, et celui sur lequel je suppose que l’on va tous se trouver dès lors que l’on parle de prendre soin de soi, c’est l’aspect physique.

Je ne suis pas et n’ai jamais été sportive.

Malgré cela, je ne pensais pas que l’inconfort se ferait sentir si tôt… Je croyais que les douleurs à l’épaule, rougeurs inexpliquées, petites tracasseries du quotidien étaient réservées aux plus de 70 ans… et je découvre que ça vient bien plus tôt que ce que l’on croit. L’entretien du corps n’est pas à négliger.

Alors, je voudrais :

  • faire des mouvements plus régulièrement (pour mon épaule en particulier)
  • aller nager de temps en temps
  • marcher quotidiennement (je le fais déjà pas mal)
  • m’inscrire au Pilates
  • me mettre à courir

Oui… ce dernier point, je ne pensais jamais l’écrire.. et puis.. on est parti en vacances avec des copains qui courent, et je me suis dit que ça nous ferait du bien.

J’ai commencé par m’acheter des tennis (je pourrais préciser depuis combien de temps je n’avais pas couru… mais en fait je n’ai JAMAIS couru !), et je m’y mets, doucement, comme je peux.
Hier, après mes 2km, j’étais au bout de ma vie !

Mais en courant, je me répétais cette phrase qu’Anatole a inventée lors d’une activité en classe sur le growth mindset (oui, je sais, quelle chance il a d’avoir une enseignante qui leur fait faire des activités comme ça !!) :
« C’est une opportunité pour moi de m’améliorer. »

Sur le plan spirituel

Ça aussi, c’est important pour moi. Ça va avec « ralentir », d’ailleurs.

Ce dont j’ai envie, en fait, c’est de prendre du « temps pour réfléchir », comme le suggère Clotilde Dusoulier

Et ce n’est pas nouveau que j’attache de l’importance à ça.
Y’a plusieurs années, déjà, j’avais écrit un article qui s’intitulait « Le secret : prendre le temps d’y réfléchir », exemple à l’appui.
A l’époque, il s’agissait surtout de réflexion éducative. Ca allait d’ailleurs avec le temps de s’informer et de se tromper.

Aujourd’hui, je pense plus en termes de connaissance de moi.

J’aime prendre des temps d’auto-empathie, réfléchir à des situations que je traverse en utilisant des outils/ressources de coaching type modèle de Brooke, ou polarités (merci le cercle des parents heureux de me donner l’occasion d’approfondir. ete xpérimenter ce genre d’approche !)

Et parfois, c’est encore plus simple que ça…

Exemple vécu

Le week-end dernier, par exemple, après un moment de tension avec mon mari, pendant lequel on ne s’est pas compris, et on s’est chacun refermé pour éviter la dispute, j’ai eu envie d’éclaircir ce qui s’était passé en moi à ce moment-là. Le lendemain matin, donc, je me suis laissé aller à un simple « flow de pensées », pendant lequel je notais tout ce qui me venait à propos de la situation, les pensées qui naissaient en moi quand j’entendais ceci ou cela.
J’ai ensuite partagé ma feuille avec Nico, qui l’a lue pendant la journée.
Le soir, on a pu reparler de manière apaisée.

Le bénéfice

A chaque fois que je vis un moment de ce type, je renforce cette idée que prendre le temps pour clarifier, c’est apaiser les relations.
Ça rejoint cette phrase de Thomas d’Ansembourg (oui, encore lui !) qui résonne souvent en moi :

Un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant.

Thomas d’Ansembourg

Oui, je suis persuadée de tout ça… et il reste vrai que ça demande du temps, et donc, de le mettre dans ses priorités.

Sinon, on est pris par le tourbillon de la vie, et ça passe régulièrement sous la pile !

Sur le plan de l’apprentissage

Avec ce que je viens d’écrire, on pourrait penser que je n’ai pas besoin de penser à plus d’apprentissage pour l’instant.. j’ai déjà pas mal à faire avec l’application de ce que j’ai déjà appris !

Seulement voilà : j’adore apprendre ! Ça fait vraiment partie de ce qui me nourrit, me met en joie.

Alors, là encore, je sais que continuer d’apprendre, suivre des formations, c’est une manière de prendre soin de moi.

Et je n’ai pas l’intention de la négliger, d’autant que souvent les sujets que je choisis permettent de nourrir également le plan suivant :

Sur le plan professionnel

Ah.. on touche ici à un noeud. Car on a toujours tendance à opposer le plan pro au plan perso.

Le dilemme classique

Est-ce que j’accorde trop de temps à ma vie professionnelle ?

Vous savez, on nous dit souvent : à la fin de ta vie… qu’est-ce qui aura été le plus important ? Le temps passé avec ta famille, avec tes amis, ou celui passé au bureau ?

Nico (mon mari) n’aime pas cette question : il dit que ça pousse à la culpabilité, et qu’on néglige au passage tout ce que ton épanouissement professionnel peut t’apporter. Et je le comprends.

De plus, pour moi, les termes sont un peu différents : d’abord, je bosse majoritairement de chez moi ; ensuite, ma vie professionnelle nourrit ma vie perso et vice-versa.

Et pourtant, je vis quand même cette difficulté. Toute l’énergie que je mets d’un côté représente un peu moins d’énergie ailleurs.

Sans compter que prendre soin de moi sur le plan professionnel, ce n’est pas que « le boulot à faire ».
C’est aussi laisser la place aux questionnements plus stratégiques, aux bouquins de développement business, aux questions d’organisation…

Chaque jour, il y a des choix à faire : et éventuellement un peu de culpabilité, quel que soit le choix fait !

Ce qui est sûr, c’est que, même si mon équilibre n’est pas le même que celui de mon mari, comme lui je ressens qu’être bien professionnellement, c’est aussi une manière d’être bien tout court, et donc, de mieux prendre soin des autres aussi.

Un équilibre instable

Autre remarque au passage : depuis que je connais le concept des polarités (encore merci le cercle !), j’ai enfin compris que cet équilibre n’est de toute façon pas un équilibre stable. C’est un équilibre mouvant, sans cesse en redéfinition, en ajustement, en déséquilibre puis ré-équilibre.
C’est comme ça que ça fonctionne, et c’est ce qui permet de s’autoriser des plus et des moins en fonction des périodes, de comment on le sent, tout en sachant que ça re-changera ! En fait, on joue à l’équilibriste… Moi qui aime la structure, ça me bouscule un peu de le penser comme ça, mais dans le fond, c’est plus joyeux !

La formulation qui me vient en tête au moment où j’écris ces lignes sur l’équilibre mouvant, vous allez pas le croire, elle me vient de… Thomas d’Ansembourg (décidemment, si ce type savait à quel point il influence mes pensées !!) :
« Je choisis pour le moment et par priorité… »

Et puisqu’on en parle, tiens, c’est justement la dernière partie de cet article :

Choisir mes priorités

Au début, vous vous souvenez, je me sentais libre de faire une liste à la Prévert.

Et puis, arrive le moment, où il est bon d’atterrir. De reprendre contact avec la réalité pour ré-ajuster nos attentes, et voir ce qu’on va choisir de mettre en place, « pour le moment et par priorité ».

Tout comme en parentalité, je vais éviter de placer la barre trop haut.

Je vais choisir mes priorités, mais m’assurer de faire entrer ces priorités dans mes priorités.

La chance que j’ai pour moi c’est que ma famille grandit, et a moins besoin de moi. (Il devient par exemple possible de courir le matin en laissant Anatole aller seul à l’école – tout en me gardant d’autres jours pour l’accompagner, parce que, quand même j’aime bien ça !)

Je ne veux pas passer à côté de ces années ET je sais tous les bénéfices qu’ils tireront à court et à long terme d’un maman qui prend soin d’elle.

Donc, c’est le moment de décider de ce que je vais mettre en place.

Et j’ai beau être claire sur la théorie, c’est le moment le plus difficile pour moi, parce que je n’ai envie de renoncer à rien !

Ce qui m’aide, c’est de voir ce qui, dans mon esprit se rejoint, ou s’oppose.

Par exemple, j’ai cette croyance que « ralentir » s’oppose au développement pro.
Pourtant, je suis persuadée (en théorie) que si je sortais de mon bureau tous les après-midi pour aller marcher, j’aurais sûrement plus de visibilité stratégique sur mon développement pro.
Mais j’ai encore du mal à vraiment l’intégrer….

En revanche, je vis déjà le fait que mon apprentissage est au service des plans professionnel et spirituels.

Concrètement

Voici donc ce qui me vient :

1- de manière immédiate :

  • poursuivre mes apprentissages. (En ce moment : le harcèlement scolaire, le fonctionnement du cerveau, et les effets des récompenses.)
  • courir régulièrement (et parfois les 2 se rejoignent, parce que je peux écouter les cours sur le cerveau en courant !)

et c’est tout (argh !! C’est dur, ça !!).
Bien sûr, j’ai le droit aux autres choses, mais sans obligation interne.

2- dans un 2e temps (entre Toussaint et Noël)

  • réserver des séances avec mon accompagnatrice en CNV pour qu’elle m’aide à pratiquer l’écoute des parts
  • aller marcher au moins un après-midi par semaine plutôt que de rester devant mon bureau. Objectif : sortir la tête du guidon et prendre un peu de hauteur

On en reparle ?

Allez… je suis enfin au bout de cette réflexion (un succès en soi : c’était une belle manière de prendre du temps pour réfléchir !).
Cependant, je reste conscience de la différence possible entre mes envies, mes décisions, et la possible réalité.

Je vais donc conclure en disant que je reviendrai vous faire un retour sur cette réalité…

On se dit janvier ?

En attendant, et si vous choisissiez ce que vous avez envie de créer pour vous ?

Je m’interroge souvent sur la meilleure manière de transmettre les notions que j’apprends en cheminant à mes enfants.

Bien sûr, je transmets énormément par le modèle, en incarnant au mieux les valeurs auxquelles je crois.

Mais je reste aussi attachée à une certaine théorie…

Pour cet été, j’avais envie de réfléchir à comment transmettre concrètement des concepts qui me semblent tout aussi importants que les maths et le français, et j’ai conçu des activités spéciales pour que vous puissiez le faire également !

Dans cet épisode, je vous parle de ma démarche, et de mes “capsules de l’été” !

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Ce que l’on veut transmettre à nos enfants

Bonjour les parents qui cheminent. 

Je vous fais un petit podcast avant de partir en vacances, parce que j’avais un point à partager avec vous. C’était : Comment fait-on pour transmettre les notions que l’on va apprendre le long de notre cheminement, à nos enfants ?
Alors, la raison pour laquelle je vous partage cela maintenant, c’est justement parce que ce sont bientôt les vacances. Au moment où j’enregistre, on est déjà le 11 juillet. Donc c’est déjà bien l’été ! Les vacances ont commencé. 

De mon côté, je pars en vacances dans deux jours. Et donc mon idée, c’était de vous embarquer avec moi dans cette aventure de l’été : c’est-à-dire que l’été est un espace dans lequel on va passer plus de temps avec nos enfants. Et pour moi, c’est toujours une préoccupation de : “Et si j’en profitais pour leur transmettre certaines notions ?”

On transmet beaucoup par notre modèle

Je m’explique. Évidemment, la majeure partie de ce qu’on leur transmet, on va le transmettre plus par notre modèle, tout simplement, c’est-à-dire notre façon de vivre. On va transmettre, par exemple, la façon de traverser des émotions fortes par la façon dont on le fait nous-mêmes. D’ailleurs, on peut le faire d’une façon le plus explicite possible, pour qu’ils s’en rendent compte et qu’ils l’emploient. 

  • On va leur transmettre la notion du temps de pause, typiquement, quand les émotions débordent, en prenant nous-mêmes un temps de pause. 
  • On va leur transmettre le respect de soi en essayant de se respecter nous-mêmes
  • On va leur transmettre le fait d’exprimer sa colère sans agresser l’autre, en réussissant à exprimer notre colère sans agresser l’autre
  • On va leur transmettre la notion de motivation intrinsèque, plutôt que de contrôle externe, en essayant nous-mêmes de développer leur motivation intrinsèque : en leur posant des questions, en les interrogeant, en discutant de leurs motivations plutôt qu’en cherchant à les contrôler via des punitions et des récompenses. 

On va leur transmettre comme ça, énormément de choses via notre posture.

Une dissonance entre ce qu’on aimerait et ce qu’on vit

Ce qui, d’un côté, est d’une simplicité extrême et puis d’un autre côté, évidemment, d’une complexité extrême. Puisque nous-mêmes, nous ne sommes pas toujours complètement cohérents dans nos comportements par rapport à ce qu’on aimerait transmettre.

Parce que voilà, on a la théorie, on a ce avec quoi on est d’accord.
Et puis, il y a les moments où on se comporte en suivant certains des réflexes acquis qu’on a en nous, en étant emportés par nos émotions, etc.
Donc, il y a souvent une espèce de dissonance cognitive entre ce qu’on aimerait et ce qu’on vit. 

Mais, peu à peu, un pas après l’autre, on s’aligne de plus en plus sur nos valeurs, sur ce qu’on a envie de transmettre. Et notre modèle transmet déjà énormément de choses à nos enfants.
Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des enfants qui, par exemple, je ne sais pas… un exemple tout bête : c’est mon fils qui parfois ne comprend pas, quand il lit dans un livre, une réflexion autour du fait que les garçons, ça ne pleure pas.
Il ne sait même pas d’où vient cette notion-là, parce que ce n’est pas du tout ce qu’il a reçu comme exemple, qu’il ne voit pas bien pourquoi les gens diraient ça.

Ça, c’est vraiment super.

Transmettre des notions théoriques

Alors peut-être que c’est aussi parce que dans ma posture à moi, parce que moi, j’adore apprendre, j’adore la théorie, j’aime bien comprendre ce que je suis en train de vivre.
Du coup, j’ai souvent envie de transmettre des notions théoriques à mes enfants. J’ai envie de leur expliquer comment fonctionnent les choses. J’ai envie de leur raconter des choses qu’ils vont comprendre également. 

J’ai l’impression qu’il y a tellement de choses que j’apprends sur mon cheminement de parent qu’on devrait tous avoir appris en fait avant. Des notions qui, pour moi, devraient être incluses dans les programmes scolaires. Je sais qu’on en est beaucoup à penser comme ça, c’est-à-dire que les programmes sont très académiques, qu’ils sont très contenus, etc. 

Transmettre les compétences psychosociales

Mais toutes ces compétences psychosociales qu’on apprend plus tard en tant qu’adulte, sur un chemin de développement personnel, finalement, et si on offrait ça à nos enfants plus tôt ?
Est-ce que ça ne les aiderait pas dans leur vie ?
Est-ce que cela n’aiderait pas à une meilleure ambiance ?
Déjà de classe au départ, mais également de famille, de société, etc. 

C’est vraiment cette notion, comme le dit Thomas d’Ansembourg d’ailleurs : “Un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant”.

Et toutes ces notions qu’on apprend sur notre chemin à la fois d’éducation positive et finalement de développement personnel (parce que avancer sur ce chemin d’éducation positive, c’est aussi avancer sur un chemin de développement personnel), j’aimerais parfois les transmettre !

Que peut-on transmettre à nos enfants pendant les vacances ?

Et du coup, la question me vient de : Comment je fais pour transmettre ces notions-là, de façon ludique, à mes enfants ?
Et l’été, pour ça, c’est vraiment le bon moment.

C’est-à-dire que moi, je ne suis pas tellement (je dis “tellement”, mais en fait “pas du tout”),je ne suis pas adepte des devoirs de vacances.
Pourtant, j’adore enseigner des choses à mes enfants, même des choses académiques. 
Il y a eu un moment où on a fait l’école à la maison et c’est quelque chose que j’adorais faire.
Donc, je sais que certains parents n’apprécient pas cette démarche d’être l’enseignant de leur enfant ; moi, j’adore ça ! Donc, ça ne me poserait pas de problème de faire ça.

Mais j’ai le sentiment que, ils passent déjà énormément de temps pendant l’année scolaire à apprendre des tas d’informations académiques, qui sont certes fort utiles, mais du coup, le temps que je peux avoir avec eux pendant l’été, je n’ai pas envie de le passer à revoir la conjugaison des verbes du troisième groupe au passé simple.

J’ai plutôt envie de le passer à transmettre des notions qu’ils n’apprennent pas à l’école. Des choses qui sont pourtant tellement fondamentales, comme la démarche de gratitude, comme les langages de l’amour, etc

Travailler notre connexion au passage

Et donc ces notions-là, qui ne sont pas forcément l’éducation positive en soi, mais qui sont complètement connexes et qui vont tellement bien avec. J’ai cherché comment faire.

J’ai cherché comment je pouvais les transmettre à mes enfants et profiter du temps de l’été pour pousser des activités avec eux, qui soient des choses familiales dans lesquelles on découvre ces notions-là ensemble. 

On découvre ou bien, on avance ensemble sur ces notions-là de façon ludique et sympathique, pour partager des moments chouettes déjà , rien que ça, c’est travailler sur notre connexion, rien qu’en passant des moments ensemble !

Et puis, en sortir de cet apprentissage de notions, qui vont nous servir ensuite peu à peu pour faire grandir la fluidité et la connexion dans notre famille.

Les notions abordées dans ce que je vous propose

Et c’est pourquoi, je vous ai créé pour cet été, en fait, je vous / nous ai créé, pour cet été, les capsules de l’été. Alors, je dis vous et nous, évidemment, compte tenu de mon cheminement, tout cela n’est pas nouveau, ces notions-là. 

Alors, en l’occurrence, j’en ai choisi quatre : 

  • la première, c’est le réservoir affectif;
  • la deuxième, ce sont les langages de l’amour
  • la troisième la pleine conscience;
  • la quatrième, la gratitude

Ces notions-là sont des notions dont on a déjà parlé dans notre famille.
Et donc, ce n’est pas nouveau chez moi.

Mais j’ai quand même l’intention de partir avec ces capsules dans mes bagages, pour pouvoir, de la même façon que vous j’espère, les vivre avec mes enfants. 

Pour chacun de ces thèmes, avec ma comparse Émilie, on a créé, d’une part, une fiche théorie, qui s’adresse à toute la famille et qui présente la notion de façon relativement simple, pour que ce soit accessible à des jeunes enfants (d’ailleurs, ça a été relu par mon fils Anatole, 9 ans, qui les valide).

Ensuite, il y a des fiches d’activités à faire avec les enfants, justement pour pouvoir mettre en pratique cette notion, pour qu’ils comprennent mieux.
Et c’est vraiment, je le sais, ce dont les parents ont besoin !
Cela m’est arrivé d’ailleurs la semaine dernière en coaching de groupe (c’est assez rigolo), une maman m’a dit : “Comment fais-tu pour transmettre cette notion de réservoir affectif, dont je comprends aujourd’hui à quel point elle est fondamentale aux enfants ?”
Et j’ai dit : “Tu tombes parfaitement ! Je suis en train de finir de préparer les capsules de l’été. Et justement, c’est un des thèmes !”

Les capsules de l’été

Donc voilà. Les capsules de l’été, ce sont des activités qui vont leur permettre de mieux comprendre et d’appréhender chacune des notions.
Et ensuite, il y a aussi une fiche, sous l’angle de :
Comment faire vivre cette notion ? Comment la faire durer dans le temps ? Quel type de rituel peut-on mettre en place dans sa famille ? 

Tout ça ! C’est sous forme de fiches téléchargeables.
Il y a même des jeux autour des langages de l’amour, vous allez voir…

C’est donc sous forme de fiches téléchargeables, à imprimer et à faire vivre.
Il n’y a rien sur l’écran parce que mon but n’est pas de mettre les enfants devant les écrans. Donc, vous pouvez les imprimer et les emporter dans votre valise. Et où que vous soyez, vous pourrez les mener avec vos enfants. 

J’espère que ça va vous faire vivre de chouettes moments pour transmettre ces notions.

Donc, je vous les répète :

  • le réservoir affectif
  • les langages de l’amour
  • la pleine conscience
  • la gratitude.

👉🏻 Cliquez ici pour vous procurer les capsules de l’été

Vous aurez la possibilité de prendre :

  • soit les deux premières capsules, 
  • soit les deux dernières, 
  • soit carrément les quatre. 

Je vous souhaite beaucoup de plaisir avec ces capsules et on se retrouvera après, pour que vous me disiez comment ça a marché avec vos enfants !

À très vite !  Bel été !

Bien sûr, parfois on se plante !! Dans notre rôle de parent, comme dans toute autre situation de la vie, on n’est pas toujours au top. On fait de notre mieux pourtant, en tout cas, on essaye… Mais notre mieux, parfois, il est pas terrible… L’important, ce n’est pas le raté, c’est ce qu’on fait après. Et une chose que j’aime bien faire, c’est revenir ensuite sur mon comportement. Ça montre qu’on est humain, ça donne un modèle, et ça contribue à la connexion avec nos enfants.

Est-ce que vous le faites aussi ?

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Revenir sur nos comportements

Bonjour les parents qui cheminent. 

Aujourd’hui, je voudrais traiter d’un thème, qui me semble assez fondamental, qui nous est propre. C’est le fait de pouvoir revenir sur nos comportements ! Parce qu’on a beau cheminer, s’améliorer, s’inspirer, faire mieux, on ne sera jamais parfait !
Et donc en particulier, on a encore des moments où l’on ne se comporte pas de façon optimale, pas forcément complètement en accord avec ce qu’on aimerait faire. Et je pense que, d’une part, c’est bien de le savoir et d’en prendre conscience. D’autre part, c’est bien aussi de savoir ce que l’on fait dans ces moments-là.

Nos comportements, cas concret

Donc, je voulais vous raconter, un petit peu, un épisode qui m’est arrivé il y a quelques jours, justement.

Pendant cet épisode, je n’ai pas agi exactement comme je pense qu’il aurait fallu agir sur le coup.
Et j’ai pu revenir dessus, parce que je pense que l’important, ce n’est pas seulement la façon dont on agit sur le moment (évidemment, l’idée est de réagir, au fur et à mesure, du mieux qu’on peut dès la première fois ; et cela vient avec l’habitude, cela vient avec l’entraînement), mais c’est également de savoir quand on a fait quelque chose qui n’était pas forcément en accord ou qui ne collait pas tout à fait à ce qu’on aimerait faire.
Comment fait-on ensuite pour revenir dessus et que ce soit quand même une occasion d’expérimenter ?

Et en particulier, cela donne un modèle, justement !
Un modèle d’imperfection, parce qu’on fait tous des erreurs et c’est OK !
Donc, on peut donner le modèle à nos enfants de ce qu’on peut faire quand on pense qu’on a commis une erreur.
Et ce n’est pas humiliant de dire qu’on a commis une erreur. Ce n’est pas un problème de revenir dessus. Ce n’est pas un problème de voir les choses autrement.
Et rien que ça, déjà, c’est une démarche pour nous en premier lieu. C’est-à-dire que nous-mêmes, on peut avancer malgré nos erreurs ou même nos imperfections et à la fois, on peut en donner le modèle à nos enfants.

Une histoire de dispute dans le salon

Alors, voilà ce qui m’est arrivé, il y a quelques jours.

J’étais dans la cuisine avec ma fille Alice, à discuter avec elle tout en préparant le dîner.
Les garçons, Léon et Anatole, qui ont 11 et 9 ans, étaient dans le salon, pendant ce temps.
Je ne surveillais pas ce qu’ils faisaient, même si la pièce est ouverte. Je pouvais les voir, mais ils étaient de leur côté.
L’un des deux lisait une BD tranquillement assis dans le canapé… je ne sais pas, ils faisaient leur vie, quoi !

Et puis, au bout d’un moment, voilà que j’entends un “Non !”, fortement.
Et puis, le “Non” se répète. Je l’entends au moins trois fois. Et tout d’un coup, un geste, je ne sais pas trop quel geste, parce qu’encore une fois, je ne les surveillais pas.
Mais en tout cas, c’était Anatole qui avait dit “Non” trois fois. Et voilà que, après un petit bruit, on va dire (parce que je n’ai pas vu le geste en réalité), Anatole se met à pleurer, et au moment où je m’approche, Léon dit : “ Je suis désolé ”.  

Je suis intervenue en tant qu’arbitre

Je m’approche sans un mot. Intérieurement, je suis clairement très énervée. Donc, je savais qu’il ne fallait pas que je parle.

Ainsi, sans un mot (en fait, ils étaient tous les deux allongés sur le canapé à des endroits différents, parce qu’on a un canapé d’angle), je tire Léon pour le sortir du canapé.
Et je lui dis : “ J’ai entendu “Non” trois fois ”. Et là,  il me regarde et il s’en va. Fin de l’épisode. 

J’ai raté l’occasion du moment d’apprentissage

A posteriori, une fois que j’étais redescendue, je me suis dit :
“ En fait, je suis venue les voir. Je suis intervenue grosso modo, même si c’est sans le dire, en donnant mon point de vue (c’est-à-dire en tant qu’arbitre). J’ai donné raison à Anatole, parce qu’il avait dit non. J’ai donné tort à Léon, qui selon ma perspective, n’avait pas écouté ce “Non” et avait quand même fait des choses (en fait, c’est le fait qu’il avait dit : « Je suis désolé » juste après qui m’avait donné cette impression). »

Je ne leur ai pas donné l’opportunité de discuter entre eux.
Or, je le dis et je le répète suffisamment souvent aux parents : les disputes sont des opportunités d’apprentissage.

Qu’est-ce que je leur enseigne dans ce cas-là, en décidant d’enlever Léon ?

Alors, oui, ce n’est pas un drame, que j’ai fait cela à ce moment-là, puisque c’était ce qui correspondait à l’énergie que j’avais et que je n’étais pas disponible, parce que j’étais en même temps en train de préparer le dîner, et de discuter avec Alice. Il n’y avait pas non plus de raison que je coupe mon moment avec Alice pour me mettre là-dedans… Donc, c’était ce qui correspondait à mon état d’esprit à  ce moment-là.

N’empêche que j’étais quand même consciente que ma réaction n’était pas complètement en accord avec ce que j’aimerais apporter dans ma famille, et en particulier, la possibilité de saisir les disputes comme des opportunités d’apprentissage, pour améliorer les choses, et en particulier, améliorer leur faculté de communication.

Revenir à mon comportement : aborder le sujet

Donc, un peu plus tard, quand on s’est retrouvés effectivement à table, tous ensemble, tous les quatre en l’occurrence, mon mari n’étant pas là ce soir-là (donc, on était avec Alice, Léon et Anatole à la table), j’ai remis ça sur le tapis.

J’ai dit à Léon :

Tout à l’heure, quand je suis intervenue pour t’enlever de la situation, parce que j’avais entendu non trois fois…
Je me rends compte que cette attitude, où je me suis positionnée en voulant t’enlever de la situation sans te demander quoi que ce soit, ça ne correspondait pas à ce que j’avais envie de faire.
Je me rends compte que je suis intervenue sans rien savoir, avec le peu que j’avais vu, avec mon jugement. Et en fait, je n’avais pas forcément de quoi juger.
Et donc, je voudrais savoir comment toi, tu te sens par rapport à ça. Est-ce que tu as trouvé que c’était injuste ?”

Il m’a dit : “ Oui, complètement “ 

Je dis : “ Ah ok, dans ce cas-là, je suis vraiment désolée, parce que ce n’est effectivement pas comme ça que j’avais envie d’intervenir, en ayant une attitude qui peut sembler injuste.
Je pense que ce n’est pas avec cette attitude que je vous transmets quoi que ce soit. Donc, j’aimerais bien revenir dessus parce que je ne suis pas fière de la façon dont je suis intervenue.
Est-ce que tu voudrais bien qu’on en rediscute ?

Là, il m’a dit : “ D’accord “  Et j’ai pu lui expliquer ce qui se passait.

La demande de Pardon

Alors, avant de vous donner la suite (j’insiste un tout petit peu là-dessus), vous avez vu que j’ai bien séparé les deux choses :

  • le fait que j’aie pu avoir des raisons pour me comporter comme je me suis comportée, et
  • la façon dont je vais parler à ce moment-là et le fait que je me suis comportée comme je me suis comportée. 

C’est-à-dire que la première phase, celle de reconnexion avec lui, était vraiment dans le fait de demander pardon et de prendre mes responsabilités pour mon comportement.

Je ne lui ai pas dit : “ Je suis désolée de m’être comportée comme ça, MAIS tu vois ce qui s’est passé, c’est que moi, je suis xxx et je trouve qu’à ce moment-là, je ne suis pas d’accord pour que…
Parce que si j’avais dit ça, j’aurais justifié mon comportement. Et donc, ce n’était pas un vrai pardon, c’était : “Pardon, mais en fait, j’avais des raisons de faire ça !” 
Et dans ces cas-là, mon pardon, il n’est pas reçu.
Donc, ce que je voulais faire, c’était un vrai pardon, c’était une vraie reconnexion !
C’était lui dire : “ En fait, je me suis comportée d’une façon qui ne correspondait pas à ce que j’aurais voulu faire et je suis désolée de l’avoir fait. Et d’ailleurs, est-ce que tu as trouvé ça injuste ? Oui ! Eh bien, oui, je comprends et j’en suis vraiment désolée.” 

L’explication du point de vue de chacun

Et là, on a réparé la relation !

Et maintenant (et parfois, c’est plus difficile et il faut absolument séparer les moments. Dans le cas présent, ça se passait bien, entre autres, parce qu’on avait laissé le temps aux émotions de redescendre des deux côtés), je peux lui dire :
Voilà, je t’explique ce qui s’est passé pour moi, avec mes lunettes”
(et ça, c’est une expression que je sors directement du Cercle des Parents Heureux, où on a travaillé ensemble sur des formulations bienveillantes, même quand on est un peu en colère. Et une des choses, c’était quand l’agacement commencent doucement à monter, le fait de dire “avec mes lunettes” nous permet de transmettre ce qu’on est en train de voir avec notre perspective, sans forcément transmettre que c’est notre vérité).

Je lui ai dit : “Avec mes lunettes : j’ai entendu plusieurs fois “Non” de la part d’Anatole, puis un bruit, puis Anatole qui pleure et toi qui dis“Je suis désolé”. Donc, je me suis dit que tu avais effectivement dû faire un truc qui n’était pas adapté, puisque tu le reconnaissais toi-même en disant “Je suis désolé” alors qu’il avait dit Non. Et c’est là que ça m’a agacée. Est-ce que tu peux m’expliquer ce qui s’est passé, avec tes lunettes ? Parce que dans le fond, je n’ai pas tout vu.

Et il m’a dit : “ Avec mes lunettes… ” (comme on connaît cette expression et qu’on l’utilise, il la reprend tout de suite, parce qu’il la connaît).

Et là, il m’a expliqué un petit peu la situation, le fait qu’il était tout seul sur le canapé, tranquillement avec sa BD, et qu’Anatole est arrivé, et qu’il a voulu empiéter sur son espace…
Ils ont discuté un petit peu. Il lui dit : “ Laisse-moi la place s’il te plaît ?”, et qu’Anatole a dit : “Non”. Et Anatole, au bout d’un moment, a voulu imposer sa présence dans son espace à lui, en posant son propre livre au-dessus de la BD, qu’il était en train de lire. Et donc Léon a réagi en soulevant le livre d’Anatole, pour le lui renvoyer.
En faisant ça, il l’a malencontreusement un peu cogné et c’est là qu’il a dit : “ Je suis désolé ” parce que son intention n’était pas de le cogner.

Je suis d’accord, je comprends mieux ton “Je suis désolé”… Si je comprends bien, toi, ce que tu voulais, c’était faire respecter ton espace physique et pour le faire, tu as poussé le livre et c’est arrivé à un endroit que tu n’avais pas anticipé. Donc tu étais désolé de l’avoir cogné, parce que ça, ce n’était pas ton intention”.
Voilà, exactement !” me répond Léon.

Et toi Anatole avec tes lunettes ?
Avec mes lunettes…” Et donc Anatole a expliqué que selon lui, il y avait la règle du canapé, qu’il ne voyait pas pourquoi on ne voulait pas la respecter alors que d’habitude, quand c’est dans l’autre sens, c’est OK.

Moi : “Donc toi, si je comprends bien, avec tes lunettes, t’as l’impression qu’il y a quelque chose sur lequel vous étiez d’accord et puis là, il ne respectait pas l’accord.
Donc toi, tu te battais pour le fait que chacun respecte l’engagement déjà pris ? C’est bien ça ?« 

Définir le problème en tenant compte de tous

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« Ok donc toi Léon, tu voulais… ? OK.
Et toi Anatole, tu voulais… ? OK.
Et du coup, maintenant que vous vous entendez l’un l’autre, est-ce que vous comprenez mieux d’où vient ce conflit ?
Les 2 répondent “Oui”.

Moi : “OK et donc, qu’est-ce que vous auriez pu faire d’autre ?

Et là, ils ont pu réfléchir ensemble sur comment mieux communiquer.

Ensuite, on n’a même pas vraiment cherché à résoudre la situation, parce qu’elle n’était plus tellement vivante.

J’ai raté et je suis désolée

Mais c’était hyper intéressant parce que du coup, j’ai pu aussi dire au passage : “ah oui, c’est ça que j’ai raté. » – qui était tres important et qui était le point de départ de mon podcast.
Puisque mon podcast, c’était surtout sur moi, plus que sur la résolution du conflit, qui n’a pas d’intérêt aujourd’hui par rapport à ce que je veux partager.
C’était sur moi et le fait de revenir sur un comportement, un de mes comportements, que j’ai jugé inadapté

Ce n’est que quand Léon a pu me parler de ses lunettes, que j’ai pu lui dire
Oui du coup, quand tu m’expliques avec tes lunettes, je comprends bien pourquoi tu as trouvé que c’était injuste. Parce que effectivement, ça ne correspond pas à ce que moi, j’avais ressenti.
Donc, je vois tout à fait ton point de vue et je suis encore plus désolée d’avoir réagi comme je l’ai fait”.

C’est seulement ensuite qu’on est passé à “Et toi Anatole, avec tes lunettes ?” et qu’on a basculé sur autre chose. 

Un moment riche d’apprentissage

Du coup, on a pu conclure en disant “Je suis contente d’avoir eu cette conversation. Parce que le fait d’en parler comme ça et de voir un peu le point de vue de chacun, cela permet de se rendre compte qu’on peut en fait discuter et améliorer la façon dont cela se passe et voir les choses autrement, sans avoir à intervenir de cette façon-là.
Et mon comportement de tout à l’heure ne vous aidait pas à voir cela et donc il ne vous enseignait rien. Et là, je suis contente qu’on puisse le faire maintenant.
Donc, merci d’avoir bien voulu revenir sur cette situation avec moi”.

Et ça, pour moi, c’est riche (et c’est pour ça que je voulais vous partager ça aujourd’hui), parce que c’est une façon de toucher du doigt le fait que même quand on a des manquements à certaines théories (et là clairement, je ne peux que m’en vouloir, vous comprenez bien !
Je répète régulièrement aux parents avec qui je parle : “les disputes sont des opportunités d’apprentissage”, et je vous propose une formation sur Comment en finir avec les disputes dans la fratrie), je me retrouve là, dans une situation de conflit, à intervenir sans saisir cette opportunité, à intervenir quasiment en tant qu’arbitre, alors que c’est justement cette attitude qui met de l’huile sur le feu, etc. Forcément, je me sens un peu coupable, je me dis : “Voilà, c’est bien la peine d’expliquer cela aux parents, et puis toi, tu fais tout ce qu’il ne faut pas…

Alors évidemment, depuis le temps que je chemine, ce genre de comportement m’arrive beaucoup moins souvent qu’avant.

Mais je sais aussi que j’ai grandi comme vous tous, dans un environnement qui m’a transmis certaines choses et que même en apprenant d’autres attitudes – qui heureusement ont transformé mes comportements de parent et notre vie de famille – malgré cela, je sais que ce genre de comportement vient encore et viendra encore et peut-être toute ma vie. Parce qu’il y a des conditionnements dont il est difficile de sortir.

Mais finalement, l’important, c’est aussi de se rendre compte que, même quand on ne se comporte pas exactement comme on veut, on a toujours une chance de transformer cela en apprentissage pour nous et aussi pour les autres. 

Et en revenant dessus, en travaillant ensemble, justement, je montre aussi comment on peut faire quand on a fait quelque chose que finalement on regrette et qu’on aurait pu faire autrement. Parce que c’est un travail pour tous : et pour nous et pour eux au quotidien.

Voilà, j’espère que cela vous inspire. N’hésitez pas à laisser un commentaire positif sur Apple podcasts, si ce podcast vous a plu.
N’hésitez pas également à le partager avec des amis et puis, à vous abonner pour ne pas rater les épisodes suivants.

À bientôt !

Une des choses que j’adore, dans mon métier, ce sont les rencontres que je fais. 

Et justement, vendredi dernier, j’ai eu l’occasion de retrouver d’autres intervenants des sommets de parentalité organisés régulièrement par Fabienne Clavier. 

(Prochain à venir du 30 mars au 6 avril : « Vivre les émotions en famille » 3è édition, je vous encourage à vous y inscrire si ce n’est pas encore fait !)

Se retrouver avec ces personnes, certaines que je connais très bien, d’autres très peu, certaines pas du tout, c’était vraiment inspirant ! 

La raison pour laquelle je partage ça ici aujourd’hui, c’est que j’ai envie de vous encourager à rechercher de telles rencontres, ou au moins de telles inspirations. 

Bien sûr, dans la vie, on a TOUS besoin d’aller à la rencontre des autres. Parce que nous sommes des êtres sociaux. 

Mais c’est encore plus important quand on adopte un mode de vie, ou une façon d’aborder les choses qui est un peu « hors norme ». 

C’est de ça que j’ai envie de vous parler aujourd’hui. 

Le chemin de l’éducation positive : une succession de sentiments variés

Soyons honnête : avancer sur le chemin de l’éducation positive, ça nous rend atypique. 

Oh.. de moins en moins, d’une certaine façon, et puis, ça dépend évidemment de notre environnement… mais quand même, notre société est encore beaucoup dans des approches qui ne correspondent pas aux principes de l’éducation positive. 

Alors, quand on choisit, de son côté, de suivre ce chemin atypique, on traverse pas mal de sentiments différents…

Retour sur mon parcours. (et je serais curieuse de savoir si vous vous reconnaissez dans ces montagnes russes émotionnelles)

La honte

Quand j’ai découvert l’éducation positive, j’ai rapidement été inspirée !! 

Comme vous peut-être, j’ai eu l’impression d’ouvrir la porte sur un monde différent, sur un monde dans lequel le mot respect avait un sens. 

J’avais envie, à mon tour, de vivre ces moments d’échanges avec mes enfants, de voir la coopération se mettre en place…

Parfois, je partageais mon enthousiasme, je racontais la théorie, et même un peu de pratique ! 

Et en même temps, il y avait tous ces moments où je ne parvenais pas à mettre en place ce que j’apprenais, ou je me prenais les pieds dans le tapis, en quelque sorte, et où je brodais intérieurement sur tout ce que les autres pouvaient penser de moi. 

Oui… dans ces moments-là, il m’était bien difficile d’appliquer ce fameux accord toltèque : « Ne faites pas de supposition”.

Ce qui m’habitait alors, c’était de la honte : la honte du décalage entre ce que je prônais et ce que j’arrivais à faire…

Une honte plus forte je crois que celle du parent qui se sent dépassé en utilisant des méthodes classiques. 

Pourquoi ? Parce que celui qui reste aux méthodes communes, tout le monde s’accorde à dire que ça “devrait” marcher. Si ce n’est pas le cas, c’est que son enfant est difficile, ce n’est pas lui qui ne sait pas gérer. 

Alors que quand on a choisi un chemin différent et qu’on n’y arrive pas, on n’a qu’à s’en prendre qu’à soi-même ! 

Et d’ailleurs, certains ne se gênent pas pour nous le dire…
(des témoignages à ce sujet ? Ecrivez-les en commentaire !)

La fierté

Et puis, peu à peu, mon pas devenant plus assuré sur mon chemin, c’est le contraire qui s’est produit : je suis devenue fière. 

Fière d’être capable de mettre d’autres pratiques en place dans un environnement qui ne m’y avait pas préparée. 

Fière de voir les fruits de ce que je semais, et de noter chez d’autres des comportements desquels j’avais su sortir. 

Fière de tous les moments où j’étais conforme à mes valeurs, même si ce n’était pas (et ne sera sûrement jamais) systématique. 

Fière d’essayer au moins ! L’échec, c’est aussi un essai, après tout. 

La frustration

Donc, je n’avais plus honte de mes échecs, un progrès. 

Mais j’en voulais à chacun, et à la société entière pour tous les modèles dont je ne voulais plus qu’elle continuait de me donner à moi en tant que maman, et à mes enfants. 

Ainsi, lorsque je vivais en France (je suis actuellement à Londres), je me retrouvais au quotidien témoin de situations qui me rendaient inconfortable. 

Pas de la part de tous les parents ou adultes, non ! Pas de manière continue non plus, heureusement ! Mais par des tas de petites choses. 

Du papa qui dit à sa fille « T’es pas gentille » quand elle traine un peu, à la maman qui dit à son fils d’arrêter de « pleurer pour rien”, de la prof qui déchire le papier de ma fille à celle qui met mon fils dans le couloir jusqu’à ce qu’il “apprenne à être un élève de CP”.

Je ne juge pas vraiment ces adultes qui ne font que reproduire un modèle reçu… je constate, c’est tout. 

Et je me sentais terriblement frustrée. Parce que mes enfants, dans ce contexte, continuaient également à recevoir tous ces modèles. 

Parce que mes enfants continuaient donc à développer des croyances sur les relations adultes/enfants qui ne correspondaient plus à mes valeurs ! 

Ça vous fait ça, aussi ?

D’un certain côté, ça m’encourage à dépenser encore plus d’énergie pour faire bouger les choses, pour aider à ce que les consciences évoluent ! 

Et d’un autre, c’est parfois désespérant… 

Comme le colibri face à l’incendie de la forêt, je fais ma part – mais parfois je pense quand même que je n’arriverai jamais à éteindre ce feu !

Le découragement

Alors… est venu le découragement. 

Est-ce que ça servait à quelque chose ce que je faisais ? 

Bon sang, j’avais déjà de mon côté du mal à évoluer, et il fallait en plus que je “détricote” ce qu’ils recevaient parfois à l’extérieur… c’est épuisant ! 

J’avais l’impression de lutter contre un courant qui nous emportait, inexorablement. L’impression que je n’y arriverai jamais, et l’envie, parfois, d’abandonner…

Oui, la difficulté d’être un parent à contre-courant.

L’enthousiasme

Je savais que je ne pouvais pas renoncer. Que j’avais quand même envie, malgré la difficulté, de continuer de nager ainsi à contre-courant.

Parce que ce qui me portait vraiment, c’était ce que je construisais avec mes enfants. 

Voir tout ce qui se mettait en place, tous ces moments d’échanges et de co-construction, tellement différents de ce que j’aurais pu vivre sans l’éducation positive, me permettait de garder mon enthousiasme. 

Savourer nos réunions familiales, notre coopération, notre ouverture, nos progrès en somme, me remplissait, et me remplit toujours, de reconnaissance. 

Je sais que ce qui se passe autour de nous est également une opportunité de discussion. Voir ce que l’on aime et ce qui est difficile à vivre dans les attitudes dont on est témoin. 

Comprendre pourquoi certains adultes ou enfants réagissent comme-ci ou comme-ça permet de conscientiser ce que l’on veut pour nous-mêmes. 

Ça permet d’appréhender les choses autrement, et de souligner aussi tout ce qui se passe bien ! 

L’appartenance

Enfin, j’ai su comprendre que j’avais également besoin de me rapprocher de personnes qui partageaient nos valeurs. 

Peu à peu, j’ai compris que pour développer ce en quoi on croit, on a aussi besoin de s’entourer de gens qui partagent nos rêves. 

Ils existent ! 

Soit dans notre entourage, soit un peu plus loin. 

Et pour cela, internet et les réseaux sociaux sont nos alliés : ils nous permettent de nous mettre en contact avec des personnes qui partagent nos valeurs, même s’ils sont loin. 

C’est magique, ça, non ? 

Ensuite, rien n’empêche les rencontres en présentiel…

Je me souviens que c’est exactement ce que j’ai ressenti la première fois que je suis allée au festival de l’école de la vie. J’ai pensé : “Je ne suis pas seule ! En fait, nous sommes NOMBREUX !” .

L’énergie

Je termine ce cheminement émotionnel avec cette énergie, parce que c’est ce que je ressens le plus vivement au moment où j’écris ces mots. 

Parce que oui, ce qui m’habite le plus, après cette rencontre au sommet de la semaine dernière, c’est une vraie énergie ! 

Une énergie contagieuse, qui émane de toutes ces belles personnes qui, comme moi, contribuent à un monde plus respectueux, un monde où la bienveillance a un sens, un monde où l’on veille à ce que chacun se sente mieux, où l’on accueille l’altérité. 

Que c’est bon ! 

Concrètement, ce que m’a apporté cette journée de rencontre

L’une des valeurs auxquelles je tiens le plus aujourd’hui, c’est l’authenticité. Or, dans un espace comme celui que nous a créé Fabienne Clavier vendredi dernier, on sait qu’on sera accueilli comme on est. On peut facilement être soi. Rien que ça, ça fait du bien. 

Tiens… en écrivant ça, j’entends les mots de Thomas d’Ansembourg : “Et quand tu dis “on”, tu veux dire… ?”. Je veux dire “je” ! Je réécris donc ma phrase précédente, pour mieux la vivre : 

Dans un espace comme celui-ci, je sais que je serai accueillie comme je suis. Je peux facilement être moi. 

Waouh ! Ça fait du bien ! 

Ensuite, ça me rappelle que je ne suis pas seule à faire ma part du colibri. 

En fait, nous sommes nombreux à être colibris. Et rencontrer les autres, c’est mettre le doigt sur le fait qu’un colibri peut vraiment changer les choses. Parce que chaque colibri en fait un peu, nos efforts portent leurs fruits. 

Ça permet de se nourrir d’espoir, de renforcer ses valeurs, de se regonfler d’énergie… et de s’enrichir aussi ! 

Le simple fait de partager cette journée a donc contribué à nourrir mes besoins de :

  • appartenance
  • partage
  • confiance
  • lien
  • sens
  • alignement

Je retiens en particulier : 

  • un moment de rire avec Isabelle de “La fabrique à Bonheur” et Loïc de “Se soigner autrement” (moment qui nous a d’ailleurs donné l’idée d’un projet commun… je vous en reparlerai !)
  • une discussion inspirante avec Cyrielle de “Horizons Famille” autour des enfants “extra ordinaires”, et des méthodes pour les accompagner, dans laquelle j’ai senti une passion partagée !
  • un exercice de connexion proposé par Chloé de Bloomum qui nous a fait sortir des sentiers battus
  • un moment avec Laetitia  de “S’instruire autrement” autour de sa manière de vivre l’IEF avec ses enfants
  • un échange avec Edna de la famille positive sur les manières de créer la vie qu’on veut avoir

et bien sûr… l’enthousiasme de Fabienne qui rend tout cela possible ! 

Comment vous pouvez vivre ça aussi ?

Même si l’éducation n’est pas votre métier, vous avez les mêmes besoins que moi, j’en suis sûre ! 

Ceux de sentir que vous n’êtes pas seul dans cette démarche, de vous connecter à des gens qui partagent vos valeurs, de croire au fait que c’est possible, de vous enrichir et vous inspirer auprès de personnes qui vivent ce en quoi vous croyez. 

Et vous pouvez le faire ! 

De votre côté en vous nourrissant de contenu qui correspond à ces valeurs : 

Dans l’échange en vous rapprochant d’autres parents qui cheminent : 

Rappelez-vous ce principe, que répète régulièrement Thomas d’Ansembourg : le développement personnel est en réalité une démarche citoyenne. 

Et si ensemble on contribuait à un monde meilleur ? Ça vous dit ?

On aimerait que nos enfants s’entendent bien !
Cela demande parfois un temps d’adaptation, surtout pour intégrer un nouveau venu dans la fratrie, alors que les 2 premiers ont déjà trouvé leur fonctionnement.

Voici la question que me pose Marie, maman de 3 garçons de 5 ans et demi, 4 ans, et moins d’un an, à laquelle je réponds dans ce podcast :

“Mes 2 grands sont très proches, comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?”

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Entente dans la fratrie

Bonjour les parents qui cheminent. 
Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’entente dans la fratrie.
Je réponds en fait à une question de Marie qui m’écrit : « Mes deux grands sont très proches. Comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?« 

Mise en contexte : comprendre la situation

Les âges des enfants de Marie

Pour mieux comprendre la situation, il faut savoir que les enfants de Marie ont quatre ans et cinq ans et demi pour les plus grands, et moins d’un an pour le dernier.

La préoccupation est est donc une anticipation, car il est logique que les deux aînés (puisqu’ils ont quatre ans et cinq ans et demi) n’intègrent pas encore complètement leur petit frère dans leurs jeux.
Marie se demande comment s’assurer que les trois enfants puissent développer une bonne ambiance dans la fratrie.

Est-ce que les deux grands vont laisser de la place à leur petit frère ?

Pourquoi se poser la question de l’entente dans la fratrie ?

Avant même de répondre au fond de la question de Marie, j’ai envie de m’arrêter sur le fait qu’elle se pose cette question.
Il est intéressant de comprendre pourquoi elle se la pose.

Cela me semble important et rejoint une démarche à laquelle je suis très attachée, c’est celle de la conscience.
Car, si on parle souvent d’éducation positive, on peut aussi parler d’éducation consciente.
Or, c’est un terme qui me plaît et me parle particulièrement puisque l’idée, c’est de régulièrement faire un pas en arrière et se poser des questions sur ce qu’on est en train de vivre, sur ce qu’on veut développer à long terme et sur les effets de nos attitudes par rapport à nos enfants, pour se positionner un peu différemment.

Donc, l’étape de conscience ici serait de se poser la question suivante :
Pourquoi Marie est-elle attachée au fait que ces enfants se sentent tous bien ?
Pourquoi tient-elle à ce que le plus jeune des enfants arrive à intégrer cette dynamique familiale déjà établie des deux plus grands ?

Les besoins derrière cette entente entre frères

La réponse peut sembler évidente (qui n’a pas envie que ses enfants s’entendent bien ?), mais elle permet de voir ce vers quoi on se dirige, ce que l’on aime, ce à quoi on aspire, ce vers quoi on veut orienter notre boussole.

Peut-être qu’il y a chez Marie un fort besoin d’harmonie dans la famille.
Peut-être qu’il y a un besoin de collaboration et de coopération…

Selon ce qu’elle recherche exactement, ce n’est pas tout à fait la même chose qu’elle va chercher à développer entre ses enfants.

Peut-être que c’est un besoin d’empathie ? Ou un besoin de partage ?

Le fait d’être dirigée par ces envies-là, l’envie de nourrir ces besoins-là, va pouvoir lui permettre de créer des choses qui ressemblent à ce qu’elle veut créer, de manière plus fine.

Et à la fois, dans cette « étape de conscience », il existe une autre possibilité : celle d’être dirigée par ses peurs

Être dirigée par ses peurs

Peut-être que Marie craint que le plus jeune ne soit pas inclus dans ce duo que forment les deux plus grands.
Peut-être parce qu’il y a chez Marie une peur du rejet, qui vient de son histoire à elle.

Or, c’est intéressant d’être dirigée plus par ses envies et ses aspirations que par ses peurs.

Voilà pourquoi s’arrêter une seconde pour voir un petit peu ce qui se cache derrière cette question-là a son importance.

Après tout, le fait que le petit ne soit pas encore intégré au jeu des grands, pour l’instant, c’est assez naturel.
Donc, peut-être qu’il n’y aura rien besoin de faire pour que ça se passe tout naturellement et que cette crainte n’a pas vraiment lieu d’être.
Et donc un peu comme le dit ma mère : « le pire n’est pas certain » !

Poser de la conscience

Alors, pourquoi Marie prend-elle le temps de s’interroger en avance de phase là-dessus ?

Peut-être que chez elle, il y a une peur qui fait écho à quelque chose qu’elle aurait vécu.
Je ne suis pas en train de jouer les psychologues et de dire qu’il faut absolument que Marie guérisse de ses propres peurs avant d’aborder son rôle de maman. Je dis juste que c’est intéressant de se poser les questions de l’origine de nos interrogations et de nos envies. 

Par exemple, si on se rend compte qu’il y a effectivement des peurs là-dessous, on peut essayer de décaler la question.

Finalement, toutes les familles ne sont pas pareilles, et toutes les situations ont leurs avantages et leurs inconvénients.
Voyons donc quels seraient les avantages d’une dynamique familiale qui resterait telle qu’elle est ?

Imaginer la possibilité que la fratrie ne s’entende jamais vraiment

Imaginons que les deux grands restent très complices sans forcément inclure le dernier.
Quels seraient les avantages pour ces deux grands et quels seraient les avantages pour le dernier ?

Encore une fois, là aussi, il y aurait des avantages, comme dans toute situation.
En voyez-vous ?
Voici ce qui me vient.

Pour les deux grands

  • consolider leur complicité
  • disposer d’un vrai confident au sein de la fratrie
  • développer un lien fort basé sur le partage

Pour le plus jeune

  • développer son autonomie
  • apprendre à se positionner sans être dépendant des aînés
  • acquérir de la confiance en lui par son indépendance

Qui dit qu’un benjamin qu’on intègre et qu’on couve développera la même confiance en lui ?
Je pousse peut-etre un peu les choses, mais vous voyez l’idée : toute situation a ses avantages et ses inconvénients !

Comment encourager l’intégration du petit dernier dans la fratrie ?

Passons maintenant aux conseils concrets pour voir comment faciliter l’intégration du plus jeune dans la dynamique de ses grands frères.
Une fois qu’on a dit cela et qu’on a pris conscience, on peut quand même se poser la question de comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale, comme Marie se questionne.

Première approche : développer l’entente quand elle est là

Le premier conseil que j’ai à donner à Marie – et qui s’applique à d’autres choses que cette question de l’entente dans la fratrie, c’est qu’il est toujours plus facile de chercher plus de quelque chose que moins de quelque chose.

Observer les moments où le petit est intégré

donc, au lieu se focaliser sur les moments où il n’est pas inclus, et chercher à les faire disparaitre, il vaut mieux repérer les moments où il l’est, et essayer de les développer.

Oui, c’est toujours plus simple de développer quelque chose qui existe déjà, qu’on veut faire grandir et à quoi on veut donner plus de place, que de partir de quelque chose qu’on veut voir disparaître.

Parce que l’énergie qu’on met face à quelque chose qu’on a envie de voir grandir, est justement dans la construction, dans l’élan, dans le développement, contrairement à cette énergie un peu négative de rejet, de ce qu’on veut supprimer.

Accentuer ces moments d’entente

On peut donc choisir plutôt d’accentuer les moments où les frères passent du bon temps ensemble.
Même si les grands ont une grande complicité, il y en a très probablement.

Le parent peut alors saisir cette opportunité de souligner cette entente, par exemple avec une réflexion du type « J’ai l’impression que vous passez un chouette moment tous ensemble... »

Dans ma remarque ici, je suis uniquement dans la description : j’ai l’impression, mais je n’affirme rien.
Je pose comme hypothèse qu’ils passent un chouette moment tous ensemble…
Eux, ils ont le droit de penser cela ou de penser autrement.

On peut même leur poser la question en fin de journée : « C’était chouette quand vous avez fait ça avec votre petit frère ? »
Et ils ont le droit de répondre comme ils ont envie.
Moi, ce que je fais en décrivante et en interrogeant, c’est que je les aide à ancrer en eux le fait qu’ils passent effectivement de bons moments avec leur petit frère. 

Mais je ne suis ni dans le compliment, ni dans l’évaluation.
L’évaluation, ce serait quelque chose du type : « C’est chouette quand vous passez un moment avec lui. Bravo pour ça les garçons ! » ou « Ah, vous êtes tellement gentils de l’intégrer à votre jeu. »
Le problème de ce compliment, c’est qu’il peut encourager à développer un comportement non pas pour le plaisir ressentir mais pour faire plaisir à l’adulte.
C’est toute la différence entre la motivation interne ou externe.

Ce que l’on cherche ici, c’est aider les enfants à être à l’écoute de leur propre joie quand les moments partagés sont agréables.

Instaurer un rituel de complicité

On peut même accentuer aussi avec une espèce de rituel qui serait la complicité du jour, par exemple.

Ainsi, tous les soirs, on pourrait dire : « Tiens, quel a été le moment complice du jour ?« 
Et, chaque jour, noter ou décrire un moment où il y a eu une complicité avec un autre membre de la fratrie ou un autre membre de la famille.
Cela pourrait être aussi avec maman ou papa.

Forcément, si on fait ça, il y aura des moments où il y aura complicité avec le plus jeune.
Et encore une fois, c’est une façon de le mettre en valeur et donc d’aider l’enfant concerné à être conscient de cette complicité, qui existe déjà même avec l’enfant qui est plus jeune.
Avec ce rituel, ils sont pro-actifs et ce sont eux qui cherchent.

Deuxième approche : créer des opportunités d’intégration

Le deuxième conseil qu’on peut donner et qui va se décliner de différentes manières, est le fait de créer des opportunités pour intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale.

Un jeu pour développer l’empathie

Alors déjà, pour intégrer le plus jeune, il y a cette notion de développer l’empathie. 
Plus on a de l’empathie pour quelqu’un, plus on est proche de lui, plus on l’intègre dans nos préoccupations.

Donc, un jeu du type “Se mettre à la place de…” me semble une piste pour pouvoir développer un peu l’empathie envers le plus jeune.
J’imagine quelque chose du type :  « Tiens, on fait un jeu ! On imagine que là t’es ton petit frère. Comment vois-tu les choses depuis son point de vue, quand ça se passe comme ça ?« 

Se mettre à leur place de quelqu’un, c’est voir le monde d’un autre œil : depuis l’œil de l’autre.
Cela peut permettre de développer aussi la complicité indirecte, dans la mesure où l’on comprend mieux ce que vit l’autre et donc on a plus envie d’être avec lui.

Inviter à inspirer

On peut également demander aux plus grands de montrer à leur petit frère comment on fait quelque chose.
Attention : je ne parle pas d’enseignement au sens de “Apprends lui à…”, qui mettrait probablement les grands dans une posture trop directive (comme ils le voient souvent autour d’eux…)

Il s’agit plutôt de leur expliquer que les enfants apprennent beaucoup par le modèle. Ainsi, faire quelque chose devant le plus jeune permet de montrer et d’inspirer.

Un exemple concret :

Imaginons un petit enfant qui joue à un jeu où il faut mettre des formes dans des trous.
(Tout à fait typique d’un enfant d’un an).
On peut très bien imaginer un des grands, qui joue à ce jeu devant lui, juste un moment.
Il joue devant lui parce que lui va savoir mettre les bonnes formes au bon endroit et puis c’est tout.
Ensuite, il laisse le bébé faire.
Il peut l’observer, mais le laisse faire sans commenter, parce que le plus jeune a besoin aussi d’essayer, de se tromper, etc. Mais, le fait d’avoir vu son grand frère faire va l’aider à voir que c’est possible.

Cela peut être une façon de créer de la complicité entre les enfants. 

Faire un petit jeu spécifique

La troisième idée qui me vient, c’est de faire, carrément, un petit jeu spécifique.

Si vraiment Marie a envie de développer cela chez ses enfants, elle peut créer un petit jeu avec ses grands avec des papiers à tirer pour faire une activité minute avec le petit frère. Ce serait de petits défis comme :

  • jouer à coucou avec ton petit frère
  • faire rire ton frère
  • chanter une chanson

Montrer l’exemple !

Et la dernière idée que j’ai et qui va faire le lien avec cette espèce de parentalité consciente, c’est tout simplement d’inclure soi-même le plus jeune dans certains jeux qu’on fait avec les plus grands. 

Et pourquoi cela ferme la boucle ?
Parce qu’encore une fois, nos enfants n’apprennent jamais mieux que par le modèle.

Et donc si on se pose la question de comment ils peuvent, eux, intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale, la meilleure façon de faire, en fait, c’est de le faire nous-mêmes.

J’ai des souvenirs de moments où on faisait des jeux de société avec nos plus grands, et que les plus jeunes étaient à côté de nous : on leur donnait certaines pièces.

Typiquement si on jouait aux échecs, au fur et à mesure que les pièces d’échecs étaient éliminées de l’échiquier, les pièces éliminées pouvaient être mises dans les mains du plus jeune, qui jouait avec ces pièces.
De sorte que, d’un certain côté, il était avec nous dans le jeu, même s’il ne participait pas au jeu, puisqu’il n’en avait évidemment pas la possibilité à ce moment-là.
Mais cela permettait quand même qu’il soit inclus dans l’activité, puisqu’il jouait avec les mêmes choses et à côté de nous.

Le faire nous-mêmes, c’est aussi une façon de montrer à nos enfants comment ils peuvent le faire à leur tour.
À un moment, par exemple, où les deux grands décident de jouer ensemble et d’avoir quand même la possibilité pour le petit frère d’être à côté sans que ce soit dérangeant, en se sentant appartenir au groupe. 

Conclusion : transformer la crainte en moteur positif

Voilà les conseils que j’aurais aujourd’hui pour Marie.
J’espère qu’ils vous ont parlé à vous aussi.

Ces différentes pistes visent à transformer sa crainte en opportunité pour cultiver la complicité et l’autonomie.

En valorisant les moments de complicité existants, en créant des opportunités d’intégration et en montrant l’exemple, nous pouvons aider à renforcer l’entente dans la fratrie.

N’hésitez pas à partager vos idées ou à apporter votre propre expérience sur la façon dont vous avez favorisé l’intégration du plus jeune dans votre famille !

📌 Ressource pour aller plus loin
Bien sûr, l'entente dans la fratrie ne se construit pas en un jour, et malgré nos efforts, des tensions peuvent exister.
Si vous cherchez des outils concrets pour aider vos enfants à mieux gérer leurs conflits et favoriser une relation plus apaisée dans la fratrie
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La parentalité positive peut parfois être dogmatique, je le sais. Et pour certains parents, cela crée un stress qui les paralyse ou les laisse perdus.
Certains disent même que cette éducation non violente fait culpabiliser les parents…
Conscients de ce qu’il “ne faut pas faire”, ils essayent d’appliquer des principes généraux sans avoir pris le temps de développer d’autres compétences. 
Par exemple, le principe qui veut que éducation positive et punitions ne fassent pas bon ménage.
Donc, du jour au lendemain, on leur dit de ne plus punir leurs enfants.
Oui mais… comment poser des limites sans punitions ? Y a-t-il vraiment des alternatives ?

Je ne dis jamais aux parents que j’accompagne d’abandonner de but en blanc les punitions. Non. Punissez vos enfants, si c’est aujourd’hui votre manière de poser vos limites. 
En revanche, j’aime encourager les parents à comprendre pourquoi et quand ils punissent. Je leur transmets pourquoi l’éducation positive déconseille les punitions. Je leur explique que c’est possible de faire autrement, et que je ne punis plus mes enfants depuis des années. 
Et surtout, je les accompagne à développer d’autres manières de faire, d’autres outils AVANT d’imposer un monde sans punition dans lequel, faute d’alternatives, ils se sentent débordés !

Il me semble important de parler de tout ça aujourd’hui, dans un contexte dans lequel on entend de plus en plus de parents perdus devant des principes d’éducation positive qu’ils ont tendance à confondre avec du laxisme…
(Je sais que la présentation « à la française » de l’éducation positive – par des auteurs comme Filliozat ou Gueguen, qui font un travail formidable pour promouvoir la bienveillance – peut mener à ce genre de confusion. Ne vous arrêtez pas à cela, ce serait dommage de retomber dans une violence éducative qui ne tiendrait qu’à un manque de méthode !)

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Ce qui m’a inspiré cet article mêlant éducation positive et punitions

Le week-end dernier, je suis allée jusqu’à Bordeaux (je vis à Londres) pour assister au congrès Innovation en Education organisé par Julien Péron et son équipe. Un week-end dense et inspirant, pour lequel je n’ai pas regretté de me déplacer. 
Le congrès est un endroit de rencontres, et toutes les conférences sont sources d’apprentissage, de réflexion, et surtout d’inspiration ! 

J’ai cependant été dérangée par la fin de la conférence de Guila Clara Kessous. 
Guila nous a principalement parlé des principes de communication prônés par Faber et Mazlish, rien de bien nouveau pour moi, qu’elle relie à la psychologie positive, puisqu’elle a suivi le cours sur le bonheur de Tal Ben Shahar à Harvard. (un auteur que j’avais d’ailleurs évoqué dans mon article « Développer sa capacité au bonheur« )

Pourtant, au moment des questions, une maman l’interroge :
“Et que dit l’éducation positive sur les punitions ? Parce que moi, je n’arrive pas à faire autrement avec ma fille de 16 ans…”

Réponse de Guila (forcément mal retransmise puisque nous sommes 24h plus tard au moment où j’écris ces lignes, dans le TGV vers Paris) :
“Bon.. c’est sûr qu’il ne faut pas de punitions trop humiliantes, mais quand même, c’est ok de poser des punitions, car les enfants ont besoin de limites. L’idée va être de leur donner un choix type “préfères-tu que je te prive de téléphone ou … «  » – je ne sais plus quelle était l’autre option.

Pardon ???
C’est à dire que cette intervenante, qui cherche à porter la voix de Faber et Mazlish – et qui propose du coaching pour aider les parents de surcroît – nous explique la “bonne” manière de poser des punitions ? 
Donc, si je l’écoute, éducation positive et punitions, ça colle. Ou en tout cas, elle véhicule l’idée qu’il existe une forme de « bonne punition »…
Mais a-t-elle vraiment lu Faber et Mazlish jusqu’au bout ?

J’aurais apprécié qu’elle réponde plutôt :
“Faber et Mazlish, et l’éducation positive dans son ensemble, ne valident pas les punitions, non.
Cependant, en tant que maman, je me heurte à une vraie difficulté à poser mes limites autrement, et voici comment je compose avec ça…”

Ça aurait été à la fois précis et honnête. 

En réalité, ce que dévoile vraiment Guila Clara Kessous, c’est qu’elle est en cheminement, et que sur son chemin, elle n’est pas encore sortie des punitions.
Et ça, c’est ok. Parce que c’est difficile. Parce qu’éduquer sans punition, c’est tout un processus. C’est un vrai changement de posture éducative en fait.

Dans ce contexte, savoir qu’on n’est pas encore en mesure d’appliquer au mieux tous les principes de l’éducation positive, c’est une chose.
Modifier ces principes pour qu’ils collent à ce qu’on fait, c’en est une autre.
C’est transformer les choses parce que ça l’arrange, ça lui permet de punir son enfant tout en affirmant garder une attitude bienveillante.
Et ça transmet une image fausse ce qu’est vraiment l’éducation positive.

Donc, ça m’a donné envie de répondre à mon tour !

Faisons ensemble le point sur

  • l’éducation positive et les punitions
  • le cheminement du parent

Le point de vue de l’éducation positive sur les punitions

Avant tout, reprenons la réponse à cette question posée, qui était assez claire : “Que dit l’éducation positive sur les punitions ?” – et, en particulier dans le cadre de cette intervention : « Que disent Faber et Mazlish sur les punitions ? »

La réponse est sans ambiguïté : Faber&Mazlish sont contre. 
Comment dire ? Le chapitre 3 du livre Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent (celui que nous citait l’intervenante) s’intitule quand même “Remplacer la punition”.
Peut-on vraiment être plus clair que ça ?

Elles m’avaient d’ailleurs bien aidée à évoluer sur cette méthode qu’évidemment, moi aussi, j’utilisais ! Je suis partie sur ce chemin avec l’intention d’arrêter de crier, et je me suis retrouvée embarquée (avec joie) dans toute une nouvelle manière d’éduquer !

F&M précisent même que Haïm Ginott, leur mentor, pense qu’un enfant devrait vivre les conséquences de son comportement, mais pas de punitions.
Selon lui, il n’y a pas de place pour des punitions dans une relation de confiance.

Et voici, pour soutenir ce point de vue, ses arguments phares : 

  • La punition est une distraction
  • La punition n’enseigne rien
  • La punition “dédouane”
  • La punition favorise rancoeur et rapport de force

Voyons ce que chacun de ces points signifie vraiment. 

La punition est une distraction

L’enfant puni va très probablement trouver cela injuste. 
Tout simplement parce que le priver de télé parce qu’il a mal parlé à son frère, bon sang, “ça n’a rien à voir !!” (mots rapportés par une maman que j’accompagnais)

Donc, dans son coin, il va ressasser toutes les raisons pour lesquelles c’est injuste, et focaliser sur son ressentiment. 
Est-ce qu’à ce moment-là il réfléchit à ce qu’il a fait ? Absolument pas ! 

Au contraire, on lui a servi une distraction sur un plateau, et il va donc pouvoir ignorer ce qu’il a fait. 
En fait, la punition prive l’enfant de son travail de prise de responsabilité.

(Ce à quoi on ne réfléchit même pas dans une éducation traditionnelle qui se contente de reproduire ce qu’on a vu nos parents faire…)

La punition n’enseigne rien

L’un des grands principes de Haïm Ginott, c’est que “Pour se comporter bien, il faut se sentir bien.”. 

En cela, il rejoint complètement l’un des principes d’Adler (sur lesquels se fonde la Discipline Positive) : “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”

L’idée – que je ne vais pas creuser ici, mais que vous pouvez aller creuser dans cet article si le coeur vous en dit – , c’est que si un enfant se comporte de manière inappropriée, c’est que c’est ce qui lui vient de mieux à ce moment-là, dans l’humeur qu’il a. 

Est-ce que ça veut dire que c’est ok de se comporter mal ? Non.
Et nous le lui dirons.
Mais nous ne nous arrêterons pas là. 

Car notre rôle, à ce moment-là, est également de l’aider à développer des alternatives.
Pour qu’il puisse, la fois suivante, agir autrement. 
C’est bien ce que nous cherchons à obtenir, non ? 

Est-ce que la punition lui apprend comment faire autrement ? Il ne me semble pas…

Imaginons par exemple un enfant qui en insulte un autre. 
S’il en arrive là, c’est probablement que ça bout à l’intérieur de lui. 
Si la réaction de l’adulte est de le punir, est-ce que ça lui donne des pistes pour savoir comment réagir AUTREMENT la fois suivante, quand ça bout à l’intérieur ?Absolument pas.

Si l’on veut que les choses changent, on aura plutôt intérêt à l’aider à savoir comment traverser son émotion, à l’aider à développer son empathie, à lui apprendre à dire ce qu’il vit tout en en assumant la responsabilité, etc… Là, on sera dans l’enseignement.

Ah, c’est sûr, c’est plus long…
Qui a dit que la parentalité positive était facile ? C’est un des aspects qui la distingue de la permissivité !

La punition “dédouane”

Quand on a commis un crime, on paye. Et ensuite, on repart de 0. 
C’est comme ça en tout cas que notre système de justice fonctionne, et cela fait donc, consciemment ou non, partie de nos croyances ancrées. 

Ainsi, au collège, l’enfant qui enfreint les règles reçoit en punition une heure de colle. 
Une fois qu’elle est faite, il ou elle a payé, et on peut passer à autre chose. 

Pas besoin de réparer quoi que ce soit, de s’interroger sur la raison de la règle ou sur l’implication de son infraction. Juste une punition, c’est tout. 
Ah.. et puis rien non plus, pour reprendre le point précédent, en terme d’enseignement pour savoir faire autrement. 

Clairement, je peux vous dire que mon fils Léon, qui a reçu récemment sa 1e heure de colle en 6ème, trouve que la punition est injuste (a donc eu du mal à discuter avec moi de ce qu’il s’était vraiment passé – manque de responsabilité…), n’est pas plus avancé sur comment moins discuter en classe, et, maintenant que l’heure de colle est faite, considère que c’est de l’histoire ancienne. 
Ah… sauf que quand même, il en veut à sa prof, et est donc moins bien disposé à son égard… ce qui conduit à l’argument suivant : 

La punition favorise rancoeur et rapport de force

Enfin (j’écris “enfin” parce que je vais m’arrêter là dans les arguments, mais j’aurais pu continuer à ajouter à cette liste..), la punition nuit à la relation. 

Quand vous punissez, vous imposez. 
Vous n’êtes pas avec, vous êtes contre. 
Et vous êtes en train de passer le message suivant : “Je détiens tout pouvoir sur toi.”“Je suis plus fort, et je peux t’imposer ce que je veux”. 

Sauf que personne n’aime entendre ça. 

En général, quand on cherche à contrôler quelqu’un, ça a plutôt tendance à le pousser à se rebeller, l’avez-vous remarqué ?
Ça nuit à la coopération.

Clairement, le résultat, c’est une déconnexion. 
Là où, je vous le rappelle, ce qui nous permet d’avancer ensemble, c’est bien la connexion !

O

Si vous êtes trop souvent dans cette démarche de déconnexion, le résultat sera une absence de lien, tout simplement. 

Et peu à peu, la punition encouragera plus à la dissimulation qu’au partage. 
C’est logique, non ?

A la place, simplement écouter son enfant crée parfois une toute autre dynamique… Oui, l’écoute active mériterait à être enseignée à tous les parents…

Remarque : cette dissimulation sera encore plus systématique chez les ados que chez les enfants.
Non pas parce que les enfants en auront moins envie, mais parce que c’est plus facile pour un ado, à moins de l’enfermer à la maison…

Thomas Gordon écrit d’ailleurs (dans Parents Efficaces) : “Dans les familles où les parents se sont basés principalement sur leur pouvoir pour contrôler et diriger leurs enfants au cours de leur jeune âge, les parents se préparent inévitablement un dur choc lorsque leur pouvoir perdra son importance et qu’ils n’auront plus ou presque plus d’influence.”

Conclusion : la punition n’est pas seulement inefficace mais carrément contre-productive ! 

Pour bien comprendre l’impact de la punition 

Je sais que tout ceci peut rester un peu théorique. Ça vaut pourtant la peine de s’y attarder un peu…
Car l’idée de l’éducation positive, c’est surtout d’être une éducation consciente !

Alors, à la manière de F&M, j’aimerais vous proposer une projection, pour que vous appréhendiez mieux tous ces points. 
On va jouer à “mets-toi dans mes chaussures” ! 
Vous êtes prêt ? C’est parti. 

Vous êtes puni

Partons d’une situation évidemment rarissime, puisque nous, parents, savons toujours comment bien nous comporter… et imaginons un parent qui crie sur ses enfants.

Dans le fond, ce parent sait que ce n’est “pas bien”, et il n’en est d’ailleurs pas fier…
(combien de fois je vous ai entendu parler de cette culpabilité qui vient après les cris..)

Ça vous est déjà arrivé ? 
Bon, j’imagine que oui.. comme à moi… alors qu’on a l’impression de faire de notre mieux, pas vrai ?

Donc imaginez que, dépassé par la situation, vous avez crié sur votre enfant. 
Imaginez maintenant que quelqu’un (l’autre parent par exemple) vous donne une punition pour sanctionner ce comportement inadéquat, et “poser des limites”.

Qu’est-ce que ça fait en vous d’être puni ? 

Je parie que, comme l’explique Haïm Ginott : 

1- Vous êtes tellement furieux contre votre partenaire qui se permet de juger ce que vous faites sans savoir ce que vous avez traversé avant d’en arriver là, que vous ressassez ce ressentiment sans repenser, justement, à ce qui vous a conduit à ça.

2- Vous n’êtes pas plus avancé ni plus compétent pour éviter les cris la fois suivante

3- Ce qui n’est pas grave, puisque dans le fond, vous considérez que vous avez “payé” pour ce que vous avez fait, ça efface l’ardoise, et vous pouvez repartir d’une page blanche, sans vous poser plus de question.

4- En revanche, vous sortez de l’expérience avec une rancoeur contre votre partenaire, qui vous pousse à ne plus lui faire confiance… et d’ailleurs, la prochaine fois que vous criez sur vos enfants, vous éviterez de le lui dire ! 

cqfd.

De quoi auriez-vous eu besoin à la place de la punition ?

Allez-y, prenez une minute pour y réfléchir. 

Vous avez crié sur votre enfant… et ce serait une bonne chose de faire face à vos responsabilités.
Qu’est-ce qui pourrait vous aider ?
Quelles attitudes pourrait avoir votre conjoint qui se révèleraient bien plus “productives” que la punition ?

Voici ce qui me vient, lorsque je me projette… à vous de voir si ça vous parle. 

Écoute et compréhension

D’abord, j’aimerais qu’il m’écoute. (Je dis “il”, parce que j’applique ce raisonnement à mon cas, mais libre à vous de changer le pronom !)
Qu’il m’aide à comprendre ce qu’il s’est passé en moi. Sans me juger. 
Je n’attendrais pas de lui qu’il me dise que j’ai eu raison et que c’était une bonne chose, bien sûr que non, mais pas qu’il me juge pour autant.

En fait, j’attendrais de lui qu’il m’aide à voir le problème en face. A faire face à ce qui a causé ce comportement. 
J’aimerais qu’il m’aide à mieux me comprendre.
Car j’avais une raison, c’est sûr. Et même une raison positive. Mais elle peut être difficile à voir.

Expression de soi

Ensuite, s’il ressent que c’est inacceptable pour lui (je vous rappelle que nous traitons ce cas comme un parallèle à ce qui peut nous arriver avec les enfants), j’aimerais qu’il me le dise gentiment, en parlant bien de lui. 

Ça ressemblerait à quelque chose comme : 
“J’entends comme ça a dû être difficile pour toi, et je comprends mieux comment tu en es arrivée là. De mon côté, je sens que ça me secoue, et ça ne me convient pas d’être dans une maison où l’on se crie dessus. Je ne suis pas d’accord. Est-ce qu’on pourrait voir ensemble comment on pourrait éviter ce genre de situation à l’avenir ? »

Aide à la recherche de solution

Enfin, on discuterait de nos idées. 

Par exemple, si on s’aperçoit que je deviens impatiente quand le rythme est trop soutenu en fin de journée, on pourrait chercher ensemble comment l’alléger un peu. 
Il pourrait aussi m’aider à chercher comment j’aurais pu réagir autrement, pour que j’aie plus de chances d’avoir d’autres idées la fois suivante. 
On pourrait convenir d’un signal entre nous pour qu’il prenne le relai quand je sens que je vais déborder. 

Quelle différence cela fait-il ?

Est-ce que vous sentez à quel point, avec une telle démarche, le message est différent ? 

Dans le premier scénario, je me sens dévalorisée, incapable, et je me retrouve en colère, à rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. 

Dans le deuxième scénario, je me sens comprise, soutenue, et encouragée pour avancer et m’améliorer. 

Voyez-vous mieux la différence entre éducation positive et punitions ?

Alors, lequel des ces deux chemins préférez-vous ?

Continuez quand même de punir vos enfants, ou comment on réconcilie (temporairement) éducation positive et punitions

J’en arrive enfin à l’objectif de cet article. Celui de faire baisser la pression

Rome ne s’est pas faite un jour. Arrêter de punir ses enfants demande un cheminement.
C’est ok.
Vous faites de votre mieux, et c’est déjà pas mal ! 

Vous vous êtes lancé dans une démarche de parentalité bienveillante, qui demande du temps et de l’énergie.
Eduquer nos enfants, en soi, c’est un travail difficile ; les éduquer en intégrant les apports des neurosciences et de la communication non violente pour devenir des parents bienveillants, ça l’est encore plus.
Adoptons donc une approche bienveillante envers nous-mêmes également, et abandons l’image du parent parfait.

Donc, oui, l’objectif est bien de se débarrasser des punitions, et il n’y a pas de raison que vous ne puissiez pas le faire. 
Mais, encore une fois, pas du jour au lendemain.

D’ailleurs, au passage, vous verrez que vous risquez, en cherchant la « bonne » façon d’éduquer, de basculer parfois entre une attitude laxiste et une éducation autoritaire, voire un peu violente…
La question centrale restera la même : quelles sont les limites à poser, et comment les poser dans un cadre bienveillant.

La remise en question

Si vous me lisez encore, c’est probablement que vous commencez à votre tour à remettre en question la punition. 

C’est déjà un grand pas ! 

Parce que sortir d’un modèle qu’on connait, c’est accepter de s’ouvrir à d’autres possibilités, c’est accepter de sortir de sa zone de confort. 

Voir les choses d’un autre point de vue, c’est un gage d’ouverture d’esprit. 
Et c’est un énorme premier pas vers le changement. 

On ne peut pas changer avant de s’être ouvert à la possibilité que c’était possible.

Donc, si ce que vous avez lu jusqu’ici est déjà une remise en question, restez un peu avec ça.
Le temps que ça infuse. 

Les alternatives

Ensuite, si vous voulez sortir des punitions, vous aurez besoin de développer d’autres outils. 
D’avoir des alternatives à votre disposition. 

Ben oui, parce que sinon, vous allez vous retrouver perdu devant un comportement inadéquat. 

Vous ne voudrez pas punir, parce que vous avez bien compris que ça n’aiderait pas, mais vous n’aurez pas d’autre idée. 
(normal, puisque la punition reste LA méthode de votre entourage)

Alors, vous risquez fort de ne rien faire, et c’est là que BOUM vous basculerez sans l’avoir voulu dans la permissivité… parce que vous ne saurez plus comment poser vos limites. 
Et puis.. vous souffrirez de la situation, alors vous craquerez, et BOUM, vous retomberez dans l’autoritarisme.
Et puis, vous regretterez… alors… vous m’avez comprise ! 

Donc, on prend les choses dans l’ordre, on ne laisse pas tomber tout le cadre d’un coup, on apprend d’abord à le poser autrement

Vous voulez, vous aussi, apprendre ces alternatives ?

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Et tant mieux, en fait, si ça prend un peu de temps.

Parce que… ça m’amène à mon avant-dernier point.

Le contexte

Je vais être honnête : même si vous pouviez magiquement savoir manier les alternatives, elles ne fonctionneraient probablement pas avec vos enfants.

Je vous entends d’ici : “Pardon ? Tu es en train de me dire que la parentalité positive ne fonctionne pas ?”
Non. Je suis en train de vous dire que si on cherche à changer de méthode sans avoir changé le contexte, ça ne marche pas. 

C’est logique dans le fond. 
Allez, reprenons le jeu de “mets-toi dans mes chaussures” pour que vous compreniez bien.

Vous travaillez dans une entreprise, et votre responsable supérieur est dans une relation complètement verticale. 
Il vous impose son point de vue sans vous demander votre avis, il vous critique et vous sanctionne quand vous faites des erreurs, il surveille tout ce que vous faites et n’écoute pas vos raisons d’agir quand les actions ne lui conviennent pas. 
Clairement, vous êtes plein de rancoeur, et sans aucune envie de collaborer avec lui. 

Un jour, il lit que son comportement n’aide pas ses employés à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Il lit que la confiance et l’autonomie ont bien plus de chances de créer une ambiance propice à un travail bien fait. 

Le lendemain, il décide qu’il ne va plus surveiller. Comme ça, d’un coup.
Est-ce que vous allez immédiatement vous mettre au travail avec plaisir, ou est-ce que, plutôt, vous en profiterez pour en faire le moins possible ?

Vous m’avez comprise, n’est-ce pas ? 

La relation

Avant de se débarrasser des punitions, et d’utiliser d’autres méthodes pour poser nos limites, il va nous falloir créer un climat de confiance et de coopération. 
On va travailler sur la relation avec notre enfant.
C’est la relation qui est au coeur de la parentalité positive. 

Je ne sous-entends que vous n’avez pas une bonne relation avec votre enfant.
Mais compte-tenu du modèle ambiant, vous avez peut-être ue relation toute verticale, correspondant à la croyance reçue que l’adulte est supérieur à l’enfant, et que ce dernier devrait juste lui obéir sans discuter.

La parentalité positive encourage à développer une relation plus horizontale.
Une relation d’échange et de confiance.

C’est d’ailleurs ça qui est beau ! 
Parce que tout est là : dans cette belle relation qu’on veut avoir avec eux.

Et franchement, ça en vaut la peine !!
D’ailleurs, quand j’ai demandé à Oscar, mon fils de 21 ans, ce qu’il pensait être les bienfaits de l’éducation qu’il avait reçue, il a cité en premier « l’ambiance familiale » !

Le courage d’avancer sur le chemin

Voilà, j’arrive au bout de mon article. 
J’espère vous avoir transmis à la fois de l’inspiration, et du lâcher-prise. 

Je sais que ce chemin de “poser ses limites sans recourir à la punition” peut être effrayant. 

Parce qu’il sort des sentiers battus, et que les objections s’enchainent dans notre cerveau qui cherche à revenir à ce qu’il connait : 
“Et si ça ne marche pas ?”
“Et s’ils deviennent des enfants rois ?”

Alors, pour conclure, j’ai envie de reprendre ce que nous transmettait ce week-end Victoria Guillomon, que j’ai également découverte au congrès Innovation en éducation (comme ça, la boucle est bouclée) : est-ce que vous préférez être guidé par la peur ou par l’amour ?

A vous de faire votre choix.