Je vous parle régulièrement d’auto-empathie, mais qu’est-ce ?

C’est une expression généralement utilisée en CNV (Communication Non Violente), qui est – je trouve – assez explicite, puisqu’il s’agit de se donner de l’empathie à soi-même.

L’idée, c’est qu’il est difficile d’être empathique envers les autres, si l’on ne commence pas par être empathique envers soi-même.

Ainsi, contrairement à ce que son nom semble dire (« communication »), la CNV, ça commence en fait par soi.

(et oui, comme d’habitude : la bienveillance commence par soi-même !)

Sinon, on n’est simplement pas disponible pour l’autre.

Et je choisis exprès ce terme de « disponible », car il colle parfaitement à la manière dont l’illustre Apprentie Girafe (une super référence en terme d’illustrations CNV), avec son échelle de disponibilité.

Donc, on commence par s’écouter soi.

Le principe que je retiens :

« La connaissance de soi sert une bonne relation à l’autre. »

Thomas d’Ansembourg

Ok. Donc, se donner de l’empathie.

Et l’empathie, au sens de la CNV, c’est aller à la rencontre des sentiments et besoins qui rendent la personne vivante.

Ainsi, quand on fait une écoute empathique, on essaye de refléter les sentiments et les besoins de la personne.

Oh… ça n’a rien d’évident !

D’ailleurs, dans le cercle des parents heureux, on se fait un moment d’écoute empathique tous les premiers lundis du mois, lors de notre tisane-rencontre ! Ça nous permet de nous entrainer à enfiler nos oreilles de girafe;

Cette fois, il s’agit de donner de l’empathie au premier être humain dont on a la charge : nous.

C’est un exercice auquel j’essaye de me prêter de temps en temps, à ma manière, avec mes limitations.

Et plutôt que de vous noyer de théorie, je vous en donne une illustration authentique, en espérant que ça vous inspirera !

Note : pour se procurer ces cartes sentiments et besoins, c’est par ici !

Faites-vous partie de ceux qui croient que l’éducation positive est synonyme de parent toujours zen ?

Croyez-vous ceux qui vous disent qu’il s’agit de toujours rester calme ?

Essayer d’appliquer ainsi la parentalité positive serait pour moi une erreur.

Ce serait imaginer que la colère n’a pas de vertu. Elle en a !

Quand nos limites sont dépassées, il est normal, et même souhaitable de ne pas se sentir calme !

La question est de savoir, en revanche, comment on va exprimer notre colère.

Et c’est là que tout change.

Non, je ne crie plus sur mes enfants, mais oui, je m’énerve encore.

Vous voulez creuser un peu cette différence avec moi ?

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Le mythe du parent zen 

On associe souvent cela à l’éducation positive. Et vous, y croyez-vous ? 

C’est ce dont on va parler dans cet épisode. Je m’appelle Coralie. Et à travers mes formations, mes conférences et toutes les ressources du blog Les 6 doigts de la main, j’accompagne les parents et les professionnels sur Le chemin de l’éducation positive

D’où vient ce mythe ?

C’est la première question. La semaine dernière, j’animais un café-rencontre avec des parents et une maman m’a dit : “Ah oui ! Mais c’est tellement difficile. Parfois, on a juste envie de péter les plombs. Et à ce moment-là, il faut dire : Oh oui, mon chéri, comme je te comprends.” 

Alors non, je ne sais pas qui a diffusé cette idée qu’il fallait toujours dire : “Oui, mon chéri…” sur un ton doucereux. Ce mythe est un peu de la famille orangeade, dans laquelle le parent zen ne s’énerve jamais, fait de la méditation et contrôle tout, et tout le temps. 

En réalité, je pense que ce mythe vient d’une certaine réalité, qui fait qu’on s’énerve moins. Et ça, c’est vrai. 

Mais est-ce que vraiment, on ne s’énerve plus du tout ? Voilà ce que j’aimerais creuser. Et je vais vous parler également de la façon dont on s’énerve quand on essaie d’être un parent dit positif

Les parents positifs ne s’énervent plus du tout

Alors qu’est-ce que ça veut dire ? D’où vient ce mythe réellement ? D’où vient cette idée que le parent positif ne s’énerve pas ? Ainsi, ce qui est intéressant, c’est effectivement quand on avance sur le chemin de la parentalité positive, on arrête de s’énerver “pour tout et n’importe quoi”, et ça, je l’ai vécu. 

Le premier pas que j’ai fait concrètement sur ce chemin, le premier pas conscient que j’ai fait parce que la question en éducation m’intéressait déjà depuis un bon moment. J’avais déjà appris des choses, bien que je ne connaissais pas les termes de parentalité positive, de parentalité bienveillante, d’éducation bienveillante, de toutes les manières dont on veut bien l’appeler, qui pour moi, reviennent un peu au même. Et donc, je ne rentrerai pas dans le débat du vocabulaire utilisé. 

Ce qui est sûr, c’est que mon premier pas, sur ce que je disais, et c’était mon premier pas concret : c’était la décision de dire “Je ne veux plus crier sur mes enfants”.

Est-ce qu’aujourd’hui, plusieurs années plus tard, j’ai atteint cet objectif ? Oui. Est-ce que ça veut dire que je ne m’énerve plus jamais ? Non. C’est pour moi vraiment deux choses différentes

Le fait de crier sur ses enfants

Parlons donc un petit peu de la première, c’est-à-dire le fait de crier sur ses enfants. En réalité, pourquoi est-ce qu’on crie sur nos enfants ? Parce qu’on est débordé(e)s par nos émotions, parce qu’on est dépassé(e)s, on est démuni(e)s et parce qu’on les rend responsables de ce qui nous arrive à ce moment-là. 

Et effectivement, on peut justifier ça en disant que ce sont leurs comportements qui activent nos propres réactions. 

Le parent positif, lui, est un parent conscient. C’est un parent qui se forme. Vous pouvez d’ailleurs à ce sujet aller écouter mon podcast précédent sur l’apprentissage de la parentalité positive. C’est un parent qui apprend à mieux comprendre les comportements de ses enfants et qui apprend aussi à mieux comprendre les émotions, aussi bien celles de ses enfants que les siennes, et à comprendre le mécanisme des émotions. Et qui sait donc, en particulier, qu’il est responsable de ses émotions. 

Quoiqu’il arrive, il y a une circonstance extérieure et un comportement, qui est peut-être celui des enfants, qui est un déclencheur de sa colère, mais ça n’en est pas la cause profonde.  

D’ailleurs, vous avez remarqué à quel point vous vous énervez probablement beaucoup plus facilement les jours où vous êtes fatigué(e) ou stressé(e) par votre travail, etc, que les jours où vous êtes reposé(e) et tout simplement patient(e), joyeux(se), plein(e) d’énergie. N’est-ce pas ? 

Pourtant, les actions peuvent être les mêmes. Votre colère vient de vous, elle vous appartient. Donc, rendre les enfants responsables, c’est un peu injuste, en fait. D’autre part, quand on comprend mieux nos enfants, on pose un autre regard sur eux. On s’énerve moins contre eux, parce qu’on comprend mieux d’où vient ce comportement qui nous déplaît. Donc, on a une autre perspective et on le fait du coup plus facilement, plus naturellement, tout simplement, on s’énerve moins. Donc, il y a moins de moments où l’on a envie de crier, parce qu’on est tout simplement moins souvent en colère. Ça, c’est le premier point, le fait de crier sur ses enfants. 

La différence entre le fait de crier sur ses enfants et le fait de ne jamais se mettre en colère

Mais la deuxième chose qui fait vraiment la différence entre le fait de crier sur ses enfants et le fait de ne jamais se mettre en colère, c’est que quand on devient un parent positif, on comprend qu’il y a d’autres manières d’exprimer sa colère que de crier sur ces enfants justement. 

Il y a d’autres façons de faire. Il y a d’autres façons de l’exprimer. Ça ne veut pas dire qu’on ne va jamais être en colère, et voilà la différence. 

Alors pourquoi est-ce qu’on ne va jamais être en colère ? 

La colère

Voyons voir. Parlons un petit peu de colère. La colère, vous le savez, c’est une émotion. C’est même une des 4 émotions de base. C’est-à-dire que selon la littérature, il y a plusieurs émotions qui sont considérées comme des émotions de base. Non, ce n’est pas vrai ! 

Il y a plusieurs émotions, tout court. Il y en a un nombre fini… Tout le reste, tous les autres sont plutôt des sentiments. Et là, je vous renvoie un article de mon blog sur la différence entre un sentiment et une émotion

Et donc, il y a plusieurs émotions. Dans la littérature, il y en a entre 4 et 8. En tout cas, tout le monde se rejoint sur le fait qu’il y en a au moins 4, qui sont ce qu’on appelle les émotions de base, à savoir la colère, la joie, la peur et la tristesse. 

La colère est donc une des émotions de base. Tout le monde est d’accord pour ça. Or, toutes nos émotions sont utiles. Car nos émotions sont des signaux. La CNV dit pour citer Marshall Rosenberg : “Nos émotions sont des indicateurs de nos besoins satisfaits ou insatisfaits”. Ce sont des messagers ! 

Et c’est exactement ça, Thomas d’Ansembourg parle de voyants orange sur le tableau de bord d’une voiture. Nos émotions nous permettent de nous rendre compte qu’il y a quelque chose qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas. Quand on est en colère, il y a un voyant orange, voire rouge qui nous dit : il y a quelque chose ici qui ne me convient pas ! 

Alors chacune de ces émotions a sa propre fonction. Chacune a une espèce de mécanique qui va avec et des effets physiques, et également une raison d’être. La colère est précieuse pour réussir à placer nos limites, à garder notre intégrité (en termes de limites physiques), mais aussi en termes de limites, de respect, etc.

Donc quand on se met en colère, quand on se sent en colère, c’est régulièrement parce qu’on considère qu’il y a quelque chose qui ne correspond pas aux limites qu’on voudrait poser. Si on ne se met jamais en colère, si on n’exprime jamais sa colère, ça veut dire qu’on ne pose plus ses limites. 

La colère est utile

La colère est utile. Donc, il n’est pas question de la supprimer. Vous voyez, on peut faire le parallèle avec justement une éducation très traditionnelle, où l’on empêchait les enfants, et en particulier les petites filles, de se mettre en colère. Il fallait être sage, sage comme une image, n’est-ce pas ? C’est-à-dire sans bouger, sans rien dire, etc. 

Qu’est-ce qu’être sage signifie-t-il, à votre avis ? Est-ce que ça enseigne à poser ses limites ? Certainement pas. 

La question, c’est plutôt de savoir accueillir sa colère, la comprendre et l’exprimer de manière adéquate.

Et elle est là la différence, entre le fait d’être un parent qui crie sur ses enfants parce qu’en fait sa colère monte, avec probablement de bonnes raisons, d’ailleurs pas probablement, mais toujours avec de bonnes raisons. 

Si on a une émotion en nous, elle a une raison d’être là. Elle nous envoie un signal. Elle nous envoie une information qu’il est bon d’écouter. Mais le parent qui n’est pas conscient ne va pas forcément comprendre le message, ne va pas forcément l’écouter. 

Il a appris à juste rendre les autres responsables de sa colère et donc à crier sur la personne qui est en face de lui, en l’occurrence ses enfants. Dans d’autres contextes, ça pourrait être quelqu’un d’autre d’ailleurs. 

Savoir écouter sa colère

On voit bien des scènes dans la rue où les gens se crient dessus et s’insultent au besoin, parce que c’est leur façon d’exprimer leur colère. On n’a pas appris à exprimer notre colère. 

La différence, l’autre modèle, l’autre façon de faire, que propose l’éducation bienveillante, et d’ailleurs, pas mal de démarche de développement personnel type communication non-violente également, c’est d’écouter sa colère, de la comprendre et de l’exprimer en prenant toute la responsabilité.  

Si vous voulez en savoir plus là-dessus et si vous avez le même défi que celui que j’avais eu au début, je vous encourage à suivre la formation Des clés pour arrêter de crier que vous trouverez sur la page de formation du blog Les 6 doigts de la main

Comment réussir à exprimer sa colère ?

En tout cas, la question, c’est du coup comment je vais réussir à exprimer ma colère ? Aujourd’hui, si je ne crie plus sur mes enfants, ça ne veut pas dire que je n’ai pas de temps en temps mon ton qui monte quand il y a quelque chose avec lequel je ne suis pas d’accord. 

Imaginons une situation, par exemple, un enfant joue avec un objet qui m’appartient et dont il ne prend pas soin. Eh bien, je ne suis pas d’accord et je ne veux pas lui dire avec de la douceur dans la voix : “Non, mon chéri, on ne fait pas comme ça !” Si ça fait cinq fois que je le lui dis. Bien sûr que non, parce qu’ intérieurement, moi, je suis en colère et je vais pouvoir lui dire avec un ton qui monte : “Ah non, je ne suis pas d’accord ! Je ne supporte pas de voir qu’on ne prenne pas soin des affaires. Ça fait trois fois que je te le dis. Et moi, je n’aime pas avoir à répéter ! J’ai envie que dans ma famille, on prenne soin des affaires. Et j’ai le droit de le dire.” 

Et vous voyez bien la différence : quand je le dis comme ça, en parlant de moi et de ce qui est important pour moi, du fait que ce n’est pas OK pour moi, de ce à quoi je tiens. Avant, j’aurais pu dire, par exemple : “Non, mais qu’est-ce que tu fais là ? Ça ne va pas. Ça fait trois fois que je te le dis. Tu vas finir par m’écouter, oui ou non ?”. Là, je chercherai finalement plutôt à enseigner une certaine obéissance. Genre, je te l’ai dit, tu obéis, et c’est tout. 

Alors ensuite, on peut aussi discuter de ce qui se passe après mon moment de colère. C’est-à-dire que mon but était quand même d’en appeler à la motivation interne de l’enfant, je vais pouvoir en parler une fois que je serai redescendue.

Et ça, c’est la clé aussi dans la démarche. C’est-à-dire que je vais pouvoir après lui dire : “Qu’est-ce qui s’est passé tout à l’heure-là, avec cet objet ? On a déjà parlé de prendre soin des affaires. Ce n’est pas important pour toi ? Où est-ce que tu avais l’impression que ça n’allait pas l’abîmer ?”

On peut toujours revenir dessus. On peut toujours réexpliquer, et même quand on a “dérapé”. On peut revenir, demander pardon, s’excuser, dire qu’on ne s’est pas comporté comme on aimerait se comporter. 

Parce que, nous aussi, on est sur un chemin sur lequel on cherche notre positionnement. Comme eux d’ailleurs, on veut leur apprendre à se parler respectueusement, mais on l’apprend également puisqu’on ne l’a pas appris en grandissant. Donc, on va leur reprocher les moments où ils ne le font pas. 

La coéducation

Mais finalement, c’est une coéducation. On apprend avec eux. On peut tout à fait leur transmettre ce message-là, leur dire : pour moi non plus, ce n’est pas facile. Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour progresser sur ce chemin ? Est-ce qu’on peut s’aider les uns les autres ?

Quand j’ai commencé à apprendre l’éducation positive et que j’avais décidé d’arrêter de crier sur mes enfants, une des premières choses que j’ai apprises, c’est l’expression “le cerveau dans la paume de la main”. 

Le cerveau dans la paume de la main

Je ne sais pas d’ailleurs si c’est une des premières choses que j’ai apprises, mais enfin, c’est venu assez rapidement. Et pour ceux et celles qui connaissent cette représentation, le cerveau dans la paume de la main montre un geste quand on est débordé(e)s par nos émotions.

Et du coup, j’en avais parlé avec mes plus grands et on avait adopté ce geste à la famille. Et quand je sentais que ma colère l’emportait et que mes mots, du coup, n’allaient pas être adaptés parce que je n’avais pas encore appris à réellement exprimer autrement ma colère, c’était tout ce que je faisais. Je montrais le geste et je disais à mon fils, je me souviens 12 ans à l’époque. Je lui disais : “Là, je suis comme ça, donc je ne veux pas parler ”. Et c’est tout.

Et là encore, on voit bien que je n’avais pas encore les compétences pour ne pas lui crier dessus, si je laissais s’exprimer ma colère. Mais pour autant, je ne faisais pas semblant de ne pas être en colère et je prenais déjà la responsabilité de ma colère. Moi, je suis comme ça, je me sens comme ça. Et là, je ne suis pas capable. Donc, on en reparlera plus tard. C’était ça que je lui disais. 

Et au fur et à mesure, évidemment, j’ai appris à mettre d’autres mots sur ma colère que ceux qui accusent et qui dénigrent. J’ai appris à en prendre la responsabilité, à utiliser le message JE. Tout un tas d’outils que vous pouvez évidemment apprendre également ou affiner, creuser plus si vous en avez envie, besoin et en fonction d’où vous en êtes sur ce chemin. J’ai plusieurs programmes qui peuvent vous y accompagner. N’hésitez pas à m’envoyer un message et qu’on en discute pour savoir ce qui vous conviendrait le plus pour passer à l’étape suivante sur le chemin sur lequel vous avancez.

J’espère avec plaisir et si vous connaissez d’autres personnes que ce podcast pourrait aider. Partagez-le 

À bientôt !

Apprendre l’éducation positive : comment fait-on ?

L’éducation positive est bien loin de ce que l’on a appris en grandissant, et loin également de ce que l’on observe encore dans notre environnement.

Est-ce possible, dans ces conditions, de développer ses compétences sans réellement se former ?

Voici mon point de vue sur la question, avec des parallèles qui pourraient bien vous parler…

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A-t-on vraiment besoin d’apprendre ?


Est-ce réellement un apprentissage ? Faudrait-il donc se former ?

Pourquoi est-ce que j’ai si souvent,  parmi les parents qui me suivent, des parents qui me disent que “bon sang est difficile”  ?

C’est difficile parce que ça ne correspond pas à l’approche qu’on a apprise !
C’est difficile parce qu’on n’a pas grandi avec l’éducation positive. Parce qu’on ne l’a pas appris, parce qu’on n’est pas entouré aujourd’hui de modèles qui correspondent aux principes d’éducation positive. 

Et donc ça demande de faire autre chose que ce qu’on a appris. Ça demande de faire autre chose que ce que l’on voit. Ça demande de faire différemment.
Ça demande effectivement un apprentissage.

Comme l’apprentissage d’une langue…

Si aujourd’hui, je veux me mettre à parler une autre langue. Il va falloir que je me forme. Ça ne veut pas dire que, en soi, cette langue est forcément difficile.

Nous, on est parti vivre un moment au Mexique. Il a bien fallu apprendre l’espagnol.
Pourtant, l’espagnol en soi n’est pas forcément difficile.
Tous ceux qui naissent et grandissent dans des pays hispanophones apprennent à parler espagnol de façon naturelle. 

D’ailleurs, on peut se reposer la question de ce que veut dire le mot naturel.
Puisqu’en fait, ce n’est pas naturel au sens où ça ne vient pas tout seul quand on naît, mais c’est bien acquis, n’est-ce pas ?
N’empêche que, du coup, avec facilité, les enfants hispanophones parlent espagnol.
Tout comme nous parlons français, sans même avoir eu besoin d’y réfléchir plus que ça en fait. 

En revanche, la parentalité positive, on n’a pas grandi avec.
Donc si on veut s’y mettre, effectivement, il va falloir apprendre à la parler. 

Décider du « niveau » qu’on veut atteindre

Quand on est parti au Mexique, on avait deux possibilités.
On pouvait décider d’apprendre vraiment juste la base. Prendre un petit bouquin qui nous expliquerait comment conjuguer le verbe être et le verbe avoir, un tout petit peu de vocabulaire et puis s’en sortir au quotidien avec la base et savoir demander l’addition dans un resto.
C’est une façon de faire.
À ce moment-là, il faut savoir qu’il faut vivre avec les conséquences de ce choix-là. 

C’est-à-dire que si c’était le choix qu’on avait fait, on aurait accepté également que notre espagnol était limité, que ça permettait de se débrouiller, d’avoir un minimum, d’avoir un vernis. Et que probablement d’ailleurs, on progresserait en plus un peu parce qu’on allait être dans un environnement dans lequel on allait être plus exposé que ça à l’espagnol. Mais ce n’est pas pour autant qu’on allait réellement parler un bon espagnol.

Donc, on a choisi l’option 2.
C’est-à-dire qu’il n’était pas question de seulement piocher par ci par là quelques ressources d’espagnol qui pourraient nous aider à nous donner un vernis, mais bien de nous former à apprendre l’espagnol. 

On a donc suivi une méthode. On a pris un prof qui nous a donné des cours particuliers et on a travaillé pendant des mois. Au début, on avait trois séances par semaine, puis deux séances par semaine. 

Et on faisait des exercices entre les séances. Parce que notre objectif, c’était de réellement bien parler espagnol pour pouvoir réellement échanger, converser avec des Mexicains, pour nous faire des amis et pouvoir plaisanter avec eux et ne pas être limités dans nos échanges quotidiens.

Le bonheur de l’apprentissage

Alors c’était un bonheur. C’est-à-dire que ça a été un travail de le faire, mais c’était intéressant. Et ensuite, surtout, on s’est retrouvé effectivement dans une situation dans laquelle on était heureux de pouvoir parler espagnol. 

Est-ce que ça veut dire pour autant que l’on parle espagnol aussi bien que ce qu’on parle français ?
Alors là, je vais être honnête et malheureusement peut-être vous déprimer par rapport à ce parallèle que je fais avec l’éducation positive…
Bien sûr que non ! On ne parle pas espagnol comme si c’était notre langue maternelle !

On continue non seulement à avoir un accent français (Ça, je pense que ce n’est pas vraiment possible de le changer… en tout cas, pas pour nous), mais en plus, on continue malgré tout à certains moments à faire quelques fautes, à pas avoir forcément exactement le bon ton, à avoir un genre qui va être masculin plutôt que féminin, ou un mot sur lequel on rajoute une lettre, etc.


Mais quand même, on a atteint un très bon niveau d’espagnol. Un niveau qui nous permet de réellement discuter, qui nous permet d’aller au fond des choses.
Et on en est content !
Mais ça a été un apprentissage. 

L’éducation positive requiert aussi cet apprentissage

Pour moi, l’éducation positive, c’est la même chose. C’est-à-dire que comme c’est quelque chose de nouveau et qu’on veut apprendre, ça demande réellement un apprentissage. 

Alors, pourquoi est-ce que ça paraît difficile d’accepter cet apprentissage ?
Pourquoi est-ce qu’il y a tant de parents qui théoriquement aimeraient parler la langue de l’éducation positive  – et c’est peut-être votre cas, vous qui me lisez là maintenant – mais qui ne prennent pas forcément le temps de se former pour ça ?

Les phases d’apprentissage

La façon dont je le vois, moi, c’est lié aux différentes phases d’apprentissage.
Ça, c’est ce qu’on nous apprend régulièrement dans des formations professionnelles, par exemple : il y a plusieurs phases d’apprentissage. 

On dit qu’au départ, on est inconsciemment incompétent : on ne se rend pas forcément compte de ce qu’on ne sait pas faire.
Et puis, quand on commence à nous expliquer un petit peu, on devient consciemment incompétent. Ça, c’est régulièrement ce qui arrive.

Prenons l’exemple de l’écoute des émotions.
Le parent classique, celui qu’on est au départ quand on a grandi dans l’environnement dans lequel la majeure partie d’entre nous a grandi et reproduit simplement ce qu’il a entendu, va régulièrement dire à ses enfants :
“Mais ne sois pas triste ! »
« Ne t’inquiète pas. »
« Ce n’est rien. »
« Ce n’est pas grave. »
« Ça va passer. »
« Ce n’est pas une raison pour te mettre en colère. »
etc…

Tout ce qui peut nier l’émotion de l’enfant parce qu’on veut juste la voir disparaître, cette émotion désagréable. Mais on n’est pas conscient que ce n’est pas forcément la meilleure idée. On est inconsciemment incompétent. 

Et puis, quand je fais des séances avec des parents autour de ce sujet, tout d’un coup, ils se rendent compte qu’effectivement, toutes ces phrases-là que je viens de citer, bien sûr qu’ils les utilisent ! Et donc, maintenant, ils en ont conscience. Maintenant, ils deviennent consciemment incompétents… 

La phase suivante, une fois qu’on a été consciemment incompétent, c’est de devenir consciemment compétent. C’est-à-dire de réussir à placer les bons mots, mais en devant y réfléchir en y mettant réellement de la conscience. 

Et c’est donc la phase d’entraînement en fait. Une fois qu’on a appris la théorie, on passe à la pratique en s’entraînant encore et encore, en avançant peu à peu et en faisant des allers-retours entre le fait d’être consciemment incompétent et consciemment compétent. 

Jusqu’au moment où on s’est suffisamment exercé pour qu’on devienne inconsciemment compétent, c’est-à-dire qu’on se met naturellement, par exemple, à recevoir l’émotion de notre enfant sans même avoir besoin d’y réfléchir. 

La culpabilité

Le problème, c’est que quand on est dans la deuxième phase, où on est consciemment incompétent, c’est souvent la phase dans laquelle arrive la culpabilité. Parce que justement, on se rend compte de tout ce qu’on fait “pas bien”. 

Et les parents qui découvrent l’éducation positive se retrouvent régulièrement dans cette situation dans laquelle, au départ, ça leur semble assez attirant, inspirant, etc. Ils commencent à découvrir quelques points intéressants et là, ils se disent : “Oh là là ! Mais en fait, je fais “tout mal” !”  Et ce n’est évidemment pas agréable de ressentir ça…

Donc pour éviter cette culpabilité, en fait, il y a deux options.

Soit on remet tout ça sous le tapis en disant :
“Ah, mais c’est trop difficile, laisse tomber, ça marche bien comme ça marche !”.
Voire, on remet carrément en cause le sujet lui-même parce que c’est vraiment trop inconfortable.
Donc on a une tendance (inconsciente évidemment) à dire :
“Non, mais de toute façon, l’éducation positive, ça ne marche pas, ou alors ça fait des enfants rois…”
“Enfin, ce n’est pas la bonne méthode, est-ce qu’on est vraiment sûr ?”
etc…

Parce qu’en fait, on ne veut pas avoir à se mettre sur le dos cette pression d’avoir à se rendre compte qu’on n’est pas content de ce qu’on fait. 

S’ouvrir à l’inconfort

Au-delà de savoir si c’est bien ou ce n’est pas bien, peut-être que si on arrivait à s’ouvrir à cet inconfort, on pourrait objectivement se demander ce que nous, on veut développer. 

Et en particulier, est-ce que c’est comme ça que j’ai envie de faire ou est-ce que j’ai envie d’apprendre autre chose ? 

Et à la fois, la difficulté de l’apprentissage fait qu’on préfère se convaincre nous-mêmes qu’on n’a pas envie d’apprendre autre chose parce que c’est plus facile dans le quotidien. 

Si c’est votre cas, de nouveau, je vous encourage à essayer de ne pas tomber dans une culpabilité.
Juste vous dire : “Ah, c’est exactement mon cas.. En fait, je suis motivé, et finalement, je ne fais rien et je me fais croire que je ne suis pas vraiment motivé”. 

Parce que c’est naturel en fait.
C’est une espèce de protection qui fait qu’on essaye autant qu’on peut, tout naturellement, de se retrouver le plus à l’aise possible dans notre quotidien. 

Alors, si on veut revenir sur ce point en particulier, les exemples des effets de la bienveillance ne manquent pas. 

Sortir de sa zone de confort

Le problème pour se convaincre, c’est vraiment ce vers quoi on veut aller. C’est effectivement cette sortie de zone de confort.
D’ailleurs, on parle de zone de confort… mais on est bien d’accord qu’en fait, ce n’est pas confortable !

C’est-à-dire que la raison pour laquelle vous vous intéressez aujourd’hui à l’éducation positive, c’est probablement parce qu’en fait, les méthodes classiques d’éducation ne vous conviennent pas, ne vous semblent justement pas confortables.
Ça induit pas mal de lutte au quotidien, de fatigue, de dépense d’énergie… Vous aimeriez bien avoir une méthode un peu plus agréable – et puis aussi, qui développe autre chose pour vos enfants à long terme.

Pour autant, on dit « zone de confort », non pas pour dire qu’elle est confortable, mais dans le sens où c’est une zone dans laquelle on n’a pas besoin de se poser des questions à chaque moment de ce qu’on doit faire différemment. 
C’est une zone de confort parce que c’est ce qu’on connaît.
Ce n’est pas une remise en cause.

Car c’est ça la difficulté en fait. Quand on se met à apprendre réellement quelque chose, c’est une remise en cause. 

D’ailleurs, reprenons le parallèle avec l’apprentissage d’une langue.
Au début, quand on ne connait pas bien la langue étrangère, et qu’on la parle toute la journée, on finit avec un mal de tête !
Parce qu’effectivement, ça demande de l’énergie de la mettre en pratique, avec et sans les erreurs qu’on fait au départ.

Donc c’est une sortie de zone de confort. 

Se servir de la culpabilité comme d’un moteur

Maintenant la question, quand on le voit comme ça, je ne sais pas ce que vous en pensez quand je vous le  dis comme ça, mais  :

Si on est conscient réellement de ne pas faire exactement ce qu’on aimerait faire, cette culpabilité qui apparait peut réellement servir de moteur. 

C’est-à-dire que cette culpabilité (et là, je vous renvoie à mon article sur la culpabilité des pères, des mères et des pères) peut nous immobiliser ; ou bien, ça peut être une culpabilité saine qui nous donne le signal qu’il y a un écart entre ce qu’on vit et ce qu’on aimerait vivre.  

Et là, c’est un choix personnel.
Est-ce que je décide que malgré cet écart, je reste dans cette situation et je ne fais rien, ou en tout cas, je fais peu, en piochant un peu par ci par là, comme je disais tout à l’heure, pour savoir conjuguer le verbe être..

Ou 

est-ce que je décide que ça en vaut vraiment la peine, et que j’ai envie de savoir réellement parler. 

Et si c’est le cas, si vous avez réellement envie de savoir parler ?

Si on est vraiment motivé

Il faut se former

Vous l’avez compris avec mon partage : mon point de vue, c’est qu’il n’y a pas d’autre option que celle de se former. Il n’y a pas de doute là-dessus. 

La question n’est pas si ça vaut le coup de se former ou pas.
La question n’est pas si vous avez besoin ou pas d’une formation réellement, d’une formation, d’un accompagnement en éducation positive. 

(À condition évidemment d’avoir envie d’apprendre l’éducation positive.
Si vous n’avez pas envie, la question ne se pose pas, vous n’en avez pas besoin non plus.)

Mais si vous avez envie d’apprendre l’éducation positive réellement, de la mettre en place, de la faire vivre au quotidien dans votre famille…

C’est tellement loin de ce qu’on a appris, et c’est tellement loin du modèle qu’on reçoit encore autour de nous aujourd’hui (même si heureusement, ça progresse..) que ça demande de se former. 

Parce que l’éducation positive, ce ne sont pas que des outils, c’est réellement une posture qui est différente et donc ça demande à être affiné au fur et à mesure. 

Après, la question, ce n’est pas tellement, donc, s’il y a besoin de se former ou pas, c’est plutôt comment se former. 

Alors moi, j’ai suivi des tas de formations différentes.
J’ai suivi des tas de formations différentes et sous des formats différents. C’est-à-dire des choses en ligne, des choses en présentiel, des choses en individuel, des choses en groupe.

Avec toujours cette idée d’avancer et de progresser, d’améliorer l’endroit où je suis, avec une idée de maturation et d’avancer sur le chemin.
C’est pourquoi je vous dis toujours qu’on avance ensemble sur le chemin. 

Et d’ailleurs, c’est ce que je vous disais aussi tout à l’heure aussi, sur le côté : mon espagnol n’est pas et ne sera probablement jamais comme celui d’un hispanophone, et ce n’est pas grave.
Finalement, je peux quand même passer ma vie à chercher à l’améliorer.
Et ce sera toujours mieux, vous voyez ? 

D’ailleurs, je continue à me former également en éducation positive.
Encore là, dans un peu plus d’un mois, je vais à une “summer school” (de psychologie adlérienne pour être précis).
Pendant une semaine, je vais suivre des cours intensifs.
Une semaine intense de cours de psychologie pour avancer encore, progresser encore, pour apprendre encore des gens dont c’est le métier, pour pouvoir toujours partager plus, progresser plus, etc. 

La vraie question

Mais donc, ce que je veux dire, c’est la vraie question à laquelle vous avez besoin de répondre, à mon avis, c’est plutôt comment vous former ?
Comment : sous quel format – et comment : auprès de qui ? 

Parce que la bonne nouvelle quand même, c’est effectivement que ces principes d’éducation positive progressent. Ça veut dire qu’il y a de plus en plus d’acteurs qui peuvent vous proposer des choses.

 Il y a de plus en plus d’offres, de solutions, de propositions, de plus en plus de choses qui sont proposées pour avancer sur ce chemin à votre manière. 

Donc à vous de trouver quelle est la formation qui vous convient si vous avez réellement envie d’avancer sur ce chemin. 

Alors évidemment, j’en propose sur la page formation du blog Des 6 doigts de la main

Mais c’est à vous de voir aussi quel est l’accompagnant, l’accompagnante qui vous correspond le mieux.
Il y a certaines personnes qui vont se sentir plus en ligne ou plus en affinité avec d’autres formateurs ou formatrices que moi.
Et c’est OK !
Et ça marche aussi dans l’autre sens : tous autant qu’on est, on n’est pas concurrents.
On avance tous dans le même sens. 

Que vous alliez faire des ateliers Faber et Mazlish ou de discipline positive, ou des ateliers Thomas Gordon de parents efficaces, ou que vous alliez vous former à la communication non-violente, qui n’est pas de l’éducation pure, mais qui apporte des principes, qui vont tellement bien avec ! (Pour le coup, je me forme en continu à la communication non-violente avec des ateliers réguliers..)

C’est vous qui choisissez votre voie. 

En revanche, ce à quoi je voudrais vous encourager et ce avec quoi j’aimerais que vous sortiez de cette écoute, là, maintenant, tout de suite, c’est de vous dire : “OK, j’ai compris, je vais aller me former, je vais aller trouver quelle est l’étape suivante.” 

Voilà.

Pour que peu à peu, vous puissiez affiner également effectivement cette posture.
Parce que la façon dont on avance, ça dépend de la manière de faire, ce dont on a besoin à ce moment-là.

Ça dépend en fait de nos croyances perso, ça dépend d’où on en est sur le chemin.
Ça dépend de tout un tas de paramètres qui font que l’accompagnement va vous ressembler. 

Vous êtes-vous déjà rendu compte de comment certaines lectures soutiennent notre démarche auprès de nos enfants, tandis que d’autres, au contraire, entretiennent un modèle qui n’est plus celui que nous aimerions transmettre ?

Mon fils aîné et mon benjamin ont 11 ans d’écart.

11 ans pendant lesquels nous avons beaucoup évolué dans notre posture parentale.

Et je me suis vite retrouvée à enlever de la bibliothèque de mes enfants des albums qui me paraissaient tout à fait adaptés quand mon grand était petit !

Parce que, peu à peu, ma conscience s’est éveillée.

J’ai alors découvert l’existence d’une littérature pour enfant qui pouvait développer ces notions de bienveillance que nous avions à coeur de transmettre.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que je vous parle ici de livre pour enfant sur ce blog…

(Pour découvrir d’autres livres, pour parent et enfant, faites un tour par ma bibliothèque)

Ici, mon amie Anne, membre du cercle des parents heureux, fan d’albums pour enfants, et maman de deux enfants de 5 et 2 ans, nous en présente une petite sélection d’albums pour enfants autour du LIEN.



Pour en savoir plus sur ces livres et les commander, vous pouvez consulter

https://www.leslibraires.fr/

ou vous rendre sur Amazon :

Max et Lapin : la grosse bêtise – Astrid Desbordes et Pauline Martin

Toi et moi : ce que nous construirons ensemble – Oliver Jeffers et Kris Di Giacomo

Nous sommes là – Oliver Jeffers

Cache-lune – Eric Puybaret

Et vous, vous connaissez d’autres albums qui parlent de lien ?

Partagez-les nous en commentaire !!

C’était les vacances… et, au lieu de l’ambiance tranquille et détendue à laquelle elle aspirait, Laure faisait face à des disputes incessantes entre ses enfants.

Elle ne s’est donc pas posé de question quand elle a reçu mon mail, lui parlant de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »

Aujourd’hui, elle le dit sans détour : ce qu’elle a appris dans la formation lui a permis de

  • mieux comprendre les comportements de ses enfants
  • ajuster ses réactions
  • les aider à s’exprimer, à échanger
  • prendre conscience que la gestion de conflit, ça s’enseigne !

Et grâce à tout cela, enfin, la famille est plus calme…

Pour voir tout le récit de Laure, c’est par ici :

Je crois très fort au fait que la paix, ça s’apprend. Pour plusieurs raisons. D’abord parce que si je ne crois pas ça, alors je perds l’espoir, qui est source de toute piste de progrès ! Mais surtout parce que je le vis au quotidien.
Depuis des années maintenant que j’avance sur le chemin de la parentalité positive, je vis et je vois une évolution chez moi, chez mes enfants, vers une écoute de l’autre et une gestion des conflits qui n’a rien à voir avec celle qu’elle était.

Cette semaine, j’ai encore une fois eu l’occasion de vivre un épisode qui m’a confirmé cette croyance aidante. Je vous raconte…

Une dispute qui dégénère


Vendredi dernier, j’ai vu deux petits garçons se disputer. Ils avaient seulement 6 ans.
La situation avait tellement dégénéré que ces garçons en étaient à se jeter des cailloux à la tête !

Mais bon sang… que se passe-t-il dans notre monde pour que ça puisse se passer comme ça ??

Mon intervention

Quand j’ai vu ça, j’ai immédiatement interrompu les choses d’un « STOP ! » sonore.
Un garçon a fui. L’autre, que je connaissais, s’est éloigné de moi. Tandis que je le suivais, il cherchait à m’échapper. Visiblement, il avait peur que je lui fasse des reproches, bien conscient que lancer des cailloux n’était pas vu d’un bon oeil.
Mais je me suis approchée doucement, et lui ai dit calmement : « Attends, je ne vais pas te gronder. » Il m’a donc laissée m’approcher.

Je me suis mise à sa hauteur, et lui ai dit :
« Dis donc, tu devais être sacrément énervé pour en venir à lancer des cailloux !
– ouuiii,
me répond-il, les larmes aux yeux
– il s’est passé quelque chose ?
– ouuuii
– tu veux m’en parler ?
– il m’a jeté des cailloux !! J’en ai reçu un, là !! »

J’ai pu l’écouter, entendre comme c’était désagréable, et, on a ensuite pu échanger sur le fait que lancer des cailloux en retour ne ferait probablement qu’aggraver la situation.
Cet enfant m’a écoutée parce que j’ai fait le premier pas.

S’il s’est comporté ainsi face à l’autre garçon, c’est parce que, sur le coup, aucune autre alternative ne lui est apparue.
Ensemble, on a pu y réfléchir, et en trouver.

Ma réflexion

Je ne peux pas dire comment il réagira si une telle situation se reproduit, mais je sais que la probabilité est plus forte qu’il évite de jeter des cailloux maintenant qu’on a discuté d’autres stratégies que si je m’étais contentée de lui reprocher son comportement.

Cependant, son attitude, lorsque j’ai voulu lui parler, démontre bien une chose : c’est qu’il s’attendait à la leçon de morale. (et qu’il n’en avait pas besoin !).
Ce qui prouve que c’est la réaction classique des adultes qui l’entourent.
Je ne suis pas surprise… ça aurait aussi été la mienne il y a quelques années.

Parce que, tous autant que nous sommes, nous reproduisons ce que nous connaissons.
Nous n’avons pas appris à faire autrement.

Pourtant…

Il est possible de changer les choses

Oui, il est possible d’enseigner à nos enfants à

  • entendre et laisser passer la vague de l’émotion
  • chercher différentes idées pour faire face à une situation qui leur déplait
  • choisir celle qui convient le mieux

Je vous montre exactement comment dans la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie ».

Est-ce facile ? Pas toujours…
Cela demande-t-il du temps, de l’énergie ? Oui, un peu, comme tout apprentissage !
Cela en vaut-il la peine ? Franchement… ai-je besoin de répondre à cette question ?

La paix, ça s’apprend

En fait, soyons clair : La paix, ça s’apprend. Comme les maths ou le foot.
Et là, ce n’est pas moi qui le dis : c’est Thomas d’Ansembourg.
(Une célébrité dans le monde de la communication non violente francophone, dont je suis complètement fan !)

Il soulève même cette réflexion – et je dois dire que j’ai la même :

« Qu’est-ce qui fait que pour des choses très agréables -comme conduire une voiture, parler une autre langue, pratiquer un sport- mais pas fondamentales pour bien vivre, nous sommes prêts à faire des apprentissages rigoureux, déterminés, engagés, avec des efforts, en acceptant que ça ne tombe pas du ciel… et pour la paix, la paix avec soi, toutes les parties de soi, la paix avec l’autre, toutes les parties de l’autre, la paix avec la vie ; on attend que ça tombe du ciel, sans faire le moindre effort… c’est surprenant, non ? »

Quand nos enfants se disputent, en général, on n’a qu’une hâte : celle que ça s’arrête !! Et dans notre hâte, on commet ces erreurs communes face aux disputes entre enfants.

Malheureusement, ces disputes ne concernent pas que les protagonistes, mais bien tout l’entourage.
Chaque dispute nuit à l’ambiance générale, tout le monde se sent tendu, et toute la suite s’en ressent.

Pourtant, on aimerait bien que nos enfants sachent comment faire face au conflit sans en passer par de l’agressivité et de la violence.
On voudrait que nos enfants expriment différemment leur colère, qu’ils se respectent et qu’ils trouvent des solutions à leurs conflits qui conviennent à tous.

Bien sûr, on est conscient que tout cela demande un apprentissage… mais comment faire pour les y aider ? Pour que ce soit plus rapide ?

Je crois qu’en fait, on s’y prend souvent de manière maladroite, sans même s’en rendre compte.

Aider nos enfants dans leur dispute n’est pas évident. Comme d’habitude, on a tendance à reproduire ce qu’on a appris, même quand on constate que ça n’aide pas tellement la situation à moyen terme. Et c’est comme ça qu’on reproduit, encore et encore, des erreurs communes face aux disputes entre enfants, sur lesquelles j’attire votre attention ici.

Parce qu’on ne sait juste pas comment faire autrement.

Ce qu’en disent les enfants…

Avant d’écrire cet article, j’en ai parlé à mes enfants.

Je leur ai demandé quelles étaient pour eux les attitudes des adultes face à une dispute entre enfants qui étaient aidantes, et celles qui ne l’étaient pas.

Mon fils Léon (10 ans) m’a simplement répondu :

« Celles qui sont aidantes, c’est tout ce que tu fais toi, et celles qui n’aident pas, ce sont celles des autres adultes. »

Alors au delà de la flatterie… il y avait un point important dans sa réponse !

Parce qu’il ne faut pas croire que je suis magiquement compétente quand il s’agit de réagir à une dispute ! Non, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup appliqué, amélioré, affiné, et… en fait j’apprends encore, au quotidien !

S’il a l’impression que mes attitudes sont aidantes, et pas celles des autres, c’est parce que les autres (comme moi il y a quelques années) n’ont pas appris à adopter des attitudes aidantes. Ma manière de réagir aux disputes a complètement changé depuis que je chemine, et j’ai maintenant beaucoup à transmettre sur ce sujet.

C’est pour cela que j’ai créé la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »… mais je vous en reparlerai plus loin !

Quant à ce que m’a dit Anatole, je vous en parle dans la première des erreurs communes

Erreur 1 – Négliger les émotions

Quand il y a une dispute, c’est qu’il y a des émotions. Et, en général, des émotions fortes.

Evidemment : si personne n’était sous le coup de l’émotion, tout se réglerait dans le calme, voire il n’y aurait même pas conflit, parce que chacun aurait la faculté d’écouter l’autre.

Donc, faire fi des émotions présentes, cela revient à nier la dispute.

Cela se traduit par 2 tendances possibles :

celle, justement de vouloir effacer la dispute, ou bien celle de chercher à « raisonner » un enfant encore sous la vague de son émotion.

En « effaçant » la dispute

C’est d’ailleurs parfois littéralement ce qu’on leur dit : « Pas la peine de se disputer pour ça ! ».

En fait, ce n’est pas comme si les enfants AIMAIENT se disputer…

S’ils se disputent, c’est que, pour eux, à ce moment-là, C’EST important.

Suffisamment important pour que ça crée ces émotions.

On ne peut pas toujours le comprendre, et je dois dire qu’il m’arrive encore de leur renvoyer un peu ça… Par exemple en demandant : « C’est tellement important pour toi que ça vaut le coup de se disputer ? »

Quand je dis ça, je l’avoue, mon ton n’est pas toujours exemplaire.. dans le fond, il reflète probablement que je ne trouve pas ça tellement important… mais j’essaye de rester quand même dans l’accueil et la curiosité, comme je le peux, en encourageant quand même à une certaine prise de recul. De mon mieux. Bref.

Tout ça pour dire qu’aborder la situation sous l’angle : « Arrêtez de vous disputer ».. eh bien, comment dire… ça n’a aucune chance de marcher, en fait !

Selon mon fils Anatole (8 ans), une attitude qui n’aide pas du tout, c’est quand l’adulte dit : « Arrêtez, ou je vais devoir vous punir »

Il m’explique que non seulement ça n’aide pas, mais même ça empire les choses !

« Parce que quand on se dispute, on est déjà énervé contre l’autre, alors si en plus on se fait punir, on considère que c’est de sa faute, et on lui en veut encore plus ! »

Logique, non ?

En cherchant à raisonner

L’autre piège, quand on oublie de considérer les émotions, c’est de vouloir directement aller vers un raisonnement pour trouver une résolution.

Sauf que, quand on est sous le coup de l’émotion, on n’est pas capable de raisonner !

Donc, d’abord l’écoute et la validation, ensuite seulement les explications.

Ah tiens, tant qu’on parle d’entrer dans le raisonnement… c’est une transition parfaite pour l’erreur commune suivante.

Erreur 2 – Traiter seulement la partie émergée de l’iceberg

Au moment où on peut vraiment parler avec les enfants, sans que des émotions trop présentes empêchent la conversation, on a cette tendance à rester « collé » à l’épisode.
Comme si, lorsque mon fils Anatole empêche sa copine de tirer dans le ballon, son objectif était vraiment de l’empêcher de tirer dans le ballon !

Si on en reste là, on va entrer dans des considérations du type « toi, quand tu joues au ballon.. », ou « tu peux attendre ton tour ». Bref, on ne va traiter que la partie émergée de l’iceberg, sans chercher à comprendre tout ce qui se joue derrière, sans voir la VRAIE raison de la dispute.

A ce moment-là, pourtant, Anatole cherche à vivre quelque chose de fort pour lui. Il se sent seul, triste, déçu, parce que son copain lui a dit qu’il ne voulait plus jouer avec lui, et il cherche de la compagnie, il voudrait recevoir de l’empathie, il veut sentir qu’il a le pouvoir de faire en sorte que les autres se sentent comme lui et le comprennent….
Waouh ! Mais si on n’adresse que le pied devant le ballon, on passe complètement à côté de tout cet aspect sous-jacent qui est en fait fondamental !

Seulement voilà : pour réussir à aborder les choses autrement, il faut pouvoir prendre du recul, et gagner en conscience.

C’est l’objectif de tout le module 1 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie ».

Erreur 3 – Devenir l’arbitre de la dispute

Ça, c’est vraiment une erreur commune face aux disputes entre enfants. C’est une erreur classique, et normale.

Évidemment, on a vu tous les adultes autour de nous faire de même en grandissant.

Comme s’ils savaient mieux que les enfants ce qui était bien et mal, ce qui nous convenait, et ce qu’il fallait décider.

Bien sûr, nous avons un rôle de guide auprès de nos enfants. Nous avons la responsabilité de leur transmettre certaines valeurs, certaines règles de vie, et en particulier le respect de l’autre. Mais imposer le respect n’enseigne pas le respect.

D’autant que quand on joue le rôle de l’arbitre, on se trompe toujours !

Pourquoi ? Parce qu’on applique alors l’une, l’autre, ou un mélange des 2 méthodes suivantes :

On cherche le coupable

Avant de pouvoir juger, il nous faut comprendre.

Donc, on commence par chercher le « coupable ».

Rien que dans la démarche, on voit déjà qu’on part mal. Enfin, je dis ça avec le recul… peut-être que vous ne le voyez pas encore, parce que vous n’avez pas encore parcouru le chemin que je parcours depuis plusieurs années, et sur lequel j’avance encore !
Laissez-moi donc expliciter un peu mieux ce que je veux dire.

Quand on cherche un coupable, on reste dans une logique binaire de « bien » et de « mal ».
On entretient implicitement l’idée que l’un des deux a tous les torts.
Ce qui aura un tas de conséquences néfastes sur l’ambiance générale à moyen terme :

  • personne ne va vouloir s’excuser, puisque ça voudrait dire prendre TOUS les torts à sa charge. Or, il faut être deux pour se disputer. En général, il y a des torts des 2 côtés, et des raisons des 2 côtés. Quand on apprend nos enfants à demander pardon (et c’est l’objet d’un contenu entier du module 3 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »), on leur apprend en fait à prendre la responsabilité de ce qui les concerne, sans cette notion de « perdre » contre l’autre.
  • celui qui a été déclaré coupable va soit se sentir misérable, et ça ne l’aidera certainement pas à se sentir mieux pour se comporter mieux ; soit il en voudra encore plus à l’autre, et gardera alors un ressentiment qui s’exprimera, sans nulle doute, sous la forme d’une nouvelle dispute dont on vient de semer les graines…
  • celui qui a été déclaré non coupable en ressortira avec un sentiment de supériorité qui confirmera qu’il a raison de se disputer avec son frère / sa soeur, et risque bien de remettre ça en pratique rapidement
  • on encourage un clivage qui crée ou entretient la rivalité

En éducation positive, on ne cherche pas des coupables, on cherche des solutions.

On cherche à être « juste »

D’un certain côté, chercher le coupable, c’est chercher à être juste, chercher à voir où sont les torts, ce qu’il faudrait « réparer »…

Ça part d’une bonne intention : celle de la justice.

Mais que veut dire être juste ?

Sait-on RÉELLEMENT ce qu’il s’est passé ?

Oui, on peut recevoir le récit de l’épisode. Couvre-t-il bien tout ?

A-t-on bien pris en compte que le point de départ, c’était en fait un sentiment de jalousie qui datait de la veille quand… ?

Toute cette partie cachée de l’iceberg… la voit-on ?

Comment peut-on prétendre être juste alors qu’on ne sait pas vraiment ce que chacun vit ?

Ah, et d’ailleurs : quand on intervient pour être sûr que chacun ait « la même chose », est-ce qu’on tient compte des besoins de chacun ?

Pour être juste, vaut-il mieux chercher l’égalité, ou l’équité ?

Argh… tant de questions…

En fait, je crois que ce sont les enfants qui pourront nous aider à être justes. C’est à eux de savoir ce qu’ils vivent, ce qui leur convient, ce qui fera le plus sens en fonction de où ils en sont, et de ce qu’ils sont prêts à accepter, à donner, à recevoir.

On ne peut jamais être juste si on ne les implique pas dans la rechercher de la solution !

Et donc, forcément, en prenant parti, on crée, là encore, du ressentiment.

Bon.

Alors… facile… il suffit de…

Erreur 4 – Les laisser se débrouiller seuls

Ah oui, mais non !

Je sais, cet article vous perturbe. Moi aussi, j’ai été perturbée quand j’ai appris tout ça…

Alors, d’abord, avec ces 3 premières erreurs, on prend conscience de tout ce en quoi on est maladroit quand on intervient dans les disputes.

On s’aperçoit que notre intervention fait plus de mal que de bien.

La conclusion qui s’impose, c’est donc, simplement, d’arrêter d’intervenir ! De les laisser gérer la situation.

Parce que c’est en pratiquant qu’on apprend, donc il s’agit de les laisser pratiquer, expérimenter…

Et vous trouverez effectivement de nombreux articles d’éducation positive qui vous conseilleront ça.

MAIS

mais pour que leur pratique les fasse avancer dans la bonne direction, encore faut-il qu’ils aient un modèle à suivre, non ?

Nos enfants apprennent à parler seuls parce qu’on leur parle.
Si on prononçait devant, 90% du temps, des mots tordus… eh bien ils parleraient avec des mots tordus, évidemment.

Et c’est ce qui se passe avec la gestion de conflit.

Je souhaitre TRÉS fortement que cela change. Mais aujourd’hui, la réalité, c’est que la plupart des adultes

1- ne savent pas mener une gestion de conflit respectueuse

2- ont tendance à user de leur pouvoir pour imposer leur solution

Donc, si on laisse les enfants se débrouiller seuls, ils vont faire la même chose.

cqfd.

DONC

Donc, si on veut réellement amener nos enfants à savoir faire face au conflit autrement qu’en se criant dessus.

Si on veut qu’ils sachent écouter l’autre, qu’ils sachent exprimer leur problème, qu’ils sachent trouver d’autres méthodes que l’agressivité, qu’ils sachent comment chercher des solutions qui pourraient convenir à tous… il va falloir les accompagner.

Seulement, pour ça… il faut savoir le faire. Et on n’a pas appris.

La bonne nouvelle ? On PEUT apprendre !

Et moi, maintenant, je crois vraiment que c’est notre responsabilité.

C’est grâce à cet apprentissage, et cet accompagnement qu’on se retrouve avec un enfant qui a le sentiment que nos attitudes sont aidantes, et que celles des autres adultes ne le sont pas.

Je ne cherche pas à me vanter. Je me suis donnée du mal pour apprendre à sortir du modèle reçu. Et aujourd’hui, je rêve que ce soit le cas pour BEAUCOUP beaucoup plus d’adultes. Parce que ça changerait tout pour nos enfants, et pour le monde en général, si on savait vraiment comment enseigner la paix !

Erreur 5 – Laisser passer l’opportunité

Enfin, vous l’aurez peut-être compris à la lecture de tout ce qui précède, l’erreur que nous faisons devant les disputes de nos enfants, c’est de laisser passer l’opportunité que cette dispute représente.

Oui, la dispute est une opportunité.

Nos enfants ont (comme nous d’ailleurs) une foultitude de compétences relationnelles à développer.

Le conflit sera présent dans leur vie, ça ne fait aucun doute.
Pour que le conflit ne se transforme pas en dispute (c’est à dire la version agressive du conflit, qui, lui, est normal – et même souhaitable parfois, parce qu’il nous encourage à nous remettre en cause), il faut savoir y réagir.

Si on passe d’une dispute à l’autre avec l’attitude du « pompier », en cherchant uniquement, à chaque fois, à éteindre le feu ; sans jamais prendre le temps de leur apprendre à jouer avec les allumettes, alors ils ne développeront jamais ces compétences de vie tellement précieuses !

Alors, ne faisons pas cette erreur.

Au contraire, saisissons cette dispute comme une opportunité d’enseignement, pour, comme l’écrit Morgane en finissant la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie », « ramener de l’harmonie au sein de la famille grâce à l’écoute de tous, parents comme enfants, pour trouver un nouvel équilibre dans le respect de tous. »

Vous êtes partant ?

Être parent demande de l’énergie.

Au quotidien, on s’use et on s’épuise à lutter et à répéter les mêmes choses.

Comment faire autrement ?

Quelle approche pour, peu à peu, sortir de la lutte et entrer en coopération ?

C’est ce dont je vous parle dans ce podcast.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Préserver son énergie

Je voudrais vous parler d’énergie, parce qu’on en a besoin pour avancer sur ce chemin, pour avancer, parfois à contre-courant de ce que l’on voit autour de nous. Se remettre en question, dans sa parentalité, ça demande une certaine énergie au quotidien, en particulier dans toute cette phase d’apprentissage, qui finalement ne se termine jamais tout à fait. 

Alors, dans le premier épisode de ce podcast, sur le sujet qui s’intitulait “Veiller à son niveau d’énergie”, je vous avais parlé d’attitude, de pratique, de point d’attention quant à notre énergie propre, indépendamment de notre rôle de parent. Aujourd’hui, je voudrais me focaliser sur le fait de préserver son énergie, justement dans notre rôle de parent. 

Comment faire pour éviter cette usure ?

Tous ces moments d’usure, en particulier à travers la répétition, etc, font que notre niveau d’énergie baisse face à nos enfants.

Cette usure fait qu’il est de plus en plus difficile d’adopter les attitudes qu’on aimerait adopter en tant que parents bienveillants.

Pour éviter cette baisse d’énergie, la première chose sur laquelle je voudrais attirer votre attention, qui semble très simple, mais que parfois on néglige : en y prêtant attention, vous verrez que c’est souvent dans les mêmes situations, qu’on “gâche”, qu’on dépense notre énergie. 

C’est-à-dire qu’il y a effectivement des moments qui, dans notre vie de parents, sont plus compliqués que d’autres. Et souvent, ce sont les mêmes situations, qui nous fatiguent, qui se répètent. D’ailleurs, c’est un cercle vicieux parce que, comme on les a parfois inconsciemment identifiés, on s’attend à ce que ce soit difficile et on s’agace avant même que ce soit agaçant

Exemple sur cette usure

Donc, je peux prendre l’exemple de la préparation pour partir à l’école le matin. Si on sait que c’est toujours compliqué de partir à l’école le matin, non seulement on s’agace tous les matins face à la difficulté, mais en plus on est agacé avant même de se heurter à la phase difficile. Parce que d’avance,on a déjà peur que ce soit compliqué. 

J’imagine que vous vous reconnaissez là-dedans. Alors, une des premières choses que je vous encourage à faire et c’est quelque chose qu’on met en place dans la formation Point de rencontre, pour avancer vers de meilleurs échanges avec nos enfants, c’est :

Identifier les moments de tension

Il faut identifier justement ces moments, qui ne sont peut-être pas systématiquement et heureusement, mais régulièrement des moments de tension. Donc, ça peut être effectivement le matin, en partant à l’école, ça peut être au moment du repas, ça peut être au moment des devoirs. 

Souvent, il y a des situations, alors qui sont soit des situations de vie comme celles-ci, soit des attitudes particulières qui, de manière répétée, vont être des moments de tension pour vous, et pendant lesquelles justement vous sentez que votre réservoir d’énergie à vous est en train de se vider. 

Donc, en les identifiant, vous faites déjà un grand pas en avant. Parce que cela va vous permettre de travailler dessus de manière un peu plus focalisée, plutôt que de juste espérer inconsciemment que ça va s’améliorer sans rien y faire. 

Essayez de faire face aux mêmes situations sans changer l’approche de la situation, c’est se préparer à ce que les résultats ne changent pas non plus. Donc voilà, la première chose que je voudrais vous encourager à faire, c’est de vous poser juste quelques minutes pour identifier ces moments, qui sont des moments qui vous activent et donc vous vident en énergie.

Choisir ses batailles

Ensuite, une fois que vous aurez fait ce travail-là, le point suivant, c’est de choisir ses batailles. Et l’expression “choisir ses batailles” en dit long : en général, quand on commence à cheminer sur cette route-là, on est régulièrement dans ces situations-là, dans des batailles. Or, le but, vous le savez bien, c’est de sortir de la bataille, c’est-à-dire que dans une démarche de parentalité positive, on sort de la lutte contre nos enfants et on essaye d’être avec eux. 

D’ailleurs, on dit souvent que la coopération, ce n’est pas l’exercice d’un pouvoir sur quelque chose, mais d’un pouvoir avec. Et ce à quoi on aspire, quand on cherche à développer les compétences de parent positif, de parent bienveillant, c’est à susciter la coopération de nos enfants, à susciter et aussi le vivre nous-mêmes, ça va évidemment dans les deux sens. 

Vous voyez bien que pour susciter la coopération, il vaut mieux éviter de se battre sur tout à la fois. Parce que si on est dans une attitude de lutte contre nos enfants, et en permanence, on ne va pas du tout susciter la coopération, parce que la personne en face de nous, elle est juste fatiguée, elle aussi est usée et elle n’a plus envie de nous écouter. Et donc, effectivement, elle n’aura pas envie coopérer. 

Et voilà comment on rentre dans un cercle vicieux, dans lequel ni les parents ni les enfants ne coopèrent finalement. Donc, afin de pouvoir recréer une ambiance familiale et une connexion, qui vont permettre d’aller vers plus de coopération, l’attitude que je vous encourage à adopter, c’est de choisir ses batailles.

C’est quoi exactement choisir ses batailles ?

Alors, qu’est-ce que ça veut dire exactement,  choisir ses batailles ? Parfois, ça peut faire un peu peur, parce que, quand on entend ça, on peut croire qu’on va renoncer complètement à certaines choses. 

D’ailleurs, on entend souvent choisir, c’est renoncer, alors que ce n’est pas forcément le cas. Donc, il y a plusieurs façons de voir le côté de choisir ses batailles. 

Il y a le fait, effectivement, de voir si dans toutes “les luttes” qu’on mène déjà aujourd’hui, il n’y en a pas certaines sur lesquelles, on ne pourrait pas tout simplement lâcher prise. 

L’exemple d’une de mes clientes

Par exemple, j’ai une de mes clientes qui m’expliquait qu’avant, elle avait pour habitude d’exiger que ses deux garçons prennent la douche dès qu’ils rentraient de l’école ou de la garderie.

En fait, il était déjà assez tard, donc c’était la douche, puis le dîner, puis la préparation au coucher. C’était régulièrement une lutte avec le plus jeune. Alors, elle a remis un peu les choses en question, en s’interrogeant sur le rythme de chacun, sur la relation qu’elle voulait avoir, sur le rythme du dîner également, etc. 

Et finalement, elle s’est rendue compte que ce n’était pas un problème pour elle,  que tout le monde ne soit pas en même temps au dîner. En effet, son mari était régulièrement en déplacement, donc elle dînait seule avec les deux petits. 

Et elle s’est rendue compte que son plus jeune dînait beaucoup plus rapidement que l’aîné. Donc, aujourd’hui, ils ont un rythme différent : quand ils rentrent à la maison, le plus grand va effectivement se doucher, le plus jeune traîne un petit peu d’abord, car il a besoin de son temps à lui, pendant lequel il joue un peu et puis il va se doucher un peu plus tard.

Finalement, au moment où le grand et sa mère ont à peu près terminé cette phase-là, elle se retrouve à commencer le dîner avec son aîné, qui prend beaucoup de temps à manger. En plus, ça lui donne l’opportunité d’un moment en tête-à-tête avec lui, avant que le plus jeune les rejoigne et finisse le dîner avec eux. 

Ainsi, ils finissent quand même tous les trois ensemble et ils font les préparatifs du coucher ensemble. 

Donc, je ne dis pas forcément que c’est ce qu’il faut faire chez vous, parce que chacun à ses principes, ses envies, ce à quoi il tient, etc. Peut-être que pour vous, le dîner familial est important, tous ensemble, et il n’y a aucun problème avec ça. 

Ce que je veux dire, c’est qu’il est intéressant de se poser la question sur certaines choses, pour lesquelles on a l’impression qu’on n’a pas le choix, que c’est comme ça. Et finalement, quand on se recentre sur ce qui est important pour nous, on peut peut-être voir quels sont les ajustements possibles. Ainsi, on peut lâcher prise sur certains points, qui finalement sont peut-être moins importants que d’autres.

Oser se remettre en question

Toujours sur cet exemple de douche : chez moi, les garçons ne se douchent pas tous les jours, pour les deux plus jeunes. Ils se douchent en général un jour sur deux. Pourquoi ? Parce que pour moi, c’est un équilibre qui est OK. 

Peut-être que chez certaines personnes, ce sera quand même tous les jours. Peut-être que chez d’autres, ce ne sera que deux fois par semaine, je n’en sais rien. Chacun son équilibre ! Mais ce qui est important, c’est d’oser se remettre en question

Parce que souvent, ce qui nous manque, c’est vrai dans tous les domaines, et dans la parentalité positive en particulier, c’est d’oublier de remettre en question des choses qui nous semblent un peu obligatoires. Donc ça, c’est la première phase. 

Renoncer

Effectivement, au moment où on réfléchit aux difficultés qu’on a, on peut réfléchir à ce qui est important pour nous et ce sur quoi on peut finalement lâcher prise. Parce que, en réalité, ce n’est pas si important que ce qu’on voudrait bien croire, ou en tout cas pas suffisamment pour l’imposer à un enfant; qui lui pense les choses autrement.

Ça peut être, par exemple, l’importance du petit déjeuner. Vous voyez ce que je veux dire ? Je vous encourage déjà à vous poser cette première question. Et ces choses-là, effectivement, peut-être, qu’on va tout simplement y “renoncer” ou en tout cas, les adapter. Après, il y a tout ce à quoi on ne veut pas renoncer. 

Repousser le reste

Mais ces choses-là, cette démarche de choisir ses batailles, elle est quand même essentielle, parce que l’important, c’est de se dire que tout est un apprentissage et que l’apprentissage est pour eux comme pour nous, d’ailleurs. Et cet apprentissage ne peut pas se faire de façon instantanée, on ne peut pas être sur tous les fronts à la fois. 

Donc dans ce cas-là, quand on choisit, on n’est pas en train de renoncer au reste, on est en train de repousser le reste. C’est-à-dire qu’on accepte le fait qu’il y a comme une courbe d’apprentissage et qu’on va s’attaquer “à une chose après l’autre”

S’atteler à une chose après l’autre

Alors , je vais changer ma phrase d’ailleurs, parce que le verbe “attaquer” entretient cette notion de lutte. On va plutôt s’atteler à une chose après l’autre, s’atteler en équipe. C’est pour ça que je veux sortir de cette notion de lutte.

Donc , on va s’atteler à améliorer une chose après l’autre. Ça veut dire que pendant un certain temps, les autres difficultés, qu’on a et qui ne sont pas listées dans les premières priorités auxquelles on veut s’atteler, vont être résolues plus tard. 

La notion de “On ne peut pas renoncer ou repousser”

Sur ces difficultés, on va effectivement décider consciemment d’y attacher moins d’importance et de moins s’agacer là-dessus. Alors c’est facile à dire ! Je vous entends déjà ! On me l’a déjà dit quand je parlais en atelier de parents, par exemple, de ce concept de choisir ses batailles. Il y a des choses sur lesquelles “on ne peut pas renoncer ou repousser”. 

C’est-à-dire , on ne peut pas les mettre en pause. Avec mon exemple de tout à l’heure, sur le départ à l’école le matin, on ne peut pas le mettre en pause. Il faut bien partir à l’école le matin. OK, c’est vrai, on ne peut pas le mettre en pause. 

Nos sentiments sont créés par nos pensées.

Par contre, la raison pour laquelle on s’énerve, la façon dont se passe finalement le départ à l’école le matin, c’est parce qu’on pense que ça devrait se passer autrement.

Attention, ce que je dis là est lié à nos principes, qui sont en fait assez profonds et forts. C’est le fait que nos sentiments sont créés par nos pensées. Les circonstances sont neutres, et c’est ce que nous nous racontons sur la situation, qui crée ces sentiments d’énervement.

Nier à la réalité

Je vous donne un exemple, on ne va pas s’énerver quand notre enfant de quatre mois ne met pas ses chaussures à la sortie de la maison. Bien sûr que non ! On ne va pas s’énerver, parce qu’on trouve normal qu’il ne mette pas ses chaussures. Si on s’énerve avant de partir à l’école ou de la façon dont ça se passe, c’est parce que quelque part, on a un discours interne qui dit : ça ne devrait pas se passer comme ça ! 

Et quand on dit : ça ne devrait pas, on est en train de nier la réalité, parce que même si ça ne devrait pas, il se trouve que c’est une réalité. 

Ne pas renoncer mais tolérer

C’est comme ça que ça se passe, je ne dis pas forcément qu’on a tort là-dessus, je vous encourage juste à voir le fait que c’est notre discours interne, qui crée cet agacement. Donc, si on décide pendant un certain temps de mettre la question du départ à l’école et des difficultés pour ce départ à l’école de côté, et de se dire pendant un certain temps, j’ai confiance, ça va s’améliorer, mais ce n’est pas ce sur quoi je mets mon énergie pour l’instant. Donc, je vais plus accepter que pour l’instant, ça se passe de cette façon-là. Et après, on verra comment faire pour changer ça.

Déjà, on peut se mettre dans une position de moins s’agacer pour ça. Ainsi, on ne renonce pas , mais on va être plus tolérant sur la façon dont ça se passe dans les moments qui ne sont pas dans nos premières priorités.

Chercher la coopération

Ensuite, pour les moments pour lesquels on veut dépenser de l’énergie, c’est sur ces moments-là qu’on met la priorité sur notre liste. En disant cela, on va améliorer la façon dont ça se passe : je suis fatigué(e) de me battre tous les jours pour qu’ils aillent se doucher, par exemple.

Eh bien ! On va effectivement, dans ce cas-là, chercher la coopération. Moins vous ferez de reproches dans les moments d’énervement, et plus ce sera facile d’obtenir la coopération. 

Parce qu’on a plus envie de coopérer avec quelqu’un qui est dans l’échange, la connexion, dans l’encouragement, qu’avec quelqu’un qui nous fait des reproches tout au long de la journée, même si à ce moment-là en particulier, il n’est pas en train de nous faire des reproches (il est en train d’accepter l’apprentissage !). 

Vous voyez l’idée, c’est l’ambiance générale qui compte ! Il est aussi très important de choisir ses batailles, et ce que l’on met en priorité. 

Alors comment fait-on cet apprentissage ? C’est là que l’on sort “nos outils” et les croyances d’éducation positive : vous obtiendrez toujours plus de résultats en impliquant l’autre. 

C’est-à-dire, que plus vous imposez les choses, plus vous considérez que vous savez comment faire, que c’est vous qui dites et que votre enfant n’a qu’à faire, parce que vous lui dites de faire ça (et c’est tout !), et moins vous aurez de chance que ça fonctionne ! Parce que personne n’a envie d’être une marionnette. 

Donc, la coopération permet de réussir à ne plus avoir besoin de la lutte pour la douche par exemple, ou de lutter pour partir à l’école. 

Comment on va faire pour que ça s’améliore ?

Alors en l’occurrence, c’était moi ! Je me souviens avoir consciemment dit à ce moment-là : on va s’améliorer, parce qu’on est régulièrement en retard. Et je n’aimais pas le moment de stress de départ. Je me suis dit OK, comment faire pour que ça s’améliore ? 

Et au moment où vous décidez ça,  c’est important d’impliquer vos enfants. C’est-à-dire que le but n’est plus d’être dans la lutte. Vous avez donc la possibilité de les faire rentrer dans votre équipe et de leur parler de ce que vous cherchez à obtenir. 

Typiquement, pour cette histoire de retard à l’école, je me suis assise avec les enfants et j’ai dit : voilà, je me rends compte que souvent, quand on part à l’école, on prévoit que l’on part à quinze et puis en fait, on sort à vingt, vingt-cinq.

Et du coup, c’est un moment de stress. Parce que mettre les chaussures et le blouson, ça met beaucoup plus de temps que ce qu’on avait prévu . Et à ce moment-là, je me sens très tendue. Personnellement, j’aimerais bien qu’on arrive à ce que ce soit plus détendu avant et qu’on parte vraiment à quinze. En fait, je me rends compte que je suis en train de mettre cette contrainte, sans vous avoir consulté. Est-ce que ça vous conviendrait de partir à quinze ? Et en l’occurrence, ils étaient tous les deux complètement d’accord. 

Et évidemment, eux non plus ne trouvent pas ça agréable, ce moment de lutte et de stress du matin. Ainsi, on peut en discuter ensemble : quelles idées a-t-on pour faire face à ça ? Pour que ça s’améliore, pour que ce soit plus facile, etc. 

Et dans ces moments-là, on essaye de les laisser suggérer, de les laisser proposer des pistes. Et je vais aller encore plus loin, non seulement vous pouvez essayer de les laisser suggérer des pistes, mais aussi, essayer de ne pas réagir trop vite à ce qu’ils disent.

C’est-à-dire que quand ils suggèrent des idées, qui ne vont pas fonctionner, parce que vous le savez déjà, que ce n’est pas possible, etc. Ne dites pas trop vite que ce n’est pas possible. Dites ok, ça, c’est une idée. Quoi d’autre ? Et est-ce que ça, ça pourrait fonctionner ? Et les encourager à s’interroger eux-mêmes. 

Parce que si trop rapidement, face à la question : comment pourrait-on faire pour partir plus tôt, il y en a un qui dit : c’est facile, il suffit de se réveiller un quart d’heure plus tôt. Et que vous, vous dites moi, je ne suis pas d’accord pour me faire un quart d’heure plus tôt. Ou alors que vous dites non, ça ne marche pas, parce que j’ai déjà fait ça, et en fait, on traîne autant . 

Si tout de suite vous dites non, pour une raison ou pour une autre, ça leur coupe la parole : quoique je dise de toute façon, moi, mes idées, elles ne sont pas bonnes ! Donc, ce n’est pas la peine de suggérer de nouvelles idées. Ainsi, même si moi je n’ai aucune envie de me lever un quart d’heure plus tôt, je vais commencer par réagir en disant : OK, se lever un quart d’heure plus tôt, ça pourrait être une idée, est-ce qu’on en a d’autres ? Et quand on revient sur les idées ou sur le coup, dire OK.  Et comment ça se passerait : est-ce que tu penses que dans ces cas-là, on aurait le même rythme ? Pourquoi penses-tu que l’on a besoin d’un quart d’heure de plus ? Etc. On discute ensemble et on cherche des solutions ensemble. Voilà, je vais m’arrêter sur la démarche de recherche de solutions. 

Si vous voulez plus de détails sur comment faire une recherche de solutions avec les enfants, je vous encourage à aller lire sur le blog l’article qui s’appelle “Trois manières de résoudre un conflit”

Cependant, je pense que vous avez compris l’idée : à chaque situation que vous cherchez à améliorer, il faut chercher à les impliquer et à travailler ensemble, en équipe. 

Se focaliser sur le progrès

Et puis, la dernière attitude qui vous aidera vous et vos enfants, à préserver votre énergie, c’est de vous focaliser sur le progrès.

C’est-à-dire que, quand vous mettez en place quelque chose, quand vous cherchez à améliorer quelque chose, voyez ce qui réussit, voyez les avancées qui sont faites ! Ne cherchez pas tout de suite à être au sommet de la montagne. On en revient à cette notion d’apprentissage et ça, ça va tout changer parce que ça changera aussi votre regard

Ainsi, vous verrez l’énergie que vous économiserez, parce que vous serez dans une énergie bien plus positive, en ayant remarqué que votre enfant avait rangé la boîte de céréales le matin, plutôt qu’en remarquant qu’il n’a toujours pas mis ses affaires au lave-vaisselle. 

Et même s’il n’a pas fini la démarche, il y a un progrès par rapport à avant. Et ce progrès-là montre que peu à peu, les autres étapes vont pouvoir être franchies également. Ça vous encourage à continuer et ça encourage fortement votre enfant à continuer sur cette voie. 

Voilà, j’espère que ce podcast vous aura aidé pour éviter de vous user à répéter encore et encore les mêmes choses, à être dans la lutte au quotidien. Si vous voulez aller plus loin sur ce chemin et améliorer les échanges avec vos enfants, la meilleure solution est de vous inscrire à la formation Point de rencontre, qui vous permettra d’aller plus en profondeur  dans les approches parentales, qui aident aux échanges, à la connexion et dans les outils concrets pour mettre ça en place. 

En attendant, si vous pensez que ce podcast peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à en parler, à le partager et à suivre évidemment les prochains numéros sur la plateforme que vous préférez !

À bientôt.

Être parent, ça demande une sacrée énergie ! Et j’ai tendance à penser : encore plus quand on veut avancer sur le chemin de la parentalité positive, sur lequel les attitudes parentales que l’on cherche à adopter ne sont pas toujours celles qui nous viennent spontanément…

Il est donc important, pour incarner le plus souvent possible le parent que l’on a envie d’être, de préserver notre énergie.

Et cela se joue sur deux plans :

veiller à notre propre énergie, de manière interne,

de préserver notre énergie dans nos interactions avec nos enfants.

Aujourd’hui, je vous parle de notre propre énergie…

La prochaine fois, nous nous focaliserons sur nos attitudes parentales.

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Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Préserver son énergie   

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de préserver son énergie. Ce podcast est le premier de deux podcasts sur le sujet.

Pourquoi parler de ce sujet ?

Parce qu’il faut être honnête, quand on avance sur le chemin de la parentalité positive. Cela demande de l’énergie, c’est réellement un apprentissage. Ce n’est pas en adéquation avec ce qu’on a reçu, ni même avec ce qu’on voit encore au quotidien. Être un parent qui cherche à développer la parentalité positive, la parentalité bienveillante, c’est encore fonctionner à contre-courant, bien que ce soit de plus en plus connu, répandu, accepté, validé.

Validé, c’est un bon terme, parce que je pense que pour le coup, il n’y a plus beaucoup de personnes, qui sont en tout cas des connaisseurs, qui sont contre les principes de la parentalité positive.

On peut critiquer la pression que ça peut mettre aux parents, le côté injonction de la question. Mais les bienfaits, les bénéfices de la parentalité positive ne sont plus à prouver. Et d’ailleurs, il y a de plus en plus de démarches au niveau gouvernemental pour aller vers plus de soutien des parents dans un cadre de bienveillance. Alors, je m’égare un petit peu là ! Ce que je veux dire par là, c’est que ça reste encore différent du modèle qu’on a, et ça demande d’autant plus d’énergie dans notre apprentissage.

Comment apprendre la parentalité positive ?

En fait, je dis souvent à mes clients qu’apprendre la parentalité positive, c’est un peu comme apprendre une langue, c’est-à-dire que ça demande réellement, d’une part, de se former, d’apprendre la théorie, la grammaire, les outils, les formulations, mais également de s’entraîner, de se tromper et de pratiquer.

C’est comme une reprogrammation, un petit peu, de certaines zones de notre cerveau, qui avaient l’habitude de s’accrocher à des principes et des croyances, qui nous semblaient évidents et qu’on est en train de remettre en cause, de bousculer. C’est inconfortable, et  quand c’est inconfortable, ça demande encore plus d’énergie.

2 plans différents

Alors cette énergie, on va y veiller sur deux plans différents. Et c’est pour ça que j’ai coupé ce podcast en deux parties, puisqu’il était un peu long la première fois que je l’ai enregistré tout d’un coup. Donc, je recommence.

Et aujourd’hui, je vais me focaliser sur le fait de veiller sur notre propre énergie, indépendamment de notre rôle de parent. Et la prochaine fois, je vous parlerai de l’énergie qu’on gaspille “dans nos attitudes parentales”, l’usure de la répétition, en particulier.

Pourquoi parler de notre énergie ?

Parce que vous le savez, vous l’avez vu, chez les enfants comme chez nous, plus on est fatigué et moins on a de patience. moins on arrive à piocher dans nos ressources, plus on a l’impression que nos outils ne sont pas disponibles, qu’on n’en est pas capable. Et c’est comme si, parfois, on n’avait rien appris finalement.

Comme s’il y avait une personne en nous qui connaissait la théorie, qui s’en était nourrie, formée. Et puis cette personne-là, elle n’est plus accessible dans les moments où nous sommes vides. Parce que, comme ce ne sont pas encore des réflexes, notre cerveau va au plus vite à ce qu’il connaît.

Or, pour réussir à employer nos méthodes, pour réussir à se recentrer sur nos priorités, sur le parent qu’on a envie d’être et comment il se comporterait, il faut avoir une démarche consciente. On n’est pas encore complètement compétent de manière inconsciente. C’est le stade ultime des étapes de l’apprentissage d’être inconsciemment compétent.

Pour l’instant, comme on est encore en train d’apprendre, parfois, on est carrément, consciemment incompétent, c’est-à-dire qu’on se rend complètement compte que ce qu’on fait ne correspond pas. Mais dans certains moments, on réussit, on est souvent encore consciemment compétent, c’est-à-dire qu’on arrive à faire ce qu’on a envie de faire,  mais il faut pour cela faire intervenir notre conscience.

Or, quand on est vidé, on n’arrive pas à prendre le recul qu’il faut pour être conscient, pour agir en conscience.

Donc, la première étape, pour réussir à rester sur ce chemin de la parentalité positive, même si de temps en temps, on va faire des détours et c’est naturel, c’est de veiller à notre propre énergie.

Le sommeil

Alors, à quoi est liée notre énergie, notre fatigue, le fait d’être vite dépassé(e) ? D’abord, c’est tout simplementlié au sommeil, et c’est exactement comme les enfants. Comme vous le savez, les jeunes enfants, qui n’ont pas fait la sieste par exemple, vont râler toute la soirée. Quand ils se couchent trop tard, le lendemain, c’est difficile, ou alors en fin de soirée, c’est difficile.

Combien de fois m’est-il arrivé de me dire que les enfants pouvaient attendre un peu ? Et puis finalement, la fin de soirée se passait mal et il aurait mieux valu les coucher plus tôt. Finalement, c’était plutôt désagréable, pour nous comme pour eux. Donc la première chose, c’est le sommeil.

La difficulté, c’est de se mettre à dormir plus. Parce que c’est vraiment ça, concrètement, en tant que parents, on peut décider de dormir plus. Et comme ça, on sera plus en forme, plus reposé(e), plus patient(e) avec nos enfants.

La difficulté de cette situation, et c’est souvent ce que me disent les parents, auxquels je souligne l’importance du sommeil pour eux, c’est qu’ils me disent : oui, mais entre le moment où mes enfants se couchent et le moment où moi, je me couche, c’est en fait le moment où j’ai du temps pour moi ! Et donc, je n’ai pas envie de me coucher plus tôt. De plus, si mes enfants se couchent tard, je me retrouve à ne plus avoir de temps pour moi.

Trouver des espaces pour soi

Et pourtant, j’en ai besoin de cet espace. Et évidemment, je le comprends très bien ! On va en parler un peu plus tard, parce que ça fait aussi partie de cette démarche : de veiller à notre propre énergie, d’avoir des choses pour soi, des moments pour soi, en tout cas de faire des choses qui remplissent notre réservoir d’énergie.

La question, c’est : est-ce que dormir remplit aussi notre réservoir ? Donc je vous encourage à vous poser la question : comment pouvez-vous faire si vous avez effectivement l’impression que dormir un peu plus, vous ferait du bien, tout en ne changeant pas toutes vos habitudes forcément ? Je ne dis pas qu’il faut systématiquement, tous les soirs, se coucher plutôt que ce que vous avez l’habitude de faire.

Mais, c’est une des idées que je suggère au début de la formation Point de rencontre, une formation pour améliorer en profondeur les échanges avec vos enfants. Il y a peut-être d’autres pistes que vous pouvez explorer. Par exemple, à un moment, ce que je faisais, c’est qu’au lieu de me coucher un peu plus tôt chaque soir, je ne changeais pas mon heure habituelle de coucher mais, un soir par semaine, je me couchais beaucoup plus tôt (vers 21h, 21h30, j’étais au lit) et ça me permettait de recharger les batteries pour la semaine.

Tenir vos promesses envers vous-même

Alors, ce n’est pas forcément la meilleure méthode, ça dépend des gens, ça dépend de comment vous fonctionnez. Mais dans tous les cas, je vous encourage quand même à réfléchir à ça et aussi à comment “tenir vos promesses envers vous-même”. C’est-à-dire que si vous vous levez le matin en vous disant : “Oh là, là, je suis fatigué(e) ce matin, c’est difficile, ce soir, je me coucherai tôt”.

Essayez de vous faire confiance ! Ainsi, le soir, en vous couchant tôt, vous pourrez vous dire, je m’étais fait une promesse, j’ai envie d’être plus reposée et donc je me couche plus tôt. Même si pour une soirée, vous ratez un peu du temps pour vous-même.

J’insiste donc un peu là-dessus, ça a l’air évident, mais c’est souvent quelque chose qu’on néglige.

Le stress peut facilement nous épuiser

Ensuite, il y a évidemment tout ce qui est rythme, stress, qui peut facilement nous épuiser. Plus on a une vie stressante, et plus notre niveau d’énergie est bas, vide. Alors ça passe évidemment par une vie professionnelle, qui peut être stressante. On entend souvent ça : “Quand je rentre du travail, je suis déjà agacée. J’ai eu une dure journée et je n’ai plus la patience de faire face aux enfants”. Et je ne vais pas vous dire de changer de travail, d’abandonner ou de démissionner.

Peut-être que votre travail vous nourrit, peut-être que vous aimez certains aspects de ce travail et tant mieux, enfin, même beaucoup j’espère! Alors, sur ce plan-là, j’ai encore plusieurs questions à soulever. Ce ne sont pas des conseils que je vous donne, ce sont des questionnements que je voudrais vous encourager à vous poser régulièrement ! Parce que chacun est différent et vos solutions ne seront pas les nôtres, votre solution ne sera pas celle de votre voisin, de votre voisine. Donc, je vous encourage seulement à être conscient de vos choix et de vos décisions.

Fixer la limite

Par rapport à ce travail, si c’est vraiment une question de rythme et de fatigue, vous pouvez peut-être vous interroger sur l’opportunité de parfois terminer un peu plus tôt. Fixez votre limite différemment. Souvent, on fixe soi-même une limite, même de façon inconsciente, de l’heure à laquelle on part. De toute façon, on n’a jamais terminé son travail. Il va falloir le reprendre le lendemain.

Et donc, quelque part, si vous ne rentrez pas à 22h30, c’est bien qu’à un moment vous avez décidé qu’à 19h, c’était terminé.

Donc 19h, c’est OK ! Et si vous décidiez que vous finissiez à 18h30, est-ce que ça changerait réellement quelque chose ? Il y a des expériences qui ont été menées dans les pays où les gens travaillent beaucoup moins longtemps. Et, il en ressort qu’ils ne sont pas du tout moins productifs. Au contraire, ils sont beaucoup plus efficaces pendant le temps de travail à leur disposition. Donc ça, c’est une première question.

Poser son intention

La deuxième, c’est aussi l’image que vous renvoyez à vos enfants.

Alors ça, c’est un peu une digression. Ce n’est pas vraiment le côté énergie, mais c’est intéressant, parce qu’on se rend compte qu’on a souvent une certaine attitude face à nos enfants. Le soir, après le travail, voici une phrase type : “Attend ! J’ai eu une grosse journée, je suis fatigué(e). Je n’ai pas envie de passer plus du temps avec vous, je n’ai pas la patience”.

Mais finalement, dans ce cas-là, on leur transmet que du négatif et non pas le fait que notre travail peut aussi avoir des aspects chouettes. Donc, ce serait intéressant, et ça nous mettrait du baume au cœur, de nous dire : “Qu’est-ce qui était chouette dans mon travail aujourd’hui ?” Et donc de transmettre cette idée positive pour nous, et pour nos enfants également.

Déjà, ça va changer notre attitude ! Et enfin, si vous avez aussi ce problème de “stress du travail”, qui vous empêche d’être un peu plus tranquille et patient(e) le soir, je vous encourage à avoir un petit espace au moment où vous rentrez chez vous, pour ce que j’appelle : poser son intention.

Technique utiliser pour poser son intention

Et là-dessus, j’ai un article sur le blog qui s’appelle “La joie comme intention”, où j’expliquais, la technique que j’utilisais à un moment : quand je rentrais chez moi, je m’arrêtais une minute avant d’ouvrir la porte, pour laisser de côté toutes mes énergies négatives et pour me mettre dans une intention de joie au moment de retrouver mes enfants.

Parce que je m’étais rendue compte que sans faire ça, en fait, j’arrivais un peu fatiguée, avec l’envie de juste me poser et d’avoir justement quelque part cette parenthèse, cet espace de pause avant de rentrer dans la vie familiale. Et mes jeunes enfants, ils se précipitaient vers moi, tout joyeux : “Maman !”, tout contents de me retrouver. Et moi, je n’étais pas dans une bonne énergie pour les accueillir, alors que j’avais envie de savourer ce moment (parce qu’ils ne vont pas se précipiter vers moi en courant, en disant maman, jusqu’à la fin de leur vie).

Donc je me posais un peu, avant d’ouvrir la porte et je me donnais une petite minute à moi-même, pour respirer et pour me reconnecter à la joie que j’avais envie de ressentir quand j’ouvrirais cette porte. Et effectivement, ça changeait mon humeur quand je les  retrouvais.

Calmer le rythme

Voilà donc, ça, c’est l’aspect concernant le stress. Mais dans le terme rythme, il y a évidemment aussi le fait de faire moins de choses. C’est-à-dire qu’on parle, vous en avez peut-être entendu parler, de slow life, de slow parenting ou même, de réellement calmer le jeu en termes de choses à faire dans notre vie, de rythme de vie que l’on s’impose.

Donc, ça veut dire peut-être moins d’activités pour soi, ou pour les enfants. Donc, il est nécessaire parfois de faire des choix.

Ce n’est pas forcément ce qui vous correspond, mais il peut être nécessaire de calmer le rythme et de ne pas chercher à organiser des choses sans cesse, mais prendre juste le temps de profiter de l’instant, de vivre le moment sans avoir d’attentes. Souvent, ça aide aussi à préserver son énergie.

Trouver des choses qui nourrissent notre énergie

Une autre chose qui est importante, c’est de savoir quelles sont les choses que vous prévoyez. Parce que parfois aussi l’énergie, ça ne passe pas par faire moins de choses, mais bien par faire des choses qui nourrissent notre énergie, c’est-à-dire qu’il y a des choses qui nous mettent en énergie et d’autres qui nous vident.

Donc, c’est aussi à nous d’identifier quelles sont les choses qui sont réellement un plaisir,  celles qui nourrissent notre énergie, qui remplissent notre réservoir. Et puis celles qui, au contraire, vont nous user. Et il y a un petit exercice qui est intéressant pour ça, que vous pouvez faire tout(e) seul(e) ou en famille.

Il s’agit de faire la liste de ce qui vous fait du bien, de ce qui vous nourrit, de ce qui vous permet de vous sentir bien, de remplir votre réservoir. Le réservoir affectif, dont on a tous besoin pour avoir de bonnes relations en famille. Identifiez ce qui vous fait du bien, que ce soit seul(e) ou à plusieurs, et essayez de faire les faire un peu plus souvent. Et vous voyez que là, je ne suis pas dans le faire moins de choses, mais je suis dans le plus d’actions qualitatives à faire. En effet, c’est faire des actions supplémentaires qui vous plaisent, qui vont vous remplir en énergie. Et ça, c’est important !

Réagir avant que le réservoir soit vide

J’ai partagé récemment avec certains d’entre vous sur les réseaux sociaux avant de faire cet épisode. Et j’ai noté cette notion très importante, que m’a partagé une de mes clientes, de mes lectrices, qui m’a dit que pour elle, l’important, c’est de réagir avant que le réservoir soit vide.

Et là encore, on revient à cette notion de conscience, c’est-à-dire que souvent, quand on se dit qu’on a besoin de remplir notre réservoir, c’est qu’il est trop tard. On s’en rend compte parce que justement, on a dérapé, parce qu’on était usé(e)s, parce qu’on a perdu nos capacités, nos ressources parentales ou autres. Cependant, ça peut aussi se passer dans d’autres contextes, comme dans le couple par exemple. En effet, on peut réagir autrement que ce qu’on aurait voulu, et différemment de ce que l’on sait faire d’ailleurs.

Donc, ça nous fait en plus tomber dans la culpabilité, le cercle vicieux, etc… Donc avant d’en arriver là, une bonne pratique, c’est de se poser la question sur l’énergie. Et peut-être que c’est un peu ce que je vous disais tout à l’heure, sur cet espace à se donner avant de rentrer chez soi en rentrant du travail. Peut-être que c’est aussi un bon moment pour se donner l’occasion de se poser cette question justement, “Où en suis-je en termes d’énergie ?“ La réponse peut être : “Ah oui, ça va super bien, je n’ai aucun problème, je suis de bonne humeur, plein(e) d’énergie et plein(e) de patience”. Ou est-ce que la réponse est plutôt : “ Je n’en ai plus beaucoup et il va falloir que j’y veille ”  Et dans ces cas-là, n’hésitez pas à le communiquer aussi au reste de votre famille : “Je suis contente de vous retrouver et à la fois je me rends compte que je suis fatigué(e), que j’ai peur de ne pas être très patient(e), est-ce que vous seriez OK pour me laisser dix minutes pour un temps avec moi-même, pour remplir mon énergie (par exemple, avec une de vos activités que vous aviez identifiée comme vous faisant du bien) ?”

Voilà, cette notion de réagir avant qu’il soit trop tard. Ce n’est pas forcément facile, c’est-à-dire que ce n’est pas évident au départ de développer cette conscience de son niveau d’énergie. Donc, je vous encourage justement à le faire régulièrement.

Tomber au fond de notre réservoir

Et puis, quand vous n’avez pas pu le faire et que vous êtes tombé(e) au fond de votre réservoir, que vous étiez vide et que vous aviez mal réagi, dites-vous qu’à ce moment-là, vous avez fait de votre mieux. Votre mieux n’était pas top, mais c’était de votre mieux : si vous avez réagi comme ça, c’est que vous n’aviez pas pu faire autrement. Et donc, il n’est pas question de rester englué(e) dans une culpabilité qui vous fait vous dire que vous n’êtes pas capable.

C’est plutôt : comment je peux faire pour la prochaine fois, réagir avant d’en arriver là pour que mon mieux soit mieux ?

Voilà, j’espère que ça vous donnera des pistes. Et donc, dans mon prochain épisode, je vous parlerai plutôt de comment préserver son énergie réellement dans nos attitudes parentales avec nos enfants,  pour éviter de s’user à répéter à l’infini les mêmes choses.

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À bientôt.

Etre parent n’est certainement pas de tout repos. Le fait d’accompagner nos enfants vers les adultes qu’ils seront est une lourde responsabilité, et nous cherchons perpétuellement comment faire de notre mieux. 

Dans nos questionnements, il est rapidement apparu qu’il existait de multiples manières d’être parent… et que certaines étaient plus populaires, ou plus classiques, que d’autres. 

Le “parent bienveillant” est encore hors norme. Comment réussir à garder le cap, lorsque l’on se sent à contre-courant ? 

— Note :  cet article a d’abord été publié dans Grandir Autrement, numéro 81 de mars-avril 2020 —

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Une démarche éducative alternative

Pour certains d’entre nous, l’éducation bienveillante était une évidence. Pour les plus chanceux, cela leur est même venu naturellement. Mais nous sommes nombreux à ne pas être tombés dedans lorsque nous étions petits, et à continuer à lutter contre nos réflexes acquis pour développer d’autres attitudes parentales. 

Ainsi, nous nous retrouvons dès le départ hors de notre zone de confort, dans notre cheminement vers une éducation plus respectueuse de l’enfant que celle que, souvent, nous avons reçue. La société continue à nous renvoyer un modèle très vertical, qui ne correspond pas à nos aspirations, et crée par là-même la première grande difficulté du parent à contre-courant : le doute ! 

Face aux commentaires de nos connaissances, de certains professionnels même, le parent bienveillant peut prendre peur. Comment être sûr qu’il suit le bon chemin ? Et si c’était une erreur ? Si les autres avaient raison ? Dans cet environnement qui nous ramène encore et toujours à un style éducatif dans lequel l’adulte se place au dessus de l’enfant, il s’agit d’avoir une certaine assurance pour continuer à croire en nous, en notre démarche. Garder le cap demande d’être réellement convaincu. Alors, plus nous avancerons, plus nous consoliderons nos principes, plus nous serons solides et moins le doute nous envahira. A nous donc de bien choisir nos lectures et nos fréquentations pour aider cette avancée, créer pour nous-mêmes un environnement qui nous soutiendra. 

Malheureusement, ce doute n’est pas le seul obstacle en travers de notre chemin…

Le regard des autres

Voici à présent la gêne, voire la honte qui apparaissent. Car, bien que nous sachions bien où nous voulons aller, ce que nous cherchons à développer dans la relation avec nos enfants, nous ne savons pas toujours comment bien réagir au regard des autres lorsque nous ne sommes pas en maîtrise de la situation. Ce qui, convenons-en, arrive régulièrement. Voici quelques conseils pour ce genre de cas. 

Commençons par appliquer l’un des accords toltèques : “Ne faites pas de supposition.”. Il trouve tout à fait sa place ici, car c’est dans notre tête que se situe l’interprétation du regard de l’autre. Elevés pour ne pas déplaire, nous laissons nos craintes prendre le contrôle de nos pensées et nous proposer les interprétations les plus pessimistes. Il devient alors évident que la pensée de l’autre est : “Qu’est-ce qu’elle se débrouille mal ! Elle ne va pas le faire taire ??”. Mais la réalité est qu’il est également possible que cette pensée soit : “Oh, la pauvre… je me souviens de moments avec mes enfants où je n’y arrivais pas mieux !”, ou bien même : “Dis donc, je suis impressionnée qu’elle arrive à garder son calme face à cette crise !”. Evitons donc de broder, et concentrons-nous plutôt sur la partie de la situation qui nous concerne. 

Ce qui m’amène tout naturellement à mon deuxième conseil : se recentrer sur le principal. Car, dans le fond, même s’il s’avérait que l’autre pense réellement ce qui correspond à notre pire interprétation, quel est le plus important pour nous ? De convaincre cette personne que nous ne sommes pas un mauvais parent – selon ses critères en tout cas -, ou de réellement faire ce que nous pensons être le mieux pour notre enfant ? Nous rejoignons alors la question du doute. Plus nous aurons confiance en nos choix éducatifs, et plus il nous sera facile de nous détacher du regard de l’autre pour nous concentrer sur ce qui compte vraiment : notre enfant, notre relation avec lui, et ce que nous lui enseignons dans la situation qui se présente. 

Enfin vient mon troisième conseil, même si je sais d’expérience que cela prend un peu plus de temps. Une fois que nous avons éliminé les suppositions, et que nous sommes restés focalisés sur le principal, nous sommes prêts à inverser complètement la perspective. Fiers d’être restés cohérents avec nos principes, avec nos valeurs, nous pouvons nous permettre de savourer. Nous réjouir de ce que nous réussissons à apporter à nos enfants, malgré le regard des autres. (qui peut même, dans notre esprit en tout cas, devenir admiratif !)

L’entourage de notre enfant

Reste toutefois une difficulté majeure : les autres facteurs d’influence ! Car notre enfant ne reste généralement pas dans notre giron. Il va bénéficier et subir d’autres influences que la nôtre. Or, lorsque l’on est un parent à contre-courant, il y a fort à parier que les influences en question ne soient pas toujours alignées avec ce que nous cherchons à développer chez lui. 

Face à cette réalité, les points de vue sont partagés. Certains pensent qu’il est bon que l’enfant apprenne également ce qu’est “la vraie vie”, et qu’il sache s’y adapter. D’autres, au contraire, cherchent un environnement alternatif, pour éviter que l’enfant soit trop rapidement plongé dans le grand bain.

A chacun de trouver la solution qui lui convient. Dans tous les cas, il est clair que l’enfant aura certainement besoin d’être accompagné dans ses découvertes et sa compréhension des choses. Comprendre que certains adultes trouvent normal de crier et de punir, par exemple. Pourquoi ils font cela, comment y réagir. Comprendre que les relations qui ont parfois lieu dans les cours d’école ne correspondent pas toujours à ce que nous cherchons à développer dans notre foyer… 

Cela passe forcément par une certaine acceptation de notre part : l’acceptation que nous n’avons qu’une zone de contrôle limitée. Changer tout l’entourage est illusoire. Le mieux est probablement d’agir au mieux sur ce que nous contrôlons vraiment, c’est à dire nous-mêmes.

Alors, nos enfants seront capables de transmettre leurs propres limites. C’est ainsi que les miens ont su me dire qu’ils ne voulaient plus aller dans un certain stage, où les animateurs criaient trop. Ayons confiance en eux.