Archive d’étiquettes pour : conscience

S’il n’existe pas un seul style d’éducation, ce n’est pas seulement parce qu’il n’existe pas de recette magique, mais également parce que nous avons tous des manières de fonctionner différentes. Les enfants sont tous différents, les parents également.

Connaître notre personnalité peut nous aider à mieux analyser notre comportement, et les réactions qu’il peut susciter chez nos enfants.

4 styles de fonctionnement

Depuis l’enfance, nous avons interprété notre environnement, et construit peu à peu un style de fonctionnement qui nous est propre.

On pourrait classer ces « styles de fonctionnement » en 4 groupes, en fonction de la priorité poursuivie par l’adulte :

  • le confort
  • le contrôle
  • la volonté de faire plaisir
  • le sentiment d’importance / supériorité

(Ces priorités ont été définies par Nira Kefir, psychologue adlérienne, et reprises dans la théorie de la Discipline Positive.)

Ces styles de fonctionnement ne sont ni bons ni mauvais, et l’objectif de cette analyse n’est pas de nous poser une étiquette, mais bien de mieux comprendre notre fonctionnement, qui, quelqu’il soit, invitera à développer certaines compétences plutôt que d’autres chez les enfants.

La carte dominante et… la 2è carte

En effet, l’exercice qui est en général mené dans un atelier de Discipline Positive est le suivant :
Vous avez 4 cadeaux empoisonnés devant votre porte :
La critique et l’humiliation / Le rejet et l’abandon / L’inutilité et l’insignifiance / Le stress et la souffrance émotionnelle
Vous devrez en accepter trois. Lequel sera celui que vous déciderez de rendre ? Celui dont vraiment vous ne voulez pas ? Dont vous ne supportez pas l’idée ?

Ce que vous cherchez à tout prix à éviter détermine votre carte dominante :

Si vous voulez éviter la critique et l’humiliation, votre carte dominante est le contrôle
Si vous voulez éviter l’inutilité et l’insignifiance, votre carte dominante est la supériorité
Si vous voulez éviter le stress et la souffrance émotionnelle, votre carte dominante est le confort
Si vous voulez éviter le rejet et l’abandon, votre carte dominante est faire plaisir

Le deuxième cadeau que vous choisirez de rejeter sera votre 2è carte.

Ce qui fait la différence entre les deux cartes est bien souvent l’intensité de ressenti attaché à ce qu’on tente d’éviter.

Car nous avons tous envie de rejeter tous ces cadeaux, évidemment ! Mais la force de notre ressenti face à eux est réellement dépendant de chacun. Faites l’exercice avec un ami, avec votre conjoint(e), vous vous en rendrez compte !

Que signifient alors ces notions de carte dominante et de 2è carte ?

La carte dominante est celle que nous aurons tendance à jouer dans un contexte de crise, d’urgence. Je sors ma carte dominante quand je me sens menacé….

Ma deuxième carte est probablement celle qui correspond à mon style de fonctionnement du quotidien. Celle à laquelle j’ai tendance à faire appel dans un fonctionnement « normal ».

La réaction possible des enfants face à notre carte dominante

  • le contrôle

Le but de l’adulte qui joue sa carte « contrôle » est en général de maîtriser la situation et de garder le contrôle de ses émotions. Cependant, l’enfant l’interprète comme une tentative d’emprise, et cela suscite l’opposition !

  • la supériorité

L’adulte est persuadé qu’il ne sera à la hauteur qu’à condition d’exceller. Cela suscite malheureusement chez l’enfant le sentiment de ne pas être capable. Il y a donc risque de désengagement, ou à l’inverse de tout investir pour exceller (pensant que c’est la seule manière d’être aimé)

  • le confort

L’adulte joue la carte « confort » lorsqu’il cherche à éliminer les sources de stress et de conflits. Il imposera donc peu, et risque d’inviter l’enfant à se montrer exigeant, à ne pas prendre en charge la satisfaction de ses besoins. Difficile dans ce cadre d’enseigner la responsabilité sociale.

  • faire plaisir

L’adulte, voulant plaire, a tendance à aller à l’avant des désirs de l’enfant, sans forcément l’couter, puis trouvera ensuite qu’il reçoit peu de gratitude. L’enfant risque de développer l’idée suivante : « Je n’appartiens que lorsque les autres s’occupent de moi. »

Ces styles de fonctionnement sont également des forces

Avant que, vous reconnaissant peut-être dans l’un de ces styles de fonctionnement, vous vous sentiez complètement déprimé et coupable, laissez-moi vous parler des forces de ces styles. Chaque attitude a évidemment ses avantages et ses inconvénients, il ne s’agit pas de se limiter au revers de la médaille !

Repassons donc chacune des cartes pour parler également de leurs aspects positifs.

  • le contrôle

La carte « contrôle » offre en modèle aux enfants des ressources telles que le sens de l’organisation, la planification, le respect de l’ordre, la détermination.

  • la supériorité

L’adulte qui utilise la carte « supériorité » peut encourager les enfants à se dépasser, à développer leurs capacités !

  • le confort

Devant la carte « confort », les enfants apprennent à rendre le quotidien prévisible et confortable, à éviter les situations de stress, et prendre le temps de respirer.

  • faire plaisir

Cette fois, l’adulte fera probablement passer à l’enfant des notions de considération, d’empathie, de réconciliation sans agressivité. (Ah, je vois bien que ce n’est pas ma carte dominante… Ces qualités-là me demandent souvent plus de travail !)

Comment utiliser cette analyse ?

Je crois toujours que, plus nous sommes conscients de notre mode de fonctionnement, plus nous serons à même de l’accepter et d’avancer avec, pour l’utiliser pour sa force plus que pour sa faiblesse.

Comme nous venons de le voir, chacun de ces styles peut aider à développer des qualités chez nos enfants. Pour ne pas tomber dans le piège, à l’inverse, d’inviter chez l’autre ce que l’on redoute chez soi, en devenir conscients nous aidera.

Le livre de la discipline positive encourage d’ailleurs à mener l’exercice suivant, une fois ses cartes identifiées :
réfléchir aux atouts de se carte dominante
réfléchir aux travers de sa carte dominante
ce que cette priorité peut inviter chez les enfants (positif et négatif)
améliorations possibles

Ce travail est également intéressant à mener avec le partenaire, car il est probable qu’il ait une carte différente de la nôtre. Lorsque nous l’aurons compris, nous serons également plus à même de mieux supporter les faiblesses de celle-ci, en s’attachant également à ses atouts, qui seront également à développer, et apporteront à nos enfants ce que nous ne sommes nous-mêmes peut-être pas en mesure de leur apporter !

Dans La discipline positive, Jane Nelsen donne des exemples de comment cette analyse a pu aider certains parents.

De mon côté, j’ai mené cette analyse, et ai identifié que ma carte dominante était le contrôle, et ma deuxième carte la supériorité. Je suis consciente qu’en fonction de nos cartes, nous ne faisons pas face aux mêmes défis parentaux, et que le chemin à suivre pour avancer sera à adapter !

-> Nous menons également cette analyse dans la formation POINT DE RENCONTRE.

Si vous aussi, vous voulez mieux vous connaitre, et vous servir de vos forces tout en évitant les pièges de votre style de fonctionnement, rejoignez les parents qui cheminent avec POINT DE RENCONTRE !

“Voie sans issue”…
Cette photo représente bien ce que nous pourrions ressentir en vivant à Puerto Rico en ce moment ! La tentation est forte en effet de se laisser abattre, de baisser les bras face à l’ampleur de la tâche.
Mais ce n’est absolument pas ce que font les gens ici.
Il s’agit au contraire d’avancer, et d’avancer. Peu à peu.
Des-pa-ci-to, comme le dit cette chanson portoricaine qui a fait le tour du monde !
A l’école, il y a eu quelques dégâts, bien sûr, comme partout.
Mais tout le monde s’est mobilisé.
Deux jours après l’ouragan, comme dans toutes les organisations, moins de la moitié du personnel avait pu être jointe. Et peu se présentaient. Parce que les poteaux de téléphones sont tombés, parce que les routes étaient bloquées (par l’eau, par les arbres), parce que les gens manquent d’essence.

Et pourtant, trois jours après l’ouragan, la communauté était présente : non seulement le personnel qui le pouvait, mais également parents et enfants. Pour balayer, évacuer la route, tirer les branches d’arbres, couper les troncs…

La mobilisation dans les rues est impressionnante !
Et voilà pourquoi je suis ravie d’être ici avec mes enfants.

La situation n’étant franchement pas facile, beaucoup de femmes et enfants s’en vont chez des amis aux US, laissant la situation se rétablir. Il parait qu’à l’aéroport, c’est la lutte !  Je ne les blâme pas, c’est vrai qu’on a pour l’instant l’impression de lutter quotidiennement. J’ai du mal à croire que cet ouragan date seulement d’une semaine…

Et pourtant, ce matin-même, je répondais à une amie de Boston qui me proposait de les rejoindre, que j’aurais l’impression d’abandonner Puerto Rico.

Ce n’est pas le moment de partir.
C’est le moment de découvrir un autre monde.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants les économies d’énergie.

Nous avons la chance d’avoir un générateur dans l’immeuble. Mais la lutte pour le diesel pour qu’il fonctionne est rude. Donc, l’immeuble a mis en place des horaires de fonctionnement. Et quand il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas non plus d’eau, car il faut une pompe pour la faire monter.

Nous ne mettons donc plus la climatisation, les fenêtres sont grandes ouvertes, l’air circule un peu, mais nous avons très chaud, et les moustiques entrent (espérons que personne n’attrape le zika…). Une seule chambre avec climatisation la nuit : nous dormons tous les 6 dans la nôtre !
Le frigo n’est pas ouvert dans les horaires sans électricité, il faut pouvoir s’organiser avant, et ne pas manger une barre de céréales, qui se gardera, mais plutôt une mangue, parce qu’elle va se perdre.

Lorsque l’électricité revient, il faut re-remplir les récipients d’eau : pour boire, mais aussi pour se doucher (parce qu’il arrive également que le générateur tombe en panne et que la douche, prévue au moment où il doit être rallumée, ne soit plus possible), et à côté de chaque lavabo pour se laver les mains.

 C’est le moment d’enseigner à nos enfants la compassion.

Malgré toutes ces difficultés, nous faisons réellement partie des chanceux. Ceux qui sont restés dans leur appartement, qui ont gardé toutes leurs affaires, et qui ont un frigo à peu près maintenu !

D’autres histoires nous parviennent, plus ou moins proches : la soeur du gardien a perdu sa maison. Le monsieur de la maintenance doit trouver une manière de couper l’arbre tombé sur un côté de la sienne. La femme de ménage a eu son appartement inondé, et cherche à faire sécher ses matelas, tout en logeant la famille du dessus car le toit s’est envolé. Celle de mon amie est dans un 2ème refuge : celui qu’elle avait rejoint pour l’ouragan s’est écroulé, et elle n’a plus que ce qu’elle portait sur elle. Nous cherchons à lui apporter des choses, mais elle est injoignable. Vous noterez, bien sûr, que c’est toujours la même chose : ce sont ceux qui ont déjà moins qui se retrouvent à perdre ! Et donc…

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la solidarité.

Chercher ce qu’il manque aux gens, trier nos affaires, en donner. Aller déblayer les rues. Oscar aide les personnes plus âgées à monter leurs affaires, en l’absence d’ascenseur. Par deux fois, les gens ont voulu le payer… Je suis contente de savoir qu’il a refusé. Vivons-nous dans un monde dans lequel l’aide gratuite n’est plus possible ? Je veux croire que non.
Nous descendons les poubelles car, sans ascenseur, le seul employé de la maintenance de l’immeuble ne peut pas tout faire. Nous apportons de l’eau au gardien qui n’en a plus.
Nous ne faisons encore pas tout ce que nous pouvons. Mais nous ferons encore. Car Puerto Rico va mettre un sacré temps à se remettre debout. Bientôt, des initiatives plus accessibles se mettront en place.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la patience.

Je crois que c’est le maître mot du moment. Tout va doucement.
Dans une vie dans laquelle nous étions habitués à un rythme de course, cela devient l’inverse.
Attendre.
Attendre que l’approvisionnement du diesel se remette en place.
Attendre que les magasins rouvrent leurs portes. Un par un.
Attendre que les produits arrivent dans lesdits magasins.
Attendre que les messages partent (ou arrivent – en général par groupes !)
Attendre que l’internet revienne.
Attendre que l’école reprenne.
Attendre que les banques rouvrent.
Attendre que l’électricité revienne, chaque jour.
Attendre que Puerto Rico se remette…

“T’es pas gentille” dit ce papa à sa petite fille.

J’ai entendu ça il y peu, dans une librairie. La scène semble anodine, mais elle m’a marquée. Justement pour ce côté anodin.
Car j’étais là depuis un moment, et j’ai vu pourquoi, exactement, le papa faisait ce commentaire à sa fille.
Et j’accorde volontiers le bénéfice du doute à ce papa : si je lui demandais de juger honnêtement si le comportement de sa fille signifiait qu’elle n’était pas gentille, il changerait probablement de formulation. Mais même si je suis parfois tentée, ce n’est pas ma place, ce papa ne me demande rien et ne sera certainement pas réceptif à une quelconque intervention (même si parfois je me sens comme un devoir d’invervenir…).

Mais je m’interroge : comment en sommes-nous arrivés là ?
Je veux dire, depuis quand faisons-nous ainsi des commentaires sans vraiment y réfléchir, sans se demander ce que l’on est vraiment en train de dire ? Depuis toujours, ou est-ce notre société trop bousculée qui a fait ça ? Comment devenir conscient de la portée de nos mots ?

Enfin, je vous raconte.
La petite fille a environ 4 ans.
Elle est accompagnée de ses deux parents, qui choisissent un livre pour elle.
Ils sont donc dans un moment où ils ont du temps, et ont envie de faire plaisir à leur fille.

Je les croise tout d’abord au moment où le livre est choisi. C’est un livre qui devrait faire des sons, il n’en fait pas. La petite fille ne comprend pas.
“C’est parce que je ne l’ai pas encore acheté.” dit sa mère. Visiblement, cette explication n’est pas claire…
Même le père la regarde perplexe. A un adulte, la mère donne une vraie explication : “Tu sais, il faut retirer la languette qui empêche de fonctionner avant.” Ah oui.
Je pense : “Tiens, c’est dommage de ne pas avoir saisi l’occasion d’expliquer cela à sa fille, ça l’aurait surement intéressée !”, et je m’éloigne.

Nos chemins se croisent à nouveau au moment où nous quittons l’étage jeunesse en sous-sol pour remonter au rez de chaussée.
La petite fille observe un étalage. Les livres sont beaux, ils sont intéressants.
Bien sûr, en théorie, tous les parents aiment que leurs enfants s’intéressent aux livres, et ceux-là ne font certainement pas exception à la règle puisqu’ils sont venus là pour lui en acheter un !
J’imagine bien une scène où le papa s’agenouille à son côté, et qu’ils observent les livres ensemble, commentant ceux qui ont l’air chouettes, et pourquoi…
Mais ce n’est pas le moment.
Le papa appelle. Et répète : “tu viens ?”.
La petite fille ne réagit pas.
Il menace : “Je repose le livre ??”
La petite fille le regarde, je suppose qu’elle ne comprend pas bien le lien… et hésite.
Alors le papa commente : “T’es pas gentille !” avant de lui prendre le bras pour la tirer vers l’escalier.

Toujours ce temps, qui nous presse, et que nos enfants ne saisissent pas…

Dans Les lois naturelles de l’enfant, Céline Alvarez explique que le cerveau de l’enfant possède un million de milliers de connexions de neurones, soit trois fois plus que l’adulte ! Car il est prédisposé à apprendre. Toute expérience, toute observation, crée une connexion. Il crée en fait, accrochez-vous bien, 700 à 1000 connexions par seconde !! C’est plus tard que l’élagage a lieu pour ne garder que ce qui est utile, et cela explique pourquoi nous en avons moins que lui.

Si ce papa pouvait garder cela en tête, il pourrait observer les livres avec sa fille, laisser son cerveau faire ses connexions, avant de lui prendre doucement la main pour remonter. Il pourrait lui demander de lui dire quand elle sera prête à prendre l’escalier.

Seulement ce papa ne sait pas. Et ne se pose pas la question.

Je ne le blâme pas, il n’est pas différent de beaucoup d’autres, il a été élevé comme cela, et il n’en est pas conscient.

C’est justement pour lutter contre cela que j’écris ce blog ! Pour que nous soyons de plus en plus nombreux à devenir conscients, à nous interroger, à prendre du recul.

C’est une attitude au quotidien, et ce n’est pas facile !
Il y a à peine 3 jours, j’ai fait une réflexion désagréable à mon fils de 15 ans, pour me faire la remarque 5 minutes plus tard que je n’aurais probablement pas parlé de la même manière à, disons, mon frère ! Devenir conscient, c’est la clef ! Un peu plus chaque jour, pas à pas.

En attendant, ce papa dit à sa fille « T’es pas gentille ! », sans même y penser, et moi je reste là, en espérant qu’elle ne le croira pas…

“Pensez qu’à tout moment vos interactions avec vos enfants reposent soit sur l’exercice d’un pouvoir SUR eux, soit sur l’exercice d’un pouvoir AVEC eux.”
Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, Parents respectueux, enfants respectueux.

Vers laquelle de ces alternatives désirons-nous tendre ?

Il est probable que tout soit là, comme je le soulevais déjà dans cet autre article tournant autour de la notion de pouvoir.

Quand nous cherchons à changer notre mode de fonctionnement en éducation, il nous faut réussir à passer au dessus des modèles reçus. Réussir à modifier notre posture en profondeur.

C’est probablement cet exercice qui est le plus difficile.

Lorsque j’ai commencé à suivre le chemin de la parentalité positive, je n’avais pas conscience que ce n’était pas seulement m’armer d’outils pour aider à développer l’harmonie de la famille, mais que j’avançais également vers des termes tels que coopération, respect, considération…

Des termes que chacun apprécie, que tous considèrent positivement, mais qui sont dans la pratique bien moins appliqués que ce que l’on pourrait espérer.

Car lorsque les parents demandent la coopération de leurs enfants, sont-ils bien eux-mêmes dans une attitude de coopération aux besoins de leurs enfants ?

Lire encore et encore est probablement ma manière personnelle de faire pénétrer le message. Une partie de mon enseignement se joue au niveau de l’inconscient. Je sens que ma posture change, sans toujours en identifier les déclencheurs.

Car chacun a son approche pour traduire ce changement de modèle :
Quand je lis Jane Nelsen, je sens que mon message face à mon enfant est : “Je suis dans ton équipe.”
Quand je lis Faber et Mazlish, je m’ouvre à la connexion par l’écoute emphatique.
Quand je lis Thomas Gordon, j’envisage enfin une éducation “sans perdant”.
Quand je lis Marshall Rosenberg, j’appréhende l’équivalence des besoins de chacun.
Peut-être que cette lecture variée, qui me nourrit, vous inspirera.
Si vous pensez que cela peut être le cas, faites donc un tour par ma bibliothèque.

Si la lecture de ces ouvrages n’est pas votre tasse de thé, ou que vous manquez de temps, le format blog peut être un bon compromis.

L’échange avec d’autres parents qui ont les mêmes valeurs également !

Nous vivons dans un monde qui tourne plus souvent autour de la notion de compétition que de celle de coopération.
J’aspire à offrir un autre modèle à mes enfants.

J’ai basculé dans une parentalité consciente du long terme, dans laquelle je m’interroge sur les effets de nos choix éducatifs.

Car je suis pénétrée par le principe suivant :
“La manière dont vous élevez votre enfant n’influera pas seulement sur lui, mais sur la vie de centaines, voire de milliers de personnes qu’il rencontrera dans l’avenir. Vous ne pouvez pas choisir d’exercer ou non une influence sur cette situation d’interdépendance, mais vous pouvez choisir QUELLE influence vous exercez.”
Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, Parents respectueux, enfants respectueux.

Et c’est parce que je crois en l’être humain que je cherche à partager cette aspiration, le plus possible, et que je voudrais vous encourager à faire de même.
Pour que, pas à pas, nous changions le monde.
Etes-vous prêts ?

Parentalité positive, parentalité bienveillante… j’ai récemment découvert “parentalité consciente”.
Le terme n’est en effet pas mal choisi : il s’agit d’être conscient de l’effet de nos choix éducatifs. A long terme.

Parce que, comme le dit Thomas Gordon, il n’y a pas doute : nous avons une influence sur nos enfants. A nous de choisir si elle sera positive ou négative.
Ou du moins d’essayer de faire en sorte qu’elle ressemble le plus possible à ce que nous voudrions, parce que, quoiqu’on choisisse, on dérapera sûrement un peu, et c’est normal.

Quand je présente la parentalité positive à des gens qui ne savent pas de quoi il s’agit, je parle souvent de cette notion de long terme. De ce que nous pouvons chercher à développer chez nos enfants. Et surtout, surtout, de la différence entre le contrôle extérieur et le contrôle intérieur.

En effet, nous pouvons contrôler nos enfants, dans une certaine mesure.
Nous pouvons surveiller (en partie) ce qu’il font, nous pouvons imposer des règles, et mettre des punitions en place s’ils ne les respectent pas. Mais cela reste du contrôle extérieur.

Thomas Gordon prend l’exemple d’une salle de classe, dans laquelle le professeur est très autoritaire. Il a un “bon” contrôle sur ses élèves.
Cependant, qu’arrive-t-il dès qu’il quitte la salle de classe ?
…. Peu de chance que le calme persiste longtemps… On l’a tous vécu !

Finalement, ce contrôle extérieur a-t-il vraiment enseigné quelque chose à ces enfants ? Oui, sûrement : qu’il faut adapter son comportement aux moments où l’on peut se faire attraper !

Mais que voulons-nous à plus long terme ? Qu’ils répondent à cette forme de contrôle extérieur, ou qu’ils développent des facultés d’auto-contrôle qui leur permettront de choisir un comportement adéquat, que quelqu’un soit là pour les surveiller ou pas ?

Ce raisonnement peut s’appliquer à toutes les choses de la vie que nous cherchons à enseigner à nos enfants, en tenant compte bien sûr de leurs étapes d’apprentissage.

Ainsi, la mère qui continue à rappeler à son fils de 13 ans de se brosser les dents tous les soirs reste dans le contrôle extérieur… (et un contrôle usant de surcroît !) : certes, son fils se brossera les dents -mal- tous les soirs qu’il passera chez lui, mais que se passera-t-il les soirs où il n’y sera pas ?

Dans une démarche de parentalité positive, on responsabilisera l’enfant, on lui enseignera les conséquences du non brossage des dents, on l’encouragera à en parler au dentiste, on lui fera confiance pour y penser seul tout en l’accompagnant avant que cela devienne un réflexe.

Les soirs où mon fils de 5 ans, qui a atteint depuis quelques mois l’étape où je n’ai plus besoin de le lui indiquer, me demande de ne pas se brosser les dents parce qu’il est très fatigué, je n’entre pas dans une dynamique dans laquelle j’ordonne et il obéit. Je commence plutôt par valider ses sentiments : « Je vois que tu es très fatigué… Tu as juste envie d’aller au lit sans avoir à te brosser les dents ! » Puis j’explique, de sorte à l’amener à comprendre seul : « Je crois cependant que tu as mangé un bout de chocolat chez nos amis avant de partir, ce qui veut dire qu’il y a du sucre dans tes dents, et que, si tu ne te brosses pas les dents avant de te coucher, les bactéries vont pouvoir agir toute la nuit et abimer l’émail… », et tout en lui expliquant cela, je le guide doucement vers la salle de bain, où il se brosse alors les dents, tout fatigué qu’il est.

Pensons bien à ce que nous cherchons à développer chez nos enfants.

Pensons long terme.

Soyons conscients.

Et abandonnons le contrôle extérieur pour se focaliser sur leur contrôle intérieur. Pour les aider à grandir et à se prendre en charge, par eux-mêmes, et pour eux-mêmes !

Au début de Elever nos enfants avec bienveillance, Marshall Rosenberg alerte sur le danger de l’étiquette « enfant ». Et ça encourage à la réflexion.

J’avais déjà rapporté son premier exemple lorsque nous discutions de la notion de respect, mais la relecture de ce petit livre me donne envie de le reprendre, ainsi que ses autres illustrations.

Le premier exemple donc, a trait au respect que les adultes ont tendance à montrer ou non, par défaut, à un enfant.

Ainsi, Rosenberg raconte que lors de ses ateliers de CNV (Communication Non Violente) pour parents, il commence souvent par scinder le groupe en deux, leur demandant de concevoir un dialogue autour d’une situation de conflit.
L’un des groupes a pour interlocuteur un enfant, l’autre un voisin. Mais lorsqu’ils se retrouvent, ils ne savent pas qu’ils ont travaillé avec des hypothèses différentes.
A chaque fois, le dialogue impliquant un enfant est moins respectueux. L’interlocuteur enfant est d’une certaine façon déshumanisé.

Dans son deuxième exemple, Rosenberg parle du peu de crédit qu’on donne parfois aux enfants. Ainsi, il raconte un jour où il est rentré fatigué et stressé chez lui, et où il a demandé un espace de calme à ses enfants. Face à son fils de 9 ans lui demandant : « Tu veux en parler ? », il n’a pu s’empêcher de penser qu’il était mignon, sans prendre sa proposition au sérieux. Puis, se rattrapant de justesse, et voyant enfin « un être humain tendant la main à un autre », il a accepté, et a longtemps parlé avec ses enfants de ce qu’il avait vécu ce jour-là, avant de danser avec eux ! Ses enfants étaient effectivement capables de lui apporter leur aide. Mais la considération de l’enfant comme un « enfant » a failli le lui faire oublier.

Enfin, comme dernier exemple de la manière dont cette étiquette peut nous faire oublier l’être humain qu’il y a derrière, Rosenberg réfléchit sur le rôle du parent.

On nous a appris qu’il était de faire en sorte d’obtenir certains comportements de la part de nos enfants. Mais c’est oublier que réclamer un comportement, exiger plutôt que de demander, est généralement une manière efficace d’obtenir que l’autre s’y oppose. Parce que tout être humain veut garder sa liberté, sa faculté d’exercer son pouvoir personnel !

Il me semble que nous rejoignons avec ce dernier exemple la discipline positive, qui recommande de connecter avant d’enseigner.

C’est repenser complètement la dynamique de la relation parent-enfant. Un nouveau modèle vers lequel nous cheminons. Tout doucement…

Quand j’ai commencé à cheminer vers la parentalité positive, je ne pensais pas me heurter autant à ces questions autour du pouvoir.

Ce n’est effectivement pas le premier thème soulevé dans les livres.
Pourtant, on parle bien de luttes de pouvoir dans certaines phases d’affrontements avec nos enfants…

En fait, je crois que la première fois que j’ai mis le doigt dessus, c’était en lisant Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille, d’Elizabeth Crary. Je me souviens avoir mis bien longtemps à résumer le chapitre 4 de ce livre, parce qu’en plus de la résolution de problème, elle y abordait ces questions de pouvoir.

Puis, j’en ai encore entendu parler dans ma formation en ligne de Positive Parenting Solutions, qui soulignait que le pouvoir participait au fait de se sentir important, l’une des nécessités de base de nos enfants (et de nous tous).

Depuis, cette question de pouvoir est souvent en toile de fond. Elle m’aide à mieux analyser et comprendre certaines attitudes et comportements, et c’est pourquoi je désirais y revenir plus précisément.

En fait, j’ai maintenant bien compris qu’il existe deux types de pouvoirs : le pouvoir positionnel, et le pouvoir personnel.

Le pouvoir positionnel, c’est celui qui découle de notre position : pouvoir du parent sur l’enfant, du maître sur l’élève, du patron sur l’employé…

Le pouvoir personnel, c’est celui que chacun a, y compris les enfants, et qu’on peut choisir ou non d’exercer.

Cette analyse du pouvoir et de la manière de l’utiliser est fondamentale, parce que c’est à présent ce qui pour moi explique le mieux le choix de la parentalité positive.

Il existe en effet différentes manières d’utiliser chacun de ces pouvoirs.

Dans une éducation autoritaire, le parent utilise son pouvoir positionnel en suivant le principe de la loi du plus fort. Comme il a le pouvoir, il peut imposer ce qu’il veut.
Or, rappelons-nous que les enfants apprennent énormément par l’exemple.
Ainsi, si nous nous comportons de manière autoritaire avec eux, nous leur enseignons indirectement deux choses :

  • qu’il est normal que celui qui a le pouvoir impose à l’autre
  • que celui qui n’a pas le pouvoir doit obéir

S’ils apprennent bien, ils pourront donc à leur tour :
imposer à l’autre lorsqu’ils se retrouveront en position de pouvoir (face à leur petit frère, ou à un copain plus timide)
suivre les instructions qui leur sont données par les copains plus influents… leur responsabilité n’étant alors même pas mise en question.

Il ne faudra donc plus s’étonner qu’ils malmènent ou se laissent malmener, puisqu’ils ne feront alors que reproduire le modèle que nous leur aurons donné.

A l’inverse, dans une éducation permissive, le parent abandonne tout pouvoir personnel, laissant l’enfant aux commandes.

Or, il n’est pas toujours facile de savoir comment exercer son pouvoir personnel, de savoir poser des limites, d’avoir suffisamment d’aplomb pour réclamer le respect de nos besoins.
Nos enfants ont besoin de nous voir faire pour apprendre eux-mêmes comment se comporter face à ceux qui piétineraient leurs plates-bandes. Ils ont besoin de voir comment exprimer leurs besoins avec respect, comment trouver des solutions qui permettent de prendre chacun en considération ; choses qu’ils n’apprendront pas avec un parent permissif.

Ainsi, savoir utiliser notre pouvoir personnel pour faire valoir nos limites, et notre pouvoir positionnel pour encourager la coopération sans imposer est un modèle pour nos enfants. C’est prendre conscience de notre influence à long terme.

Mais ce n’est pas facile.
En fait, c’est tout un art.
Celui de la parentalité positive.

Je pense que dans le principe, personne n’oserait dire qu’il est contre le fait d’instaurer une relation de respect avec son enfant. La question est plutôt : qu’entendez-vous par respect ? Le respect de l’adulte, et le respect de l’enfant.

Ce n’est pas une question anodine.
D’une part parce qu’en fait de question, c’est plutôt un éventail de questions, dont la portée est immense.
D’autre part parce qu’en fonction de notre ressenti face aux différentes facettes de cet éventail, c’est notre conception même de l’éducation qui peut varier.
Le respect est donc au coeur de l’interrogation du rôle de parent.
Un mot que nous n’avons pas peur d’introduire lorsque nous parlons de parentalité positive, même s’il va à l’encontre des schémas reçus.

Première facette de l’éventail : le respect, à sens unique ?

Commençons déjà par écarter de notre réflexion cette conception bancale, celle du respect à sens unique.
Oui, certains adultes n’hésitent pas à parler de respect quand ils réclament en réalité le respect de l’enfant envers les adultes, et non le contraire.

Et encore… si par respect de l’adulte, ils se limitaient au concept du privilège de l’âge, ce pourrait être partiellement recevable : chacun de nous le vit même en tant qu’adulte. On exprimera des formules respectueuses envers des personnes âgées, on leur cédera nos places dans le bus, et c’est une forme de respect.
Mais au delà du “merci madame” qui est attendu de l’enfant, il n’est pas rare de constater qu’un adulte qui demande le respect de l’enfant demande en fait surtout son obéissance, ce qui est tout autre chose, n’est-ce pas ?

Chacun son point de vue sur la question. De mon côté (et c’est parfois épuisant), comme je l’ai déjà écrit ici, je ne veux pas d’enfants obéissants.
Je peux comprendre que ce ne soit pas l’avis de tous, mais qu’au moins, personne ne joue sur les mots : le respect, ce n’est pas l’obéissance.

Enfin, pour en revenir au point de départ de cette facette, lorsque nous demandons le respect de l’enfant, sommes-nous prêt à le respecter en échange ?
Acceptons-nous réellement la notion de respect mutuel ?
Voilà bien le coeur de cette première facette de la question. Le respect mutuel.
Pas de traduction hâtive : nous restons l’adulte, et aurons de ce fait un rôle de guide. Mais nous enseignerons avec respect, nous écouterons, nous compatirons. Et cela changera tout à la dynamique de notre relation.

Deuxième facette de l’éventail : la mise en pratique dans le dialogue

Imaginons à présent que nous soyons arrivés à la conclusion que nous cherchions effectivement à mettre en place une relation mutuellement respectueuse avec notre enfant.

Alors, nous arrivons à la deuxième facette de cet éventail : le mettons-nous réellement en pratique ?
Dans Elever nos enfants avec bienveillance, Marshall Rosenberg (fondateur de la CNV – Communication Non Violente) raconte que lors des ateliers de CNV, ils commencent souvent par l’exercice suivant. Ils séparent le groupe en deux, et demande à chaque sous-groupe d’écrire un dialogue autour d’une altercation.
Les deux groupes ont le même scénario, à ceci près qu’un groupe imagine s’adresser à un voisin, l’autre groupe à un enfant. Les groupes n’ont pas conscience d’avoir des interlocuteurs différents au moment où ils confrontent leurs dialogues imaginaires. Il en ressort que le dialogue adressé à un enfant est systématiquement moins respectueux que celui qui s’adresse au voisin.
Ainsi, l’enfant est, dès le départ, moins respecté. Par principe, presque. Par principe inconscient, du moins. De quoi nous aider à ouvrir les yeux, non ??

Je sais ce que certains d’entre vous pensent, parce que je l’ai moi-même pensé. S’il est vrai que nous parlons parfois à nos enfants d’une manière avec laquelle nous ne parlerions jamais à nos copains, c’est aussi parce que nos enfants ont parfois un comportement que n’auraient jamais nos copains !! C’est vrai. Ca explique probablement qu’on se laisse parfois déborder…

Cependant, l’expérience décrite par Marshall Rosenberg montre que cette notion s’est tellement insinuée en nous que, parfois, nous n’essayons même pas.
Soyons attentifs.

Troisième facette de l’éventail : conserver le respect que nous avons pour notre enfant

Je fais ici un saut en avant, me plaçant dans le cas du parent “bienveillant”, qui a réfléchi à la question, et cherche bien à respecter son enfant.
Il écoute ses émotions, il les reçoit, il lui donne des choix, il cherche à ne pas imposer…
Seulement, parfois, il a beau faire, rien n’y fait. Il s’entête, et parvient finalement au point de bascule, celui où tout le respect s’envole et disparait derrière la colère !

Ca m’arrive aussi, bien sûr. Alors, comme beaucoup d’entre vous, j’y ai réfléchi.
Je pense qu’il vaut mieux parfois être ferme et clair sur le fait que le choix n’existe pas, avant d’atteindre ce point de non retour. Ne pas le mettre nous-même dans une position où nous ne ressentons plus de respect pour lui !
Pour illustrer ce point, je reprendrai l’exemple simple de ma copine Gwen (une femme inspirante, qui suit aussi le chemin de la parentalité positive avec courage, publiant en particulier chaque semaine un résumé de ces moments réussis, toujours inspirant. Pour lire celui qui contient cet exemple, c’est ici.)

Je le rapporterai simplement comme elle l’écrit :

Au parc, après une matinée difficile. Il est temps de rentrer.
« F., je vois que tu t’amuses. Mais c’est l’heure de rentrer.
– Noooon.
-Je vais chercher E., ta draisienne est près du portillon.
– Nooooon.
-J’avance et tu me rejoins. »
Je ne rajoute pas un mot, tourne les talons, et avant même que j’aie franchi le portillon, F. est à côté de moi, draisienne à la main. Ouf.

Ce que j’aime dans cette histoire : Gwen a su exprimer ses attentes simplement, validant le sentiment de son fils, puis donnant les informations utiles, sans se laisser prendre dans une négociation qui l’aurait épuisée et l’aurait probablement empêchée de continuer à traiter son fils avec tout le respect qu’il mérite, soit à ce moment-là, soit un peu plus tard.
Parce qu’à force, on ne va pas se mentir, on s’épuise…

Quatrième facette : lui donner l’opportunité de tenir compte de l’autre

Ce sera mon dernier point, mais peut-être le plus subtil, et le plus essentiel : respecter l’enfant, c’est avoir confiance en lui pour nous respecter aussi. Et pour cela, ne pas hésiter à lui donner l’opportunité de tenir compte de l’autre.

Cela passera par le partage de nos sentiments, et de nos besoins, pour qu’ils puissent y répondre. Ce qu’ils feront fréquemment. J’ai confiance. Sans qu’on le leur impose.

Dr Alison Gopnik a mené une expérience intéressante avec des crackers et des brocolis,  démontrant que les enfants, dès 18 mois (pas avant en revanche) sont capables de répondre au besoin de l’autre, même s’il est opposé au leur. (expérience décrite dans cet article, ou à voir ici sur youtube).

Je l’ai moi-même constaté depuis que j’adopte cette approche pour encourager l’enfant à dire merci.

Ainsi, je respecte également mon enfant en lui proposant de me respecter, le préparant à vivre non pas seul, mais dans une société, une société composée d’individus avec des ressentis et des besoins différents. Je respecte suffisamment mon enfant pour attendre de lui le respect que j’attends de mes pairs. Et lui en offre l’occasion.

Alors, je pourrai lui demander plutôt que d’ordonner, sans crainte qu’il n’y prête aucune attention, parce que mon bien-être comptera pour lui également, comme le sien pour nous. Cela ne signifie pas qu’il répondra positivement à tout. Parfois, son besoin sera plus fort. Comme le nôtre en d’autres circonstances. Mais il prendra la décision en prenant également mon point de vue en compte.

Je me souviens de l’anecdote d’une maman illustrant ce point. Après notre journée d’atelier, au lieu de se battre comme d’habitude avec ses filles pour partir à l’heure, elle leur a dit : « je n’aime pas arriver en retard. ». Et les filles se sont préparées sans histoire. En fait, elle ne leur avait jamais auparavant donné sa propre perspective des choses. Ses filles ne se doutaient même pas que c’était à son propre besoin que leur mère répondait en les houspillant pour qu’elles se préparent plus vite.

Ayons confiance en eux. Respectons-les suffisamment pour cela !

Catherine Gueguen est une figure de référence dans le monde de la parentalité positive. Pourtant, lire ses ouvrages ne convient pas à tous. Elle est en effet celle qui parle le plus de neurosciences. Elle a une donc une approche très scientifique, expliquant le fonctionnement du cerveau sans éviter les termes techniques. Certains n’aiment pas. Je comprends. Je trouve ça passionnant !

Ici, une conférence de 25 minutes, où elle fait un résumé de l’avancée des neurosciences affectives.

Cela fait maintenant longtemps que les neurosciences cognitives existent, mais les neurosciences affectives ne se sont développées vraiment que depuis une quinzaine d’années. Avec des résultats incroyables : on peut aujourd’hui observer l’effet sur le cerveau d’un entourage bienveillant plutôt que stressant !

L’empathie a un effet réel sur le cerveau, et le stress nuit à l’apprentissage, d’où le thème de cette conférence : repenser l’éducation !

Et la bonne nouvelle ? « L’empathie peut s’apprendre ! »

C’est bien ce que nous essayons de faire en cheminant ici…

Il faudrait bien du temps pour pénétrer vraiment toutes les différences profondes entre l’éducation américaine et l’éducation française. En fait, vraisemblablement pour n’importe quelles deux éducations, tant elles sont liées aux valeurs, aux cultures, à l’histoire de chaque pays. C’est toujours très intéressant d’observer ces différences, je trouve que ça aide à l’analyse et à la tolérance.

S’il en est une qui nous parle, et que je commence à bien connaître, c’est l’éducation américaine.

(Pause explicative : nous vivons à Puerto Rico, un territoire d’outre-mer des US, depuis 2014.
Avant ça, nous étions au Mexique, et les grands allaient déjà dans une école américaine.
Rq : Nos deux petits sont dans une petite école Montessori hispanophone)

Les français ont en souvent une image négative, et je comprends pourquoi. Par bien des aspects, les américains bafouent certains de nos principes de base. Je crois que le plus flagrant est la place de l’enfant dans la famille. Nous, les français, considérons en général que le couple passe avant l’enfant, qu’on ne peut pas tout « passer » aux enfants, qu’il leur faut un cadre.
Rien de mieux pour comprendre cette opposition dans la philosophie de base que de lire Bébé made in France, de Pamela Druckerman.
Parfois, on se sent bien d’être français et d’avoir appris à poser et respecter ces limites.
Cependant, ne jetons pas tout dans l’éducation américaine. Et en particulier, sachons en reconnaître l’aspect positif : la positivité justement !

Ça fait longtemps que je l’observe :
A l’école américaine, on insiste bien plus sur les succès des enfants que sur leurs failles. Alors, parfois, à force de vouloir booster leur confiance en eux, on s’extasie devant des compétences de base… Mais ça a de bons côtés. En particulier, celui que les enfants se sentent bien. Qu’ils croient en eux et en ce qu’ils peuvent réaliser. Ils ne sont pas rabaissés comme souvent chez nous…
De ce fait, le succès est une valeur. Ceux qui réussissent sont bien vus, non seulement par leurs profs, mais aussi par leurs pairs. Les remises de prix sont toujours accompagnées d’applaudissements !

D’autre part, l’école n’est pas seulement un lieu où sont développées les compétences académiques, mais également le caractère. Les enfants ont même régulièrement un cours de « character education », dans lequel on leur parle de valeurs, dans lequel ils peuvent s’exprimer, discuter des problèmes qu’ils rencontrent.
L’école présente les valeurs auxquelles elle croit. Dans l’école de nos enfants par exemple, ce sont les « six piliers du caractère » : respect, responsabilité, intérêt, honnêteté, service, intégrité.  Tout un contexte dans lequel l’éducation académique ne va pas sans l’éducation humaine. J’aime ce principe.

Enfin, les enfants ne font pas que suivre les cours, on leur demande souvent d’être acteurs.
Ils ont d’ailleurs une proximité avec leurs instits /profs qui n’a rien à voir avec celle qu’on connaît en France.
Moi, j’espère qu’en connaissant ça à l’école, et en recevant une éducation plus française à la maison, nos enfants intègrent le meilleur des 2 mondes… On peut toujours rêver !

En tout cas, rien n’incarne mieux pour moi la différence fondamentale entre les deux systèmes dans la manière de présenter les choses que la « golden rule », ou règle d’or. Celle que tous les américains connaissent :
« Do onto others what you want them to do to you. »
Ou, dans la langue de Molière :
« Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent. »
Vous voyez la différence avec notre formulation ?