Archive d’étiquettes pour : conscience

Lorsque nos enfants se comportent mal, nous interprétons souvent leurs actes comme dirigés contre nous.

Hier, par exemple, une amie (à laquelle je dédicace cet article, né de ma conversation avec elle) me racontait comment son neveu, de presque un an, faisait exactement ce que sa mère venait de lui interdire de faire, tout en la regardant dans les yeux.
Interprétation de la maman : il est en train de me provoquer !
Mais non, il peut y avoir plein d’explications derrière le comportement d’un enfant !

Voyons donc comment évoluer dans notre manière de considérer son comportement.

Première étape : arrêter de penser que le comportement est dirigé contre nous.

C’est dur à admettre, parfois, mais c’est la réalité : l’enfant a son propre monde, ses propres besoins, ses propres fonctionnements, et nous n’en sommes pas toujours le centre.

Dans le cas ci-dessus, il peut y avoir plusieurs explications (merci Isabelle Filliozat)

Dans tous les cas il le fait POUR lui, et non CONTRE nous.

On peut même aller jusqu’à dire, comme l’explique bien cet article de Parents Naturellement – attention âmes sensibles –  que les caprices n’existent pas !

Deuxième étape : prendre du recul

Une fois que l’on accepte que le comportement n’est pas dirigé contre nous, il faut réussir à sortir de la réaction. Il s’agit plutôt de faire une pause, c’est le S de la méthode STAR proposée par Elizabeth Crary.

Face à l’enfant, plutôt que de s’entêter à chercher à lui faire faire ce qu’on lui demande, marquer un temps et faire mentalement un pas en arrière pour comprendre le contexte.

Ainsi, ce matin, j’ai observé mon Anatole. (3 ans et demi).
D’habitude, c’est surtout moi qui supervise la préparation des plus jeunes avant le départ à l’école. Depuis peu, mon mari et moi avons établi qu’une fois par semaine, il s’en chargerait (préparation et accompagnement à l’école), pour que je puisse partir tôt marcher sur la plage.
Ce matin donc, alors que je m’apprête à partir, je vois mon mari qui explique à Anatole – qui dessine plutôt que de s’habiller – qu’il est en train de perdre patience…
Anatole est bloqué, et dit que lui aussi, il “commence à perdre patience”.
La suite n’est pas difficile à prévoir !!

Je m’attarde donc pour réfléchir avec un peu de recul (toujours plus facile quand on n’est pas la personne impliquée) : les horaires de l’école ont changé depuis 2 jours, les enfants ont une demi-heure de moins le matin. Je viens d’annoncer que je sortais, sans avoir pris de temps avec lui. Anatole n’a pas eu son moment de calme avant l’entrée dans le rythme du matin. C’est clair. Et plus son père s’oppose à lui, plus il aura besoin de montrer qu’il peut également s’opposer, parce qu’il manque de connexion avec nous ce matin.

Troisième étape : changer la dynamique

C’est une chose de comprendre le contexte, ensuite la difficulté reste : comment s’en sort-on ?
Probablement l’étape qui demande le plus de travail, celle pendant laquelle, à court d’idées, on se sent le plus impuissant !!

Quelques idées dans notre besace cependant :

  • indiquer à l’enfant une manière d’être utile

L’enfant aime être impliqué, il aime se sentir utile. Lui proposer d’agir le permettra de sortir de son blocage, car au lieu de nous opposer à lui, nous l’incluons, nous recréons la connexion.

  • basculer dans le jeu ou l’humour

Ah… la parentalité ludique… Souvent très utile pour sortir des situations de blocage. Là encore, cela crée une connexion, et nous sortons de l’opposition. Ce matin, face à Anatole, j’aurais pu par exemple m’exclamer : “Attention, la fusée va décoller ! voooouuu…” en le saisissant et le faisant voler vers sa chambre. “La fusée est en recherche de vêtements…vooouuu”…   Encore faut-il être d’humeur…

  • remplir le réservoir affectif de l’enfant

C’est la solution pour laquelle j’ai opté ce matin : compte-tenu de ce que j’avais réalisé lors de ma prise de recul à l’étape précédente, j’ai pensé que ce petit avait besoin de tendresse plutôt que d’instructions.
Je me suis donc approchée, et lui ai dit : “J’ai l’impression que mon Anatole a besoin d’un câlin, c’est ça ?”
Comme il a acquiescé, je lui ai fait un câlin. Et je sais ce que vous pensez : que c’est bien joli tout ça, mais que le matin, on n’a pas le temps de s’arrêter pour un câlin ! Sauf que c’est faux : si je ne m’arrête pas pour le câlin, je sais que le reste prendra plus de temps, et au final, j’y perdrai.

C’est ça aussi la parentalité positive : savoir investir son temps !! En fait, il a eu besoin de deux câlins. Puis, il a quitté son masque d’opposition, et s’est mis à se déshabiller. Je suis partie, et Nicolas (mon mari) m’a ensuite dit que tout s’était très bien passé.

Quatrième étape : si le comportement se répète

Dans ces cas-là, je crois qu’il convient de prolonger encore la 3ème étape.

Je garde en tête une image vue en formation de discipline positive : celle d’un iceberg.
L’image servait à illustrer le fait que le comportement n’était que la partie immergée d’un problème probablement plus large, et plus enfoui. C’est au dessous de l’iceberg qu’il faut essayer de s’attaquer.

Car, je reprends cette fois l’un des principes d’Adler : “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”

En fait, c’est comme pour nous, si on y réfléchit bien !

Il y a les moments où tout va bien, où les personnes autour de nous réagissent comme nous le voudrions, ou, en tout cas, comme nous nous y attendons, et nous arrivons à nous comporter en accord avec nos valeurs, à utiliser nos compétences de parents positifs, et puis il y a ceux où rien ne va plus, où nous nous sentons impuissants, où nous sommes découragés ! Il suffit alors d’un rien pour que toutes nos compétences volent en éclat, et que nous fassions tout ce que non seulement nous savons que nous ne devrions pas faire, mais que, de surcroît, dans le fond, nous n’avons pas envie de faire !!

En CNV (Communication Non Violente, merci M Rosenberg !), on apprend que nos sentiments sont des indices de nos besoins nourris ou non nourris. Pour réussir à faire en sorte que notre enfant ne se sente plus découragé, il faudrait donc trouver quel est son besoin non nourri !

D’où l’étape suivante :

Cinquième étape : revenir aux nécessités de base

Une fois les besoins de survie remplis (eau, nourriture, sécurité), “Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

En considérant le comportement de l’enfant sous cet angle, nous pourrons probablement adapter notre comportement pour nous adresser plus directement à la source du problème.

Alors, parce que ça en vaut décidément la peine, prenons le temps de rappeler ce que signifient ces concepts d’appartenance et d’importance.

(J’ai simplement fait ici, je l’avoue sans honte, un copier-coller de mon article sur les nécessités de base des enfants…)

Appartenir

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !

On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.

(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance 

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?
Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

“On aide mieux en aidant moins” écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.

Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!

A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?

Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.

On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Pour conclure

Je vous invite à prendre quelques minutes, là, tout de suite, à réfléchir au dernier conflit que vous avez eu avec votre enfant, et vous poser la question : quel était son besoin à ce moment-là ? Comment pourrais-je faire pour l’aider à appartenir et avoir de l’importance ? C’est à vous !

Et si vous vous dites que ca fait beauuuuucoup de concepts à intégrer nous vous accompagnons pour un changement profond dans notre formation point de rencontre + . Cliquez ici et faites-vous ce cadeau qui changera la vie de famille ! 

– Cet article présente l’un des TED Talks que j’ai aimés –

Alors que je préparais mon bref compte-rendu du livre The concious parent, de Shefali Tsabary, j’ai eu l’idée d’en chercher un peu plus sur cette psychologue et son travail.

C’est ainsi que j’ai découvert ce TEDx talk, dans lequel elle prône un réel changement dans notre attitude de parents.

Complètement en ligne avec l’éducation bienveillante, Shefali Tsabary encourage les parents à être conscients !

Avertissement : à l’heure où je partage ce lien, les sous-titres francais ne sont pas encore disponibles.

Ce livre m’a été prêté par une maman de l’un de mes ateliers, et j’ai pris plaisir à le parcourir.

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Comme j’en avais déjà beaucoup dans ma besace, je l’ai un peu lu en diagonale, et ne pourrai donc vous un faire un résumé par morceaux comme j’aime bien les faire, mais j’ai quand même pris notes de certaines idées intéressantes.

Il semble que ce livre n’ait pas encore été traduit, mais si ce que j’en note vous intéresse, un autre livre du même auteur existe en francais : Parents, enfants : grandir ensemble

Voici donc les idées que j’ai aimées dans ce livre :

Accepter notre enfant tel qu’il est, savourer les moments

Saisir les opportunités de transmettre notre amour, sans raison.

L’enfant est en recherche de lui-même. Laissons-lui du temps pour s’ennuyer et se découvrir. Trop faire empêche d’être.

L’importance de se connaitre en tant que parent, de s’écouter : écouter sa respiration, écouter le silence, écrire un journal…

Exprimer sa gratitude envers l’enfant

Recevoir les erreurs, les célébrer !

Enseigner est plus efficace que punir : la punition peut arrêter le comportement, mais n’inspire pas à le remplacer par un comportement plus adéquat…

Réfléchir à notre responsabilité dans le comportement des enfants

Et pour terminer, l’idée que nous pouvons progresser ensemble, en tant que société, en gardant ces principes à l’esprit.

  • Quand on ne valide pas les émotions, on leur enseigne à ne pas prêter attention aux émotions des autres
  • Quand on récompense le succès et qu’on blâme les échecs, on leur enseigne à ne pas essayer si on craint de ne pas réussir
  • Quand on remplit notre temps d’activités, on leur enseigne à être distrait
  • Quand on s’énerve face à la vérité, on leur enseigne à mentir…

Pour écouter Shefali Tabary, je vous encourage, si vous comprenez bien l’anglais, à voir son TEDx talk.

Quand nous devenons parents, nous sommes à l’écoute de nos enfants. C’est bien naturel : ceux-ci ont des besoins, et nous sommes là pour y répondre. Ils sont petits et dépendant de nous.
Puis les enfants grandissent, et ont toujours des besoins, auxquels, en général, nous continuons à répondre. C’est notre responsabilité de parents, et c’est également un plaisir ; parce que nous sommes heureux de remplir notre rôle, de leur apporter du bien-être.

Seulement voilà, à force de vouloir être à l’écoute de nos enfants, nous oublions parfois d’être à l’écoute de nous même. Et c’est là qu’intervient le problème.

Pourquoi est-il important d’écouter nos besoins ?

Pour pouvoir prendre soin de quelqu’un, il faut d’abord être en état de le faire.
L’image la plus claire pour illustrer ce point est celle du masque à oxygène en avion. L’image est classique, mais très parlante. Il s’agit d’enfiler son propre masque à oxygène d’abord, avant d’être capable d’enfiler le sien à l’enfant.

En CNV, le principe est le même : nous ne pouvons offrir d’empathie à personne si nous n’avons pas d’abord pris soin de nous-mêmes, via l’auto-empathie. Ainsi, pour être de meilleurs parents, et dans l’intérêt de nos enfants, prenons d’abord soin de nous-mêmes.

Comment savoir ce dont nous avons besoin ?

L’une des difficultés de cette démarche cependant, est qu’il nous est parfois difficile de savoir quels sont nos besoins. En effet, savoir s’écouter est une compétence que nous n’avons pas apprise. Nous avons majoritairement été élevés hors des principes d’éducation positive que nous apprenons ici, et n’avons pas appris à écouter ce que nous ressentions. Ainsi, si nous essayons aujourd’hui d’apprendre à nous comporter différemment face à nos enfants, il faudrait également apprendre à nous comporter différemment face à nous-mêmes. Peu à peu, cherchons en nous ce que nous ressentons, écoutons notre agacement comme un indice sur nos besoins, et apprenons à les identifier pour y répondre.

Le coût de l’insatisfaction de nos besoins

Si nous persistons dans l’idée que les besoins de nos enfants doivent systématiquement passer d’abord, avant les nôtres, nous risquons d’en payer ensuite les conséquences. Mettre un voile sur nos propres envies, sur nos propres besoins ne va pas les faire disparaître.

Notre patience va s’user, et nous réagirons de moins en moins bien face aux enfants. Impossible de montrer de l’enthousiasme lorsque nous sommes sous le coup de la fatigue, et la tension va monter.

Ensuite, et c’est probablement le plus grave, si nous continuons à négliger nos besoins, nous finirons par nourrir du ressentiment à l’égard de nos enfants. Nous leur en voudrons de notre sacrifice, même s’ils ne le demandaient pas vraiment, et nous nous montrerons d’autant plus désagréables avec eux, malgré toutes nos bonnes intentions.

« Si je veux juste entendre ce qui est vivant chez l’autre, sans prendre en compte ce qui est vivant chez moi, je me fais violence et donc il va y avoir de la violence, il va y avoir cette colère. » Isabelle Padovani

Prendre soin de nous

Ainsi, il est important de prendre soin de nous. Mais voilà… comment faire ?
Comment sortir de cette habitude de déni de soi, pour apprendre à écouter les signes qui nous montrent que nous avons besoin d’une pause ? Comment s’arrêter pour analyser quels sont nos besoins non nourris ?

Dans Parents respectueux, enfants respectueux, les auteurs suggèrent aux parents qui n’en ont pas l’habitude de commencer par s’accorder 10 minutes par jour.
Juste 10 minutes. 10 minutes pour soi qui peuvent être consacrées à ce que nous voulons.
L’annoncer aux enfants. Leur expliquer que c’est un besoin pour mieux s’occuper d’eux ensuite.
Ils sont capables de le comprendre. Probablement pas dès le premier jour, mais petit à petit.

Essayons ensuite d’identifier quels sont nos besoins non nourris. Nous n’avons pas tous les mêmes. Pour certains, il s’agira plus de repos, pour d’autres d’amitié, ou de soutien, de créativité, d’exercice…

Quels que soient les besoins identifiés, n’hésitons pas, à prendre du temps pour nous, ou, comme cela avait été discuté dans “Grandir Autrement”, à écouter  la nécessité de s’accorder des pauses.

Ainsi, nos enfants apprendront à respecter cet espace qui sera le nôtre, qui nous permettra de respirer.
Et cet espace aura d’autant plus de portée qu’il sera aussi un modèle pour eux. Nous leur enseignons comment il est possible de prendre soin de soi-même. Nous leur montrons qu’il est possible de ne pas oublier de se respecter soi-même quand on prend soin des autres.

Et nous leur offrirons des parents plus ouverts, loin du ressentiment de celui qui a besoin de temps seul comme d’un masque à oxygène !!

Si cela vous semble toujours difficile, écoutez au moins cette idée des auteurs de Parents respectueux, enfants respectueux : « Nous espérons aussi que vous prendrez l’habitude de vous accorder chaque jour quelques instants de réflexion pour vous rappeler avec quelles intentions vous voulez élever vos enfants. »

Car c’est sûr, souvent, on se perd en route, mieux avoir un plan

Pour acheter Parents respectueux, enfants respectueux en format poche (il existe également au format broché, mais j’aime mieux les formats faciles à emporter !) :

S’il n’existe pas un seul style d’éducation, ce n’est pas seulement parce qu’il n’existe pas de recette magique, mais également parce que nous avons tous des manières de fonctionner différentes. Les enfants sont tous différents, les parents également.

Connaître notre personnalité peut nous aider à mieux analyser notre comportement, et les réactions qu’il peut susciter chez nos enfants.

4 styles de fonctionnement

Depuis l’enfance, nous avons interprété notre environnement, et construit peu à peu un style de fonctionnement qui nous est propre.

On pourrait classer ces « styles de fonctionnement » en 4 groupes, en fonction de la priorité poursuivie par l’adulte :

  • le confort
  • le contrôle
  • la volonté de faire plaisir
  • le sentiment d’importance / supériorité

(Ces priorités ont été définies par Nira Kefir, psychologue adlérienne, et reprises dans la théorie de la Discipline Positive.)

Ces styles de fonctionnement ne sont ni bons ni mauvais, et l’objectif de cette analyse n’est pas de nous poser une étiquette, mais bien de mieux comprendre notre fonctionnement, qui, quelqu’il soit, invitera à développer certaines compétences plutôt que d’autres chez les enfants.

La carte dominante et… la 2è carte

En effet, l’exercice qui est en général mené dans un atelier de Discipline Positive est le suivant :
Vous avez 4 cadeaux empoisonnés devant votre porte :
La critique et l’humiliation / Le rejet et l’abandon / L’inutilité et l’insignifiance / Le stress et la souffrance émotionnelle
Vous devrez en accepter trois. Lequel sera celui que vous déciderez de rendre ? Celui dont vraiment vous ne voulez pas ? Dont vous ne supportez pas l’idée ?

Ce que vous cherchez à tout prix à éviter détermine votre carte dominante :

Si vous voulez éviter la critique et l’humiliation, votre carte dominante est le contrôle
Si vous voulez éviter l’inutilité et l’insignifiance, votre carte dominante est la supériorité
Si vous voulez éviter le stress et la souffrance émotionnelle, votre carte dominante est le confort
Si vous voulez éviter le rejet et l’abandon, votre carte dominante est faire plaisir

Le deuxième cadeau que vous choisirez de rejeter sera votre 2è carte.

Ce qui fait la différence entre les deux cartes est bien souvent l’intensité de ressenti attaché à ce qu’on tente d’éviter.

Car nous avons tous envie de rejeter tous ces cadeaux, évidemment ! Mais la force de notre ressenti face à eux est réellement dépendant de chacun. Faites l’exercice avec un ami, avec votre conjoint(e), vous vous en rendrez compte !

Que signifient alors ces notions de carte dominante et de 2è carte ?

La carte dominante est celle que nous aurons tendance à jouer dans un contexte de crise, d’urgence. Je sors ma carte dominante quand je me sens menacé….

Ma deuxième carte est probablement celle qui correspond à mon style de fonctionnement du quotidien. Celle à laquelle j’ai tendance à faire appel dans un fonctionnement « normal ».

La réaction possible des enfants face à notre carte dominante

  • le contrôle

Le but de l’adulte qui joue sa carte « contrôle » est en général de maîtriser la situation et de garder le contrôle de ses émotions. Cependant, l’enfant l’interprète comme une tentative d’emprise, et cela suscite l’opposition !

  • la supériorité

L’adulte est persuadé qu’il ne sera à la hauteur qu’à condition d’exceller. Cela suscite malheureusement chez l’enfant le sentiment de ne pas être capable. Il y a donc risque de désengagement, ou à l’inverse de tout investir pour exceller (pensant que c’est la seule manière d’être aimé)

  • le confort

L’adulte joue la carte « confort » lorsqu’il cherche à éliminer les sources de stress et de conflits. Il imposera donc peu, et risque d’inviter l’enfant à se montrer exigeant, à ne pas prendre en charge la satisfaction de ses besoins. Difficile dans ce cadre d’enseigner la responsabilité sociale.

  • faire plaisir

L’adulte, voulant plaire, a tendance à aller à l’avant des désirs de l’enfant, sans forcément l’couter, puis trouvera ensuite qu’il reçoit peu de gratitude. L’enfant risque de développer l’idée suivante : « Je n’appartiens que lorsque les autres s’occupent de moi. »

Ces styles de fonctionnement sont également des forces

Avant que, vous reconnaissant peut-être dans l’un de ces styles de fonctionnement, vous vous sentiez complètement déprimé et coupable, laissez-moi vous parler des forces de ces styles. Chaque attitude a évidemment ses avantages et ses inconvénients, il ne s’agit pas de se limiter au revers de la médaille !

Repassons donc chacune des cartes pour parler également de leurs aspects positifs.

  • le contrôle

La carte « contrôle » offre en modèle aux enfants des ressources telles que le sens de l’organisation, la planification, le respect de l’ordre, la détermination.

  • la supériorité

L’adulte qui utilise la carte « supériorité » peut encourager les enfants à se dépasser, à développer leurs capacités !

  • le confort

Devant la carte « confort », les enfants apprennent à rendre le quotidien prévisible et confortable, à éviter les situations de stress, et prendre le temps de respirer.

  • faire plaisir

Cette fois, l’adulte fera probablement passer à l’enfant des notions de considération, d’empathie, de réconciliation sans agressivité. (Ah, je vois bien que ce n’est pas ma carte dominante… Ces qualités-là me demandent souvent plus de travail !)

Comment utiliser cette analyse ?

Je crois toujours que, plus nous sommes conscients de notre mode de fonctionnement, plus nous serons à même de l’accepter et d’avancer avec, pour l’utiliser pour sa force plus que pour sa faiblesse.

Comme nous venons de le voir, chacun de ces styles peut aider à développer des qualités chez nos enfants. Pour ne pas tomber dans le piège, à l’inverse, d’inviter chez l’autre ce que l’on redoute chez soi, en devenir conscients nous aidera.

Le livre de la discipline positive encourage d’ailleurs à mener l’exercice suivant, une fois ses cartes identifiées :
réfléchir aux atouts de se carte dominante
réfléchir aux travers de sa carte dominante
ce que cette priorité peut inviter chez les enfants (positif et négatif)
améliorations possibles

Ce travail est également intéressant à mener avec le partenaire, car il est probable qu’il ait une carte différente de la nôtre. Lorsque nous l’aurons compris, nous serons également plus à même de mieux supporter les faiblesses de celle-ci, en s’attachant également à ses atouts, qui seront également à développer, et apporteront à nos enfants ce que nous ne sommes nous-mêmes peut-être pas en mesure de leur apporter !

Dans La discipline positive, Jane Nelsen donne des exemples de comment cette analyse a pu aider certains parents.

De mon côté, j’ai mené cette analyse, et ai identifié que ma carte dominante était le contrôle, et ma deuxième carte la supériorité. Je suis consciente qu’en fonction de nos cartes, nous ne faisons pas face aux mêmes défis parentaux, et que le chemin à suivre pour avancer sera à adapter !

-> Nous menons également cette analyse dans la formation POINT DE RENCONTRE.

Si vous aussi, vous voulez mieux vous connaitre, et vous servir de vos forces tout en évitant les pièges de votre style de fonctionnement, rejoignez les parents qui cheminent avec POINT DE RENCONTRE !

“Voie sans issue”…
Cette photo représente bien ce que nous pourrions ressentir en vivant à Puerto Rico en ce moment ! La tentation est forte en effet de se laisser abattre, de baisser les bras face à l’ampleur de la tâche.
Mais ce n’est absolument pas ce que font les gens ici.
Il s’agit au contraire d’avancer, et d’avancer. Peu à peu.
Des-pa-ci-to, comme le dit cette chanson portoricaine qui a fait le tour du monde !
A l’école, il y a eu quelques dégâts, bien sûr, comme partout.
Mais tout le monde s’est mobilisé.
Deux jours après l’ouragan, comme dans toutes les organisations, moins de la moitié du personnel avait pu être jointe. Et peu se présentaient. Parce que les poteaux de téléphones sont tombés, parce que les routes étaient bloquées (par l’eau, par les arbres), parce que les gens manquent d’essence.

Et pourtant, trois jours après l’ouragan, la communauté était présente : non seulement le personnel qui le pouvait, mais également parents et enfants. Pour balayer, évacuer la route, tirer les branches d’arbres, couper les troncs…

La mobilisation dans les rues est impressionnante !
Et voilà pourquoi je suis ravie d’être ici avec mes enfants.

La situation n’étant franchement pas facile, beaucoup de femmes et enfants s’en vont chez des amis aux US, laissant la situation se rétablir. Il parait qu’à l’aéroport, c’est la lutte !  Je ne les blâme pas, c’est vrai qu’on a pour l’instant l’impression de lutter quotidiennement. J’ai du mal à croire que cet ouragan date seulement d’une semaine…

Et pourtant, ce matin-même, je répondais à une amie de Boston qui me proposait de les rejoindre, que j’aurais l’impression d’abandonner Puerto Rico.

Ce n’est pas le moment de partir.
C’est le moment de découvrir un autre monde.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants les économies d’énergie.

Nous avons la chance d’avoir un générateur dans l’immeuble. Mais la lutte pour le diesel pour qu’il fonctionne est rude. Donc, l’immeuble a mis en place des horaires de fonctionnement. Et quand il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas non plus d’eau, car il faut une pompe pour la faire monter.

Nous ne mettons donc plus la climatisation, les fenêtres sont grandes ouvertes, l’air circule un peu, mais nous avons très chaud, et les moustiques entrent (espérons que personne n’attrape le zika…). Une seule chambre avec climatisation la nuit : nous dormons tous les 6 dans la nôtre !
Le frigo n’est pas ouvert dans les horaires sans électricité, il faut pouvoir s’organiser avant, et ne pas manger une barre de céréales, qui se gardera, mais plutôt une mangue, parce qu’elle va se perdre.

Lorsque l’électricité revient, il faut re-remplir les récipients d’eau : pour boire, mais aussi pour se doucher (parce qu’il arrive également que le générateur tombe en panne et que la douche, prévue au moment où il doit être rallumée, ne soit plus possible), et à côté de chaque lavabo pour se laver les mains.

 C’est le moment d’enseigner à nos enfants la compassion.

Malgré toutes ces difficultés, nous faisons réellement partie des chanceux. Ceux qui sont restés dans leur appartement, qui ont gardé toutes leurs affaires, et qui ont un frigo à peu près maintenu !

D’autres histoires nous parviennent, plus ou moins proches : la soeur du gardien a perdu sa maison. Le monsieur de la maintenance doit trouver une manière de couper l’arbre tombé sur un côté de la sienne. La femme de ménage a eu son appartement inondé, et cherche à faire sécher ses matelas, tout en logeant la famille du dessus car le toit s’est envolé. Celle de mon amie est dans un 2ème refuge : celui qu’elle avait rejoint pour l’ouragan s’est écroulé, et elle n’a plus que ce qu’elle portait sur elle. Nous cherchons à lui apporter des choses, mais elle est injoignable. Vous noterez, bien sûr, que c’est toujours la même chose : ce sont ceux qui ont déjà moins qui se retrouvent à perdre ! Et donc…

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la solidarité.

Chercher ce qu’il manque aux gens, trier nos affaires, en donner. Aller déblayer les rues. Oscar aide les personnes plus âgées à monter leurs affaires, en l’absence d’ascenseur. Par deux fois, les gens ont voulu le payer… Je suis contente de savoir qu’il a refusé. Vivons-nous dans un monde dans lequel l’aide gratuite n’est plus possible ? Je veux croire que non.
Nous descendons les poubelles car, sans ascenseur, le seul employé de la maintenance de l’immeuble ne peut pas tout faire. Nous apportons de l’eau au gardien qui n’en a plus.
Nous ne faisons encore pas tout ce que nous pouvons. Mais nous ferons encore. Car Puerto Rico va mettre un sacré temps à se remettre debout. Bientôt, des initiatives plus accessibles se mettront en place.

C’est le moment d’enseigner à nos enfants la patience.

Je crois que c’est le maître mot du moment. Tout va doucement.
Dans une vie dans laquelle nous étions habitués à un rythme de course, cela devient l’inverse.
Attendre.
Attendre que l’approvisionnement du diesel se remette en place.
Attendre que les magasins rouvrent leurs portes. Un par un.
Attendre que les produits arrivent dans lesdits magasins.
Attendre que les messages partent (ou arrivent – en général par groupes !)
Attendre que l’internet revienne.
Attendre que l’école reprenne.
Attendre que les banques rouvrent.
Attendre que l’électricité revienne, chaque jour.
Attendre que Puerto Rico se remette…

“T’es pas gentille” dit ce papa à sa petite fille.

J’ai entendu ça il y peu, dans une librairie. La scène semble anodine, mais elle m’a marquée. Justement pour ce côté anodin.
Car j’étais là depuis un moment, et j’ai vu pourquoi, exactement, le papa faisait ce commentaire à sa fille.
Et j’accorde volontiers le bénéfice du doute à ce papa : si je lui demandais de juger honnêtement si le comportement de sa fille signifiait qu’elle n’était pas gentille, il changerait probablement de formulation. Mais même si je suis parfois tentée, ce n’est pas ma place, ce papa ne me demande rien et ne sera certainement pas réceptif à une quelconque intervention (même si parfois je me sens comme un devoir d’invervenir…).

Mais je m’interroge : comment en sommes-nous arrivés là ?
Je veux dire, depuis quand faisons-nous ainsi des commentaires sans vraiment y réfléchir, sans se demander ce que l’on est vraiment en train de dire ? Depuis toujours, ou est-ce notre société trop bousculée qui a fait ça ? Comment devenir conscient de la portée de nos mots ?

Enfin, je vous raconte.
La petite fille a environ 4 ans.
Elle est accompagnée de ses deux parents, qui choisissent un livre pour elle.
Ils sont donc dans un moment où ils ont du temps, et ont envie de faire plaisir à leur fille.

Je les croise tout d’abord au moment où le livre est choisi. C’est un livre qui devrait faire des sons, il n’en fait pas. La petite fille ne comprend pas.
“C’est parce que je ne l’ai pas encore acheté.” dit sa mère. Visiblement, cette explication n’est pas claire…
Même le père la regarde perplexe. A un adulte, la mère donne une vraie explication : “Tu sais, il faut retirer la languette qui empêche de fonctionner avant.” Ah oui.
Je pense : “Tiens, c’est dommage de ne pas avoir saisi l’occasion d’expliquer cela à sa fille, ça l’aurait surement intéressée !”, et je m’éloigne.

Nos chemins se croisent à nouveau au moment où nous quittons l’étage jeunesse en sous-sol pour remonter au rez de chaussée.
La petite fille observe un étalage. Les livres sont beaux, ils sont intéressants.
Bien sûr, en théorie, tous les parents aiment que leurs enfants s’intéressent aux livres, et ceux-là ne font certainement pas exception à la règle puisqu’ils sont venus là pour lui en acheter un !
J’imagine bien une scène où le papa s’agenouille à son côté, et qu’ils observent les livres ensemble, commentant ceux qui ont l’air chouettes, et pourquoi…
Mais ce n’est pas le moment.
Le papa appelle. Et répète : “tu viens ?”.
La petite fille ne réagit pas.
Il menace : “Je repose le livre ??”
La petite fille le regarde, je suppose qu’elle ne comprend pas bien le lien… et hésite.
Alors le papa commente : “T’es pas gentille !” avant de lui prendre le bras pour la tirer vers l’escalier.

Toujours ce temps, qui nous presse, et que nos enfants ne saisissent pas…

Dans Les lois naturelles de l’enfant, Céline Alvarez explique que le cerveau de l’enfant possède un million de milliers de connexions de neurones, soit trois fois plus que l’adulte ! Car il est prédisposé à apprendre. Toute expérience, toute observation, crée une connexion. Il crée en fait, accrochez-vous bien, 700 à 1000 connexions par seconde !! C’est plus tard que l’élagage a lieu pour ne garder que ce qui est utile, et cela explique pourquoi nous en avons moins que lui.

Si ce papa pouvait garder cela en tête, il pourrait observer les livres avec sa fille, laisser son cerveau faire ses connexions, avant de lui prendre doucement la main pour remonter. Il pourrait lui demander de lui dire quand elle sera prête à prendre l’escalier.

Seulement ce papa ne sait pas. Et ne se pose pas la question.

Je ne le blâme pas, il n’est pas différent de beaucoup d’autres, il a été élevé comme cela, et il n’en est pas conscient.

C’est justement pour lutter contre cela que j’écris ce blog ! Pour que nous soyons de plus en plus nombreux à devenir conscients, à nous interroger, à prendre du recul.

C’est une attitude au quotidien, et ce n’est pas facile !
Il y a à peine 3 jours, j’ai fait une réflexion désagréable à mon fils de 15 ans, pour me faire la remarque 5 minutes plus tard que je n’aurais probablement pas parlé de la même manière à, disons, mon frère ! Devenir conscient, c’est la clef ! Un peu plus chaque jour, pas à pas.

En attendant, ce papa dit à sa fille « T’es pas gentille ! », sans même y penser, et moi je reste là, en espérant qu’elle ne le croira pas…

“Pensez qu’à tout moment vos interactions avec vos enfants reposent soit sur l’exercice d’un pouvoir SUR eux, soit sur l’exercice d’un pouvoir AVEC eux.”
Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, Parents respectueux, enfants respectueux.

Vers laquelle de ces alternatives désirons-nous tendre ?

Il est probable que tout soit là, comme je le soulevais déjà dans cet autre article tournant autour de la notion de pouvoir.

Quand nous cherchons à changer notre mode de fonctionnement en éducation, il nous faut réussir à passer au dessus des modèles reçus. Réussir à modifier notre posture en profondeur.

C’est probablement cet exercice qui est le plus difficile.

Lorsque j’ai commencé à suivre le chemin de la parentalité positive, je n’avais pas conscience que ce n’était pas seulement m’armer d’outils pour aider à développer l’harmonie de la famille, mais que j’avançais également vers des termes tels que coopération, respect, considération…

Des termes que chacun apprécie, que tous considèrent positivement, mais qui sont dans la pratique bien moins appliqués que ce que l’on pourrait espérer.

Car lorsque les parents demandent la coopération de leurs enfants, sont-ils bien eux-mêmes dans une attitude de coopération aux besoins de leurs enfants ?

Lire encore et encore est probablement ma manière personnelle de faire pénétrer le message. Une partie de mon enseignement se joue au niveau de l’inconscient. Je sens que ma posture change, sans toujours en identifier les déclencheurs.

Car chacun a son approche pour traduire ce changement de modèle :
Quand je lis Jane Nelsen, je sens que mon message face à mon enfant est : “Je suis dans ton équipe.”
Quand je lis Faber et Mazlish, je m’ouvre à la connexion par l’écoute emphatique.
Quand je lis Thomas Gordon, j’envisage enfin une éducation “sans perdant”.
Quand je lis Marshall Rosenberg, j’appréhende l’équivalence des besoins de chacun.
Peut-être que cette lecture variée, qui me nourrit, vous inspirera.
Si vous pensez que cela peut être le cas, faites donc un tour par ma bibliothèque.

Si la lecture de ces ouvrages n’est pas votre tasse de thé, ou que vous manquez de temps, le format blog peut être un bon compromis.

L’échange avec d’autres parents qui ont les mêmes valeurs également !

Nous vivons dans un monde qui tourne plus souvent autour de la notion de compétition que de celle de coopération.
J’aspire à offrir un autre modèle à mes enfants.

J’ai basculé dans une parentalité consciente du long terme, dans laquelle je m’interroge sur les effets de nos choix éducatifs.

Car je suis pénétrée par le principe suivant :
“La manière dont vous élevez votre enfant n’influera pas seulement sur lui, mais sur la vie de centaines, voire de milliers de personnes qu’il rencontrera dans l’avenir. Vous ne pouvez pas choisir d’exercer ou non une influence sur cette situation d’interdépendance, mais vous pouvez choisir QUELLE influence vous exercez.”
Sura Hart et Victoria Kindle Hodson, Parents respectueux, enfants respectueux.

Et c’est parce que je crois en l’être humain que je cherche à partager cette aspiration, le plus possible, et que je voudrais vous encourager à faire de même.
Pour que, pas à pas, nous changions le monde.
Etes-vous prêts ? Si oui, vous trouverez en cliquant ici  le meilleur moyen pour vous de commencer .

Parentalité positive, parentalité bienveillante… j’ai récemment découvert “parentalité consciente”.
Le terme n’est en effet pas mal choisi : il s’agit d’être conscient de l’effet de nos choix éducatifs. A long terme.

Parce que, comme le dit Thomas Gordon, il n’y a pas doute : nous avons une influence sur nos enfants. A nous de choisir si elle sera positive ou négative.
Ou du moins d’essayer de faire en sorte qu’elle ressemble le plus possible à ce que nous voudrions, parce que, quoiqu’on choisisse, on dérapera sûrement un peu, et c’est normal.

Quand je présente la parentalité positive à des gens qui ne savent pas de quoi il s’agit, je parle souvent de cette notion de long terme. De ce que nous pouvons chercher à développer chez nos enfants. Et surtout, surtout, de la différence entre le contrôle extérieur et le contrôle intérieur.

En effet, nous pouvons contrôler nos enfants, dans une certaine mesure.
Nous pouvons surveiller (en partie) ce qu’il font, nous pouvons imposer des règles, et mettre des punitions en place s’ils ne les respectent pas. Mais cela reste du contrôle extérieur.

Thomas Gordon prend l’exemple d’une salle de classe, dans laquelle le professeur est très autoritaire. Il a un “bon” contrôle sur ses élèves.
Cependant, qu’arrive-t-il dès qu’il quitte la salle de classe ?
…. Peu de chance que le calme persiste longtemps… On l’a tous vécu !

Finalement, ce contrôle extérieur a-t-il vraiment enseigné quelque chose à ces enfants ? Oui, sûrement : qu’il faut adapter son comportement aux moments où l’on peut se faire attraper !

Mais que voulons-nous à plus long terme ? Qu’ils répondent à cette forme de contrôle extérieur, ou qu’ils développent des facultés d’auto-contrôle qui leur permettront de choisir un comportement adéquat, que quelqu’un soit là pour les surveiller ou pas ?

Ce raisonnement peut s’appliquer à toutes les choses de la vie que nous cherchons à enseigner à nos enfants, en tenant compte bien sûr de leurs étapes d’apprentissage.

Ainsi, la mère qui continue à rappeler à son fils de 13 ans de se brosser les dents tous les soirs reste dans le contrôle extérieur… (et un contrôle usant de surcroît !) : certes, son fils se brossera les dents -mal- tous les soirs qu’il passera chez lui, mais que se passera-t-il les soirs où il n’y sera pas ?

Dans une démarche de parentalité positive, on responsabilisera l’enfant, on lui enseignera les conséquences du non brossage des dents, on l’encouragera à en parler au dentiste, on lui fera confiance pour y penser seul tout en l’accompagnant avant que cela devienne un réflexe.

Les soirs où mon fils de 5 ans, qui a atteint depuis quelques mois l’étape où je n’ai plus besoin de le lui indiquer, me demande de ne pas se brosser les dents parce qu’il est très fatigué, je n’entre pas dans une dynamique dans laquelle j’ordonne et il obéit. Je commence plutôt par valider ses sentiments : « Je vois que tu es très fatigué… Tu as juste envie d’aller au lit sans avoir à te brosser les dents ! » Puis j’explique, de sorte à l’amener à comprendre seul : « Je crois cependant que tu as mangé un bout de chocolat chez nos amis avant de partir, ce qui veut dire qu’il y a du sucre dans tes dents, et que, si tu ne te brosses pas les dents avant de te coucher, les bactéries vont pouvoir agir toute la nuit et abimer l’émail… », et tout en lui expliquant cela, je le guide doucement vers la salle de bain, où il se brosse alors les dents, tout fatigué qu’il est.

Pensons bien à ce que nous cherchons à développer chez nos enfants.

Pensons long terme.

Soyons conscients.

Et abandonnons le contrôle extérieur pour se focaliser sur leur contrôle intérieur. Pour les aider à grandir et à se prendre en charge, par eux-mêmes, et pour eux-mêmes !

Au début de Elever nos enfants avec bienveillance, Marshall Rosenberg alerte sur le danger de l’étiquette « enfant ». Et ça encourage à la réflexion.

J’avais déjà rapporté son premier exemple lorsque nous discutions de la notion de respect, mais la relecture de ce petit livre me donne envie de le reprendre, ainsi que ses autres illustrations.

Le premier exemple donc, a trait au respect que les adultes ont tendance à montrer ou non, par défaut, à un enfant.

Ainsi, Rosenberg raconte que lors de ses ateliers de CNV (Communication Non Violente) pour parents, il commence souvent par scinder le groupe en deux, leur demandant de concevoir un dialogue autour d’une situation de conflit.
L’un des groupes a pour interlocuteur un enfant, l’autre un voisin. Mais lorsqu’ils se retrouvent, ils ne savent pas qu’ils ont travaillé avec des hypothèses différentes.
A chaque fois, le dialogue impliquant un enfant est moins respectueux. L’interlocuteur enfant est d’une certaine façon déshumanisé.

Dans son deuxième exemple, Rosenberg parle du peu de crédit qu’on donne parfois aux enfants. Ainsi, il raconte un jour où il est rentré fatigué et stressé chez lui, et où il a demandé un espace de calme à ses enfants. Face à son fils de 9 ans lui demandant : « Tu veux en parler ? », il n’a pu s’empêcher de penser qu’il était mignon, sans prendre sa proposition au sérieux. Puis, se rattrapant de justesse, et voyant enfin « un être humain tendant la main à un autre », il a accepté, et a longtemps parlé avec ses enfants de ce qu’il avait vécu ce jour-là, avant de danser avec eux ! Ses enfants étaient effectivement capables de lui apporter leur aide. Mais la considération de l’enfant comme un « enfant » a failli le lui faire oublier.

Enfin, comme dernier exemple de la manière dont cette étiquette peut nous faire oublier l’être humain qu’il y a derrière, Rosenberg réfléchit sur le rôle du parent.

On nous a appris qu’il était de faire en sorte d’obtenir certains comportements de la part de nos enfants. Mais c’est oublier que réclamer un comportement, exiger plutôt que de demander, est généralement une manière efficace d’obtenir que l’autre s’y oppose. Parce que tout être humain veut garder sa liberté, sa faculté d’exercer son pouvoir personnel !

Il me semble que nous rejoignons avec ce dernier exemple la discipline positive, qui recommande de connecter avant d’enseigner.

C’est repenser complètement la dynamique de la relation parent-enfant. Un nouveau modèle vers lequel nous cheminons. Tout doucement…