Il y a peu, je vous partageais une occasion où j’ai réussi à garder la tête froide face à mon fils de 6 ans.

Mais, bien sûr, comme je ne suis pas un super-héros, il y a aussi tous les moments où je n’arrive pas à garder la tête froide ! Et, comme chez vous, parfois ça finit en crise, et parfois non.

Et c’est là que je vois le bénéfice de notre mode éducatif : à force d’expliquer l’importance du temps de pause, de parler de ce que je ressens, de chercher à développer un certain respect dans la conversation, je constate que mes enfants sont à leur tour capables de le faire.

Ainsi, je voulais vous raconter cet épisode, qui date un peu, mais que j’avais noté dans un coin.

Il s’agit cette fois d’un échange avec mon grand Oscar, de 15 ans.

Puisque nous vivons à l’étranger, cela fait quelques années déjà que je fais le français avec le CNED avec mes 2 grands (et depuis cette année, avec le 3ème, heureusement qu’Anatole est trop petit, je ne m’en sortirais plus !!). Oscar est à présent en 1ère, et travaille de manière quasi-autonome depuis l’année dernière, mais nous continuons à avoir une session ensemble chaque semaine.

Cela lui permet d’avoir un rythme stable, une session dédiée, et puis je l’aide pour la planification, l’avancement, les corrections orthographiques… Autant je ne regarde absolument pas ce qu’il fait à l’école, autant je sais que travailler complètement seul, même s’il en comprend l’intérêt théorique, est sacrément difficile à cet âge. Donc je l’encadre. Et en même temps, je ne peux l’obliger à travailler vraiment ! Il faut bien que ça vienne de lui… et c’est pourquoi ça dégénère parfois en conflits.

L’année dernière, nous en étions arrivés à un point difficile, et nous nous étions assis avec lui, ayant préparé notre discours de sorte à le présenter comme il le fallait. Nous avions discuté de nos observations :
d’un côté, il était assez mûr pour comprendre qu’il lui était nécessaire de travailler son français, d’un autre côté, il avait beaucoup de difficultés pour s’y mettre sérieusement.
nous ne pouvions certainement pas le forcer à bien travailler, mais notre rôle de parent était quand même de l’aider à passer au dessus de ses difficultés et rester en ligne avec ce qu’il devrait faire.
Nous lui avions donc demandé de décider lui-même d’un rythme de travail, et des conséquences que nous devrions l’aider à appliquer s’il ne le suivait pas. Cela avait plutôt bien marché, mais plusieurs discussions avaient été nécessaires, évidemment…

Donc, à force de discussions, de rappels, de remises en cause, je suis devenue sensible sur ce sujet.

Cette année, en août, lorsque nous avons repris nos sessions, j’étais déjà sur la défensive avant de commencer.

La première session s’est moyennement déroulée. Je lui ai partagé le fait que je ne pourrais pas passer l’année à le tirer, que c’était à lui d’être acteur. Il était en théorie d’accord, mais rien que le fait de devoir encore avoir cette discussion m’épuise !

Et nous arrivons à la 2ème session, celle que je voulais raconter dans cet article !

Nous sommes donc mardi après-midi, et c’est le moment de la séance de français d’oscar.
Je suis attablée dans le café où il est prévu que nous nous retrouvions, et lui n’y est pas.
Il arrive enfin, en retard, sans un mot à ce sujet.

Je demande :
« Que s’est-il passé ?
– Comment ça ? Rien…
– Ben.. tu es en retard, là. Tu avais oublié ?
– ah ! Oui.
-…. Que pourrais-tu faire pour ne pas oublier ?
– Je sais pas !  »

J’essaye de respirer. Cette désinvolture me pèse. Je décide de lâcher-prise pour l’instant, très concentrée sur le fait de ne pas gâcher la séance. Il s’installe.
« Ok. Où est ton livre ?
– Je devais apporter quelque chose ? »

Alors là, ça y est, je ne peux plus… et je l’exprime !
« Je ne peux pas faire ça chaque semaine. Je te l’ai déjà expliqué, je suis fatiguée de ces conversations. Je trouve que ce n’est pas juste. Je fais des efforts pour rester sereine face à tes réactions. Tu arrives en retard, je pourrais dire « Tu as oublié ?? Tu  rigoles ?? C’est pas possible ! » et, à la place, je dis « qu’est-ce que tu pourrais faire pour ne pas oublier ?  » Mais tu ne t’arrêtes pas une seconde pour y réfléchir. « Je ne sais pas. », c’est tout. Tu n’y attaches pas d’intérêt. Je dois continuer à t’amener à travailler, et toi, tu ne fais pas. On en a parlé la semaine dernière, tu étais d’accord, on a parlé de ce sur quoi on allait travailler cette semaine, tu ne le notes pas, tu te pointes sans ton matériel, et je dois encore rester calme ! C’est pas juste. »

Et au fur et à mesure de mon discours, je monte dans les tours. Je m’énerve toute seule de tout ce que je prends sur moi… Je suis loin de ces conseils d’économiser ses paroles

Oscar est un peu dérouté.
« Ohh.. qu’est ce qu’il s’est passé ? Tu étais calme, et tout d’un coup, tu t’énerves…
– Je ne comprends pas que tu sois surpris ! On tourne en rond avec ces conversations !! Je m’épuise, je t’assure, j’ai envie de te laisser seul avec ton CNED, de me désintéresser de cette question, de te laisser faire face, bien ou mal. Je n’ai pas envie de cette relation avec toi. Je ne sais pas comment faire pour que tu le comprennes !!
– Tu as raison, je ne m’investis pas assez. »

Raison, ou pas, je ne me sens plus du tout détendue, et plus en état de travailler sereinement.
« Bon. J’avais prévu de quoi travailler ensemble, mais là, ce n’est pas possible, je ne suis pas en état. »

Heureusement, mon fils comprend ça. Il cherche une solution.
Il me dit :
« ok, si tu veux, on peut travailler demain, ou après-demain.
– Non, demain j’ai prévu quelque chose avec les petits, et jeudi, je fais le français avec Alice. Moi, j’ai le mardi pour toi. Pas un autre jour. Le mardi. Après, j’ai d’autres choses dans mon planning.
– alors, qu’est ce qu’on fait ?
– Je ne sais pas.
– Ecoute, dit-il. Je te propose la chose suivante : on travaille chacun de son cote, et on travaillera ensemble ensuite.
– On verra. »

Nous nous mettons à travailler, chacun sur son sujet. Je me calme peu à peu. Au bout d’un moment, un peu plus posée, je lui dis :
« Je te remercie d’avoir gardé ton calme. Je pense que je pourrai travailler avec toi dans un moment. »
Puis, un peu plus tard.
« Bon, j’ai presque fini, et toi ? On se donne encore 10 minutes ? »

10 minutes plus tard, je sors ce que j’avais préparé, et nous pouvons enfin commencer à travailler ensemble.
Finalement, ce sera même une bonne séance.

Heureusement qu’il a réussi à garder la tête froide.
Je suis contente d’avoir pu lui enseigner ça, et à laisser son espace à l’autre.

Pour la petite histoire, depuis ce jour-là, nos séances se passent bien mieux. Il semble qu’un déclic ait eu lieu, et Oscar fait preuve de beaucoup plus de sérieux. On a établi un planning ensemble, pour l’année entière, et il suit bien son avancée. L’autre jour, il me disait même : « Je comprends maintenant ce que j’aurais dû faire l’année dernière, et que je ne faisais absolument pas. »

Ouf. Décidément, pas toujours facile d’être parent…

Il y a quelques semaines, j’ai expliqué à mon fils que je n’étais pas un super-héros, et reviens dessus de temps en temps. Explication.

Je prends la douche avec Léon (presque 6 ans), et Anatole (3 ans).
Léon est de très mauvaise humeur.
Une partie de moi le comprend très bien.
La journée a été longue, et chaude.

Nous sommes 3 semaines après le passage de l’ouragan María sur Puerto Rico. La situation reste compliquée. Notre électricité est toujours coupée, et le générateur de l’immeuble ne s’allume qu’à 18h.  Nous avons passé une mauvaise nuit (nous dormons les 6 dans la même chambre depuis l’ouragan, pour n’utiliser qu’une seule clim), Léon s’est réveillé très tôt, et je cherche à le presser pour prendre la douche au moment où l’eau peut enfin couler (sans électricité, pas de pompe pour la faire marcher), sans que cela ne dure trop car je dois encore finir de préparer le diner, et, tel que je le vois, je sais qu’à 19h30, il voudra dormir…

Je le comprends d’autant mieux que je suis également de mauvaise humeur, à peu près pour les mêmes raisons, et, évidemment, cela n’aide pas…

Dans nos vies à tous, il y a des jours qui sont plus faciles que d’autres.

Pour un enfant qui n’a pas encore 6 ans, et qui n’a pas encore la capacité de réguler ses émotions, les jours difficiles se sentent encore plus.

Ainsi, Léon me parle mal, Léon pleure, Léon crie. Il ne fait plus face à rien.

Malgré ma mauvaise humeur, j’essaye de l’écouter, j’essaye de lui parler doucement. Ca n’a pas d’effet sur lui, mais c’est important pour moi : je me concentre sur mon ton, pas sur le sien. Et en même temps, je le préviens : « Je ne suis pas un super-héros. »

Cela le déstabilise…
« Pourquoi tu me dis ça ?? Je le sais bien que tu n’es pas un super-héros !
– Ce que je veux dire, c’est qu’il faudrait être un super héros pour continuer à entendre crier dans ses oreilles et ne pas s’énerver. Et là, ça fait un moment que tu cries, et que je reste calme. Je vois bien que ce n’est pas facile pour toi. Seulement, le problème, c’est que  je ne suis pas un super héros, et qu’à un moment, je ne vais plus pouvoir t’entendre me parler comme ça. »

Je ne me souviens même plus comment ça s’est terminé ce jour-là. Pas de façon aussi catastrophique que le jour, à peu près dans les mêmes circonstances, où mes grands sont venus me soutenir, sinon je m’en souviendrais, mais pas de façon très harmonieuse non plus, probablement.

N’empêche, ce moment m’a marquée, parce que nous avons pu en reparler depuis. Nous avons discuté des super pouvoirs des super-héros, et du fait que je n’en étais pas un ! Comme il ne se faisait déjà aucune illusion sur ce point, il le comprend mieux, c’est déjà ça.
Lui-même a observé que quand son petit frère lui criait dessus, il ne se comportait pas non plus en super-héros. Alors, de temps en temps, quand ça dérape, je lui redis : « Tu te rappelles que je ne suis pas un super-héros ? », parfois, ça l’aide à faire un effort pour parler plus posément !

Et vous, essayez-vous d’être des super héros ?

(Note : au moment où je tape ces lignes, cela fait 7 semaines que l’ouragan est passé, et nous n’avons toujours pas l’électricité, mais le générateur s’allume à 17h30, ce qui change tout au rythme du soir !)

Il y a des jours avec et des jours sans… Les jours où l’on est le parent que l’on a envie d’être, et les jours où l’on se transforme en maman qui craque…

Je crois vraiment que l’on progresse en se construisant sur nos succès, et en s’inspirant des succès des autres également. C’est pourquoi je lis tant, et pourquoi je partage tant avec vous.

Il y a peu, je vous racontais comment j’avais réussi à garder la tête froide devant la colère de mon fils.

Mon histoire aujourd’hui est contraire : il n’a pas gardé la tête froide devant ma colère !
Laissez-moi vous raconter…

En ce moment, notre rythme est en phase avec celui du générateur, puisque, depuis le passage de l’ouragan María, c’est lui qui nous donne l’électricité et l’eau (qui ne monte pas dans l’appartement si la pompe ne peut fonctionner).

Ainsi, tous les soirs, à 18h, c’est la course : c’est à la fois l’heure de la douche et de la préparation du repas, puisque j’essaye de faire dîner les petits avant 19h.

Hier, je m’y suis prise tôt, à 17h30, je prévenais déjà Léon et Anatole (6 et 3 ans) que la douche interviendrait une demi-heure plus tard, et qu’il faudrait que le salon soit rangé avant, ce qui ne semblait pas difficile, puisqu’il y avait peu de choses qui trainaient… en théorie, ils étaient bien d’accord. En attendant, ils continuaient à jouer.

A 18h, alors que je pouvais lancer ma cuisson, ils jouaient toujours. Je les avertis que je serai prête pour la douche 10 minutes plus tard. Mais 15 minutes plus tard, rien n’a changé, et je suis usée…. Fatiguée de me battre, je me sens impuissante.

Je décide d’y être indifférente, de ne plus me battre, et annonce simplement que je vais me doucher, et qu’ils pourront se doucher seuls lorsqu’ils auront rangé le salon.

Seulement, mon indifférence ne tient pas devant leurs cris :
« Je voulais me doucher avec toooooooi !!!
– Alors pourquoi n’as-tu pas rangé ? Ca fait presqu’une heure que je vous le dis ! Je suis venue le répéter, une fois, deux fois, trois fois, et vous n’avez rien fait !! (oui, je sais, tout ce qu’il ne faut pas dire !! Je ne me sens pas très fière…) »
La conversation tourne en boucle, et mes velléités de rester calme s’estompent peu à peu…

Oui, je deviens la maman qui craque.

Je finis par comprendre que je fais plus de mal que de bien en restant, et je pars enfin prendre ma douche, seule, les laissant pleurer seuls dans le salon.

Lorsqu’ils me rejoignent, ma douche est terminée, personne n’est encore calmé, et je me réfugie dans ma chambre.

Je suis là, en serviette, en train de pleurer, repensant à la manière dont j’ai (mal) géré la situation, m’interrogeant sur ce qu’il aurait fallu faire, triste de ne pas avoir pu partager ce moment avec eux, ne sachant pas non plus comment j’allais faire pour que mon plus petit soit lavé (Léon peut le faire seul, mais va-t-il prendre l’initiative d’aider son frère ?)…

C’est alors qu’Oscar (15 ans) entre, pour me demander je ne sais quoi.
Il me voit abattue et me dit :

« Tu sais maman, t’es une super maman. C’est pour ça que tu te sens mal comme ça.
Il y a beaucoup de familles dans lesquelles des scènes comme ça, il y en a tout le temps, et c’est justement parce que ça arrive peu chez nous que tu te sens si mal. Et si ça arrive peu, c’est grâce à toi. »

Merci, mon grand !!

De l’autre côté de la porte, j’entends mon Alice (10 ans) qui amène Anatole à la douche. Elle aussi a compris que je n’étais plus capable, et que j’avais besoin de soutien à ce moment-là.

Merci ma grande !

Bon sang, ce n’est pas facile tous les jours, mais nous restons une famille unie, et c’est ça qui compte !!

Un peu plus tard, une fois calmée, je me suis assise avec mes deux plus jeunes, et nous avons essayé de chercher comment nous pourrions éviter qu’une telle scène se répète. Nous n’avons pas trouvé, mais j’ai confiance, cela viendra.

Dans chaque histoire, il y a des dates clefs.

Or, le 27 octobre, c’est une date clef pour moi : le jour de l’ouverture officielle de ce blog tel qu’il est aujourd’hui !!

Retour sur les dates…

Mai 2015 : j’ai commencé à écrire pour moi. Pour garder mes notes sur mes lectures, pour les mettre en lien avec ce que j’essayais avec les enfants.

Petit à petit, je me suis mis à partager des liens.

En septembre 2016, je m’achetais un nom de domaine, et m’attaquais au transfert des articles déjà écrits !

Puis, le 27 octobre 2016, j’ouvrais mon blog au public.

Le chemin parcouru

Le chemin principal, bien sûr, celui qui est le moteur du blog, c’est celui de la parentalité positive.

Depuis un an, j’ai continué à lire, à écrire.

Vouloir partager mon message m’a obligé à le creuser, à le structurer, et rien que pour cela, je vous remercie de me lire !! Vos commentaires m’aident à approfondir, à avancer, encore.

A travers ce blog, j’ai échangé avec tellement de belles personnes ! Une rencontre a même été concrétisée l’été dernier au festival des rendez-vous de Juillet avec Gwen, du blog Petit bout par petit bout.

Et puis, bien sûr, un an de blogging, c’est aussi beaucoup d’apprentissage en termes techniques (plus ou moins réussis d’ailleurs), en termes de communication (plus ou moins réussie d’ailleurs), c’est en tout cas énormément de temps consacré à un thème qui me passionne, et que je suis tellement contente de partager, de plus en plus !!

Petit concours

Afin de fêter cet anniversaire, je vous propose un petit concours !

Afin de mieux faire connaître ces livres, qui ne sont souvent pas les premiers à être lus par les parents en recherche de parentalité positive, j’enverrai un exemplaire de chaque après tirage au sort dans les réponses :

La discipline positive – Jane Nelsen

Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille – Elizabeth Crary

Parents respectueux, enfants respectueux – Sura Hart et Victoria Kindle Hodson

Ca y est, les participations ont été dépouillées, et je suis ravie de vous annoncer les gagnants :

Karine gagne Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille

Anne-Laure gagne La discipline positive

Christelle gagne Parents respectueux, enfants respectueux

Je tiens aussi à remercier tous les participants, j’ai adoré lire vos réponses !!

Ce matin, je me sens contente en amenant les petits à l’école. Nous nous sommes bien organisés, nous sommes en avance, ce qui est loin d’être toujours le cas.

Il ne fait pas trop chaud, Anatole (3 ans), de bonne humeur, sautille devant Léon (6 ans) et moi, avec des chaussures qui appartenaient auparavant à Léon.

Léon commente :
“Ces chaussures, elles sont rarement à Anatole.
– Qu’est-ce que ça veut dire qu’elles sont “rarement” à Anatole ?
– Tu ne connais pas le mot “rarement” ? C’est rare que tu ne connaisses pas un mot.
– Je connais le mot “rarement” mais je ne comprends pas la manière dont tu l’utilises ici.
– Et bien, je dis que ces chaussures sont rarement à Anatole ! (avec un ton un peu plus ferme)
– Oui, mais…
– Mais tu comprends rien !! (Cette fois, il s’énerve carrément…)  Elles sont rarement à Anatole !!! se met-il à crier. (On nous regarde même depuis le trottoir d’en face)
– J’aimerais bien que tu ne me cries pas dessus.  – dis-je très calmement, je m’admire moi-même !
– Mais c’est parce que..; oh !!! Tu comprends rien ! crie-t-il encore
– J’essaye de comprendre, et j’aimerais que tu ne me cries pas dessus.”
Cette fois, il ne peut plus se contenir, il lâche son sac, crie, et s’éloigne.

Bon, je respire, et ça me donne le temps de me dire que peu importe l’utilisation du mot “rarement”, le fait qu’il se mette dans cet état-là prouve probablement qu’il y a autre chose, un autre problème que je n’ai pas perçu, et que cette frustration sur notre incompréhension n’est qu’un prétexte.

Inutile de me focaliser sur la pointe de l’iceberg et d’adresser son comportement à ce moment-là, il sera plus utile d’en identifier la cause.

Je décide donc – ouf, je n’y arrive pas toujours !! – de lâcher prise sur le fait de me parler mal, et d’essayer d’écouter ce qu’il peut se passer.

Je m’arrête, et ne dis plus rien, en attendant qu’il récupère son sac.
C’est encore une petite difficulté, car le sac est resté quelques mètres derrière, et je n’ai aucune envie d’aller le chercher.
“Mon sac est trop lourd !!
– Je veux bien le porter si tu veux, dis-je sans bouger.
– Il est trop lourd, je ne peux pas aller le chercher !
– Tu as su le porter jusqu’ici, et tu l’as lâché parce que tu étais énervé. Je ne retournerai pas le chercher, mais je pourrai le porter à partir d’ici si tu veux.
– Il est trop lourd !! Et en plus, je ne veux pas aller à l’école !”

Nous y voilà…. Problème d’école…
Je ne réagis pas encore. Une chose après l’autre. 

Nous en sommes encore à la question du sac. J’attends sans rien dire, calmement.
Heureusement que nous sommes partis tôt ce matin… La parentalité positive est également une question de rythme !
Je me rappelle la crise d’Anatole de la semaine dernière, alors que nous étions déjà en retard : j’étais tellement stressée que je n’arrivais plus du tout à gérer et nous sommes tous arrivés énervés à l’école !
Mais ce matin, ça se passera mieux, j’ai confiance.

Et en effet, en peu de temps, Léon se calme un peu. Il récupère son sac et me rejoint.
Je prends le sac et nous marchons encore un peu sans rien dire.
Lorsque je le sens un peu plus posé, je commence à lui caresser la nuque.
Immédiatement, il s’arrête et me fait un câlin !
Il a suffi d’un simple geste d’affection pour me reconnecter…

Je peux maintenant creuser le sujet :
“Tu dis que tu ne veux pas aller à l’école ?
– Non !
– Que se passe-t-il ?
– Je ne peux pas apporter mon Mack à l’école !!”
Il s’agit du nouveau camion qu’il a eu pour son anniversaire, quelques jours auparavant.

“Ah… Toi, tu aurais aimé pouvoir apporter ton Mack..
– Oui ! J’ai envie de jouer avec !
– Tu voudrais l’apporter pour pouvoir jouer avec, ou pour le montrer aux copains ?
– Pour jouer avec !
– C’est une bonne nouvelle que ce soit pour jouer avec : parce que tu pourras jouer avec à la maison, alors que tu ne peux pas le montrer aux copains à la maison.
– Oui, mais je veux l’apporter à l’école !!”
Cette fois, nous ne sommes plus dans la colère, mais dans la tristesse.

Alors, je décide, pour mieux le recevoir, de basculer dans la technique magique de l’imaginaire !
“Si tu pouvais apporter ton Mack, tu l’apporterais vide, ou avec des voitures dedans ?
– Avec 16 voitures dedans ! “
On change d’humeur : voilà mon Léon qui se met doucement à sourire…

Je pousse la projection :
“A l’école, il y a des voitures aussi, non ?
– Oui… J’ai une idée ! Je l’apporterais avec 16 voitures, et les copains pourraient jouer avec mes voitures pendant que je mettrais des voitures de l’école dans mon Mack.
– Ah, ce serait chouette, ça ! Et comment ferais-tu pour ne pas mélanger tes voitures et celles de l’école ?
– Ben, je connais mes voitures ! Je les retrouverais !”

A ce moment-là, nous arrivons devant la porte de l’école. Mon Léon n’est pas complètement au top, mais il a pu s’exprimer, il s’est projeté, il a mieux accepté les contraintes, et il n’est plus ni en colère ni triste au moment où il entre dans sa classe.

Je me félicite d’avoir pu l’accompagner, nous pouvons à présent passer chacun à l’étape suivante de notre journée, sereinement.

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

Que disait Céline Alvarez déjà ? Qu’on avait peu d’ambition pour nos enfants en leur proposant de compter jusqu’à 30 en maternelle ? C’est bien ce que j’ai vécu, encore une fois, la semaine dernière…

Léon, 5 ans – presque 6 – aime les nombres !
Ca tombe bien, moi aussi, et j’adore le suivre sur la piste de la découverte.
C’est incroyable comme il est des moments où l’on peut être ainsi simplement témoins de leur enthousiasme !!

« Maman, est-ce que 9 000, ça existe ?
– Oui
– Et 23 000 ?
– Oui
– Et 99 000 ?
– Oui, ça existe ! »
Il écrit au fur et à mesure les nombres sur son papier…

Juste avant, nous avons eu une discussion sur l’écriture de ces nombres.
Il se demandait comment écrire 128000 et voulait l’écrire : 100 20 8 1000. Logique.
Je suis revenue à ce qu’il connaissait :
« Léon, quand tu écris 23, tu n’écris pas 20 3, pas vrai ?
– non, on écrit 23 !
– exactement. Et pareil pour 128, n’est-ce pas ? Tu te souviens ce ce que tu as vu dans ton livre hier ? »
La veille au soir, en attendant qu’on soit disponible pour l’histoire, il a tourné les pages du livre de 8 à 146, en les comptant une par une, tout en observant le nombre en bas de page…
Experience fort utile puisqu’aujourd’hui, cela l’éclaire :
« Ah non, je sais ! On écrit 128. Tu sais comment je sais ? Avec le livre ! »

Donc, voilà mon Léon occupé à écrire des nombres.
Ca commence à peu près modestement, par 101, 102, 103…

Voyant la tendance, je lui sors des papiers, pour qu’il puisse donner libre cours à son élan !

Et il continue donc, avec ses 99 000, tandis que je suis occupée à ranger la cuisine.

« Maman, est-ce que 9 millions, ça existe ?
– Oui ! »
Il l’écrit derechef.
Mais où a-t-il appris à écrire 1 000 000 ???

N’empêche, je souris à ses questions.

Juste avant l’été, il y a à peine trois mois, nous apprenions les dizaines, et le fait qu’au bout de 10 dizaines, on arrivait à la centaine ! Waouh… 100, c’est beaucoup, ça !

C’est chouette les vacances, parce que c’est le moment pendant lequel on a enfin l’occasion de faire quelques activités qu’on n’a pas le temps – ou qu’on ne prend pas le temps – de faire quand il y a école.

Ainsi, cet été, j’ai eu plusieurs occasions de discuter dizaines et centaines avec lui, on a pris des barres de 10 perles (que j’avais fabriquées pour sa grande soeur il y a quelques années), et on a appris à compter de 10 en 10.

Puis, il y a eu ce moment un peu magique, où l’on a aligné des cailloux en rangées de 10… Chacun représentant 10, chaque ligne faisait 100, au bout de 10 lignes, on avait atteint 1000 !!!

Dans les jours qui suivaient, il avait voulu compter jusqu’à 1000. Ca lui a pris plusieurs semaines. Il reprenait là où il en était resté : « Maman, j’en étais à 523… » Oui, c’est comme ça, il s’arrêtait à des nombres qui, pour nous, étaient illogiques. Mais on respecte la logique de l’enfant, non ?

Puis, les nombres étaient en pause. Du moins le croyais-je. Jusqu’à hier.
J’avais sorti des petites fiches pour que son petit frère, Anatole, 3 ans, puisse les ranger de 1 à 10, parce qu’il demandait à apprendre à compter jusqu’à 10.
Ca a suffi à rebrancher Léon…

« Maman, ça existe 99 millions ? et 1000 millions ? »
Nous voilà à parler milliards, et je montre l’écriture des grands nombres, il est impressionné !!

Il décide enfin d’essayer d’atteindre l’infini
« Je vais mettre des 0 sur tout le papier pour atteindre infinité.
– C’est possible d’atteindre l’infini ?
– Oui, si on met des 0 partout, et un 1 !
– Et si je t’apporte un autre papier, tu pourrais écrire plus de 0 ?
– oui..
– donc, est-ce qu’on peut atteindre l’infini ?
-… alors, il faudrait mettre plein de papiers et écrire des 0 sur tous !!
– et quand tu auras écrit sur plein de papiers, est-ce que je pourrais encore en apporter un pour écrire encore des 0 ?
– Non ! Puisqu’on aura déjà atteint infinité !! »

Ok ! Je crois que c’est pas mal pour aujourd’hui !

« A la différence de beaucoup d’autres sentiments, la colère est presque toujours dirigée contre une autre personne. « Je suis fâché » signifie ordinairement « Je suis fâché contre toi. » »
écrit Thomas Gordon dans Parents efficaces.

Il est important de le comprendre, parce que cela modifie grandement le « message Je » !

En effet, Thomas Gordon conseille de s’exprimer auprès des enfants en « message Je », c’est à dire en parlant de nous, plutôt que d’accuser l’autre en utilisant un « message Tu » (ce qui n’est pas sans rappeler les conseils de Faber et Mazlish dans Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, qui suggéraient, dans le chapitre sur la coopération de décrire ce que l’on ressent.).

C’est logique, et cela rejoint également les mots de Marshall Rosenberg : en accusant et reprochant, « nous limitons sérieusement nos chances d’obtenir ce que nous voulons. »

Le problème ici, selon Thomas Gordon, c’est que, même en message Je, le message de colère prend rapidement un ton d’accusation…

Ce qu’il préconise est donc de réfléchir au sentiment premier. Oui, au sentiment premier.

« Je suis maintenant convaincu, écrit-il, que le parent produit lui-même la colère après avoir éprouvé un premier sentiment. »

A la lecture de cette phrase, je m’interroge.
Je vois bien des situations dans lesquelles il est clair que notre colère cache un autre sentiment.
L’exemple typique, et le premier qui vient en tête, est le moment où l’on perd temporairement un enfant.
Quand on le retrouve, il arrive souvent, au lieu qu’on le prenne dans nos bras pour lui dire à quel point on est content de le revoir, qu’on commence par lui reprocher de s’être égaré !! On est colère parce qu’on a eu peur, c’est clair.

D’autres exemples peuvent venir : ici, Gordon parle du parent en colère parce qu’il est en fait déçu que son fils ait oublié son anniversaire…

Cependant, est-ce vraiment toujours le cas ?
La colère est également un sentiment en soi, non ? On peut aussi être en colère, avec pour sentiment premier… la colère, pas vrai ?

Je ne suis pas sûre d’avoir trouvé la réponse à cette question, mais ce que je peux raconter, c’est ce qui m’est arrivé le jour où je me suis vraiment posé cette question.

J’étais seule, et j’ai réfléchi à la dernière occasion où je m’étais sentie en colère.
Le matin même, en fait. Pourquoi ? Parce qu’Oscar (14 ans) n’avait pas pris le temps de vider le lave-vaisselle avant de partir à l’école. Bon. Analysons. J’étais donc en colère. Un autre sentiment ? Un sentiment « premier » ?

Oui, en fait.
J’étais blessée. Aïe, Rosenberg parlerait là de « sentiment mêlé ». Je devrais probablement chercher un autre terme. Mais ça me permet déjà de mieux creuser le besoin derrière ce sentiment : je m’écoute, ce qui ne m’arrive pas si souvent, et je réalise que ma colère face au fait qu’il n’ait pas vidé le lave-vaisselle découle d’un besoin de considération.

Si le lave-vaisselle n’est pas vidé, c’est parce que tout le monde sait que je suis à la maison, et peux donc le vider moi-même, une fois qu’ils sont partis. Seulement voilà, cela sous-entend que mon temps a moins de valeur que celui des autres. Que ce que j’ai d’autre à faire est moins important.

C’est étrange, parce que ça semble évident a posteriori, mais avoir pu faire ce raisonnement m’aide beaucoup. C’est tellement plus clair quand on met les bons mots sur le besoin !

Le soir même, je partage ce raisonnement avec ma famille, et avec Oscar en particulier. Je ne suis plus énervée, j’explique simplement ce que ça suscite chez moi. Mon message centré sur ce besoin de considération est beaucoup mieux reçu que celui du matin  qui tournait plus ou moins autour de « Je veux pas le savoir, c’est ton job », soit dans la gamme du reproche… Et le lendemain, le lave-vaisselle est vidé !

Merci Thomas Gordon pour cet encouragement à l’introspection. J’aimerais garder cela à l’esprit pour m’interroger ainsi régulièrement sur mon sentiment premier derrière la colère…

Et vous ? Etes-vous prêt à faire cette analyse ?

Les neurosciences sont formelles : laisser pleurer un enfant le met en situation de stress, et ce n’est pas bon pour son cerveau.
Pour autant, nous voudrions que notre enfant puisse apprendre à faire face à la vie, peu à peu sans notre aide. Comment trouver le bon équilibre ?

Nous sommes en vacances, en pleine visite de ville avec des amis.
Nos plus jeunes sont contents d’être ensemble, ils courent devant.
Mais… aïe ! La fille de nos amis (3 ans) n’a pas vu le trou, elle trébuche… et pleure.
Son père la prend dans ses bras, et, à ma surprise, la garde dans les bras jusqu’à ce que nous arrivions à la station de métro, quelques minutes plus tard.

Le lendemain, avec les mêmes amis, nous montons admirer une église au sommet de la colline. Encore une fois, les enfants courent devant… et la petite trébuche encore ! Elle se met à pleurer, se retournant vers son père… qui la prend immédiatement dans ses bras, et, de nouveau, la porte pendant plusieurs minutes sur la suite du chemin.

La présence de son père rassure cette petite fille, c’est évident.

Pourtant, cette scène me soulève des interrogations :
La ligne est fine entre être là pour son enfant, et être trop là pour son enfant !

Vous me connaissez, je ne vais certainement pas dire qu’il faut faire semblant de rien quand cette petite fille pleure, ou lui dire “ce n’est rien !”. Non, il n’est pas question de nier son ressenti. Je crois pourtant qu’elle aurait peut-être seulement eu besoin d’un regard, d’une phrase “Mince, tu es tombée !”, et qu’elle serait repartie avec enthousiasme.

En la prenant systématiquement dans les bras, je me demande dans quelle mesure elle ne pourrait pas interpréter l’aide de son père comme “Je ne peux pas me relever seule. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin de mes parents.”

Par nos attitudes et nos réactions, nous passons à chaque fois un message implicite à nos enfants. M’interroger sur le message est une des méthodes qui m’aide le plus à avancer vers la parentalité que je souhaite. Parce que pour aller dans la bonne direction, il s’agit d’abord d’être conscient de ce que l’on cherche à faire passer.

Cet épisode est l’occasion d’une discussion passionnante (comme toujours) avec la mère de cette petite fille, une amie.
Nous sommes d’accord que la ligne est fine….

Consoler son enfant, ne pas le laisser pleurer seul, et en même temps ne pas lui passer un message d’incapacité, lui donner confiance en sa propre force, en son aptitude pour se relever et continuer ! Quel exercice difficile !

Cette histoire s’est déroulée il y a des mois.
Elle me revient en mémoire à la lecture de Il n’y a pas de parent parfait, d’Isabelle Filliozat.

En effet, l’auteure y parle d’une maman qui “se plaint de ne pas arriver à consoler sa fille de dix-huit mois quand elle pleure.” L’observation des interactions entre la maman et sa fille montre en fait que la petite fille se console très vite, puis se remet à pleurer, encore dans les bras de sa maman. “En fait, écrit Isabelle Filliozat, pour l’observateur extérieur, il est évident qu’elle garde tout simplement sa fille trop longtemps dans ses bras.”

Voulant être une bonne mère, elle répond au schéma qui veut que la bonne mère prend son enfant dans ses bras quand il pleure, et, en retour, sa fille se retrouve “prisonnière de sa fidélité envers sa maman.” Alors qu’à 18 mois, “elle n’a besoin que d’un petit câlin de réconfort.”

La maman met alors ce nouveau conseil en pratique, ne gardant sa fille contre son épaule que quelques instants, puis la tournant vers l’extérieur dès que les pleurs commencent à se calmer. La petite fille est alors ravie de reprendre son jeu.

On parlait de ligne fine… c’est délicat, n’est-ce pas ?
Essayer d’être un “bon parent”, sans oublier de laisser l’enfant trouver sa propre place…

Et vous, avez-vous l’impression de bien identifier le moment où les bras ne sont plus utiles ?

Certaines situations, sans que nous comprenions bien comment, nous échappent.
Y a-t-il quand même moyen de sortir de l’impasse ?
Retour sur un épisode vécu, lors duquel mes outils ne me donnaient pas les résultats escomptés !

La situation semblait simple…

Anatole, 3 ans, a fait tomber un bout de sa pêche sur le sol.
Rien que de très banal, et ça ne pose évidemment pas de problème.

Je connais mes méthodes !

Oui, ça fait un moment que je suis une maman positive, je sais rester sobre, et décrire simplement la situation, pour lui donner l’opportunité d’agir de son propre chef :
“Anatole, il y a un morceau de pêche qui est tombé.”
Hum.. Anatole ne réagit pas.
Qu’à cela ne tienne, je suis vraiment bien renseignée, je sais que le lien entre les mots et l’action peut être lent, j’établis donc une connexion physique en m’approchant, et répète : “Anatole, il y a un morceau de pêche qui est tombé.”
Anatole regarde la pêche, et n’agit toujours pas.
Bon. Je passe à l’information.
“Anatole, ce morceau est à mettre à la poubelle.”
… “Mais je peux paas !”
“Anatole, tu peux le prendre avec ta main.
– non je peux pas !”

Je sens que je perds patience…

Je n’ai pas envie, mais vraiment pas, de transformer ça en lutte de pouvoir. En mode “Tu ramasses ça / non / si ….” comme je l’aurais fait il y a quelques années.
Je sais que c’est inutile, que la question ne sera alors plus la pêche mais bien la lutte, et que je ne cherche pas à gagner contre mon enfant, mais bien à l’encourager à la coopération.
Et en même temps… je n’ai vraiment pas envie de laisser tomber et de juste ramasser la pêche moi-même !! Parce que je n’ai pas envie qu’il perde, mais je n’ai pas envie de perdre non plus, c’est bien ça, monsieur Gordon, l’idée d’une éducation sans perdant, non ?? On n’impose pas, mais on ne s’écrase pas non plus, n’est-ce pas ?
Mais alors comment fait-on ???

Je communique mes sentiments

Comme j’ai appris qu’il valait mieux le dire avant de craquer, je communique, sans attaquer le caractère de l’enfant :
“Anatole, je suis en train de m’énerver. Je n’ai pas envie de passer 10 minutes sur ce morceau de pêche. Tu voudrais bien le ramasser s’il te plait ?
– Mais je peux paaas !!”

Je suis dans une impasse

Et c’est là que ça me vient : cette idée d’impasse me fait penser à Catherine Dumontheil Kremer et à ses suggestions pour les cas d’impasse !
Elle raconte un moment où elle prend les mains de sa fille pour l’aider physiquement à mettre le couvert.
Je décide d’essayer ça !
Je dis à Anatole : “Bon, mets ta main dans la mienne, je vais te montrer.”
Et je me sers de sa main pour ramasser la pêche !
Il est resté sur sa position, et moi aussi, nous avons donc tous les deux gagné !
Une fois la pêche ramassée, il va la mettre à la poubelle, et je me sens fière d’avoir pu sortir de cette situation sans m’y être cassé le nez.
Bon sang… que d’énergie pour appliquer la parentalité positive !!!

Quand je pense que certains la confondent avec la permissivité… C’est pourtant bien plus compliqué de trouver la bonne idée que de laisser-faire !

Juste avant l’été, nous avons été surpris par l’épisode suivant, qui nous a permis de toucher du doigt l’impact de nos gestes sur un enfant, même lorsqu’il ne s’agit que d’une « petite tape ».

Nous étions au téléphone avec le père de mon mari. Nous allons bientôt les voir et loger chez eux quelques jours, et nous en discutons.

Anatole (3 ans) demande à parler à son papy.
A ce moment-là, il est très tranquille, et rien ne laisse présager ce qui va suivre.
Il lui dit “Papy ? Bonjour ! Ca va ?”
Puis demande : “Papy, tu te souviens quand j’étais chez toi et que tu m’as tapé sur la main ?”
Nicolas et moi nous regardons… nous n’avons aucune connaissance de cet épisode.
Je suis sidérée qu’Anatole puisse s’en souvenir, alors qu’on n’a pas vu ses grands-parents depuis près d’un an, il avait donc 2 ans 1/2…
Le-dit papy répond qu’il ne s’en souvient pas non plus, ce que je n’ai aucun mal à croire.
Anatole complète : “Quand je va venir chez toi, est-ce que tu vas encore me taper la main ?”
Avant même que son papy ne réponde, je vois les coins de sa bouche qui s’affaissent…
En reparler l’a projeté dans l’émotion de ce moment-là… Il me regarde, et se met carrément à pleurer !!
Il a franchement peur que ça se produise de nouveau !!!

J’ai trouvé cet épisode très fort, et riche d’enseignement.
Car je n’ai aucun doute que la tape donnée par son grand-père l’a été sans méchanceté, seulement parce que cela fait partie des méthodes éducatives classiques, reçues et apprises.

J’ai tendance à vouloir accorder le bénéfice du doute à ceux qui utilisent encore des méthodes de violence éducative ordinaire (ou VEO), parce que je sais que dans la plupart des cas, ce n’est qu’une question d’ignorance.
Dans cette catégorie de VEO, on range aussi bien les violences physiques, que les humiliations, insultes, punitions… (Si le sujet vous intéresse, le site OVEO vous en dira plus.)
Mais comment remettre en cause tout ce qu’on nous a appris ?

C’est vrai, certaines personnes affirment depuis longtemps déjà qu’on n’aide pas les enfants à grandir en ayant confiance en eux avec de telles méthodes.
Mais ce n’est que récemment que les neurosciences ont démontré à quel point ces violences pouvaient avoir un effet néfaste sur le développement du cerveau…

Pour se comporter bien, un enfant doit se sentir bien.
Et nous l’avons bien constaté lors de cette conversation : une “petite tape” peut être beaucoup plus conséquente que ce que nous croyons. Au point qu’un an plus tard, Anatole l’a tant intégrée, qu’elle lui provoque encore de la détresse, et de la peur à l’idée de revoir son grand-père !

Et voilà entre autres pourquoi nous cherchons d’autres méthodes éducatives…

Avez-vous déjà vécu un épisode similaire ?