Un des premiers pas à faire sur le chemin de la parentalité positive, c’est celui de la découverte des émotions et des sentiments.

Comprendre ce qu’est une émotion, oui, mais surtout, se rendre compte de la tendance que nous avons à les nier. Pas seulement ceux des enfants, ceux de tous. Ou du moins, de nier les sentiments négatifs. (J’utiliserai ici, à tort, les termes sentiments et émotions de manière interchangeable)

Nous n’arrivons simplement pas à les recevoir.

Ainsi, quand quelqu’un nous partage ses craintes, nous lui répondons : « Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer ! ». Si notre ami nous partage sa déception, nous lui redonnons espoir : « C’est normal de ne pas réussir tout de suite, ça viendra ! ». Lorsque notre conjoint(e) nous parle de son agacement contre son chef qui a coupé le projet, nous justifions : « Il a sûrement de bonnes raisons pour ça, même si tu ne le sais pas. »

Oui, c’est quotidien… « Ca ne vaut par le coup de te fâcher pour ça ! », « Ne l’écoute pas, il n’y connait rien. », « Il n’y aucune raison d’avoir peur ! »

Seulement voilà, réfléchissons-y : la personne en face se sent-elle réellement mieux quand nous lui suggérons de « ne pas s’inquiéter », ou pense-t-elle plutôt que nous ne la comprenons pas ?

J’en avais déjà été témoin : parfois, on voudrait juste pouvoir s’exprimer et être écouté…
Alors, d’où nous vient cette tendance ?

Pourquoi nions-nous les sentiments de l’autre ?

Parce que nous ne voulons pas qu’il se sente mal, tout simplement. 

Il y a quelques semaines, j’ai croisé dans la rue un papa portant sa petite fille de 18 mois, en pleurs. Il lui disait : « non, non, arrête de pleurer, tout va bien. Ce n’est pas grave, ça n’a pas d’importance… ». Pourtant… si elle pleurait, c’est bien que pour elle, ça avait de l’importance, n’est-ce pas ?
Que veut en fait dire ce papa ? Je crois qu’il veut surtout dire « Je n’aime pas te voir mal ma petite fille, j’aimerais pouvoir faire en sorte que tu te sentes bien, tout de suite ! »

Oui, on veut résoudre le problème.
Pourtant, et je crois très important de s’arrêter sur ce point, les sentiments négatifs font également partie de la vie.
Il est illusoire de penser qu’il est possible de ne pas les ressentir.

Si on accepte cette idée, la question est :

Que pouvons-nous faire pour aider nos enfants à les traverser ?

Les nier ? Ou les reconnaître, les laisser en vivre l’expérience, et s’apercevoir d’eux-mêmes qu’ils ne durent qu’un temps ?

Lorsqu’on nie le sentiment de notre enfant, lorsqu’on lui dit qu’il n’y a pas de raison d’avoir peur, ou qu’on lui affirme que ce qui le rend triste n’est « pas grave », on lui enseigne indirectement à ne pas avoir confiance en ce qu’il ressent. On lui enseigne qu’il a tort dans ses sentiments même.

Est-ce possible d’avoir tort dans ses sentiments ?? Non, bien sûr que non ! Nous pouvons nous interroger sur les raisons qui font que nous ressentions les choses plus ou moins fortement, d’où cela nous vient, mais nous n’avons jamais tort de le ressentir ! Le simple fait que le sentiment soit présent est une raison en soi.

En accueillant plutôt l’émotion de l’enfant, on l’aide à l’identifier, on l’aide à se comprendre, à se connaître, à se faire confiance, on l’aide à savoir qu’il sait traverser cette émotion, on l’aide à grandir.

J’aurais aimé apprendre à accueillir mes émotions, moi… Ce serait probablement plus facile aujourd’hui pour identifier mes moments de tristesse, ceux où l’agacement arrive, avant que la colère ne monte…

Et si nous offrions cette capacité à nos enfants ? Celle de vivre leurs émotions en les reconnaissant. Ce qui veut dire que nous n’éviterons pas toujours la difficulté, que nous ne la nierons pas, que nous le laisserons s’exprimer. (et parfois, oui, on en a parlé, ça voudra dire le laisser pleurer…)

Attention, c’est difficile, ce n’est pas le modèle que nous avons reçu…

Y sommes-nous prêts ?

POUR ALLER PLUS LOIN

Si ce sujet vous intéresse, allez donc voir la solution très simple que je vous propose pour apprendre à accompagner les émotions de vos enfants.

J’avais déjà évoqué Adler lorsque j’avais écrit « Les nécessités de base des enfants », je retombe dessus à la lecture de La discipline positive de Jane Nelsen.

En effet, les principes adlériens ne sont rien de moins que les fondements de la discipline positive développée par Jane Nelsen.

Quels sont ces principes ?

  1. Les enfants sont des êtres sociaux
  2. Le comportement de l’enfant est tendu vers un but
  3. Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance
  4. Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé
  5. La responsabilité sociale ou le sens de la communauté
  6. Le principe d’égalité, fondement de la coopération
  7. Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage
  8. S’assurer de faire passer le message d’amour

Et comment les interpréter ?

Les enfants sont des êtres sociaux

Selon Adler, l’enfant nait avec un vrai sens de solidarité et de communion.
Son comportement dépendra donc grandement de son environnement, du contexte social, de l’interprétation qu’il fera du comportement de ceux qui l’entourent.
Je crois qu’on touche ici à la force du modèle !

Le comportement de l’enfant est tendu vers un but

Selon Adler, le comportement est tendu vers un but à atteindre, qui n’est même pas conscient. L’enfant interprète ce qu’il observe, et adapte son comportement en fonction de ce qu’il ressent devoir faire pour obtenir ce qu’il recherche. Comme quand parfois on cherche le compliment par exemple… Seulement, l’enfant le fait souvent de manière inconsciente, sinon ce serait trop facile. Comme quand Léon cherchait de l’attention… Je ne sais si je l’aurais compris sans Adler.

Enfin, ajoutons à ça que, selon Dreikurs, psychiatre qui poursuivit en son temps le développement des principes adleriens, « les enfants perçoivent bien mais interprètent mal », et nous nous retrouvons face à des comportements agaçants qui n’obtiennent pas toujours le but cherché, et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer !

Un exemple parlant, donné par Jane Nelsen ici : la régression du jeune enfant quand un bébé arrive à la maison. C’est assez simple à comprendre en fait : l’enfant observe que quand le bébé demande un biberon, on s’occupe de lui. Il interprète donc que quand un enfant a envie d’un biberon, les adultes sont là pour répondre à cette envie. Or, il aimerait également qu’on s’occupe de lui, c’est son but. Donc, il demande un biberon !

Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance

On rejoint ici l’article que je citais au début de celui-ci, sur les nécessités de base des enfants.

C’est en se sentant faire partie du groupe, et en sentant qu’on y contribue que l’enfant va se construire une vraie confiance en soi.

La compréhension de ce besoin essentiel nous permettra l’éclairage des principes précédents : le but d’un comportement sera en général d’appartenir et d’avoir de l’importance, car l’enfant est un être social.

Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé

Ainsi, si nous ne nourrissons pas le besoin de l’enfant, il devra chercher un moyen de l’obtenir. Et comme il peut interpréter mal ce qu’il observe, il va basculer dans un comportement inadapté. C’est en réalité sa manière de dire « Je voudrais appartenir et avoir de l’importance, mais je ne sais pas comment y parvenir. »

Lors d’un comportement que nous n’apprécions pas, posons-nous la question : que cherche réellement l’enfant ? Quel est son besoin derrière son attitude ? On pourra ainsi l’aider à répondre à son besoin de manière plus adaptée.

La responsabilité sociale ou le sens de la communauté

Les expériences le prouvent : les petits enfants ont naturellement une envie d’aider l’autre. Prendre en compte le besoin de l’autre, essayer d’y répondre, voilà une belle manière de vivre la communauté. Ne les laissons pas perdre cet élan. Laissons-les contribuer, et que cela devienne un échange.

Dreikurs disait : « Ne faites pas pour un enfant ce qu’il est capable de faire tout seul. » Parce qu’en faisant pour lui-même, l’enfant trouve sa place dans la communauté, et développe le sentiment d’être capable. Etant capable, il pourra à son tour aider l’autre, suivant ainsi son instinct de responsabilité sociale.

A l’inverse, n’abandonnons pas à lui-même un enfant qui ne sait pas. Accompagnons-le dans son apprentissage pour lui donner également le modèle du sens de la communauté, et impliquons-le jusqu’à ce qu’il soit capable de prendre la responsabilité seul.

En résumé : ne faisons pas pour, prenons le temps d’enseigner.

C’est l’histoire si marquante du poisson, non ? « Donnez un poisson à un homme, il mangera une fois. Apprenez-lui à pêcher, il mangera toute sa vie ! »

Le principe d’égalité, fondement de la coopération

Jane Nelsen insiste sur la démarche de » connecter avant d’enseigner ».

L’enseignement se fondant sur la coopération, il faut d’abord être connecté avec l’enfant. Et pour cela, il est nécessaire d’aborder notre relation selon un principe d’égalité. Non, cela ne signifie pas qu’un enfant et un adulte sont identiques, mais plutôt qu’ils ont également droit au respect. Ce qui n’est pour l’instant, en général, pas le cas, comme évoqué dans cet article.

En cas de problème, nous veillerons donc à nous connecter avec respect avec notre enfant, avant de chercher une solution avec lui. Concrètement, nous l’écouterons avec empathie, respecterons ses émotions et besoins, partagerons nos propres émotions et besoins. Alors seulement, nous pourrons avancer ensemble.

Ces étapes correspondent d’ailleurs bien à ce que nous avions lu dans les livres de Faber et Mazlish, ou d’Elizabeth Crary.

La connexion peut et doit évidemment se construire également en dehors des situations de conflits, pour plus d’idées sur le sujet, voir comment connecter avec son enfant ?

Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage

Je le mettais dans l’article de présentation de ce livre, parce que c’est un thème qui y revient régulièrement et qui est clef : apprécier la valeur de l’erreur ! Car les erreurs sont des OPPORTUNITES.

L’erreur est un thème que nous avons déjà approché au travers notamment de TED talks : celui de Claire Blondel, celui d’Eduardo Briceño ; grâce à Jane Nelsen, nous la valorisons chez nous également : tous les samedi, avec Oscar (14 ans) et Alice (10 ans), nous avons ajouté à nos « samedi victoire », le « samedi erreur ». Ainsi, chacun partage également son erreur de la semaine, et ce qu’il en a retiré !

Ce n’est pas évident, car pour accepter de faire face à l’erreur, il faut avoir le courage d’être imparfait !

Cas d’application concret : en tant que parent, nous faisons régulièrement des erreurs dans la manière d’aborder les choses avec nos enfants. Ayons le courage d’être imparfaits, et n’hésitons pas à aller les voir avec notre part de responsabilité pour demander pardon pour notre débordement. Ainsi, nous leur donnons le modèle d’une démarche de réparation.

S’assurer de faire passer le message d’amour

Pour terminer, ne perdons pas de vue l’essentiel : quand nous faisons des reproches à nos enfants, souvent, c’est parce que nous les aimons.

Eh oui ! Sinon, peu nous importerait qu’ils se couchent tard et soient fatigués, qu’ils rentrent après la tombée de la nuit, qu’ils ne travaillent pas leur français…

En fait, nous cherchons à leur imposer ce qui nous semble important pour eux, parce que nous les aimons. Seulement voilà : reçoivent-ils bien ce message ?

Essayons de marquer un temps de pause et de réfléchir à nos formulations, pour inclure ce message, parce que finalement, c’est bien lui qui compte le plus !

Bien sûr, après avoir écrit ça, je sais quand même que la prochaine fois que je m’énerverai, je ne marquerai pas de temps de pause, je m’agacerai, et mon message d’amour ne passera pas….

Mais ce sera une opportunité ! Une opportunité de m’en rendre compte, d’y réfléchir, une opportunité de retourner voir mon enfant et de lui montrer comment on répare. Ensuite, nul doute que j’aurai une autre opportunité de faire mieux. Je suis imparfaite, et je l’accepte, tout en cherchant à faire mieux !

La politesse… Pas toujours facile à inculquer.

Elle reste pourtant une de nos demandes fortes de l’éducation des enfants. Non sans raison. La politesse a une raison d’être : c’est une marque de connexion avec les autres. C’est faire partie de la société que de reconnaitre l’autre par une marque de politesse.

Je me rappelle d’un chapitre sur ce sujet dans Bébé made in France de Pamela Drukerman. Cette américaine qui a élevé ses enfants à Paris commente sur bien des différences culturelles dans le domaine de l’éducation. Sur le chapitre sur la politesse, elle explique que si les américains demandent systématiquement à leurs enfants de dire « s’il te plait » et « merci », les français y ajoutent « bonjour » et « au revoir ». Selon elle, c’était une façon de valider la présence de l’enfant. De le voir, de l’accueillir. On lui dit « bonjour », cela signifie qu’il compte, il nous salue également pour créer un lien, nous ne nous ignorons pas. J’ai bien aimé cette explication.

Vraie ou fausse, ce qui est sûr, c’est que je me rappelle avoir parfois lutté avec Oscar pour qu’il dise bonjour quand on arrivait chez des gens. C’était il y a bien 10 ans, avant que je découvre la parentalité positive. Lorsque ça m’arrive encore aujourd’hui avec mes plus petits, je sais qu’il n’est pas nécessaire de les contraindre. Respectons plutôt la difficulté du 1er contact, ça viendra tout seul.

Ces derniers temps, j’ai trouvé une autre approche sur le fait de remercier qui m’enchante, parce qu’il est non seulement en ligne mais même illustrateur de la parentalité positive.

Les bonnes vieilles méthodes de « J’ai pas compris », « Quel est le mot magique ? » ou ne pas donner ce qui est demandé tant que le « merci » n’a pas été dit place l’enfant dans une position d’infériorité, et ne l’encourage à dire merci que dans la mesure où il n’a pas le choix puisque nous utilisons notre pouvoir sur lui de manière coercitive : tu n’auras rien si tu ne dis pas « s’il te plait »…

Tout change si on accepte l’idée que l’enfant voudra spontanément coopérer si on lui donne l’opportunité de voir le point de vue de l’autre. C’est une dynamique toute différente qui se met alors en place.

Ainsi, si l’un de mes petits ne dit pas « merci », par exemple à mon amie Anne-Lise, je lui glisse simplement : « Tu sais, je crois qu’Anne-Lise aime bien qu’on lui dise merci. » 

Je montre ainsi à l’enfant que je lui fais confiance pour décider lui-même quoi faire une fois qu’il aura l’information de comment se sent mon amie. Une confiance qui continuera lorsque l’enfant grandira, et qui fera la différence.

Il est très rare que cette phrase ne soit pas suivie de « Merci, Anne-Lise. »

D’ailleurs, comme il a appris à le communiquer simplement, sans contrainte, il arrive qu’Anatole (3 ans), me dise, après m’avoir remerciée pour quelque chose : « Tu peux me dire « de rien » maman ? »
C’est tout simple, on échange nos envies sans diminuer l’autre.

Essayez, vous verrez !
(Et si ça ne marche pas dès la première fois, n’en faites pas toute une histoire, ça viendra.)

Dans La discipline positive, Jane Nelsen insiste sur le fait que la démarche de discipline positive consiste à connecter avant d’enseigner.

J’adore cette vision des choses.

En effet, réfléchissons bien :

Nous ne voulons pas d’enfant obéissant pour le simple fait d’obéir… pourtant, nous voulons leur enseigner le respect des limites. Il va donc falloir chercher leur coopération.
Si on veut obtenir la coopération de quelqu’un il faut d’abord être connecté !
cqfd.

Et ça tombe bien. Parce que rappelez-vous du moment où vous avez eu envie d’être parent. Et puis, le moment où ce petit bout est arrivé. Que voulait-on à ce moment-là ? Avant de se rendre compte qu’être parent, c’est difficile ; avant de se retrouver un peu dépassé par toutes les questions qui ont surgi : fais-je ce qu’il faut ? Est-ce ce que je veux lui apporter ? Quel est le rôle du parent ? Au début, rappelez-vous, on cherchait juste à être connecté à lui !

Alors, revenons au fondamental, connectons-nous !! Ensuite, ensuite seulement, nous pourrons enseigner.

Comment se connecter ?

  • En écoutant notre enfant. Quel que soit son âge, notre enfant a envie d’être écouté, d’être entendu. Il n’a pas envie de notre jugement, ni de nos conseils, encore moins qu’on lui explique qu’il a tort de ressentir ce qu’il ressent ! Alors, acceptons ses sentiments, pratiquons l’écoute active, et la Communication Non Violente. (D’ailleurs, si nous arrivions à mettre ces principes en action avec nos conjoints et amis, nous gagnerions aussi en connexion avec eux !)
  • En partageant nos propres sentiments. Oui, nous avons aussi le droit de ressentir. Partager ces sentiments avec nos enfants, c’est aussi les respecter, leur donner l’opportunité de les prendre en compte. De manière appropriée, bien entendu, c’est à dire sans attaquer le caractère de l’enfant.
  • En les impliquant dans les recherches de solutions. Nous avons confiance en notre enfant. Confiance dans le fait qu’il est capable de chercher des solutions avec nous. Nous n’avons pas besoin de lui imposer les nôtres, il peut nous aider à trouver celles qui respectent ses besoins et les nôtres.
  • En prenant le temps de leur apprentissage. Quand nous leur demandons quelque chose, n’espérons pas d’eux qu’ils y parviennent sans faute du jour au lendemain. L’erreur fait partie du processus et est une opportunité d’apprentissage. Ils y arriveront. Nous les aimons quand ils réussissent, et quand ils vont réussir. (Je vole cette formule à un livre pour enfant que je trouve particulièrement beau : Mon amour)
  • En passant avec lui des moments particuliers. En tête à tête. Et les valoriser !

Surtout, n’oublions pas tout ceci, enfoui souvent sous le quotidien.
Nos enfants savent peut-être, sûrement, qu’on les aime, mais ils le sauront encore plus si nous le leur montrons !

C’est la première fois que j’écris un article en partant du titre, et non de l’idée. C’est que ce titre m’a interpellée. Il a été suggéré par Violaine, du blog  365-jeux-en-famille.com, qui a organisé un carnaval d’articles de blogs autour de ce thème.

Un thème qui tombe juste, qui résonne avec mes interrogations du moment.

Je m’explique.

Nous vivons actuellement à l’étranger, mais changeons de pays régulièrement. Aucun de nos enfants n’est d’ailleurs né en France, et toutes nos expériences ont été enrichissantes. Nous aimons découvrir, nous aimons voyager.

Lorsque nous étions au Mexique (entre 2011 et 2014, avant de venir nous installer à Puerto Rico), nous avons vraiment découvert le pays. Nos amis ne pouvaient croire que nous ayons l’énergie d’organiser des voyages road trip de 2 semaines, avec bébé(s), changeant de lieu presque chaque nuit, pour visiter, découvrir, comprendre…

Et voici qu’aujourd’hui, je sens, alors que les enfants ont un peu grandi, que je ne sais pas si j’aurais encore envie de cela.

La semaine prochaine, nous partons une semaine en Colombie. Parce qu’il y a un vol direct ! Oui, c’est vraiment comme ça que nous avons choisi la destination ! Mais, le fondamental ayant été couvert (logement, réservation d’une excursion en train), je n’ai quasiment rien lu sur ce qu’il fallait visiter.
Je sais déjà que je n’ai pas envie de journées trop denses. Je n’ai pas envie de faire les valises…

Et j’en viens à mon interrogation du moment : comment suis-je passée de celle que j’étais à celle que je suis ?

J’ai commencé par mettre ça sur le compte d’un manque d’énergie, mais ce ne peut pas être ça. J’ai beaucoup d’énergie pour plein d’autres choses que je mets en place, ce blog en est un parfait exemple !

En fait, c’est plutôt une envie qui a évolué. L’envie de moins. L’envie de plus lent, justement.

Je voudrais savourer plus ce que je vis. Je voudrais avoir le temps de le vivre.

J’ai appris, par le biais de l’éducation, qu’il n’est pas bon de se précipiter. Le temps de pause est fondamental pour faire, sinon le mieux, du mieux qu’on peut. Prendre du recul par rapport à la situation, y réfléchir, trouver des idées (je suis en fait assez en lien avec la méthode STAR !)

J’ai également appris, en suivant les principes de la discipline positive, qu’il convenait de connecter avant d’enseigner, et j’en suis persuadée. Or pour connecter, il faut du temps. Le temps de se parler, le temps de « moments particuliers ».

Alors je suppose que cette nouvelle manière d’aborder les choses m’a fait évoluer en profondeur. Elle m’a aidée à comprendre qu’il était bon de prendre son temps. Que c’était en se posant qu’on se connectait, pas en courant.

Et j’aspire à ça.

J’ai besoin aujourd’hui d’aller moins vite pour donner du temps à mes priorités, pour savourer ce qui est le plus précieux, sans avoir la tête dans le guidon.

Je ne dirai pas que lenteur rime avec bonheur, parce que j’étais heureuse avant aussi, mais j’affirmerai que lenteur rime avec plus de réflexion sur ce bonheur. Et je me sens beaucoup plus enrichie dans cette nouvelle manière de concevoir le temps.

Pour consulter les autres articles de ce carnaval :

Je ne vous apprends rien : dans une maison, les tâches sont nombreuses. On aimerait que nos enfants y participent, mais en même temps, on voudrait ne pas les “forcer”. On se sent tiraillé… en fait, il faudrait qu’ils aident spontanément, ce serait l’idéal !

Oui, mais arrêtons de fantasmer… Qu’ils participent spontanément ne se fera pas !
En revanche, on peut probablement les y amener, peu à peu.

Pour moi, il y a ici plusieurs questions dans cette question :

1- Est-il important qu’ils participent ?

Ce n’est pas important, c’est fondamental ! Eh oui, on touche ici aux besoins fondamentaux de l’être humain (du moins selon Adler, et franchement, plus j’apprends, et plus je suis en ligne) : Appartenir et Avoir de l’importance.
Avoir de l’importance, c’est, entre autres, se sentir capable et utile. On a tous besoin de ça ! Quand quelqu’un fait quelque chose pour moi, je suis sensible à l’attention, mais s’il ne me laisse rien faire, je reçois le message qu’il pense que je ne suis pas capable ! Alors, comme je ne supporte pas cette idée, je vais interpréter autrement le comportement des autres, je vais progressivement intégrer l’idée que je n’ai de l’importance que lorsqu’on s’occupe de moi, et je vais de moins en moins en faire…

Si, au contraire, on me laisse en charge de certaines tâches de la maison, c’est qu’on me fait confiance, c’est qu’on sait que j’en suis capable. J’ai une responsabilité et je m’en acquitte. Au début, peut-être pas avec succès, mais chaque erreur est une opportunité d’apprentissage… Peu à peu, nourri par un environnement bienveillant, je vais m’améliorer, je vais mettre en place une routine, je vais montrer à mon entourage qu’on peut compter sur moi ! Et ça, ça me rend plus fort !
D’ailleurs, en laissant l’enfant contribuer, on fait d’une pierre deux coups, parce que ça répond aussi en partie à son besoin d’appartenance : il trouve ainsi aussi sa place dans la famille. Celle-ci fonctionne, entre autres, grâce à lui !

Premières étapes à franchir donc : premièrement, être convaincu qu’il est bon pour eux de participer ; deuxièmement, changer son vocabulaire pour transmettre cette nouvelle conviction : ils ne participent pas aux tâches de la maison, ils contribuent au fonctionnement de la famille !

2- Quel modèle leur donne-t-on en faisant pour eux ?

Quand on fait pour les enfants, on peut ressentir plusieurs choses.
Le plaisir de donner de notre temps, oui, mais aussi du ressentiment pour ce qu’ils nous “obligent” à faire, et puis de la frustration de ne pas être considéré(e) (notre temps n’est visiblement pas valorisé…). Ainsi, je vois beaucoup de mamans qui ne se sentent pas bien dans le rôle de celle qui fait tout, qui aimeraient bien que les enfants les aident, et qui accumulent du ressentiment pour tout ce que ces derniers ne font pas… Mais l’ont-elles vraiment communiqué avant ?
En fait, ces mamans n’ont pas vraiment su poser leurs limites. Ont-elles seulement compris qu’elles ne respectaient pas leurs limites d’ailleurs ? On l’a déjà vu : on n’a pas appris à écouter nos sentiments, à identifier nos besoins… Comment pourrait-on les communiquer si on n’en a même pas conscience ?

Seulement voilà : en donnant ce modèle-là à nos enfants, on ne leur enseigne pas non plus à poser leurs propres limites !
Parce que les enfants copient ce qu’ils voient, évidemment. Alors, si on leur montre qu’on trouve normal de se laisser dévorer par leurs besoins, au détriment des nôtres, ils recevront qu’il est normal de se laisser dévorer, et risquent fort de reproduire le modèle. Il leur sera probablement plus difficile de faire face à un ami envahissant, de faire respecter leur espace ; en un mot, ils ne sauront pas non plus faire respecter leurs limites.
A l’inverse, si nous leur donnons l’occasion de prendre en compte nos limites pour adapter leur propre comportement, nous leur enseignons le respect de l’autre (en l’occurence, de nous !) et ça aussi, c’est fondamental !
D’ailleurs, si les enfants se mettent à contribuer, notre reconnaissance nous encouragera à les respecter plus à notre tour, et nous entrerons dans un cercle vertueux, où le respect de l’autre pourra enfin remplacer le ressentiment ; avec les conséquences que l’on peut imaginer sur l’ambiance à la maison !

3- Comment faire pour les y inciter ?

Les deux premières questions traitaient des raisons que nous pouvons avoir d’encourager nos enfants à contribuer.
“J’ai deux raisons, dont chaque est suffisante seule.” aurions-nous pu dire, à la manière de Cyrano de Bergerac…
Maintenant, comment ??
Je crois qu’arrivé à ce stade, parfois, sans même qu’on s’en rende compte, la moitié du chemin est faite. Pourquoi ? Parce que si nos enfants participent peu, c’est probablement parce qu’on leur a demandé sans y mettre le coeur, justement parce qu’on ne voulait pas les “forcer”. Maintenant qu’on est convaincu du bien-fondé de la démarche, nos demandes vont avoir plus de poids, ne serait-ce que par leur sincérité.

Je vois 2 manières de commencer réellement :
Celle qui est la plus coopérative, qui cherche à les inclure et à leur donner l’opportunité de constater nos besoins pour leur donner l’envie de contribuer sans qu’on ait à les forcer du tout, c’est la réunion de travail. (suivre le lien pour savoir comment la mettre en place). C’est vraiment la solution à privilégier !
Une réunion familiale au cours de laquelle on leur présente la liste des choses qui doivent être faite dans la maison, et on leur demande en quoi ils veulent contribuer.
Quand chacun choisit, c’est souvent très efficace ! Ca a très bien marché chez nous.

Il y a cependant des familles dans lesquelles les enfants ont tellement l’habitude qu’on ne leur demande pas de participer qu’ils ont du mal à voir le besoin de l’autre. Ils ne reçoivent pas la pose de la limite, parce qu’ils ne savent pas ce que c’est ; et ils sont peut-être déjà dans le cas où ils croient qu’il faut qu’on s’occupe d’eux pour qu’ils aient de l’importance.
Avec ces enfants-là, il faudra y aller peu à peu, et effectivement les « forcer » au début, pour pouvoir rétablir la trajectoire, et le message !
Pour cela, on peut commencer par les tâches qui « leur appartiennent ». Ce que je veux dire par là, c’est : si cette tâche n’était pas faite, à qui cela poserait-il problème ?
Si le problème est vôtre (ex : rangement du salon), ils n’auront pas d’autre motivation que la prise en compte de votre besoin, ce qui est justement ce qui leur pose problème pour l’instant.
Si le problème est leur (ex : linge sale dans le panier), alors on peut s’en servir pour les sensibiliser à la question de la prise en compte du besoin de chacun, en installant des conséquences naturelles !
La conséquence naturelle, c’est ce qui advient lorsque nous ne faisons rien.
Ainsi, s’ils ne mettent pas leur linge au panier à linge, et que nous n’intervenons pas sur ce point, le linge ne sera pas propre. Et ça, ce sera bien leur problème.

Attention : il n’est pas question de se mettre à faire ça du jour au lendemain, sans les avoir prévenus ! Nous allons communiquer avec nos enfants.
Nous leur dirons : « Tu sais, j’ai réalisé que je devais souvent ramasser les vêtements sales par terre dans ta chambre, et je trouve que ce n’est pas mon rôle. Je voulais donc t’informer du fait que dorénavant, je ne laverai que les vêtements qui seront dans le panier. Il sera de ta responsabilité de les y mettre si tu veux des vêtements propres. » On peut même ajouter (surtout si les enfants sont jeunes) : « Penses-tu que tu t’en souviendras, ou as-tu besoin d’aide pour réfléchir à un système qui te permettra de ne pas oublier ? »
Et ensuite, il faut s’y tenir !! C’est à dire :
– ne pas ramasser le linge qui est par terre, bien sûr.
– ne pas remplacer ça par un rappel constant du fait qu’il y ait du linge par terre. On rappelle le principe : c’est devenu LEUR responsabilité. On peut respecter la courbe d’apprentissage en le leur rappelant une fois les premiers jours, et ensuite, on laisse arriver la conséquence. C’est important qu’ils s’en rendent compte, ça les aidera à grandir !
– s’il arrive un jour où ils n’ont plus de caleçon, ou de short de sport, ne pas résoudre pour eux. L’attitude à adopter sera : « Je suis désolée pour toi que tu n’aies plus de caleçon, j’espère que tu vas trouver une solution. » et s’en aller…
– résister à l’envie d’enfoncer le clou : « Je t’avais bien dit que tu devais mettre ton linge au panier !! », ils s’en sont déjà rendu compte. On peut recevoir la difficulté, simplement, et se focaliser sur le futur : « Mince, tu n’as plus de short…  Non, je ne peux pas le laver vite, tu connais la règle que nous avons mise en place. Je comprends que tu sois déçu ! Je suppose que la prochaine fois, tu ne l’oublieras pas. »

Une fois que l’équilibre dans la maison évolue, que les enfants participent plus aux tâches qui les concernent, et qu’ils comprennent ainsi mieux le concept de responsabilité, nul doute qu’ils seront plus ouverts et plus réceptifs à la réunion de travail que nous évoquions plus haut !

Et petit à petit, ce foyer verra se développer plus de respect pour le rôle de chacun.

Aujourd’hui, je voudrais explorer une des multiples manières de baisser le niveau d’affrontement dans la maison.
Celle de prendre le concept d’éducation positive à la lettre : en évitant de dire non !
Ah, je sais que je fais peur… vous croyez que je vais vous dire de dire oui à tout !

Mais non, mais non (sans référence à Henri Salvador, souvenir perso très fort), je vous suggère seulement d’arrondir les angles…

Je vous donne des exemples :
« Je peux avoir des céréales ?
– oui, tu en auras demain au petit-déjeuner. »
« Je voudrais aller au parc !
– hum.. on pourrait y aller samedi ! »
« Je veux jouer avec les légos
– Bien sûr, tu pourras y jouer après le bain »

Ca peut aussi être un « non » implicite en évoquant simplement la règle.

Par exemple, chez nous, le jour du film est le mardi.  Alors, si en rentrant de l’école, mon fils me dit « Je peux voir un film ? », il me suffit de répondre : « On est jeudi aujourd’hui. », ou encore mieux : « Quel jour on est ? », ce qui lui permet de conclure tout seul…

Si vous devenez sensible à ces manières de répondre, vous verrez vite que les cas d’application sont nombreux.

C’est moins frontal, moins brutal, et croyez-moi, ça aide à l’ambiance générale !

Et si vous voulez d’autres manières d’arrondir les angles, je vous suggère de lire mon article sur comment éviter les luttes de pouvoir. Il vous inspirera probablement !

En général, les parents veulent des enfants obéissants. Depuis que je me suis mise à étudier la parentalité positive, et à réfléchir plus profondément, ce n’est plus mon cas.

Et j’ai de bonnes raisons pour ça.

La raison la plus simple, et peut-être celle qui vient le plus facilement à l’esprit, c’est que ça tue la créativité, la spontanéité…

Mais non, ce n’est pas ça. C’est encore plus profond.

En fait, ça tue le sens de la responsabilité.
(Pour cet éclairage, merci Thomas Gordon – était-ce dans Parents efficaces, ou dans Eduquer sans punir ? J’ai eu cette idée maladroite de commencer les 2 à la fois, ne sachant lequel choisir, et je me mélange… Mais je vais les reprendre au calme, en faire des résumés, et tout se remettra en place !)

Eh oui, pensez-y : si on ne fait qu’obéir, alors on ne décide pas, n’est-ce pas ? Donc, ce n’est plus vraiment de notre responsabilité… C’est l’argument avancé par la grande majorité des nazis lors des procès de Nuremberg : ils ne faisaient qu’obéir aux ordres.

Et cela fait partie de la nature humaine : si on obéit à la figure d’autorité, alors cela ne relève plus de notre responsabilité…

Vous connaissez l’expérience de Milgram ?

Cette expérience, menée aux US dans les années 60 pour mesurer la faculté de soumission à l’autorité, consistait à mettre les participants face à un choix entre la morale et l’obéissance…

En effet, on les met devant une table de commande qui envoie des décharges à une autre personne attachée sur une chaise électrique. Le voltage est à augmenter à chaque fois, et les participants prennent note de la réaction. Au début, pas grand chose. Au fur et à mesure, la personne attachée – un acteur (!) mais la personne aux manettes ne le sait pas – réagit de plus en plus fortement, jusqu’à des hurlements suppliant d’arrêter, et même l’évanouissement… Seulement, quand celui qui a envoie les décharges veut arrêter (ce qui arrive dans tous les cas), l’expérimentateur présent, vêtu d’une blouse blanche, lui demande de continuer. Alors… il continue ! Près des 2/3 des participants vont ainsi jusqu’à infliger à plusieurs reprises le voltage indiqué « attention, choc dangereux » !! (Si vous voulez voir l’expérience, vous la trouverez ici)
Et quand on leur demande ensuite ce qui les a retenus de s’interrompre, ils répondent… « j’obéissais ».  L’obéissance les a privé de leur responsabilité…

Ces exemples peuvent sembler poussés, mais pensons-y bien… Ne l’avons nous pas déjà vécu avec nos enfants ? Ne vous êtes-vous jamais trouvés dans une position où, après une bêtise, vous leur avez demandé :
“Mais enfin… pourquoi avez-vous fait ça ?
– c’était SON idée !”

Alors on s’entête dans ces moments-là à leur dire que ça a beau être l’idée de l’autre, ils avaient bien le choix de ne pas s’exécuter : “S’il te demandait de sauter d’un pont, tu le ferais ??”

Ah oui, là, on peut le leur dire, mais qu’est-ce qu’on leur a demandé jusqu’ici : d’obéir à la figure d’autorité que nous sommes !! De ne pas se poser de question, mais de suivre les ordres donnés. Il est probable que le copain qui les a entraîné ait, par force de caractère, une certaine autorité lui aussi… Alors, ils obéissent, et, du même coup, ils perdent le sens de la responsabilité !!

Pensons-y la prochaine fois qu’on leur demande d’obéir…

“L’obéissance, c’est faire ce qu’on nous demande, peu importe ce qui est bien ; la morale, c’est faire ce qui est bien, peu importe ce qu’on nous demande…”

J’ai l’impression que certains parents ont parfois du mal à faire la différence entre la bienveillance et la permissivité. Ce n’est probablement pas parce qu’ils pensent qu’il faut être permissifs, mais plutôt parce qu’ils commencent à mieux comprendre leur enfant. Ils ne veulent plus les “brimer” comme ils avaient tendance à le faire avant. Ainsi, ils sortent du mode autoritaire, mais ne connaissent pas encore d’autre alternative.

En fait, cela dépend de la façon dont on est « tombé » dans la parentalité positive…

En France en particulier, les parents qui s’y intéressent commencent souvent par lire Isabelle Filliozat (“J’ai tout essayé !”, “Il me cherche !”, Au coeur des émotions de l’enfant).

Ses livres sont en effet sources d’éclairages sur le fonctionnement de l’enfant. En lisant les livres d’Isabelle Filliozat, on comprend que l’enfant ne fait pas de caprices, qu’il y a de vraies raisons derrière son comportement.

On l’apprend également quand on lit Catherine Gueguen, de manière plus scientifique. Oui, les neurosciences ont prouvé que les punitions et humiliations n’aidaient pas le développement du cerveau. On ne peut plus en faire fi.

Ainsi, on apprend à considérer les moments difficiles avec plus de bienveillance, et c’est un premier pas fondamental, parce que nous adaptons nos attentes. Comme on peut le lire dans Parents respectueux, enfants respectueux : “Quand ce que vous voyez et entendez n’est pas conforme à l’image que vous vous faites de ce qui devrait être, la différence entre votre idéal et la réalité stimule des émotions en vous.”
Et voilà pourquoi on se met en colère !! Parce que ce que nous voyons n’est pas conforme à l’image que nous nous faisons de ce qui devrait être.

Un regard plus bienveillant nous permet de changer notre idée de ce qui devrait être, et l’on se met naturellement moins en colère.

Et c’est déjà une vraie réussite. Non seulement pour le moment où on comprend mieux et qu’on ne s’énerve pas, mais aussi parce qu’on entre dans un cercle vertueux : le niveau de stress baisse, l’ambiance est plus détendue, les situations de conflits se présentent moins.

Cependant, ce n’est pas suffisant.

Parce que c’est une chose de mieux comprendre l’enfant, d’être plus tolérant envers lui, de le considérer avec bienveillance, mais il s’agit ensuite de savoir comment lui parler de nos propres besoins, de savoir poser nos limites, également avec bienveillance.

Si on reste à la première étape, on n’entre plus dans le jeu des punitions, mais on ne sait pas non plus comment faire autrement, alors on tombe dans la permissivité, et à terme, ce n’est pas beaucoup mieux, parce qu’on devient malheureux quand nos besoins s’effacent trop, et l’enfant, qui ne trouve pas sa place sociale dans la famille, celle qui prend en compte les besoins de chacun et pas seulement les siens, n’est pas beaucoup plus heureux…

Comment éviter le piège de la permissivité ?

Il est donc nécessaire, à mon sens, de développer également des compétences pour savoir comment susciter la coopération ; savoir, comme le dit Jane Nelsen dans la discipline positive, se connecter avec son enfant pour être en position d’enseigner ; savoir résoudre les problèmes avec lui, en prenant en compte les besoins de chacun…

C’est pourquoi j’encourage de tout coeur les parents qui prennent ce chemin à ne pas se limiter à Isabelle Filliozat, mais à lire également

… pour ne pas adopter une éducation permissive, mais bien une éducation positive, ce qui est loin d’être la même chose…

“Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

Ceci est un des principes exposés par Adler, un psychologue autrichien du 20è siècle, et je suis impressionnée par la manière dont ses principes résonnent dans l’éducation positive. (Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aussi consulter cet article sur les principes adlériens – fondateurs de la discipline positive)

Appartenir ?

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !
On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.
(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance ?

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?

Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

« On aide mieux en aidant moins » « écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.
Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!
A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?
Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.
On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Un nouveau regard sur l’enfant

Comprendre ces nécessités de bases, c’est poser un nouveau regard sur l’enfant.
Car les comportements ont un objectif.
Ainsi, voici un autre énoncé d’Adler  “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”
(Lien vers l’article sur l’enfant découragé ici)

Le message inconscient de cet enfant est donc : “Je n’ai pas l’impression d’appartenir ni d’avoir de l’importance, et je ne sais pas toujours comment faire pour changer les choses.”

Ca change la perspective, pas vrai ?