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Ne pas se leurrer : des relations sans conflit, je ne crois pas que cela existe. La question va donc plutôt porter sur la manière de résoudre le conflit. Car selon notre caractère, selon le moment, selon notre relation à l’autre, selon nos principes, nous n’avons pas tous les mêmes attitudes face aux disputes, et pas les mêmes non plus selon que celles-ci se présentent entre parent et enfant, ou dans la fratrie par exemple. Et pourtant, nous avons probablement tous le même objectif : sortir de ce conflit !

Quelles sont donc les différentes manières d’atteindre cet objectif ?

Les 3 manières de résoudre un conflit

D’après ce que j’ai lu, il existe trois manières de régler un conflit. Et cette analyse m’aide à voir où je veux aller, ce que cherche à obtenir lorsque je me lance dans une résolution de conflit.

1- La force

Sans doute la méthode la plus rapide pour résoudre un conflit.
Dans ce cas, celui qui détient le pouvoir impose sa position, souvent sans vraiment écouter le point de vue de l’autre, parce qu’il considère que c’est à lui de prendre la décision. C’est efficace, et l’on peut passer à autre chose.

2- Le compromis

Le compromis, c’est quand les positions de chacun sont trop éloignées pour que l’on puisse réellement trouver une solution qui réponde aux envies de tous. Il va donc falloir que chacun cède un peu (ou beaucoup) de terrain, pour essayer de rejoindre l’autre.
La décision sera donc prise ensemble, en tenant compte de chaque partie présente, et en choisissant le meilleur compromis.
Mon fils aîné (15 ans) a l’habitude de dire : « Un bon compromis laisse tout le monde mécontent. »
Pour tout dire, cette phrase ne me plait pas tellement, mais elle n’est pas tout à fait fausse…

3- Le consensus

Le consensus, à l’inverse du compromis, laisse tout le monde content ! Car le consensus, c’est l’option qui permet de répondre aux envies et besoin de chacun. C’est lorsque l’on trouve une solution qui plait à tous. Evidemment, c’est la meilleure manière de résoudre un conflit !

Comme dans le cas où mes deux plus jeunes ont trouvé un arrangement pour le câlin du retour du travail. Ils en sont sorti tous les deux contents.

Comment choisir quelle méthode adopter ?

Il va de soi que chacun devra répondre à cette question, et surtout que la réponse dépendra du conflit en question. Non seulement de ce sur quoi il porte, mais encore plus de nos positions respectives par rapport à la situation.

Pour vous guider un peu dans la démarche de ce choix de méthode, je voudrais vous encourager déjà à réfléchir à chacune de ces méthodes. Bien sûr, je me doute que vous me voyez venir, et avez déjà deviné que mon goût pour ces méthodes va croissant ! Une chose après l’autre. Avançons.

Quel impact a la résolution de conflit via la force ?

Donc. La première manière de régler un conflit, c’est la force.
La force physique, au sens propre, ou bien plus couramment la force de celui qui impose.

C’est une méthode sur laquelle il vaut la peine de s’arrêter, parce qu’elle correspond beaucoup au mode de fonctionnement de notre société.

C’est heureusement de moins en moins vrai. Les décisions sont de moins en moins imposées de force des patrons à leurs employés, des maris à leurs femmes, et le modèle donné évolue.

Cependant, nous fonctionnons encore beaucoup selon ce modèle entre adultes et enfants, dans une société dans laquelle l’autoritarisme est encore très présent. Ainsi, beaucoup d’adultes utilisent la force pour régler leurs conflits avec les enfants. (Sous couvert de respect.)
« Parce que je te le dis. » est une réponse courante. Et nous attendons des enfants qu’ils obéissent. Point.

Vous savez déjà que cela ne correspond pas à mes aspirations. Cependant, dire que cela ne me correspond pas ne suffit pas. Il s’agit encore de comprendre pourquoi.
D’ailleurs, pour être honnête, auparavant, ça correspondait à mon fonctionnement ! Parce que c’est ainsi que j’avais appris à être, comme beaucoup d’entre nous. Pourquoi avoir changé de point de vue ? Parce que j’ai réussi à prendre du recul, et à me poser la question de ce que je voulais transmettre à mes enfants.

En fait, c’est encore une question de pouvoir. Lorsque nous imposons la solution par la force, nous enseignons à notre enfant que c’est le plus fort qui gagne. Point.

Il ne se sent pas écouté (adieu la connexion !), et apprend que la vie fonctionne selon la loi du plus fort. Donc, lorsqu’ils seront forts à leur tour, ils imposeront également (à leur petit frère par exemple). Lorsqu’ils seront face à quelqu’un de plus fort, ils suivront les instructions (« C’est lui qui m’a dit de le faire ! »).

Oublions donc notre envie de les rendre responsables de leurs actions, de leur enseigner le sens critique… Régler les conflits par la force, c’est plus rapide, mais c’est oublier notre plan de route à long terme !

Bien sûr, on peut apporter un bémol à cette analyse. Il y a aura toujours des situations, en fonction de l’âge et du danger, dans lesquelles nous n’aurons pas d’autre choix que d’utiliser la force. Marshall Rosenberg appelle cela la force protectrice. Mais soyons clairs : ces situations sont bien plus rares que les autres !

Alors, compromis ou consensus ?

Ma foi, cette fois, je crois qu’il est évident pour tous que le consensus est plus souhaitable que le compromis ! Seulement voilà : il n’est pas toujours trouvable…

Notre démarche consistera donc à mettre en place la recherche de consensus, en sachant que nous n’obtiendrons peut-être qu’un compromis. Ce qui est déjà pas mal.

Dans tous les cas, en nous lançant dans la démarche de recherche de solution qui convienne à tous, nous donnons à nos enfants un modèle d’écoute, de respect mutuel, et les aidons à développer leur sens de l’empathie.

Ce serait chouette d’ailleurs que cela soit enseigné dans nos écoles ! Rien qu’à écrire ces lignes, je me sens triste, en pensant à tous ces adultes non malveillants, mais non formés, qui « aident » à résoudre les conflits entre enfants en imposant leur décision arbitraire, sans avoir pris le temps de les écouter. Car non seulement cela ne résout pas le conflit, mais, de nouveau, cela ne leur enseigne pas à le faire autrement à leur tour, ensuite !

Dans la pratique, comment se déroule la résolution de conflit ?

Trouver le bon moment

Inutile de chercher à résoudre un conflit lorsque tout le monde est encore sous le coup de la colère. En fait, inutile de chercher à résoudre un conflit lorsque l’un des protagonistes est encore sous le coup de la colère.

Nous attendrons donc d’abord que tout le monde soit dans un état émotionnel neutre.

Ensuite, il faut être sûr que chacun est disposé à discuter. Le mieux est donc de le demander.
« J’aimerais discuter avec toi, est-ce un bon moment maintenant ? » ou bien : « Tu pourras me dire quand tu seras disponible ? »
On peut éventuellement préciser de quoi l’on voudrait discuter, mais pas forcément.

Ecouter le point de vue de chacun

Oui, ça a l’air évident comme ça, mais nous ne suivons pas toujours bien cette étape ! Et pourtant, elle est fondamentale à plusieurs titres.

  • D’une part, parce qu’on ne peut évidemment pas envisager de trouver comment répondre aux besoins de chacun si l’on ne connait pas les besoins de chacun !
  • D’autre part, parce que l’autre est toujours plus ouvert à discussion et recherche de solution lorsqu’il se sent écouté !!

Nous allons donc commencer par formuler le point de vue de chacun.

L’idéal est de laisser d’abord l’enfant s’exprimer. De lui demander ce qu’il se passe pour lui par rapport à la situation dont il est question. S’il est trop jeune, ou s’il ne dit rien, nous pouvons essayer de communiquer ce que nous pensons de sa situation, et essayer ainsi de nous en faire l’interprète. Attention cependant à rester précautionneux dans notre communication, pour laisser la place au doute dans ce que nous décrirons.

Ensuite, nous parlerons de notre point de vue. Nous partagerons notre propre ressenti, nos envies, nos besoins.

Cette phase d’échange de point de vue est vraiment riche. Parce que c’est celle qui nous aide, et aide notre enfant, à développer des qualités d’empathie et de respect mutuel.

Elle crée aussi de la connexion : il n’est pas question simplement d’écouter le point de vue de l’enfant et de devenir responsable de la résolution de son problème. Il n’est pas non plus question d’exposer notre point de vue et d’imposer notre solution à notre enfant. Ici nous sommes à la croisée des chemins, dans une position dans laquelle nous cherchons chacun à comprendre l’autre pour essayer de trouver un fonctionnement qui convienne à tous. Waouh.

Parfois, une chose extraordinaire se produit alors. En donnant à chacun d’entre nous l’occasion de prendre l’autre en compte, nous faisons disparaitre le problème ! Car parfois, écouter l’autre permet de se rendre compte qu’il n’y a pas vraiment de conflit. C’était seulement une mésentente, un quiproquo quasiment !

C’est ce qui était arrivé à mes grands lorsque nous avions discuté de l’heure de départ pour l’école

Proposer des solutions

Dans la majorité des cas, cependant, il conviendra de chercher une solution.

Si les points de vue exposés précédemment ne sont pas trop éloignés l’un de l’autre, cette étape peut être très simple. Une solution est proposée, on vérifie qu’elle convient à l’autre, et on l’adopte ! Facile, rapide, et tellement efficace qu’on a envie de recommencer cela régulièrement !!

Il arrive que ce ne soit pas si facile. Il faudra alors proposer plusieurs solutions. Chercher à être créatif. Comme si nous faisions un brainstorming. De vraies idées pour résoudre le conflit. Et parfois nos enfants pourront avoir des idées que nous n’aurions pas eues

Choisir la solution, l’essayer pendant un temps

Enfin, on peut choisir la solution. Une solution qui convienne à tous.

Et nous convenons alors d’une période d’essai. Parce qu’en réalité il est difficile d’affirmer que la solution nous conviendra tant qu’elle n’aura pas été testée. C’est une idée, et il s’agit de la mettre à l’épreuve de la pratique.

Il arrive, enfin, que les points de vue de chacun soient tellement éloignés qu’il parait impossible de trouver une solution qui convienne à tous. Tout ce que propose l’un déplait à l’autre, et vice-versa.
Dans ce cas, il faudra peut-être interrompre la démarche, et accepter d’en sortir sans solution immédiate. (ou avec une solution temporaire, tout en étant clair sur le fait qu’elle ne convient pas vraiment.)
Et laisser les choses reposer. Car, même si l’on n’aboutit pas immédiatement à une solution, la conversation aura déjà été une étape. Une étape très importante même puisqu’elle aura aidé chacun à mieux comprendre l’autre. Et il y a fort à parier que lorsque cette conversation sera reprise, les choses auront déjà évolué un peu.

Le suivi

Nous avons déjà soulevé, ci-dessus, l’idée d’une « période d’essai ». Cela implique évidemment un suivi. Au bout d’un certain temps – convenu en avance, souvent pour nous, une semaine -, nous pourrons donc échanger sur la manière dont chacun a vécu la mise en place de la solution, et décider de l’adoption définitive de celle-ci, ou de sa modification. Chez nous il aura fallu plusieurs semaines pour trouver la solution qui convienne à tous pour le moment du débarrassage !

Mais cela n’est pas la seule raison d’être du suivi. En fait, souvent, une période d’adaptation est nécessaire. Ou du moins, une période d’apprentissage.

C’est l’idée qui me pose le plus de difficultés, à moi… J’ai tendance à considérer que lorsqu’on a décidé ensemble d’une solution, on n’a plus qu’à l’appliquer, et puis c’est tout ! Mais ce n’est pas si simple…
Sur ce sujet, le livre La discipline positive pour les adolescents donne de très bonnes pistes, qui peuvent s’appliquer pour les enfants plus jeunes également.

En gros, les enfants n’ayant pas les mêmes priorités que nous, il nous appartient de mettre en place un suivi tout à la fois ferme et bienveillant, revenant sur les points de notre accord de façon sobre, sans reproche ni critique, mais sans tolérance excessive non plus. Un art, je vous dis !

Un investissement de temps…

Je ne peux terminer cet article sans un mot sur le temps d’investissement que cette démarche demande.

Parfois, les parents auxquels j’explique les principes de recherche de solution me rétorquent que cela demande trop de temps ! Lorsque l’on cherche à résoudre un point, on ne veut pas passer tant de temps à le discuter, et encore moins à revenir dessus encore, pour faire évoluer la solution, et ainsi de suite !

Soit.

Il est vrai que nous vivons dans une société d’efficacité, et je comprends que cette démarche puisse sembler trop longue.

Cependant…

Cependant réfléchissez bien.

Sur deux points.

  1. Ce que nous cherchons à développer chez nos enfants. Ce que nous leur enseignons dans la démarche : l’écoute, l’empathie, la recherche de solution, l’engagement, le respect, l’harmonie… Cela vaut la peine de prendre du temps, non ? (d’ailleurs, cela peut également se faire en dehors du moment, par des lectures telles que les blipoux, par exemple)
  2. Lorsqu’on adopte une solution qui ne convient pas à tous, ne perd-on pas un temps fou (et une énergie folle aussi !) à revenir sur les problèmes posés, sur le non-suivi des règles ? Ne gâchons-nous pas notre humeur à nous agacer pour tout ce qui nous rend insatisfaits ? Est-ce qu’on gagne réellement du temps à long terme, en l’économisant à court terme ?

Je vous laisse sur cette réflexion…

Et si vous voulez télécharger une fiche résumé de cet article, il vous suffit de cliquer ici.

Nos enfants doivent parfois assumer les conséquences de leurs décisions. Cependant, cela reste parfois frustrant, et nous aimerions pouvoir plus souvent parler solutions plutôt que conséquences logiques…
Seulement, comment opérer ce changement ? C’est l’objectif de cet article.

Pourquoi s’éloigner des conséquences ?

Tout d’abord, soyons clairs sur les conséquences. Nous avons déjà abordé la question de l’utilisation, dans le cadre d’une éducation positive, de conséquences plutôt que de punitions. Ce n’est sûrement pas la première fois que vous lisez cela, mais ce cheminement peut prendre du temps, tant il va à l’encontre des modèles reçus.
Ainsi, si cela n’est pas clair pour vous, n’hésitez pas à d’abord prendre le temps de lire la différence entre une punition et une conséquence, voire, pour commencer, pourquoi les punitions sont nocives (pour l’enfant comme pour nous).

Lorsque l’on a réussi à opérer ce changement, les choses sont déjà différentes. Chez nous, par exemple, il n’y a plus de punition, et c’est un sujet dont nous discutons régulièrement, lorsque mes enfants rapportent que leurs camarades ont été punis. Ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont pas à subir les conséquences de certains de leurs comportements. Les limites existent, et sont claires pour tous.

Cependant, l’utilisation de la conséquence, qui met l’enfant face à ses responsabilités, devient parfois tellement facile que celle-ci devient un recours éducatif bien plus courant que ce qu’il devrait être. Or, la conséquence ne devrait être ni la seule ni la première technique éducative à laquelle nous devrions avoir recours.

L’objectif premier, en effet, est d’aider l’enfant à améliorer son comportement, et ceci avant de le laisser assumer les conséquences d’un comportement non corrigé ! Et voilà pourquoi nous choisirons de ne faire appel aux conséquences qu’après avoir essayé d’autres méthodes, qui pourraient bien porter leurs fruits ! Parfois, les deux seront nécessaires en parallèle, comme c’est le cas dans l’exemple de ce petit garçon qui jetait ses jouets par le balcon

Que signifie parler solutions plutôt que conséquences logiques ?

Pour que la différence soit bien claire, je vous propose de partir des caractéristiques de ces techniques, telles que listées par Jane Nelsen dans La discipline positive :

Pour rappel, les 4 R de la conséquence – La conséquence est : 

  • Reliée – à l’acte de l’enfant
  • Respectueuse
  • Raisonnable
  • Révélée à l’avance

La solution  est : 

  • Reliée – à l’acte de l’enfant
  • Respectueuse
  • Raisonnable
  • Aidante

Ainsi, c’est ce dernier point qui fait toute la différence entre les deux….
Mais que veut dire ce « aidante » dont on qualifie la solution ? Comment cela se traduit-il dans la réalité ?

L’idée est en fait de faire équipe avec notre enfant. Nous allons donc chercher avec lui ce qu’il pourrait mettre en place pour réussir à corriger son comportement. Ainsi, contrairement à la conséquence qui se contente de développer le sens des responsabilités (ce qui est déjà pas mal), l’idée, cette fois, est d’aider l’enfant à faire face à cette responsabilité en l’aidant à trouver une solution « utile et qui enseigne ».

Cette attitude est assez magique, parce que c’est elle qui permet de considérer que tout comportement à corriger est une opportunité d’apprentissage !

Un exemple concret

Prenons un exemple concret. Chez nous en ce moment, l’un des points que je devrais adresser (mais il faut que je prenne le temps de le faire, toujours le même problème, pas vrai ??), c’est le vidage de l’égouttoir…

En effet, Alice (10 ans) est en charge de vider l’égouttoir quand la vaisselle est sèche. C’est une action du quotidien qu’elle a choisie lors d’une « réunion de travail » en famille. Seulement voilà, il est encore fréquent qu’elle parte pour l’école sans avoir vidé l’égouttoir, ce qui me gêne les jours où je cuisine.

En mode conséquence logique, on pourrait décider que si elle ne vide pas l’égouttoir avant de partir, elle devra faire elle-même la vaisselle que je n’ai pas pu faire faute de place pour la faire sécher. Cela serait annoncé à l’avance, évidemment, et elle saurait donc à quoi s’en tenir. Cependant, cela ne l’aide pas forcément pour la prochaine fois qu’elle fera face à une situation similaire !

En mode solution, nous chercherions plutôt à être constructifs, en trouvant une méthode pour qu’elle n’oublie pas, simplement. Là, comme ça, je pense par exemple à une affichette sur la porte de sortie… Mais je me garderai de suggérer cela avant de voir ce qu’elle-même peut proposer ! Car je cherche aussi à encourager mes enfants à penser par et pour eux-mêmes. Pas facile d’être parents…

Voilà, je vous encourage à présent à vous dépasser, en parlant solutions plutôt que conséquences avec vos enfants ! Beaucoup plus de confiance transmise dans cette posture-là, non ?

De mon côté, encore une fois, écrire cet article m’encourage : je m’engage à essayer de chercher une solution avec Alice dans la semaine, et de revenir vous en faire un compte-rendu !
Edit : article sur ma recherche de solution

Faire face à la colère d’un enfant n’est jamais chose facile. En tant que parents, nous devons les accompagner, et leur enseigner à contrôler leurs émotions fait partie de cet accompagnement. Il existe pour cela plusieurs méthodes, que nous pouvons varier, et l’une d’entre elles est : la roue des options.

Apprendre à gérer des émotions

Un jeune enfant qui se met en colère, cela se voit, et s’entend ! Principalement, parce que l’enfant ne sait pas contrôler ses émotions. Comme l’explique Catherine Gueguen, son cerveau n’est pas encore mature. Il est donc parfois physiquement impossible pour lui de dépasser l’émotion de manière immédiate. Il n’arrive pas à revenir dans un état émotionnel plus calme.

C’est la raison pour laquelle, avant de se lancer dans des explications, nous devons encourager l’enfant à sortir de la vague de l’émotion. Plusieurs méthodes pour cela : l’aider à se concentrer sur quelque chose de son environnement, parler de son émotion.. Dans tous les cas, commencer par cette étape avant d’expliquer.

Cependant, apprendre à gérer ses émotions, pour un enfant, comme pour nous, c’est également savoir quoi faire pour cela ! Et ce n’est pas inné. Nous gagnerions tous à avoir à notre disposition une liste d’actions qui pourraient nous aider à nous calmer. Alors, petit à petit, prenant l’habitude de la consulter régulièrement, nous pourrions apprendre à mieux répondre à nos besoins, à faire preuve d’auto-empathie, et à traverser enfin nos émotions difficiles.

Qu’est-ce que la roue des options ?

La roue des options, c’est exactement ça : une liste de ce qui peut aider !
Le format de la roue permet de mettre en valeur le fait que l’idée est de faire un choix entre les différentes options (bien qu’il ne soit jamais interdit d’en choisir plusieurs !)

Ainsi, l’idée est que, lorsqu’il se sent dépassé, l’enfant puisse consulter sa roue, et ses options, et choisir ce qui va l’aider à ce moment-là. La roue répond ainsi aux deux objectifs parallèles de :

  • calmer son état émotionnel en le faisant se concentrer physiquement sur quelque chose
  • s’entrainer à prendre soin de lui-meme dans les moments où il en a besoin

Sa conception

La roue des options sera d’autant plus efficace que l’enfant aura pris part à sa conception. Impliquer l’enfant dans la démarche lui permet de s’en sentir acteur. Ensuite, lorsqu’il l’utilise, cela ne lui est pas imposé : c’est son propre travail, ses propres idées.

Bien sûr, le niveau d’implication dépendra de l’âge de l’enfant. Plus il sera jeune, il plus il sera difficile pour lui de trouver les idées lui-même.

Cela faisait déjà un bon moment que j’avais entendu parler de la roue des options ! Elle fait partie des outils proposés par la Discipline Positive, en particulier dans un cadre scolaire.

Et pourtant, tout en y pensant régulièrement, j’ai laissé passer des mois avant de la mettre en place. Parce que ce n’était pas le bon moment, parce que j’y pensais alors même que mon fils était sous le coup de la colère, donc incapable de mener cette démarche, parce que, parce que…

Et puis, un jour, grâce à un nouveau partage de mon amie Gwen de Petit bout par petit bout, qui avait construit sa propre roue des options de la colère avec son fils (vous pouvez voir son récit ici), j’ai décidé de faire comme elle : arrêter de tergiverser !

Le samedi, donc, j’ai pris un papier de brouillon, et j’ai dit à mon Léon, 6 ans, que nous allions faire une activité ensemble. Anatole, 3 ans et demi, s’est immédiatement approché.
Je leur ai expliqué que nous allions réfléchir ensemble à ce qui pouvait nous aider quand nous nous sentions très en colère ou très tristes, et noter nos idées.  Tout en parlant, je partageais ma roue en secteurs angulaires, et Léon a immédiatement commencé à lancer des idées. J’ai tout noté, même si ça signifiait avoir un secteur qui disait « compter jusqu’à 10 », et l’autre « compter jusqu’à 100″… Anatole a aussi lancé quelques idées, pas toujours très claires (« faire vite »… j’ai cru comprendre qu’il voulait dire que si on n’aimait pas ce qu’on devait faire, il valait mieux le faire vite), mais peu importe, au moins, il participait !

Et voici notre première roue des options terminée !

Cependant, ne pensez pas que nous nous soyons arrêtés en si bon chemin, non !

Une fois cette roue terminée, avec les illustrations de leurs mains, Léon m’a dit qu’il avait encore plein d’idées et qu’il voudrait en faire une autre !

Rebelote donc ! Et voici notre deuxième roue d’options :

Les idées n’ont effectivement pas manqué ! Et Léon m’a même fait ajouter – en dehors de la roue tant pis – le fait de mettre sa main sur notre main à 6 doigts !!

L’activité, déjà, avait été un succès, restait à voir à l’usage…

L’utilisation de la roue des options

Dès ce week-end là, j’ai mis la roue en pratique. Au premier moment difficile, j’ai été cherché la roue, et j’ai dit calmement : « Je vais te lire les idées qu’on a écrites pour aider à se sentir mieux. »

Rien que le fait de lire les options était déjà tellement puissant pour aider l’enfant à calmer son état émotionnel, tant pour Anatole que pour Léon, que rien que pour ça, ça valait la peine de l’avoir faite !

Ensuite, vient la phase du choix. Si celui-ci est difficile, pour les plus jeunes en particulier, pour lesquels trop de choix les perd, nous pouvons aider à le limiter, en répétant ceux que nous savons leur plaire.
« Alors, tu penses que tu préfèrerais un câlin, ou jouer avec le Mack ? »

Et, croyez-le ou non, ça a marché de manière magique ! Certes, certaines options ne sont jamais utilisées. Anatole revient généralement sur le câlin, mais peu importe. Ils savent qu’ils auront d’autres options lorsqu’ils en auront besoin, c’est également le but de la démarche. Comme le matin où, après avoir vu la roue des options, ils m’ont demandé de lire un livre. (Je ne sais plus lequel en avait eu besoin et l’avait choisi, mais l’autre s’est joint à nous, et nous avons pu tous nous reconnecter, et c’est bien cela qui nous aide ensuite à avancer, non ?)

Développement de l’empathie

Un autre bénéfice de cette roue que je n’avais pas anticipé, c’est qu’elle aide à développer l’empathie.

Il y a quelques semaines, je me suis moi-même agacée. Je ne sais plus pourquoi, ni comment je l’exprimais, mais j’étais clairement tendue. Je n’avais en fait pas assez dormi. Et voilà mon Léon qui vient dans la cuisine, et qui, sans un mot, me tend les roues, me laisse les prendre, et s’en va…. Oui, moi aussi, je pouvais chercher ce qui pourrait bien m’aider ! (Devrais-je d’ailleurs faire une roue des options pour moi ? C’est une idée !)

Quelques jours plus tard, alors que je dépose Léon devant sa classe, il voit l’un de ses camarades en train de pleurer. Il regrette de ne pas avoir sa roue avec lui… Je lui suggère qu’il pourrait peut-être lui en parler… Le soir, Léon me raconte qu’il a effectivement été voir son copain, et qu’il lui a dessiné une autre roue !

Enfin (et c’est ce qui m’a finalement poussée à écrire cet article), hier, alors que je sortais de chez moi, je vois les roues par terre devant la porte.
Je demande à Leon :
« Pourquoi la roue est là ?
– parce qu’Anatole pleurait quand tu es partie hier, alors je lui ai donné les roues pour qu’il trouve une solution.
– Et ça a marché ?
– Oui
– Qu’a-t-il choisi ?
– Le câlin. Je le lui ai fait. »

Voir nos enfants résoudre leurs problèmes et faire preuve d’empathie, se soutenir l’un l’autre…

Encore un rappel que nous ne nous trompons pas de chemin !!