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Comme bien d’autres parents, vous êtes fatigués d’entendre vos enfants se disputer… Les disputes entre frères et soeurs sont souvent un des premiers vecteurs d’usure des parents.

Ces disputes et autres chamailleries pèsent sur l’ambiance familiale, et vous ne savez pas toujours comment réagir. 

Faut-il intervenir ? Faut-il les laisser gérer la situation ?

D’un certain côté, vous savez que ces disputes sont normales, que les conflits font partie de la vie. Vous aussi, vous vous disputiez avec vos frères et soeurs… 

Mais vous avez quand même envie d’en sortir, de voir un peu plus d’harmonie, entre eux, et dans la famille en général. 

Par ici, on parle régulièrement de l’ambiance familiale, alors, bien sûr, on a aussi travaillé sur les disputes dans la fratrie. Et je vous assure qu’on peut vraiment faire en sorte que les choses changent ! Que les disputes soient moins fréquentes, et que nos enfants sachent comment aborder les conflits posément.

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Pourquoi les frères et soeurs se disputent

D’abord, j’aime bien comprendre. 

Je trouve que parfois, rien que de prendre conscience, d’avoir un éclairage autre, ça permet de bouger les choses. 

Alors voilà déjà un bon point de départ : comprendre d’où vient la dispute. 

Ça parait évident, mais on en prend rarement le temps quand on n’y est pas sensibilisé…

Alors, à la place d’essayer de comprendre, on commence en général par passer par les réactions suivantes.

“Que cette dispute disparaisse !”

D’abord, on aimerait bien qu’il n’y ait pas de dispute. Tout simplement. 

Ça a l’air idiot, mais c’est tellement ancré en nous qu’on a tendance à vouloir faire disparaitre cette dispute le plus vite possible. 

Voir nos enfants se disputer, ça heurte notre rêve d’une famille harmonieuse, notre idéal d’enfants qui s’entendent bien.

Voir nos enfants se disputer, ça va à l’encontre de nos besoins de facilité, et de fluidité…

Alors, on commence souvent par tenter de nier cette réalité dont nous ne voulons pas. 

C’est un peu comme pour les émotions…

On voudrait que notre enfant n’ait pas peur, alors on lui dit “ne t’inquiète pas”, comme si ça pouvait suffire à régler le problème…

Face aux disputes dans la fratrie, on va dire “Arrêtez de vous disputer !” , et c’est tout.

Ça revient un peu à fermer les yeux, et à croiser les doigts bien fort en disant “abracadabra” et en espérant que quand on rouvrira les yeux, la dispute aura disparu !

Quand on fait ça, on ne prend tout simplement pas en compte la réalité de ce qu’ils vivent.

“Qu’est-ce qui se passe ?”

Au bout d’un moment, on comprend que la dispute ne peut pas s’envoler si facilement. 

Donc, on passe au traditionnel “Qu’est-ce qui se passe ?”, pour essayer de comprendre, et aider à résoudre le problème. 

Oui, mais… si on en reste à ce qu’il se passe dans cette situation, on reste en fait à la couche superficielle. A ce qui se voit. Mais on ne comprend pas ce qui se joue en toile de fond.

Pensez-y… 

Ça vous est déjà arrivé d’intervenir dans une dispute, de demander ce qu’il se passait, de régler le problème, et de retrouver vos enfants en train de se disputer de nouveau pour autre chose ?

Comme s’ils ne cessaient de se chercher ?

C’est parce que vous n’avez pas touché à la VRAIE raison derrière la dispute ! 

Comprendre la vraie raison de la dispute

Soyons clair, au départ, ce n’est pas évident de changer notre approche. 

Il s’agit de faire un pas en arrière, de prendre un peu de recul. 

Mais contre toute attente, ce n’est en fait pas si compliqué. 

Pour voir vraiment ce qui se joue, il suffit d’être un peu guidé. 

La logique est en réalité simple – la voici : 

Les enfants, comme tout le monde, ont des besoins.

Et, à certains moments, il leur semble que la dispute est la seule stratégie à leur disposition pour nourrir le besoin qui domine. 

C’est aussi simple que ça.

Alors, imaginez : 

si on comprend bien ces besoins – et, bonne nouvelle, ça nous servira dans des tas d’autres situations que celles des disputes dans la fratrie ! – 

puis qu’on fait le lien entre ces besoins et les raisons derrière les disputes, 

alors il est plus simple d’arrêter de nier la réalité, et de chercher ailleurs la porte de sortie, vous ne croyez pas ?

Une fois qu’on voit clairement comment ces besoins peuvent se traduire en disputes, on a enfin d’autres pistes.

Quand on va comprendre ce qui se joue derrière la dispute, on va naturellement arrêter de nier la réalité. Parce que ça reviendrait à nier également le besoin de l’enfant, ou en tout cas de passer outre ce besoin. 

Et à la place, on va essayer de trouver d’autres stratégies pour nourrir ces besoins, pendant et en dehors de la dispute, aussi ! 

De sorte que l’ambiance générale va peu à peu s’apaiser…

Est-ce facile ?

Comme je l’écrivais au début du paragraphe précédent, ce n’est pas évident… simplement parce qu’on ne l’a pas appris.

Mais en fait, ce n’est pas très compliqué. 

Il suffit d’être un peu guidé, un peu formé. 

👉🏻 C’est ce que je propose à travers ma formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »

Ensuite, enfin, on retrouve une sorte de choix dans nos réactions. 

Au lieu de réagir de manière réflexe, parce qu’on ne sait pas trop quoi faire d’autre, parce qu’on se sent démuni, on retrouve une sorte de choix. 

On peut décider, en conscience, de ce qu’on va faire – y compris dans ces moments où l’on sait que notre réaction n’est pas idéale, mais que c’est le mieux dont on est capable à ce moment-là, nous aussi ! 

Comment faire pour que nos enfants s’entendent ?

C’est triste de voir un frère et une soeur, deux frères, ou deux soeurs, qui ne s’entendent pas…

J’entends même parfois des mots forts de la part des parents : « Mes garçons se détestent », « mes filles ne se supportent pas »…

Quand on voit nos enfants qui se provoquent, qui s’agressent, qui se tapent, qui crient l’un sur l’autre, ou tout simplement qui s’ignorent… on se sent parfois dépassé.

On en conclut vite à une mésentente insoluble.

Certains parents avec qui j’échange me disent qu’ils craignent que la relation dans la fratrie ne s’améliore jamais.

C’était par exemple le cas d’Isabelle, qui m’écrivait, en mai : « Mon fils (8ans) fait une sorte de jalousie envers ma fille (3ans) ce qui induit les disputes. 
Mon fils refuse de jouer avec sa sœur alors qu’elle réclame pour jouer avec lui et ça la rend triste. »

Lorsqu’Isabelle passe le pas et décide de s’inscrire à la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie », fin août, elle écrit :

« J’ai l’impression que mes enfants ne tissent pas vraiment de liens entre eux. 
Je vois que ma fille est fort affectée et ça me fait mal au coeur. J’ai le sentiment que mon fils aurait préféré rester un enfant unique et que ma fille rame pour que son frère veuille bien jouer avec elle. »

On imagine aisément la tristesse d’Isabelle, constatant cette indifférence de son aîné envers sa soeur…

D’où vient la complicité entre les frères et soeurs ?

J’aimerais commencer par vous dire que, selon Thomas Gordon, ce n’est pas au nombre de leurs disputes que se dessine la relation future de nos enfants, mais plutôt au nombre de bons moments partagés.

Donc, plutôt que de vous focaliser sur les tensions, voyez tous les moments où cette complicité est déjà là.

Voyez tout ce que vos enfants partagent, ce qu’ils font ensemble, ce qui les unit, et construit peu à peu cette relation de fratrie qui aura toujours des hauts et des bas !

Ce qui ne veut pas dire que l’on ne doit pas quand même agir pour qu’ils se disputent moins (et/ou mieux !).

Ensuite, si vos enfants partagent peu de moments de complicité (comme dans le cas d’Isabelle ci-dessus), il suffit souvent d’un petit ajustement dans notre manière de faire.

Plus nous chercherons à imposer ces moments, moins cela fonctionnera.

En étant dans l’écoute, dans l’observation de ce qui se trame en toile en fond, dans une réaction mesurée et adaptée aux besoins de chacun, on ouvrira l’espace pour que chacun puisse trouver sa place dans la relation à l’autre.

C’est ainsi qu’après moins d’un mois dans la formation, Isabelle me raconte l’anecdote suivante, quasi-inimaginable un mois avant :

« Je ne vais pas écrire tous les exemples ici mais j’ai pu aussi aider mes enfants à désamorcer une dispute : 
Mon fils voulait jouer au camion mais ma fille à la dinette. 
Je leur ai demandé ce qu’ils pouvaient faire pour concilier les deux jeux et pour que cela fasse plaisir à tout le monde. 
Mon fils a alors proposé de jouer au livreur, ma fille faisait la cuisine, ils mettaient les plats dans des doggy bags et venaient me les livrer à la cuisine (pendant que je préparais le souper). »

Alors, je vous parle de comment agir ?

Deux manières d’agir pour que les enfants ne se disputent pas

Quand on identifie les besoins et les raisons derrière les disputes, on peut alors agir de deux manières : 

  • de manière préventive
  • de manière réactive

Réagir de manière préventive

Parfois, un sentiment de rivalité, ou de jalousie s’est installé entre nos enfants.

Il est alors d’autant plus important de savoir comment réagir à la dispute, car, plus on se placera en arbitre, et plus on aggravera les choses !

Mais avant même de parler de comment gérer les disputes, on peut facilement faire évoluer certaines de nos habitudes pour baisser le ressentiment, les frictions, et faire en sorte que nos enfants s’entendent mieux.

C’est une bonne manière d’enclencher un cercle vertueux :

si les conflits diminuent en nombre, toute la famille, parents et enfants, gardera plus d’énergie pour faire face à ceux qui se présenteront encore. 

Or, en tant que parent, on a vraiment des leviers sur lesquels on peut agir pour baisser la rivalité dans la fratrie, pour aider les enfants à se sentir écoutés… des leviers qui sont malheureusement souvent à l’opposé de ce que l’on a tendance à faire ! 

Car la rivalité vient aussi de certaines de nos réflexions, de nos attitudes, ou même de règles que l’on pose, sans bien réfléchir à leur implication…

Tout le module 3 de la formation « En finir avec les disputes dans la fratrie » est d’ailleurs dédié à ce que j’appelle l’environnement : tout ce qui vient autour des disputes, et qui va nous permettre de réellement baisser le ressentiment, les tensions latentes qui existent souvent entre nos enfants.

Quand j’ai découvert tout cela, je me suis vraiment demandé pourquoi on ne l’avait pas appris !

Vous voyez de quoi je parle ? Toutes ces prises de conscience qui nous viennent quand on chemine vers la parentalité positive, et pour lesquelles on se dit souvent : “Mais pourquoi personne ne m’a jamais expliqué ça avant ??”

Donc, si vous voulez déjà commencer, là, tout de suite, à modifier certaines de vos habitudes pour alléger l’ambiance, 

👉🏻 Téléchargez le guide “Disputes : 6 habitudes à modifier pour les diminuer”

Réagir de manière réactive

Vient le moment de la dispute… et là, il est bon d’avoir des billes. De savoir où on veut aller, et comment on va intervenir (ou pas).

Vous allez voir, dans la suite de cet article, que la manière dont on réagit à la dispute peut vraiment transformer ce moment difficile en une occasion magique !  

Alors, sans plus attendre, je vais vous confier cette approche qui change tout…

Les disputes sont des opportunités d’apprentissage

Oui, j’ai l’intention dans cette partie de vous aider à changer de regard sur les disputes.

Vous allez voir, c’est possible. 

Et rassurez-vous : ça ne veut pas dire qu’il faut garder les disputes dans la fratrie ! Ça va juste bouleverser un peu votre manière de les gérer…

Le manque de respect entre frères et soeurs

Dans le fond, vous savez très bien qu’une vie sans conflit, ce n’est pas possible. 

Le conflit fait partie des relations sociales, et on aura toujours des occasions d’être en désaccord, ou en décalage avec l’autre. Des moments où les besoins de l’autre ne correspondent pas aux nôtres. C’est également vrai entre parents et enfants d’ailleurs, et on sait bien nous-même comme c’est parfois difficile à gérer !

Face à ces situations, ce qui nous pose problème, en réalité, ce n’est pas le désaccord, mais bien la manière d’y faire face. 

Ce que l’on voudrait – en tout cas, je me raconte que vous vous dites ça vous aussi – c’est un monde dans lequel on peut gérer le conflit sans manquer de respect à l’autre. 

Voilà bien pourquoi la manière d’aborder les disputes dans la fratrie sont liées à notre style éducatif.

Vous êtes ici sur le chemin de la parentalité positive, et cette notion de respect de l’autre est précieuse pour vous, comme pour moi. 

Le modèle de la gestion des disputes

Le problème, c’est que ce n’est malheureusement pas le modèle que l’on reçoit en général dans notre société.

Donc, si on laisse les enfants avec ce qu’ils observent autour d’eux, ils apprendront à faire face aux conflits exactement comme ils l’observent, c’est à dire sans respect.

En réglant le conflit par la force, en fait. (qu’elle soit physique ou autre)

Je sais, j’exagère un peu…

En réalité, la gestion du conflit est entrée dans le programme scolaire au primaire !

Bonne nouvelle !

Sauf que… sauf que les adultes qui entourent nos enfants ne sont pas formés à ça…

Honnêtement les choses progressent, et les ressources à ce sujet se multiplient, mais il reste qu’ils ont grandi dans un monde dans lequel on ne le leur a pas appris, alors ils font comme ils peuvent, et ils réagissent eux-mêmes aux conflits avec leur approche du plus fort, en décidant à la place des enfants comment ça doit être réglé.

Bref.

Faut-il intervenir dans ces disputes entre frères et soeurs ?

Voici une question récurrente, et oh combien importante, que je reçois de la part des parents. 

Et la réponse classique à cette question est NON. Y compris sur des sites d’éducation positive.

C’est là que ce que je vais vous dire diverge. Ça va faire toute la différence.

Car, si je suis ce que je cherche à vous enseigner, ma réponse est oui. Un grand OUI !

MAIS

en fait, je devrais plutôt répondre à la normande : ÇA DÉPEND…

C’est vrai qu’on entend souvent qu’il vaut mieux ne pas intervenir dans les disputes entre frères et soeurs, qu’il vaut mieux laisser les enfants gérer leurs conflits seuls… 

Dans la théorie, je voudrais bien pouvoir dire ça aussi. Parce que je sais que les enfants apprennent par l’exemple. Ils voient, ils reproduisent, il leur suffit de s’entrainer. 

MAIS… si on reprend l’idée du modèle précédent, on s’aperçoit que ça ne peut pas marcher. 

Justement parce que si l’on n’intervient pas, nos enfants vont simplement reproduire le modèle reçu, qui leur montre souvent comment on gère le conflit par la force. 

Donc… il va nous falloir intervenir pour leur montrer une autre manière de faire.

C’est aussi simple que ça.

Intervenir de la bonne manière !

MAIS… mais si nous ne savons pas non plus faire autrement ? Parce que nous non plus, on ne l’a pas appris ? Serons-nous alors capables d’intervenir de manière constructive ?

Parce que là, je reviens à l’idée de départ : si vous intervenez pour jouer les arbitres… il vaut effectivement mieux se retenir ! (A condition que cela ne devienne pas trop violent, évidemment)

Jouer les arbitres risque plutôt de mettre encore de l’huile sur le feu !

Donc, si c’est possible, il vaut mieux s’éloigner que de venir arbitrer un conflit qui ne vous concerne pas. 

Cependant, dans ce cas, vous êtes sûr que vos enfants n’apprendront pas à régler leurs conflits respectueusement….

Alors, bien sûr, je voudrais vous encourager au contraire, à intervenir… à condition de savoir comment

Or, la gestion du conflit, c’est comme tout, ça s’apprend !! 

Donc, je résume : 

L’idée c’est d’apprendre la gestion du conflit, puis d’intervenir dans les disputes pour montrer aux enfants comment ça marche, et les aider ainsi à développer cette compétence, avant de se retirer et de les laisser gérer !

Et, franchement, cette compétence, elle leur sera utile à vie (et à vous aussi, au passage !).

Un apprentissage pour la vie

Pensez à toutes ces compétences que l’on voudrait que nos enfants acquièrent…

Il n’y a pas si longtemps, je vous parlais de l’outil des 2 listes, pour penser à notre parentalité à long terme…

J’ai envie de vous faire ici une petite liste des compétences relationnelles que nos enfants peuvent apprendre à développer au détour de leurs disputes : 

  • savoir dire non
  • exprimer ses besoins
  • négocier
  • écouter ses émotions
  • être sensible à celles de l’autre
  • avoir de l’empathie
  • identifier ses limites
  • savoir poser sa limite sans agressivité
  • faire des choix
  • prendre des décisions
  • envisager d’autre possibilités
  • tenir compte de l’autre
  • s’affirmer
  • trouver des solutions ensemble
  • ah, et puis savoir demander pardon ! 

Et voilà comment les disputes dans la fratrie deviennent de vraies opportunités d’apprentissage !

Franchement… Ça ne vous donne pas envie de les voir se disputer maintenant ?

J’ai demandé à Claire, maman de 2 enfants de 3 et 6 ans qui suit la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” quelle était sa plus grande prise de conscience à la fin du premier module, et voici ce qu’elle m’a répondu : 

“Voir les disputes comme des opportunités d’apprentissage. Et donc non seulement pas quelque chose à éviter à tout prix (possibilité de me débarrasser de mon héritage familial dans lequel j’ai appris à me taire plutôt qu’à dire mon désaccord) mais aussi carrément une opportunité de développer un tas de compétences.”

Alors bien sûr… on peut essayer de faire disparaitre les disputes sans passer par cette case “gestion de conflit”, mais qu’est-ce qu’on leur apprendra alors ? 

A refouler leurs opinions, à s’écraser ?

Ce serait quand même dommage de passer à coté de ces opportunités, non ?

Réconcilier les enfants

Je précise quand même un point qui n’est peut-être pas clair dans mes propos…

Il n’est pas question de conclure que les disputes, c’est génial, et qu’on veut continuer à en avoir dans la maison ! 

Non, ce que je veux dire c’est qu’au fur et à mesure que nos enfants développeront toutes ces compétences, les conflits se transformeront de moins en moins en disputes. 

C’est ça, l’idée !! 

On va les accompagner à ça.

C’est un vrai cercle vertueux pour sortir des disputes et que nos enfants trouvent leurs propres moyens de se réconcilier et de faire cohabiter leurs points de vue en cas de conflit.

L’apprentissage

Vous l’avez compris, maintenant. 

Notre rôle de parent, c’est de saisir l’opportunité des disputes pour enseigner toutes ces compétences à nos enfants. 

(Du moins quand on en a l’énergie – parce qu’on fait aussi ce qu’on peut)

Donc, oui, on va intervenir. 

Intervenir pour les encourager à s’écouter soi, puis l’un l’autre. 

Pour leur montrer comment exprimer ce qu’ils ressentent.

Pour les aider à choisir comment ils vont réagir à la provocation éventuelle de l’autre. 

Pour qu’ils sachent comment poser leurs limites. 

Pour qu’ils trouvent des solutions, ensemble.

Car ils en sont capables !! 

C’est pour ça que j’ai eu envie de créer la formation « en finir avec les disputes dans la fratrie », justement pour vous montrer comment faire tout ça, facilement, étape par étape.

C’est l’objet du module 2 de la formation.

Le moment où vos enfants vont gérer seuls leurs conflits

Peu à peu, vous verrez que vous n’aurez plus besoin d’intervenir, car vos enfants sauront trouver leur propre solution sans votre aide. 

Le dernier module de la formation “En finir avec les disputes dans la fratrie” s’intitule d’ailleurs “Savoir s’effacer”, pour identifier ce moment où on peut, en toute confiance, laisser nos enfants gérer ! 

Alors, non seulement vous pourrez savourer le calme dans la famille, mais vous pourrez aussi être fier de ce que vous aurez pu transmettre à vos enfants : des compétences pour la vie ! 

A vous : comment réagissez-vous aux disputes entre les enfants ?

Non, nos enfants ne veulent pas toujours prêter leurs jouets.
Pour un enfant, prêter ses jouets ne relève pas toujours de l’évidence. Il faut d’abord avoir confiance en l’autre.

De notre point de vue, les poupées et les légos devraient toujours être prêtés.
Que ce soit chez nous ou chez la nounou, nous rêvons d’une maison ou d’un environnement dans lesquels les enfants seraient toujours heureux de voir les petits invités ou les frères et soeurs profiter de tous les jouets, et l’harmonie régnerait.

Dans la pratique… hum… disons que ce n’est pas toujours le cas… Comment aider les enfants à développer leur générosité ?

Pourquoi un enfant ne veut-t-il pas prêter ses jouets ?

Je sais que certains parents n’ont même pas envie de se poser la question. Ils partent de l’hypothèse que l’enfant doit prêter, et puis c’est tout.
Que c’est aussi dans ce genre de circonstance que se teste notre autorité parentale.

Cependant, si vous êtes ici, c’est que vous cherchez à prendre du recul, et à mettre de la conscience dans vos techniques et habiletés parentales.
On va donc commencer par se demander pourquoi mon enfant ne veut pas prêter.

Il peut en fait y avoir plusieurs raisons à cela, et si on prend le temps d’y réfléchir, elles sont saines, et compréhensibles !

Et, avant même que nous en arrivions à la liste (forcément non exhaustive) de ces raisons, nous pouvons déjà essayer de nous mettre à leur place.

Une amie arrive, et s’intéresse aux chaussures que j’ai rangées dans l’entrée. Elle se met alors à les essayer les unes après les autres, sans me demander, et sans les remettre en place. Serais-je ravie ? Ou aurais-je plutôt envie de lui signifier, peut-être vertement, que ce sont MES chaussures, en les lui arrachant des mains au besoin ??

Voilà qui remet déjà un peu les choses en perspective, n’est-ce pas ?

Quelques suppositions, donc :

1 – la protection du jouet

Si l’autre s’approche d’un jouet que l’enfant aime particulièrement, il est probable qu’il ait simplement envie de le protéger. D’être certain que le jouet ne sera pas abîmé. C’est une crainte courante quand on doit prêter à un jeune enfant… C’est d’ailleurs vrai pour nous aussi : nous ne prêtons pas forcément les objets que l’on juge fragile à nos enfants, même des enfants âgés !
De plus, cette raison est d’autant plus valable lorsqu’il s’agit d’un jouet neuf.
(Je me souviens quand j’étais en école d’ingénieur : je n’aimais pas prêter mes BD. Car j’en prenais soin, et je ne voulais qu’elles trainent sur le sol des piaules de mes collègues, d’où elles ne ressortiraient probablement pas en aussi bon état. Inavouable ?)

2- la disponibilité du jouet

Soit, l’enfant ne joue pas avec… pour le moment. Mais pendant combien de temps l’autre va-t-il vouloir garder le jouet ? Et si l’envie lui venait (d’autant plus facilement qu’il voit l’autre y jouer) avant que le jouet soit de nouveau disponible ? Ne vaut-il mieux pas le garder en réserve ?
On comprend sa crainte…

Il y a bien un inconvénient à partager : on perd une partie de sa liberté : s’il veut récupérer le jouet, sans l’arracher, il lui faudra alors attendre son tour.
Tous les enfants n’avancent pas au même rythme sur cette compétence ! (Quelques infos sur l’évolution générale de l’aptitude à prêter avec l’âge dans cet article chez Naitre et grandir)
On y trouve également un avantage, dans le lien avec l’autre, dans la contribution. La générosité fait du bien, encore faut-il pouvoir s’y connecter…

3- la vengeance

Il est également possible qu’il y ait un conflit sous-jacent entre les enfants. Parfois, nous ne le savons pas, mais ils se sont disputés, voire, ils ne se sont pas disputés mais l’un a été blessé par l’autre, et n’a pas su l’exprimer, l’a gardé en lui. Peut-être une simple question de rivalité, ou de jalousie.

Alors, quand vient le moment de prêter, il n’en a juste pas envie. C’est sa manière à lui de se venger. De punir l’autre. (Je noterai au passage ici, au risque de toucher là où ça fait mal, que les enfants apprennent beaucoup du modèle qu’ils reçoivent. Ainsi, s’ils sont accoutumés à être punis pour ce qu’ils font, ils apprendront à leur tour que s’ils jugent que ce que l’autre a fait est répréhensible, alors cet autre mérite d’être puni… D’où l’importance pour nous de réfléchir à notre attitude par rapport à la punition.)

Si vous sentez que vos enfants sont souvent dans ce cas de figure, ça vaut la peine de travailler en parallèle sur l’entente dans la fratrie et la place de chacun…
(vous pouvez pour cela commencer par écouter cet exemple concret sur comment réagir à une situation de rivalité)

4- le pouvoir

Ah, qu’il est grisant parfois d’avoir le pouvoir ! De savoir qu’on peut simplement décider si oui ou non, on va accorder à l’autre ce qu’il demande. Qu’on peut avoir une influence sur l’humeur de l’autre !

Cet usage-là du pouvoir est nocif (plus d’infos sur le pouvoir et son usage par ici) ? C’est de l’abus de pouvoir ? C’est bien possible.
A nous d’enseigner à notre enfant à bien utiliser son pouvoir personnel. Cet apprentissage peut prendre du temps.
Mais ce qui est sûr, c’est que plus il aura d’opportunités de l’utiliser au quotidien, plus nous le laisserons faire appel à son libre arbitre, moins il sera tenté de l’utiliser ainsi.
Est-ce que cela signifie que les parents doivent laisser l’enfant décider de tout ? Non, bien sûr.
Ce que je dis ici, c’est que nous avons tous besoin de nous sentir importants. Un besoin qui est directement en lien avec la confiance en soi.
Si les enfants, même de jeunes enfants, se sentent comme des marionnettes contraintes à obéir aux ordres, il est fort probable qu’ils cherchent à récupérer un peu de leur pouvoir par des moyens détournés…
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut faciliter les choses en évitant les luttes de pouvoir ! Oui, les parents peuvent aider les jeunes (même les ados, j’en profite pour le glisser au passage…) à faire un bon usage de leur pouvoir personnel.

5- pas de raison !

Restent enfin les cas où il n’y a pas de vraie raison, ou pas de raison objective, mais où l’on n’a pourtant pas envie de prêter. On ressent une gêne.
Est-ce que j’ai toujours envie de prêter mes affaires à mon ado qui a tendance à puiser dans mon placard ? En l’occurrence, ça me gêne peu. Mais ça pourrait ! Sans qu’il n’y ait vraiment d’explication logique…
On pourrait se forcer, mais cela risque d’aggraver notre malaise et il y a fort à parier qu’une dispute s’ensuive peu après, qui nous permettrait de justifier notre réaction première…
Notre enfant a aussi ces moments-là… Qui correspondent peut-être à des phases de développement, peut-être pas…

Voici dans ce cas une idée de jeu autour du fait de prêter qui pourrait développer chez l’enfant un plaisir et une envie autres.

Remarque : je me focalise ici sur l’enfant qui refuse de prêter ses jouets, et ce que je pense que l’on peut faire en tant que parents pour le motiver.
Si je prends une minute au passage pour parler de l’autre enfant (car dans cette situation, on est bien d’accord, il n’y a pas un mais des enfants, et nous avons un rôle parental à jouer auprès de chaque enfant…), je dirais que le mieux à faire est d’accueillir sa frustration. Oui, il se peut qu’il pleure, qu’il crie… et la parentalité, ça consiste aussi à aider les enfants à traverser leurs difficultés.
Dans un environnement Montessori, il n’y a souvent qu’un exemplaire de chaque matériel. Lorsqu’un envie désire un matériel qui est déjà pris, cela lui apprend à attendre. C’est bien aussi !

Comment réagir à ce refus de prêter ?

Notre manière d’aborder les choses peut changer la donne. Cela devra cependant être mené avec délicatesse.

1- Accepter

La première étape sera d’accepter le point de vue de l’enfant. Accepter qu’il n’ait pas envie de prêter et ne pas le faire contre son gré. Car ne pas prêter est également une manière pour lui de poser ses limites.
Il sait que ce jouet lui appartient, et qu’il peut décider. (Surtout si c’est vraiment un jouet qui lui est attaché personnellement, type son doudou…)

Lui laisser cette prérogative est une manière de valider son indépendance, son pouvoir de décision.
J’imagine que pour certains parents, cela pourrait s’apparenter à du laisser-faire, ou à de la surprotection.

Ce n’est pas ainsi que je le vois.
Pour moi, ces moments sont des opportunités d’apprentissage de la sociabilisation. Les enfants mettent des années à grandir, années que les parents peuvent mettre à profit pour enseigner ce genre de compétences !
Respecter sa manière de protéger ses jouets, c’est lui enseigner à respecter également notre instruction de ne pas prendre les ciseaux de la cuisine (que je ne retrouve jamais quand j’en ai besoin !!).

Si nous forçons l’enfant à prêter, il y a peu de chances que cela lui enseigne les bonnes raisons de le faire, et qu’il prête lorsque nous ne sommes pas à son côté… Encore une fois, nous touchons ici à la différence entre le contrôle extérieur et intérieur.

En revanche, s’il ne se sent pas jugé et remis en question, l’enfant sera plus ouvert à la phase suivante.
C’est pour moi la meilleure (et même la seule) manière d’accompagner les enfants vers une envie de prêter.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’il n’y a pas besoin d’être fin psychologue pour comprendre qu’on n’enseigne pas la générosité en forçant l’enfant !

Note : il va de soi que je fais la différence entre accepter la décision, et accepter certains comportements liés à cette décision.
C’est ok de ne pas vouloir prêter, ce n’est pas ok de faire mal par exemple. Mon enfant doit apprendre à poser sa limite de manière adéquate.
(A nous, parfois, de lui montrer comment… vous savez que les enfants sont très forts pour imiter !)

2- Chercher la cause

Puisque nous acceptons la position de notre enfant, simplement, nous pouvons en parler avec lui. Essayer de creuser les raisons derrière son refus.
S’il a du mal à les formuler, on peut éventuellement l’aider, mais attention à ne pas l’enfermer dans une réponse qui risque ensuite de ne pas être complète.
Ce n’est pas à nous de lui expliquer ce qui se passe en lui !

Lorsque Léon (6 ans tout juste) a refusé de prêter son nouveau camion Mack (son cadeau d’anniversaire) à son petit frère Anatole (3 ans et demi), nous avons discuté sans reproche.
Le cas était très simple : il avait peur que son frère ne le lui abime. Il n’a pas forcément tort ! Anatole est encore un petit garçon qui n’aura pas les mêmes gestes que Léon pour ouvrir et fermer le camion au moment d’y ranger les voitures…

3- Chercher des solutions avec l’enfant

Une fois la raison, ou l’une d’elles en tout cas, éclaircie, on peut chercher des solutions.

Dans mon cas, je savais qu’Anatole n’abimerait pas le camion, je l’avais déjà vu jouer avec.
Mais je n’ai pas répondu cela à Léon, quelle chance aurais-je eue de le convaincre simplement en le lui disant ?
A la place, je lui ai demandé si cela lui serait plus facile si je m’engageais à surveiller Anatole pendant qu’il jouait avec le camion. Et en effet, cette solution convenait à Léon.

Nous nous sommes donc mis d’accord, et Anatole a joué près de moi.
J’ai même fait exprès de lui demander : « Tu fais bien attention au camion de Léon, Anatole ? », alors que Léon était à côté, afin que chacun ait bien confiance en cette « surveillance ».

Si j’avais noté que les gestes d’Anatole manquaient de douceur, j’aurais probablement pris le temps, avec Léon, de lui montrer comment faire. Là encore, l’implication de Léon l’aurait rendu plus réceptif à la démarche.
La vie de famille est un vrai laboratoire pour développer les compétences relationnelles !!
Et au passage, pour nous, de développer nos compétences parentales…

Dans les jours qui ont suivi, ils ont beaucoup joué ensemble avec ce camion, et, quand ce n’était pas le cas, et que Léon était occupé à autre chose, Anatole m’a régulièrement demandé de venir le surveiller parce qu’il voulait jouer avec « le Mack de Léon ».

Si Léon n’avait pas été d’accord avec cette solution, qu’aurais-je fait ?
Je lui aurais demandé s’il avait une autre idée !

Et si nous n’avions pas trouvé d’idée, je ne l’aurais pas forcé. Ce refus de prêter aurait été une opportunité :

  • opportunité pour Anatole, dont je me serais attachée à recevoir l’émotion, de vivre le refus, et d’apprendre à y faire face, à traverser ce sentiment désagréable.
  • opportunité pour Léon de développer son empathie. Car il serait alors témoin de la tristesse de son frère. Cela l’encouragerait peut-être à trouver une solution la fois suivante. (Il arrive d’ailleurs que cette phase-là soit celle pendant laquelle la solution nait !).

4- Jusqu’à ce qu’un jour…

Et puis, inévitablement, vient le jour où ces méthodes positives portent leurs fruits.
Oui, les enfants peuvent évoluer, à condition qu’on leur en laisse le temps !!

Chez nous, cela a eu lieu il y a 2 semaines, c’est à dire un mois et demi après l’arrivée de ce fameux camion Mack à la maison. Nous étions tous ensemble dans le salon, quand Anatole me demande de le surveiller pour jouer.

Je n’ai pas le temps de répondre, que Léon intervient :
« Anatole, en fait maintenant tu as bien compris et tu fais bien attention. Tu n’as plus besoin d’être surveillé. »

Ça y est, mon fils veut bien prêter !

Il y a des jours avec et des jours sans… Les jours où l’on est le parent que l’on a envie d’être, et les jours où l’on se transforme en maman qui craque…

Je crois vraiment que l’on progresse en se construisant sur nos succès, et en s’inspirant des succès des autres également. C’est pourquoi je lis tant, et pourquoi je partage tant avec vous.

Il y a peu, je vous racontais comment j’avais réussi à garder la tête froide devant la colère de mon fils.

Mon histoire aujourd’hui est contraire : il n’a pas gardé la tête froide devant ma colère !
Laissez-moi vous raconter…

En ce moment, notre rythme est en phase avec celui du générateur, puisque, depuis le passage de l’ouragan María, c’est lui qui nous donne l’électricité et l’eau (qui ne monte pas dans l’appartement si la pompe ne peut fonctionner).

Ainsi, tous les soirs, à 18h, c’est la course : c’est à la fois l’heure de la douche et de la préparation du repas, puisque j’essaye de faire dîner les petits avant 19h.

Hier, je m’y suis prise tôt, à 17h30, je prévenais déjà Léon et Anatole (6 et 3 ans) que la douche interviendrait une demi-heure plus tard, et qu’il faudrait que le salon soit rangé avant, ce qui ne semblait pas difficile, puisqu’il y avait peu de choses qui trainaient… en théorie, ils étaient bien d’accord. En attendant, ils continuaient à jouer.

A 18h, alors que je pouvais lancer ma cuisson, ils jouaient toujours. Je les avertis que je serai prête pour la douche 10 minutes plus tard. Mais 15 minutes plus tard, rien n’a changé, et je suis usée…. Fatiguée de me battre, je me sens impuissante.

Je décide d’y être indifférente, de ne plus me battre, et annonce simplement que je vais me doucher, et qu’ils pourront se doucher seuls lorsqu’ils auront rangé le salon.

Seulement, mon indifférence ne tient pas devant leurs cris :
« Je voulais me doucher avec toooooooi !!!
– Alors pourquoi n’as-tu pas rangé ? Ca fait presqu’une heure que je vous le dis ! Je suis venue le répéter, une fois, deux fois, trois fois, et vous n’avez rien fait !! (oui, je sais, tout ce qu’il ne faut pas dire !! Je ne me sens pas très fière…) »
La conversation tourne en boucle, et mes velléités de rester calme s’estompent peu à peu…

Oui, je deviens la maman qui craque. Clairement ici mon réservoir est vide. 

Petite parenthèse,  pour faire vivre le réservoir en famille et en faire un levier d’une meilleure communication rien de mieux que notre capsule à ce sujet. Cliquez-ici pour tout savoir! 

Je finis par comprendre que je fais plus de mal que de bien en restant, et je pars enfin prendre ma douche, seule, les laissant pleurer seuls dans le salon.

Lorsqu’ils me rejoignent, ma douche est terminée, personne n’est encore calmé, et je me réfugie dans ma chambre.

Je suis là, en serviette, en train de pleurer, repensant à la manière dont j’ai (mal) géré la situation, m’interrogeant sur ce qu’il aurait fallu faire, triste de ne pas avoir pu partager ce moment avec eux, ne sachant pas non plus comment j’allais faire pour que mon plus petit soit lavé (Léon peut le faire seul, mais va-t-il prendre l’initiative d’aider son frère ?)…

C’est alors qu’Oscar (15 ans) entre, pour me demander je ne sais quoi.
Il me voit abattue et me dit :

« Tu sais maman, t’es une super maman. C’est pour ça que tu te sens mal comme ça.
Il y a beaucoup de familles dans lesquelles des scènes comme ça, il y en a tout le temps, et c’est justement parce que ça arrive peu chez nous que tu te sens si mal. Et si ça arrive peu, c’est grâce à toi. »

Merci, mon grand !!

De l’autre côté de la porte, j’entends mon Alice (10 ans) qui amène Anatole à la douche. Elle aussi a compris que je n’étais plus capable, et que j’avais besoin de soutien à ce moment-là.

Merci ma grande !

Bon sang, ce n’est pas facile tous les jours, mais nous restons une famille unie, et c’est ça qui compte !!

Un peu plus tard, une fois calmée, je me suis assise avec mes deux plus jeunes, et nous avons essayé de chercher comment nous pourrions éviter qu’une telle scène se répète. Nous n’avons pas trouvé, mais j’ai confiance, cela viendra.

👉 Pour accompagner les enfants à développer leur empathie nos cartes sentiments et besoins seront d’une grande aide. 

Récemment, j’ai eu l’occasion, encore une fois, d’accompagner mes plus jeunes dans leur démarche de négociation.

Je faisais face à un problème récurrent :
lorsque j’arrivais à la maison, les 2 couraient vers moi pour se jeter dans mes bras, provoquant régulièrement les pleurs de celui qui arrivait en 2ème !

Un jour enfin, je décidai de m’attaquer à cette question, en les impliquant dans la recherche de solution.

Je suis donc les étapes prescrites, validant d’abord leur point de vue et leurs sentiments, avant de les encourager à chercher une solution.

« Anatole, je vois que lorsque je rentre, tu as envie d’être le premier à me faire un câlin, et que ça te rend triste quand Léon arrive avant toi…
Léon, je vois que toi aussi, tu as envie d’être le premier à me faire un câlin !
Or, ce n’est pas possible qu’Anatole soit le premier, et que Léon soit aussi le premier !
Moi, j’adore vous faire des câlins à tous les deux, mais ça me fait de la peine de voir que chaque fois, l’un de vous est triste..
Comment pourrait-on faire pour régler ce problème ? »

Bien sûr, j’ai envie de leur suggérer d’instaurer des tours, tout simplement, mais j’ai appris déjà : si c’est moi qui apporte la solution, j’ai moins de chance qu’elle leur convienne !!

Et puis, faisons confiance à nos enfants : parfois, ils ont des idées que nous n’aurions pas !

J’attends donc.

Léon (5 ans) a évidemment déjà fait face à ce genre de situation… alors sa solution vient facilement :

« J’ai une idée : on pourrait dire un jour Léon, un jour Anatole, un jour Léon, un jour Anatole. »

Bon, on progresse. « Ca me parait effectivement une solution… »

Je me tourne vers Anatole : « Ca te convient, ça, Anatole ? » (toujours valider avec l’autre, et bien montrer cette étape, parce que c’est également ce qui permet à celui qui suggère de comprendre que sa solution n’en est pas une tant que l’autre ne l’approuve pas…)

Anatole (3 ans) répond : « Non. J’ai une idée : un jour Anatole, un jour Anatole, un jour Anatole… » Je crois que je commence à comprendre… mais non ! la suite me surprend : « un jour Léon, un jour Léon, un jour Léon. »

Tiens ? Il veut faire 3 fois l’un, 3 fois l’autre ! J’imagine que pour lui, changer tous les jours, ce n’est pas suffisant pour « remplir son réservoir » ! Intéressant…

Léon est-il d’accord ?
On a une petite discussion sur le vocabulaire, un échange sur la façon de décrire la solution d’Anatole, mais Léon est d’accord !!

Je demande donc : « Comment va-t-on faire pour suivre ça ?
– on va faire un dessin ! répond Léon  »

Aussitôt dit, aussitôt fait, Léon prend une feuille, écrit « Anatole, Anatole, Anatole, Léon, Léon, Léon », sous la surveillance d’Anatole, et, dans les jours qui suivent, nous consultons cette feuille au quotidien pour rappeler où nous en sommes ! Plus de problème !!

Ces enfants continuent de m’impressionner…

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En finir avec les disputes dans la fratrie !

Nous abordons le 3è chapitre de La discipline positive.

Nous sommes encore dans une analyse psychologique, et c’est Adler, encore une fois, qui a le premier suggéré des traits de caractère liés au rang de naissance.

Pour être honnête, je ne comprends pas bien comment ce chapitre s’articule avec le reste du livre, qui n’y refait ensuite plus référence. Il est cependant lié au besoin d’appartenance dont nous avons parlé dans les principes adlériens, dans la mesure où la place dans la famille se mesure aussi par rapport à son rang de naissance. J’y ai ainsi trouvé des points de réflexion intéressants, que j’espère pouvoir vous transmettre ici.

Avant tout, en guise de précaution, nous insisterons sur le fait que les remarques qui suivent sont très générales, et toute règle a ses exceptions, surtout quand elles touchent à l’humain !

Pour commencer, Jane Nelsen explique que s’il a des difficultés à répondre à son besoin d’appartenance, l’enfant peut chercher à trouver comment être « vu », individuellement. Et pour cela, il a 4 choix :

  • développer une compétence dans un domaine complètement différent du reste de la fratrie
  • entrer en compétition avec son frère et essayer de faire « mieux »
  • se rebeller ou se venger
  • se désengager (en général avec la conviction de ne pas être à la hauteur)

En parallèle, on peut observer régulièrement des traits de caractères découlant du rang de naissance.

L’aîné :

Les aînés sont souvent responsables, autoritaires, perfectionnistes. Quand un autre bébé arrive, l’aîné s’imagine que pour continuer à compter, il doit être le meilleur. Il est donc facilement dans la compétitivité.
Avec lui, il faudra donc particulièrement s’attacher à s’éloigner des notions de comparaison et de rivalité. (Pour cela, le livre de Faber et Mazlish : Frères et soeurs sans rivalité peut se révéler très utile)

Le cadet – ou les enfants « du milieu » :

On note moins de traits de caractère typique pour ces enfants-là, car les cas sont bien plus variés.

En effet, le 2e peut choisir, pour avoir sa place, de se comporter de manières totalement distinctes :

  • soit il se dit qu’il faut qu’il donne tout pour rattraper l’ainé – et il entre alors dans une forme de compétition, de sur-performance
  • soit il pense qu’il ne pourra jamais être à la hauteur, et va plutôt, au contraire être sous-performant..
  • soit il choisit un domaine vraiment différent de celui de l’ainé dans lequel montrer ses capacités..

En effet, c’est une méthode efficace de trouver sa place en mode de différenciation. Quand c’est le cas, ces cadets sont moins conformistes, et plus larges d’esprit.

Le benjamin :

Les benjamins sont plus chouchoutés. Ils prennent l’habitude qu’on s’occupe d’eux, et n’ont pas besoin d’entrer dans la compétition. Ils aiment s’amuser, et ont plus de mal à devenir autonomes.

Parfois ils développent le sentiment de n’être aimé que lorsqu’on s’occupe d’eux, ce qui limite leur investissement et leur confiance en eux. Ils ne veulent pas apprendre, mais plutôt qu’on les aide.

Il semble que les classes avec une plus forte proportion de derniers-nés soient plus difficiles.
Jane Nelsen raconte que lorsqu’elle était conseillère d’éducation dans le primaire, elle avait régulièrement des derniers-nés qui lui étaient envoyés pour désinvestissement académique. Elle leur demandait toujours : « Qui t’habille le matin ? », et découvrait souvent que quelqu’un d’autre que l’enfant le faisait pour lui… Seulement voilà, si on continue d’aider systématiquement l’enfant à s’habiller au delà de 2-3 ans, on le prive de l’opportunité de construire un sentiment de responsabilité, d’autonomie, de confiance en lui. L’enfant se se sent pas capable. Et ça se ressent sur d’autres aspects de sa vie.

L’enfant unique :

En fonction surtout de l’attitude des parents, l’enfant unique peut développer soit un comportement d’aîné (avec en général une recherche de la perfection un peu moins poussée, car il n’y a pas péril de sa position) soit un comportement de benjamin.

D’autres facteurs d’influence : 

Il est bon de noter qu’en fonction des écarts d’âge (ou des différences de genre), il peut y avoir des « aînés psychologiques » ou des « derniers-nés psychologiques ». En effet, l’enfant qui a occupé une position plus de 4 ans a formé des interprétations dans son rapport qui peuvent perdurer, même quand la structure familiale évolue.

L’atmosphère familiale peut avoir une forte influence sur les « rôles » pris par chaque enfant. Si par exemple, les valeurs familiales sont plus tournées vers la coopération que vers la compétition, il y a fort à parier que les enfants ressentiront moins le besoin de se différencier…

L’interêt de cette analyse :

Vraiment valable ou pas dans votre famille, cette analyse peut aider à comprendre certains comportements et attitudes chez vos enfants.
Essayez donc d’y prêter attention, et de faire preuve d’empathie en entrant dans leur monde si vous les observez.
Soyez attentif à ne pas surprotéger les plus jeunes, à les aider au contraire à se sentir capables et aidez les plus grands à comprendre qu’on peut se sentir bien même quand on a perdu ! Enfin, pour les familles recomposées : attention à l’aspect déroutant que peut constituer le fait de rebattre les cartes dans les positions…

En finir avec les disputes dans la fratrie :

Cette difficulté de positionnement peut créer des rivalités, et des tensions entre les enfants.

Nous, parents, avons un rôle à jouer sur ce point. Nous pouvons :

  • créer un environnement qui atténue les rivalités
  • accompagner nos enfants dans le développement de leurs compétences relationnelles pour gérer les conflits autrement qu’en s’agressant les uns les autres.

Pour aller plus loin sur ce sujet : Inscrivez-vous à ma formation « En finir avec les disputes dans la fratrie »

Je vous ai pas mal parlé ces derniers temps de mon plaisir de constater que notre éducation apportait vraiment des changements de fond, d’être témoin des compétences que nos petits avaient déjà su développer.

J’ai partagé que cela me confortait sur le fait qu’on était sur le bon chemin.

J’en ai encore eu un exemple récemment.
Léon et Anatole (5 et 3 ans) prennent le bain ensemble. Et ils aiment tous les deux se mettre assis sous l’eau qui coule, toujours plus chaude que celle de la baignoire. Alors, bien sûr, ça crée parfois quelques problèmes…

Ce soir-là, alors qu’ils sont seuls dans le bain, j’entends le ton qui monte… J’ouvre la porte et demande :
« Vous pensez que vous pouvez trouver une solution qui convienne aux deux ?
– On est en train d’en discuter, maman ! » répond Léon.

Je ressors donc, et les laisse « en discuter ». Je ne sais pas comment la conversation a été menée, mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y avait ensuite plus de cris !

Hier, je discutais avec une amie au sujet de la rivalité entre ses enfants.

Les dits-enfants étaient sur le trampoline dehors, à sauter comme des fous.

Seulement voilà, ma copine était inquiète, parce que la différence de poids (Le grand a 11 ans, la petite 5) faisait tomber la petite, et elle jugeait qu’on pouvait ainsi se casser quelque chose.

Elle s’interrompt donc à 2 reprises pour essayer de calmer le jeu, mais ça ne fonctionne franchement pas…

Au bout d’un moment, elle s’adresse à moi : « Ils ne m’écoutent pas ! Comment tu fais dans un cas comme ça ?? »

Je reste prudente : « Tu sais, il n’y a pas de baguette magique, les choses ne changent pas d’un coup, mais pour aborder ce genre de cas, il faudrait entrer dans une démarche de résolution de problème. Ca veut dire chercher des solutions avec eux, mais après avoir créé une connexion. Donc dans la pratique :  D’abord, tu dois parler de leurs sentiments et envies. Ensuite, tu parles de TES sentiments et envies. Alors, tu peux…. Ecoute, on va essayer !! »

On sort donc dans le jardin, et je m’adresse aux enfants :

« Les enfants, je vois que vous êtes très contents ici sur le trampoline, et que vous adorez sauter ! Votre maman, de son côté, est inquiète, parce qu’avec votre différence de poids, elle a peur que la petite tombe et se fasse mal.

Quelle solution pensez-vous que nous pourrions trouver qui convienne à tous ? »

La petite répond :
« Je pourrais me tenir sur la barre pendant que lui saute, et puis après, c’est lui qui se tient pendant que moi je saute
– Ok, ca me parait une bonne idée. (Je me tourne vers le grand frère) Est-ce que cette solution te conviendrait ?
– Oui, sauf que je ne veux pas me tenir, je pense que son poids ne peut pas me faire tomber.
– Je vois. (je me tourne vers la petite) Ca te convient si lui ne se tient pas mais seulement reste sur le côté pendant que tu sautes ?
– Oui, c’est d’accord. On change toutes les 5 minutes, répond la petite
– Toutes les 5 minutes, ça te convient ? je demande au grand.
– Non, c’est trop long, je préfère toutes les 2 minutes.
– Ok, et toi, ça te conviendrait toutes les 2 minutes ?
La petite opine.
– Bien, qui va être en charge de compter les 2 minutes ?
(réponse facile, il y a quelqu’un d’autre sur place, qui est d’accord pour compter les 2 minutes)
– Est-ce que cette solution convient à tous ?
Chacun approuve, enfants et maman.
– Super, sautez bien les enfants ! »

Nous retournons à notre conversation, et n’avons alors plus besoin de nous interrompre !

Je sais ce que vous pensez : Ca prend du temps tout ça… Oui, mais… mais ça, c’est penser à court terme ! Parce que cette maman se bat régulièrement pour des questions de trampoline, alors ça a pris du temps cette fois, mais sûrement moins toutes les fois suivantes ! Et puis même sur le coup, honnêtement, ça n’a pas pris plus de temps que ses interventions inutiles précédentes !

Enfin, et surtout, on ne leur enseigne pas seulement à résoudre le problème du trampoline ici, mais bien plutôt les compétences de négociation dont parlait Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille. Ces compétences qui leur permettent de prendre en compte le besoin de l’autre pour arriver à un accord, ce qu’on oublie parfois de faire, alors que c’est parfois si simple… (comme dans ce cas de l’heure du départ pour l’école).

Ces compétences fondamentales enfin, qui nous impressionnent quand arrive le moment où ils n’ont même plus besoin de nous pour résoudre le problème ! Franchement, à long terme, ne gagne-t-on pas plutôt du temps ?

Il y a peu, j’écrivais la difficulté de juger si nous parvenions réellement à enseigner les compétences relationnelles à nos enfants, tout en observant un exemple qui me confortait sur ce chemin…
J’en ai eu un autre exemple ce matin !
Nos deux petits (Léon 5 ans et Anatole 3 ans) se lèvent toujours avant les autres le matin, et jouent tous les 2 en attendant que nous les rejoignions.
Ce matin, quand je me suis levée, je les ai entendus à l’autre bout du couloir :
“Léon, je peux entrer dans ta chambre ?
– Non, tu peux pas
– Léon, je veux entrer dans ta chambre
– Quand je suis dans ma chambre, tu peux entrer dans ma chambre ; mais quand je suis pas dans ma chambre, tu peux pas entrer dans ma chambre, alors là je suis pas dans ma chambre, donc tu peux pas aller dans ma chambre.
– Léon, tu peux aller dans ta chambre et que moi je vais dans ta chambre ?
– ok.”
J’ai été impressionnée ! Comme quoi, les conseils qu’on lit sur l’apprentissage de la négociation dans la fratrie (le chapitre sur Résoudre les problèmes de Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille) nous servent effectivement !
Ici, ils ont su :
– Demander la permission
– Fixer les limites
– Donner la règle
– Entrer en négociation
– Trouver un accord
Quel bonheur de voir qu’on a pu leur transmettre ça !!

Et voici enfin la 4è et dernière compétence clef présentée comme fondamentale par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.

(Tout comme dans le résumé du chapitre précédent, je conseille aux lecteurs de commencer par lire l’article du livre, en lien ci-dessus, avant de s’attaquer à cet article-ci.)

Compétence relationnelle n 4 : Résoudre les problèmes

Je trouve ce chapitre très intéressant : en plus d’étapes de résolution de problème, il s’étend sur le pouvoir, les différents types de pouvoir, et comment on peut les utiliser. De même que dans le chapitre précédent, lorsqu’on parlait d’émotions, il était suggéré d’aider les enfants à développer leur vocabulaire émotionnel, de même ici l’auteure suggère d’aider les enfants à identifier les différents types de pouvoir exercés dans les différentes situations.

Nous nous intéresserons donc d’abord aux différents pouvoirs, puis nous entrerons concrètement dans

  • les étapes pour résoudre un problème
  • les étapes pour aider les enfants à négocier
  • les étapes pour faire face au pouvoir destructeur

Avant d’arriver dans la partie du chapitre qui présente, comme dans les autres chapitres, les étapes du parentage STAR face à des exemples précis.

Cette partie du chapitre sur les pouvoirs est tellement riche en informations que j’avais presque envie d’en faire un article à part entière. Je le ferai peut-être d’ailleurs un jour. Pourtant, l’auteure a bien choisi de le mettre dans ce chapitre, alors je vais respecter cette démarche et le présenter ici.

Ce que les enfants ont besoin de savoir sur le pouvoir

Pour savoir de quoi l’on parle, il s’agit d’abord de différencier les différents types de pouvoir.

Selon Elizabeth Crary, il existe 2 sortes de pouvoir :

  • le pouvoir positionnel
  • le pouvoir personnel

Comme son nom l’indique, le pouvoir positionnel dépend de notre position dans la relation : les parents ont un pouvoir positionnel sur leurs enfants, les profs sur leurs élèves, les patrons sur leurs employés… C’est un pouvoir sur les autres.

Le pouvoir personnel est le pouvoir qu’a chaque personne sur elle-même. C’est notre pouvoir personnel qui nous permet d’agir et de réagir, en fonction des options à notre disposition.

Ainsi, on a tous un pouvoir personnel, même si certains ne l’utilisent pas, et certains ont un pouvoir positionnel.

Ensuite, bien sûr, il existe différentes manières d’exercer son pouvoir, différentes formes que peut prendre le pouvoir :

  • le pouvoir coercitif
  • le pouvoir de persuasion
  • le pouvoir coopératif

Le pouvoir coercitif : c’est quand on a le pouvoir d’obliger quelqu’un à faire quelque chose, par notre position, ou notre taille physique ! Ca peut être sain (comme lorsqu’un adulte rattrape l’enfant qui allait traverser la rue), ou être néfaste (quand on frappe par exemple). Dans tous les cas, il cause de la peur et du ressentiment.

Le pouvoir de persuasion : cette fois, on obtient ce qu’on veut, mais par des méthodes plus douces (flatterie, récompenses, coudoiement…) . Là encore, ce pouvoir peut être employé de manière saine (quand on persuade un malade de prendre ses médicaments par exemple), mais il peut être destructif, car il peut avoir pour effet de détruire l’estime de soi de celui qui a été manipulé.

Le pouvoir coopératif : Le pouvoir coopératif est un pouvoir partagé. Les besoins de chaque personne sont considérés. C’est évidemment celui dont on cherche à développer l’usage dans la fratrie !

Il est important de noter que
1- personne n’a un contrôle absolu. Eh oui, les enfants vont faire face à des situations qu’ils ne peuvent pas contrôler, et ce n’est pas toujours évident à accepter…
2- On a toujours le choix. En effet, on n’a pas toujours le contrôle sur la situation, mais on on contrôle la manière dont on y répond. Là réside notre pouvoir personnel.
3- Les solutions rapides risquent de se retourner contre nous. C’est également ce point qui nous aidera à diriger les enfants vers le pouvoir coopératif : parce qu’ils vont se rendre compte que l’usage d’un pouvoir coercitif, par exemple, risque de se retourner contre eux… (Si mon fils arrache le jouet de son frère, son frère hurle, et je vais intervenir pour rendre le jouet à celui qui l’avait…)

Le rôle des parents 

Nous ne reviendrons jamais assez dessus: les enfants apprennent énormément en nous observant ! Il s’agit donc de modeler notre attitude sur celle que nous voudrions qu’ils adaptent : montrons-leur comment nous négocions avec notre conjoint, n’utilisons pas le pouvoir coercitif face à eux (Bien sûr, ça peut marcher à court terme, mais c’est aussi ce qu’ils apprendront à utiliser dès qu’ils seront eux-même en position de le faire… On est ici au coeur de la parentalité positive : que voulons-nous enseigner à nos enfants ?) !

Soyons clair sur qui a du pouvoir positionnel sur les enfants (l’ainé en a-t-il sur le plus jeune par exemple ? Ca dépend des familles, peut-être des moments. Quelle que soit la situation, il est bon que ce soit clair pour tous…), sur les règles qui sont négociables et celles qui ne le sont pas. (Chez nous, le port de la ceinture dans la voiture n’est pas négociable par exemple). Beaucoup de règles négociables peuvent être discutées, mettant en jeu un pouvoir coopératif !

Enfin, on peut aider les enfants à s’y retrouver dans tous ces types de pouvoir et leur utilisation en les exerçant à les observer. Ca peut être dans une situation réelle, observée, ou dans des histoires… Il est clair que le Renard de La Fontaine, flattant le Corbeau pour parvenir à ses fins fait appel au pouvoir de persuasion… On peut même les encourager à broder : « Qu’aurait-il pu essayer d’autre pour obtenir ce qu’il voulait ? »

Cette faculté d’analyse de la situation les aidera, lorsqu’ils feront face à une situation problématique, à savoir si le problème n’est que le problème, auquel cas ils feront appel aux étapes de résolution de problèmes présentées ci-dessous, ou si le problème est le pouvoir, auquel cas ils auront besoin de compétences spécifiques pour faire face aux pouvoirs destructeurs, qu’on va voir plus loin.

(Je vous avais bien dit que c’était un chapitre riche !!)

Les étapes pour résoudre un problème :

Deux remarques préalables :
Les étapes suggérées ici ressemblent de très près à celles du parentage STAR. La seule différence est la première étape (Stop et mise au point) divisée ici en 2 points : Se calmer et Identifier le problème.

Ces étapes ressemblent également à celles proposées par Faber et Mazlish , avec pour différence que ces dernières insistent sur l’expression des points de vue. Il faut dire que c’est une situation un peu différente : Faber et Mazlish s’intéresse à la résolution d’un problème entre parents et enfants, il est donc nécessaire que chaque point de vue soit clair. Elizabeth Crary s’applique, elle, à décrire les étapes que peut suivre un enfant seul pour essayer de résoudre un problème face à son frère ou sa soeur qui l’embête…

1. Se calmer
Avant de pouvoir se mettre à réfléchir à des solutions, il faut être en mesure de ne pas se laisser emporter par sa colère…

2. Identifier le problème
Une fois que l’enfant est calme, il peut essayer d’observer la situation pour comprendre ce qui ne fonctionne pas. Par exemple : « Je voudrais voir mon film et elle veut jouer avec moi… »

3. Trouver des idées
C’est le moment de trouver plusieurs idées (exactement comme quand c’est le parent qui réfléchit) : « Je peux.. aller demander de l’aide à maman; jouer avec elle devant le film; lui prêter mon nouveau livre en attendant que le film se finisse, lui proposer de voir le film avec moi… »

4. Agir concrètement
L’enfant peut alors choisir ce qu’il va essayer de faire. Ca demande de juger les idées. Par exemple « Je ne veux pas lui prêter mon nouveau livre, elle risque de l’abîmer. » Puis de choisir laquelle on va suivre. « Je vais lui proposer de voir le film avec moi. »

5. Revoir et corriger
L’enfant évalue le résultat. Si ça ne marche pas, il passe à l’idée suivante, jusqu’à ce il trouve la bonne. Et il peut ensuite se sentir fier de lui, parce qu’il a réussi à résoudre la situation !

Les étapes pour aider les enfants à négocier

Cette fois, la résolution du problème se déroule entre 2 enfants. Au début, il conviendra probablement que les parents soient facilitateurs, le temps que les enfants intègrent eux-mêmes ces étapes, et soient en mesure de les mettre en application. Il s’agit uniquement de les accompagner, leur donner le cadre. Au fur et à mesure, ils deviendront de plus en plus autonomes dans cette démarche.

1. Proposer aux enfants de tenter de résoudre ensemble le problème.
« Asseyons-nous et voyons si vous pouvez trouver une solution ensemble. »

2. Aider les enfants à recadrer le problème en restant neutre
« Toi, tu voudrais… et toi, tu voudrais… Comment pouvez-vous vous organiser de manière que chacun d’entre vous soit heureux ? »

3. Encourager la quantité d’idées
Comme dans le cas précédent, avant d’arriver à une bonne solution, il ne faut pas hésiter à être créatif. A ce stade, ça peut être des idées farfelues, peu importe, c’est le nombre qui aidera à trouver une idée qui marchera. Piège : essayer de résister à la tentation de suggérer des idées. Je sais, c’est dur… Le problème, c’est que les enfants risquent de penser que leurs idées sont moins productives que les nôtres et perdre l’envie de participer. Alors que justement, on veut leur enseigner à adopter cette démarche sans nous !

4. Aider au processus de choix, et vérifier que la décision soit satisfaisante pour les 2 enfants.
« A ton avis, quelle idée conviendrait le mieux à la fois pour toi et pour ton frère ? », puis à l’autre enfant « Est-ce que l’idée de ton frère te convient ? » Si la réponse est négative, on continue jusqu’à trouver un accord.

5. Revoir la décision avec les enfants
« Est-ce que l’idée que vous avez essayée a marché ? Est-ce que vous avez le sentiment que c’était juste pour chacun de vous ? »

Et voilà, encore une fois, en tapant ça, je réalise que, comme dans le cas de la résolution de problème entre frères et soeurs proposée par Faber et Mazlish, je rate systématiquement la dernière étape !! J’ai du mal à penser à revenir dessus une fois qu’on est passé à autre chose, il faudrait vraiment que ce soit un effort conscient !

Comme quoi, on a beau se le dire, on met bien du temps à progresser… Une nouvelle occasion de s’en rendre compte, de se féliciter de ce qu’on fait déjà et ne pas se sentir coupable. Nous sommes sur un chemin, et on avance, peu à peu. C’est ce qui compte.

Dans quelques mois peut-être, je relirai cet article, et je me rendrai compte que cette étape est à présent intégrée à ma manière de faire…

Les étapes pour faire face au pouvoir destructeur

Faire face au pouvoir destructeur est très difficile, et les enfants auront besoin d’aide.

1. Se recentrer
D’abord, il s’agit de garder la maîtrise de soi, ce qui est déjà un défi. L’auteure liste ici des idées diverses : « respirer profondément, compter jusqu’à 10, regarder par la fenêtre, imaginer l’autre personne couverte de boue… ».

2. Clarifier la situation
Simplement remettre les faits à plats, aider l’autre à se concentrer sur la situation en posant des questions.

3. Définir ses souhaits
On exprime ici ce qu’on l’on voudrait qu’il se passe, afin que ce soit clair pour tous. (Note perso : ces étapes me font rudement penser à la CNV – Communication Non Violente – . Et c’est bien ce dont il s’agit, n’est-ce pas ? Finalement, quelqu’un qui cherche à utiliser un pouvoir néfaste est en plein dans la communication violente !)

4. Requérir une action
Il s’agit ici de préciser ce qu’on attendrait de l’autre, en étant spécifique (on est encore dans la lignée de la CNV). J’ai bien écrit « attendrait », au conditionnel : c’est une demande, pas un ordre, sinon l’on n’obtiendra rien.

5. Revoir ses choix
A ce stade, 3 possibilités : Négocier, Bouger, Chercher de l’aide.
La négociation est évidemment signe de réussite : on a pu faire face au pouvoir néfaste de l’autre, on lui a permis de voir notre point de vue sur la situation, et à le faire entrer à notre table de négociation, celle où l’on va utiliser le pouvoir coopératif !
Bouger est un abandon : ça ne fonctionne pas, je m’éloigne de la personne. (Pas un échec cependant : on a quand même fait face !)
Demander de l’aide, enfin, est également pour l’enfant une manière d’utiliser son pouvoir personnel face au pouvoir néfaste auquel il fait face. Dans le cas d’un harcèlement par exemple. un enfant ne peut pas y faire face seul, et il faut qu’il sache identifier les situations dans lesquelles il devra demander de l’aide.

Dans le concret, qu’est-ce que ça pourrait donner ?
Prenons le cas où Camille  détruit la tour de Léo. Comment peut-il réagir face au pouvoir néfaste de sa soeur ?
1. Se recentrer : Léo peut respirer profondément et penser « Je peux décider de la manière dont je vais répondre. »
2. Clarifier la situation : « Tu as fait exprès de détruire ma tour. »
3. Définir ses souhaits : « J’aimerais que tu gères tes problèmes toi-même plutôt que de m’en faire subir les frais. »
4. Requérir une action : « Est-ce que tu veux bien m’aider à reconstruire ma tour ? » (Camille : « non ! »)
5. Revoir ses choix : essayer de bouger : « OK, je vais aller la construire dans ma chambre. »

Pas mal, hein ? Si on arrive à enseigner ces compétences à nos enfants, on aura bien avancé !!
Pour être honnête, je m’en sens assez loin…

Il est quand même précisé qu’évidemment, toutes ces compétences demandent du temps pour être développées. Pour référence, Elizabeth Crary estime qu’un enfant développe en général entre 3 et 6 ans ses capacités de résolution de problèmes. Il ne commence qu’après à être capable de faire face au pouvoir destructeur…

Utiliser le parentage STAR
(Pour savoir ce qu’est le parentage STAR, voir cet article)

Comme pour les premières compétences (l’appartenanceles limites, et les émotions), l’auteur applique la méthode STAR à des exemples, en gardant bien en tête la compétence à développer, et l’étape de développement de l’enfant.

Je vais encore une fois développer ici un des exemples (qui correspond à celui illustré du point de vue de l’enfant dans la partie « Les étapes pour résoudre un problème » ci-dessus.)
Yoann, 9 ans, regarde un film, tranquillement. Erica, 4 ans, s’approche de lui et lui chatouille les pieds. Il lui demande d’arrêter, elle continue ; il cache ses pieds, elle cherche à le pousser, tombe et se cogne…

S : Stop et mise au point
Yoann et Erica se disputent souvent autour de la télévision. Ils ont besoin d’apprendre à régler ensemble leurs conflits. Il va falloir leur enseigner à négocier.

T : Trouver des idées
Eviter les problèmes : je peux inviter un ami d’Erica pour qu’elle joue avec lui.
Enseigner de nouvelles compétences : Je vais introduire le processus de résolution des problèmes avec un livre sur le sujet, et en discuter avec eux.
Donner le choix entre 2 options : « Si tu veux quelque chose, tu peux négocier, ou attendre. »
Remarquer les améliorations : « Yoann, tu as réfléchi à une façon de réagir quand Erica t’a poussé les pieds, j’ai remarqué ça. »  –  « Erica, tu as demandé à Yoann si tu pouvais t’asseoir à côté de lui, c’était une bonne idée. »
Reconnaître les émotions : « C’est frustrant quand quelqu’un t’embête quand tu veux te concentrer. »   –  « Erica, tu te sens ignorée. Tu aimerais que Yoann joue avec toi. »

A : Agir concrètement
Erica a 4 ans. Elle est assez grande pour commencer à utiliser la négociation. Je vais les aider à utiliser le processus de résolution de problème pour trouver une solution.

R : Revoir et corriger
Pendant une semaine, je vais observer les progrès.

Avant de terminer ce résumé, j’ajouterai une note de l’auteur, qui me semble importante :

Parfois, les parents ont un fort besoin de contrôle. Quand ce contrôle est trop développé, les enfants peuvent croire qu’ils n’ont pas de pouvoir personnel.
Il faut donc bien faire en sorte de leur en laisser.

D’autre part, pour les aider à se respecter, insistons sur l’utilisation respectueuse du pouvoir, avec des règles positives. Ne sommes-nous pas bien au coeur de l’éducation positive ??

Retour à l’article du livre.

Nous abordons ici la 3è compétence clef présentée comme fondamentale par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.

(Tout comme dans le résumé du chapitre précédent, je conseille aux lecteurs de commencer par lire l’article du livre, en lien ci-dessus, avant de s’attaquer à cet article-ci.)

Compétence relationnelle n 3 : Gérer les émotions

Ceux qui fréquentent déjà ce site savent que les émotions sont un sujet récurrent et fondamental. Fondamental au sens même de fondation, dans la relation que l’on cherche à mettre en place quand on chemine vers la parentalité positive. Je vais donc essayer de faire passer ici les idées comme elles sont dans le livre, tout en renvoyant à ce qu’on a déjà vu…

Voici donc ce qu’Elizabeth Crary dit sur « Ce que les enfants ont besoin de savoir sur les émotions » :

  • Un vocabulaire émotionnel

Dans le premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, l’un des conseils donné pour valider les sentiments était de donner un mot au sentiment.
Plus le temps passe, et plus je me rends compte du pouvoir des mots.
Et savoir nommer ses émotions nécessite d’abord d’avoir du vocabulaire.
Il est difficile d’exprimer la différence entre du bleu roi et du bleu marine si personne ne nous a enseigné ce vocabulaire. Il en va de même pour les émotions.
Je me rends compte que c’est une de mes failles.
Certes, j’écoute l’émotion de mes enfants, mais je ne leur offre pas un vocabulaire varié en la matière. Anatole me dira “Mamaaaaaan, Léon m’a pris ma voiture et ça m’a rendu triste !”
“Triste” est devenu un mot un peu passe partout, pour dire qu’il ne se sent pas bien.
Pourtant, comme l’écrit ici Elizabeth Crary,  il y a bien des nuances dans les sentiments : on est embêté, énervé, ou furieux; on est hésitant, effrayé, ou pétrifié…
Essayons de leur donner la palette des couleurs, pour les aider à identifier ce qu’ils ressentent.
Peut-être faut-il pour ça commencer par savoir décrire ce que l’on ressent soi-même ?

  • Les émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises

On l’a déjà vu : “L’ émotion est valable par le simple fait qu’elle existe » dit le Dr Haim Ginott.
Cette idée d’accepter l’émotion pour ce qu’elle est, sans la juger, me fait profondément penser aux principes de pleine conscience…
Pour Elizabeth Crary, l’émotion est une information. Par exemple, la peur peut nous renseigner sur le fait que nous devons être sur nos gardes…
Quand nous nions les sentiments « nous enseignons à l’enfant à ne pas avoir confiance en ce qu’il éprouve ». Je me souviens encore de la façon dont j’avais été marquée par le chapitre sur l’enfant qui se fait confiance, dans Parents épanouis, enfants épanouis.

  • Les sentiments changent

Les enfants vivent dans le présent. Ils n’ont pas encore bien conscience que ce qu’ils ressentent passera. Plus cette conscience progressera, plus il sera facile de faire face à leurs émotions.

  • Sentiment et action sont différents et à séparer

Comme on l’avait écrit dans le résumé du chapitre 2 de Parents épanouis, enfants épanouis, « tous les sentiments sont autorisés, les actions sont limitées. » Et c’est ce que les enfants vont devoir apprendre. Une émotion n’entraîne pas obligatoirement telle ou telle action. Plus l’enfant a d’options, mieux il saura faire face.

  • Il existe de nombreuses façons d’exprimer ses sentiments

Certaines sont utiles, d’autres font mal. La technique la plus fondamentale est probablement de savoir rétablir le calme en soi. Pour cela, on peut trouver plusieurs idées : des façons de bouger, de faire du bruit, de penser, de se réconforter, de créer (vous vous souvenez de l’idée du dessin ?), de faire de l’humour… Certaines idées viendront spontanément à l’enfant, d’autres devront lui être suggérées, ou montrées.

Elizabeth Crary a d’ailleurs écrit une série de petits livres à destination des enfants, remplis de différentes façons de réagir face à un sentiment. Léon et moi avons commencé à lire « I feel frustrated », et c’est très bien fait. Ca n’existe malheureusement pas en français, mais c’est un bon moyen de proposer différentes réactions aux enfants. Je ferai un article dessus prochainement.

Le rôle des parents

Comme on peut s’y attendre, le rôle des parents suit les points précédents sur ce que les enfants doivent savoir sur les émotions.

  • utiliser un vocabulaire émotionnel, tant pour partager ce que nous ressentons que pour refléter ce qu’ils semblent ressentir.
  • faire la différence entre sentiment et comportement
  • clarifier les limites
  • enseigner des compétences pour gérer les émotions

Utiliser le parentage STAR

(Pour savoir ce qu’est le parentage STAR, voir cet article)
Comme pour les premières compétences (l’appartenance et les limites), l’auteur applique la méthode STAR à des exemples, en gardant bien en tête la compétence à développer, et l’étape de développement de l’enfant.

Je vais développer ici, pour plus de clarté, un des exemples :
Jean-Marc part à un camp scout avec son père. Son petit frère, Antoine, a très envie d’y aller aussi. Il insiste, sans succès. Tandis que Jean-Marc prend ses chaussures, Antoine subtilise la lampe de poche. Jean-Marc, ne la trouvant, va voir sa mère et accuse Antoine de l’avoir prise.

S : Stop et mise au point
Antoine est visiblement déçu, mais les choses s’améliorent : il n’a ni frappé, ni cassé quoi que ce soit. il s’agit donc de travailler sur la déception.

T : Trouver des idées
Refléter les sentiments : « Tu es déçu de que ton frère parte camper et pas toi. »
Clarifier les règles : « Je comprends que tu sois déçu, mais tu peux trouver une autre manière d’exprimer tes sentiments »
Donner le choix entre 2 options : « Quand tu te sens déçu, au lieu de cacher les affaires des autres, tu peux faire une activité que tu aimes, ou bien parler à quelqu’un de ce que tu ressens. »
Remarquer les améliorations : « Antoine, j’ai remarqué que tu étais énervé, mais tu t’es souvenu de ne pas frapper. Tu gagnes en maîtrise de soi ! » Note : Pour être efficace, mieux vaut éviter de commenter le mauvais comportement au même moment.
Eviter que le problème ne se pose : Je pourrais organiser des activités sympas pour Antoine, pour qu’il ne se sente pas aussi déçu.
Montrer l’exemple, mettre des mots sur ses propres émotions : « je suis triste que ton papa et Jean-Marc partent camper. Ils vont me manquer. Mais je vais écouter beaucoup de jazz ce week-end parce qu’on ton papa n’aime pas du tout ça, et moi j’adore ! »
Enseigner à Antoine à penser positivement : « Tu peux te sentir déçu de ne pas aller camper, ou content que nous puissions passer du temps ensemble toi et moi»
Rappeler à Antoine qu’il est responsable de ses sentiments : « Tu peux choisir de rester déçu ou de te sentir heureux. Les sentiments changent naturellement si tu les laisses évoluer. C’est ton choix. »

Encore une fois, à la lecture de toutes ces idées, on voit qu’on navigue partiellement en terrain connu, avec la validation des sentiments, le choix, les règles… Mais j’aime voir tous ces exemples, parce que ça donne une perspective bien concrète de ce à quoi on peut arriver quand on prend le temps d’y réfléchir. Comme quoi, encore une fois, c’est bien ça le secret : prendre le temps d’y réfléchir !

A : Agir concrètement
Je vais reconnaitre les sentiments d’Antoine et partager ce que je fais dans une situation semblable. Je lui rappellerai qu’il es responsable de ses sentiments.

R : Revoir et corriger
Le jour suivant, je verrai comment aura évolué la situation. Si Antoine se sent toujours déçu, je clarifierai ses options et lui proposerai de l’aide : « Je vois que tu veux toujours être en colère. Si tu veux changer de sentiment, tu peux me demander des idées. »

Là encore, le chapitre présente 2 autres exemples, qui sont tout aussi intéressants.

Dans tous les cas, il est important de se rappeler l’étape de développement de l’enfant, de lui laisser la responsabilité de ses sentiments, et de modeler. Encore une fois, modeler ne signifie pas qu’on ne s’énerve jamais, mais on prend la responsabilité de ses émotions.
Il y a ainsi une différence forte entre « Vous me mettez en colère. Je ne peux pas réfléchir quand vous faites autant de bruit. » et « Je me sens en colère quand j’ai besoin de silence et que mes enfants sont en train de se chamailler. »… Vous la voyez ?

Mais le livre ne se termine pas là : s’il est important de voir gérer les émotions générées par certaines situations, il faut également faire face aux situations elles-mêmes !
Et pour cela, le dernier chapitre : compétence 4 – résoudre les problèmes.

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