Un épisode un peu différent : j’interroge mon fils Oscar, 21 ans, sur son adolescence avec l’éducation positive.

Ce que ça lui a apporté, comment il l’a vécu, ce qu’il en pense aujourd’hui…

Pour tous ceux d’entre vous qui se demandent ce que ça peut donner « à long terme » !

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Bonjour les parents qui cheminent.

Un épisode un peu particulier aujourd’hui, parce que j’avais envie de vous donner un peu une perspective de ce que peut donner l’éducation positive à un peu plus long terme.

Ce qu’on me dit souvent, que le fait d’avoir des enfants plus âgés me permet d’avoir un peu de recul, c’est vrai. Et on me demande ce que mes enfants en pensent. 

Aujourd’hui, je reçois dans ce podcast mon fils Oscar, qui a 21 ans.

– Alors Oscar, merci d’avoir accepté de faire ce podcast avec moi déjà.

– De rien, ça me fait plaisir !

L’expérience de grandir dans une atmosphère d’éducation positive

– L’expérience d’avoir grandi avec une atmosphère, un peu “éducation positive”- pour remarque, on a commencé ça quand tu avais 12 ans – comment c’était ? Est-ce que globalement, tu en as été content ou pas ?

– Alors, il est indéniable qu’aujourd’hui, l’ambiance qu’on a dans la famille, je me rends très bien compte que c’est une des grosses forces de notre famille, et ça non pas par rapport à ce qu’on avait avant, mais par rapport à mes amis, à toutes les familles que je vois autour de moi. Il y en a beaucoup qui vont avoir déjà une moins bonne ambiance avec leurs parents au cours de l’adolescence, par exemple.

D’ailleurs, on en parlait quand j’étais adolescent, quand on avait par exemple d’éventuelles disputes de temps en temps, on se disait : “C’est quand même cool d’avoir globalement une super ambiance”, alors que beaucoup d’adolescents commencent à mal s’entendre avec leurs parents.

Et puis, ça se voyait aussi plus jeunes…

Aujourd’hui, il y a une certaine indépendance qui se met en place, donc peut-être que ça joue aussi un rôle moins important, mais quand on était un peu plus jeunes et il y avait pas mal de questions de « qu’est-ce qui est une décision de l’enfant, qu’est-ce qui est une décision du parent ?”  et tout ça.
Aujourd’hui, et on en parlait hier avec Alice (Note : Alice est la sœur d’Oscar, elle a 16 ans au moment de cet enregistrement) nous, on a un rapport à ça qui est… j’ai l’impression qu’on nous a donné beaucoup d’indépendance, et je me sens très libéré par rapport à ça, et c’est hyper agréable

– Ok, alors du coup, tu as commencé à répondre à certaines autres questions que j’avais, donc c’est super…

L’éducation positive du point de vue des enfants 

Une des questions que j’avais, c’était “qu’est-ce que tu vois de spécifique à l’éducation positive ? Qu’est-ce que c’est pour toi l’éducation positive ? Tu nous parles de l’indépendance et de la prise de décision, visiblement, c’est un élément important pour toi.” 

– Effectivement, ça, c’est quelque chose dont je me suis beaucoup rendu compte.

En fait, j’ai l’impression d’avoir toujours grandi dans un sentiment global de “c’est moi qui prends les décisions, vous êtes là pour m’encadrer, pour m’aider, pour m’appuyer, mais jamais pour être contre moi.

 Et ça, ça fait un peu cliché de dire les choses comme ça, mais c’est vrai que c’est hyper sécurisant comme atmosphère

Et d’ailleurs, aujourd’hui, ça se répercute sur les discussions qu’on a, ou certaines des grosses décisions dans ma vie.

D’une part, je sais que c’est à moi de les prendre, et donc je sais que d’une certaine façon, je vais peut-être les prendre dans tous les cas, si c’est mon avis, et que quand je vous en parle, ce n’est pas pour vous demander la permission.

Par contre, je sais que vous avez toujours été là pour me donner des conseils, votre avis, et me sécuriser un peu dans mes décisions, et donc c’est hyper rassurant de se dire que c’est vraiment ça le rapport d’encadrement que j’ai avec mes parents.

…C’était quoi la question ? J’ai oublié !

– Non, non, c’est ça, c’est très bien. Je vais revenir sur la suite de la question effectivement. 

J’ai quand même envie de creuser un peu ce que tu viens de dire, parce que tu dis du coup “vous n’avez jamais été contre moi…”, et donc tu prenais tes décisions.

Effectivement, avec un rapport de… – tu as raison, ce que je ressens moi, d’un point de vue parental, et là, je transmets pour ceux qui nous écoutent, c’est une posture de confiance dans les capacités et les ressources de l’enfant
Est-ce que ça veut dire, parce qu’on pourrait aussi interpréter ça sous l’angle “c’est moi qui décide et vous n’avez rien à dire”, un peu laxiste, permissivité ? Est-ce que t’as l’impression qu’on t’a laissé prendre n’importe quelle décision ?

– Non, et je sais qu’il y a toujours eu des limites, évidemment.
Et ces limites, plus je prends de l’âge, plus elles deviennent laxistes. Aujourd’hui, pour le coup, effectivement, c’est moi qui décide de ma vie.

Donc, comme c’est un spectre, je ne saurais pas exactement dire. Cependant, justement, je trouve que, du moins tel que je le visualise aujourd’hui, le fait de sentir qu’on a vraiment une liberté de ses actions et que, souvent, le fin mot d’un débat, après une vraie réflexion et une vraie pondération des choses, c’est “si c’est comme ça que tu veux faire les choses, eh bien, on les fera comme ça” , “si c’est comme ça que tu veux prendre tes décisions, prends-les” , fait que j’ai l’impression d’avoir assez tôt pu moi-même limiter les décisions qui auraient été complètement irrationnelles.

Je pense qu’aussi, vous n’aviez pas besoin de vous poser la question de “si c’était trop laxiste ou pas”, parce que juste des décisions trop extrêmes, je ne les prenais pas en décidant moi-même de ne pas les prendre. 

– Tu veux dire que ça a aidé à développer un certain sens des responsabilités ? 

– On peut dire ça !

– Ok, intéressant. 

La notion de responsabilisation 

Je me demande aussi si ça, c’est aussi un point de vue qui est spécifique à l’adolescence, donc, que tu as traversée avec cette éducation…
Est-ce que c’est quelque chose que tu observes quand tu penses à l’éducation qu’on donne et que tu vois aujourd’hui l’éducation qu’on a donnée et qu’on continue à donner à tes plus jeunes frères qui ont aujourd’hui maintenant 9 et 11 ans ? Est-ce que tu dirais là aussi qu’ils prennent leurs décisions ? 

– Alors oui, effectivement.

Encore une fois, il y a ce fait qu’à 9 et 11 ans, on est moins responsable. Donc effectivement, il y a des moments où forcément, vous devez un peu mettre des limites.

Mais dans la mesure où l’une des valeurs est de pouvoir les responsabiliser le plus possible, je trouve ça souvent assez impressionnant quand je vois les débats ou les diverses querelles qu’il peut y avoir, ou décisions qu’il doit y avoir dans un foyer au quotidien, à quel point l’effort est fait pour essayer de responsabiliser le jeune. 

Et même parfois, à la fois, c’est inspirant et c’est frustrant de se dire, même dans un débat où je pourrais moi-même prendre part, de dire en fait, j’aimerais bien faire les choses plus vite, plus efficacement. Et on prend un peu des détours pour que ce soit vraiment eux qui prennent les décisions. Et je vois bien que c’est le principe et c’est ce que tu nous expliques. Mais du coup oui, c’est sûr que c’est une valeur prépondérante et quand je vois l’atmosphère dans laquelle ça nous a fait grandir, je ne peux qu’adhérer. 

– Ok, super !

Les spécificités de l’éducation positive

Et du coup, effectivement, ma question, c’était, indépendamment de cette confiance, autonomie, prise de décision, responsabilisation, qu’est-ce que tu vois d’autres comme spécificités de l’éducation positive ?

– Alors, il y a cette question de responsabilisation, il y a une question qui je pense n’est pas forcément à mettre au premier plan, mais qui joue un rôle assez important pour moi : de non-punissant.

Je me souviens que quand j’étais adolescent notamment, j’avais un peu l’impression que c’était presque la triche par rapport aux autres de ne pas me faire punir. Et parfois ça m’est arrivé de faire des bêtises et de ne pas me faire punir à une hauteur qui aurait été raisonnable pour de telles bêtises. Et ça, bah oui, je le vois aujourd’hui encore, vraiment ce côté.

Et d’ailleurs, on en avait parlé, j’essaye de l’appliquer un petit peu : je suis chef scout, et j’essaye de l’appliquer un petit peu avec mes jeunes scouts. Et très vite, j’arrive aussi face aux limites du modèle et au fait que c’est dur à mettre en pratique.

Mais du coup, ça, je trouve que c’est quelque chose que je ressens pas mal et qui est franchement assez fort parce qu’il y a cette même notion de responsabilisation de, en fait : “les choses, tu ne les fais pas parce que tes parents te disent de les faire ou parce que si tu fais les choses mal, il va y avoir des conséquences divines venues d’un pouvoir extérieur”, mais juste parce qu’il faut apprendre à prendre sa vie en main et que dans la vie, on ne fait pas des choses qui, par exemple, nuisent aux gens ou qui ont des conséquences néfastes.

Donc ça, je l’ai remarqué aussi. 

Et j’ai l’impression de peut-être ne mettre la lumière que sur une petite partie du concept.
Donc, si je devais développer, je dirais aussi, il y a ce côté plus globalement positif que je comprends peut-être moins bien, qui est peut-être un peu plus vague, mais juste d’être le plus possible dans le soutien de l’enfant, dans évidemment : “essayer de ne jamais crier, essayer de ne jamais insulter l’enfant ou le critiquer”. Et ça, peut-être que je le souligne moins parce que ça me semble un peu être acquis aujourd’hui dans mon foyer, mais je pense effectivement que ça fait vraiment partie aussi d’une ambiance bienveillante. Voilà. 

– Ok, excellent. C’est super ! Et puis toutes ces notions sont liées en fait, la notion de soutien en fait particulièrement qui se traduit dans tout ce que tu viens de dire. 

Le point de vue des copains au regard de l’éducation positive

Est-ce que c’est quelque chose dont tu as déjà parlé avec tes copains, soit à l’adolescence, soit maintenant ?

– Oui, toujours, je pense plus à l’adolescence, quoique… Ouais, pas mal à l’adolescence, quand les questions commençaient à se poser un petit peu de , “jusqu’à quelle heure j’ai le droit de sortir, si je fais des soirées, etc.”, il y avait un peu une confrontation de nos visions et je me souviens que ça m’a toujours un peu angoissé quand des amis me parlaient de parents par exemple hyper contraignants, qui n’étaient pas ouverts à la discussion.
En fait, je pense que c’est ça qui est le plus ressorti, c’est le fait que… Et alors pour le coup, vous n’étiez pas les seuls évidemment, il y a des amis aussi qui pouvaient complètement discuter avec les parents, mais le côté, je l’ai toujours un peu eu comme acquis que des parents sont vraiment là pour nous encadrer, donc il y a toujours ouverture à la discussion, à la négociation.

Voilà, mon argent de poche, il ne me suffit pas ou il me suffit. Voilà, en fait ces horaires-là pour rentrer de soirée me conviennent ou ne me conviennent pas. Et le fait de me dire qu’il y avait des foyers dans lesquels ça ne marchait pas comme ça, je me disais : “Mais on doit se sentir enfermé. On ne peut pas s’exprimer. On ne peut pas… En fait, comment les parents peuvent savoir qu’on se sent bien s’ils ne sont pas à l’écoute de nos retours ?”

Voilà, donc je pense que c’est à peu près de ça dont je me souviens dans l’adolescence. 

Et puis aujourd’hui, évidemment, ça joue une place moins importante vu que je ne vis plus avec vous, mais c’est vrai que parfois quand je raconte à des amis que je suis venu vous voir, qu’on a parlé de ceci ou de cela, ils sont un peu étonnés juste du fait qu’on ait une relation très ouverte, très saine et très agréable

– C’est cool ! Nous aussi, on apprécie la relation avec toi, c’est clair, et avec tes frères et sœurs.

Ce que l’enfant retire de l’éducation positive ? 

Est-ce que… j’avais envie de dire un petit peu maintenant qu’est-ce que tu penses en avoir retiré, mais je crois que tu l’as déjà pas mal couvert.
Visiblement, cette autonomie, cette prise de décision, cette confiance dans tes choix, tout en sachant que si tu as besoin de conseils ou de soutien, on est encore là pour toi. 

– Petit exemple pratique, je me souviens que notamment, c’était rentré en jeu quand j’avais hésité à prendre une année sabbatique pour faire de la musique et que c’était une décision qui était, je ne sais pas si je dirais risquée, mais c’était une grosse décision à prendre, qui correspondait un peu au code : des parents trop traditionnels n’auraient jamais autorisé ça.
Et du coup, je me disais : “dans quelle mesure est-ce que… Quel rôle vont jouer mes parents dans ma décision pour ça ?” Et en fait, j’ai beaucoup aimé en m’écoutant moi-même me rendre compte que j’avais vraiment envie de vous en parler parce que je savais que dans tous les cas, j’allais pouvoir prendre cette décision, mais que j’étais vraiment intéressé de savoir quels étaient vos avis, aussi de vous faire part de ma réflexion et de pourquoi je prenais cette décision, et de pouvoir juste m’appuyer sur vous pour prendre cette décision avec sagesse.

– Et c’est un bon exemple parce que… Est-ce que tu sens dans certaines de ces discussions ou tu as senti… que justement parfois on est nous-mêmes un peu en lutte contre nous-mêmes, entre les parents qu’on a envie d’être : soutenants et puis les idées reçues, les croyances dont on a aussi hérité et qui sont difficiles pour nous, qui nous rendent les choses parfois difficiles pour sortir du rôle des parents “classiques” comme tu dis.

– Ouais carrément ! C’est vrai que parfois ça se voit. Après, je trouve que c’est peut-être aussi de l’expérience, mais votre discours est quand même assez fluide vis-à-vis de ce questionnement-là. Peut-être ça se voit un petit peu plus chez papa, qui va plus avoir tendance peut-être à retourner dans ses travers un peu traditionnels. Mais en tout cas, la partie prise sur vous, et donc être à l’écoute et être ouverts à ce que je vous dis est quand même clairement fonctionnelle, permet donc qu’on ait des discussions comme ça où je me sens parfaitement écouté et serein de parler de ça avec vous.

– Ok, cool ! 

Le côté « fleur bleue »

J’ai quand même une autre question que j’hésite à poser, mais je vais la poser quand même pour être en toute transparence avec nos auditeurs.

Est-ce qu’il y avait aussi des côtés relous ? Typiquement, récemment, on m’a demandé : “Ah bon, vous faites des réunions familiales régulièrement, mais est-ce que tes enfants apprécient ça ?” Est-ce qu’il y a des choses qui t’ont semblé un peu pesantes ? 

– Ok. Alors effectivement, pour être en toute transparence avec nos auditeurs, il y a tout l’écosystème un peu qui va avec ça, qui peut sembler un peu, je ne sais pas si j’ai le bon mot, un peu fleur bleue.
(Oh, c’est plutôt le bon mot, je suis plutôt satisfait de ce mot !)

Donc oui, les réunions familiales, mais il n’y a pas que ça, il va y avoir aussi des petits mots sur les portes des salles de bain, sur le frigo, des petites citations parfois que maman va nous sortir. Donc effectivement, il y a tout cet univers-là qui peut sembler un petit peu fleur bleue et qui parfois peut être un petit peu pesant.

Alors avec ma sœur par exemple, on se retrouve un peu là-dedans et donc ça nous est arrivé un petit peu de nous moquer de cette partie-là de l’univers. 

Cela étant dit, je pense – et aujourd’hui, avec un petit peu de recul, je suis persuadé – qu’en fait, on a trop facilement tendance à critiquer ces trucs-là qui sont un petit peu trop idéalistes et à se dire : “Nnnnn, le monde est gris, il ne faudrait pas mettre des citations positives sur notre frigo.”
Alors qu’en fait, la réalité, c’est qu’avoir des citations positives sur son frigo, en fait, effectivement, ça fait que tu les lis plusieurs fois par jour et ça améliore juste ta mentalité. 

Et on a un peu la même chose aux scouts.
À la fin de la journée, on se fait des réunions entre nous pour discuter des tensions et tout. Et donc sur papier, toujours ces trucs-là qui en fait sont des efforts, c’est aussi ce même débat de “est-ce que les gens sont prêts à s’investir dans une parentalité nouvelle”, alors que ça peut coûter de l’argent, ça peut coûter du temps et sur papier, ce n’est pas quelque chose qui est immédiatement rentable.

Et en fait, tous ces trucs-là, je trouve, il se trouve que c’est comme ça qu’on met une ambiance globale de bien-être en place.
Et donc, il faut réussir à s’affranchir de cette image qu’on a de “c’est relou”, même si j’avoue, j’y suis moi-même encore un petit peu sensible et on se permet d’en rire un petit peu de temps en temps. Et d’ailleurs, on a des blagues un peu dans la famille quand ça va trop loin… on s’en moque, bien sûr ! 

Mais du coup, par exemple, les réunions familiales, oui, au début et même encore aujourd’hui, les jeunes, tout le monde fait un peu “Rhoo, réunion familiale !”  mais en fait, c’est trop cool d’avoir une réunion familiale pour mettre les soucis au sol. 

Et je pense que ça, intrinsèquement, ce sera toujours le débat des temps qu’on prend pour aller mieux avec nous-mêmes.
Comme aller chez le psy, c’est relou, tu prends une heure, mais en fait, ça va mieux, enfin, tu travailles sur toi. 

En vacances, avec des potes, c’étaient des “vacances voyage”, donc il y avait des tensions. Donc, on a fait quelques moments où on s’est retrouvés pour discuter des tensions.
Au début, tout le monde avait la flemme parce que ça prend du temps et que c’est un peu relou. Et en fait, à la fin, tout le monde se sent mieux parce que c’est trop cool de pouvoir avoir un moment où on se sent en sécurité pour parler de nos… (Note : la suite était trop claire pour être dite, sûrement…)

et je pense que forcer ses enfants, pendant que tu as un peu le… t’es quand même parent, donc tu as quand même la prise de décision de la famille, forcer un peu la main sur “bah ouais, il va y avoir des citations positives sur le frigo et oui, on va prendre du temps pour faire des réunions familiales”, ça permet de vraiment leur ouvrir les yeux sur le fait que c’est quelque chose d’hyper important dans la vie et qu’en fait, ça pourrait vraiment aller mieux si on s’ouvre à ça

– Super, merci beaucoup pour tout ton partage, tout ton retour avec honnêteté et transparence. Et puis, on reste en contact !

– Yes, bah, on s’écrit ! Un p’tit mail, un p’tit texto… 

– Exactement. 

Les parents qui cheminent, si vous avez envie d’entendre d’autres podcasts, n’oubliez pas de vous abonner à la chaîne et de partager cet épisode à d’autres parents que ça pourrait aider ou inspirer. 

À bientôt !

Je m’interroge souvent sur la meilleure manière de transmettre les notions que j’apprends en cheminant à mes enfants.

Bien sûr, je transmets énormément par le modèle, en incarnant au mieux les valeurs auxquelles je crois.

Mais je reste aussi attachée à une certaine théorie…

Pour cet été, j’avais envie de réfléchir à comment transmettre concrètement des concepts qui me semblent tout aussi importants que les maths et le français, et j’ai conçu des activités spéciales pour que vous puissiez le faire également !

Dans cet épisode, je vous parle de ma démarche, et de mes “capsules de l’été” !

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Ce que l’on veut transmettre à nos enfants

Bonjour les parents qui cheminent. 

Je vous fais un petit podcast avant de partir en vacances, parce que j’avais un point à partager avec vous. C’était : Comment fait-on pour transmettre les notions que l’on va apprendre le long de notre cheminement, à nos enfants ?
Alors, la raison pour laquelle je vous partage cela maintenant, c’est justement parce que ce sont bientôt les vacances. Au moment où j’enregistre, on est déjà le 11 juillet. Donc c’est déjà bien l’été ! Les vacances ont commencé. 

De mon côté, je pars en vacances dans deux jours. Et donc mon idée, c’était de vous embarquer avec moi dans cette aventure de l’été : c’est-à-dire que l’été est un espace dans lequel on va passer plus de temps avec nos enfants. Et pour moi, c’est toujours une préoccupation de : “Et si j’en profitais pour leur transmettre certaines notions ?”

On transmet beaucoup par notre modèle

Je m’explique. Évidemment, la majeure partie de ce qu’on leur transmet, on va le transmettre plus par notre modèle, tout simplement, c’est-à-dire notre façon de vivre. On va transmettre, par exemple, la façon de traverser des émotions fortes par la façon dont on le fait nous-mêmes. D’ailleurs, on peut le faire d’une façon le plus explicite possible, pour qu’ils s’en rendent compte et qu’ils l’emploient. 

  • On va leur transmettre la notion du temps de pause, typiquement, quand les émotions débordent, en prenant nous-mêmes un temps de pause. 
  • On va leur transmettre le respect de soi en essayant de se respecter nous-mêmes
  • On va leur transmettre le fait d’exprimer sa colère sans agresser l’autre, en réussissant à exprimer notre colère sans agresser l’autre
  • On va leur transmettre la notion de motivation intrinsèque, plutôt que de contrôle externe, en essayant nous-mêmes de développer leur motivation intrinsèque : en leur posant des questions, en les interrogeant, en discutant de leurs motivations plutôt qu’en cherchant à les contrôler via des punitions et des récompenses. 

On va leur transmettre comme ça, énormément de choses via notre posture.

Une dissonance entre ce qu’on aimerait et ce qu’on vit

Ce qui, d’un côté, est d’une simplicité extrême et puis d’un autre côté, évidemment, d’une complexité extrême. Puisque nous-mêmes, nous ne sommes pas toujours complètement cohérents dans nos comportements par rapport à ce qu’on aimerait transmettre.

Parce que voilà, on a la théorie, on a ce avec quoi on est d’accord.
Et puis, il y a les moments où on se comporte en suivant certains des réflexes acquis qu’on a en nous, en étant emportés par nos émotions, etc.
Donc, il y a souvent une espèce de dissonance cognitive entre ce qu’on aimerait et ce qu’on vit. 

Mais, peu à peu, un pas après l’autre, on s’aligne de plus en plus sur nos valeurs, sur ce qu’on a envie de transmettre. Et notre modèle transmet déjà énormément de choses à nos enfants.
Et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des enfants qui, par exemple, je ne sais pas… un exemple tout bête : c’est mon fils qui parfois ne comprend pas, quand il lit dans un livre, une réflexion autour du fait que les garçons, ça ne pleure pas.
Il ne sait même pas d’où vient cette notion-là, parce que ce n’est pas du tout ce qu’il a reçu comme exemple, qu’il ne voit pas bien pourquoi les gens diraient ça.

Ça, c’est vraiment super.

Transmettre des notions théoriques

Alors peut-être que c’est aussi parce que dans ma posture à moi, parce que moi, j’adore apprendre, j’adore la théorie, j’aime bien comprendre ce que je suis en train de vivre.
Du coup, j’ai souvent envie de transmettre des notions théoriques à mes enfants. J’ai envie de leur expliquer comment fonctionnent les choses. J’ai envie de leur raconter des choses qu’ils vont comprendre également. 

J’ai l’impression qu’il y a tellement de choses que j’apprends sur mon cheminement de parent qu’on devrait tous avoir appris en fait avant. Des notions qui, pour moi, devraient être incluses dans les programmes scolaires. Je sais qu’on en est beaucoup à penser comme ça, c’est-à-dire que les programmes sont très académiques, qu’ils sont très contenus, etc. 

Transmettre les compétences psychosociales

Mais toutes ces compétences psychosociales qu’on apprend plus tard en tant qu’adulte, sur un chemin de développement personnel, finalement, et si on offrait ça à nos enfants plus tôt ?
Est-ce que ça ne les aiderait pas dans leur vie ?
Est-ce que cela n’aiderait pas à une meilleure ambiance ?
Déjà de classe au départ, mais également de famille, de société, etc. 

C’est vraiment cette notion, comme le dit Thomas d’Ansembourg d’ailleurs : “Un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant”.

Et toutes ces notions qu’on apprend sur notre chemin à la fois d’éducation positive et finalement de développement personnel (parce que avancer sur ce chemin d’éducation positive, c’est aussi avancer sur un chemin de développement personnel), j’aimerais parfois les transmettre !

Que peut-on transmettre à nos enfants pendant les vacances ?

Et du coup, la question me vient de : Comment je fais pour transmettre ces notions-là, de façon ludique, à mes enfants ?
Et l’été, pour ça, c’est vraiment le bon moment.

C’est-à-dire que moi, je ne suis pas tellement (je dis “tellement”, mais en fait “pas du tout”),je ne suis pas adepte des devoirs de vacances.
Pourtant, j’adore enseigner des choses à mes enfants, même des choses académiques. 
Il y a eu un moment où on a fait l’école à la maison et c’est quelque chose que j’adorais faire.
Donc, je sais que certains parents n’apprécient pas cette démarche d’être l’enseignant de leur enfant ; moi, j’adore ça ! Donc, ça ne me poserait pas de problème de faire ça.

Mais j’ai le sentiment que, ils passent déjà énormément de temps pendant l’année scolaire à apprendre des tas d’informations académiques, qui sont certes fort utiles, mais du coup, le temps que je peux avoir avec eux pendant l’été, je n’ai pas envie de le passer à revoir la conjugaison des verbes du troisième groupe au passé simple.

J’ai plutôt envie de le passer à transmettre des notions qu’ils n’apprennent pas à l’école. Des choses qui sont pourtant tellement fondamentales, comme la démarche de gratitude, comme les langages de l’amour, etc

Travailler notre connexion au passage

Et donc ces notions-là, qui ne sont pas forcément l’éducation positive en soi, mais qui sont complètement connexes et qui vont tellement bien avec. J’ai cherché comment faire.

J’ai cherché comment je pouvais les transmettre à mes enfants et profiter du temps de l’été pour pousser des activités avec eux, qui soient des choses familiales dans lesquelles on découvre ces notions-là ensemble. 

On découvre ou bien, on avance ensemble sur ces notions-là de façon ludique et sympathique, pour partager des moments chouettes déjà , rien que ça, c’est travailler sur notre connexion, rien qu’en passant des moments ensemble !

Et puis, en sortir de cet apprentissage de notions, qui vont nous servir ensuite peu à peu pour faire grandir la fluidité et la connexion dans notre famille.

Les notions abordées dans ce que je vous propose

Et c’est pourquoi, je vous ai créé pour cet été, en fait, je vous / nous ai créé, pour cet été, les capsules de l’été. Alors, je dis vous et nous, évidemment, compte tenu de mon cheminement, tout cela n’est pas nouveau, ces notions-là. 

Alors, en l’occurrence, j’en ai choisi quatre : 

  • la première, c’est le réservoir affectif;
  • la deuxième, ce sont les langages de l’amour
  • la troisième la pleine conscience;
  • la quatrième, la gratitude

Ces notions-là sont des notions dont on a déjà parlé dans notre famille.
Et donc, ce n’est pas nouveau chez moi.

Mais j’ai quand même l’intention de partir avec ces capsules dans mes bagages, pour pouvoir, de la même façon que vous j’espère, les vivre avec mes enfants. 

Pour chacun de ces thèmes, avec ma comparse Émilie, on a créé, d’une part, une fiche théorie, qui s’adresse à toute la famille et qui présente la notion de façon relativement simple, pour que ce soit accessible à des jeunes enfants (d’ailleurs, ça a été relu par mon fils Anatole, 9 ans, qui les valide).

Ensuite, il y a des fiches d’activités à faire avec les enfants, justement pour pouvoir mettre en pratique cette notion, pour qu’ils comprennent mieux.
Et c’est vraiment, je le sais, ce dont les parents ont besoin !
Cela m’est arrivé d’ailleurs la semaine dernière en coaching de groupe (c’est assez rigolo), une maman m’a dit : “Comment fais-tu pour transmettre cette notion de réservoir affectif, dont je comprends aujourd’hui à quel point elle est fondamentale aux enfants ?”
Et j’ai dit : “Tu tombes parfaitement ! Je suis en train de finir de préparer les capsules de l’été. Et justement, c’est un des thèmes !”

Les capsules de l’été

Donc voilà. Les capsules de l’été, ce sont des activités qui vont leur permettre de mieux comprendre et d’appréhender chacune des notions.
Et ensuite, il y a aussi une fiche, sous l’angle de :
Comment faire vivre cette notion ? Comment la faire durer dans le temps ? Quel type de rituel peut-on mettre en place dans sa famille ? 

Tout ça ! C’est sous forme de fiches téléchargeables.
Il y a même des jeux autour des langages de l’amour, vous allez voir…

C’est donc sous forme de fiches téléchargeables, à imprimer et à faire vivre.
Il n’y a rien sur l’écran parce que mon but n’est pas de mettre les enfants devant les écrans. Donc, vous pouvez les imprimer et les emporter dans votre valise. Et où que vous soyez, vous pourrez les mener avec vos enfants. 

J’espère que ça va vous faire vivre de chouettes moments pour transmettre ces notions.

Donc, je vous les répète :

  • le réservoir affectif
  • les langages de l’amour
  • la pleine conscience
  • la gratitude.

👉🏻 Cliquez ici pour vous procurer les capsules de l’été

Vous aurez la possibilité de prendre :

  • soit les deux premières capsules, 
  • soit les deux dernières, 
  • soit carrément les quatre. 

Je vous souhaite beaucoup de plaisir avec ces capsules et on se retrouvera après, pour que vous me disiez comment ça a marché avec vos enfants !

À très vite !  Bel été !

Bien sûr, parfois on se plante !! Dans notre rôle de parent, comme dans toute autre situation de la vie, on n’est pas toujours au top. On fait de notre mieux pourtant, en tout cas, on essaye… Mais notre mieux, parfois, il est pas terrible… L’important, ce n’est pas le raté, c’est ce qu’on fait après. Et une chose que j’aime bien faire, c’est revenir ensuite sur mon comportement. Ça montre qu’on est humain, ça donne un modèle, et ça contribue à la connexion avec nos enfants.

Est-ce que vous le faites aussi ?

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Revenir sur nos comportements

Bonjour les parents qui cheminent. 

Aujourd’hui, je voudrais traiter d’un thème, qui me semble assez fondamental, qui nous est propre. C’est le fait de pouvoir revenir sur nos comportements ! Parce qu’on a beau cheminer, s’améliorer, s’inspirer, faire mieux, on ne sera jamais parfait !
Et donc en particulier, on a encore des moments où l’on ne se comporte pas de façon optimale, pas forcément complètement en accord avec ce qu’on aimerait faire. Et je pense que, d’une part, c’est bien de le savoir et d’en prendre conscience. D’autre part, c’est bien aussi de savoir ce que l’on fait dans ces moments-là.

Nos comportements, cas concret

Donc, je voulais vous raconter, un petit peu, un épisode qui m’est arrivé il y a quelques jours, justement.

Pendant cet épisode, je n’ai pas agi exactement comme je pense qu’il aurait fallu agir sur le coup.
Et j’ai pu revenir dessus, parce que je pense que l’important, ce n’est pas seulement la façon dont on agit sur le moment (évidemment, l’idée est de réagir, au fur et à mesure, du mieux qu’on peut dès la première fois ; et cela vient avec l’habitude, cela vient avec l’entraînement), mais c’est également de savoir quand on a fait quelque chose qui n’était pas forcément en accord ou qui ne collait pas tout à fait à ce qu’on aimerait faire.
Comment fait-on ensuite pour revenir dessus et que ce soit quand même une occasion d’expérimenter ?

Et en particulier, cela donne un modèle, justement !
Un modèle d’imperfection, parce qu’on fait tous des erreurs et c’est OK !
Donc, on peut donner le modèle à nos enfants de ce qu’on peut faire quand on pense qu’on a commis une erreur.
Et ce n’est pas humiliant de dire qu’on a commis une erreur. Ce n’est pas un problème de revenir dessus. Ce n’est pas un problème de voir les choses autrement.
Et rien que ça, déjà, c’est une démarche pour nous en premier lieu. C’est-à-dire que nous-mêmes, on peut avancer malgré nos erreurs ou même nos imperfections et à la fois, on peut en donner le modèle à nos enfants.

Une histoire de dispute dans le salon

Alors, voilà ce qui m’est arrivé, il y a quelques jours.

J’étais dans la cuisine avec ma fille Alice, à discuter avec elle tout en préparant le dîner.
Les garçons, Léon et Anatole, qui ont 11 et 9 ans, étaient dans le salon, pendant ce temps.
Je ne surveillais pas ce qu’ils faisaient, même si la pièce est ouverte. Je pouvais les voir, mais ils étaient de leur côté.
L’un des deux lisait une BD tranquillement assis dans le canapé… je ne sais pas, ils faisaient leur vie, quoi !

Et puis, au bout d’un moment, voilà que j’entends un “Non !”, fortement.
Et puis, le “Non” se répète. Je l’entends au moins trois fois. Et tout d’un coup, un geste, je ne sais pas trop quel geste, parce qu’encore une fois, je ne les surveillais pas.
Mais en tout cas, c’était Anatole qui avait dit “Non” trois fois. Et voilà que, après un petit bruit, on va dire (parce que je n’ai pas vu le geste en réalité), Anatole se met à pleurer, et au moment où je m’approche, Léon dit : “ Je suis désolé ”.  

Je suis intervenue en tant qu’arbitre

Je m’approche sans un mot. Intérieurement, je suis clairement très énervée. Donc, je savais qu’il ne fallait pas que je parle.

Ainsi, sans un mot (en fait, ils étaient tous les deux allongés sur le canapé à des endroits différents, parce qu’on a un canapé d’angle), je tire Léon pour le sortir du canapé.
Et je lui dis : “ J’ai entendu “Non” trois fois ”. Et là,  il me regarde et il s’en va. Fin de l’épisode. 

J’ai raté l’occasion du moment d’apprentissage

A posteriori, une fois que j’étais redescendue, je me suis dit :
“ En fait, je suis venue les voir. Je suis intervenue grosso modo, même si c’est sans le dire, en donnant mon point de vue (c’est-à-dire en tant qu’arbitre). J’ai donné raison à Anatole, parce qu’il avait dit non. J’ai donné tort à Léon, qui selon ma perspective, n’avait pas écouté ce “Non” et avait quand même fait des choses (en fait, c’est le fait qu’il avait dit : « Je suis désolé » juste après qui m’avait donné cette impression). »

Je ne leur ai pas donné l’opportunité de discuter entre eux.
Or, je le dis et je le répète suffisamment souvent aux parents : les disputes sont des opportunités d’apprentissage.

Qu’est-ce que je leur enseigne dans ce cas-là, en décidant d’enlever Léon ?

Alors, oui, ce n’est pas un drame, que j’ai fait cela à ce moment-là, puisque c’était ce qui correspondait à l’énergie que j’avais et que je n’étais pas disponible, parce que j’étais en même temps en train de préparer le dîner, et de discuter avec Alice. Il n’y avait pas non plus de raison que je coupe mon moment avec Alice pour me mettre là-dedans… Donc, c’était ce qui correspondait à mon état d’esprit à  ce moment-là.

N’empêche que j’étais quand même consciente que ma réaction n’était pas complètement en accord avec ce que j’aimerais apporter dans ma famille, et en particulier, la possibilité de saisir les disputes comme des opportunités d’apprentissage, pour améliorer les choses, et en particulier, améliorer leur faculté de communication.

Revenir à mon comportement : aborder le sujet

Donc, un peu plus tard, quand on s’est retrouvés effectivement à table, tous ensemble, tous les quatre en l’occurrence, mon mari n’étant pas là ce soir-là (donc, on était avec Alice, Léon et Anatole à la table), j’ai remis ça sur le tapis.

J’ai dit à Léon :

Tout à l’heure, quand je suis intervenue pour t’enlever de la situation, parce que j’avais entendu non trois fois…
Je me rends compte que cette attitude, où je me suis positionnée en voulant t’enlever de la situation sans te demander quoi que ce soit, ça ne correspondait pas à ce que j’avais envie de faire.
Je me rends compte que je suis intervenue sans rien savoir, avec le peu que j’avais vu, avec mon jugement. Et en fait, je n’avais pas forcément de quoi juger.
Et donc, je voudrais savoir comment toi, tu te sens par rapport à ça. Est-ce que tu as trouvé que c’était injuste ?”

Il m’a dit : “ Oui, complètement “ 

Je dis : “ Ah ok, dans ce cas-là, je suis vraiment désolée, parce que ce n’est effectivement pas comme ça que j’avais envie d’intervenir, en ayant une attitude qui peut sembler injuste.
Je pense que ce n’est pas avec cette attitude que je vous transmets quoi que ce soit. Donc, j’aimerais bien revenir dessus parce que je ne suis pas fière de la façon dont je suis intervenue.
Est-ce que tu voudrais bien qu’on en rediscute ?

Là, il m’a dit : “ D’accord “  Et j’ai pu lui expliquer ce qui se passait.

La demande de Pardon

Alors, avant de vous donner la suite (j’insiste un tout petit peu là-dessus), vous avez vu que j’ai bien séparé les deux choses :

  • le fait que j’aie pu avoir des raisons pour me comporter comme je me suis comportée, et
  • la façon dont je vais parler à ce moment-là et le fait que je me suis comportée comme je me suis comportée. 

C’est-à-dire que la première phase, celle de reconnexion avec lui, était vraiment dans le fait de demander pardon et de prendre mes responsabilités pour mon comportement.

Je ne lui ai pas dit : “ Je suis désolée de m’être comportée comme ça, MAIS tu vois ce qui s’est passé, c’est que moi, je suis xxx et je trouve qu’à ce moment-là, je ne suis pas d’accord pour que…
Parce que si j’avais dit ça, j’aurais justifié mon comportement. Et donc, ce n’était pas un vrai pardon, c’était : “Pardon, mais en fait, j’avais des raisons de faire ça !” 
Et dans ces cas-là, mon pardon, il n’est pas reçu.
Donc, ce que je voulais faire, c’était un vrai pardon, c’était une vraie reconnexion !
C’était lui dire : “ En fait, je me suis comportée d’une façon qui ne correspondait pas à ce que j’aurais voulu faire et je suis désolée de l’avoir fait. Et d’ailleurs, est-ce que tu as trouvé ça injuste ? Oui ! Eh bien, oui, je comprends et j’en suis vraiment désolée.” 

L’explication du point de vue de chacun

Et là, on a réparé la relation !

Et maintenant (et parfois, c’est plus difficile et il faut absolument séparer les moments. Dans le cas présent, ça se passait bien, entre autres, parce qu’on avait laissé le temps aux émotions de redescendre des deux côtés), je peux lui dire :
Voilà, je t’explique ce qui s’est passé pour moi, avec mes lunettes”
(et ça, c’est une expression que je sors directement du Cercle des Parents Heureux, où on a travaillé ensemble sur des formulations bienveillantes, même quand on est un peu en colère. Et une des choses, c’était quand l’agacement commencent doucement à monter, le fait de dire “avec mes lunettes” nous permet de transmettre ce qu’on est en train de voir avec notre perspective, sans forcément transmettre que c’est notre vérité).

Je lui ai dit : “Avec mes lunettes : j’ai entendu plusieurs fois “Non” de la part d’Anatole, puis un bruit, puis Anatole qui pleure et toi qui dis“Je suis désolé”. Donc, je me suis dit que tu avais effectivement dû faire un truc qui n’était pas adapté, puisque tu le reconnaissais toi-même en disant “Je suis désolé” alors qu’il avait dit Non. Et c’est là que ça m’a agacée. Est-ce que tu peux m’expliquer ce qui s’est passé, avec tes lunettes ? Parce que dans le fond, je n’ai pas tout vu.

Et il m’a dit : “ Avec mes lunettes… ” (comme on connaît cette expression et qu’on l’utilise, il la reprend tout de suite, parce qu’il la connaît).

Et là, il m’a expliqué un petit peu la situation, le fait qu’il était tout seul sur le canapé, tranquillement avec sa BD, et qu’Anatole est arrivé, et qu’il a voulu empiéter sur son espace…
Ils ont discuté un petit peu. Il lui dit : “ Laisse-moi la place s’il te plaît ?”, et qu’Anatole a dit : “Non”. Et Anatole, au bout d’un moment, a voulu imposer sa présence dans son espace à lui, en posant son propre livre au-dessus de la BD, qu’il était en train de lire. Et donc Léon a réagi en soulevant le livre d’Anatole, pour le lui renvoyer.
En faisant ça, il l’a malencontreusement un peu cogné et c’est là qu’il a dit : “ Je suis désolé ” parce que son intention n’était pas de le cogner.

Je suis d’accord, je comprends mieux ton “Je suis désolé”… Si je comprends bien, toi, ce que tu voulais, c’était faire respecter ton espace physique et pour le faire, tu as poussé le livre et c’est arrivé à un endroit que tu n’avais pas anticipé. Donc tu étais désolé de l’avoir cogné, parce que ça, ce n’était pas ton intention”.
Voilà, exactement !” me répond Léon.

Et toi Anatole avec tes lunettes ?
Avec mes lunettes…” Et donc Anatole a expliqué que selon lui, il y avait la règle du canapé, qu’il ne voyait pas pourquoi on ne voulait pas la respecter alors que d’habitude, quand c’est dans l’autre sens, c’est OK.

Moi : “Donc toi, si je comprends bien, avec tes lunettes, t’as l’impression qu’il y a quelque chose sur lequel vous étiez d’accord et puis là, il ne respectait pas l’accord.
Donc toi, tu te battais pour le fait que chacun respecte l’engagement déjà pris ? C’est bien ça ?« 

Définir le problème en tenant compte de tous

R

R

« Ok donc toi Léon, tu voulais… ? OK.
Et toi Anatole, tu voulais… ? OK.
Et du coup, maintenant que vous vous entendez l’un l’autre, est-ce que vous comprenez mieux d’où vient ce conflit ?
Les 2 répondent “Oui”.

Moi : “OK et donc, qu’est-ce que vous auriez pu faire d’autre ?

Et là, ils ont pu réfléchir ensemble sur comment mieux communiquer.

Ensuite, on n’a même pas vraiment cherché à résoudre la situation, parce qu’elle n’était plus tellement vivante.

J’ai raté et je suis désolée

Mais c’était hyper intéressant parce que du coup, j’ai pu aussi dire au passage : “ah oui, c’est ça que j’ai raté. » – qui était tres important et qui était le point de départ de mon podcast.
Puisque mon podcast, c’était surtout sur moi, plus que sur la résolution du conflit, qui n’a pas d’intérêt aujourd’hui par rapport à ce que je veux partager.
C’était sur moi et le fait de revenir sur un comportement, un de mes comportements, que j’ai jugé inadapté

Ce n’est que quand Léon a pu me parler de ses lunettes, que j’ai pu lui dire
Oui du coup, quand tu m’expliques avec tes lunettes, je comprends bien pourquoi tu as trouvé que c’était injuste. Parce que effectivement, ça ne correspond pas à ce que moi, j’avais ressenti.
Donc, je vois tout à fait ton point de vue et je suis encore plus désolée d’avoir réagi comme je l’ai fait”.

C’est seulement ensuite qu’on est passé à “Et toi Anatole, avec tes lunettes ?” et qu’on a basculé sur autre chose. 

Un moment riche d’apprentissage

Du coup, on a pu conclure en disant “Je suis contente d’avoir eu cette conversation. Parce que le fait d’en parler comme ça et de voir un peu le point de vue de chacun, cela permet de se rendre compte qu’on peut en fait discuter et améliorer la façon dont cela se passe et voir les choses autrement, sans avoir à intervenir de cette façon-là.
Et mon comportement de tout à l’heure ne vous aidait pas à voir cela et donc il ne vous enseignait rien. Et là, je suis contente qu’on puisse le faire maintenant.
Donc, merci d’avoir bien voulu revenir sur cette situation avec moi”.

Et ça, pour moi, c’est riche (et c’est pour ça que je voulais vous partager ça aujourd’hui), parce que c’est une façon de toucher du doigt le fait que même quand on a des manquements à certaines théories (et là clairement, je ne peux que m’en vouloir, vous comprenez bien !
Je répète régulièrement aux parents avec qui je parle : “les disputes sont des opportunités d’apprentissage”, et je vous propose une formation sur Comment en finir avec les disputes dans la fratrie), je me retrouve là, dans une situation de conflit, à intervenir sans saisir cette opportunité, à intervenir quasiment en tant qu’arbitre, alors que c’est justement cette attitude qui met de l’huile sur le feu, etc. Forcément, je me sens un peu coupable, je me dis : “Voilà, c’est bien la peine d’expliquer cela aux parents, et puis toi, tu fais tout ce qu’il ne faut pas…

Alors évidemment, depuis le temps que je chemine, ce genre de comportement m’arrive beaucoup moins souvent qu’avant.

Mais je sais aussi que j’ai grandi comme vous tous, dans un environnement qui m’a transmis certaines choses et que même en apprenant d’autres attitudes – qui heureusement ont transformé mes comportements de parent et notre vie de famille – malgré cela, je sais que ce genre de comportement vient encore et viendra encore et peut-être toute ma vie. Parce qu’il y a des conditionnements dont il est difficile de sortir.

Mais finalement, l’important, c’est aussi de se rendre compte que, même quand on ne se comporte pas exactement comme on veut, on a toujours une chance de transformer cela en apprentissage pour nous et aussi pour les autres. 

Et en revenant dessus, en travaillant ensemble, justement, je montre aussi comment on peut faire quand on a fait quelque chose que finalement on regrette et qu’on aurait pu faire autrement. Parce que c’est un travail pour tous : et pour nous et pour eux au quotidien.

Voilà, j’espère que cela vous inspire. N’hésitez pas à laisser un commentaire positif sur Apple podcasts, si ce podcast vous a plu.
N’hésitez pas également à le partager avec des amis et puis, à vous abonner pour ne pas rater les épisodes suivants.

À bientôt !

On aimerait que nos enfants s’entendent bien !
Cela demande parfois un temps d’adaptation, surtout pour intégrer un nouveau venu dans la fratrie, alors que les 2 premiers ont déjà trouvé leur fonctionnement.

Voici la question que me pose Marie, maman de 3 garçons de 5 ans et demi, 4 ans, et moins d’un an, à laquelle je réponds dans ce podcast :

“Mes 2 grands sont très proches, comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?”

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Entente dans la fratrie

Bonjour les parents qui cheminent. 
Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’entente dans la fratrie.
Je réponds en fait à une question de Marie qui m’écrit : « Mes deux grands sont très proches. Comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale ?« 

Mise en contexte : comprendre la situation

Les âges des enfants de Marie

Pour mieux comprendre la situation, il faut savoir que les enfants de Marie ont quatre ans et cinq ans et demi pour les plus grands, et moins d’un an pour le dernier.

La préoccupation est est donc une anticipation, car il est logique que les deux aînés (puisqu’ils ont quatre ans et cinq ans et demi) n’intègrent pas encore complètement leur petit frère dans leurs jeux.
Marie se demande comment s’assurer que les trois enfants puissent développer une bonne ambiance dans la fratrie.

Est-ce que les deux grands vont laisser de la place à leur petit frère ?

Pourquoi se poser la question de l’entente dans la fratrie ?

Avant même de répondre au fond de la question de Marie, j’ai envie de m’arrêter sur le fait qu’elle se pose cette question.
Il est intéressant de comprendre pourquoi elle se la pose.

Cela me semble important et rejoint une démarche à laquelle je suis très attachée, c’est celle de la conscience.
Car, si on parle souvent d’éducation positive, on peut aussi parler d’éducation consciente.
Or, c’est un terme qui me plaît et me parle particulièrement puisque l’idée, c’est de régulièrement faire un pas en arrière et se poser des questions sur ce qu’on est en train de vivre, sur ce qu’on veut développer à long terme et sur les effets de nos attitudes par rapport à nos enfants, pour se positionner un peu différemment.

Donc, l’étape de conscience ici serait de se poser la question suivante :
Pourquoi Marie est-elle attachée au fait que ces enfants se sentent tous bien ?
Pourquoi tient-elle à ce que le plus jeune des enfants arrive à intégrer cette dynamique familiale déjà établie des deux plus grands ?

Les besoins derrière cette entente entre frères

La réponse peut sembler évidente (qui n’a pas envie que ses enfants s’entendent bien ?), mais elle permet de voir ce vers quoi on se dirige, ce que l’on aime, ce à quoi on aspire, ce vers quoi on veut orienter notre boussole.

Peut-être qu’il y a chez Marie un fort besoin d’harmonie dans la famille.
Peut-être qu’il y a un besoin de collaboration et de coopération…

Selon ce qu’elle recherche exactement, ce n’est pas tout à fait la même chose qu’elle va chercher à développer entre ses enfants.

Peut-être que c’est un besoin d’empathie ? Ou un besoin de partage ?

Le fait d’être dirigée par ces envies-là, l’envie de nourrir ces besoins-là, va pouvoir lui permettre de créer des choses qui ressemblent à ce qu’elle veut créer, de manière plus fine.

Et à la fois, dans cette « étape de conscience », il existe une autre possibilité : celle d’être dirigée par ses peurs

Être dirigée par ses peurs

Peut-être que Marie craint que le plus jeune ne soit pas inclus dans ce duo que forment les deux plus grands.
Peut-être parce qu’il y a chez Marie une peur du rejet, qui vient de son histoire à elle.

Or, c’est intéressant d’être dirigée plus par ses envies et ses aspirations que par ses peurs.

Voilà pourquoi s’arrêter une seconde pour voir un petit peu ce qui se cache derrière cette question-là a son importance.

Après tout, le fait que le petit ne soit pas encore intégré au jeu des grands, pour l’instant, c’est assez naturel.
Donc, peut-être qu’il n’y aura rien besoin de faire pour que ça se passe tout naturellement et que cette crainte n’a pas vraiment lieu d’être.
Et donc un peu comme le dit ma mère : « le pire n’est pas certain » !

Poser de la conscience

Alors, pourquoi Marie prend-elle le temps de s’interroger en avance de phase là-dessus ?

Peut-être que chez elle, il y a une peur qui fait écho à quelque chose qu’elle aurait vécu.
Je ne suis pas en train de jouer les psychologues et de dire qu’il faut absolument que Marie guérisse de ses propres peurs avant d’aborder son rôle de maman. Je dis juste que c’est intéressant de se poser les questions de l’origine de nos interrogations et de nos envies. 

Par exemple, si on se rend compte qu’il y a effectivement des peurs là-dessous, on peut essayer de décaler la question.

Finalement, toutes les familles ne sont pas pareilles, et toutes les situations ont leurs avantages et leurs inconvénients.
Voyons donc quels seraient les avantages d’une dynamique familiale qui resterait telle qu’elle est ?

Imaginer la possibilité que la fratrie ne s’entende jamais vraiment

Imaginons que les deux grands restent très complices sans forcément inclure le dernier.
Quels seraient les avantages pour ces deux grands et quels seraient les avantages pour le dernier ?

Encore une fois, là aussi, il y aurait des avantages, comme dans toute situation.
En voyez-vous ?
Voici ce qui me vient.

Pour les deux grands

  • consolider leur complicité
  • disposer d’un vrai confident au sein de la fratrie
  • développer un lien fort basé sur le partage

Pour le plus jeune

  • développer son autonomie
  • apprendre à se positionner sans être dépendant des aînés
  • acquérir de la confiance en lui par son indépendance

Qui dit qu’un benjamin qu’on intègre et qu’on couve développera la même confiance en lui ?
Je pousse peut-etre un peu les choses, mais vous voyez l’idée : toute situation a ses avantages et ses inconvénients !

Comment encourager l’intégration du petit dernier dans la fratrie ?

Passons maintenant aux conseils concrets pour voir comment faciliter l’intégration du plus jeune dans la dynamique de ses grands frères.
Une fois qu’on a dit cela et qu’on a pris conscience, on peut quand même se poser la question de comment faciliter l’intégration du petit dernier dans cette dynamique familiale, comme Marie se questionne.

Première approche : développer l’entente quand elle est là

Le premier conseil que j’ai à donner à Marie – et qui s’applique à d’autres choses que cette question de l’entente dans la fratrie, c’est qu’il est toujours plus facile de chercher plus de quelque chose que moins de quelque chose.

Observer les moments où le petit est intégré

donc, au lieu se focaliser sur les moments où il n’est pas inclus, et chercher à les faire disparaitre, il vaut mieux repérer les moments où il l’est, et essayer de les développer.

Oui, c’est toujours plus simple de développer quelque chose qui existe déjà, qu’on veut faire grandir et à quoi on veut donner plus de place, que de partir de quelque chose qu’on veut voir disparaître.

Parce que l’énergie qu’on met face à quelque chose qu’on a envie de voir grandir, est justement dans la construction, dans l’élan, dans le développement, contrairement à cette énergie un peu négative de rejet, de ce qu’on veut supprimer.

Accentuer ces moments d’entente

On peut donc choisir plutôt d’accentuer les moments où les frères passent du bon temps ensemble.
Même si les grands ont une grande complicité, il y en a très probablement.

Le parent peut alors saisir cette opportunité de souligner cette entente, par exemple avec une réflexion du type « J’ai l’impression que vous passez un chouette moment tous ensemble... »

Dans ma remarque ici, je suis uniquement dans la description : j’ai l’impression, mais je n’affirme rien.
Je pose comme hypothèse qu’ils passent un chouette moment tous ensemble…
Eux, ils ont le droit de penser cela ou de penser autrement.

On peut même leur poser la question en fin de journée : « C’était chouette quand vous avez fait ça avec votre petit frère ? »
Et ils ont le droit de répondre comme ils ont envie.
Moi, ce que je fais en décrivante et en interrogeant, c’est que je les aide à ancrer en eux le fait qu’ils passent effectivement de bons moments avec leur petit frère. 

Mais je ne suis ni dans le compliment, ni dans l’évaluation.
L’évaluation, ce serait quelque chose du type : « C’est chouette quand vous passez un moment avec lui. Bravo pour ça les garçons ! » ou « Ah, vous êtes tellement gentils de l’intégrer à votre jeu. »
Le problème de ce compliment, c’est qu’il peut encourager à développer un comportement non pas pour le plaisir ressentir mais pour faire plaisir à l’adulte.
C’est toute la différence entre la motivation interne ou externe.

Ce que l’on cherche ici, c’est aider les enfants à être à l’écoute de leur propre joie quand les moments partagés sont agréables.

Instaurer un rituel de complicité

On peut même accentuer aussi avec une espèce de rituel qui serait la complicité du jour, par exemple.

Ainsi, tous les soirs, on pourrait dire : « Tiens, quel a été le moment complice du jour ?« 
Et, chaque jour, noter ou décrire un moment où il y a eu une complicité avec un autre membre de la fratrie ou un autre membre de la famille.
Cela pourrait être aussi avec maman ou papa.

Forcément, si on fait ça, il y aura des moments où il y aura complicité avec le plus jeune.
Et encore une fois, c’est une façon de le mettre en valeur et donc d’aider l’enfant concerné à être conscient de cette complicité, qui existe déjà même avec l’enfant qui est plus jeune.
Avec ce rituel, ils sont pro-actifs et ce sont eux qui cherchent.

Deuxième approche : créer des opportunités d’intégration

Le deuxième conseil qu’on peut donner et qui va se décliner de différentes manières, est le fait de créer des opportunités pour intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale.

Un jeu pour développer l’empathie

Alors déjà, pour intégrer le plus jeune, il y a cette notion de développer l’empathie. 
Plus on a de l’empathie pour quelqu’un, plus on est proche de lui, plus on l’intègre dans nos préoccupations.

Donc, un jeu du type “Se mettre à la place de…” me semble une piste pour pouvoir développer un peu l’empathie envers le plus jeune.
J’imagine quelque chose du type :  « Tiens, on fait un jeu ! On imagine que là t’es ton petit frère. Comment vois-tu les choses depuis son point de vue, quand ça se passe comme ça ?« 

Se mettre à leur place de quelqu’un, c’est voir le monde d’un autre œil : depuis l’œil de l’autre.
Cela peut permettre de développer aussi la complicité indirecte, dans la mesure où l’on comprend mieux ce que vit l’autre et donc on a plus envie d’être avec lui.

Inviter à inspirer

On peut également demander aux plus grands de montrer à leur petit frère comment on fait quelque chose.
Attention : je ne parle pas d’enseignement au sens de “Apprends lui à…”, qui mettrait probablement les grands dans une posture trop directive (comme ils le voient souvent autour d’eux…)

Il s’agit plutôt de leur expliquer que les enfants apprennent beaucoup par le modèle. Ainsi, faire quelque chose devant le plus jeune permet de montrer et d’inspirer.

Un exemple concret :

Imaginons un petit enfant qui joue à un jeu où il faut mettre des formes dans des trous.
(Tout à fait typique d’un enfant d’un an).
On peut très bien imaginer un des grands, qui joue à ce jeu devant lui, juste un moment.
Il joue devant lui parce que lui va savoir mettre les bonnes formes au bon endroit et puis c’est tout.
Ensuite, il laisse le bébé faire.
Il peut l’observer, mais le laisse faire sans commenter, parce que le plus jeune a besoin aussi d’essayer, de se tromper, etc. Mais, le fait d’avoir vu son grand frère faire va l’aider à voir que c’est possible.

Cela peut être une façon de créer de la complicité entre les enfants. 

Faire un petit jeu spécifique

La troisième idée qui me vient, c’est de faire, carrément, un petit jeu spécifique.

Si vraiment Marie a envie de développer cela chez ses enfants, elle peut créer un petit jeu avec ses grands avec des papiers à tirer pour faire une activité minute avec le petit frère. Ce serait de petits défis comme :

  • jouer à coucou avec ton petit frère
  • faire rire ton frère
  • chanter une chanson

Montrer l’exemple !

Et la dernière idée que j’ai et qui va faire le lien avec cette espèce de parentalité consciente, c’est tout simplement d’inclure soi-même le plus jeune dans certains jeux qu’on fait avec les plus grands. 

Et pourquoi cela ferme la boucle ?
Parce qu’encore une fois, nos enfants n’apprennent jamais mieux que par le modèle.

Et donc si on se pose la question de comment ils peuvent, eux, intégrer le plus jeune dans la dynamique familiale, la meilleure façon de faire, en fait, c’est de le faire nous-mêmes.

J’ai des souvenirs de moments où on faisait des jeux de société avec nos plus grands, et que les plus jeunes étaient à côté de nous : on leur donnait certaines pièces.

Typiquement si on jouait aux échecs, au fur et à mesure que les pièces d’échecs étaient éliminées de l’échiquier, les pièces éliminées pouvaient être mises dans les mains du plus jeune, qui jouait avec ces pièces.
De sorte que, d’un certain côté, il était avec nous dans le jeu, même s’il ne participait pas au jeu, puisqu’il n’en avait évidemment pas la possibilité à ce moment-là.
Mais cela permettait quand même qu’il soit inclus dans l’activité, puisqu’il jouait avec les mêmes choses et à côté de nous.

Le faire nous-mêmes, c’est aussi une façon de montrer à nos enfants comment ils peuvent le faire à leur tour.
À un moment, par exemple, où les deux grands décident de jouer ensemble et d’avoir quand même la possibilité pour le petit frère d’être à côté sans que ce soit dérangeant, en se sentant appartenir au groupe. 

Conclusion : transformer la crainte en moteur positif

Voilà les conseils que j’aurais aujourd’hui pour Marie.
J’espère qu’ils vous ont parlé à vous aussi.

Ces différentes pistes visent à transformer sa crainte en opportunité pour cultiver la complicité et l’autonomie.

En valorisant les moments de complicité existants, en créant des opportunités d’intégration et en montrant l’exemple, nous pouvons aider à renforcer l’entente dans la fratrie.

N’hésitez pas à partager vos idées ou à apporter votre propre expérience sur la façon dont vous avez favorisé l’intégration du plus jeune dans votre famille !

📌 Ressource pour aller plus loin
Bien sûr, l'entente dans la fratrie ne se construit pas en un jour, et malgré nos efforts, des tensions peuvent exister.
Si vous cherchez des outils concrets pour aider vos enfants à mieux gérer leurs conflits et favoriser une relation plus apaisée dans la fratrie
👉🏻 Découvrez ma formation "En finir avec les disputes dans la fratrie" et transformez les tensions en complicité.

La parentalité positive peut parfois être dogmatique, je le sais. Et pour certains parents, cela crée un stress qui les paralyse ou les laisse perdus.
Certains disent même que cette éducation non violente fait culpabiliser les parents…
Conscients de ce qu’il “ne faut pas faire”, ils essayent d’appliquer des principes généraux sans avoir pris le temps de développer d’autres compétences. 
Par exemple, le principe qui veut que éducation positive et punitions ne fassent pas bon ménage.
Donc, du jour au lendemain, on leur dit de ne plus punir leurs enfants.
Oui mais… comment poser des limites sans punitions ? Y a-t-il vraiment des alternatives ?

Je ne dis jamais aux parents que j’accompagne d’abandonner de but en blanc les punitions. Non. Punissez vos enfants, si c’est aujourd’hui votre manière de poser vos limites. 
En revanche, j’aime encourager les parents à comprendre pourquoi et quand ils punissent. Je leur transmets pourquoi l’éducation positive déconseille les punitions. Je leur explique que c’est possible de faire autrement, et que je ne punis plus mes enfants depuis des années. 
Et surtout, je les accompagne à développer d’autres manières de faire, d’autres outils AVANT d’imposer un monde sans punition dans lequel, faute d’alternatives, ils se sentent débordés !

Il me semble important de parler de tout ça aujourd’hui, dans un contexte dans lequel on entend de plus en plus de parents perdus devant des principes d’éducation positive qu’ils ont tendance à confondre avec du laxisme…
(Je sais que la présentation « à la française » de l’éducation positive – par des auteurs comme Filliozat ou Gueguen, qui font un travail formidable pour promouvoir la bienveillance – peut mener à ce genre de confusion. Ne vous arrêtez pas à cela, ce serait dommage de retomber dans une violence éducative qui ne tiendrait qu’à un manque de méthode !)

Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici les enregistrements.

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Ce qui m’a inspiré cet article mêlant éducation positive et punitions

Le week-end dernier, je suis allée jusqu’à Bordeaux (je vis à Londres) pour assister au congrès Innovation en Education organisé par Julien Péron et son équipe. Un week-end dense et inspirant, pour lequel je n’ai pas regretté de me déplacer. 
Le congrès est un endroit de rencontres, et toutes les conférences sont sources d’apprentissage, de réflexion, et surtout d’inspiration ! 

J’ai cependant été dérangée par la fin de la conférence de Guila Clara Kessous. 
Guila nous a principalement parlé des principes de communication prônés par Faber et Mazlish, rien de bien nouveau pour moi, qu’elle relie à la psychologie positive, puisqu’elle a suivi le cours sur le bonheur de Tal Ben Shahar à Harvard. (un auteur que j’avais d’ailleurs évoqué dans mon article « Développer sa capacité au bonheur« )

Pourtant, au moment des questions, une maman l’interroge :
“Et que dit l’éducation positive sur les punitions ? Parce que moi, je n’arrive pas à faire autrement avec ma fille de 16 ans…”

Réponse de Guila (forcément mal retransmise puisque nous sommes 24h plus tard au moment où j’écris ces lignes, dans le TGV vers Paris) :
“Bon.. c’est sûr qu’il ne faut pas de punitions trop humiliantes, mais quand même, c’est ok de poser des punitions, car les enfants ont besoin de limites. L’idée va être de leur donner un choix type “préfères-tu que je te prive de téléphone ou … «  » – je ne sais plus quelle était l’autre option.

Pardon ???
C’est à dire que cette intervenante, qui cherche à porter la voix de Faber et Mazlish – et qui propose du coaching pour aider les parents de surcroît – nous explique la “bonne” manière de poser des punitions ? 
Donc, si je l’écoute, éducation positive et punitions, ça colle. Ou en tout cas, elle véhicule l’idée qu’il existe une forme de « bonne punition »…
Mais a-t-elle vraiment lu Faber et Mazlish jusqu’au bout ?

J’aurais apprécié qu’elle réponde plutôt :
“Faber et Mazlish, et l’éducation positive dans son ensemble, ne valident pas les punitions, non.
Cependant, en tant que maman, je me heurte à une vraie difficulté à poser mes limites autrement, et voici comment je compose avec ça…”

Ça aurait été à la fois précis et honnête. 

En réalité, ce que dévoile vraiment Guila Clara Kessous, c’est qu’elle est en cheminement, et que sur son chemin, elle n’est pas encore sortie des punitions.
Et ça, c’est ok. Parce que c’est difficile. Parce qu’éduquer sans punition, c’est tout un processus. C’est un vrai changement de posture éducative en fait.

Dans ce contexte, savoir qu’on n’est pas encore en mesure d’appliquer au mieux tous les principes de l’éducation positive, c’est une chose.
Modifier ces principes pour qu’ils collent à ce qu’on fait, c’en est une autre.
C’est transformer les choses parce que ça l’arrange, ça lui permet de punir son enfant tout en affirmant garder une attitude bienveillante.
Et ça transmet une image fausse ce qu’est vraiment l’éducation positive.

Donc, ça m’a donné envie de répondre à mon tour !

Faisons ensemble le point sur

  • l’éducation positive et les punitions
  • le cheminement du parent

Le point de vue de l’éducation positive sur les punitions

Avant tout, reprenons la réponse à cette question posée, qui était assez claire : “Que dit l’éducation positive sur les punitions ?” – et, en particulier dans le cadre de cette intervention : « Que disent Faber et Mazlish sur les punitions ? »

La réponse est sans ambiguïté : Faber&Mazlish sont contre. 
Comment dire ? Le chapitre 3 du livre Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent (celui que nous citait l’intervenante) s’intitule quand même “Remplacer la punition”.
Peut-on vraiment être plus clair que ça ?

Elles m’avaient d’ailleurs bien aidée à évoluer sur cette méthode qu’évidemment, moi aussi, j’utilisais ! Je suis partie sur ce chemin avec l’intention d’arrêter de crier, et je me suis retrouvée embarquée (avec joie) dans toute une nouvelle manière d’éduquer !

F&M précisent même que Haïm Ginott, leur mentor, pense qu’un enfant devrait vivre les conséquences de son comportement, mais pas de punitions.
Selon lui, il n’y a pas de place pour des punitions dans une relation de confiance.

Et voici, pour soutenir ce point de vue, ses arguments phares : 

  • La punition est une distraction
  • La punition n’enseigne rien
  • La punition “dédouane”
  • La punition favorise rancoeur et rapport de force

Voyons ce que chacun de ces points signifie vraiment. 

La punition est une distraction

L’enfant puni va très probablement trouver cela injuste. 
Tout simplement parce que le priver de télé parce qu’il a mal parlé à son frère, bon sang, “ça n’a rien à voir !!” (mots rapportés par une maman que j’accompagnais)

Donc, dans son coin, il va ressasser toutes les raisons pour lesquelles c’est injuste, et focaliser sur son ressentiment. 
Est-ce qu’à ce moment-là il réfléchit à ce qu’il a fait ? Absolument pas ! 

Au contraire, on lui a servi une distraction sur un plateau, et il va donc pouvoir ignorer ce qu’il a fait. 
En fait, la punition prive l’enfant de son travail de prise de responsabilité.

(Ce à quoi on ne réfléchit même pas dans une éducation traditionnelle qui se contente de reproduire ce qu’on a vu nos parents faire…)

La punition n’enseigne rien

L’un des grands principes de Haïm Ginott, c’est que “Pour se comporter bien, il faut se sentir bien.”. 

En cela, il rejoint complètement l’un des principes d’Adler (sur lesquels se fonde la Discipline Positive) : “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”

L’idée – que je ne vais pas creuser ici, mais que vous pouvez aller creuser dans cet article si le coeur vous en dit – , c’est que si un enfant se comporte de manière inappropriée, c’est que c’est ce qui lui vient de mieux à ce moment-là, dans l’humeur qu’il a. 

Est-ce que ça veut dire que c’est ok de se comporter mal ? Non.
Et nous le lui dirons.
Mais nous ne nous arrêterons pas là. 

Car notre rôle, à ce moment-là, est également de l’aider à développer des alternatives.
Pour qu’il puisse, la fois suivante, agir autrement. 
C’est bien ce que nous cherchons à obtenir, non ? 

Est-ce que la punition lui apprend comment faire autrement ? Il ne me semble pas…

Imaginons par exemple un enfant qui en insulte un autre. 
S’il en arrive là, c’est probablement que ça bout à l’intérieur de lui. 
Si la réaction de l’adulte est de le punir, est-ce que ça lui donne des pistes pour savoir comment réagir AUTREMENT la fois suivante, quand ça bout à l’intérieur ?Absolument pas.

Si l’on veut que les choses changent, on aura plutôt intérêt à l’aider à savoir comment traverser son émotion, à l’aider à développer son empathie, à lui apprendre à dire ce qu’il vit tout en en assumant la responsabilité, etc… Là, on sera dans l’enseignement.

Ah, c’est sûr, c’est plus long…
Qui a dit que la parentalité positive était facile ? C’est un des aspects qui la distingue de la permissivité !

La punition “dédouane”

Quand on a commis un crime, on paye. Et ensuite, on repart de 0. 
C’est comme ça en tout cas que notre système de justice fonctionne, et cela fait donc, consciemment ou non, partie de nos croyances ancrées. 

Ainsi, au collège, l’enfant qui enfreint les règles reçoit en punition une heure de colle. 
Une fois qu’elle est faite, il ou elle a payé, et on peut passer à autre chose. 

Pas besoin de réparer quoi que ce soit, de s’interroger sur la raison de la règle ou sur l’implication de son infraction. Juste une punition, c’est tout. 
Ah.. et puis rien non plus, pour reprendre le point précédent, en terme d’enseignement pour savoir faire autrement. 

Clairement, je peux vous dire que mon fils Léon, qui a reçu récemment sa 1e heure de colle en 6ème, trouve que la punition est injuste (a donc eu du mal à discuter avec moi de ce qu’il s’était vraiment passé – manque de responsabilité…), n’est pas plus avancé sur comment moins discuter en classe, et, maintenant que l’heure de colle est faite, considère que c’est de l’histoire ancienne. 
Ah… sauf que quand même, il en veut à sa prof, et est donc moins bien disposé à son égard… ce qui conduit à l’argument suivant : 

La punition favorise rancoeur et rapport de force

Enfin (j’écris “enfin” parce que je vais m’arrêter là dans les arguments, mais j’aurais pu continuer à ajouter à cette liste..), la punition nuit à la relation. 

Quand vous punissez, vous imposez. 
Vous n’êtes pas avec, vous êtes contre. 
Et vous êtes en train de passer le message suivant : “Je détiens tout pouvoir sur toi.”“Je suis plus fort, et je peux t’imposer ce que je veux”. 

Sauf que personne n’aime entendre ça. 

En général, quand on cherche à contrôler quelqu’un, ça a plutôt tendance à le pousser à se rebeller, l’avez-vous remarqué ?
Ça nuit à la coopération.

Clairement, le résultat, c’est une déconnexion. 
Là où, je vous le rappelle, ce qui nous permet d’avancer ensemble, c’est bien la connexion !

O

Si vous êtes trop souvent dans cette démarche de déconnexion, le résultat sera une absence de lien, tout simplement. 

Et peu à peu, la punition encouragera plus à la dissimulation qu’au partage. 
C’est logique, non ?

A la place, simplement écouter son enfant crée parfois une toute autre dynamique… Oui, l’écoute active mériterait à être enseignée à tous les parents…

Remarque : cette dissimulation sera encore plus systématique chez les ados que chez les enfants.
Non pas parce que les enfants en auront moins envie, mais parce que c’est plus facile pour un ado, à moins de l’enfermer à la maison…

Thomas Gordon écrit d’ailleurs (dans Parents Efficaces) : “Dans les familles où les parents se sont basés principalement sur leur pouvoir pour contrôler et diriger leurs enfants au cours de leur jeune âge, les parents se préparent inévitablement un dur choc lorsque leur pouvoir perdra son importance et qu’ils n’auront plus ou presque plus d’influence.”

Conclusion : la punition n’est pas seulement inefficace mais carrément contre-productive ! 

Pour bien comprendre l’impact de la punition 

Je sais que tout ceci peut rester un peu théorique. Ça vaut pourtant la peine de s’y attarder un peu…
Car l’idée de l’éducation positive, c’est surtout d’être une éducation consciente !

Alors, à la manière de F&M, j’aimerais vous proposer une projection, pour que vous appréhendiez mieux tous ces points. 
On va jouer à “mets-toi dans mes chaussures” ! 
Vous êtes prêt ? C’est parti. 

Vous êtes puni

Partons d’une situation évidemment rarissime, puisque nous, parents, savons toujours comment bien nous comporter… et imaginons un parent qui crie sur ses enfants.

Dans le fond, ce parent sait que ce n’est “pas bien”, et il n’en est d’ailleurs pas fier…
(combien de fois je vous ai entendu parler de cette culpabilité qui vient après les cris..)

Ça vous est déjà arrivé ? 
Bon, j’imagine que oui.. comme à moi… alors qu’on a l’impression de faire de notre mieux, pas vrai ?

Donc imaginez que, dépassé par la situation, vous avez crié sur votre enfant. 
Imaginez maintenant que quelqu’un (l’autre parent par exemple) vous donne une punition pour sanctionner ce comportement inadéquat, et “poser des limites”.

Qu’est-ce que ça fait en vous d’être puni ? 

Je parie que, comme l’explique Haïm Ginott : 

1- Vous êtes tellement furieux contre votre partenaire qui se permet de juger ce que vous faites sans savoir ce que vous avez traversé avant d’en arriver là, que vous ressassez ce ressentiment sans repenser, justement, à ce qui vous a conduit à ça.

2- Vous n’êtes pas plus avancé ni plus compétent pour éviter les cris la fois suivante

3- Ce qui n’est pas grave, puisque dans le fond, vous considérez que vous avez “payé” pour ce que vous avez fait, ça efface l’ardoise, et vous pouvez repartir d’une page blanche, sans vous poser plus de question.

4- En revanche, vous sortez de l’expérience avec une rancoeur contre votre partenaire, qui vous pousse à ne plus lui faire confiance… et d’ailleurs, la prochaine fois que vous criez sur vos enfants, vous éviterez de le lui dire ! 

cqfd.

De quoi auriez-vous eu besoin à la place de la punition ?

Allez-y, prenez une minute pour y réfléchir. 

Vous avez crié sur votre enfant… et ce serait une bonne chose de faire face à vos responsabilités.
Qu’est-ce qui pourrait vous aider ?
Quelles attitudes pourrait avoir votre conjoint qui se révèleraient bien plus “productives” que la punition ?

Voici ce qui me vient, lorsque je me projette… à vous de voir si ça vous parle. 

Écoute et compréhension

D’abord, j’aimerais qu’il m’écoute. (Je dis “il”, parce que j’applique ce raisonnement à mon cas, mais libre à vous de changer le pronom !)
Qu’il m’aide à comprendre ce qu’il s’est passé en moi. Sans me juger. 
Je n’attendrais pas de lui qu’il me dise que j’ai eu raison et que c’était une bonne chose, bien sûr que non, mais pas qu’il me juge pour autant.

En fait, j’attendrais de lui qu’il m’aide à voir le problème en face. A faire face à ce qui a causé ce comportement. 
J’aimerais qu’il m’aide à mieux me comprendre.
Car j’avais une raison, c’est sûr. Et même une raison positive. Mais elle peut être difficile à voir.

Expression de soi

Ensuite, s’il ressent que c’est inacceptable pour lui (je vous rappelle que nous traitons ce cas comme un parallèle à ce qui peut nous arriver avec les enfants), j’aimerais qu’il me le dise gentiment, en parlant bien de lui. 

Ça ressemblerait à quelque chose comme : 
“J’entends comme ça a dû être difficile pour toi, et je comprends mieux comment tu en es arrivée là. De mon côté, je sens que ça me secoue, et ça ne me convient pas d’être dans une maison où l’on se crie dessus. Je ne suis pas d’accord. Est-ce qu’on pourrait voir ensemble comment on pourrait éviter ce genre de situation à l’avenir ? »

Aide à la recherche de solution

Enfin, on discuterait de nos idées. 

Par exemple, si on s’aperçoit que je deviens impatiente quand le rythme est trop soutenu en fin de journée, on pourrait chercher ensemble comment l’alléger un peu. 
Il pourrait aussi m’aider à chercher comment j’aurais pu réagir autrement, pour que j’aie plus de chances d’avoir d’autres idées la fois suivante. 
On pourrait convenir d’un signal entre nous pour qu’il prenne le relai quand je sens que je vais déborder. 

Quelle différence cela fait-il ?

Est-ce que vous sentez à quel point, avec une telle démarche, le message est différent ? 

Dans le premier scénario, je me sens dévalorisée, incapable, et je me retrouve en colère, à rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. 

Dans le deuxième scénario, je me sens comprise, soutenue, et encouragée pour avancer et m’améliorer. 

Voyez-vous mieux la différence entre éducation positive et punitions ?

Alors, lequel des ces deux chemins préférez-vous ?

Continuez quand même de punir vos enfants, ou comment on réconcilie (temporairement) éducation positive et punitions

J’en arrive enfin à l’objectif de cet article. Celui de faire baisser la pression

Rome ne s’est pas faite un jour. Arrêter de punir ses enfants demande un cheminement.
C’est ok.
Vous faites de votre mieux, et c’est déjà pas mal ! 

Vous vous êtes lancé dans une démarche de parentalité bienveillante, qui demande du temps et de l’énergie.
Eduquer nos enfants, en soi, c’est un travail difficile ; les éduquer en intégrant les apports des neurosciences et de la communication non violente pour devenir des parents bienveillants, ça l’est encore plus.
Adoptons donc une approche bienveillante envers nous-mêmes également, et abandons l’image du parent parfait.

Donc, oui, l’objectif est bien de se débarrasser des punitions, et il n’y a pas de raison que vous ne puissiez pas le faire. 
Mais, encore une fois, pas du jour au lendemain.

D’ailleurs, au passage, vous verrez que vous risquez, en cherchant la « bonne » façon d’éduquer, de basculer parfois entre une attitude laxiste et une éducation autoritaire, voire un peu violente…
La question centrale restera la même : quelles sont les limites à poser, et comment les poser dans un cadre bienveillant.

La remise en question

Si vous me lisez encore, c’est probablement que vous commencez à votre tour à remettre en question la punition. 

C’est déjà un grand pas ! 

Parce que sortir d’un modèle qu’on connait, c’est accepter de s’ouvrir à d’autres possibilités, c’est accepter de sortir de sa zone de confort. 

Voir les choses d’un autre point de vue, c’est un gage d’ouverture d’esprit. 
Et c’est un énorme premier pas vers le changement. 

On ne peut pas changer avant de s’être ouvert à la possibilité que c’était possible.

Donc, si ce que vous avez lu jusqu’ici est déjà une remise en question, restez un peu avec ça.
Le temps que ça infuse. 

Les alternatives

Ensuite, si vous voulez sortir des punitions, vous aurez besoin de développer d’autres outils. 
D’avoir des alternatives à votre disposition. 

Ben oui, parce que sinon, vous allez vous retrouver perdu devant un comportement inadéquat. 

Vous ne voudrez pas punir, parce que vous avez bien compris que ça n’aiderait pas, mais vous n’aurez pas d’autre idée. 
(normal, puisque la punition reste LA méthode de votre entourage)

Alors, vous risquez fort de ne rien faire, et c’est là que BOUM vous basculerez sans l’avoir voulu dans la permissivité… parce que vous ne saurez plus comment poser vos limites. 
Et puis.. vous souffrirez de la situation, alors vous craquerez, et BOUM, vous retomberez dans l’autoritarisme.
Et puis, vous regretterez… alors… vous m’avez comprise ! 

Donc, on prend les choses dans l’ordre, on ne laisse pas tomber tout le cadre d’un coup, on apprend d’abord à le poser autrement

Vous voulez, vous aussi, apprendre ces alternatives ?

👉🏻 Inscrivez-vous à la formation « Sortir des punitions »

Et tant mieux, en fait, si ça prend un peu de temps.

Parce que… ça m’amène à mon avant-dernier point.

Le contexte

Je vais être honnête : même si vous pouviez magiquement savoir manier les alternatives, elles ne fonctionneraient probablement pas avec vos enfants.

Je vous entends d’ici : “Pardon ? Tu es en train de me dire que la parentalité positive ne fonctionne pas ?”
Non. Je suis en train de vous dire que si on cherche à changer de méthode sans avoir changé le contexte, ça ne marche pas. 

C’est logique dans le fond. 
Allez, reprenons le jeu de “mets-toi dans mes chaussures” pour que vous compreniez bien.

Vous travaillez dans une entreprise, et votre responsable supérieur est dans une relation complètement verticale. 
Il vous impose son point de vue sans vous demander votre avis, il vous critique et vous sanctionne quand vous faites des erreurs, il surveille tout ce que vous faites et n’écoute pas vos raisons d’agir quand les actions ne lui conviennent pas. 
Clairement, vous êtes plein de rancoeur, et sans aucune envie de collaborer avec lui. 

Un jour, il lit que son comportement n’aide pas ses employés à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Il lit que la confiance et l’autonomie ont bien plus de chances de créer une ambiance propice à un travail bien fait. 

Le lendemain, il décide qu’il ne va plus surveiller. Comme ça, d’un coup.
Est-ce que vous allez immédiatement vous mettre au travail avec plaisir, ou est-ce que, plutôt, vous en profiterez pour en faire le moins possible ?

Vous m’avez comprise, n’est-ce pas ? 

La relation

Avant de se débarrasser des punitions, et d’utiliser d’autres méthodes pour poser nos limites, il va nous falloir créer un climat de confiance et de coopération. 
On va travailler sur la relation avec notre enfant.
C’est la relation qui est au coeur de la parentalité positive. 

Je ne sous-entends que vous n’avez pas une bonne relation avec votre enfant.
Mais compte-tenu du modèle ambiant, vous avez peut-être ue relation toute verticale, correspondant à la croyance reçue que l’adulte est supérieur à l’enfant, et que ce dernier devrait juste lui obéir sans discuter.

La parentalité positive encourage à développer une relation plus horizontale.
Une relation d’échange et de confiance.

C’est d’ailleurs ça qui est beau ! 
Parce que tout est là : dans cette belle relation qu’on veut avoir avec eux.

Et franchement, ça en vaut la peine !!
D’ailleurs, quand j’ai demandé à Oscar, mon fils de 21 ans, ce qu’il pensait être les bienfaits de l’éducation qu’il avait reçue, il a cité en premier « l’ambiance familiale » !

Le courage d’avancer sur le chemin

Voilà, j’arrive au bout de mon article. 
J’espère vous avoir transmis à la fois de l’inspiration, et du lâcher-prise. 

Je sais que ce chemin de “poser ses limites sans recourir à la punition” peut être effrayant. 

Parce qu’il sort des sentiers battus, et que les objections s’enchainent dans notre cerveau qui cherche à revenir à ce qu’il connait : 
“Et si ça ne marche pas ?”
“Et s’ils deviennent des enfants rois ?”

Alors, pour conclure, j’ai envie de reprendre ce que nous transmettait ce week-end Victoria Guillomon, que j’ai également découverte au congrès Innovation en éducation (comme ça, la boucle est bouclée) : est-ce que vous préférez être guidé par la peur ou par l’amour ?

A vous de faire votre choix.

Dans l’épisode précédent « Égalité, source de rivalité », je vous encourageais à vous éloigner de la recherche d’égalité pour traiter chacun de vos enfants comme s’il était unique.

C’est parfois plus facile à dire qu’à faire…

On se retrouve régulièrement face à des situations où l’égalité semble la seule manière de s’en sortir.

Parlons aujourd’hui de l’une de ces situations, et des choix qui s’offrent alors à nous.

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous voulez voir la formation sur les émotions que j’évoque à la fin de ce podcast, il vous suffit de suivre ce lien.

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Égalité, cas concret

Bonjour les parents qui cheminent. 

Dans mon épisode précédent, intitulé “Égalité, source de rivalité”, je vous avais parlé de cette démarche, que l’on a tendance à appliquer en tant que parent : on veut être sûr que chacun de nos enfants ait la même chose. Comme ça, on ne prête pas le flanc à des commentaires du type : “Mais pourquoi lui, il est plus que moi ?”. 

Je vous avais promis de vous expliciter les options possibles, dans un cas très concret d’une maman, qui suit la formation En finir avec les disputes dans la fratrie, qui sort des comparaisons et de la recherche d’égalité entre ses enfants, et qui me dit : “Il y a quand même des cas, où je me retrouve dans des situations, dans lesquelles je me sens un petit peu démunie. Je ne sais pas comment faire autrement.”  Son exemple est le suivant : “Quand je vois qu’il ne reste que peu de céréales pour le lendemain matin, je fais deux pots égaux séparés pour éviter les drames”. C’est-à-dire que le drame, ce serait que son fils arrive en premier et en laisse à peine, voire fini toutes les céréales, avant l’arrivée de sa sœur, par exemple.

Comment fait-on effectivement dans ces cas-là ?

C’est une chose de dire qu’on ne cherche pas l’égalité. Mais on va se retrouver au quotidien face à des situations comme ça, dans lesquelles clairement, il n’y a juste pas assez de céréales pour les deux. Donc, quelle serait la manière “juste” de se comporter dans notre système ? La justice, c’est souvent le partage et donc on va se retrouver à se dire : “Bon bah voilà, je vais prendre la décision tout de suite, au moins il n’y aura pas de drame”. 

Et cela peut être OK, de prendre cette décision-là, parce qu’on fait aussi avec les moyens du bord. Et si on sait que le lendemain matin (parce qu’on a déjà vécu ce genre de situation), cela risque de faire un drame, que l’on n’a pas le temps et que l’on veut éviter les choses, peut-être qu’une option, qui est écologique pour nous à ce moment-là, c’est effectivement de séparer en deux pots pour que chacun ait la même chose et que ce soit plus simple à gérer (cela ne donne pas forcément l’idée que ce sera plus simple à gérer, parce que les enfants peuvent encore s’interroger sur les raisons pour lesquelles il y a deux pots. “Et oui, mais les dernières fois qu’on a fini un paquet,…”). S’ils sont vraiment en rivalité, ils peuvent toujours trouver à redire. Mais effectivement, on a quand même tendance à se dire que ça va simplifier les choses.

Quel problème cela induit-il ?

En réalité, il y en a deux. Le premier, c’est effectivement cette notion d’entretenir nos enfants dans cette recherche d’égalité à tout prix, donc de rester dans la comparaison et d’entretenir la rivalité, comme on en a parlé dans l’épisode précédent. Le deuxième, c’est que finalement, on les prive d’une opportunité d’apprentissage, puisque faire face à cette situation dans laquelle il n’y a pas assez de céréales pour les deux, c’est une opportunité d’apprentissage.
Donc, nous, notre comportement, notre réaction par rapport à cela, va s’adapter à la priorité qu’on a à ce moment-là et les ressources qu’on a pour faire face à la situation.

Ainsi, dans le cas de la maman qui m’écrit, sa priorité, clairement, c’était que la préparation du matin se passe bien, que ce soit plus simple, plus fluide. Et donc, elle n’avait pas forcément en elle les ressources qu’il fallait pour accompagner ses enfants, si jamais cela se transformait en drame. Donc le choix qu’elle a fait, c’est de séparer les pots.

Que faire pour que cela devienne une occasion d’apprentissage ?

Si jamais, c’est effectivement le choix que vous faites : qu’est-ce que vous pouvez faire pour que ce soit quand même une occasion d’apprentissage ?

C’est qu’au moment où vous le faites, vous séparez les pots ce soir-là, parce que ce sera plus simple pour le lendemain matin. Mais, vous pouvez quand même (du fait d’en avoir pris conscience au moment où vous le faites) lancer la conversation et cela pourra vous 

servir pour une occasion suivante, où ce genre de cas se représentera.

Aborder le sujet

Par exemple, le lendemain soir, vous pouvez aborder le sujet en disant par exemple : “Tiens, je voulais vous parler d’un truc. Hier soir, quand vous étiez déjà couchés et que je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas assez de céréales pour vous deux ce matin, j’ai pris la décision, comme vous l’avez vu, de séparer les céréales, qui restaient en deux pots. Et d’ailleurs, je crois que ça s’est bien passé ce matin. Ok, mais finalement, je me suis dit : Est-ce que c’était vraiment une bonne démarche ? Parce que du coup, j’avais présupposé que, dans le cas où il n’y a pas assez de céréales, la meilleure solution était de séparer en deux. Mais est-ce que c’est vraiment la meilleure solution ? Est-ce que si ça se trouve, vous, vous préférez dans ces cas-là (quand il n’y a pas assez pour un bol complet) prendre autre chose que des céréales ? Si ça se trouve, vous auriez pu trouver votre propre solution, en fait. Qu’est-ce que vous en dites ? Qu’est-ce que vous auriez fait si vous étiez descendus et qu’il n’y avait pas eu assez de céréales pour vous deux ? Comment pensez-vous que ça se serait passé ?

Alors là, déjà, il peut y avoir un échange autour de cela. Comment ça se serait passé ? Comment auriez-vous réagi ? Afin qu’eux aussi puissent prendre du recul par rapport à cela. Et puis, si on se rend compte dans la conversation, qu’effectivement, la façon, dont cela se serait passé, aurait réellement été un drame. Genre, il y en a un, qui admet avec toute bonne foi, et d’ailleurs, on peut le remercier de sa bonne foi, que : “Ah ben moi, clairement, si j’étais descendu le premier, j’aurais pris des céréales et puis c’est tout”. “Ah ben moi, je n’aurais pas été contente”, aurait dit l’autre ? par exemple.

On pourrait dire : “OK, et du coup finalement, c’était plutôt une bonne idée pour ce matin, de séparer les deux, parce que ça a rendu les préparatifs plus simples. Mais qu’est-ce qu’on pourrait envisager d’autre ? Qu’est-ce qui aurait été chouette de faire dans ces cas-là ? Qu’est-ce qu’on pourrait faire la prochaine fois ? Est-ce que vous avez vraiment besoin que je sépare les céréales en deux pots, quand il n’y en a pas assez ?” 

Vous voyez, on peut lancer cette conversation ; On peut discuter et peut-être que les enfants ne vont pas tout de suite trouver une solution qui convienne à tout le monde. Mais, rien que le fait de soulever cette question, d’en discuter, …, cela va les aider à y réfléchir. Cela va planter une graine. Et puis, il y a aussi la possibilité, qui n’est pas à ignorer (on ne peut pas prédire le pire), qu’ils trouvent effectivement une solution d’eux-mêmes, ou voir que dès le départ, ils disent effectivement que : “Non, en fait, moi, je n’aime pas avoir un demi bol, j’aime mieux dans ces cas-là, s’il n’y a pas assez pour tout le monde, prendre carrément autre chose”.
Voilà, donc c’est vraiment une conversation à lancer. Ce qui permet de faire le lien avec l’autre cas dans lequel on ne fait rien par rapport aux céréales, je veux dire, d’accord !

Donc voilà, ce que je veux dire, c’est que si nous, on décide que nos ressources pour le matin, on ne les a pas, et que donc la priorité, c’est que ce soit fluide. Si on pense que c’est la meilleure solution, c’est ok de partager en deux pots temporairement, pour le court terme. Il est important de saisir quand même, d’avoir conscience qu’il y a un point d’apprentissage, et donc saisir ce point d’apprentissage, pour lancer la conversation et faire évoluer la famille et les enfants.

Ne rien faire et observer

Maintenant, l’autre option, c’est de décider de ne pas séparer les céréales en deux pots. Et dans ces cas-là, qu’est-ce qui se passe ? Donc, on ne fait rien sur les céréales et on observe ce qui se passe le matin. Le premier cas, qui n’est pas forcément impossible, c’est qu’il n’y ait pas de drame, D’accord ! Donc, on peut ne rien faire et observer, qu’il n’y ait pas de drame, qu’ils trouvent leur solution et que tout se passe bien. Et dans ces cas-là, on note bien le fait que, franchement, on n’avait pas beaucoup confiance en nos enfants, que c’est quand même chouette de voir que cela peut bien se passer, et qu’on n’est pas obligé d’anticiper toujours le pire. On pourra même le leur dire en disant : “Oh là là les gars, j’ai vu qu’il ne restait pas assez de céréales pour tous et finalement vous avez trouvé votre solution. Et c’est hyper agréable pour moi de voir que, même quand il y a quelque chose qui n’est pas comme d’habitude, dans la routine, ça reste fluide le matin”.
On peut tout à fait s’en saisir et le commenter.

Traverser ce qui se passe

Maintenant, dans le cas peut être plus probable, selon cette maman, en tout cas, où cela se passe en drame, on peut se saisir de cela, comme justement, une opportunité d’apprentissage, déjà du fait de traverser ce qui se passe. C’est-à-dire qu’on peut accueillir (dans l’exemple qu’elle avait donné, où ce serait son fils qui descendrait en premier, qui prendrait toutes les céréales et que la fille serait frustrée), accueillir ce qui se passe pour sa fille et refléter sa frustration : “Ah ben mince, il y a plus de céréales pour toi et du coup, tu es déçue. Et toi, tu penses qu’il aurait dû t’en laisser ? Je comprends”. Voilà, il n’y a pas de jugement là-dedans. Ce n’est pas nous qui allons dire : “Ah oui, effectivement, il aurait dû t’en laisser”, mais on va refléter ce qu’elle pense. 

Et ça, c’est un accompagnement de nos enfants pour qu’ils soient à l’écoute de ce qui se passe et de les interroger : “OK et qu’est-ce que tu vas faire du coup maintenant ?” On peut l’accompagner à cela.

Lancer la discussion là-dessus après

Et dans tous les cas, cela n’empêche pas de faire ce qu’on a dit dans le premier cas, c’est-à-dire qu’ensuite (peut-être pas le matin), en profiter pour lancer la discussion là-dessus : “Tu as vu ce matin que ça ne s’était pas très bien passé, puisque ta sœur était déçue qu’il n’y ait plus de céréales. La prochaine fois qu’il n’y a pas assez de céréales pour tout le monde, que pensez-vous que l’on puisse faire pour que ça se passe bien pour tout le monde ?”

Ne rien faire le soir et anticiper le matin

Ou on peut également ne rien faire le soir et anticiper cela le matin, avant que la crise ne se produise. On peut, mais ça, ça dépend encore une fois de notre disponibilité et de nos ressources. 

Peut être qu’on n’a pas l’espace pour faire ça le matin, mais on peut aussi décider d’anticiper. C’est-à-dire (j’ai conscience que c’est s’ajouter de la charge mentale dans le rythme du matin, et ce n’est peut être pas la bonne option. Je vous donne juste la liste des options qui existent, pour que chacun fasse ses choix en fonction de son contexte) que vous pouvez donc anticiper, c’est-à-dire vous dire le soir : “Tiens, c’est parfait !” (Évidemment, ce n’est pas parfait, mais finalement, cela va être encore une fois une opportunité d’apprentissage). Donc, vous pouvez juste anticiper le lendemain matin.

Ainsi, le lendemain, quand les enfants descendront, on pourra leur dire : “Les enfants, il faut juste que je vous prévienne : il n’y a pas assez de céréales pour vous deux. Donc j’aimerais qu’avant que vous vous serviez, vous décidiez ensemble de “Comment vous allez faire pour que tout le monde soit satisfait?” Je ne sais pas si, du coup, vous avez tous les deux envie de céréales ou pas ce matin. Mais ça vaudrait peut-être le coup d’avoir un échange autour de ça.” 

Et ensuite, on voit comment ça se passe, on les laisse se débrouiller, autant que possible. Si on voit que la conversation ne se passe pas bien, ça veut dire qu’ils ont encore besoin de soutien, dans le développement des compétences de gestion de conflits

Et dans ces cas-là, je vous envoie directement sur ma formation En finir avec les disputes dans la fratrie, qui va vous expliquer comment les aider à développer les compétences de gestion de conflits, à savoir :

  • traverser ses émotions,
  • écouter celles des autres,
  • réussir à définir le problème en tenant compte des points de vue de chacun,
  • trouver des alternatives à l’agressivité pour essayer de nourrir son besoin,
  • voir quelles seront les conséquences des différentes alternatives,
  • choisir la bonne entrée en discussion,
  • s’affirmer.

Bref, tout un tas de compétences, qui sont précieuses pour tout de suite, mais aussi à long terme, pour quand ils seront grands.

Voilà, j’espère que cet exemple vous donne des pistes concrètes. Si vous êtes confrontés à des situations similaires, et que du coup, cet épisode vous aide à voir les situations autrement, mettez-les en commentaire, ce sera toujours intéressant. Et si vous pensez que ce podcast peut aider d’autres parents, partagez-le.

Je vous souhaite une bonne fin de journée. À bientôt !

Quand on sent que nos enfants se sentent en rivalité les uns par rapport aux autres, on a tendance à s’assurer que tout soit bien égal entre eux, pour ne pas donner prise à des réflexions du type : “Pourquoi il a ça et pas moi ?”.

Pourtant, cette habitude va plutôt accentuer le phénomène !

Dans cet épisode, je vous parle des raisons pour vous éloigner de cette notion d’égalité…

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription. 

Égalité, source de rivalité ?

Bonjour les parents qui cheminent !

Égalité, source de rivalité ? Oui, on a tendance à vouloir traiter nos enfants de la même manière. Etre sûr qu’il reçoivent la même chose, car comme ça, au moins, il n’y aura pas de rivalité entre eux. Les parents n’auront rien à justifier pour expliquer que : “Oui, mais l’autre, il a plus que moi !”. Et pourtant, plus on cherche l’égalité, plus on entretient cette rivalité ! Voilà ce dont je vais vous parler aujourd’hui.

Mise en contexte

Je sais que c’est un peu contre-intuitif… Remettons d’abord les choses dans leur contexte ! Quand on parle de rivalité, en fait, c’est que l’on réfléchit à comment éviter les disputes entre les enfants. 

Quand on sent une rivalité entre nos enfants, on sent qu’ils ne se sentent pas bien à leur place. Et non seulement, on est malheureux pour eux, qu’ils ne se sentent pas bien à leur place, qu’ils ne trouvent pas leur place dans la famille, mais en plus, cette réalité crée des disputes dans la famille. 

Soyons clairs, ce n’est pas tout à fait le cas dans toutes les familles, même quand il y a des disputes entre enfants. Il y a en fait, 2 grandes catégories de disputes : il y a les disputes qui découlent de cette rivalité et il y a les disputes qui découlent d’un manque de compétence en gestion de conflit. 

Parce que je fais une grande différence entre le mot dispute et le mot conflit. C’est-à-dire que j’ai une formation, qui s’appelle En finir avec les disputes dans la fratrie, dans laquelle j’explique qu’en finir avec les disputes, ce n’est pas en finir avec les conflits. Dans la mesure où il y a toujours des situations de conflit, car il y a des moments où nos besoins sont en “compétition” : on n’a pas besoin des mêmes choses au même moment et parfois nos besoins ne correspondent pas à ce que l’autre voudrait. Par exemple, l’un a besoin de compagnie, lorsque l’autre a besoin de calme. Et forcément, cela vient en compétition, donc il y a conflit ! 

La question est de savoir : comment va-t-on gérer ce conflit ?  Est-ce que l’on va gérer ce conflit avec violence, agressivité,… ? Et cela veut dire transformer cela en dispute ou est-ce que l’on va réussir à gérer ce conflit en discutant, en ouvrant la conversation, en étant plein d’empathie, en écoutant le point de vue de l’autre, en sachant s’affirmer,… Et ça, ce sont des compétences de gestion de conflit !

Gestion des conflits

On voit bien que c’est quelque chose qui peut manquer à nos enfants et même aux adultes, mais cela explique en partie les disputes. D’ailleurs, quand on se dispute, par exemple, avec quelqu’un au téléphone ou bien qu’on se dispute avec quelqu’un dans la rue,… Car ça nous arrive de nous disputer avec quasiment des inconnus. Et ces inconnus là, on n’est pas en rivalité avec eux, en général. On se dispute avec eux, parce qu’on n’a pas dans cette situation suffisamment de compétences de gestion de conflit, pour nous permettre de voir un autre moyen de gérer ce que l’on fait là. Ok, donc ce que l’on cherche à faire, ce n’est pas de nous débarrasser du conflit, puisque le conflit, par essence, il est logique qu’il existe dans certaines situations. Ce que l’on veut en revanche, c’est sortir des disputes et savoir gérer les situations de conflit avec bienveillance

Quand les disputes découlent de la rivalité

Maintenant, je voudrais vous parler du cas particulier, où ces disputes découlent en réalité d’une rivalité. Donc on n’est pas seulement dans une question de compétences au niveau de la communication, au niveau relationnel, pour réussir à éviter le quiproquo et la logique classique de notre société, qui est beaucoup dans le rapport de force de “Je vais te démontrer que j’ai raison et que toi, tu as tort”. Mais c’est plutôt aborder une situation, qui est dans une énergie de rivalité, en fait, la personne est en rivalité avec l’autre, elle est dès le départ dans un positionnement un peu de revanche. Elle cherche déjà la rivalité parce qu’elle a du ressentiment par rapport à l’autre. Elle cherche à faire en sorte que l’autre ne se sente pas bien. 

Donc elle n’est pas en train de transformer son conflit en dispute par manque de compétences, elle est en train de transformer son conflit en dispute parce qu’elle a l’impression que c’est ce qui va faire souffrir l’autre. Et c’est son but, vous voyez ce que je veux dire ! 

Dans ces cas-là, il est important de travailler effectivement sur ce sentiment de rivalité, qui existe dans la fratrie. Parce que si ce sentiment est trop fort (ça dépend des fratries, mais quand il y a un vrai grand sentiment de rivalité qui s’est installé entre un frère et une sœur, entre deux frères, entre deux sœurs), on va se retrouver dans une situation dans laquelle l’enseignement des compétences de gestion de conflit se heurte un peu à un mur, puisque dans le fond, l’enfant n’a pas envie d’apprendre ces compétences, puisqu’il ne veut pas sortir de la dispute en réalité. Dans ces familles là, c’est souvent le cas quand les enfants sont très proches. 

En particulier, il peut arriver des situations dans lesquelles l’aîné a du ressentiment envers le suivant, qui est proche, ou alors ça peut être entre l’aîné et le deuxième, ou ça peut être s’il y a un aîné qui a plusieurs années de plus que les 2 suivants. Par exemple, on peut se retrouver avec un aîné effectif, même s’il n’est pas réellement dans la même famille puisque il est aîné par rapport au suivant, vous voyez ce que je veux dire. Toujours est-il que dans ces situations-là, il est classique (pas systématique heureusement), que le plus grand des 2 enfants proches se retrouve un peu “menacé” par le suivant et cherche à prouver son importance à lui, en essayant de montrer sa supériorité. 

En réalité, il est entré dans cette question de rivalité, comme si son propre rôle n’existait que s’il arrivait à montrer à tout le monde, lui y compris, qu’il était supérieur à l’autre, et donc en rabaissant l’autre autant que possible. C’est ça un peu la rivalité entre frères et sœurs, en tout cas, le cas le plus classique.

La résultante à cette rivalité : la course à l’égalité

Or une chose que, nous en tant que parents, on a tendance à faire en réaction à ça, et qui en réalité, entretient cette rivalité, c’est justement de chercher l’égalité. Parce que cette rivalité se traduit parfois par des plaintes de la part d’un ou des deux enfants, sous l’angle de “Oui, mais pourquoi lui, il a droit à ça et pas moi”. On voudrait ne pas donner de point d’accroche à cette plainte là, en se disant qu’on va donner la même chose à chacun. Et ce que je veux vous dire aujourd’hui, c’est que malheureusement, c’est contre-productif !

Egalité = comparaison = ressentiment

Alors pourquoi c’est contre-productif ? Là encore, il faut que je revienne un pas en avant. Avant de parler d’égalité, je vais vous parler de comparaison. La comparaison est une source de tension entre les enfants. Et si je pousse le cas de façon un peu caricaturale, vous allez bien comprendre. C’est-à-dire que vous imaginez bien que si je vais en face de mes enfants et que je dis ouvertement : “Ton frère est beaucoup plus intelligent que toi, il est beaucoup plus gentil, pourquoi est-ce que toi, tu n’arrives pas à faire les choses comme je te le demande ? comme le fait ton frère. Et pourquoi il faut toujours que je te répète 10 fois la même chose ? Alors que ton frère, regarde il est déjà prêt,… 

Quand je compare comme ça, forcément je crée du ressentiment chez l’enfant à qui je le dis. Et en réalité, même chez les deux ! C’est-à-dire que je crée un ressentiment chez l’enfant auquel je dis ça, d’accord puisqu’il se dit : “Non mais ça va, mon frère a toujours raison, il est toujours mieux que moi… Je vais lui montrer, moi, ce que ça fait d’être mieux. Je vais montrer à mes parents qu’il n’est pas toujours mieux”,… Puis je vais me venger, en fait, contre lui.

Mais même l’enfant, que l’on valorise, n’est pas bien. Imaginons qu’il y ait un grand frère et une petite sœur. Et que l’exemple que j’ai donné, soit quelque chose que j’ai dit à la petite sœur. Si je ne dis pas ça à la petite sœur, mais que je dis au grand frère :” Ah qu’est-ce que c’est agréable de voir toute l’aide que tu m’apportes dans la maison ! Ta sœur, c’est pas elle qui aurait fait ça !”

On pourrait imaginer que le fait de ne pas dire ça à la petite sœur ne crée pas de ressentiment. Mais en réalité, on entretient dans ce cas le grand frère dans un positionnement de” Je t’aime parce que tu es mieux que ta sœur, parce que tu vaux mieux que ta sœur”. Ainsi, on l’encourage finalement à continuer d’écraser sa sœur pour garder cette position-là.

La comparaison implicite

Donc tous les exemples que je viens de donner (j’espère que ce sont des choses que vous ne faites déjà pas chez vous !), puisque là je vous ai donné l’exemple d’une comparaison directe, qui assez facilement semble quelque chose qui va heurter la relation entre les frères et sœurs. Vous êtes bien d’accord que si on veut instaurer entre eux une complicité, les encourager à ne pas être l’un contre l’autre de cette façon-là, ça ne risque pas d’aider. 

Le problème, c’est que cette comparaison est parfois plus subtile que ça. C’est-à-dire que parfois la comparaison est un peu implicite

Par exemple, je me souviens m’être attrapée moi-même dans une situation comme ça, où je m’adressais à ma fille, il y a plusieurs années : “Alors, on attend plus que toi ! Tout le monde est déjà dans la voiture. Qu’est-ce que tu fais ?” Bon là, clairement, on sous-entend que ses frères (en l’occurrence ses frère puisque je n’ai qu’une fille) ont été plus rapides qu’elle. Et donc, on est également dans la comparaison !

Ou bien quand on fait des comparaisons liées à l’âge, et très souvent le cas : “Oui, mais toi tu es grand”. Cela sous-entend que l’on est en train de le comparer à l’autre. Et donc d’insister sur le fait que le “grand” vaut plus que le petit. Bien sûr que ce n’est pas ce que l’on pense fondamentalement, mais c’est un message que l’on passe. Alors, je pourrais creuser ça, mais je vois que je n’arrive pas encore à ce que je voudrais vous présenter aujourd’hui, donc je vais accélérer un petit peu.

La comparaison, source de rivalité

Pour vous dire que quand je vous parle de comparaison, je crois que vous voyez bien l’idée que cette comparaison va en fait entretenir la rivalité. Puisque la comparaison est une source de compétition. En fait, quand on compare, c’est que l’on est en compétition. Et nous, ce que l’on veut instaurer dans notre famille, ce n’est pas l’esprit de compétition, c’est l’esprit d’équipe justement et de coopération ! On va donc vouloir s’éloigner des comparaisons.

Egalité versus Equité

Si je vais donc un cran plus loin et que je viens vers le principe de l’égalité. En réalité, vous voyez que mathématiquement, c’est la même chose. Parce que pour savoir s’il y a égalité, il va falloir comparer. Donc si on cherche à apporter à chacun de nos deux enfants la même chose, c’est que l’on reste dans une démarche de comparaison, de voir s’ils ont la même chose ou pas. Ainsi, on les entretient eux-mêmes dans cette réflexion, dans cette observation : “Est-ce que j’ai la même chose que l’autre ou pas ?” 

Or en réalité, cette égalité n’est pas atteignable. C’est une utopie de penser qu’on va toujours, à chaque instant de la vie, donner la même chose à chaque enfant. D’abord parce qu’ils n’ont pas la même chose, par définition, depuis qu’ils sont nés. Ils ne sont pas dans la même famille : il y en a un qui est l’aîné, alors que l’autre ne l’est pas déjà. 

Ils ont également des parents qui sont différents, car les parents ont évolué entre le premier enfant et le deuxième. Ils ont des parents qui sont différents, car ils ne sont peut-être pas dans la même situation de vie, peut-être que le lieu d’habitation est différent, peut-être que le travail de l’un ou des 2 est différent. Bref, ce n’est pas la même vie ! Donc, ils n’auront pas la même chose au même moment, et ça c’est une première chose. C’est la réalité ! 

Parce qu’ils n’ont pas le même caractère non plus, d’accord. De plus, non seulement c’est une “réalité” parce qu’on peut pas faire autrement, mais c’est une réalité aussi, parce que c’est souhaitable. Chaque enfant est différent. Là je reviens sur le fait qu’ils n’ont pas le même caractère. Chaque enfant est différent, a des envies différentes, a des besoins différents,… Et donc l’idée, c’est d’apporter à chacun selon ses besoins. 

On n’est pas dans une question d’égalité : tout le monde doit avoir la même chose. Bien évidemment, on grandit dans une société qui nous apporte énormément cette notion. C’est pour ça que l’on a du mal à sortir de ce modèle. C’est vraiment ancré dans notre culture “Liberté, Egalité, Fraternité”. D’ailleurs à l’école, il y a énormément de choses qui sont fondées sur ce principe d’égalité. Bien que dans les programmes, on explique aux enseignants qu’il va falloir faire de la diversification, en fonction du profil de chacun.

On est quand même encore et beaucoup dans cette logique héritée : “Chacun doit avoir la même chose”. Et c’est d’ailleurs assez drôle de continuer à entretenir ça ! Quand les enquêtes prouvent que la France a, malgré ses grands principes d’égalité des chances finalement, un des taux de corrélation les plus forts, entre le niveau social dont l’enfant est extrait et sa réussite scolaire. Finalement, notre principe d’égalité ne fonctionne pas

Et pourquoi il ne fonctionne pas ? Parce que l’égalité à la maison, de toute façon, n’a pas lieu. Et donc finalement quelque part ce qu’il faudrait, c’est plutôt, non pas une égalité mais une équité, si on voulait donner l’égalité des chances, vous voyez ce que je veux dire !

Définition de l’équité

Donc la grande différence entre l’égalité et l’équité, c’est que l’égalité est “que tout le monde ait la même chose quel que soit le contexte, quelle que soit la personne qu’il est”. L’équité est “que chacun va avoir ce qui correspond à son besoin”. Et c’est en fait complètement logique.

Il y a plein de cas dans lesquels on ne pose pas la question de l’égalité. On ne s’est jamais dit qu’on allait nourrir notre enfant de 5 ans de la même façon que notre bébé, qui n’a que des biberons, que notre enfant de 15 ans, qui est en pleine croissance, qui est un ado et qui mange beaucoup plus. Voilà, dans ces cas-là, on apporte à chacun ce dont il a besoin. 

Sortir de la comparaison, pour se concentrer sur les besoins

Sortir des comparaisons, cela veut aussi dire sortir de l’égalité et penser à l’équité, c’est-à-dire à ce dont chacun va avoir besoin. Typiquement, s’il y en a un qui est plus petit que l’autre, peut-être qu’il aura besoin d’une chaise plus haute tout simplement. 

Voyez, moi j’aime cette image, que vous avez peut-être déjà vu, pour illustrer cette équité : 

3 personnes de taille différente derrière une barrière, qui veulent voir le match qui se passe de l’autre côté. Et en fait, si on donne une petite marche à chacun, il y en a un qui est beaucoup trop grand, parce qu’il pouvait déjà voir au-dessus sans marche du tout. L’autre, qui malgré la petite marche, reste en dessous, de niveau. 

L’équité, ce serait d’avoir une double marche pour le plus petit, une marche petite pour le moyen, et pas de marche du tout pour le grand, pour que chacun soit au même niveau. Cela, ce serait l’équité. L’idée, c’est que chacun puisse avoir les mêmes possibilités, mais pas avec les mêmes moyens. Et nous, en tant que parents, avons fourni les moyens. Donc si on se focalise sur le fait que chacun ait la même petite caisse, parce que comme ça, ils ne vont pas dire “Pourquoi lui, il a ça, et pas moi ?”, on entretient cette comparaison et finalement, en plus, on n’apporte pas à nos enfants ce dont ils ont chacun réellement besoin.

Sortir de l’égalité et se diriger vers l’équité

Alors maintenant, comment fait-on pour réellement sortir de cette égalité ? Ce n’est pas évident, d’accord, mais c’est assez fondamental ! D’ailleurs dans Frères et sœurs sans rivalité de Faber et Mazlish, il y a une phrase que j’aime beaucoup, qui dit “Bien qu’ils semblent vouloir exactement les mêmes choses, ils ne le veulent pas vraiment”. Et pourquoi ne le veulent-ils pas vraiment ? Parce que chacun de nos enfants, comme chaque être humain, a envie d’être reconnu pour ce qu’il est lui, il a envie d’être unique, il a envie d’avoir de l’importance, il n’a pas envie d’être géré comme un autre dans un paquet et que tout le monde soit pareil. Il a envie qu’on le voit lui, d’accord.

Chaque enfant est unique

Donc la clé pour ça, c’est de réussir à traiter notre enfant, comme s’il était unique ! A chaque fois, il faut revenir à lui, et même quand il nous parle de l’autre, on va essayer de revenir à lui. On essaie d’entendre ce qu’il nous dit et de revenir à ce qu’il en a déduit. 

Par exemple, “Mais pourquoi ma sœur a encore un copain, et moi, je n’en ai jamais ! C’est toujours Les copains de ma sœur qui viennent à la maison. Et c’est jamais les miens !”

Là par exemple, c’est lui qui fait la comparaison. Ainsi, nous au lieu d’essayer de nous justifier, en disant : “Mais non, regarde elle a un copain, mais elle n’en avait pas eu depuis 2 mois”, on va plutôt répondre en écoutant ce qu’il nous dit, en répondant à ce qu’il veut lui. C’est-à-dire : “Tu aimerais recevoir plus de copains ? Tu aimerais inviter qui toi ?” En ne parlant plus de sa sœur, le plus possible, vous voyez. On essaie de se recentrer sur lui, sur l’enfant en lui-même. C’est ça qui compte ! Il a besoin d’être entendu, pour lui, par rapport à lui et pas par rapport à sa sœur. 

Je sais que ce n’est pas complètement évident et que ça demande un petit peu de temps et d’entraînement. Mais je vous assure que cela peut réellement changer l’ambiance au sein d’une famille.

De plus, au-delà de l’écoute de nos enfants et de comment on peut réagir à ce qu’ils disent, il y a aussi nos comportements. Nos comportements qui, implicitement, vont vers une recherche d’égalité, tout simplement parce qu’on ne sait pas comment faire autrement. Et on a l’impression que c’est l’égalité qui va éviter la dispute. 

Un exemple concret dans mon prochain Podcast

La fois prochaine, je vous donnerai ma lecture et des options différentes dans un cas très précis : celui d’une maman qui m’a écrit, une maman, qui suit la formation En finir avec les disputes dans la fratrie, qui est donc déjà dans une démarche de sortir des comparaisons, pour baisser un petit peu la rivalité entre ses enfants. 

Elle m’a envoyé cette anecdote concrète : elle est dans une situation où elle se rend compte la veille au soir qu’il n’y aura pas assez de céréales pour les deux enfants le lendemain matin. Donc pour éviter la dispute du matin, elle sépare les céréales en deux pots égaux, comme ça, elle est sûre qu’elle évite les drames. En fait, ce qu’elle dit : “Je sens bien que dans ces cas-là, j’entretiens le principe de l’égalité, mais je ne vois pas comment faire autrement”. Et je comprends très bien qu’elle ne voit pas comment faire autrement, puisque c’est comme ça que l’on nous a appris les choses.

Voilà, ce sera le cas dont on parlera la prochaine fois, dans le prochain épisode. Abonnez-vous, si vous ne voulez pas le rater ! En attendant, j’espère que cette réflexion, autour de la comparaison et de l’égalité, vous aura aidé à comprendre comment baisser la rivalité dans votre famille, si c’est quelque chose auquel vous faites face. 

N’hésitez pas à partager cet épisode avec d’autres parents, si vous pensez que cela pourrait leur être utile. 

A très bientôt!

Faites-vous partie de ceux qui croient que l’éducation positive est synonyme de parent toujours zen ?

Croyez-vous ceux qui vous disent qu’il s’agit de toujours rester calme ?

Essayer d’appliquer ainsi la parentalité positive serait pour moi une erreur.

Ce serait imaginer que la colère n’a pas de vertu. Elle en a !

Quand nos limites sont dépassées, il est normal, et même souhaitable de ne pas se sentir calme !

La question est de savoir, en revanche, comment on va exprimer notre colère.

Et c’est là que tout change.

Non, je ne crie plus sur mes enfants, mais oui, je m’énerve encore.

Vous voulez creuser un peu cette différence avec moi ?

— Pour écouter ces contenus audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Le mythe du parent zen 

On associe souvent cela à l’éducation positive. Et vous, y croyez-vous ? 

C’est ce dont on va parler dans cet épisode. Je m’appelle Coralie. Et à travers mes formations, mes conférences et toutes les ressources du blog Les 6 doigts de la main, j’accompagne les parents et les professionnels sur Le chemin de l’éducation positive

D’où vient ce mythe ?

C’est la première question. La semaine dernière, j’animais un café-rencontre avec des parents et une maman m’a dit : “Ah oui ! Mais c’est tellement difficile. Parfois, on a juste envie de péter les plombs. Et à ce moment-là, il faut dire : Oh oui, mon chéri, comme je te comprends.” 

Alors non, je ne sais pas qui a diffusé cette idée qu’il fallait toujours dire : “Oui, mon chéri…” sur un ton doucereux. Ce mythe est un peu de la famille orangeade, dans laquelle le parent zen ne s’énerve jamais, fait de la méditation et contrôle tout, et tout le temps. 

En réalité, je pense que ce mythe vient d’une certaine réalité, qui fait qu’on s’énerve moins. Et ça, c’est vrai. 

Mais est-ce que vraiment, on ne s’énerve plus du tout ? Voilà ce que j’aimerais creuser. Et je vais vous parler également de la façon dont on s’énerve quand on essaie d’être un parent dit positif

Les parents positifs ne s’énervent plus du tout

Alors qu’est-ce que ça veut dire ? D’où vient ce mythe réellement ? D’où vient cette idée que le parent positif ne s’énerve pas ? Ainsi, ce qui est intéressant, c’est effectivement quand on avance sur le chemin de la parentalité positive, on arrête de s’énerver “pour tout et n’importe quoi”, et ça, je l’ai vécu. 

Le premier pas que j’ai fait concrètement sur ce chemin, le premier pas conscient que j’ai fait parce que la question en éducation m’intéressait déjà depuis un bon moment. J’avais déjà appris des choses, bien que je ne connaissais pas les termes de parentalité positive, de parentalité bienveillante, d’éducation bienveillante, de toutes les manières dont on veut bien l’appeler, qui pour moi, reviennent un peu au même. Et donc, je ne rentrerai pas dans le débat du vocabulaire utilisé. 

Ce qui est sûr, c’est que mon premier pas, sur ce que je disais, et c’était mon premier pas concret : c’était la décision de dire “Je ne veux plus crier sur mes enfants”.

Est-ce qu’aujourd’hui, plusieurs années plus tard, j’ai atteint cet objectif ? Oui. Est-ce que ça veut dire que je ne m’énerve plus jamais ? Non. C’est pour moi vraiment deux choses différentes

Le fait de crier sur ses enfants

Parlons donc un petit peu de la première, c’est-à-dire le fait de crier sur ses enfants. En réalité, pourquoi est-ce qu’on crie sur nos enfants ? Parce qu’on est débordé(e)s par nos émotions, parce qu’on est dépassé(e)s, on est démuni(e)s et parce qu’on les rend responsables de ce qui nous arrive à ce moment-là. 

Et effectivement, on peut justifier ça en disant que ce sont leurs comportements qui activent nos propres réactions. 

Le parent positif, lui, est un parent conscient. C’est un parent qui se forme. Vous pouvez d’ailleurs à ce sujet aller écouter mon podcast précédent sur l’apprentissage de la parentalité positive. C’est un parent qui apprend à mieux comprendre les comportements de ses enfants et qui apprend aussi à mieux comprendre les émotions, aussi bien celles de ses enfants que les siennes, et à comprendre le mécanisme des émotions. Et qui sait donc, en particulier, qu’il est responsable de ses émotions. 

Quoiqu’il arrive, il y a une circonstance extérieure et un comportement, qui est peut-être celui des enfants, qui est un déclencheur de sa colère, mais ça n’en est pas la cause profonde.  

D’ailleurs, vous avez remarqué à quel point vous vous énervez probablement beaucoup plus facilement les jours où vous êtes fatigué(e) ou stressé(e) par votre travail, etc, que les jours où vous êtes reposé(e) et tout simplement patient(e), joyeux(se), plein(e) d’énergie. N’est-ce pas ? 

Pourtant, les actions peuvent être les mêmes. Votre colère vient de vous, elle vous appartient. Donc, rendre les enfants responsables, c’est un peu injuste, en fait. D’autre part, quand on comprend mieux nos enfants, on pose un autre regard sur eux. On s’énerve moins contre eux, parce qu’on comprend mieux d’où vient ce comportement qui nous déplaît. Donc, on a une autre perspective et on le fait du coup plus facilement, plus naturellement, tout simplement, on s’énerve moins. Donc, il y a moins de moments où l’on a envie de crier, parce qu’on est tout simplement moins souvent en colère. Ça, c’est le premier point, le fait de crier sur ses enfants. 

La différence entre le fait de crier sur ses enfants et le fait de ne jamais se mettre en colère

Mais la deuxième chose qui fait vraiment la différence entre le fait de crier sur ses enfants et le fait de ne jamais se mettre en colère, c’est que quand on devient un parent positif, on comprend qu’il y a d’autres manières d’exprimer sa colère que de crier sur ces enfants justement. 

Il y a d’autres façons de faire. Il y a d’autres façons de l’exprimer. Ça ne veut pas dire qu’on ne va jamais être en colère, et voilà la différence. 

Alors pourquoi est-ce qu’on ne va jamais être en colère ? 

La colère

Voyons voir. Parlons un petit peu de colère. La colère, vous le savez, c’est une émotion. C’est même une des 4 émotions de base. C’est-à-dire que selon la littérature, il y a plusieurs émotions qui sont considérées comme des émotions de base. Non, ce n’est pas vrai ! 

Il y a plusieurs émotions, tout court. Il y en a un nombre fini… Tout le reste, tous les autres sont plutôt des sentiments. Et là, je vous renvoie un article de mon blog sur la différence entre un sentiment et une émotion

Et donc, il y a plusieurs émotions. Dans la littérature, il y en a entre 4 et 8. En tout cas, tout le monde se rejoint sur le fait qu’il y en a au moins 4, qui sont ce qu’on appelle les émotions de base, à savoir la colère, la joie, la peur et la tristesse. 

La colère est donc une des émotions de base. Tout le monde est d’accord pour ça. Or, toutes nos émotions sont utiles. Car nos émotions sont des signaux. La CNV dit pour citer Marshall Rosenberg : “Nos émotions sont des indicateurs de nos besoins satisfaits ou insatisfaits”. Ce sont des messagers ! 

Et c’est exactement ça, Thomas d’Ansembourg parle de voyants orange sur le tableau de bord d’une voiture. Nos émotions nous permettent de nous rendre compte qu’il y a quelque chose qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas. Quand on est en colère, il y a un voyant orange, voire rouge qui nous dit : il y a quelque chose ici qui ne me convient pas ! 

Alors chacune de ces émotions a sa propre fonction. Chacune a une espèce de mécanique qui va avec et des effets physiques, et également une raison d’être. La colère est précieuse pour réussir à placer nos limites, à garder notre intégrité (en termes de limites physiques), mais aussi en termes de limites, de respect, etc.

Donc quand on se met en colère, quand on se sent en colère, c’est régulièrement parce qu’on considère qu’il y a quelque chose qui ne correspond pas aux limites qu’on voudrait poser. Si on ne se met jamais en colère, si on n’exprime jamais sa colère, ça veut dire qu’on ne pose plus ses limites. 

La colère est utile

La colère est utile. Donc, il n’est pas question de la supprimer. Vous voyez, on peut faire le parallèle avec justement une éducation très traditionnelle, où l’on empêchait les enfants, et en particulier les petites filles, de se mettre en colère. Il fallait être sage, sage comme une image, n’est-ce pas ? C’est-à-dire sans bouger, sans rien dire, etc. 

Qu’est-ce qu’être sage signifie-t-il, à votre avis ? Est-ce que ça enseigne à poser ses limites ? Certainement pas. 

La question, c’est plutôt de savoir accueillir sa colère, la comprendre et l’exprimer de manière adéquate.

Et elle est là la différence, entre le fait d’être un parent qui crie sur ses enfants parce qu’en fait sa colère monte, avec probablement de bonnes raisons, d’ailleurs pas probablement, mais toujours avec de bonnes raisons. 

Si on a une émotion en nous, elle a une raison d’être là. Elle nous envoie un signal. Elle nous envoie une information qu’il est bon d’écouter. Mais le parent qui n’est pas conscient ne va pas forcément comprendre le message, ne va pas forcément l’écouter. 

Il a appris à juste rendre les autres responsables de sa colère et donc à crier sur la personne qui est en face de lui, en l’occurrence ses enfants. Dans d’autres contextes, ça pourrait être quelqu’un d’autre d’ailleurs. 

Savoir écouter sa colère

On voit bien des scènes dans la rue où les gens se crient dessus et s’insultent au besoin, parce que c’est leur façon d’exprimer leur colère. On n’a pas appris à exprimer notre colère. 

La différence, l’autre modèle, l’autre façon de faire, que propose l’éducation bienveillante, et d’ailleurs, pas mal de démarche de développement personnel type communication non-violente également, c’est d’écouter sa colère, de la comprendre et de l’exprimer en prenant toute la responsabilité.  

Si vous voulez en savoir plus là-dessus et si vous avez le même défi que celui que j’avais eu au début, je vous encourage à suivre la formation Des clés pour arrêter de crier que vous trouverez sur la page de formation du blog Les 6 doigts de la main

Comment réussir à exprimer sa colère ?

En tout cas, la question, c’est du coup comment je vais réussir à exprimer ma colère ? Aujourd’hui, si je ne crie plus sur mes enfants, ça ne veut pas dire que je n’ai pas de temps en temps mon ton qui monte quand il y a quelque chose avec lequel je ne suis pas d’accord. 

Imaginons une situation, par exemple, un enfant joue avec un objet qui m’appartient et dont il ne prend pas soin. Eh bien, je ne suis pas d’accord et je ne veux pas lui dire avec de la douceur dans la voix : “Non, mon chéri, on ne fait pas comme ça !” Si ça fait cinq fois que je le lui dis. Bien sûr que non, parce qu’ intérieurement, moi, je suis en colère et je vais pouvoir lui dire avec un ton qui monte : “Ah non, je ne suis pas d’accord ! Je ne supporte pas de voir qu’on ne prenne pas soin des affaires. Ça fait trois fois que je te le dis. Et moi, je n’aime pas avoir à répéter ! J’ai envie que dans ma famille, on prenne soin des affaires. Et j’ai le droit de le dire.” 

Et vous voyez bien la différence : quand je le dis comme ça, en parlant de moi et de ce qui est important pour moi, du fait que ce n’est pas OK pour moi, de ce à quoi je tiens. Avant, j’aurais pu dire, par exemple : “Non, mais qu’est-ce que tu fais là ? Ça ne va pas. Ça fait trois fois que je te le dis. Tu vas finir par m’écouter, oui ou non ?”. Là, je chercherai finalement plutôt à enseigner une certaine obéissance. Genre, je te l’ai dit, tu obéis, et c’est tout. 

Alors ensuite, on peut aussi discuter de ce qui se passe après mon moment de colère. C’est-à-dire que mon but était quand même d’en appeler à la motivation interne de l’enfant, je vais pouvoir en parler une fois que je serai redescendue.

Et ça, c’est la clé aussi dans la démarche. C’est-à-dire que je vais pouvoir après lui dire : “Qu’est-ce qui s’est passé tout à l’heure-là, avec cet objet ? On a déjà parlé de prendre soin des affaires. Ce n’est pas important pour toi ? Où est-ce que tu avais l’impression que ça n’allait pas l’abîmer ?”

On peut toujours revenir dessus. On peut toujours réexpliquer, et même quand on a “dérapé”. On peut revenir, demander pardon, s’excuser, dire qu’on ne s’est pas comporté comme on aimerait se comporter. 

Parce que, nous aussi, on est sur un chemin sur lequel on cherche notre positionnement. Comme eux d’ailleurs, on veut leur apprendre à se parler respectueusement, mais on l’apprend également puisqu’on ne l’a pas appris en grandissant. Donc, on va leur reprocher les moments où ils ne le font pas. 

La coéducation

Mais finalement, c’est une coéducation. On apprend avec eux. On peut tout à fait leur transmettre ce message-là, leur dire : pour moi non plus, ce n’est pas facile. Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour progresser sur ce chemin ? Est-ce qu’on peut s’aider les uns les autres ?

Quand j’ai commencé à apprendre l’éducation positive et que j’avais décidé d’arrêter de crier sur mes enfants, une des premières choses que j’ai apprises, c’est l’expression “le cerveau dans la paume de la main”. 

Le cerveau dans la paume de la main

Je ne sais pas d’ailleurs si c’est une des premières choses que j’ai apprises, mais enfin, c’est venu assez rapidement. Et pour ceux et celles qui connaissent cette représentation, le cerveau dans la paume de la main montre un geste quand on est débordé(e)s par nos émotions.

Et du coup, j’en avais parlé avec mes plus grands et on avait adopté ce geste à la famille. Et quand je sentais que ma colère l’emportait et que mes mots, du coup, n’allaient pas être adaptés parce que je n’avais pas encore appris à réellement exprimer autrement ma colère, c’était tout ce que je faisais. Je montrais le geste et je disais à mon fils, je me souviens 12 ans à l’époque. Je lui disais : “Là, je suis comme ça, donc je ne veux pas parler ”. Et c’est tout.

Et là encore, on voit bien que je n’avais pas encore les compétences pour ne pas lui crier dessus, si je laissais s’exprimer ma colère. Mais pour autant, je ne faisais pas semblant de ne pas être en colère et je prenais déjà la responsabilité de ma colère. Moi, je suis comme ça, je me sens comme ça. Et là, je ne suis pas capable. Donc, on en reparlera plus tard. C’était ça que je lui disais. 

Et au fur et à mesure, évidemment, j’ai appris à mettre d’autres mots sur ma colère que ceux qui accusent et qui dénigrent. J’ai appris à en prendre la responsabilité, à utiliser le message JE. Tout un tas d’outils que vous pouvez évidemment apprendre également ou affiner, creuser plus si vous en avez envie, besoin et en fonction d’où vous en êtes sur ce chemin. J’ai plusieurs programmes qui peuvent vous y accompagner. N’hésitez pas à m’envoyer un message et qu’on en discute pour savoir ce qui vous conviendrait le plus pour passer à l’étape suivante sur le chemin sur lequel vous avancez.

J’espère avec plaisir et si vous connaissez d’autres personnes que ce podcast pourrait aider. Partagez-le 

À bientôt !

Apprendre l’éducation positive : comment fait-on ?

L’éducation positive est bien loin de ce que l’on a appris en grandissant, et loin également de ce que l’on observe encore dans notre environnement.

Est-ce possible, dans ces conditions, de développer ses compétences sans réellement se former ?

Voici mon point de vue sur la question, avec des parallèles qui pourraient bien vous parler…

— Pour écouter ce contenu audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

A-t-on vraiment besoin d’apprendre ?


Est-ce réellement un apprentissage ? Faudrait-il donc se former ?

Pourquoi est-ce que j’ai si souvent,  parmi les parents qui me suivent, des parents qui me disent que “bon sang est difficile”  ?

C’est difficile parce que ça ne correspond pas à l’approche qu’on a apprise !
C’est difficile parce qu’on n’a pas grandi avec l’éducation positive. Parce qu’on ne l’a pas appris, parce qu’on n’est pas entouré aujourd’hui de modèles qui correspondent aux principes d’éducation positive. 

Et donc ça demande de faire autre chose que ce qu’on a appris. Ça demande de faire autre chose que ce que l’on voit. Ça demande de faire différemment.
Ça demande effectivement un apprentissage.

Comme l’apprentissage d’une langue…

Si aujourd’hui, je veux me mettre à parler une autre langue. Il va falloir que je me forme. Ça ne veut pas dire que, en soi, cette langue est forcément difficile.

Nous, on est parti vivre un moment au Mexique. Il a bien fallu apprendre l’espagnol.
Pourtant, l’espagnol en soi n’est pas forcément difficile.
Tous ceux qui naissent et grandissent dans des pays hispanophones apprennent à parler espagnol de façon naturelle. 

D’ailleurs, on peut se reposer la question de ce que veut dire le mot naturel.
Puisqu’en fait, ce n’est pas naturel au sens où ça ne vient pas tout seul quand on naît, mais c’est bien acquis, n’est-ce pas ?
N’empêche que, du coup, avec facilité, les enfants hispanophones parlent espagnol.
Tout comme nous parlons français, sans même avoir eu besoin d’y réfléchir plus que ça en fait. 

En revanche, la parentalité positive, on n’a pas grandi avec.
Donc si on veut s’y mettre, effectivement, il va falloir apprendre à la parler. 

Décider du « niveau » qu’on veut atteindre

Quand on est parti au Mexique, on avait deux possibilités.
On pouvait décider d’apprendre vraiment juste la base. Prendre un petit bouquin qui nous expliquerait comment conjuguer le verbe être et le verbe avoir, un tout petit peu de vocabulaire et puis s’en sortir au quotidien avec la base et savoir demander l’addition dans un resto.
C’est une façon de faire.
À ce moment-là, il faut savoir qu’il faut vivre avec les conséquences de ce choix-là. 

C’est-à-dire que si c’était le choix qu’on avait fait, on aurait accepté également que notre espagnol était limité, que ça permettait de se débrouiller, d’avoir un minimum, d’avoir un vernis. Et que probablement d’ailleurs, on progresserait en plus un peu parce qu’on allait être dans un environnement dans lequel on allait être plus exposé que ça à l’espagnol. Mais ce n’est pas pour autant qu’on allait réellement parler un bon espagnol.

Donc, on a choisi l’option 2.
C’est-à-dire qu’il n’était pas question de seulement piocher par ci par là quelques ressources d’espagnol qui pourraient nous aider à nous donner un vernis, mais bien de nous former à apprendre l’espagnol. 

On a donc suivi une méthode. On a pris un prof qui nous a donné des cours particuliers et on a travaillé pendant des mois. Au début, on avait trois séances par semaine, puis deux séances par semaine. 

Et on faisait des exercices entre les séances. Parce que notre objectif, c’était de réellement bien parler espagnol pour pouvoir réellement échanger, converser avec des Mexicains, pour nous faire des amis et pouvoir plaisanter avec eux et ne pas être limités dans nos échanges quotidiens.

Le bonheur de l’apprentissage

Alors c’était un bonheur. C’est-à-dire que ça a été un travail de le faire, mais c’était intéressant. Et ensuite, surtout, on s’est retrouvé effectivement dans une situation dans laquelle on était heureux de pouvoir parler espagnol. 

Est-ce que ça veut dire pour autant que l’on parle espagnol aussi bien que ce qu’on parle français ?
Alors là, je vais être honnête et malheureusement peut-être vous déprimer par rapport à ce parallèle que je fais avec l’éducation positive…
Bien sûr que non ! On ne parle pas espagnol comme si c’était notre langue maternelle !

On continue non seulement à avoir un accent français (Ça, je pense que ce n’est pas vraiment possible de le changer… en tout cas, pas pour nous), mais en plus, on continue malgré tout à certains moments à faire quelques fautes, à pas avoir forcément exactement le bon ton, à avoir un genre qui va être masculin plutôt que féminin, ou un mot sur lequel on rajoute une lettre, etc.


Mais quand même, on a atteint un très bon niveau d’espagnol. Un niveau qui nous permet de réellement discuter, qui nous permet d’aller au fond des choses.
Et on en est content !
Mais ça a été un apprentissage. 

L’éducation positive requiert aussi cet apprentissage

Pour moi, l’éducation positive, c’est la même chose. C’est-à-dire que comme c’est quelque chose de nouveau et qu’on veut apprendre, ça demande réellement un apprentissage. 

Alors, pourquoi est-ce que ça paraît difficile d’accepter cet apprentissage ?
Pourquoi est-ce qu’il y a tant de parents qui théoriquement aimeraient parler la langue de l’éducation positive  – et c’est peut-être votre cas, vous qui me lisez là maintenant – mais qui ne prennent pas forcément le temps de se former pour ça ?

Les phases d’apprentissage

La façon dont je le vois, moi, c’est lié aux différentes phases d’apprentissage.
Ça, c’est ce qu’on nous apprend régulièrement dans des formations professionnelles, par exemple : il y a plusieurs phases d’apprentissage. 

On dit qu’au départ, on est inconsciemment incompétent : on ne se rend pas forcément compte de ce qu’on ne sait pas faire.
Et puis, quand on commence à nous expliquer un petit peu, on devient consciemment incompétent. Ça, c’est régulièrement ce qui arrive.

Prenons l’exemple de l’écoute des émotions.
Le parent classique, celui qu’on est au départ quand on a grandi dans l’environnement dans lequel la majeure partie d’entre nous a grandi et reproduit simplement ce qu’il a entendu, va régulièrement dire à ses enfants :
“Mais ne sois pas triste ! »
« Ne t’inquiète pas. »
« Ce n’est rien. »
« Ce n’est pas grave. »
« Ça va passer. »
« Ce n’est pas une raison pour te mettre en colère. »
etc…

Tout ce qui peut nier l’émotion de l’enfant parce qu’on veut juste la voir disparaître, cette émotion désagréable. Mais on n’est pas conscient que ce n’est pas forcément la meilleure idée. On est inconsciemment incompétent. 

Et puis, quand je fais des séances avec des parents autour de ce sujet, tout d’un coup, ils se rendent compte qu’effectivement, toutes ces phrases-là que je viens de citer, bien sûr qu’ils les utilisent ! Et donc, maintenant, ils en ont conscience. Maintenant, ils deviennent consciemment incompétents… 

La phase suivante, une fois qu’on a été consciemment incompétent, c’est de devenir consciemment compétent. C’est-à-dire de réussir à placer les bons mots, mais en devant y réfléchir en y mettant réellement de la conscience. 

Et c’est donc la phase d’entraînement en fait. Une fois qu’on a appris la théorie, on passe à la pratique en s’entraînant encore et encore, en avançant peu à peu et en faisant des allers-retours entre le fait d’être consciemment incompétent et consciemment compétent. 

Jusqu’au moment où on s’est suffisamment exercé pour qu’on devienne inconsciemment compétent, c’est-à-dire qu’on se met naturellement, par exemple, à recevoir l’émotion de notre enfant sans même avoir besoin d’y réfléchir. 

La culpabilité

Le problème, c’est que quand on est dans la deuxième phase, où on est consciemment incompétent, c’est souvent la phase dans laquelle arrive la culpabilité. Parce que justement, on se rend compte de tout ce qu’on fait “pas bien”. 

Et les parents qui découvrent l’éducation positive se retrouvent régulièrement dans cette situation dans laquelle, au départ, ça leur semble assez attirant, inspirant, etc. Ils commencent à découvrir quelques points intéressants et là, ils se disent : “Oh là là ! Mais en fait, je fais “tout mal” !”  Et ce n’est évidemment pas agréable de ressentir ça…

Donc pour éviter cette culpabilité, en fait, il y a deux options.

Soit on remet tout ça sous le tapis en disant :
“Ah, mais c’est trop difficile, laisse tomber, ça marche bien comme ça marche !”.
Voire, on remet carrément en cause le sujet lui-même parce que c’est vraiment trop inconfortable.
Donc on a une tendance (inconsciente évidemment) à dire :
“Non, mais de toute façon, l’éducation positive, ça ne marche pas, ou alors ça fait des enfants rois…”
“Enfin, ce n’est pas la bonne méthode, est-ce qu’on est vraiment sûr ?”
etc…

Parce qu’en fait, on ne veut pas avoir à se mettre sur le dos cette pression d’avoir à se rendre compte qu’on n’est pas content de ce qu’on fait. 

S’ouvrir à l’inconfort

Au-delà de savoir si c’est bien ou ce n’est pas bien, peut-être que si on arrivait à s’ouvrir à cet inconfort, on pourrait objectivement se demander ce que nous, on veut développer. 

Et en particulier, est-ce que c’est comme ça que j’ai envie de faire ou est-ce que j’ai envie d’apprendre autre chose ? 

Et à la fois, la difficulté de l’apprentissage fait qu’on préfère se convaincre nous-mêmes qu’on n’a pas envie d’apprendre autre chose parce que c’est plus facile dans le quotidien. 

Si c’est votre cas, de nouveau, je vous encourage à essayer de ne pas tomber dans une culpabilité.
Juste vous dire : “Ah, c’est exactement mon cas.. En fait, je suis motivé, et finalement, je ne fais rien et je me fais croire que je ne suis pas vraiment motivé”. 

Parce que c’est naturel en fait.
C’est une espèce de protection qui fait qu’on essaye autant qu’on peut, tout naturellement, de se retrouver le plus à l’aise possible dans notre quotidien. 

Alors, si on veut revenir sur ce point en particulier, les exemples des effets de la bienveillance ne manquent pas. 

Sortir de sa zone de confort

Le problème pour se convaincre, c’est vraiment ce vers quoi on veut aller. C’est effectivement cette sortie de zone de confort.
D’ailleurs, on parle de zone de confort… mais on est bien d’accord qu’en fait, ce n’est pas confortable !

C’est-à-dire que la raison pour laquelle vous vous intéressez aujourd’hui à l’éducation positive, c’est probablement parce qu’en fait, les méthodes classiques d’éducation ne vous conviennent pas, ne vous semblent justement pas confortables.
Ça induit pas mal de lutte au quotidien, de fatigue, de dépense d’énergie… Vous aimeriez bien avoir une méthode un peu plus agréable – et puis aussi, qui développe autre chose pour vos enfants à long terme.

Pour autant, on dit « zone de confort », non pas pour dire qu’elle est confortable, mais dans le sens où c’est une zone dans laquelle on n’a pas besoin de se poser des questions à chaque moment de ce qu’on doit faire différemment. 
C’est une zone de confort parce que c’est ce qu’on connaît.
Ce n’est pas une remise en cause.

Car c’est ça la difficulté en fait. Quand on se met à apprendre réellement quelque chose, c’est une remise en cause. 

D’ailleurs, reprenons le parallèle avec l’apprentissage d’une langue.
Au début, quand on ne connait pas bien la langue étrangère, et qu’on la parle toute la journée, on finit avec un mal de tête !
Parce qu’effectivement, ça demande de l’énergie de la mettre en pratique, avec et sans les erreurs qu’on fait au départ.

Donc c’est une sortie de zone de confort. 

Se servir de la culpabilité comme d’un moteur

Maintenant la question, quand on le voit comme ça, je ne sais pas ce que vous en pensez quand je vous le  dis comme ça, mais  :

Si on est conscient réellement de ne pas faire exactement ce qu’on aimerait faire, cette culpabilité qui apparait peut réellement servir de moteur. 

C’est-à-dire que cette culpabilité (et là, je vous renvoie à mon article sur la culpabilité des pères, des mères et des pères) peut nous immobiliser ; ou bien, ça peut être une culpabilité saine qui nous donne le signal qu’il y a un écart entre ce qu’on vit et ce qu’on aimerait vivre.  

Et là, c’est un choix personnel.
Est-ce que je décide que malgré cet écart, je reste dans cette situation et je ne fais rien, ou en tout cas, je fais peu, en piochant un peu par ci par là, comme je disais tout à l’heure, pour savoir conjuguer le verbe être..

Ou 

est-ce que je décide que ça en vaut vraiment la peine, et que j’ai envie de savoir réellement parler. 

Et si c’est le cas, si vous avez réellement envie de savoir parler ?

Si on est vraiment motivé

Il faut se former

Vous l’avez compris avec mon partage : mon point de vue, c’est qu’il n’y a pas d’autre option que celle de se former. Il n’y a pas de doute là-dessus. 

La question n’est pas si ça vaut le coup de se former ou pas.
La question n’est pas si vous avez besoin ou pas d’une formation réellement, d’une formation, d’un accompagnement en éducation positive. 

(À condition évidemment d’avoir envie d’apprendre l’éducation positive.
Si vous n’avez pas envie, la question ne se pose pas, vous n’en avez pas besoin non plus.)

Mais si vous avez envie d’apprendre l’éducation positive réellement, de la mettre en place, de la faire vivre au quotidien dans votre famille…

C’est tellement loin de ce qu’on a appris, et c’est tellement loin du modèle qu’on reçoit encore autour de nous aujourd’hui (même si heureusement, ça progresse..) que ça demande de se former. 

Parce que l’éducation positive, ce ne sont pas que des outils, c’est réellement une posture qui est différente et donc ça demande à être affiné au fur et à mesure. 

Après, la question, ce n’est pas tellement, donc, s’il y a besoin de se former ou pas, c’est plutôt comment se former. 

Alors moi, j’ai suivi des tas de formations différentes.
J’ai suivi des tas de formations différentes et sous des formats différents. C’est-à-dire des choses en ligne, des choses en présentiel, des choses en individuel, des choses en groupe.

Avec toujours cette idée d’avancer et de progresser, d’améliorer l’endroit où je suis, avec une idée de maturation et d’avancer sur le chemin.
C’est pourquoi je vous dis toujours qu’on avance ensemble sur le chemin. 

Et d’ailleurs, c’est ce que je vous disais aussi tout à l’heure aussi, sur le côté : mon espagnol n’est pas et ne sera probablement jamais comme celui d’un hispanophone, et ce n’est pas grave.
Finalement, je peux quand même passer ma vie à chercher à l’améliorer.
Et ce sera toujours mieux, vous voyez ? 

D’ailleurs, je continue à me former également en éducation positive.
Encore là, dans un peu plus d’un mois, je vais à une “summer school” (de psychologie adlérienne pour être précis).
Pendant une semaine, je vais suivre des cours intensifs.
Une semaine intense de cours de psychologie pour avancer encore, progresser encore, pour apprendre encore des gens dont c’est le métier, pour pouvoir toujours partager plus, progresser plus, etc. 

La vraie question

Mais donc, ce que je veux dire, c’est la vraie question à laquelle vous avez besoin de répondre, à mon avis, c’est plutôt comment vous former ?
Comment : sous quel format – et comment : auprès de qui ? 

Parce que la bonne nouvelle quand même, c’est effectivement que ces principes d’éducation positive progressent. Ça veut dire qu’il y a de plus en plus d’acteurs qui peuvent vous proposer des choses.

 Il y a de plus en plus d’offres, de solutions, de propositions, de plus en plus de choses qui sont proposées pour avancer sur ce chemin à votre manière. 

Donc à vous de trouver quelle est la formation qui vous convient si vous avez réellement envie d’avancer sur ce chemin. 

Alors évidemment, j’en propose sur la page formation du blog Des 6 doigts de la main

Mais c’est à vous de voir aussi quel est l’accompagnant, l’accompagnante qui vous correspond le mieux.
Il y a certaines personnes qui vont se sentir plus en ligne ou plus en affinité avec d’autres formateurs ou formatrices que moi.
Et c’est OK !
Et ça marche aussi dans l’autre sens : tous autant qu’on est, on n’est pas concurrents.
On avance tous dans le même sens. 

Que vous alliez faire des ateliers Faber et Mazlish ou de discipline positive, ou des ateliers Thomas Gordon de parents efficaces, ou que vous alliez vous former à la communication non-violente, qui n’est pas de l’éducation pure, mais qui apporte des principes, qui vont tellement bien avec ! (Pour le coup, je me forme en continu à la communication non-violente avec des ateliers réguliers..)

C’est vous qui choisissez votre voie. 

En revanche, ce à quoi je voudrais vous encourager et ce avec quoi j’aimerais que vous sortiez de cette écoute, là, maintenant, tout de suite, c’est de vous dire : “OK, j’ai compris, je vais aller me former, je vais aller trouver quelle est l’étape suivante.” 

Voilà.

Pour que peu à peu, vous puissiez affiner également effectivement cette posture.
Parce que la façon dont on avance, ça dépend de la manière de faire, ce dont on a besoin à ce moment-là.

Ça dépend en fait de nos croyances perso, ça dépend d’où on en est sur le chemin.
Ça dépend de tout un tas de paramètres qui font que l’accompagnement va vous ressembler. 

Être parent demande de l’énergie.

Au quotidien, on s’use et on s’épuise à lutter et à répéter les mêmes choses.

Comment faire autrement ?

Quelle approche pour, peu à peu, sortir de la lutte et entrer en coopération ?

C’est ce dont je vous parle dans ce podcast.

— Pour écouter ce contenu audio, il vous suffit de cliquer sur Play — ou d’aller sur votre plate-forme de podcast —

Ecoutez et abonnez-vous !

Ne manquez plus les nouveaux épisodes des 6 doigts de la main ! Rejoignez mon podcast et abonnez-vous sur votre application préférée :

Si vous préférez lire, en voici également la retranscription.

Préserver son énergie

Je voudrais vous parler d’énergie, parce qu’on en a besoin pour avancer sur ce chemin, pour avancer, parfois à contre-courant de ce que l’on voit autour de nous. Se remettre en question, dans sa parentalité, ça demande une certaine énergie au quotidien, en particulier dans toute cette phase d’apprentissage, qui finalement ne se termine jamais tout à fait. 

Alors, dans le premier épisode de ce podcast, sur le sujet qui s’intitulait “Veiller à son niveau d’énergie”, je vous avais parlé d’attitude, de pratique, de point d’attention quant à notre énergie propre, indépendamment de notre rôle de parent. Aujourd’hui, je voudrais me focaliser sur le fait de préserver son énergie, justement dans notre rôle de parent. 

Comment faire pour éviter cette usure ?

Tous ces moments d’usure, en particulier à travers la répétition, etc, font que notre niveau d’énergie baisse face à nos enfants.

Cette usure fait qu’il est de plus en plus difficile d’adopter les attitudes qu’on aimerait adopter en tant que parents bienveillants.

Pour éviter cette baisse d’énergie, la première chose sur laquelle je voudrais attirer votre attention, qui semble très simple, mais que parfois on néglige : en y prêtant attention, vous verrez que c’est souvent dans les mêmes situations, qu’on “gâche”, qu’on dépense notre énergie. 

C’est-à-dire qu’il y a effectivement des moments qui, dans notre vie de parents, sont plus compliqués que d’autres. Et souvent, ce sont les mêmes situations, qui nous fatiguent, qui se répètent. D’ailleurs, c’est un cercle vicieux parce que, comme on les a parfois inconsciemment identifiés, on s’attend à ce que ce soit difficile et on s’agace avant même que ce soit agaçant

Exemple sur cette usure

Donc, je peux prendre l’exemple de la préparation pour partir à l’école le matin. Si on sait que c’est toujours compliqué de partir à l’école le matin, non seulement on s’agace tous les matins face à la difficulté, mais en plus on est agacé avant même de se heurter à la phase difficile. Parce que d’avance,on a déjà peur que ce soit compliqué. 

J’imagine que vous vous reconnaissez là-dedans. Alors, une des premières choses que je vous encourage à faire et c’est quelque chose qu’on met en place dans la formation Point de rencontre, pour avancer vers de meilleurs échanges avec nos enfants, c’est :

Identifier les moments de tension

Il faut identifier justement ces moments, qui ne sont peut-être pas systématiquement et heureusement, mais régulièrement des moments de tension. Donc, ça peut être effectivement le matin, en partant à l’école, ça peut être au moment du repas, ça peut être au moment des devoirs. 

Souvent, il y a des situations, alors qui sont soit des situations de vie comme celles-ci, soit des attitudes particulières qui, de manière répétée, vont être des moments de tension pour vous, et pendant lesquelles justement vous sentez que votre réservoir d’énergie à vous est en train de se vider. 

Donc, en les identifiant, vous faites déjà un grand pas en avant. Parce que cela va vous permettre de travailler dessus de manière un peu plus focalisée, plutôt que de juste espérer inconsciemment que ça va s’améliorer sans rien y faire. 

Essayez de faire face aux mêmes situations sans changer l’approche de la situation, c’est se préparer à ce que les résultats ne changent pas non plus. Donc voilà, la première chose que je voudrais vous encourager à faire, c’est de vous poser juste quelques minutes pour identifier ces moments, qui sont des moments qui vous activent et donc vous vident en énergie.

Choisir ses batailles

Ensuite, une fois que vous aurez fait ce travail-là, le point suivant, c’est de choisir ses batailles. Et l’expression “choisir ses batailles” en dit long : en général, quand on commence à cheminer sur cette route-là, on est régulièrement dans ces situations-là, dans des batailles. Or, le but, vous le savez bien, c’est de sortir de la bataille, c’est-à-dire que dans une démarche de parentalité positive, on sort de la lutte contre nos enfants et on essaye d’être avec eux. 

D’ailleurs, on dit souvent que la coopération, ce n’est pas l’exercice d’un pouvoir sur quelque chose, mais d’un pouvoir avec. Et ce à quoi on aspire, quand on cherche à développer les compétences de parent positif, de parent bienveillant, c’est à susciter la coopération de nos enfants, à susciter et aussi le vivre nous-mêmes, ça va évidemment dans les deux sens. 

Vous voyez bien que pour susciter la coopération, il vaut mieux éviter de se battre sur tout à la fois. Parce que si on est dans une attitude de lutte contre nos enfants, et en permanence, on ne va pas du tout susciter la coopération, parce que la personne en face de nous, elle est juste fatiguée, elle aussi est usée et elle n’a plus envie de nous écouter. Et donc, effectivement, elle n’aura pas envie coopérer. 

Et voilà comment on rentre dans un cercle vicieux, dans lequel ni les parents ni les enfants ne coopèrent finalement. Donc, afin de pouvoir recréer une ambiance familiale et une connexion, qui vont permettre d’aller vers plus de coopération, l’attitude que je vous encourage à adopter, c’est de choisir ses batailles.

C’est quoi exactement choisir ses batailles ?

Alors, qu’est-ce que ça veut dire exactement,  choisir ses batailles ? Parfois, ça peut faire un peu peur, parce que, quand on entend ça, on peut croire qu’on va renoncer complètement à certaines choses. 

D’ailleurs, on entend souvent choisir, c’est renoncer, alors que ce n’est pas forcément le cas. Donc, il y a plusieurs façons de voir le côté de choisir ses batailles. 

Il y a le fait, effectivement, de voir si dans toutes “les luttes” qu’on mène déjà aujourd’hui, il n’y en a pas certaines sur lesquelles, on ne pourrait pas tout simplement lâcher prise. 

L’exemple d’une de mes clientes

Par exemple, j’ai une de mes clientes qui m’expliquait qu’avant, elle avait pour habitude d’exiger que ses deux garçons prennent la douche dès qu’ils rentraient de l’école ou de la garderie.

En fait, il était déjà assez tard, donc c’était la douche, puis le dîner, puis la préparation au coucher. C’était régulièrement une lutte avec le plus jeune. Alors, elle a remis un peu les choses en question, en s’interrogeant sur le rythme de chacun, sur la relation qu’elle voulait avoir, sur le rythme du dîner également, etc. 

Et finalement, elle s’est rendue compte que ce n’était pas un problème pour elle,  que tout le monde ne soit pas en même temps au dîner. En effet, son mari était régulièrement en déplacement, donc elle dînait seule avec les deux petits. 

Et elle s’est rendue compte que son plus jeune dînait beaucoup plus rapidement que l’aîné. Donc, aujourd’hui, ils ont un rythme différent : quand ils rentrent à la maison, le plus grand va effectivement se doucher, le plus jeune traîne un petit peu d’abord, car il a besoin de son temps à lui, pendant lequel il joue un peu et puis il va se doucher un peu plus tard.

Finalement, au moment où le grand et sa mère ont à peu près terminé cette phase-là, elle se retrouve à commencer le dîner avec son aîné, qui prend beaucoup de temps à manger. En plus, ça lui donne l’opportunité d’un moment en tête-à-tête avec lui, avant que le plus jeune les rejoigne et finisse le dîner avec eux. 

Ainsi, ils finissent quand même tous les trois ensemble et ils font les préparatifs du coucher ensemble. 

Donc, je ne dis pas forcément que c’est ce qu’il faut faire chez vous, parce que chacun à ses principes, ses envies, ce à quoi il tient, etc. Peut-être que pour vous, le dîner familial est important, tous ensemble, et il n’y a aucun problème avec ça. 

Ce que je veux dire, c’est qu’il est intéressant de se poser la question sur certaines choses, pour lesquelles on a l’impression qu’on n’a pas le choix, que c’est comme ça. Et finalement, quand on se recentre sur ce qui est important pour nous, on peut peut-être voir quels sont les ajustements possibles. Ainsi, on peut lâcher prise sur certains points, qui finalement sont peut-être moins importants que d’autres.

Oser se remettre en question

Toujours sur cet exemple de douche : chez moi, les garçons ne se douchent pas tous les jours, pour les deux plus jeunes. Ils se douchent en général un jour sur deux. Pourquoi ? Parce que pour moi, c’est un équilibre qui est OK. 

Peut-être que chez certaines personnes, ce sera quand même tous les jours. Peut-être que chez d’autres, ce ne sera que deux fois par semaine, je n’en sais rien. Chacun son équilibre ! Mais ce qui est important, c’est d’oser se remettre en question

Parce que souvent, ce qui nous manque, c’est vrai dans tous les domaines, et dans la parentalité positive en particulier, c’est d’oublier de remettre en question des choses qui nous semblent un peu obligatoires. Donc ça, c’est la première phase. 

Renoncer

Effectivement, au moment où on réfléchit aux difficultés qu’on a, on peut réfléchir à ce qui est important pour nous et ce sur quoi on peut finalement lâcher prise. Parce que, en réalité, ce n’est pas si important que ce qu’on voudrait bien croire, ou en tout cas pas suffisamment pour l’imposer à un enfant; qui lui pense les choses autrement.

Ça peut être, par exemple, l’importance du petit déjeuner. Vous voyez ce que je veux dire ? Je vous encourage déjà à vous poser cette première question. Et ces choses-là, effectivement, peut-être, qu’on va tout simplement y “renoncer” ou en tout cas, les adapter. Après, il y a tout ce à quoi on ne veut pas renoncer. 

Repousser le reste

Mais ces choses-là, cette démarche de choisir ses batailles, elle est quand même essentielle, parce que l’important, c’est de se dire que tout est un apprentissage et que l’apprentissage est pour eux comme pour nous, d’ailleurs. Et cet apprentissage ne peut pas se faire de façon instantanée, on ne peut pas être sur tous les fronts à la fois. 

Donc dans ce cas-là, quand on choisit, on n’est pas en train de renoncer au reste, on est en train de repousser le reste. C’est-à-dire qu’on accepte le fait qu’il y a comme une courbe d’apprentissage et qu’on va s’attaquer “à une chose après l’autre”

S’atteler à une chose après l’autre

Alors , je vais changer ma phrase d’ailleurs, parce que le verbe “attaquer” entretient cette notion de lutte. On va plutôt s’atteler à une chose après l’autre, s’atteler en équipe. C’est pour ça que je veux sortir de cette notion de lutte.

Donc , on va s’atteler à améliorer une chose après l’autre. Ça veut dire que pendant un certain temps, les autres difficultés, qu’on a et qui ne sont pas listées dans les premières priorités auxquelles on veut s’atteler, vont être résolues plus tard. 

La notion de “On ne peut pas renoncer ou repousser”

Sur ces difficultés, on va effectivement décider consciemment d’y attacher moins d’importance et de moins s’agacer là-dessus. Alors c’est facile à dire ! Je vous entends déjà ! On me l’a déjà dit quand je parlais en atelier de parents, par exemple, de ce concept de choisir ses batailles. Il y a des choses sur lesquelles “on ne peut pas renoncer ou repousser”. 

C’est-à-dire , on ne peut pas les mettre en pause. Avec mon exemple de tout à l’heure, sur le départ à l’école le matin, on ne peut pas le mettre en pause. Il faut bien partir à l’école le matin. OK, c’est vrai, on ne peut pas le mettre en pause. 

Nos sentiments sont créés par nos pensées.

Par contre, la raison pour laquelle on s’énerve, la façon dont se passe finalement le départ à l’école le matin, c’est parce qu’on pense que ça devrait se passer autrement.

Attention, ce que je dis là est lié à nos principes, qui sont en fait assez profonds et forts. C’est le fait que nos sentiments sont créés par nos pensées. Les circonstances sont neutres, et c’est ce que nous nous racontons sur la situation, qui crée ces sentiments d’énervement.

Nier à la réalité

Je vous donne un exemple, on ne va pas s’énerver quand notre enfant de quatre mois ne met pas ses chaussures à la sortie de la maison. Bien sûr que non ! On ne va pas s’énerver, parce qu’on trouve normal qu’il ne mette pas ses chaussures. Si on s’énerve avant de partir à l’école ou de la façon dont ça se passe, c’est parce que quelque part, on a un discours interne qui dit : ça ne devrait pas se passer comme ça ! 

Et quand on dit : ça ne devrait pas, on est en train de nier la réalité, parce que même si ça ne devrait pas, il se trouve que c’est une réalité. 

Ne pas renoncer mais tolérer

C’est comme ça que ça se passe, je ne dis pas forcément qu’on a tort là-dessus, je vous encourage juste à voir le fait que c’est notre discours interne, qui crée cet agacement. Donc, si on décide pendant un certain temps de mettre la question du départ à l’école et des difficultés pour ce départ à l’école de côté, et de se dire pendant un certain temps, j’ai confiance, ça va s’améliorer, mais ce n’est pas ce sur quoi je mets mon énergie pour l’instant. Donc, je vais plus accepter que pour l’instant, ça se passe de cette façon-là. Et après, on verra comment faire pour changer ça.

Déjà, on peut se mettre dans une position de moins s’agacer pour ça. Ainsi, on ne renonce pas , mais on va être plus tolérant sur la façon dont ça se passe dans les moments qui ne sont pas dans nos premières priorités.

Chercher la coopération

Ensuite, pour les moments pour lesquels on veut dépenser de l’énergie, c’est sur ces moments-là qu’on met la priorité sur notre liste. En disant cela, on va améliorer la façon dont ça se passe : je suis fatigué(e) de me battre tous les jours pour qu’ils aillent se doucher, par exemple.

Eh bien ! On va effectivement, dans ce cas-là, chercher la coopération. Moins vous ferez de reproches dans les moments d’énervement, et plus ce sera facile d’obtenir la coopération. 

Parce qu’on a plus envie de coopérer avec quelqu’un qui est dans l’échange, la connexion, dans l’encouragement, qu’avec quelqu’un qui nous fait des reproches tout au long de la journée, même si à ce moment-là en particulier, il n’est pas en train de nous faire des reproches (il est en train d’accepter l’apprentissage !). 

Vous voyez l’idée, c’est l’ambiance générale qui compte ! Il est aussi très important de choisir ses batailles, et ce que l’on met en priorité. 

Alors comment fait-on cet apprentissage ? C’est là que l’on sort “nos outils” et les croyances d’éducation positive : vous obtiendrez toujours plus de résultats en impliquant l’autre. 

C’est-à-dire, que plus vous imposez les choses, plus vous considérez que vous savez comment faire, que c’est vous qui dites et que votre enfant n’a qu’à faire, parce que vous lui dites de faire ça (et c’est tout !), et moins vous aurez de chance que ça fonctionne ! Parce que personne n’a envie d’être une marionnette. 

Donc, la coopération permet de réussir à ne plus avoir besoin de la lutte pour la douche par exemple, ou de lutter pour partir à l’école. 

Comment on va faire pour que ça s’améliore ?

Alors en l’occurrence, c’était moi ! Je me souviens avoir consciemment dit à ce moment-là : on va s’améliorer, parce qu’on est régulièrement en retard. Et je n’aimais pas le moment de stress de départ. Je me suis dit OK, comment faire pour que ça s’améliore ? 

Et au moment où vous décidez ça,  c’est important d’impliquer vos enfants. C’est-à-dire que le but n’est plus d’être dans la lutte. Vous avez donc la possibilité de les faire rentrer dans votre équipe et de leur parler de ce que vous cherchez à obtenir. 

Typiquement, pour cette histoire de retard à l’école, je me suis assise avec les enfants et j’ai dit : voilà, je me rends compte que souvent, quand on part à l’école, on prévoit que l’on part à quinze et puis en fait, on sort à vingt, vingt-cinq.

Et du coup, c’est un moment de stress. Parce que mettre les chaussures et le blouson, ça met beaucoup plus de temps que ce qu’on avait prévu . Et à ce moment-là, je me sens très tendue. Personnellement, j’aimerais bien qu’on arrive à ce que ce soit plus détendu avant et qu’on parte vraiment à quinze. En fait, je me rends compte que je suis en train de mettre cette contrainte, sans vous avoir consulté. Est-ce que ça vous conviendrait de partir à quinze ? Et en l’occurrence, ils étaient tous les deux complètement d’accord. 

Et évidemment, eux non plus ne trouvent pas ça agréable, ce moment de lutte et de stress du matin. Ainsi, on peut en discuter ensemble : quelles idées a-t-on pour faire face à ça ? Pour que ça s’améliore, pour que ce soit plus facile, etc. 

Et dans ces moments-là, on essaye de les laisser suggérer, de les laisser proposer des pistes. Et je vais aller encore plus loin, non seulement vous pouvez essayer de les laisser suggérer des pistes, mais aussi, essayer de ne pas réagir trop vite à ce qu’ils disent.

C’est-à-dire que quand ils suggèrent des idées, qui ne vont pas fonctionner, parce que vous le savez déjà, que ce n’est pas possible, etc. Ne dites pas trop vite que ce n’est pas possible. Dites ok, ça, c’est une idée. Quoi d’autre ? Et est-ce que ça, ça pourrait fonctionner ? Et les encourager à s’interroger eux-mêmes. 

Parce que si trop rapidement, face à la question : comment pourrait-on faire pour partir plus tôt, il y en a un qui dit : c’est facile, il suffit de se réveiller un quart d’heure plus tôt. Et que vous, vous dites moi, je ne suis pas d’accord pour me faire un quart d’heure plus tôt. Ou alors que vous dites non, ça ne marche pas, parce que j’ai déjà fait ça, et en fait, on traîne autant . 

Si tout de suite vous dites non, pour une raison ou pour une autre, ça leur coupe la parole : quoique je dise de toute façon, moi, mes idées, elles ne sont pas bonnes ! Donc, ce n’est pas la peine de suggérer de nouvelles idées. Ainsi, même si moi je n’ai aucune envie de me lever un quart d’heure plus tôt, je vais commencer par réagir en disant : OK, se lever un quart d’heure plus tôt, ça pourrait être une idée, est-ce qu’on en a d’autres ? Et quand on revient sur les idées ou sur le coup, dire OK.  Et comment ça se passerait : est-ce que tu penses que dans ces cas-là, on aurait le même rythme ? Pourquoi penses-tu que l’on a besoin d’un quart d’heure de plus ? Etc. On discute ensemble et on cherche des solutions ensemble. Voilà, je vais m’arrêter sur la démarche de recherche de solutions. 

Si vous voulez plus de détails sur comment faire une recherche de solutions avec les enfants, je vous encourage à aller lire sur le blog l’article qui s’appelle “Trois manières de résoudre un conflit”

Cependant, je pense que vous avez compris l’idée : à chaque situation que vous cherchez à améliorer, il faut chercher à les impliquer et à travailler ensemble, en équipe. 

Se focaliser sur le progrès

Et puis, la dernière attitude qui vous aidera vous et vos enfants, à préserver votre énergie, c’est de vous focaliser sur le progrès.

C’est-à-dire que, quand vous mettez en place quelque chose, quand vous cherchez à améliorer quelque chose, voyez ce qui réussit, voyez les avancées qui sont faites ! Ne cherchez pas tout de suite à être au sommet de la montagne. On en revient à cette notion d’apprentissage et ça, ça va tout changer parce que ça changera aussi votre regard

Ainsi, vous verrez l’énergie que vous économiserez, parce que vous serez dans une énergie bien plus positive, en ayant remarqué que votre enfant avait rangé la boîte de céréales le matin, plutôt qu’en remarquant qu’il n’a toujours pas mis ses affaires au lave-vaisselle. 

Et même s’il n’a pas fini la démarche, il y a un progrès par rapport à avant. Et ce progrès-là montre que peu à peu, les autres étapes vont pouvoir être franchies également. Ça vous encourage à continuer et ça encourage fortement votre enfant à continuer sur cette voie. 

Voilà, j’espère que ce podcast vous aura aidé pour éviter de vous user à répéter encore et encore les mêmes choses, à être dans la lutte au quotidien. Si vous voulez aller plus loin sur ce chemin et améliorer les échanges avec vos enfants, la meilleure solution est de vous inscrire à la formation Point de rencontre, qui vous permettra d’aller plus en profondeur  dans les approches parentales, qui aident aux échanges, à la connexion et dans les outils concrets pour mettre ça en place. 

En attendant, si vous pensez que ce podcast peut aider d’autres parents, n’hésitez pas à en parler, à le partager et à suivre évidemment les prochains numéros sur la plateforme que vous préférez !

À bientôt.