Isabelle Filliozat aborde ici un cas délicat : le cas de l’enfant qui a peur d’un enseignant.

Et elle donne un coup de pied dans la fourmilière : « Ne craignez pas de déstabiliser votre enfant si vous exprimez un désaccord avec son enseignant. »

Encore une fois, ce n’est pas ce qu’on a appris, et c’est dur à concevoir. Mais finalement, lorsqu’on remet les choses en place, ça devient clair : Nous parlons ici de l’enfant qui a peur d’un enseignant, donc, par hypothèse, un enfant qui fait face à une situation difficile avec cet enseignant !

La majorité des enseignants, heureusement, se comporte de manière respectueuse envers les enfants. Et je veux croire que chaque jour le nombre des enseignants bienveillants grandit.
Cependant, il existe encore des enseignants qui insultent, qui humilient. Et nous ne pouvons pas approuver cette attitude ! Au contraire, si notre enfant fait face à un tel cas, exprimons notre désaccord. Enseignons-lui que nous ne banalisons pas ces comportements. Qu’ils ne font pas partie de nos valeurs.

« Pour certains, l’humiliation est une méthode pédagogique. » Mais pas pour nous. Repensons à cette question : qu’est-ce qui est le plus précieux pour moi ?

Parfois, on peut être porté à penser que ça ne durera que l’année scolaire, mais ça peut durer beaucoup plus. L’auteur donne ici l’exemple d’un jeune qui, face à un prof de maths terrorisant, est devenu mauvais en maths, et l’est resté. Il a suffi (3 ans plus tard !) de tourner cet ancien prof en ridicule pour que son niveau remonte…

Alors, si le cas se présente : écoutez votre enfant !
La peur peut être réelle, je l’ai constaté

J’avais déjà évoqué Adler lorsque j’avais écrit « Les nécessités de base des enfants », je retombe dessus à la lecture de La discipline positive de Jane Nelsen.

En effet, les principes adlériens ne sont rien de moins que les fondements de la discipline positive développée par Jane Nelsen.

Quels sont ces principes ?

  1. Les enfants sont des êtres sociaux
  2. Le comportement de l’enfant est tendu vers un but
  3. Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance
  4. Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé
  5. La responsabilité sociale ou le sens de la communauté
  6. Le principe d’égalité, fondement de la coopération
  7. Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage
  8. S’assurer de faire passer le message d’amour

Et comment les interpréter ?

Les enfants sont des êtres sociaux

Selon Adler, l’enfant nait avec un vrai sens de solidarité et de communion.
Son comportement dépendra donc grandement de son environnement, du contexte social, de l’interprétation qu’il fera du comportement de ceux qui l’entourent.
Je crois qu’on touche ici à la force du modèle !

Le comportement de l’enfant est tendu vers un but

Selon Adler, le comportement est tendu vers un but à atteindre, qui n’est même pas conscient. L’enfant interprète ce qu’il observe, et adapte son comportement en fonction de ce qu’il ressent devoir faire pour obtenir ce qu’il recherche. Comme quand parfois on cherche le compliment par exemple… Seulement, l’enfant le fait souvent de manière inconsciente, sinon ce serait trop facile. Comme quand Léon cherchait de l’attention… Je ne sais si je l’aurais compris sans Adler.

Enfin, ajoutons à ça que, selon Dreikurs, psychiatre qui poursuivit en son temps le développement des principes adleriens, « les enfants perçoivent bien mais interprètent mal », et nous nous retrouvons face à des comportements agaçants qui n’obtiennent pas toujours le but cherché, et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer !

Un exemple parlant, donné par Jane Nelsen ici : la régression du jeune enfant quand un bébé arrive à la maison. C’est assez simple à comprendre en fait : l’enfant observe que quand le bébé demande un biberon, on s’occupe de lui. Il interprète donc que quand un enfant a envie d’un biberon, les adultes sont là pour répondre à cette envie. Or, il aimerait également qu’on s’occupe de lui, c’est son but. Donc, il demande un biberon !

Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance

On rejoint ici l’article que je citais au début de celui-ci, sur les nécessités de base des enfants.

C’est en se sentant faire partie du groupe, et en sentant qu’on y contribue que l’enfant va se construire une vraie confiance en soi.

La compréhension de ce besoin essentiel nous permettra l’éclairage des principes précédents : le but d’un comportement sera en général d’appartenir et d’avoir de l’importance, car l’enfant est un être social.

Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé

Ainsi, si nous ne nourrissons pas le besoin de l’enfant, il devra chercher un moyen de l’obtenir. Et comme il peut interpréter mal ce qu’il observe, il va basculer dans un comportement inadapté. C’est en réalité sa manière de dire « Je voudrais appartenir et avoir de l’importance, mais je ne sais pas comment y parvenir. »

Lors d’un comportement que nous n’apprécions pas, posons-nous la question : que cherche réellement l’enfant ? Quel est son besoin derrière son attitude ? On pourra ainsi l’aider à répondre à son besoin de manière plus adaptée.

La responsabilité sociale ou le sens de la communauté

Les expériences le prouvent : les petits enfants ont naturellement une envie d’aider l’autre. Prendre en compte le besoin de l’autre, essayer d’y répondre, voilà une belle manière de vivre la communauté. Ne les laissons pas perdre cet élan. Laissons-les contribuer, et que cela devienne un échange.

Dreikurs disait : « Ne faites pas pour un enfant ce qu’il est capable de faire tout seul. » Parce qu’en faisant pour lui-même, l’enfant trouve sa place dans la communauté, et développe le sentiment d’être capable. Etant capable, il pourra à son tour aider l’autre, suivant ainsi son instinct de responsabilité sociale.

A l’inverse, n’abandonnons pas à lui-même un enfant qui ne sait pas. Accompagnons-le dans son apprentissage pour lui donner également le modèle du sens de la communauté, et impliquons-le jusqu’à ce qu’il soit capable de prendre la responsabilité seul.

En résumé : ne faisons pas pour, prenons le temps d’enseigner.

C’est l’histoire si marquante du poisson, non ? « Donnez un poisson à un homme, il mangera une fois. Apprenez-lui à pêcher, il mangera toute sa vie ! »

Le principe d’égalité, fondement de la coopération

Jane Nelsen insiste sur la démarche de » connecter avant d’enseigner ».

L’enseignement se fondant sur la coopération, il faut d’abord être connecté avec l’enfant. Et pour cela, il est nécessaire d’aborder notre relation selon un principe d’égalité. Non, cela ne signifie pas qu’un enfant et un adulte sont identiques, mais plutôt qu’ils ont également droit au respect. Ce qui n’est pour l’instant, en général, pas le cas, comme évoqué dans cet article.

En cas de problème, nous veillerons donc à nous connecter avec respect avec notre enfant, avant de chercher une solution avec lui. Concrètement, nous l’écouterons avec empathie, respecterons ses émotions et besoins, partagerons nos propres émotions et besoins. Alors seulement, nous pourrons avancer ensemble.

Ces étapes correspondent d’ailleurs bien à ce que nous avions lu dans les livres de Faber et Mazlish, ou d’Elizabeth Crary.

La connexion peut et doit évidemment se construire également en dehors des situations de conflits, pour plus d’idées sur le sujet, voir comment connecter avec son enfant ?

Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage

Je le mettais dans l’article de présentation de ce livre, parce que c’est un thème qui y revient régulièrement et qui est clef : apprécier la valeur de l’erreur ! Car les erreurs sont des OPPORTUNITES.

L’erreur est un thème que nous avons déjà approché au travers notamment de TED talks : celui de Claire Blondel, celui d’Eduardo Briceño ; grâce à Jane Nelsen, nous la valorisons chez nous également : tous les samedi, avec Oscar (14 ans) et Alice (10 ans), nous avons ajouté à nos « samedi victoire », le « samedi erreur ». Ainsi, chacun partage également son erreur de la semaine, et ce qu’il en a retiré !

Ce n’est pas évident, car pour accepter de faire face à l’erreur, il faut avoir le courage d’être imparfait !

Cas d’application concret : en tant que parent, nous faisons régulièrement des erreurs dans la manière d’aborder les choses avec nos enfants. Ayons le courage d’être imparfaits, et n’hésitons pas à aller les voir avec notre part de responsabilité pour demander pardon pour notre débordement. Ainsi, nous leur donnons le modèle d’une démarche de réparation.

S’assurer de faire passer le message d’amour

Pour terminer, ne perdons pas de vue l’essentiel : quand nous faisons des reproches à nos enfants, souvent, c’est parce que nous les aimons.

Eh oui ! Sinon, peu nous importerait qu’ils se couchent tard et soient fatigués, qu’ils rentrent après la tombée de la nuit, qu’ils ne travaillent pas leur français…

En fait, nous cherchons à leur imposer ce qui nous semble important pour eux, parce que nous les aimons. Seulement voilà : reçoivent-ils bien ce message ?

Essayons de marquer un temps de pause et de réfléchir à nos formulations, pour inclure ce message, parce que finalement, c’est bien lui qui compte le plus !

Bien sûr, après avoir écrit ça, je sais quand même que la prochaine fois que je m’énerverai, je ne marquerai pas de temps de pause, je m’agacerai, et mon message d’amour ne passera pas….

Mais ce sera une opportunité ! Une opportunité de m’en rendre compte, d’y réfléchir, une opportunité de retourner voir mon enfant et de lui montrer comment on répare. Ensuite, nul doute que j’aurai une autre opportunité de faire mieux. Je suis imparfaite, et je l’accepte, tout en cherchant à faire mieux !

Dans La discipline positive, Jane Nelsen insiste sur le fait que la démarche de discipline positive consiste à connecter avant d’enseigner.

J’adore cette vision des choses.

En effet, réfléchissons bien :

Nous ne voulons pas d’enfant obéissant pour le simple fait d’obéir… pourtant, nous voulons leur enseigner le respect des limites. Il va donc falloir chercher leur coopération.
Si on veut obtenir la coopération de quelqu’un il faut d’abord être connecté !
cqfd.

Et ça tombe bien. Parce que rappelez-vous du moment où vous avez eu envie d’être parent. Et puis, le moment où ce petit bout est arrivé. Que voulait-on à ce moment-là ? Avant de se rendre compte qu’être parent, c’est difficile ; avant de se retrouver un peu dépassé par toutes les questions qui ont surgi : fais-je ce qu’il faut ? Est-ce ce que je veux lui apporter ? Quel est le rôle du parent ? Au début, rappelez-vous, on cherchait juste à être connecté à lui !

Alors, revenons au fondamental, connectons-nous !! Ensuite, ensuite seulement, nous pourrons enseigner.

Comment se connecter ?

  • En écoutant notre enfant. Quel que soit son âge, notre enfant a envie d’être écouté, d’être entendu. Il n’a pas envie de notre jugement, ni de nos conseils, encore moins qu’on lui explique qu’il a tort de ressentir ce qu’il ressent ! Alors, acceptons ses sentiments, pratiquons l’écoute active, et la Communication Non Violente. (D’ailleurs, si nous arrivions à mettre ces principes en action avec nos conjoints et amis, nous gagnerions aussi en connexion avec eux !)
  • En partageant nos propres sentiments. Oui, nous avons aussi le droit de ressentir. Partager ces sentiments avec nos enfants, c’est aussi les respecter, leur donner l’opportunité de les prendre en compte. De manière appropriée, bien entendu, c’est à dire sans attaquer le caractère de l’enfant.
  • En les impliquant dans les recherches de solutions. Nous avons confiance en notre enfant. Confiance dans le fait qu’il est capable de chercher des solutions avec nous. Nous n’avons pas besoin de lui imposer les nôtres, il peut nous aider à trouver celles qui respectent ses besoins et les nôtres.
  • En prenant le temps de leur apprentissage. Quand nous leur demandons quelque chose, n’espérons pas d’eux qu’ils y parviennent sans faute du jour au lendemain. L’erreur fait partie du processus et est une opportunité d’apprentissage. Ils y arriveront. Nous les aimons quand ils réussissent, et quand ils vont réussir. (Je vole cette formule à un livre pour enfant que je trouve particulièrement beau : Mon amour)
  • En passant avec lui des moments particuliers. En tête à tête. Et les valoriser !

Surtout, n’oublions pas tout ceci, enfoui souvent sous le quotidien.
Nos enfants savent peut-être, sûrement, qu’on les aime, mais ils le sauront encore plus si nous le leur montrons !

Dès le 1er chapitre (« l’approche positive ») de son livre La discipline positive, Jane Nelsen met les choses au clair : la discipline positive n’est ni de l’autoritarisme ni de la permissivité.

Selon elle, l’attitude du parent (ou de l’adulte en charge) dans chacun des cas est la suivante :

Autoritaire : « Voilà les règles que tu dois suivre, et voilà la punition que tu recevras si tu ne les respectes pas. »

Permissif : « Il n’y a pas de règles. Nous allons nous aimer et être heureux et, plus tard, tu seras capable de choisir tes propres règles. »

Discipline positive (fermeté et bienveillance simultanées) : « Nous allons décider ensemble des règles qui seront bénéfiques pour tous. Nous allons aussi nous mettre d’accord sur des solutions qui aideront chacun lorsque nous rencontrerons un problème. Si j’ai besoin de décider sans pouvoir t’impliquer, je le ferai avec bienveillance et fermeté, dignité et respect. »

Ainsi, « le but de la discipline positive est d’obtenir des résultats positifs à long terme et de développer sans attendre autonomie et coopération. »écrit Jane Nelsen.

Car dans un modèle autoritaire, celui de la carotte et du bâton, c’est à dire des récompenses et des punitions, le contrôle est purement extérieur. Il est donc logique que les enfants ne développent pas le sens des responsabilités dans un tel modèle : on ne le leur en donne pas l’occasion !

A l’inverse, si on implique les enfants dans l’établissement des règles, ils seront plus disposés à les suivre. Si le contrôle devient intérieur, ils développeront une meilleure estime d’eux-mêmes.

Pour réussir à concilier ainsi fermeté et bienveillance, nous allons peu à peu apprendre à nous centrer sur les solutions.

Jane Nelsen considère que la bienveillance correspond au respect du monde de l’enfant. La fermeté celle du monde de l’adulte. Ainsi, le parent autoritaire manque de bienveillance, et le parent permissif manque de fermeté.

Mais la vraie bienveillance, celle vers laquelle on tend dans la parentalité positive, c’est celle qui valorise le respect de l’enfant ET de l’adulte.

« Ce n’est pas respectueux de leur éviter toute déception, parce que cela les prive de l’opportunité d’en faire l’expérience et d’apprendre à y réagir correctement. »

Le respect du monde de l’enfant, c’est plutôt de recevoir ses émotions. Tout en ayant confiance en eux pour surmonter les plus difficiles !

Comme ces mots résonnent en moi… C’est un thème que j’ai déjà abordé ici : la difficulté que j’observe parfois chez certains parents de ne pas basculer dans le non-respect d’eux-mêmes à partir du moment où ils deviennent bienveillants envers leur enfant… Je trouve que c’est si bien expliqué ici.

Ainsi, Jane Nelsen finit cette partie sur un exemple que je trouve assez explicite.
Supposons qu’un enfant nous parle mal. Une manière, selon elle, à la fois bienveillante et ferme de réagir serait de quitter la pièce. Non, nous ne passons pas par des punitions qui ne donneraient pas plus envie à l’enfant de bien nous parler, mais nous n’acceptons pas non plus de continuer à interagir avec quelqu’un qui nous parle mal, tout simplement. Ainsi, nous faisons preuve de respect envers nous-mêmes, et en donnons l’exemple à l’enfant.
Plus tard, nous pourrons en reparler avec lui au calme : « Je comprends que tu étais en colère, mais je ne peux accepter qu’on me traite ainsi. Si tu me traites encore comme ça, je quitterai de nouveau la pièce. Cependant, quand tu seras prêt à me traiter avec respect, je serai ravie de revenir te parler et t’aider à trouver d’autres manières de gérer ta colère, si tu le veux. Es-tu prêt à chercher avec moi des solutions qui seront respectueuses pour nous deux ? »

C’est fort comme message, non ?
Ca me fait penser à ce qui m’est arrivé la semaine dernière avec Anatole

– Cet article présente l’un des TED Talks que j’ai aimés –

Eduardo Briceño fait ici clairement la différence entre la zone d’apprentissage et la zone de performance.

Il explique que pour améliorer sa performance, il convient d’entrer dans un processus d’amélioration continue, dans lequel on accepte de passer également du temps dans la zone d’apprentissage. Celle dans laquelle on peut s’attendre à faire des erreurs, mais on les accepte, parce qu’elles font partie de l’apprentissage.

Passer du temps à apprendre, c’est ce que je fais au quotidien en continuant à avancer sur ce chemin de la parentalité positive. Accepter d’y faire des erreurs, également.

Est-ce la raison pour laquelle ce TED talk m’a parlée ?
(malheureusement, pas de sous-titres en anglais au moment où je mets ce lien en ligne)

Nous sommes dans le premier chapitre de La discipline positive, qui s’intitule « L’approche positive ».
Dans ce chapitre, Jane Nelsen commence par expliquer les causes de certains nouveaux défis dans l’éducation des enfants.

Tout d’abord, et elle reprend ici la théorie de Rudolf Dreikurs, psychiatre autrichien, le monde des adultes ne donne plus aux enfants un modèle de soumission et d’obéissance.

On peut en effet commencer par le modèle brisé de la femme obéissant à son mari. Dreikurs dit « le jour où le père a perdu son contrôle sur la mère, les deux ont perdu leur contrôle sur les enfants ». Et les modèles de soumission des enfants ne s’arrêtaient pas là : le père obéissait aveuglément à son employeur (qui ne prêtait que peu d’intérêt à ses opinions), les minorités étaient soumises aux majorités…

Aujourd’hui, le modèle est plus égalitaire, et les enfants suivent les modèles. Ils ne veulent donc plus se soumettre et obéir !
(ce qui, rappelons-le, est une bonne chose puisque nous ne voulons pas d’enfants obéissants…)

D’autre part, du fait qu’on n’attend plus d’eux qu’ils contribuent financièrement au foyer, les enfants ont aujourd’hui moins d’opportunités de développer leur sens des responsabilités.

Là encore, c’est un progrès, mais il ne faut pas non plus « sous-estimer à quel point il est important pour les enfants de participer et de contribuer ».
(Car, on l’a vu, ça fait partie des nécessités de base des enfants)

En voulant protéger nos enfants, nous risquons de les priver de l’opportunité de se sentir capables, de se sentir utiles. C’est pourtant tellement fondamental, pour chaque être humain, et encore plus pendant cette période de construction. S’ils ne sont pas encouragés à contribuer, ils risquent de recevoir le message (faux) qu’ils ne sont importants que lorsqu’on fait pour eux. Ou bien qu’ils ne sont pas capables !

Enfin, l’auteur insiste sur le fait que « se détourner des punitions ne signifie en aucun cas autoriser les enfants à faire tout ce qu’ils veulent ».

Non, l’idée est plutôt de leur offrir les opportunités de développer leur sens des responsabilités.

Les derniers chapitres de Poser des limites à son enfant et le respecter abordent ce que je considère être la position du parent :

Quand on sent qu’on va craquer

Quelques conseils sur la gestion de la colère : s’isoler, passer le relai, identifier le déclencheur (important ça, y réfléchir à tête reposée : qu’est-ce qui nous met régulièrement en colère ?), expliquer hors contexte (ou reprendre la situation au calme, pour en rediscuter en dehors du moment où nos émotions nous dépassent), rejoindre un groupe de soutien (parce que l’échange avec les autres parents nous aide, nous rassure sur le fait de ne pas être seul, et permet un point de vue extérieur… comme ça m’était arrivé l’été dernier)

Faire face aux critiques

Ici, l’auteure se montre d’un calme olympien : « Nous pouvons juste affirmer que nous avons choisi des directions, que notre interlocuteur en a choisi d’autres… »
Et sur la question de convaincre les autres parents, elle croit plus en l’exemple qu’en la parole.

Bien sûr, ce point de vue est plus respectueux, et permet d’éviter le conflit. Je sens pourtant qu’il ne me suffit pas… Si je fais ce blog, c’est bien parce que j’ai envie de partager plus que par notre seul exemple, j’ai envie de « répandre la bonne parole », de contribuer à un monde meilleur en encourageant d’autres parents, parce que j’aurais bien aimé apprendre tout ça plus tôt moi aussi… Oui, il y a des parents qui ne sont pas d’accord avec toute cette philosophie bienveillante, et il n’est pas de notre ressort de les obliger à voir les choses autrement, mais il y a également beaucoup de parents qui y deviennent sensibles quand ils en apprennent plus. Ils se sentent moins démunis, tout simplement. Mais je m’emballe… Revenons à nos moutons.

Abandonner le mythe de l’obéissance

Pour terminer, un mot sur le rôle du parent, sur une autre manière de communiquer avec nos enfants. Là, je suis bien en ligne, je l’avais déjà écrit d’ailleurs dans Pourquoi je ne veux pas d’enfants obéissants…..

Et, en guise de phrases de conclusion : « C’est le travail d’une vie, mais il en vaut la peine. Il y a un monde meilleur au bout de cette route ! »

N’ai-je pas eu raison de sous-titrer ce blog « Sur le chemin de la parentalité positive » ??

– Cet article présente l’un des TED Talks que j’ai aimés –

Récemment, nous discutions récompenses avec des mamans d’un de mes ateliers.

Pourquoi les récompenses sont également à éliminer ; punitions et récompenses, même combat ! Car dans les deux cas, c’est un contrôle extérieur. Les 2 correspondent à la méthode du bâton et de la carotte. Promis, je ferai bientôt un article spécifiquement sur ce sujet.

Cependant, cette conversation s’est élargie pour s’ouvrir sur la motivation, et j’ai conseillé à la maman de voir ce TED talk de Dan Pink, que j’avais vu il y a bien longtemps, et que je me souvenais avoir trouvé excellent !

Du coup, suivant mon propre conseil, je l’ai revu, et il est effectivement à partager, ce que je m’empresse de faire ici ! Bien que nous sortions du cadre des enfants, les notions restent liées.

Dan Pink explique ici dans quelle mesure offrir des récompenses fonctionne ou pas.

En résumé : ça fonctionne seulement si la tâche à effectuer ne nécessite aucune réflexion !!

Il s’interroge ainsi sur la façon dont fonctionnent les entreprises, sans tenir compte de ces informations qui sont pourtant bien sues et confirmées par diverses expériences…

Passionnant.

Dans ce chapitre de Poser des limites à son enfant, l’auteure donne quelques pistes pour sortir de l’impasse.
Pour ces moments où, malgré toute notre bienveillance, l’enfant refuse de coopérer.
Comment s’en sortir sans entrer dans une lutte de pouvoir ?

Beaucoup des idées suggérées correspondent à un changement d’ambiance.
Ainsi, il est suggéré de

  • l’accompagner physiquement (exemple de mettre le couvert en prenant les assiettes avec ses mains comme si c’était une marionnette..)
  • proposer un jeu de chahut (on se bat, sans chatouilles qui pourraient l’énerver)
  • faire un échange de rôles spontané (on prend son attitude, et lui suggère de jouer le parent !)
  • organiser une sortie défoulement (courir, sauter dans les flaques)
  • mettre de la musique et danser

Il est clair que plus on se concentre sur le point de blocage, moins il se débloque, on a tous connu ça ! (On a d’ailleurs touché déjà cette notion du lâcher-prise dans des articles vécus récents, comme « Opposition« ).

Autres idées :

  • Lui donner de l’attention concentrée (car c’est peut-être tout ce dont il a besoin… Note perso : si c’est le cas trop souvent, penser au « moment particulier »)
  • Lui proposer de dessiner ce qu’il ressent (idée qu’on a déjà vu auparavant…)

Je me rends compte une fois de plus, en rédigeant ce résumé, que passer de l’agacement au rire n’est franchement pas ma force… Je ne sais pas si je me sens capable de faire ce qui est suggéré plus haut quand j’arrive à un point de blocage… Ca me donne envie de me plonger dans Qui veut jouer avec moi ? de Lawrence Cohen, dont j’ai lu beaucoup de bien. Je l’ai dans ma bibliothèque, mais j’ai toujours un autre livre qui lui passe devant !! Tant de choses à apprendre encore…

Ajout septembre 2017 :
Un exemple concret de ce chapitre m’est revenu en tête cet été, et m’a été fort utile :
Plutôt que de m’énerver, j’agis !

Il n’y a pas très longtemps, je vous ai parlé du bénéfice du « moment particulier » pour remplir le besoin d’attention des enfants. Un moment en tête à tête avec un parent, pendant lequel ils n’ont pas à lutter ni avec notre téléphone ni avec un frère ou une soeur pour avoir notre attention pleine et entière.

Seulement voilà, quand on commence à le mettre en place, il y certains aspects pratiques qui ne sont pas toujours facile à gérer.

Je vais en aborder deux aujourd’hui :

1- Comment terminer le moment particulier quand l’enfant voudrait qu’il continue ?

Il y aura forcément une période de mise en place pendant laquelle l’enfant, heureux d’avoir le parent pour lui seul, ne voudra pas voir ce moment toucher à sa fin !

Que ça ne vous fasse pas renoncer, au contraire : si l’enfant en veut plus, c’est bien le signe qu’il n’en a pas assez !!  Il faut donc accepter qu’il y ait une certaine période d’apprentissage, et c’est bien normal.

Que pouvons-nous faire pour aider cet apprentissage ?

  • D’abord, on choisit si possible une activité courte : un petit puzzle, une histoire, une petite activité manuelle… La transition sera plus facile à accepter si l’activité est terminée !
  • Dans le cas où l’activité serait trop longue, on peut décider d’un endroit physique (un petit tapis comme dans les classes Montessori est parfait, par exemple) sur lequel l’activité reste, et auquel on ne touche pas avant le moment particulier suivant.
  • On peut choisir de mettre une minuterie. Dans ce cas, surtout pour les plus petits, choisir une minuterie qui permet de voir physiquement le temps qui s’écoule et se rendre compte de la partie qui reste (comme un cercle avec une couleur qui décroit), et pas une minuterie à chiffres… Sinon la fin arrive sans que l’enfant s’y soit attendu ! Il existe des applications pour de telles minuteries.
  • Quand le moment arrive, recevoir l’émotion avec empathie !! (Rien de neuf ici, n’est-ce pas ?)
    « C’est difficile de finir ce moment particulier ! », évoquer le futur : « J’ai hâte d’avoir notre prochain moment particulier ! »
  • et le mieux : lui rappeler quand sera ce prochain moment particulier ! (de l’intérêt de l’avoir planifié, ce qui n’est pas du tout le cas chez nous pour l’instant…)
  • Si l’on constate que cela reste difficile, il peut être bon de prévoir une autre activité intéressante pour suivre, que l’enfant pourra faire à côté de nous, par exemple dans la cuisine pendant que nous préparons le repas. (Oh, le beau cliché de la maman aux fourneaux… Il reste cependant pas mal vrai, qu’on le veuille ou non !)

Dans tous les cas, rester ferme sur la fin du moment.
Ne pas renforcer le « Encore 5 minutes, mamaaan… » en concédant à contre-coeur…

Au fur et à mesure, les transitions seront plus faciles si on arrive à être constant dans l’organisation de ce moment.

2- Comment faire en sorte que ce moment ne soit pas interrompu par un autre membre de la fratrie ?

Encore une fois, il y aura une période de mise en place pendant laquelle il y a fort à parier que le frère pointera le bout de son nez ! Que peut-on faire pour aider à l’apprentissage du respect du « moment particulier » de l’autre ?

  • On peut en amont travailler sur une liste d’activités à faire pendant que le parent est avec l’autre.
  • On peut aussi mettre en place une minuterie visuelle pour celui qui est à l’extérieur, pour qu’il puisse également appréhender le temps passé et restant.
  • Surtout : le frère (ou soeur) intervient en général parce qu’il veut parler au parent : donnons-lui un papier avant, en lui expliquant que s’il a quelque chose à nous dire, il peut l’écrire (ou le dessiner)  pour ne pas l’oublier. Quand le « moment particulier » de son frère sera terminé, on le regardera avec plaisir.
  • Ne pas hésiter à faire ces moments avec des tout petits (avec lesquels on a déjà des moments comme ça, la question est simplement de les nommer !), ça aidera le grand à apprendre et respecter le fait que chacun y a droit.

Voilà, si vous parvenez à mettre ça en place, dites-le moi, ça m’intéresse !!