La parentalité positive parle de se débarrasser complètement des
punitions ?
Alors, comme ça, les enfants peuvent faire n’importe quoi sans que ça prête à conséquence ??
Non, ils ne le peuvent pas.
On a dit qu’on s’affranchissait des punitions. Pas des conséquences.
Les conséquences peuvent être, au contraire des punitions, une bonne manière de faire en sorte que les enfants assument leurs responsabilités.Mais pour cela, encore faut-il connaître la différence !Je vais vous l’expliquer en reprenant les termes de Jane Nelsen, auteur de
La Discipline Positive.
Une conséquence est :
- en Relation avec l’acte
- Respectueuse
- Raisonnable
- Révélée en avance
Ce sont les
4 R de la conséquence.La conséquence est
en Relation avec l’acte : probablement le point le plus important, celui qui donne la logique de la démarche :
Priver son fils d’ipad parce qu’il a mal parlé à sa soeur, c’est une punition.
Le priver d’ipad parce qu’il le laisse trainer après utilisation, ça peut être une conséquence.La conséquence est
Respectueuse : il ne s’agit pas d’humilier l’enfant, de se moquer de lui. (Lui faire lécher le sol pour nettoyer ce qu’il a renversé n’est pas une conséquence, c’est une punition, parce que c’est humiliant. C’est carrément une violence en fait !!)La conséquence est
Raisonnable : elle sera adaptée en particulier à l’âge de l’enfant. Faire payer le nouveau pull à son fils de 12 ans parce qu’il en a perdu 5 peut être raisonnable, lui faire payer tous ses pulls à vie ne l’est pas…La conséquence est
Révélée en avance : ce point-là peut sembler difficile, mais c’est celui qui fait tenir le tout. Parce qu’on a prévenu l’enfant, il peut assumer la responsabilité de ses actes. Il connaissait la conséquence. Il savait que s’il perdait encore un pull, il devrait le repayer, il savait donc qu’il était de sa responsabilité d’y faire plus attention. (et pour cela, nous allons le voir, on peut essayer de l’aider avant, pour essayer de l’aider à réussir ! Car
nous sommes dans son équipe !)Vous noterez au passage que si la conséquence doit être révélée en avance, c’est donc que ce n’est pas une décision hâtive, suite à un problème soudain.
La conséquence n’est mise en place que pour des situations qui se répètent, et que nous avons donc anticipées !Parce qu’on a aussi tous le droit à l’erreur, nos enfants y compris. Si votre fils arrache les fleurs du voisin, il ne sera pas puni, et la conséquence n’aura pas été prévue (car vous ne l’aviez pas anticipé, à moins qu’il ne fasse ça toutes les semaines…). Non, dans ce cas c’est une erreur et donc, comme nous l’avions vu dans
les principes adlériens, une opportunité d’apprentissage. Il s’agira alors plutôt de mettre en place avec lui une démarche de réparation.Maintenant, allons un peu plus loin dans la connaissance de la conséquence.
Il existe deux types de conséquences : les conséquences naturelles, et les conséquences logiques.
Dans les 2 cas, ce ne sont des conséquences que si elles répondent aux 4 R sus-mentionnés.
La conséquence naturelle, c’est ce qui arrive si nous décidons de ne pas intervenir.Prenons l’exemple de l’enfant qui oublie régulièrement de noter ses devoirs. Si la maman (comme ça arrive beaucoup ici à Puerto Rico, où je vis) a la démarche systématique de se renseigner auprès d’autres mamans pour obtenir l’information, il y a peu de chances que l’enfant apprenne à noter ses devoirs.En ayant cette démarche, nous ne l’aidons pas à grandir, à développer son autonomie, à avoir confiance en lui sur le fait qu’il peut se débrouiller sans sa maman. Nous ne l’armons pas pour son futur, en fait, en voulant l’aider, n’ayons pas peur des mots, nous nuisons à son développement.Il vaudrait mieux lui donner l’opportunité d’expérimenter les conséquences naturelles de sa négligence.Il ne s’agit cependant pas de lui tendre un piège. Nous n’allons pas changer d’attitude du jour au lendemain sans l’avoir prévenu. Au contraire, nous préparerons la démarche.Nous nous asseyons donc avec l’enfant, et lui disons calmement :
« Je me suis rendu(e) compte que tu oubliais régulièrement de noter tes devoirs. Je ne pense pas que le fait de les chercher pour toi soit une aide. Je pense que tu es tout à fait capable de noter tes devoirs convenablement, et que tu n’as pas besoin de m’impliquer dans cette démarche. J’ai donc décidé de t’en rendre la responsabilité, et de ne plus me renseigner sur les devoirs du jour si tu oubliais de nouveau de les noter. »
Nous pouvons même aller plus loin en accompagnant l’enfant dans sa préparation vers la réussite :
« Maintenant que tu en as la responsabilité, que penses-tu mettre en place pour ne plus oublier de noter tes devoirs ? » On peut l’aider à trouver des idées, mais ce n’est pas à nous de lui imposer la méthode. Laissons-le essayer de trouver la sienne. A long terme, il vaut mieux que les devoirs ne soient pas faits quelques fois, mais qu’il trouve comment s’y prendre pour mettre cette démarche en place que le contraire !Ensuite, le jour où il revient sans ses devoirs, ce qui risque fortement de se produire, résistons à la double tentation : 1) de revenir sur ce que nous avons dit en allant chercher les devoirs, 2) de lui commenter que « Je t’avais bien dit que … Encore, tu as oublié ?? », et de remuer ainsi le couteau dans la plaie.Contentons-nous plutôt de recevoir sobrement le sentiment, et transmettons-lui notre confiance en lui pour le futur : « Aie, tu as oublié de noter tes devoirs ? Non, je ne vais pas appeler la maman de X. Je comprends que tu sois embêté, je suppose que la prochaine fois, tu n’oublieras pas. »Et voilà. S’il continue à se plaindre, ne pas se laisser entraîner, s’éloigner.
Il a le droit d’avoir un sentiment négatif, nous le laissons l’expérimenter et grandir !
La conséquence logique est celle que nous mettons nous-mêmes en place.Parfois, le problème se répète, et on n’a pas le choix, il y a une conséquence à mettre en place.Ca peut aller de très simple à plus complexe.Par exemple, après avoir expliqué plusieurs fois à Anatole (3 ans) que les feutres qui restaient ouverts séchaient, lui avoir rappelé de les fermer quand il les utilisait, lui avoir expliqué que ça ne me plaisait pas.. j’ai fini (après le lui avoir annoncé avant) par simplement enlever les feutres. Il se contente à présent de crayons et de crayolas.Parfois c’est plus sérieux. Comme quand après avoir eu plusieurs conflits avec Oscar (14 ans) sur le temps passé à l’attendre quand on venait le chercher à ses tournois, alors que ça nous coutait déjà de faire la route, on a décidé qu’il devrait trouver son propre moyen d’y aller… Cet épisode, délicat, mérite d’ailleurs un article en soi, que je ne manquerai pas d’écrirebientôt.Dans tous les cas, ça participe à l’enseignement, tant que c’est fait de manière respectueuse.
Parfois, on ne trouve pas de conséquence. Pas besoin d’insister. C’est que la conséquence n’est pas le bon outil. Elle ne devrait d’ailleurs pas être utilisée trop souvent. A-t-on bien creusé les autres pistes ?Car, avant de mettre en place une conséquence, il vaut mieux
prendre le temps de réfléchir à la résolution du problème directement avec l’enfant. Lui laisser une chance que ça marche autrement. Parce que le problème de la conséquence, c’est qu’
elle prive de l’opportunité d’apprentissage.Alors, si vous êtes vous-même en apprentissage, remplacez déjà les punitions par des conséquences. Puis, peu à peu, allez un cran plus loin, et
impliquez vos enfants dans les recherches de solution. Comme
cette maman d’un de mes ateliers, dont le fils jetait des jouets par le balcon, et avec qui nous avons pu travailler, au delà de la conséquence de fermer la porte du balcon, sur une recherche de solution.Vous verrez, vous en sortirez tous gagnants !
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Rq : on avait aussi déjà abordé cette question lors de la lecture de
Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, lorsque les auteurs nous conseillaient, dans
le chapitre sur les alternatives à la punition, de laisser l’enfant subir les conséquences de ses actes, après lui avoir donné un choix.