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Conflits entre les parents sur le mode de discipline : le paradoxe

Dans un couple, il y a régulièrement des conflits quant à la discipline à mettre en oeuvre face aux enfants.

Depuis que j’accompagne des parents our le chemin de la parentalité positive, qui demande de remettre pas mal de nos idées reçues en question, j’ai vu bien des cas où les parents ne sont pas en ligne. Evidemment, cela complique d’autant plus la mise en place d’un mode alternatif.

S’il est vrai qu’il n’est pas nécessaire que les parents soient toujours en ligne et « fassent front » face aux enfants, comme on avait tendance à le dire avant, il n’en reste pas moins qu’un parent qui cherche à changer ses façons de faire aura particulièrement de mal à le faire s’il avance seul, voire à contre-courant de son partenaire !

Malheureusement, il n’est pas rare de voir un des parents s’accrocher à des méthodes disciplinaires qui ont « fait leurs preuves » (leurs preuves qu’elles ne marchaient pas, en fait…), et imposer ce qu’il pense savoir. Tandis que l’autre, qui touche du doigt un autre modèle, doute. Et le doute ne permet pas d’imposer.

On touche à une certaine relation de pouvoir dans le couple, cette fois : qui peut imposer son mode de fonctionnement à l’autre ?

Dans Il n’y a pas de parent parfait, Isabelle Filliozat soulève un paradoxe qui me semble particulièrement intéressant : elle observe que c’est souvent le parent le plus présent auprès de l’enfant qui remet les schémas reçus en question. Parce que ses principes se heurtent à la réalité. Parce qu’en faisant vraiment face à l’enfant, il ne peut ignorer ses réactions, son état émotionnel. « Mais, hélas, c’est fréquemment l’autre qui a le pouvoir dans le couple. Parce que c’est lui qui travaille à l’extérieur et ramène l’argent. » écrit Isabelle Filliozat. Si c’est un peu caricatural, ce cas de figure reste cependant fréquent dans notre société qui reste encore très patriarcale…

Nous arrivons donc bien devant un paradoxe : le parent absent sait comment les enfants s’éduquent en théorie, alors que le parent présent doute, et a du mal à imposer son point de vue. 

Face à ce constat, que peut-on faire ?

  • De la communication ! Au fur et à mesure que nous avançons sur notre chemin, partageons nos doutes et nos interrogations. Chez nous, lorsque j’ai pris conscience du tournant éducatif que j’étais en train de prendre, j’ai compris que j’avais besoin d’être accompagnée et soutenue dans cette démarche. Nous avons alors mis en place, Nicolas et moi, des « réunions éducation » hebdomadaires, pour que je lui parle de mes dernières lectures, et de comment elles s’appliquaient à nos enfants.
  • Exprimer notre demande d’aide : Quand on cherche à être sévère face à un enfant, on demande le soutien de l’autre, afin qu’il ne « sape » pas notre autorité. Essayons de faire de même quand on cherche à se connecter à son enfant : demandons de ne pas être interrompus, pour ne pas nuire à ce processus.
  • Amener l’autre à se heurter à la réalité : en le laissant en charge. S’occuper des enfants est beaucoup plus éprouvant que ce que ceux qui le font peu peuvent penser. Je ne dis pas que travailler dans un bureau n’est pas fatigant. Mais c’est émotionnellement beaucoup moins dense. Si le moins présent des parents pouvait passer une semaine seul en charge des enfants, il est fort probable que ses principes seraient ébranlés…
  • Observer des situations qui ne sont pas les nôtres. Lorsque nous sommes impliqués, il est toujours très difficile d’être objectif. Si nous saisissons les opportunités de la vie quotidienne pour observer les autres familles, nul doute que nous trouverons de quoi illustrer nos propos sans mettre en cause l’autre parent. C’est parfois beaucoup plus facile d’avoir un point de vue extérieur, et on peut en tirer un bon enseignement !
  • Enfin, enseigner par l’exemple. J’ai vu des cas où le parent réticent à lire ou même à écouter est amené à changer malgré tout en constatant le changement de dynamique dans la relation des enfants à son conjoint. La difficulté de cette méthode réside dans le fait que cela nécessite d’être fort, de croire suffisamment en soi pour suivre notre chemin, indépendamment de l’autre, en espérant qu’il évolue peu à peu. Pas facile…

Quoi qu’il en soit, et même si l’idéal est bien sûr d’avancer à deux, restez persuadé(e) qu’il vaut mieux pour l’enfant avoir un parent qui l’écoute, plutôt qu’aucun…

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1 réponse
  1. Emma - Parent Plus Qu'Imparfait
    Emma - Parent Plus Qu'Imparfait dit :

    Merci Coralie pour cette réflexion ! Les divergences en matière d’éducation sont en effet difficile à gérer dans un couple. Quand le résultat est là, ça va. Et cela peut suffire à avoir un impact positif sur l’autre. Mais quand « ça ne marche pas » (c’est-à-dire que l’effet n’est pas immédiat), c’est plus compliqué. D’autant qu’on peut se mettre à douter…
    Je pense que lorsqu’on discute d’éducation avec notre conjoint, il est important de lui expliquer que l’éducation positive n’est pas une éducation permissive.
    Nous sommes toutes les deux adaptes de la discipline positive, qui prône les valeurs suivantes « Bienveillance, Fermeté, Encouragement » et je pense que c’est une discipline intéressante pour sensibiliser un parent aux méthodes traditionnelles.
    Encore merci !

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