Une formation en ligne pour apprendre à être parent ?? Oui, ça peut surprendre. Et pourtant…
Lisez bien cet article jusqu’au bout, il est plein de surprises !

Une chose est claire : être parent, c’est difficile. Nous nous mettons beaucoup de pression pour faire au mieux, pour accompagner nos bambins vers un futur ensoleillé, nous aimerions leur offrir les meilleures des compétences. Et puis, au quotidien, nous tombons dans des luttes stériles. Nous nous épuisons.

La parentalité positive nous offre des alternatives. Seulement voilà, comment devenir un parent positif ?

Un vrai cheminement

Vous le savez, j’ai à coeur d’aider les parents à développer un autre type de relations avec leurs enfants. Je suis devenue passionnée d’éducation positive, et veux partager ce que j’ai appris (et apprends encore), parce que :

  1. j’aurais aimé qu’on m’enseigne tout cela plus tôt, à moi aussi. Ca a tellement transformé notre vie de famille ! Or, une vie de famille plus harmonieuse, on y aspire tous, non ?
  2.  je suis persuadée que nous avons tous un rôle à jouer pour faire bouger les choses, pour faire évoluer la société.

Dans cette démarche, j’ai rencontré beaucoup de parents qui, au fil de leurs lectures, avançaient, mais qui se heurtaient régulièrement à leurs vieux démons.

Pas plus tard qu’hier, Laure-Marie (maman de 3 enfants de 7, 5, et 3 ans) me confiait qu’elle avait lu des livres d’éducation positive depuis la naissance de son aînée, mais qu’elle les trouvait durs à digérer. A la rentrée dernière, elle s’est trouvée dans une situation de vie « parfaite » : un travail plus agréable et moins fatigant, auquel elle se rend à vélo, une nouvelle maison dans laquelle la famille est bien.. et malgré cela, elle raconte : « J’avais l’impression que tous les soirs, en franchissant le seuil de la maison, j’étais hyper heureuse à 18h30, et qu’à 18h45, j’avais déjà hurlé sur tout le monde et que c’était vraiment pas normal. »

Alors, en décembre 2018, Laure-Marie décide de s’inscrite à la formation POINT DE RENCONTRE « pour elle-même avant tout. » Et maintenant ? « Il y a beaucoup de situations que je réussis à désamorcer… C’est moi que je désamorce plus que les enfants, en fait ! »

Oui, une formation, ça aide. Ce qui a aidé Laure-Marie ? Elle avait besoin d’un guide, qu’on lui mâche le travail, et qu’elle reçoive le contenu avec une certaine fréquence, une certaine régularité.

Elle m’a même confiée se réjouir régulièrement le mardi matin, à l’idée du nouveau contenu de POINT DE RENCONTRE qui l’attendait dans sa boite mail !

Ce que j’ai fait pour lui offrir ce guide ? Voici comment elle le voit : « Tu as fait le travail de remettre les choses dans un certain ordre, et de le proposer dans un certain ordre. On t’amène de l’enfant à toi, puis de toi à l’enfant… Y’a un sens, et ça coule assez bien. »

On rejoint bien la notion de cheminement dont je vous ai déjà parlée.

Pour écouter le témoignage complet de Laure-Marie :

Vouloir devenir un parent positif du jour au lendemain, c’est une utopie. Surtout dans les vies que nous menons. Ce que je vous propose, avec la formation POINT DE RENCONTRE, c’est « une progression pas à pas construite comme un chemin à suivre. Cette progression permet d’organiser les pensées, de faire des liens et d’ancrer les outils. Tout est soigneusement relié, explicité et réfléchi pour nous aider à avancer avec douceur et déculpabilisation. » (Je reprends ici les mots d’Emilie, maman de 2 enfants de 7 et 5 ans)

Comment se déroule POINT DE RENCONTRE ?

La partie solitaire

Comme je viens de l’expliquer, POINT DE RENCONTRE, c’est d’abord un cheminement.

Et pour cheminer, il faut ménager sa monture. Nous avancerons donc doucement, semaine après semaine.
Chaque semaine, vous recevrez un mail de ma part. La plupart du temps (environ 3 fois sur 4),  il contiendra le lien vers un nouveau contenu, proposé sous forme de guide pdf, et de podcast.

En effet, il est fondamental que le contenu soit le plus accessible possible pour vous. Que vous puissiez le consulter à votre guise, que ce soit en vous posant, ou en cheminant. Que vous soyez plus visuel ou plus auditif.

Ce contenu a pour objectif de vous éclairer sur un point en particulier, la piste de la semaine. Le podcast dure entre 10 et 15 minutes. Chaque piste contient de plus des « pas en avant », à mettre immédiatement en application dans votre famille.

Ce contenu est organisé de sorte à vous accompagner vers votre point de rencontre.
Nous passerons pour cela par 7 étapes, avant d’arriver au voyage en solo.

Cliquez ici pour voir les étapes de POINT DE RENCONTRE.

A la fin de chaque étape, mon mail contiendra un lien vers une petite vidéo résumé de l’étape, afin de revenir rapidement sur les notions vues les semaines précédentes.

La partie en groupe

En parallèle de ce cheminement qui vous emmènera doucement vers le parent que vous avez envie d’être, nous aurons l’occasion d’avoir de nombreux échanges :

  • tout d’abord, par le groupe Facebook de POINT DE RENCONTRE, qui permet d’échanger avec tous les inscrits à la formation
  • ensuite au travers des coachings communs : une fois par mois, nous nous retrouverons en ligne, et pourrons échanger autour des diverses problématiques qui se posent, des questions sur le contenu de la formation, etc…

J’ai peur de ne pas avoir assez de temps…

Voici une question récurrente. Bien sûr, nous manquons tous de temps.
J’ai quand même envie, avant de répondre de façon plus concrète, de soulever le point suivant : avez-vous le temps de vous disputer avec vos enfants ?
Ou préférez-vous trouver une alternative ? Une nouvelle manière de mener votre barque, qui permette de laisser entrer la coopération dans votre famille ? C’est ce que je vous propose ici !

POINT DE RENCONTRE est conçu pour s’inscrire dans votre vie, pas pour vous ajouter un stress supplémentaire. Le contenu de la semaine prend environ un quart d’heure de découverte, avant d’être mis en pratique dans votre famille. (et dans vos réflexions, bien sûr !)

Vous pouvez de plus suivre la formation à votre rythme. Il n’y a aucun problème à avancer moins vite. L’important est seulement d’avancer.

Qu’est-ce que POINT DE RENCONTRE apporte de plus que le blog ?

Je sais que les articles de mon blog vous servent déjà de guides. Mais vous naviguez dans ces articles en ordre aléatoire. Or, il est beaucoup plus efficace d’organiser son avancée selon un cheminement qui suit votre évolution. Beaucoup plus simple d’être guidé d’une étape à la suivante.

C’est ce que j’ai voulu vous offrir avec ce programme. Ce cheminement permet d’aller plus loin, de se pénétrer réellement des principes et de la philosophie de la parentalité positive, pas seulement d’y puiser des “outils”. Parce que la plupart des outils dont je parle sur le blog dépendent surtout de notre communication, de nos sentiments, de la manière dont nous les utilisons. Et cela demande du temps, de l’approfondissement.

C’est également la raison pour laquelle cet accompagnement est prévu sur 7 mois. Parce que ce changement profond, celui qui transformera votre famille, prend un peu de temps. Parce que pour vous comme pour eux, il faut laisser le temps à l’apprentissage !

Quel est l’investissement pour le programme ?

L’inscription à POINT DE RENCONTRE permet

  • l’accès au contenu chaque semaine pendant 7 mois : guide et podcast, ou video.
  • la liberté de consulter ce contenu n’importe quand, et depuis n’importe où.
  • la participation au groupe Facebook des parents de POINT DE RENCONTRE
  • la participation au coaching commun mensuel (avec envoi du replay)

N’hésitez pas, pour vous faire votre opinion, à aller consulter les témoignages des parents qui ont déjà passé le pas

Et sachez, de toute façon, que POINT DE RENCONTRE vient avec une garantie sans condition de 30 jours. D’où ma réponse à la question suivante. 

Et si je me rends compte que ca ne me correspond pas ?

Je n’ai pas de doute que POINT DE RENCONTRE peut aider votre famille.

Mais je sais également qu’il vous aidera si vous le voulez vraiment. Car si votre coeur n’y est pas, toute l’aide qu’on pourra vous apporter ne suffira pas.

C’est pourquoi, afin d’être sûre que vous puissiez faire votre choix en connaissance de cause, je vous offre une garantie 30 jours sans condition. Oui, vous avez bien lu : dans les 30 jours qui suivront le premier envoi, vous pourrez décider de changer d’avis. Sur simple email, sans explication, et je vous rembourserai.

Je crois cependant que, dans 30 jours, tout comme Eve, vous direz plutôt : « Je ne regrette pas d’avoir cliqué sur «oui» la première fois. »

On se retrouve sur le chemin ??

voici le lien vers la page d’inscription de la formation POINT DE RENCONTRE.

Vous qui me lisez êtes déjà dans une démarche d’avancement vers la parentalité positive. On parle également de parentalité bienveillante, de parentalité consciente. Quels que soient les mots, l’important, c’est que vous avez à coeur d’offrir à vos enfants une éducation qui les aidera à grandir avec confiance. Vous voulez leur montrer qu’il existe un chemin pavé de respect, et d’écoute. Et, au passage, vous aspirez à une ambiance plus sereine. Il y a quelques jours, je vous parlais de la difficulté d’être parents. Je vous expliquais ce qui, selon moi, était la source principale de nos difficultés du quotidien. Ce modèle que nous recevons tous les jours, depuis tout petit. Cet apprentissage inconscient du rôle du parent dont nous n’arrivons plus à sortir. Et pourtant.. c’est possible ! Oui, il est possible d’améliorer l’ambiance familiale, il est possible d’apprendre une autre parentalité.  Aujourd’hui, justement, je voudrais évoquer le cheminement du parent positif.

Qui suis-je pour vous parler de devenir un parent positif ?

Si vous êtes arrivé ici par hasard, laissez-moi vous parler un peu de moi…

Je m’appelle Coralie, et j’ai 4 enfants, de 5 à 17 ans. Comme tous les parents, j’ai connu avec eux des moments merveilleux, et des moments de cauchemar. L’éducation m’a toujours intéressée, et j’ai même suivi une formation de guide Montessori lorsque j’étais enceinte de ma deuxième.

Pourtant, il y a environ 5 ans, je me suis retrouvée dans une situation qui ne correspondait absolument pas à ce que je voulais pour notre famille… Fatiguée, stressée, dépassée, j’employais de plus en plus régulièrement des méthodes qui ne fonctionnaient pas.

Et puis… et puis j’ai vu mes grands qui criaient sur les petits, comme je le leur avais montré, sans le vouloir ! Et là, j’ai compris. J’ai compris que cela devait changer.

Quelques années plus tard, j’ai énormément évolué. Je ne suis pas une maman parfaite, simplement parce que cela n’existe pas, et je n’y aspire pas. Mais la dynamique familiale a changé.

Non, il n’est pas possible de ne jamais se mettre en colère, mais ma manière de l’exprimer est différente. Je ne parle pas toujours gentiment, loin de là, mais je crie vraiment rarement.

Et pourtant, je viens de loin ! Je n’étais pas de ces personnes naturellement calmes, et je ne le suis toujours pas. J’ai cependant appris à changer ma façon de réagir aux événements. Appris à considérer mes enfants avec bienveillance, à les impliquer dans ma démarche éducative.

Si j’y suis parvenue, les autres le peuvent aussi ! C’est pour cela que j’ai commencé à partager mon cheminement. Avec mes proches, tout d’abord, puis avec d’autres…

C’est devenu mon métier. Je suis accompagnante en éducation positive.

Voilà ce que cela peut donner, voilà le genre de message que je reçois régulièrement :

« Je sens des changements en moi , des convictions qui s’ancrent , une meilleure lecture des comportements (des enfants comme des miens ) ,  de belles réussites et des vieilles réactions qui surgissent encore  ( que je réalise et analyse ce qui est assez inconfortable comme tu nous le disais ) .
Je trouve que mes garçons aussi développent petit à petit de nouvelles compétences . » (mail d’Emilie, pendant qu’elle suivait la formation POINT DE RENCONTRE)

« Je n’aurais pas cru que le changement soit possible ainsi. » Delphine

La clef : comprendre qu’il faut être deux pour se battre

Dit comme cela, ça semble évident, mais on l’oublie souvent… On a facilement tendance, et c’est normal, à considérer qu’on se bat « à cause de l’autre ». Bien sûr, il y a toujours différents points de vue sur la situation, et chacun considère que c’est de la faute de l’autre, sinon, on ne se battrait pas.
Il n’en reste pas moins qu’il faut être deux pour se battre.

Donc, si nous luttons contre notre enfant, c’est que nous choisissons d’entrer dans cette lutte.

Comme le dit Marshall Rosenberg, je ne peux pas contrôler l’autre, mais je peux me contrôler moi. Pour moi, tout part de là. Continuer à entrer dans des luttes de pouvoir contre nos enfants ne va pas nous aider à améliorer notre relation avec eux. Trouver des ressources en nous pour réagir autrement a au contraire le pouvoir de tout changer !

Alors, on accepte tout ?

Je sais ce que vous allez me dire : il y a certaines choses auxquelles je ne peux pas renoncer !!

Bien sûr ! Et c’est là l’une des difficultés de l’exercice. Lorsque l’on découvre la parentalité positive, on est souvent un peu perdu, et, par peur de « mal » faire, on se retrouve parfois à juste laisser faire. Mais l’éducation positive n’est pas synonyme de permissivité !

Notre posture peut cependant évoluer. Plutôt que de m’opposer à mes enfants, en cherchant à leur imposer ce que je veux, je vais essayer de les écouter, de les comprendre.

Les comprendre ne veut pas dire tout accepter ! Mais je vais alors pouvoir mieux les aider, les accompagner. D’un seul coup, je ne suis plus contre eux, mais avec eux. C’est tellement reposant !

Une anecdote autour des légumes

Laissez-moi vous raconter une histoire, qui illustre ce point. 

Un jour, je discutais avec une maman autour du thème « faire manger ses légumes à son enfant avant le dessert ». Ceci était également une question récurrente pour moi, auparavant. Mais lorsque je discute avec mon amie, je réalise que je ne me bats plus. Pas parce que j’ai renoncé, mais parce que mes enfants mangent leurs légumes.
J’expliquais donc à mon amie que j’avais l’impression que mes enfants avaient bien compris que leur alimentation devait comporter des légumes, et que la question ne se posait plus vraiment.
Ce n’est pas venu tout seul. Je sais qu’il y a eu un moment où j’ai fait un réel effort pour lâcher-prise. Pour que ce ne soit pas un sujet d’opposition. Pour accepter de laisser couler un peu, en ayant confiance que cette habitude se prendrait. Je me souviens encore de ce débat interne.

Le soir-même de cette conversation, cependant, mon fils Anatole, 4 ans, me demande, alors qu’il a encore plein de salade dans son assiette : « Maman, j’ai mangé mon maïs, est-ce que je peux avoir le dessert ? »
Cela m’a fait sourire intérieurement. Moi qui croyais ne plus avoir ce genre de questions… Mais ça a été l’occasion de m’observer. D’observer comment mes réactions avaient changé, et pourquoi je ne me battais plus à ce sujet.
Je lui ai tranquillement répondu :
« Qu’est-ce que tu voudrais comme dessert ?
du yaourt avec du sucre brun
Hum… Ca va être bon, ça ! Tu seras content d’avoir le yaourt quand tu auras fini ta salade !
Oui
Ok, alors je vais aller le chercher pendant que tu la manges.
D’accord. »
Et Anatole a tranquillement mangé sa salade, tandis que j’’allais préparer son bol de yaourt.
Cela n’a pas été une lutte, parce que je ne suis pas entrée dans la conversation avec cette attitude. Je n’ai pas répondu « Non, tu dois d’abord manger ta salade ! ». J’ai intégré l’idée que des mots comme « non », et « tu dois » sont des déclencheurs de conflit, et je m’en éloigne naturellement, sans plus avoir à y penser. (La plupart du temps… Je vous rassure, je dérape encore régulièrement, je ne suis pas un super-héros !)

Ainsi, je ne renonce pas à ce qui compte à mes yeux. En l’occurence, le fait qu’il mange les légumes. Mais ma communication est différente. C’est ça, devenir un parent positif. Et ça change tout. 

Cela prend-il beaucoup de temps ?

Lorsque je discute avec les parents, beaucoup pensent que devenir un parent positif prend du temps, et qu’ils ne le pourront pas.

Alors, pour ceux qui croient cela, je voudrais leur répondre tout de suite : NON.

Non, ça ne prend pas du temps. En tout cas, pas plus que le temps qu’on perd à se battre avec eux !!

« Si je fais pas ça [attitudes positives], les choses n’avancent pas, et je passe mon temps après à répéter… alors qu’en fait, j’ai juste pas choisi la bonne option au départ ! » Thècle, maman d’un garçon de 5 ans et d’une fille de 3 ans.

A l’inverse, lorsqu’on prend le temps d’aborder nos enfants sous le bon angle, les choses vont plus vite…

Si on a l’impression que cela prend du temps, c’est parce qu’il s’agit de développer chez nous de nouveaux réflexes qui ne nous semblent pas naturels parce que pas acquis. C’est cela qui prend du temps.

Le temps passé ensuite avec les enfants n’est, lui, pas plus long. Du tout. Et même quand on en « perd » à discuter avec eux, à expliquer, à chercher des solutions, on en gagne ensuite, grâce aux compétences qu’on aura tous développées au passage !

Ainsi, la seule difficulté, c’est de démarrer. Ensuite, il suffit de faire un pas après l’autre. C’est un cheminement. Une avancée. C’est celle que je vous propose avec la formation POINT DE RENCONTRE.

Imaginez… imaginez ce que cela sera pour vous si vous parvenez, enfin, à rompre le modèle reçu, à percevoir autrement votre relation avec votre enfant. Ce que deviendront vos échanges, et vos partages lorsque votre maison sera enfin sereine….

Être parent… l’une des choses les plus naturelles du monde, n’est-ce pas ? Oui, cela ne devrait pas être difficile d’être parent. Depuis la nuit des temps, tous les animaux ont des bébés, les protègent, les aident à grandir, puis les laissent voler de leurs propres ailes. Pas besoin d’apprendre comment, la nature est bien faite !
Et pourtant… quelques années plus tard, nous nous rendons compte que ce n’est pas aussi simple que ce que nous croyions.
Non seulement il est difficile d’être parent, mais c’est particulièrement difficile d’être parent aujourd’hui.
Pourquoi ? Que s’est-il passé ? Comment se fait-il que nous ne soyons pas aussi compétents que ce que nous le pensions ?
Et quelles sont les difficultés qui s’ajoutent aujourd’hui ? Est-il possible de faire autrement ?

Une évolution que nous n’avions pas anticipée…

Les premiers temps : bébé arrive

Portés par notre instinct, nous aussi, nous sommes devenus parents. Ravis, ravis de cette nouvelle étape, plein de rêves et d’aspirations pour ce petit être qui venait rejoindre notre noyau familial. Les premiers moments ont souvent été plus durs que ce que l’on avait imaginé : les nuits hachées, les pleurs incompréhensibles…

Mais on sait que cela ne dure qu’un temps, alors on s’accroche ! Et bien nous en prend : quel bonheur de voir notre petit être découvrir le monde, apprendre, tout doucement… Nous apprenons à être parent, en même temps qu’il apprend ce qui l’entoure. Un échange, une magie…

Petit homme apprend à marcher

Puis vient le moment où notre enfant apprend à marcher, et nous l’accompagnons ! C’est incroyable, il a fait un pas !! Oui, il a appris, tout seul ou presque, à se mettre debout, à mettre un pied devant l’autre. Cette phase est l’une des plus belles de la vie, je crois, car c’est le moment où nous avons le plus confiance en notre enfant !

Nous savons qu’il va marcher, nous n’en doutons pas. Nous admirons les pas qu’il fait. Certes, il tombe. Mais nous y attachons peu d’importance. Car nous savons que cela fait partie de son apprentissage, et savons qu’il recommencera, encore et encore, et qu’il réussira. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. D’ailleurs, c’est bien ainsi que nous lui communiquons notre admiration. Nous nous réjouissons avec lui des pas qu’il fait, nous l’accueillons dans nos bras au bout de son chemin.

A aucun moment ne nous viendrait l’idée de lui dire : « Mais enfin ! Pourquoi tu tombes ? Je sais bien que tu sais marcher, puisque je t’ai vu faire des pas plusieurs fois ! Alors fais le tout le temps maintenant !! Ça suffit de ne pas vouloir ! ». Non.. cela semblerait sacrément saugrenu, n’est-ce pas ?

Les choses s’accélèrent

Seulement voilà : les difficultés d’être parent arrivent progressivement. Notre enfant sait bien marcher, maintenant, et continue de grandir. Mais il a encore beaucoup de choses à apprendre.

Et, alors qu’il apprend encore, nous avons perdu notre regard bienveillant. Nous oublions que c’est encore un apprentissage. Nous voulons qu’il “marche” sur tous les sujets.
Qu’il se couche tous les soirs sans problème, qu’il se lave les dents, dise bonjour et parle gentiment. Qu’il “gère” ses émotions et n’embête pas son frère.
A chaque faux pas, il est difficile de ne pas lui tomber dessus ! De ne pas lui reprocher sa chute.

Et notre vie se complique

Peu à peu, les sujets d’agacement deviennent quotidiens.

C’est la fin de la journée, les choses n’ont pas forcément été faciles au travail, et nous aspirons simplement à un moment calme et apaisé… Il semble que notre enfant ne conçoive pas les choses sous le même angle.
Tout devient compliqué, et nous ne comprenons pas pourquoi ! La frustration monte, nous avons l’impression qu’il nous cherche !

Voilà qu’à notre tour, nous ne parvenons pas à « gérer » nos émotions, et nous nous mettons à crier pour obtenir ce que nous voulons !!
Nos manières bienveillantes des premiers temps fichent le camp…
Est-ce possible de ne pas nous énerver ?

Bienvenue culpabilité !

Un peu plus tard, notre enfant couché, notre agacement retombé, nous repensons au parent que nous avons été, celui que nous aimerions être (surtout avec tout ce que nous lisons sur le sujet, qui transforme parfois le parent bienveillant en parent parfait)… et la culpabilité pointe son nez. Ce n’était clairement pas le parent que nous avons envie d’être que nous avons vu ce soir.

Cette culpabilité, c’est un vrai sujet d’actualité. Combien de fois ai-je lu que la parentalité positive créait un sentiment de culpabilité chez les parents ? Oui, être parent aujourd’hui, c’est d’autant plus difficile que les injonctions sont nombreuses… Je vous en reparle un peu plus loin !

Bien sûr, il peut tous nous arriver d’avoir des jours plus difficiles que d’autres ! Une charge émotionnelle qui nous pèse. Est-ce vraiment à notre enfant de payer ?
Non bien sûr, mais il semble que ce parent dont on ne veut pas, pointe son nez plus souvent que prévu…

Que s’est-il passé, bon sang ? A quel moment avons-nous commencé à déraper ?

Difficulté d’être parent : quand et comment avons-nous perdu notre regard bienveillant ?

Cela s’est passé sans que nous ne nous en rendions compte, simplement parce que nous ne l’avons pas choisi.

Nous ne sommes évidemment pas levés un matin en nous disant : « Bon, maintenant, quand il ne sera pas d’accord pour faire ce que je lui demande, je lui crierai dessus. » Evidemment pas !

Alors… comment est-ce arrivé ?

Notre approche de la relation parent/enfant

En fait, je crois que ce n’est vraiment pas de notre faute. Au début de cet article, nous parlions du fait que devenir parent était la chose la plus naturelle au monde.

Oui, nous avons vu nos propres parents agir, nous avons vu nos oncles et tantes, les parents de nos amis, puis nos amis eux-mêmes. Des occasions d’observer des relations adultes/enfants, nous en avons tous les jours ! Rien de nouveau sous le soleil, suffit de suivre les flèches.

Comme nos enfants aujourd’hui, nous avons appris de ce que nous voyions. Et que nous voyons encore.

Il s’agit, le plus souvent, d’une éducation autoritaire, mettant en pratique les idées suivantes :

  • un adulte est supérieur à un enfant
  • lorsqu’un adulte dit quelque chose, l’enfant doit obéir
  • si l’enfant exprime son désaccord, il est insolent
  • l’enfant ne doit pas déranger l’adulte
  • s’il fait quelque chose qu’il ne doit pas faire, il sera puni
  • si je ne contrôle pas mon enfant, je suis un mauvais parent
  • c’est « pour leur bien »
  • ….

Notre regard bienveillant est donc parti naturellement… parce que nous ne l’avions jamais vraiment eu : il n’est accordé qu’aux tout petits. Après, la pensée commune, c’est “Tu es grand maintenant. Tu as l’âge de comprendre”. Et dès que l’enfant comprend, il doit obéir. Ou le parent doit le faire obéir. Voilà l’idée.

Nos neurones ont créé les connexions adaptées

Eh ben oui ! Au fur et à mesure que nous avons été témoins, en grandissant, de tous les comportements en accord avec les croyances listées ci-dessus, nous avons intégré les mêmes principes.

Dans notre cerveau, les connexions se sont créées pour faire correspondre nos propres comportements à ceux que nous observions. D’où nos difficultés à voir les choses autrement.

Aujourd’hui, nous aimerions nous comporter différemment, utiliser des méthodes alternatives d' »autorité positive », mais nous sommes pris au piège :

Pris au piège de la reproduction du schéma reçu ! 

Le voilà notre problème central. Celui qui est à la source de tout le reste. Notre société dans son ensemble reste dans le schéma. Et le reproduit.

Lorsque l’on veut en sortir, lorsque l’on cherche à éduquer nos enfants selon un autre modèle, selon un schéma plus bienveillant, il se passe alors deux choses :

1- nous nageons à contre-courant, ce qui est épuisant

2- nous luttons contre notre propre cerveau, en sortant de notre zone de confort, celle que nous connaissons le mieux.

Comprenez-vous mieux pourquoi c’est si difficile ?

Difficulté d’être parent : Pourquoi est-ce particulièrement criant pour le parent d’aujourd’hui ?

Les connaissances du 21è siècle

Je suppose que chaque nouvelle génération se pose ses questions. Que nous avons tous tendance à vouloir trouver nos méthodes. Nos parents ont déjà voulu briser les codes : ils ont connu mai 68, ils ont cherché leur voie.

A leur époque, des initiatives d’éducation différente fleurissent. C’est l’époque de Libres enfants de Summerhill , mais cela reste marginal, un peu hippie…

Aujourd’hui, un nouveau paramètre est à prendre en compte : celui de la science.

Les neurosciences affectives ont fait leur entrée, et viennent appuyer les théories selon lesquelles un enfant entouré de bienveillance va mieux se développer.

Des gens “sérieux” prennent alors le relais des non violents des années 70. La recherche d’harmonie n’est plus un phénomène marginal. On peut désormais l’affirmer, sans aucun doute possible : les violences ordinaires sont nocives. La punition est violente.

Les courants éducatifs et pédagogiques positifs et bienveillants se développent : Montessori, Discipline Positive, Faber et Mazlish. Et je ne parle pas seulement éducation, moi qui m’inspire au quotidien des principes de la communication non violente !

Il y va donc de notre responsabilité collective de faire évoluer les choses, de modifier nos pratiques éducatives, et de faire enfin entrer la bienveillance dans notre quotidien.

Le message est désormais transmis par des personnalités en vue. En France, on peut citer Catherine Gueguen, Céline Alvarez, Boris Cyrulnik, Isabelle Filliozat… moi ! (euh… je me rajoute un peu trop vite peut-être ?)

L’initiative du gouvernement de créer la commission des 1000 jours est bien le signe de cette prise de conscience réelle et nécessaire.

Et le rapport de la commission est clair :

[…] les violences éducatives ordinaires, engendrent non seulement stress et peur, elles peuvent aussi affecter négativement le développement de lenfant, et donc directement sa faculté dapprendre.

Tout nous encourage donc à être des parents bienveillants.

Plus de retour en arrière possible pour le parent d’aujourd’hui

Voilà. Le mal est fait : nous avons pris conscience de ce qu’il se passait. Plus possible de nous mettre des œillères. Il va falloir tenir compte de ces informations, et évoluer.

Exactement comme pour la protection de l’environnement : on en peut plus dire qu’on ne savait pas.

On sait que pour aider nos enfants à être des enfants heureux, et même des adultes heureux, il s’agit de faire en sorte que l’éducation de l’enfant soit positive et bienveillante.

Mais on en revient alors à ce que l’on disait plus haut : c’est très difficile !

Difficile à cause de ces fichues connexions neuronales que nous avons déjà faites en grandissant… Bon sang, heureusement que le cerveau est encore plastique !

Oui, nous avons besoin de nous transfomer un peu en coach parental, pour montrer d’autres manières de faire à nos enfants. Sortir de notre zone de confort et chercher plus loin.

D’un certain côté, c’est quand même sacrément chouette, tout ça ! C’est même carrément enthousiasmant !!

Plus on lit sur l’éducation positive, et plus on se met à croire à ce modèle inspirant, bienveillant… on croit enfin qu’un monde meilleur est possible… en commençant par l’éducation.

Mais on est un peu coincé : coincé entre ces aspirations, et les manières de faire que l’on apprises, et dont on est encore témoin au quotidien…

Que faire alors, pour être parent aujourd’hui ?

Tout commence par cette prise de conscience. Celle que, j’espère, vous aviez déjà, ou vous venez d’avoir. Celle qui vous permet de comprendre d’où vient notre posture parentale, et pourquoi il est si difficile d’en sortir.

Un choix, d’abord

Une fois qu’on en arrive là, on peut enfin prendre une vraie décision. Je dis une vraie décision, parce que ce n’est plus une attitude qui découle de ce que nous avons reçu, ou du fait que l’on suive ce qui est en vigueur autour de nous. A ce stade, nous avons compris ce qui se jouait. Nous avons mis des mots sur l’origine du problème. Il nous reste à prendre notre responsabilité et à faire un choix.

Choix 1 : la liberté complète pour nos enfants

On peut décider d’agir de manière totalement opposée.  D’arrêter de subir les schémas, de ne plus priver les enfants de leur droit à l’expression, de les laisser décider de ce qu’ils veulent, et de ne plus chercher à leur imposer ce que nous voulons, en aucune façon. Qu’ils grandissent sans contrainte aucune.

Ce n’est pas mon choix.
Parce que nous vivons en société, parce que la liberté de l’un s’arrête là où commence celle de l’autre. Je veux aider mes enfants à exercer une certaine liberté, tout en tenant compte de l’autre.
Ma manière d’éduquer, de façon bienveillante, n’est pas du laxisme. Je m’attache aussi à poser des limites.

Choix 2 : le statut quo

On peut décider de rester dans la norme. De se conformer aux règles de la société.
Parce qu’après tout, on ne va pas changer tout le monde, et nos enfants vont se heurter à ce monde-là.
C’est une possibilité.

On peut éduquer nos enfants comme on l’a vu faire, comme l’environnement nous y pousse encore insidieusement, sans se poser plus de question.

C’est probablement le plus simple, en tout cas pour notre cerveau qui n’aime pas qu’on remette en cause ses croyances.
Ça posera des problèmes entre nous à l’adolescence, lorsque notre enfant refusera cette dynamique, mais cela nous paraitra normal, comme aux autres, qui luttent avec leurs enfants.

Cependant, les mots ont parfois leur importance : j’aime ceux de « parentalité consciente », qui me poussent à adopter une manière d’éduquer qui vise à élever mes enfants, dans tous les sens du terme. Et je suis persuadée que c’est également votre cas, vous qui lisez ces mots.
Ne laissez pas le chemin vous décourager ; vous en êtes capables, tout comme moi !

Choix 3 : participer à changer le monde

Ou bien, on peut décider que si, on veut changer le monde !
Que l’on aspire à autre chose, pour nous, pour nos enfants, et pour la société dans son ensemble. Que l’on va se donner du mal pour ne pas reproduire le schéma reçu, sans pour autant lâcher prise.

C’est le choix que j’ai fait.

D’abord, parce que je crois très fort au fait que c’est ce qu’il y a de mieux pour mes enfants. Que cela les aidera à développer leur autonomie, leur responsabilité, leur motivation et leur confiance en eux.

Ensuite, parce que je crois que c’est ce qu’il y a de mieux pour moi.

Parce que je vois comment la relation que je crée avec mes enfants me permet d’éviter d’entrer bêtement dans des luttes de pouvoir dont personne ne sort gagnant. Parce que j’aspire à une ambiance plus posée, plus sereine. Parce que je ne veux pas être contre mes enfants, mais avec eux !

Parce que je sais que parents et enfants peuvent se retrouver, faire équipe, dans un cadre bienviellant.

Enfin, parce que je crois en un monde meilleur. Parce que j’aspire à vivre dans une société dans laquelle chacun fait attention à l’autre, dans laquelle chacun écoute l’autre, sans l’agresser, sans le rabaisser.
Un monde qui donne de la place à l’empathie.

Et que la seule manière d’avancer vers ce monde-là, c’est que chacun d’entre nous offre un autre modèle à nos enfants.

Et le mettre en place

Si vous avez choisi l’une des deux premières options, il y a de fortes chances que vous ne soyez plus en train de me lire.

Si, en revanche, vous choisissez, comme moi, la 3è voie, vous devez probablement vous demander comment la mettre en place !

J’ai deux bonnes nouvelles pour vous :

1- vous prenez cette décision au bon moment ! Car nous sommes de plus en plus nombreux à suivre cette voie-là. Les ressources ne manquent donc pas.

2- notre cerveau est plastique. Ce qui signifie que ce que nous choisissons de faire, et la répétition de ces choix, vont avoir un effet sur nos connexions. Nous pouvons réellement changer. Apprendre autre chose à notre cerveau !

De mon côté, j’ai beaucoup changé. Il faut dire que j’ai passé beaucoup de temps à en consulter, des ressources, pour dépasser les difficultés d’être parent ! Cela m’a énormément aidée à évoluer. Mais je sais que tout le monde n’a pas autant de temps à y consacrer que ce que j’ai fait. Or, je vous l’ai dit, je rêve que le modèle change, partout ! J’ai donc à cœur de vous y aider, chacun d’entre vous.

Voilà pourquoi, afin de faciliter votre cheminement, j’ai conçu une formation, que j’ai appelée POINT DE RENCONTRE. Parce que POINT DE RENCONTRE vous aidera à avancer vers le point de rencontre de VOTRE famille !

Oh, ce n’est pas une baguette magique. Vous l’avez compris, rompre les schémas est une vraie démarche.
C’est pourquoi le cheminement que je vous propose va durer une année.
1 année pour peu à peu modifier notre manière de penser, d’appréhender la relation, d’écouter notre enfant.

Je vous assure, ça passe vite.
Et au bout d’un an, vous ne serez plus la même personne.
Si vous ne faites rien en revanche… on se reparle dans un an..

Alors, ça vous tente ??

Dans mon prochain article, je vous parlerai justement de comment devenir un parent positif. Restez à l’écoute !

Bonjour. Au revoir. Merci. BAM. La combinaison gagnante. Où que vous emmeniez votre enfant, on attendra de lui qu’il soit poli. Ne dit-on pas d’ailleurs, dans ce cas, qu’il est “bien élevé” ? Comme si tout l’éducation se mesurait au niveau de politesse acquis. Parfois, on aimerait se révolter contre cela. Clamer que ce n’est pas au “bonjour” que l’on peut voir si notre éducation porte ses fruits. Mais dans le fond, nous attachons également de l’importance à cette “bonne éducation”. Parce que cela va au delà des codes sociaux, la politesse, c’est une manière de se connecter à l’autre, de lui témoigner du respect. Comment faire, alors, pour enseigner la politesse à nos enfants, pour qu’ils intègrent ces codes ? Et comment faire, surtout, pour que cela dépasse les apparences ? Qu’une fois arrivés à l’adolescence, cela ait encore un sens. Pour qu’ils vivent les notions de politesse pour ce qu’elles sont censées être : un respect de l’autre.

Note : cet article est en réalité un double article écrit à 4 mains. C’est la deuxième fois que je me prête à cet exercice avec ma comparse Floriane, du blog Parents Naturellement. Le principe : nous choisissons un thème en commun ; Floriane écrit un article apportant son éclairage, et la manière dont elle le vit avec un jeune enfant ; j’écris mon éclairage, et j’ouvre à des enfants plus âgés. La première fois, nous avions parlé de l’autonomie, et je crois que cet exercice vous avait bien plu…

Politesse, respect, des notions qui méritent un petit éclairage

La raison d’être de la politesse

Je prends le temps de m’arrêter sur cette question, parce que je crois que les habitudes tuent parfois la réflexion. En effet, il est courant de trouver des situations dans lesquelles les gens (nous y compris) ne savent pas bien pourquoi ils font quelque chose. Ils le font parce qu’ils le font, parce qu’ils en ont pris l’habitude, et ne le remettent pas en question.

Ça vous arrive ?

C’est encore plus vrai pour des habitudes qui ont été adoptées par le plus grand nombre, et que l’on observe donc au quotidien, depuis que nous sommes petits.

Ainsi en est il de la politesse. Nul besoin de s’interroger sur les raisons pour lesquelles on dit bonjour au revoir. On le dit parce qu’on le dit, c’est tout. Ça se fait, c’est comme ça.

Et pourtant… Autant il y a des choses qui se font sans qu’il y ait de vraie raison, parce que ce sont de simples codes sociaux (le fait que les garçons ne mettent pas de jupe, par exemple), autant la politesse a une vraie raison d’être !

Être poli, c’est créer un lien avec l’autre. C’est bien ça, la vie en communauté : ne pas vivre les uns à côté des autres, mais vivre ensemble. La politesse est un vrai vecteur de connexion.

Dire bonjour permet de montrer à l’autre qu’on l’a vu, qu’on en tient compte.

D’ailleurs, dans mes séances de Discipline Positive en classe en CP, je commence toujours par dire bonjour à chacun dans le cercle. C’est un vrai moment de connexion et d’accueil.

La politesse suffit-elle à l’enseignement du vivre ensemble ?

Je me souviens avoir été marquée, il y a des années, à la lecture de Bébé made in France, d’un chapitre qui parlait du bonjour. L’auteure, une américaine (au sens états-unienne) vivant à Paris, fait la comparaison entre l’éducation à la française et l’éducation à l’américaine au travers de plusieurs aspects différents. L’un d’eux : la politesse, et en particulier le bonjour. Elle explique être impressionnée par le fait que les enfants français disent bonjour aux adultes, et, ajoute-t-elle, que les adultes français disent bonjour aux enfants ! Pour elle, ce bonjour donné également aux enfants est une manière de les respecter, de les inclure, de ne pas les considérer simplement comme des pièces rapportées. On les accueille, au même titre que leurs parents.

J’avais trouvé cette analyse très intéressante, et j’aimais cette idée de recevoir également chaque membre, adulte ou enfant.

Dès lors, on pourrait penser que les français développent de meilleures compétences de vie en communauté. Et pourtant… ce n’est absolument pas ce que j’ai ressenti adulte !

En France (à Paris particulièrement, c’est vrai, mais ailleurs aussi), on a souvent l’impression que ce que fait chacun ne concerne que lui. Qu’il ne faut pas se mêler des affaires des autres. Et à force de ne pas se mêler des affaires des autres, on oublie de tendre la main…

Aux Etats-Unis, c’est souvent bien différent. Mon mari et moi avons vécu 18 mois à Washington DC, au début de notre vie professionnelle. J’ai été marquée par le sens de la communauté que je sentais chez les américains. A bien des reprises, je me suis retrouvée dans des situations dans lesquelles quelqu’un m’a offert de l’aide, ou m’en a demandé. Des choses toutes simples parfois… comme de tenir un carton de pizza pendant que la dame ouvrait sa porte ! De ces petites choses qui font que les gens vivent ensemble. Beaucoup plus qu’en France.

Alors quoi ? Avoir appris à dire bonjour dans l’enfance ne nous amènerait pas, adulte, au sens de la communauté ? Il ne semble pas…

Un objectif, plusieurs stratégies

Je crois que cela est dû au fait que, parfois, on confond objectif et stratégie.

Oui, notre objectif est d’enseigner à nos enfants le bon comportement avec l’entourage. De leur enseigner le fait de faire attention aux autres. L’ouverture, l’amabilité.

Mais pour atteindre cet objectif, plusieurs stratégies sont possibles.

Certes, la politesse en est une. Mais ce n’est certainement pas la seule.

D’ailleurs, il nous est tous arrivé un jour d’être accueilli par un “bonjour” qui n’avait rien d’accueillant, n’est-ce pas ? Et de nous sentir mieux accueilli par un sourire sans le bonjour, non ?

Comme quoi, la politesse ne réside pas forcément toujours dans les mots.

Et si nous décidions donc d’enseigner la “vraie” politesse à nos enfants ? Non pas celle qui les oblige à dire “s’il vous plait”, mais celle qui l’encourage à parler de façon agréable, et de tenir compte de l’autre ?

Je suis persuadée qu’alors, les “mots magiques” viendront en plus, comme par magie, justement !

Enseigner la politesse aux jeunes enfants

Il n’est pas rare que la pression pour l’usage des mots de politesse se fasse sentir dès que l’enfant commence à parler. Ou même avant ! Comment trouver le juste milieu ?

La notion de code social, et le regard des autres

Si les parents transmettent cette pression à leurs enfants, c’est probablement parce qu’ils la ressentent eux-mêmes. Notre société appuie tant sur ce code social, qu’il est difficile d’y échapper.

Or, c’est bien connu : “l’enfant est un prolongement de nous mêmes”. Donc, s’il ne se comporte pas de façon convenue, c’est que nous l’avons mal élevé…

La première étape donc, si nous voulons avoir la liberté de nous recentrer sur la raison d’être de la politesse plutôt que de l’imposer sans y mettre de sens, c’est de réussir à se défaire du regard des autres.

Se recentrer sur notre enfant, sans s’arrêter à ce que pensent les gens de passage… Savoir ce qui est, pour nous, prioritaire. En sommes-nous capables ?

Je trouve cela bien plus facile depuis que j’ai pris à mon compte une phrase proposée par Isabelle Filliozat (était-ce dans “J’ai tout essayé ?”). Il s’agit, si notre enfant ne dit pas bonjour, de simplement partager ce que nous vivons avec l’autre personne : “Nous travaillons encore là-dessus.”. C’est une bonne manière, je trouve, de laisser le temps à l’enfant sans paraitre nous-mêmes “impolis”.

Modeler, et patienter

Dans le fond, nous savons bien que l’on n’enseigne jamais si bien que par l’exemple.

Cela parait évident, mais je crois qu’il est encore utile de le redire.

Parfois, on se perd dans nos principes.

Comme cette directrice d’école primaire, postée devant la grille le matin, et qui m’expliquait : “Moi, je ne dis pas bonjour aux enfants, je considère que c’est à eux de me le dire d’abord !”.

Une attitude qui est tellement loin de ce en quoi je crois…

Floriane insiste au contraire sur le modèle donné à l’enfant. Et précise que lorsque l’enfant qui l’a appris ainsi finira par dire merci, cela aura une toute autre valeur !
Je vous encourage à lire tous les conseils de Floriane à ce sujet dans son article dédié.

Enseigner la politesse aux adolescents

A l’adolescence, nous n’en sommes plus aux “mots magiques”. Enseigner encore la politesse à cet âge, c’est enseigner surtout les codes attendus en fonction des circonstances.

Nos ados fonctionnent de plus en plus en autonomie. Nous ne sommes pas à leur côté à chaque instant pour voir comment ils se comportent chez les autres.

Il s’agit donc de leur faire confiance pour appliquer les principes auxquels nous croyons, les valeurs que nous avons cherché à leur transmettre.

Lien entre politesse et empathie

Si nous revenons au fait que la politesse sert à entrer en lien avec l’autre, je pense qu’il suffit de développer l’empathie. Car, si nous sommes empathiques, la politesse devient une simple conséquence logique.

C’était déjà ce que je mettais en avant lorsque je vous avais parlé de ma manière d’inciter mes enfants à dire merci, et je crois que c’est encore plus vrai pour des enfants plus âgés.

En effet, au fur et à mesure que l’enfant grandit, son cerveau préfrontal se développe, et son aptitude à l’empathie également. Cela ne veut pas dire qu’elle vient toute seule. L’empathie se travaille, et ce, dès le plus jeune âge. Cependant, la possibilité de comprendre ce que vit l’autre se développe au cours des années, et je crois que l’appel à l’empathie est une bonne manière d’encourager nos enfants sur la voie de la politesse.

Quand le manque de politesse se transforme en agression

Il y a peu, j’ai assisté à une scène un peu surréaliste. J’étais avec ma fille Alice dans un bus, et tout était tranquille, jusqu’à ce que le bus se retrouve bloqué par une voiture en double-file. Bloqué. La situation se prolonge un peu, et, comme cela arrive parfois, les positions empirent, jusqu’à ce que les véhicules soient complètement arrêtés, dans les deux sens.

L’aspect surprenant de la scène : dans la voiture en double-file, le conducteur est présent, mais ne bouge pas ! Pourtant, il y avait de quoi se mettre en place livraison un tout petit peu plus loin. Pourquoi ne se déplace-t-il pas ? Je ne sais pas….

Pourtant, la situation prend rapidement de l’ampleur : le chauffeur du bus descend lui parler, les klaxons retentissent derrière, les habitants interviennent depuis leurs balcons…

Dans le bus, les commentaires s’enveniment. Ce sont toujours les mécontents qui parlent le plus fort, avez-vous remarqué ? “Non, mais quand on sait pas conduire, on reste chez soi !”

Pour moi, bloquer la rue n’a rien à voir avec le fait de savoir conduire ou pas, c’est plutôt du savoir vivre, non ? Au bout d’un moment, la voiture dégage. Et moi, je m’interroge.

Sur les raisons qu’avait cette personne de ne pas bouger malgré les vindicatives. Il y en avait peut-être ? Et sur la rapidité à laquelle les gens sont devenus agressifs. A l’insulter. Sans même savoir vraiment ce qu’ils se passaient.

On juge souvent le monde de sa lorgnette. Mais sait-on ce qu’il se passe pour l’autre ?

Autre anecdote.

Il y a quelques semaines, je suis allée à Marseille avec mes parents. En sortant du train, il nous faut passer les portillons du quai. L’un des affichages est faux : le portillon dit “passage libre”, alors qu’il est prévu pour laisser entrer les gens, dans l’autre sens. Mon père, 74 ans, focalisé sur l’affichage, essaye de sortir par là. L’employée de l’autre côté, qui s’apprêtait à en laisser entrer d’autres, lui demande sèchement de sortir de là. Il est un peu perdu : “Il y a écrit passage libre..”. La femme : “Non, mais vous voyez bien qu’il y a des gens, là ! Faut regarder !!”. Oui, seulement, mon père ne peut pas regarder justement… Il a perdu la moitié de son champ de vision suite à une méningite il y a plus de 10 ans. Ça ne se voit pas, mais c’est une adaptation du quotidien pour lui. Pourquoi cette agression, alors qu’elle ne le connait pas, qu’elle ne sait rien de lui ?

A-t-on tellement perdu le contact humain qu’on ne sait plus se parler normalement, dès qu’on est contrarié ?

Voilà pourquoi je cherche à faire ici le lien entre l’empathie et la politesse.

Je crois réellement que, si nous parvenons à développer notre sens de l’empathie, alors il est bien plus facile de faire preuve de politesse.

Le partage par le dialogue

Ainsi, avec mes adolescents, bien sûr je partage les codes de la société. Bien sûr, je leur explique ce qui “se fait” et ce que “ne se fait pas”. Pour qu’ils puissent comprendre, pour qu’ils sachent ce que la société attend d’eux.

Mais, surtout, je partage avec eux ce que je vis. Mes ressentis.

Lorsque leurs copains viennent à la maison, je n’hésite pas à leur dire ensuite ce que j’ai apprécié ou pas.
“Tu sais, quand l’un de tes copains arrive, j’aime bien qu’il me dise bonjour avant d’aller dans ta chambre. C’est une manière de saluer quand on arrive chez quelqu’un.”
Depuis, non seulement Oscar invite ses copains à me dire bonjour, mais également à dire bonjour à ses petits frères, même si je ne le lui ai pas demandé.

“J’aime bien ton copain X. J’ai trouvé ça super sympa qu’il vienne me demander si j’avais besoin d’aide pour préparer le déjeuner. J’ai été un peu déstabilisée par le fait qu’il me tutoyait, mais il était très aimable…”
Oui, ledit X a été longtemps dans une école alternative où les élèves tutoient les profs. C’est un peu surprenant, mais n’enlève rien à la sympathie de ce jeune homme !

“Alice, je trouve que ta copine M est agréable à avoir. Elle n’a pas de mal à se mêler à la conversation. J’ai bien aimé aussi qu’elle me remercie quand elle est partie.”
Ou au contraire : “J’aurais trouvé ça agréable qu’elle me remercie de l’accueil avant de partir.”

Pour moi, mon rôle s’arrête là. Ensuite, lorsque mes enfants vont chez les autres, je ne vérifie pas après s’ils se sont “bien comportés”, s’ils ont dit bonjour et merci.

Je leur en ai donné le modèle lorsqu’ils étaient dépendants de moi.
Je leur fais encore passer le message lorsque je reçois leurs amis, comme je viens de l’écrire.
Il ne me reste plus qu’à les laisser faire.

A savoir qu’ils suivent maintenant leur propre voie, et qu’ils sauront faire leurs les principes qu’ils ont appris.
(Et si ce n’est pas le cas, ce n’est pas mon contrôle qui les y aidera !)

Je choisis donc de leur faire confiance, et pour l’instant, je n’ai reçu que des commentaires positifs !

Et vous, comment concevez-vous la politesse à l’adolescence ?

Je suis comme vous : je rêve d’une ambiance familiale apaisée et sereine… Et cela demande de l’énergie ! En effet, pour atteindre la sérénité, il faut déjà en donner le modèle. Or, le modèle d’éducation traditionnel que nous avons souvent reçu n’entre pas tout à fait dans ce cadre. Je dirais même plutôt qu’il encourage à une certaine lutte de pouvoir entre parents et enfants. L’éducation positive propose de faire basculer la relation, pour passer d’un mode vertical à un mode horizontal. De quoi être perdu devant un enfant qui répond ! Que se passe-t-il en lui, et en nous, lorsque notre enfant nous déclare brutalement : « T’es pas mon chef ! » ? Comment ne pas, alors, prendre cette tendance à « répondre » pour de l’insolence ? Et surtout, comment réagir ?

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Ce que l’enfant exprime réellement

Choisir de décoder le message

Si on veut éviter les altercations inutiles (y en a-t-il des utiles ?), il faut commencer par réussir à entendre ce que dit l’autre. Ou disons plutôt à entendre ce qu’il veut dire.

Malheureusement, nous n’avons pas appris à nous exprimer de manière claire et directe. Nous sommes souvent emportés par nos émotions, et nous exprimons de manière indirecte, de sorte que notre message est souvent difficilement recevable. Et, évidemment, c’est vrai dans l’autre sens.

La première étape, donc, sera toujours, lorsque  nous sommes en état de le faire (d’où l’importance de prendre soin de nous d’abord), d’essayer de décoder ce que nous dit l’autre, plutôt que de le prendre personnellement.

Le cas de l’enfant qui nous répond

Un enfant qui nous dit « T’es pas mon chef ! » a beau dire « Tu », il parle surtout de lui… Si nous parvenons à enfiler les oreilles girafe que nous propose Marshall Rosenberg, nous entendrons peut-être : « J’existe ! Je suis capable ! J’ai envie de pouvoir prendre mes propres décisions ! »
Ce qui, convenons-en, change déjà pas mal les choses, non ?

Pourquoi cette réaction ?

Le besoin d’importance

Pour mieux comprendre l’attitude de notre enfant, il faut peut-être commencer par bien assimiler ce à quoi aspire tout être humain. Alfred Adler parle en effet de deux nécessités fondamentales : appartenir et avoir de l’importance.

On évoque souvent le besoin d’appartenir de l’enfant, qui s’exprime en particulier à travers son attachement, et lorsqu’il recherche de l’attention.

On parle moins de ce besoin d’avoir de l’importance, pourtant tout aussi fondamental.

Pour grandir en développant sa confiance en soi, il faut se sentir capable, utile… Or, un enfant qui ne fait que suivre les instructions qu’il reçoit à longueur de journée n’a absolument pas l’impression d’avoir de l’importance ! Comment alors peut-il croire qu’il a de la valeur ? Qu’il est digne de confiance ?

Lorsque l’enfant, dès 2 ans, se met à dire clairement « Non ! », il est déjà dans une démarche dans laquelle il réclame sa position : il veut avoir son mot à dire.

L’opposition de l’enfant, signe d’un bon développement

A tout prendre, je dois dire que je préfère un enfant qui m’explique que je ne suis pas son chef, plutôt qu’un enfant qui obéit aveuglément à tout ce que je lui demande. Non, je ne cherche pas l’obéissance chez mes enfants

Comprenez-moi bien : je n’ai pas dit que ce ne serait plus facile d’avoir des enfants qui obéissent au doigt et à l’oeil à ce que je leur demande. C’est sûr que cela me permettrait d’être plus en contrôle de la situation !

Seulement, lorsque l’on choisit d’être parent, on ne choisit pas une vie facile ! Non, on choisit d’accompagner des petits bouts d’êtres humains pour les aider à grandir, et à développer les compétences qui leur seront utiles lorsqu’ils voleront de leurs propres ailes. Ça, c’est mon plan parental !

Alors, si je réfléchis ainsi à long terme, je me dis que, finalement, le fait que mon enfant sache répondre, qu’il sache poser sa limite, montrer qu’il a aussi envie de s’exprimer, de décider, eh bien c’est plutôt une bonne nouvelle !

Comment réagir ?

« Tout ça, c’est très joli », pensez-vous sûrement, mais que faire, alors ?

Ne pas en faire toute une affaire

Pour commencer, ne pas en faire toute une affaire. A ce stade de la réflexion, vous avez bien compris que lorsqu’un enfant réagit ainsi, il ne s’oppose pas forcément à vous. Il n’est pas en train de vous attaquer, de remettre en question votre relation. Il est en train de dire qu’il a également le droit à son opinion, à son pouvoir de décision. Il dit qu’il veut pouvoir se sentir libre parfois !

Nul besoin dans ce cas de réaffirmer votre rôle. Vous n’êtes pas en péril de perte d’autorité !

Rappelez-vous, comme l’explique si bien Thomas Gordon, qu’il y a plusieurs conceptions de l’autorité, et l’autorité par la force n’est pas celle que nous cherchons. Vous atteindrez au contraire une meilleure autorité auprès de votre enfant lorsque vous l’aurez entendu, lorsqu’il vous fera confiance, lorsque vous serez en lien avec lui.

Recevoir ce qu’il nous dit

On pourra donc commencer par tout simplement recevoir ce que notre enfant nous dit : « Non, en effet, je ne suis pas ton chef. Est-ce que je t’en ai donné l’impression ? Je suis ton parent, et je suis responsable de toi pour l’instant, je suis ton guide, et je suis là, entre autres, pour t’aider. »

Rien que ces mots peuvent déjà tout changer : c’est un point fort, c’est une action concrète, par laquelle nous refusons d’entrer dans une lutte de pouvoir.

Chercher des alternatives dans notre communication

Puisqu’il nous a si bien fait comprendre qu’il veut à son tour exprimer son pouvoir, à nous de modifier notre mode de communication pour lui en donner l’occasion !

Pour cela, une ligne directrice : moins d’ordres, moins d’ordres, moins d’ordres !

Cela ne veut pas dire qu’on ne demande plus rien à notre enfant. Mais que nous allons le demander autrement. Que nous allons nous entrainer à communiquer de manière moins directive.

Ca a l’air compliqué, mais, lorsqu’on y réfléchit, ça ne l’est pas tant que ça : on sait déjà le faire avec les adultes. Oui, lorsque nous demandons des choses à nos collègues, à des amis, il est bien rare qu’on le fasse en en donnant l’ordre direct. En général, on va plutôt :

  • faire une demande : « Tiens, tu pourrais mettre ton sac sous la table plutôt ? »
  • poser une question : « T’es bientôt prêt à partir ? »
  • donner une information : « Je crois que X est déjà en bas à nous attendre, il ne faudra pas qu’on traine.. »
  • parler de nous : « J’ai peur d’être en retard… »
  • aider : « Tiens, j’ai ramassé ton papier qui était tombé. »
  • décrire la situation : « Tu sens le courant d’air ? Tes papiers risquent de s’envoler. »

Alors.. il n’y a plus qu’à appliquer les mêmes méthodes avec nos enfants !

Apprendre peu à peu à parler avec un langage plus bienveillant…

Ca ne marchera pas à tous les coups, c’est sûr, mais plus nous y parviendrons, et plus cela changera la dynamique de nos échanges ! Parce qu’alors, nous laisserons nos enfants agir par eux-mêmes, et c’est un vrai message de confiance. Alors, ils pourront commencer à sentir effectivement qu’ils sont capables.

Ils n’auront plus besoin de lutter pour nous dire que « nous ne sommes pas leur chef ! »

Dans notre pays, l’éducation nationale décide des programmes, donne un cadre et des compétences à développer, niveau par niveau. Mais, dans ce cadre, elle permet encore pas mal de liberté. Pour autant que les compétences-clefs soient développées, les instituteurs sont libres de leurs méthodes.

Il est donc possible de sortir du carcan que l’on croit imposé. Et, contrairement à ce que nombre d’entre nous pensent, beaucoup d’instituteurs le font. Seulement, ils le font discrètement, de leur côté.

Depuis 2014, Céline Alvarez a énormément fait parler d’elle, communiquant sur son expérience à Genevilliers. Elle y a été institutrice en maternelle pendant 3 ans, et n’a pas continué. Parce que son objectif premier n’était pas de changer les choses à Genevilliers, mais de montrer qu’une autre approche pouvait réellement changer les choses. Puis, de diffuser le message, autant que possible. De “donner un coup de pied dans la fourmilière”, comme elle le dit elle-même1. Son but : la révolution dans l’éducation. Et à la suite de la sortie de son livre Les lois naturelles de l’enfant 2, elle multiplie les interviews et conférences pour partager les résultats de son expérience, créant effectivement une révolution.

Elle sait cependant, et le souligne, que nombreux sont les enseignants qui ne l’ont pas attendue pour commencer à changer les choses, à leur échelle.

Et si nous allions aujourd’hui à la rencontre d’une de ces institutrices qui, effectivement, organise sa classe de manière atypique ?

J’ai eu la chance de m’entretenir avec Sophie Rémy, institutrice de CM2, qui déclare, elle, que “[son] but n’est pas de faire la révolution, mais de voir une évolution.”

— Note :  cet article a d’abord été publié dans Grandir Autrement, numéro 72 de sept-oct 2018 —

Comment Sophie a décidé de changer sa manière de faire

Sophie a été institutrice pendant des années, avant de devenir directrice. Elle était à ce moment-là dans une posture de management classique, c’est à dire qu’elle imposait ses décisions à son équipe. L’ambiance dans l’équipe étant tendue, elle décide de suivre une formation au management. Cette formation s’avère être une formation de communication non violente (CNV). C’est pour elle une véritable prise de conscience : le conflit est en moi, et le changement commence par soi.

Son intention devient alors autre, et Sophie s’aperçoit que sa vocation reste d’être auprès des enfants. Elle quitte donc son rôle de directrice, et décide de mettre en place une classe différente, à l’écoute de son bien-être et de celui des enfants, une classe dans laquelle l’empathie sera au coeur du processus.

Elle n’a rien dit à personne, sa priorité est de tenter l’expérience. Tant qu’elle répond aux attentes de la directrice et du programme, elle est libre des méthodes employées.

Le début de l’année avec les élèves

Ainsi, l’année commence sans annonce particulière. Pas même auprès des élèves, qui voient bien, pourtant, que leur classe est particulière. Au bout de deux semaines, avant la réunion de rentrée avec les parents, Sophie parle d’abord aux enfants. Ceux-ci font la liste de tout ce qu’ils trouvent différent de ce qu’ils connaissaient. Puis, une fois cette démarche faite, Sophie demande tout simplement aux enfants s’ils ont envie de continuer ainsi. Elle reçoit un grand oui. Certes, quelques élèves restent réticents. Ils ne sont pas rassurés par ce cadre atypique. Ils n’y retrouvent pas leurs marques. Sophie prendra le temps de s’asseoir avec chacun d’entre eux pour mieux comprendre leurs réticences. Il est important qu’ils soient écoutés.

Concrètement, quelles sont les choses atypiques dans la classe de Sophie ?

Le décor, déjà : la classe dispose d’un coin détente, avec des coussins, du sable, des objets pour se détendre. Pour que chacun, quand il le désire, puisse aller s’y ressourcer. Même au milieu d’un apprentissage. Selon Sophie, la priorité va à la gestion des émotions. Ce n’est pas la peine d’espérer d’un élève qu’il suive une séance de maths s’il n’est pas émotionnellement disponible pour cela ! explique-t-elle. Bien sûr, lorsqu’elle a conçu ce coin – qui me fait penser à celui du positive time out de Jane Nelsen3 -, elle s’est interrogée : vont-ils passer leur temps là-bas ? Mais non, ce n’est pas le cas. L’usage du coin respecte l’objectif initial.

Au niveau organisationnel, les enfants ont un temps collectif, qui permet de faire des jeux autour des émotions, de mener des réflexions, de débattre des problèmes qui se présentent. L’apprentissage se fait beaucoup par projets (Sophie est formée à la pédagogie Freinet). Et toutes les semaines, chacun conçoit un plan de travail individuel, qui lui permet d’avancer à son rythme. Il permet à l’élève de s’auto-évaluer, et à Sophie de suivre ainsi ses progrès, puisqu’il n’y a pas, dans cette classe, d’évaluation formelle.

Sophie a également réfléchi à son projet avec la psychologue scolaire et cette dernière intervient en proposant des ateliers visant a développer les compétences psychosociales.

Les peurs des parents

Lorsque Sophie a parlé de son approche aux parents, elle a eu des réactions variées. Certains ont été enthousiastes dès le départ, soit parce qu’ils étaient déjà en saturation de certaines méthodes observées dans l’éducation nationale, soit parce que cette approche leur semblait correspondre à leurs aspirations. D’autres, bien sûr, ont fait part de leur inquiétude. L’inconnu fait peur, c’est normal. D’autant que Sophie enseigne en CM2. Ses élèves seront-ils prêts pour la 6e ? Alors, Sophie a écouté les parents inquiets. Elle s’est rendue compte qu’il suffisait souvent de recevoir cette inquiétude pour qu’elle s’apaise.

En accord avec la psychologue scolaire, elle a également mis en place une “boite à devoirs”, dans laquelle les enfants qui pensaient en avoir besoin (que l’idée leur vienne d’eux ou de leurs parents) pouvaient puiser.

Au mois de janvier cependant, soit quelques mois seulement après le début de cette expérience, Sophie a reçu chaque parent (comme il n’y a pas d’évaluation, c’était bien le meilleur moyen de leur parler des progrès de leur enfant), et s’est rendue compte qu’elle avait alors 100% d’adhésion de leur part. Les inquiétudes ont disparu.

Source d’inspiration

Quand j’écoute Sophie me parler, j’ai tellement, tellement envie que ce qu’elle vit dans sa classe soit partagé, que son inspiration se propage à plus de gens, enseignants, parents, enfants… Je ne peux m’empêcher de lui demander si cela fait partie de ses projets.

C’est encore difficile à dire. Sophie a commencé de manière timide, et vit encore fortement chacune de ses avancées. On sent bien qu’elle savoure ce qu’elle vit. Qu’elle est dans l’instant, pas encore plus loin. Mais elle prend de l’assurance. Elle prend conscience peu à peu à quel point ce qu’elle vit peut en inspirer d’autres. Son partage a commencé timidement, par l’ouverture, sous un pseudo, de son blog : Marie écrit4, grâce auquel je l’ai connue, et avance doucement. Elle a récemment accepté de témoigner dans le cadre d’un stage de CNV, ce ne sera pas la dernière fois.

Cet échange que j’ai eu avec elle est aussi un pas en avant vers le partage. Je ne doute pas que d’autres occasions se présenteront à elle, et qu’elle saura les recevoir comme il le faut, à son rythme, à la manière qui lui ressemble : avec douceur.

Merci Sophie.

  1. Conférence à Autun, Juillet 2017
  2. Les lois naturelles de l’enfant, Les arènes, 2016
  3. Positive Time Out, and over 50 ways to avoir power struggles in the home and the classroom, Jane Nelsen, 1999
  4. https://marieecrit.com

Eduquer sans punir, en voilà une idée ! Lorsque j’explique que dans notre maison, la punition n’existe pas, cela surprend souvent. Et cela surprend encore plus lorsque l’on s’aperçoit que nos enfants ne sont pas des délinquants… Non seulement ils ne partent pas à la dérive, mais j’affirmerai même qu’ils ont en fait pas mal de limites. Nous ne sommes absolument pas des parents permissifs. Est-il possible, alors, d’éduquer sans punir ? Pourtant, l’idée reçue, c’est que la punition est une méthode éducative efficace et nécessaire. Que l’on punit les enfants « pour leur bien ». Que c’est la meilleure manière d’apprendre. Et surtout, surtout, si l’on ne punit pas, que fait-on ? Existe-t-il des alternatives ?

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Se faire à l’idée d’éduquer sans punir

Je comprends que cette idée d’éduquer sans punir puisse surprendre. Bien sûr que je le comprends ! Je mentirais en disant que je n’utilisais pas les punitions au début… Et la première fois que j’ai lu ce que les punitions pouvaient avoir de néfastes, je n’ai pas été immédiatement convaincue.

Un héritage à remettre en cause

Pour la grande majorité d’entre nous, nous avons grandi dans un contexte dans lequel il était normal et même bien de punir. La punition comme méthode éducative est donc bien une idée « reçue » : reçue de nos parents, de notre entourage lorsque nous étions enfants.

Or, nos parents nous aimaient. S’ils nous punissaient, nul doute qu’ils le faisaient pour notre bien. Comment remettre la punition en cause sans remettre nos parents en cause.

Notre cerveau sait nous protéger de ce qui nous dérange trop. Penser que nos parents nous ont causé du tort, c’est dérangeant. Autant rester sur l’idée simple que leurs méthodes avaient du bon, et les répéter.

D’ailleurs, l’enfant battu bat ses enfants, c’est connu. C’est un moyen de protection émotionnelle, d’une certaine façon. Pour ne pas remettre en cause ce que nous avons reçu.

De mon côté, je suis assez sereine sur ce point. Les parents ont toujours fait ce qu’ils croyaient être le mieux (avec leur propre héritage, de surcroit). Il n’y a pas de doute là-dessus. Remettre en question la méthode ne signifie pas remettre en question l’intention. L’ignorance justifie la méthode. Aujourd’hui, cependant, nous ne sommes plus ignorants, nous savons que la punition fait du mal à l’enfant.

Alors, sans nous attarder sur le passé, concentrons-nous sur le présent, et même sur le futur, en offrant à nos enfants ce que, à notre tour, nous pouvons faire de mieux !

Nager à contre-courant

Autre problème : même lorsque nous réussissons à remettre en cause l’éducation que nous avons reçue, nous évoluons en général dans un environnement qui n’a pas encore changé ses méthodes. Je dis « pas encore » parce que j’ai confiance que cela changera. Ca bouge déjà, doucement.

En attendant, il est certain que ceux d’entre nous qui ont banni les punitions nagent à contre-courant. Nous évoluons dans un monde qui cherche encore à éduquer par les punitions. Dans le collège de ma fille, comme dans beaucoup d’autres, si l’élève fait une erreur (il n’a pas fait un devoir, il a oublié son matériel, il bavarde en classe…), le prof lui met une croix sur son carnet. Au bout de 3 croix, une heure de colle. C’est comme ça.

Alors bien sûr, lorsque ces méthodes sont si communes, elles deviennent « normales », au sens littéral, c’est à dire que c’est la norme. Et lorsque l’on sort de la norme, c’est toujours un peu plus difficile. Il est, là encore, plus confortable de suivre le groupe, de ne pas se sentir différent…

S’ouvrir à la possibilité

Et pourtant, malgré notre héritage, malgré notre environnement, j’ai envie de vous demander de vous ouvrir à la possibilité d’éduquer sans punir.

Pour ceux pour lesquels cette idée est nouvelle, je sais qu’il faut y aller doucement. Bien sûr. Pour toutes les raisons listées plus haut.

On m’a raconté d’ailleurs l’anecdote suivante. Un jour, Catherine Gueguen donnait une conférence à une assemblée d’enseignants. Elle leur parle, comme à son habitude, du fonctionnement du cerveau, de l’effet sur celui-ci d’une relation empathique, etc… Les enseignants sont intéressés. Jusqu’au moment où elle leur déclare que les punitions ne devraient pas être. Elle est allée trop loin trop vite, et une partie de son assemblée se ferme. Car ils ne sont pas prêts. D’une part, remettre en cause prend du temps, d’autre part, ces enseignants se heurtent au quotidien à la réalité de leurs classes, et n’ont pas encore d’alternative. On ne peut donc leur demander du jour au lendemain de supprimer les punitions de leurs méthodes éducatives.

Je ne serai donc pas ici définitive en vous demandant de supprimer toute punition de votre maison dès demain. En revanche, je vous demande de me prêter attention, pour vous ouvrir à cette possibilité d’éduquer sans punir. Ce sera déjà un bon premier pas.

Pourquoi éviter la punition ?

Avant de parler des alternatives à la punition, il me semble intéressant de faire un détour par les raisons pour lesquelles nous voudrions éviter la punition.

L’impact des punitions sur le cerveau

Plus possible de se mettre des oeillères. Les résultats des recherches en neurosciences affectives sont aujourd’hui claires : les punitions et autres « violences éducatives ordinaires » ont un effet néfaste sur le cerveau. Celui-ci se développe moins, et les aptitudes de l’enfant s’en trouvent diminuées.

Je vous conseille à ce sujet la lecture d’un article de Graines de bienveillance, justement : L’éducation bienveillante validée par les neurosciences.

Développer la motivation interne

Eduquer un enfant à coups de punitions, c’est lui donner, de manière répétée, des raisons externes de faire ou ne pas faire certaines choses. On développe ainsi sa motivation externe. Et ce, dès le plus jeune âge. Il suffit d’entendre mon fils de 6 ans m’expliquer que la raison pour laquelle il ne faut pas frapper son camarade de classe, c’est que sinon la maîtresse va le mettre dans le rouge. Voilà. Ce n’est pas parce que cela fera mal à l’autre, parce qu’il a de l’empathie, parce qu’il existe d’autres manières de régler les choses… Non, c’est parce qu’il y a punition derrière.

Cela signifie que l’on s’éloigne complètement des explications pour entrer dans un rapport de force. Moi, l’adulte, je vais t’apprendre à ne pas te comporter ainsi parce que tu vas avoir peur de ma réaction. J’attends donc une obéissance aveugle de ta part, et je te jugerai pour tes comportements, ce sont les principes des méthodes traditionnelles.

Cela marche à court terme. Mais qu’advient-il lorsque l’adulte n’est plus là pour vérifier ? L’enfant n’ayant jamais développé sa motivation interne, il y a bien des chances qu’il profite de l’absence de l’adulte pour adopter le comportement qu’on cherchait justement à éliminer…

A long terme, il est donc bien plus judicieux d’accompagner notre enfant à développer son contrôle interne, plutôt que de rester dans une position de contrôle externe.

L’apprentissage

Une approche de la question que j’aime également, c’est de réfléchir en termes d’apprentissage.

Lorsque, par exemple, l’élève a une croix dans son cahier parce qu’il bavarde, est-ce que cela lui enseigne vraiment à ne pas bavarder ? Ah oui, d’un certain côté, « ça va lui apprendre » ! Mais je parle plutôt en terme d’enseignement de compétences. Comment fait-on pour résister à l’envie de discuter ? Quel intérêt cela a-t-il pour lui ? Comment réussir à s’auto-contrôler, justement ?

Et pourtant, si l’on donne l’opportunité à l’enfant d’y réfléchir, d’analyser la situation, de trouver sa solution, il y a toutes les chances qu’il y parvienne. (Comme je l’avais d’ailleurs fait avec une amie de ma fille). Et là, on l’aura aidé à développer des compétences.

Ça, pour moi, c’est le rôle du parent.

Les alternatives

Je vous remercie de vous être ouvert à la possibilité d’une éducation sans punition. Maintenant, la question qui brûle les lèvres des parents qui m’ont entendue jusque là est en général : « Mais alors, comment fait-on ? »

Comme je sais que l’évolution doit se faire en douceur, je vais répondre à cette question en vous présentant mes outils en ordre croissant de bienveillance !


Vous voulez, vous aussi, apprendre ces alternatives ?

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Les conséquences

La première étape, la plus facile, c’est souvent de passer des punitions aux conséquences. Cela ne veut pas dire que nous changeons le vocabulaire ! La conséquence a ceci de différent de la punition qu’elle a vraiment une intention d’enseignement. Elle a un rapport direct avec le comportement.

Je vous invite sur ce point à lire mon article sur la différence entre une punition et une conséquence.

La recherche de solution

Au fur et à mesure que vous changerez votre manière d’aborder les situations, vous vous rendrez compte qu’il est plus efficace d’inclure vraiment votre enfant dans la réflexion.

Pour cela, rien de mieux que la recherche de solution. Passer de la conséquence à la recherche de solution, c’est évoluer dans notre posture parentale. L’accompagner, l’aider à grandir, en répondant à ses nécessités de base : appartenir et avoir de l’importance.

Parfois, les blogs d’éducation positive donnent l’impression que lorsque l’on adopte ces principes, tout va alors toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je vous rassure, ce n’est pas le cas.

Ce n’est pas parce que nous suivons les principes d’une éducation bienveillante que les conflits disparaissent. Non, ils existent encore. Cependant, notre manière de les aborder a drastiquement changé. Aujourd’hui, nous sommes clairs sur le fait qu’il existe différentes manières de régler les conflits, et que la force n’est pas le meilleur exemple à donner à nos enfants. La recherche de solution ensemble est donc devenue notre meilleure amie.

Eduquer sans punir, c’est avoir confiance

Au delà des techniques et méthodes, je crois que pour éduquer sans punir, il faut surtout avoir confiance. Confiance dans le fait que notre enfant va apprendre. Comme nous n’avons jamais douté du fait qu’il allait savoir marcher un jour, nous ne doutons pas qu’il va grandir et savoir dire bonjour et merci. Qu’il saura ne pas taper ses camarades. Qu’il saura respecter son entourage, être responsable, se prendre en charge.

Bien sûr, cela lui prend du temps (à lui aussi !), mais ce regard de confiance change notre réaction devant les erreurs de parcours, ce qui a pour effet de changer sa réaction également.

Ainsi, ensemble, on grandit. L’énorme différence, c’est qu’au lieu d’être contre lui, on est avec lui.

L’importance de la connexion

Cette dernière phrase fait parfaitement la transition avec ce dernier paragraphe, qui me tiendra lieu de conclusion. En effet, avant de terminer, je dois vous parler de connexion.

Parce que vous expliquer la recherche de solution est une chose. Mais cela ne fonctionnera que s’il y a déjà une bonne connexion entre vous. On ne peut changer de style éducatif du jour au lendemain, et penser que tout va magiquement suivre. Votre enfant a appris à réagir en fonction de votre posture.

L’un des principes fondamentaux de la discipline positive, selon Jane Nelsen, c’est : « Connecter avant d’enseigner. ». Ainsi, pour espérer créer une autre dynamique dans nos foyers, il s’agit de d’abord s’éloigner de ce qui nuit à la coopération, puis de peu à peu apprendre à connecter avec nos enfants.

Alors, le reste suivra. Et fonctionnera. Ayez confiance !

Ah la nature ! Les arbres, le vent, le bruit des oiseaux, l’air pur, le silence… On est souvent loin du stress de la ville, du bruit, du rythme, du monde, de la pollution… Et si ce changement d’ambiance contribuait à une autre forme d’apprentissage ? Si c’était le contexte idéal pour un apprentissage libre ?

Pourquoi « la nature et les apprentissages » ?

Si je veux aborder ce thème aujourd’hui, c’est pour deux raisons.

Une nature qui fait son entrée chez nous

La première, c’est que, vous le savez, j’aime vous parler de ce qui résonne en moi, de ce que je vis. Or, depuis quelques semaines, je vis l’école à la maison avec mon fils Léon, 7 ans. Tout un changement à mettre en place, vous vous en doutez.

L’un des points importants pour nous, que j’ai rapidement mis en place, c’était le fait de trouver des manières d’être en contact avec d’autres enfants en IEF. Et j’ai découvert rapidement qu’un groupe se retrouvait une fois par semaine, dans la forêt proche de chez nous.

Moi qui rêvais, depuis notre installation en banlieue parisienne, d’avoir plus d’occasions d’aller en forêt, j’allais pouvoir faire d’une pierre deux coups !

Et voilà comment, depuis quelques semaines, la nature est entrée dans notre quotidien…

Un thème à creuser

La deuxième raison pour vous parler aujourd’hui de nature et d’apprentissage, c’est que c’est un thème que je n’ai jamais abordé, alors que je le trouve interessant. Je ne suis probablement pas la mieux renseignée sur ce point précis, mais je sais que nous nous enrichissons tous de l’échange avec les autres. Des points de vue et des perspectives diverses.

C’est pourquoi je suis ravie de me joindre au groupe de blogueurs qui contribueront au carnaval d’articles lancé sur ce thème par Coline et Rémy du blog Petites chasses au trésor. 
Si vous voulez voir ce qu’en disent les autres blogueurs participant, faites un tour par leur article récapitulatif ou bien rendez-vous à la fin de cet article pour télécharger le livre de ce carnaval.
Coline et Rémy se dédient depuis quelques années au développement de chasses au trésor ludiques pour que l’apprentissage soit une fête. Je commence d’ailleurs à tester à la maison leur odyssée pédagogique, et je vous en parlerai plus bientôt.

Pour l’instant, restons centré, et revenons à notre nature.

La nature est apaisante

Parfois, je considère la nature un peu comme une oeuvre d’art… Pas seulement parce qu’elle est belle, mais plutôt dans notre relation à elle.

Une relation à la nature toute personnelle

En effet, comme devant un tableau, il n’est pas nécessaire de connaitre, ou comprendre, pour apprécier. Chacun y trouve ce qu’il y trouve, et nous avons chacun une sensibilité différente.

Je me suis par exemple rendue compte il y a quelques années que j’appréciais particulièrement la campagne, la forêt, le vert… Là où mon mari est plus attiré par la mer et son étendue.

Personne n’a raison ni tort, c’est un ressenti personnel, c’est tout.

Alors, quand j’écris que « la nature est apaisante », finalement, je devrais écrire qu’elle est apaisante… pour moi. Car c’est réellement ce que je ressens.

Il y a deux semaines, j’ai hésité à honorer le rendez-vous forestier hebdomadaire, parce que je craignais un peu la neige, ou plutôt le froid ! Et puis, nous avons pris notre courage à deux mains, Léon et moi, et avons répondu à l’appel à de la forêt. Je ne l’ai pas regretté un seul instant.

Le simple fait de marcher sur les chemins, loin du bruit de la ville, m’a apaisée.
C’était calme, c’était beau. Et s’il n’y avait que cette raison, elle serait déjà suffisante, non ?

Un moyen de baisser le stress de nos vies, n’est-ce pas ce que nous cherchons tous ?

le rat des villes et le rat des champs

Il est amusant de constater à quel point cette réflexion, autour du stress, rejoint complètement la fable de La Fontaine. (Si vous voulez la lire, en voici une version en ligne)

La ville, réputée pour sa richesse, pour ses attraits, qui ne fait finalement pas l’envie du rat des champs car, de son côté pas de festin de roi, « mais rien ne vient m’interrompre », dit-il.

Et je crois que tout est là, dans ce « rien ne vient m’interrompre ».

Si l’on juge la nature apaisante, c’est que le rythme y est différent.

Certes, cela dépend de notre lieu de vie. Difficile cependant, dans beaucoup d’endroits, d’échapper aux voitures, aux gens… Les interruptions sont fréquentes, et, même sans que nous en ayons conscience, cela crée une forme de stress. Un stress qui n’a plus lieu d’être lorsque l’on est dans un contexte où le calme règne…

Et l’apprentissage, dans tout ça ?

C’est bien joli tout ça, mais quel lien entre ma réflexion sur la nature qui m’apaise, et l’apprentissage ?

Laissez-moi répondre à cela en deux temps. D’abord de la manière la plus directe, et ensuite de la manière la plus intéressante.

Un apprentissage de la terre

La réponse la plus simple, la plus directe, c’est celle de l’apprentissage de la nature, tout simplement. La préoccupation pour la nature, pour la terre entre de plus en plus au coeur de nos préoccupations.

Créer une relation de proximité entre l’enfant et la nature est probablement la meilleure manière de développer sa sensibilité à celle-ci. Et, pour aller bien plus loin, c’est la meilleure manière de lui montrer que l’on n’a pas besoin de grand chose pour s’amuser.

En effet, quel que soit le contexte de nature dans lequel vous amenez vagabonder votre enfant, il est loin de sa chambre pleine d’objets et de jouets. Cette fois, c’est à lui de trouver l’inspiration dans ce qui l’entoure. De faire jouer son imagination, de se projeter, de vivre et de créer.

« Le simple fait d’aller marcher en forêt avec un enfant en vue de ramasser des pommes de pin, de la mousse et des feuilles mortes pour constituer un herbier et un panier de botanique lui permet d’être actif et d’engager son intelligence d’action. Il va chercher, étudier les possibilités, faire des choix et les revoir en cas de besoin. » écrit Céline Alvarez dans son livre Les lois naturelles de l’enfant.

Un apprentissage libre

Surtout, surtout, la nature offre à l’enfant le contexte idéal pour un apprentissage libre. Lui qui est souvent contraint par ce qu’on lui demande, par l’environnement et ses limites, qui est soumis aux règles, au fait de prendre soin des objets autour de lui (chez nous, on a toujours un souci avec les mains sur les murs, par exemple !), à ne pas crier, souvent.. va d’un seul découvrir une liberté d’action qui va lui permettre d’exprimer enfin pleinement son enthousiasme. Lui permettre de prendre ses propres décisions.

Et cela n’est pas négligeable. Pas du tout.

L’interêt d’un apprentissage libre

Cette question de l’apprentissage libre est tellement fondamentale qu’elle justifie un paragraphe spécifique. Car les bénéfices d’offrir à l’enfant des périodes de liberté sont nombreux, pour la construction de son caractère, pour son développement, pour sa confiance en lui, pour ses relations avec les autres.

La motivation intrinsèque

Nous l’avons déjà évoqué à maintes reprises : un être humain retire un bénéfice bien plus grand d’un apprentissage qu’il a choisi que d’un apprentissage imposé. Pour apprendre bien, il faut en avoir envie. C’est seulement à cette condition que les zones du cerveau liées à l’apprentissage s’activent réellement.

Ce n’est pas malheureusement pas ce qui est en général appliqué dans les écoles de nos enfants. Au contraire, les enfants subissent une activité imposée, avec horaire clair, et tout réside dans l’art de l’enseignant de savoir susciter de l’enthousiasme pour l’activité en question. Heureusement que certains enseignants sont brillants !

Lorsqu’à l’inverse, on laisse l’enfant guider l’activité, la magie s’opère. Il n’est pas question ici de laisser l’enfant abandonné à lui-même en considérant qu’il apprendra tout seul, mais simplement de le laisser maître de la direction à prendre, du thème à aborder. L’adulte est alors là pour étayer les connaissances qui surgissent.

« Ne nous y trompons pas : si nos enfants ont l’air « de ne rien apprendre » et ne faire que « s’amuser » lorsqu’ils sont laissés plus libres d’agir et d’explorer, ils sont pourtant bel et bien en train de construire quelque chose : leur concentration témoigne qu’une élaboration intérieure est en cours. » (Céline Alvarez toujours)

L’expérience du pouvoir personnel

Si vous suivez ce blog depuis un certain temps, vous m’avez sûrement déjà entendu parler de la question du pouvoir, qui est assez centrale en éducation positive. Il s’agit en effet de faire bien la différence entre le pouvoir personnel et le pouvoir positionnel, et laisser l’enfant découvrir, explorer, et exercer son pouvoir personnel.

Les enfants ont en fait assez rarement l’opportunité d’exercer leur pouvoir de décision. Dans une journée, ils passent surtout du temps à recevoir des instructions. Chercher les occasions de les laisser le faire est fondamental, car plus nous laisserons l’enfant exercer son pouvoir, et moins il cherchera ensuite à entrer dans des luttes de pouvoir.

Ainsi, non seulement nous l’aiderons à développer sa confiance en lui, mais nous oeuvrons également pour une meilleure relation entre nous !

Illustration personnelle : un atelier grandeur nature

J’ai envie de terminer cet article sur une illustration personnelle.

Chez nous, Léon, 7 ans, est féru de bricolage. Ca a commencé assez incidemment, à travers le montage des meubles ikea, puis ça s’est développé rapidement. Comme nous sommes d’avis qu’il est toujours bon de nourrir une passion au moment où elle se déclare (de nouveau : motivation endogène = apprentissage bien plus efficace !), nous avons fait ce que nous pouvions pour le laisser expérimenter.

Son anniversaire en octobre a donc été l’occasion de lui offrir des outils, des vrais : marteau, pinces, tournevis, et même une petite perceuse visseuse. (Je vous rappelle l’importance d’adapter les cadeaux à l’enfant !).

Nous avons laissé des vieux bouts de bois à sa disposition, et Léon a pu expérimenter. Parfois, cela signifiait simplement planter des clous dans une planche pour la rendre plus solide, puisque « le métal est plus dur que le bois »… Parfois, nous avons vu apparaitre un objet : une épée, une pancarte, un circuit de voitures… Donner libre cours à ses envies lui a permis de suivre les principes exposés plus haut.

A Noël, re-belote : planches, tasseaux, équerres… pour construire un bel établi + étau et scie à bois ! Cette fois, notre Léon est complètement équipé, et une zone du sous-sol est devenue sienne.

Alors, lorsque nous sommes partis en forêt, cela n’a pas trainé : Léon a mis sa scie, son marteau, et des clous dans son sac à dos. Vous vous imaginez le terrain de jeux que la forêt lui a offert ?? Parce que des bouts de bois à scier, dans la forêt, il y en plein sous les pieds !!

Pour télécharger le livre du carnaval, et consulter tous les articles des blogueurs participant sur ce thème, suivez ce lien.

J’ai lu récemment une citation qui disait : “Pour être dans les souvenirs de vos enfants plus tard, il faut être dans leur vie aujourd’hui.”. C’est tellement vrai, n’est-ce pas ? Nos souvenirs se sont créés au fur et à mesure, sans que l’on y prenne garde.
Ca vous est déjà arrivé de penser au fait que la petite chanson que vous chantez tous les soirs à votre enfant fera partie de ses souvenirs ? Que votre routine de sortie de bain le marquera à long terme ? J’aime bien de temps en temps faire ce pas en arrière et me dire que nous sommes en train de construire des souvenirs !
Alors, quand Marie, du blog Secrets de nutritionniste m’a invitée à participer à son carnaval d’articles sur le thème “Les 3 aliments qui me rappellent mon enfance”, ça m’a fait sourire, et j’ai eu envie de me livrer à cet exercice… Les voici donc.

Les framboises

Un exemple parfait de ces souvenirs qui se construisent sans que l’on s’en rende compte.
Il y a quelques années, alors que nous habitions au Mexique, je vois apparaitre des vendeurs de framboises aux feux. Il n’est pas rare là-bas d’acheter des choses diverses pendant que l’on attend que le feu passe au vert. Lors de la période des framboises, nombreux sont les vendeurs de pots de framboises, pour si peu…
J’achète donc mon pot par ma vitre baissée, et avale distraitement une framboise. Et là, boum ! Je me revois instantanément dans le jardin de mes grands-parents !
C’était incroyable ! La manière dont mon cerveau a associé cette framboise à leur jardin est dingue !
Je repense donc à ces framboisiers que nous dévalisions l’été, et qui prenaient de plus en plus de place au fur et à mesure des années… jusqu’à ce que mon grand-père, se sentant envahi, décide de passer la tondeuse. Je me souviens que j’avais trouvé ça bien triste…
Maintenant que j’en ai pris conscience, je ferme toujours les yeux en mangeant des framboises, pour me centrer sur mes souvenirs…

Le saumon entier rose à l’arête

Lorsque j’étais jeune ado, j’adorais le saumon ! Alors, pendant quelques années, à chaque anniversaire, mes parents préparaient mon repas préféré : un saumon entier, rose à l’arête, avec du riz. Ils savaient qu’ils ne manqueraient pas de me faire plaisir ainsi.
C’était devenu tellement évident, qu’au bout de quelques années, le manque de surprise du menu m’a pesé… et je leur ai demandé de faire autre chose.
C’est devenu une plaisanterie chez nous. Lorsque nous prévoyons un menu de fête, nous évoquons souvent le saumon rose à l’arête.

Les sablés

L’une des premières recettes que j’ai apprises, c’est celle des sablés. Ma mère n’a jamais été fan de cuisine. Ce n’était pas l’activité qu’elle préférait… Et pourtant, je me revois avec elle, je devais avoir 6 ans, en train de découper les sablés à l’emporte-pièce. Une étoile, un coeur…
J’aimais vraiment faire ça, et c’est un souvenir présent chez moi.
Un souvenir que j’ai voulu reproduire, et j’ai régulièrement fait des sablés avec mes enfants, surtout en période de Noël.

Je m’aperçois cependant, en écrivant ces mots, que nous n’en avons pas fait cette année. Ou du moins si, j’en ai fait pour le matin de Noël, mais les enfants jouaient avec leurs cousins, et je n’ai pas eu le courage de tous les appeler pour contribuer. Pourtant, si je veux que cela fasse partie de leurs souvenirs, ça aurait été chouette de les impliquer !
Je me le note, sans me culpabiliser : on fait ce qu’on peut… et puis, ils étaient probablement occupés à se créer des souvenirs entre cousins !!

A vous : quels sont les aliments qui vous renvoient à votre enfance ?

Chaque année, on s’interroge : qu’est-ce qui va faire plaisir à mon enfant ?

Réussir à trouver ce qui va lui mettre des étoiles dans les yeux…

Et si, finalement, c’était beaucoup plus simple que ce que l’on pensait ?

Les parents de cette expérience prennent conscience de ce que nous avons déjà à apporter à nos enfants, et qui est tellement plus important que tous les jouets qu’on peut leur offrir.

Vous êtes prêt ?

— Note : la vidéo que j’avais initialement partagée ici a malheureusement été retirée de youtube !
Comme elle en vaut quand même le coup d’être vue, je vous l’ai remise, en version espagnole avec sous-titres.
Ca vous donnera déjà une bonne idée ! —