Archive d’étiquettes pour : pouvoir

Tous les parents souhaitent voir leurs enfants s’épanouir, se sentir libres, confiants et responsables. Mais comment les accompagner concrètement ? Dans cet article, découvrez pourquoi cultiver l’autonomie et le pouvoir personnel : deux compétences fondamentales dans le développement de chacun.

Ces deux aptitudes aident à faire, mais aussi à être, à choisir, à oser, à devenir soi-même un peu plus chaque jour.

Elles sont liées, parfois même indissociables. Elles s’alimentent l’une l’autre, se chevauchent parfois, et pourtant, chacune a son rôle dans la construction de l’enfant.

On vous propose de les (re)découvrir simplement, avec peut-être un regard un peu neuf.

Note : cet article a été écrit par Emilie

L’autonomie : faire soi-même et s’impliquer

L’autonomie : qu’est-ce que c’est ?

Quand on parle d’autonomie, on pense souvent à des gestes concrets : s’habiller seul, ranger sa chambre, faire ses devoirs, cuisiner… C’est un aspect, c’est vrai, mais l’autonomie ne se résume pas à cela.

C’est une compétence vivante qui évolue avec le temps et l’âge. Par exemple, cela peut aussi être :

  • prendre des initiatives
  • perservérer dans une tâche
  • s’organiser pour que quelque chose aboutisse
  • gerer son temps
  • Avoir des stratégies pour réguler ses émotions

Pour résumer, l’autonomie, c’est la capacité à agir, prendre en charge, s’organiser par soi-même. C’est ce qui permet à l’enfant de prendre sa place dans le monde, en développant des compétences concrètes… mais aussi une vraie confiance en ses capacités.

L’autonomie, ça se construit

Elle se bâtit petit à petit : on commence par faire avec l’enfant, puis à côté, puis on le laisse faire tout seul.
Et même si ce n’est pas toujours parfait (les oublis de matériel, la cuisine démontée, on connaît !), chaque essai est une avancée. Parce qu’au fond, l’autonomie, ce n’est pas la performance, c’est l’élan vers l’indépendance.

Un enfant autonome n’est pas un enfant qui “gère tout tout seul” : c’est un enfant qui se sent capable, parce qu’on l’accompagne avec bienveillance.

Selon Maria Montessori l’adulte n’est pas celui qui “forme” l’enfant, mais celui qui accompagne ce qui cherche à éclore en lui. Le parent ou l’éducateur est un guide discret, présent, disponible, mais sans interférer inutilement. Elle parlait de “liberté dans les limites”.
Pour qu’un enfant exerce son autonomie, il a besoin de choisir librement… mais dans un environnement où les règles sont claires, les attentes cohérentes, les rythmes respectés.

Ce cadre sécurisant n’est pas une cage, mais une boussole. Il donne à l’enfant la liberté d’expérimenter sans se perdre. C’est là que peut naître une vraie confiance en soi.

Le pouvoir personnel : oser être soi, avec respect

Le pouvoir personnel : de quoi parle-t-on ?


Le mot « pouvoir » peut faire peur. On pense parfois à la domination, à l’autorité, au contrôle.
En réalité il existe deux formes de pouvoirs :

  • le  pouvoir positionnel : comme un capitaine, un enseignant, un parent. Il découle de la position.
  • le  pouvoir personnel : il vient d’un ancrage intérieur. Ce pouvoir-là, tout le monde le possède.

Pour chacune de ces formes il existe une utilisation saine du pouvoir.

(et pour mieux le comprendre, je vous encourage à lire mon article « Question de pouvoirs »)

Concentrons-nous ici sur le pouvoir personnel qui est moins visible que l’autonomie.
Il s’agit d’apprendre à le reconnaître, à le nommer, à s’en servir avec respect et conscience.

Là où l’autonomie parle de ce que l’on fait, le pouvoir personnel touche d’abord à ce que l’on est, avant qu’on l’exerce.

C’est cette force intérieure qui permet à un enfant (et à un adulte !) de se sentir légitime, d’oser dire ce qu’il penseressentir ce qu’il ressentposer ses limitesfaire des choix alignés, même quand c’est inconfortable.

C’est une force calme, pas une domination. Un enfant qui affirme son pouvoir personnel ne cherche pas à tout diriger : il cherche juste à exister pleinement, sans s’écraser, ni écraser l’autre.

La légitimité, terreau du pouvoir personnel

Cette capacité à oser être soi prend racine dans un sentiment profond de légitimité intérieure. Se sentir légitime, ce n’est pas penser qu’on a toujours raison, mais se sentir autorisé à exister tel qu’on est, à penser par soi-même, à ressentir sans se justifier, à faire entendre sa voix.

Le psychologue Carl Rogers, pionnier de l’approche centrée sur la personne, parlait de regard positif inconditionnel un accueil sans jugement, qui aide l’enfant à développer un sens de sa propre valeur. C’est ce type de regard, stable et bienveillant, qui nourrit la légitimité intérieure

Ce pouvoir-là se construit surtout dans la sécurité relationnelle : dans les regards qui valident, dans les “je t’écoute” sincères, dans les “tu as le droit de penser autrement”, dans les moments où on accepte qu’ils disent non… et qu’on leur dise non aussi.

Quand un enfant sent que son point de vue est écouté, que ses émotions ont le droit d’exister sans être corrigées ou minimisées, il se sent digne de confiance, donc digne tout court.

Ex : Une enfant qui défend une camarade à l’école en disant :
« Je trouve que c’est méchant ce que vous dites. »
Elle ose dire ce qui lui semble juste
, agit à partir de ses valeurs. Elle exerce son pouvoir personnel.

Deux dimensions qui se répondent, se complètent… et parfois se mélangent

L’autonomie et le pouvoir personnel sont deux forces complémentaires, mais elles ne se développent pas exactement de la même manière.

AutonomiePouvoir personnel
Centré plutôt surle fairel’être
Ce qu’on développel’action, l’organisation, l’initiativel’assertivité, l’alignement à ses valeurs.
Les fondementsla compétencela légitimité

L’autonomie permet à l’enfant d’agir, de s’organiser, de se lancer . Elle s’ancre dans le sentiment de compétence : “Je peux”.

Le pouvoir personnel, lui, donne la solidité intérieure. Il s’exprime quand l’enfant affirme une pensée, une émotion, une limite, reste fidèle à lui-même. Il prend racine dans la légitimité : “J’ai le droit d’être moi”.

L’un donne la capacité d’agir dans le monde, l’autre la solidité d’y prendre place, sans se déformer. Ensemble, ils permettent à l’enfant de devenir acteur et auteur de sa vie.

Elles sont comme deux ailes. L’une donne de l’élan, l’autre donne de l’équilibre.

Sans l’autonomie, l’enfant dépend.
Sans le pouvoir personnel, il s’efface
.

Il arrive souvent qu’une situation fasse appel aux deux compétences :

Par exemple, un enfant qui choisit ses vêtements fait preuve d’autonomie. Mais s’il les choisit en fonction de ce qu’il aime vraiment, malgré le regard des autres, il active aussi son pouvoir personnel.

Autre exemple, un enfant qui dit “je ne veux pas faire cette activité, je n’aime pas les jeux de ballon” montre qu’il affirme son ressenti  (pouvoir personnel). Mais s’il propose d’être arbitre s’organise ou s’investit ailleurs … il fait preuve d’autonomie.

On peut dire que :

  • L’autonomie nous rend libres : on sait faire par nous-mêmes.
  • Le pouvoir personnel nous rend solides : on sait qui on est, et on ose l’être.

Pourquoi c’est si important de les nourrir…

Ces deux forces permettent à nos enfants de se sentir bien dans leur peau, d’avoir les outils pour faire face aux défis, sans paniquer, ni se soumettre.

Un enfant qui se sent :

grandit avec plus de confiance, de responsabilité, de respect de soi… et des autres.

Ce sont ces qualités qui favorisent l’estime de soi, des relations saines, une capacité à faire des choix alignés tout au long de la vie.

Dans un monde où l’on parle souvent de performance, de contrôle, ou de pouvoir sur l’autre, il est plus que jamais nécessaire de valoriser l’aspect lumineux de ces compétences – celui qui sert à se reliers’affirmercoopérercréer et grandir ensemble.

En tant que parent, comment accompagner nos enfants ?

On aimerait parfois que ça aille vite pourtant tout ça ne se fait pas en un jour. Et surtout, ça ne se décrète pas. L’autonomie ne s’impose pas (“vas-y, fais tout seul !”) ; le pouvoir personnel non plus (“exprime-toi, allez !”).

Accompagner, c’est souvent oser faire un pas de côté, c’est à la fois ne pas tout faire à la place, mais aussi ne pas disparaître. C’est trouver une juste distance : assez proche pour rassurer, assez loin pour laisser respirer. Ce rôle évolue sans cesse : parfois guide, parfois témoin, parfois simple présence.

On peut imaginer cette posture comme celle d’un tuteur souple : il soutient la croissance sans forcer la direction, ni retenir l’élan. Le parent devient alors gardien d’un espace sécurisé, dans lequel l’enfant peut s’essayer, se tromper, recommencer… et construire peu à peu sa propre manière d’être au monde.

Ce n’est pas toujours confortable, ni évident. Mais c’est dans cette relation vivante, imparfaite et sincère, que l’autonomie et le pouvoir personnel trouvent leur plus beau terrain d’épanouissement.

Voici quelques repères simples à garder en tête pour construire ses forces dans le temps, la confiance et la relation :

  • Laisser faire / laisser de l’espace, même si ce n’est pas parfait, même si ca prend plus de temps.
  • Écouter pour de vrai.
  • Valider les émotions.
  • Faire confiance tout en restant présent.
  • Accueillir un désaccord
  • Ne pas solutionner un problème rencontré mais plutôt accompagner, interroger et les laisser en charge.
  • Se rappeler que ces forces grandissent d’autant mieux quand on les incarne aussi du mieux possible, en tant que parent.

Des capsules conçues pour développer l’autonomie et le pouvoir personnel

Autonomie et pouvoir personnel ne sont pas des objectifs à cocher. Ce sont des chemins, des élans, des forces qui se développent dans les petites situations du quotidien.

Ce sont des graines qu’on sème avec amour, patience, et confiance.

Si vous avez envie d’aller plus loin sur comment développer ces compétences de vie, de découvrir des idées concrètes, sensibles, joyeuses pour nourrir ces forces avec vos enfants…

….Nos nouvelles capsules parent/enfant ont été pensées pour explorer ces deux dimensions, avec des jeux, des mises en situation, des défis, des temps de parole…

L’une d’elle porte spécifiquement sur l’autonomie :

  • apprendre à s’organiser
  • oser faire seul
  • tenir un petit engagement
  • identifier ses émotions

L’autre met l’accent sur le pouvoir personnel :

  • dire non avec respect
  • poser une limite
  • exprimer un désaccord calmement
  • affirmer une valeur ou reconnaître une erreur

Et parfois… les deux se croisent, se mélangent, se renforcent.

Ces capsules ne donnent pas de leçon.
Elles ouvrent des chemins.
Des chemins pour oser essayer, pour mieux se connaître, pour mieux vivre ensemble.

Nous espérons qu’elles vous inspireront et donneront envie d’explorer ce qui cherche si fort à grandir : l’autonomie pour agirle pouvoir personnel pour exister pleinement. Parce que nourrir ces compétences , c’est offrir à nos enfants la possibilité d’être pleinement eux-mêmes, tout en avançant vers plus de liberté et de responsabilité.

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Note : ces 2 thèmes viennent s’ajouter aux 4 thèmes déjà existants des capsules de l’été :

  • le réservoir affectif
  • les langages de l’amour
  • la pleine conscience
  • la gratitude

Parce qu’il est important pour nous de trouver des manières de transmettre ces notions à nos enfants

Je suis comme vous : je rêve d’une ambiance familiale apaisée et sereine… Et cela demande de l’énergie ! En effet, pour atteindre la sérénité, il faut déjà en donner le modèle. Or, le modèle d’éducation traditionnel que nous avons souvent reçu n’entre pas tout à fait dans ce cadre. Je dirais même plutôt qu’il encourage à une certaine lutte de pouvoir entre parents et enfants. L’éducation positive propose de faire basculer la relation, pour passer d’un mode vertical à un mode horizontal. De quoi être perdu devant un enfant qui répond ! Que se passe-t-il en lui, et en nous, lorsque notre enfant nous déclare brutalement : « T’es pas mon chef ! » ? Comment ne pas, alors, prendre cette tendance à « répondre » pour de l’insolence ? Et surtout, comment réagir ?

Si vous voulez écouter cet article sous sa forme audio, en voici l’enregistrement.

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Ce que l’enfant exprime réellement

Choisir de décoder le message

Si on veut éviter les altercations inutiles (y en a-t-il des utiles ?), il faut commencer par réussir à entendre ce que dit l’autre. Ou disons plutôt à entendre ce qu’il veut dire.

Malheureusement, nous n’avons pas appris à nous exprimer de manière claire et directe. Nous sommes souvent emportés par nos émotions, et nous exprimons de manière indirecte, de sorte que notre message est souvent difficilement recevable. Et, évidemment, c’est vrai dans l’autre sens.

La première étape, donc, sera toujours, lorsque  nous sommes en état de le faire (d’où l’importance de prendre soin de nous d’abord), d’essayer de décoder ce que nous dit l’autre, plutôt que de le prendre personnellement.

Le cas de l’enfant qui nous répond

Un enfant qui nous dit « T’es pas mon chef ! » a beau dire « Tu », il parle surtout de lui… Si nous parvenons à enfiler les oreilles girafe que nous propose Marshall Rosenberg, nous entendrons peut-être : « J’existe ! Je suis capable ! J’ai envie de pouvoir prendre mes propres décisions ! »
Ce qui, convenons-en, change déjà pas mal les choses, non ?

Pourquoi cette réaction ?

Le besoin d’importance

Pour mieux comprendre l’attitude de notre enfant, il faut peut-être commencer par bien assimiler ce à quoi aspire tout être humain. Alfred Adler parle en effet de deux nécessités fondamentales : appartenir et avoir de l’importance.

On évoque souvent le besoin d’appartenir de l’enfant, qui s’exprime en particulier à travers son attachement, et lorsqu’il recherche de l’attention.

On parle moins de ce besoin d’avoir de l’importance, pourtant tout aussi fondamental.

Pour grandir en développant sa confiance en soi, il faut se sentir capable, utile… Or, un enfant qui ne fait que suivre les instructions qu’il reçoit à longueur de journée n’a absolument pas l’impression d’avoir de l’importance ! Comment alors peut-il croire qu’il a de la valeur ? Qu’il est digne de confiance ?

Lorsque l’enfant, dès 2 ans, se met à dire clairement « Non ! », il est déjà dans une démarche dans laquelle il réclame sa position : il veut avoir son mot à dire.

L’opposition de l’enfant, signe d’un bon développement

A tout prendre, je dois dire que je préfère un enfant qui m’explique que je ne suis pas son chef, plutôt qu’un enfant qui obéit aveuglément à tout ce que je lui demande. Non, je ne cherche pas l’obéissance chez mes enfants

Comprenez-moi bien : je n’ai pas dit que ce ne serait plus facile d’avoir des enfants qui obéissent au doigt et à l’oeil à ce que je leur demande. C’est sûr que cela me permettrait d’être plus en contrôle de la situation !

Seulement, lorsque l’on choisit d’être parent, on ne choisit pas une vie facile ! Non, on choisit d’accompagner des petits bouts d’êtres humains pour les aider à grandir, et à développer les compétences qui leur seront utiles lorsqu’ils voleront de leurs propres ailes. Ça, c’est mon plan parental !

Alors, si je réfléchis ainsi à long terme, je me dis que, finalement, le fait que mon enfant sache répondre, qu’il sache poser sa limite, montrer qu’il a aussi envie de s’exprimer, de décider, eh bien c’est plutôt une bonne nouvelle !

Comment réagir ?

« Tout ça, c’est très joli », pensez-vous sûrement, mais que faire, alors ?

Ne pas en faire toute une affaire

Pour commencer, ne pas en faire toute une affaire. A ce stade de la réflexion, vous avez bien compris que lorsqu’un enfant réagit ainsi, il ne s’oppose pas forcément à vous. Il n’est pas en train de vous attaquer, de remettre en question votre relation. Il est en train de dire qu’il a également le droit à son opinion, à son pouvoir de décision. Il dit qu’il veut pouvoir se sentir libre parfois !

Nul besoin dans ce cas de réaffirmer votre rôle. Vous n’êtes pas en péril de perte d’autorité !

Rappelez-vous, comme l’explique si bien Thomas Gordon, qu’il y a plusieurs conceptions de l’autorité, et l’autorité par la force n’est pas celle que nous cherchons. Vous atteindrez au contraire une meilleure autorité auprès de votre enfant lorsque vous l’aurez entendu, lorsqu’il vous fera confiance, lorsque vous serez en lien avec lui.

Recevoir ce qu’il nous dit

On pourra donc commencer par tout simplement recevoir ce que notre enfant nous dit : « Non, en effet, je ne suis pas ton chef. Est-ce que je t’en ai donné l’impression ? Je suis ton parent, et je suis responsable de toi pour l’instant, je suis ton guide, et je suis là, entre autres, pour t’aider. »

Rien que ces mots peuvent déjà tout changer : c’est un point fort, c’est une action concrète, par laquelle nous refusons d’entrer dans une lutte de pouvoir.

Chercher des alternatives dans notre communication

Puisqu’il nous a si bien fait comprendre qu’il veut à son tour exprimer son pouvoir, à nous de modifier notre mode de communication pour lui en donner l’occasion !

Pour cela, une ligne directrice : moins d’ordres, moins d’ordres, moins d’ordres !

Cela ne veut pas dire qu’on ne demande plus rien à notre enfant. Mais que nous allons le demander autrement. Que nous allons nous entrainer à communiquer de manière moins directive.

Ca a l’air compliqué, mais, lorsqu’on y réfléchit, ça ne l’est pas tant que ça : on sait déjà le faire avec les adultes. Oui, lorsque nous demandons des choses à nos collègues, à des amis, il est bien rare qu’on le fasse en en donnant l’ordre direct. En général, on va plutôt :

  • faire une demande : « Tiens, tu pourrais mettre ton sac sous la table plutôt ? »
  • poser une question : « T’es bientôt prêt à partir ? »
  • donner une information : « Je crois que X est déjà en bas à nous attendre, il ne faudra pas qu’on traine.. »
  • parler de nous : « J’ai peur d’être en retard… »
  • aider : « Tiens, j’ai ramassé ton papier qui était tombé. »
  • décrire la situation : « Tu sens le courant d’air ? Tes papiers risquent de s’envoler. »

Alors.. il n’y a plus qu’à appliquer les mêmes méthodes avec nos enfants !

Apprendre peu à peu à parler avec un langage plus bienveillant…

Ca ne marchera pas à tous les coups, c’est sûr, mais plus nous y parviendrons, et plus cela changera la dynamique de nos échanges ! Parce qu’alors, nous laisserons nos enfants agir par eux-mêmes, et c’est un vrai message de confiance. Alors, ils pourront commencer à sentir effectivement qu’ils sont capables.

Ils n’auront plus besoin de lutter pour nous dire que « nous ne sommes pas leur chef ! »

Nous aspirons à créer un foyer dans lequel le mot-clef serait la coopération.
Il semble pourtant que nos enfants ne soient pas toujours dans cette dynamique !
Le sommes-nous nous-mêmes toujours ? L’exemple donné à nos enfants est fondamental, et, si nous cherchons à inclure cette idée de coopération dans notre plan de route parental, il est important de se demander d’abord si nos comportements sont bien en accord.

Car, nous en avons parlé précédemment, nous avons notre responsabilité dans le comportement de nos enfants !

Cet article reprend donc un chapitre du livre Parents respectueux, enfants respectueux, présentant ce qui, dans notre maison, peut alimenter les conflits et nuire à la coopération.

Le manque de temps pour entrer en lien avec les autres

La société va de plus en plus vite, et notre rythme familial s’en ressent également.
Ce n’est pas la première fois que je me le dis : la parentalité positive est également une question de rythme. Je n’affirmerai pas que lenteur rime toujours avec bonheur, mais calmer un peu le jeu pour passer du temps ensemble, en famille, est clairement une pratique qui aidera à développer la coopération au sein de celle-ci.

Car, pour une relation harmonieuse, nous avons besoin d’être en lien. Souvent, nous passons du temps avec nos enfants, mais du temps que nous pourrions qualifier de “gestion” : préparation pour l’école, les bains, les repas. Prenons-nous le temps également de nous asseoir, de jouer, de discuter ?

Sans même parler des moments particuliers, qui sont la meilleure manière de nourrir le besoin d’attention d’un enfant, des moments de partage en famille seront déjà un sacré bon début !!
(Note : au moment où j’écris cet article, nous sommes fin novembre, et ces phrases me font penser aux idées lancées par Gwen de Petit bout par petit bout pour construire en calendrier de l’avent en mode “reconnexion” !)

Les auteurs évoquent ici également les réunions familiales, qui sont toujours des moments privilégiés d’échange et de coopération. Chez nous en effet, cela marche vraiment bien (et il faut vraiment que je prenne le temps de faire un article à ce sujet…). C’est non seulement une occasion de discuter des problèmes qui se posent pour y trouver des solutions qui conviennent à tous, mais également de prévoir d’autres moments partagés.
C’est d’ailleurs suite à une réunion familiale que nous avons enfin planifié, pour le surlendemain une sortie au restaurant à 4 avec nos plus grands, qu’ils nous réclamaient pourtant depuis un moment déjà !

Et à l’adolescence ?

Cette notion de manque de temps pour créer le lien fait également écho chez moi à une conférence de Catherine Dumontheil-Kremer (auteur de Poser des limites à son enfant) écoutée il y a peu, dans laquelle elle parlait spécifiquement de l’adolescence.

Tout comme moi, elle ne pense pas forcément nécessaire la “crise d’ado” tant crainte par les parents, la reliant plutôt à un mode d’éducation. Dans le contexte de son éducation bienveillante, tout comme chez nous avec notre grand de 15 ans, elle fait bien sûr face à des conflits, comme avec les plus jeunes, mais pas à des crises !

Elle soulignait en revanche, et j’ai trouvé cela très juste, que la difficulté de cette période de l’adolescence résidait probablement dans l’entretien du lien, justement. En effet, si le jeune enfant nous sollicite beaucoup, l’ado ne le fait plus, et nous avons de ce fait moins d’opportunités de nourrir le lien ! Elle conseille donc fortement d’accepter de faire le taxi, pour le seul bénéfice de passer du temps en tête à tête avec son ado. Et je confirme que ces trajets sont toujours l’occasion de bonnes discussions !
(Chez nous, une chose persiste également : les jeux de société ! Qui fonctionnent mieux encore que ces trajets !)

Etiquettes, comparaisons, et critiques

Nous avons déjà évoqué le piège des étiquettes, une des premières notions que j’ai découvertes lorsque j’ai commencé à cheminer, en lisant Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, de Faber et Mazlish.

L’étiquette posée sur l’autre (“Il est paresseux !”, “Elle est têtue”) ne peut décrire la nature changeante de l’enfant !
Les étiquettes présentent également un risque majeur : “En plus d’être inexactes et blessantes, ces étiquettes peuvent influencer ceux qui les reçoivent à un point tel qu’ils finissent par y correspondre.”
Il serait plus juste de s’attacher à des observations précises, sans étiquette ni jugement, qui laisseraient la place à l’enfant d’évoluer, de corriger, de progresser…

Pour ce qui est des comparaisons, on peut dire qu’elles vont complètement à l’encontre de la coopération puisqu’elles nourrissent plutôt un sentiment de rivalité, de jalousie.
(Pour savoir comment éviter cette rivalité, n’hésitez pas à télécharger gratuitement mon bonus sur les habitudes à modifier pour atténuer les disputes dans la fratrie, en fin d’article)

Ainsi, lorsque nous voulons encourager un enfant à changer de comportement, nous aurons toujours plus de chances d’obtenir sa coopération en l’accompagnant, en l’aidant à réfléchir à des solutions, plutôt qu’en basculant dans les étiquettes et les critiques.

Les récompenses et les punitions

Les récompenses et les punitions sont indispensables “lorsque les parents veulent amener les enfants à faire quelque chose contre leur gré”.
La méthode de la carotte et du bâton : un contrôle purement extérieur, là où nous voudrions plutôt développer la motivation intrinsèque de l’enfant.

En fait, user de punitions et de récompenses signifie rester dans un schéma (par ailleurs classique) de relation purement verticale entre l’adulte et l’enfant. Nous exerçons alors un pouvoir sur eux, pas avec eux. (Et si cette notion de pouvoir positionnel vous intéresse, je vous encourage à lire cet article spécifique sur le thème du pouvoir).

Lorsque nous commençons à nous interroger, non seulement sur ce que nous voudrions que notre enfant fasse, mais également sur les raisons que nous voudrions qu’il ait pour faire cela (la peur d’être puni, ou l’envie de contribuer ?), nous nous éloignons plus facilement de cette méthode…
Car il est certain qui ni la punition (qui créera plutôt un désir de vengeance), ni la récompense (qui entrainera une accoutumance, et du marchandage) ne l’amèneront à la coopération spontanée !

Chez nous, non seulement ces méthodes n’existent plus, mais nous saisissons régulièrement l’opportunité d’en discuter lorsque nous en sommes témoins à l’extérieur.
C’est probablement la meilleure méthode pour amener nos enfants à appréhender la bienveillance dans la maison, et son bénéfice.

Nos habitudes de pensée et de communication

Malgré toutes nos bonnes intentions, malgré tout ce que nous avons déjà appris en avançant sur le chemin de la parentalité positive, il n’est pas rare que nos habitudes de pensées et de communication ressurgissent, et que celles-ci constituent un frein à notre relation.

Ici, les auteurs parlent particulièrement des mots “mais”, et “devoir”, qui ont, selon elles, une grande influence sur la réaction de l’enfant.
Lorsque nous validons le sentiment de l’enfant, et que nous enchainons avec un “mais”, c’est comme si nous annulions ce que nous venons de dire…
Lorsque nous indiquons à l’enfant qu’il “doit”, ou “devrait”, nous lui communiquons que nous savons mieux que lui ce qui lui convient.”

A la relecture de ce chapitre, je me promets d’y faire plus attention. Je ne crois pas utiliser le verbe “devoir”, ai-je raison ? Je sais en revanche que ce “mais” fait encore régulièrement son apparition, même s’il est moins fréquent qu’avant !

Ce ne sont cependant pas les seuls pièges, apprendre ce nouveau mode de communication, c’est apprendre une nouvelle langue, et je me rends compte régulièrement comme certaines habitudes peuvent être tenaces ! Si vous sentez que cela nécessite, en fait, un apprentissage et un accompagnement nous avons spécialement conçu plusieurs formats de formations pour vous. 

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Ce n’est pas la première fois qu’en avançant sur ce chemin de la parentalité positive, j’y trouve ces mots de pouvoir, de respect, de coopération.

C’est cependant la première fois qu’ils sont présentés de manière si explicite, dans la première partie de parents respectueux, enfants respectueux.

Pourtant, cela fait un moment que ces notions dansent en moi.
Nous avons déjà réfléchi à la notion parfois toute relative du respect, et nous avons également parlé du pouvoir, et du modèle que nous donnons à nos enfants en l’utilisant de manière autoritaire.

Ici, les auteurs creusent cette idée qui fait partie des fondements de la parentalité positive, de l’exercice d’un pouvoir avec nos enfants. Nous entrons alors dans la coopération.
“La coopération est une voie à double sens.”
Et oui, comme nous le disions à propos du respect, il arrive que ces mots soient utilisés plutôt à sens unique : certains adultes attendent que les enfants “coopèrent” en agissant selon les instructions données par l’adulte, sans se plaindre, tandis que les parents n’ont, eux, pas besoin de coopérer.
Dans la coopération, il y a l’idée d’écouter les besoins de chacun pour trouver une solution qui convient à tous.
C’est ce que nous cherchons à leur enseigner pour régler leurs disputes, alors la première étape devrait bien être de chercher à leur en donner l’exemple !

Je ne dis pas que c’est facile, non. Parce qu’entre nos désirs profonds et les situtations de vie réelles, il y a toujours un écart…

Dans cet article, je vous propose donc de voir ensemble comment avancer vers plus de coopération ?

1 – En réfléchissant à la notion de respect

Oui, si, suite au lien ci-dessus, vous n’avez pas été relire  l’article sur le respect, je vous encourage à le faire, comme je l’ai fait en écrivant celui-ci, car c’est toujours important de se reposer ces questions. Et nous pouvons même échanger sur ce thème avec les enfants, s’ils sont en âge de le faire.
Que signifie le respect ?
Qu’attend quelqu’un qui demande du respect ?
Est-ce toujours mutuel ?
Faites vous bien la différence entre le respect pour la personne et le respect de l’instruction, c’est à dire l’obéissance ? (On dit d’ailleurs “respect des consignes”, mais ce n’est pas du tout le même respect !!)
Le respect des valeurs, comment le vivre ?

Dans cette partie du livre, il est dit que dans l’étymologie du mot respect, il y a l’idée de regarder. Ainsi, pour les auteurs du livre, “respecter l’autre, c’est regarder ce qu’il vit, en particulier ses sentiments et besoins dans le moment présent.”
J’aime bien cette définition. On devient observateur, on cherche à prendre l’autre en compte, pas à le changer…

2 – En arrêtant de se braquer sur les mauvais comportements

Oui, nous avons cette tendance. Nous ne passons pas facilement leurs erreurs à nos enfants, nous voudrions que tout fonctionne toujours bien.
N’oublions pas cependant que tout apprentissage demande du temps, et que montrer ce qui est réussi fonctionnera toujours mieux que d’insister sur ce qui ne l’est pas. Parce que ça changera l’image que l’enfant aura de lui-même.

Ainsi, je suis déçue les matins où, après avoir accompagné les petits à l’école, je m’aperçois que les grands n’ont pas vidé le lave-vaisselle et nettoyé le plan de travail ; mais je savoure les jours où c’est le contraire, et je mettrai ces jours-là plus en valeur, jusqu’à ce qu’ils soient plus fréquents.

3- En se concentrant sur les besoins

Ceux de nos enfants, et les nôtres.
Nous avons une fâcheuse tendance à ne voir les choses que de notre point de vue. Mais, soyons clairs : lorsque notre enfant fait quelque chose qui nous déplait, il est rare que ce soit pour nous déplaire. En général, il le fait plutôt pour répondre à son propre besoin, et c’est à ce besoin qu’il faudrait s’attacher plutôt que de se sentir visé.
(Là encore, je sais, plus facile à dire qu’à faire…)
Pour mieux comprendre leurs comportements, et savoir s’ils répondent à un besoin d’attention ou autre, la perspective exposée par la discipline positive sur les comportements inappropriés peut aider. Car, si l’on en croit les principes d’Adler, un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.

Quant à nos besoins, savoir les écouter, c’est également faire preuve de respect : respect de soi dans ce cas, et en donner le modèle aux enfants. Ce point-là mérite bien d’être creusé, et cela sera fait dans un article spécifique : Les parents aussi ont des besoins.

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“Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

Ceci est un des principes exposés par Adler, un psychologue autrichien du 20è siècle, et je suis impressionnée par la manière dont ses principes résonnent dans l’éducation positive. (Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aussi consulter cet article sur les principes adlériens – fondateurs de la discipline positive)

Appartenir ?

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !
On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.
(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance ?

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?

Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

« On aide mieux en aidant moins » « écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.
Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!
A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?
Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.
On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Un nouveau regard sur l’enfant

Comprendre ces nécessités de bases, c’est poser un nouveau regard sur l’enfant.
Car les comportements ont un objectif.
Ainsi, voici un autre énoncé d’Adler  “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”
(Lien vers l’article sur l’enfant découragé ici)

Le message inconscient de cet enfant est donc : “Je n’ai pas l’impression d’appartenir ni d’avoir de l’importance, et je ne sais pas toujours comment faire pour changer les choses.”

Ca change la perspective, pas vrai ?