Bien sûr, parfois on se plante !! Dans notre rôle de parent, comme dans toute autre situation de la vie, on n’est pas toujours au top. On fait de notre mieux pourtant, en tout cas, on essaye… Mais notre mieux, parfois, il est pas terrible… L’important, ce n’est pas le raté, c’est ce qu’on fait après. Et une chose que j’aime bien faire, c’est revenir ensuite sur mon comportement. Ça montre qu’on est humain, ça donne un modèle, et ça contribue à la connexion avec nos enfants.
Est-ce que vous le faites aussi ?
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Revenir sur nos comportements
Bonjour les parents qui cheminent.
Aujourd’hui, je voudrais traiter d’un thème, qui me semble assez fondamental, qui nous est propre. C’est le fait de pouvoir revenir sur nos comportements ! Parce qu’on a beau cheminer, s’améliorer, s’inspirer, faire mieux, on ne sera jamais parfait !
Et donc en particulier, on a encore des moments où l’on ne se comporte pas de façon optimale, pas forcément complètement en accord avec ce qu’on aimerait faire. Et je pense que, d’une part, c’est bien de le savoir et d’en prendre conscience. D’autre part, c’est bien aussi de savoir ce que l’on fait dans ces moments-là.
Nos comportements, cas concret
Donc, je voulais vous raconter, un petit peu, un épisode qui m’est arrivé il y a quelques jours, justement.
Pendant cet épisode, je n’ai pas agi exactement comme je pense qu’il aurait fallu agir sur le coup.
Et j’ai pu revenir dessus, parce que je pense que l’important, ce n’est pas seulement la façon dont on agit sur le moment (évidemment, l’idée est de réagir, au fur et à mesure, du mieux qu’on peut dès la première fois ; et cela vient avec l’habitude, cela vient avec l’entraînement), mais c’est également de savoir quand on a fait quelque chose qui n’était pas forcément en accord ou qui ne collait pas tout à fait à ce qu’on aimerait faire.
Comment fait-on ensuite pour revenir dessus et que ce soit quand même une occasion d’expérimenter ?
Et en particulier, cela donne un modèle, justement !
Un modèle d’imperfection, parce qu’on fait tous des erreurs et c’est OK !
Donc, on peut donner le modèle à nos enfants de ce qu’on peut faire quand on pense qu’on a commis une erreur.
Et ce n’est pas humiliant de dire qu’on a commis une erreur. Ce n’est pas un problème de revenir dessus. Ce n’est pas un problème de voir les choses autrement.
Et rien que ça, déjà, c’est une démarche pour nous en premier lieu. C’est-à-dire que nous-mêmes, on peut avancer malgré nos erreurs ou même nos imperfections et à la fois, on peut en donner le modèle à nos enfants.
Une histoire de dispute dans le salon
Alors, voilà ce qui m’est arrivé, il y a quelques jours.
J’étais dans la cuisine avec ma fille Alice, à discuter avec elle tout en préparant le dîner.
Les garçons, Léon et Anatole, qui ont 11 et 9 ans, étaient dans le salon, pendant ce temps.
Je ne surveillais pas ce qu’ils faisaient, même si la pièce est ouverte. Je pouvais les voir, mais ils étaient de leur côté.
L’un des deux lisait une BD tranquillement assis dans le canapé… je ne sais pas, ils faisaient leur vie, quoi !
Et puis, au bout d’un moment, voilà que j’entends un “Non !”, fortement.
Et puis, le “Non” se répète. Je l’entends au moins trois fois. Et tout d’un coup, un geste, je ne sais pas trop quel geste, parce qu’encore une fois, je ne les surveillais pas.
Mais en tout cas, c’était Anatole qui avait dit “Non” trois fois. Et voilà que, après un petit bruit, on va dire (parce que je n’ai pas vu le geste en réalité), Anatole se met à pleurer, et au moment où je m’approche, Léon dit : “ Je suis désolé ”.
Je suis intervenue en tant qu’arbitre
Je m’approche sans un mot. Intérieurement, je suis clairement très énervée. Donc, je savais qu’il ne fallait pas que je parle.
Ainsi, sans un mot (en fait, ils étaient tous les deux allongés sur le canapé à des endroits différents, parce qu’on a un canapé d’angle), je tire Léon pour le sortir du canapé.
Et je lui dis : “ J’ai entendu “Non” trois fois ”. Et là, il me regarde et il s’en va. Fin de l’épisode.
J’ai raté l’occasion du moment d’apprentissage
A posteriori, une fois que j’étais redescendue, je me suis dit :
“ En fait, je suis venue les voir. Je suis intervenue grosso modo, même si c’est sans le dire, en donnant mon point de vue (c’est-à-dire en tant qu’arbitre). J’ai donné raison à Anatole, parce qu’il avait dit non. J’ai donné tort à Léon, qui selon ma perspective, n’avait pas écouté ce “Non” et avait quand même fait des choses (en fait, c’est le fait qu’il avait dit : « Je suis désolé » juste après qui m’avait donné cette impression). »
Je ne leur ai pas donné l’opportunité de discuter entre eux.
Or, je le dis et je le répète suffisamment souvent aux parents : les disputes sont des opportunités d’apprentissage.
Qu’est-ce que je leur enseigne dans ce cas-là, en décidant d’enlever Léon ?
Alors, oui, ce n’est pas un drame, que j’ai fait cela à ce moment-là, puisque c’était ce qui correspondait à l’énergie que j’avais et que je n’étais pas disponible, parce que j’étais en même temps en train de préparer le dîner, et de discuter avec Alice. Il n’y avait pas non plus de raison que je coupe mon moment avec Alice pour me mettre là-dedans… Donc, c’était ce qui correspondait à mon état d’esprit à ce moment-là.
N’empêche que j’étais quand même consciente que ma réaction n’était pas complètement en accord avec ce que j’aimerais apporter dans ma famille, et en particulier, la possibilité de saisir les disputes comme des opportunités d’apprentissage, pour améliorer les choses, et en particulier, améliorer leur faculté de communication.
Revenir à mon comportement : aborder le sujet
Donc, un peu plus tard, quand on s’est retrouvés effectivement à table, tous ensemble, tous les quatre en l’occurrence, mon mari n’étant pas là ce soir-là (donc, on était avec Alice, Léon et Anatole à la table), j’ai remis ça sur le tapis.
J’ai dit à Léon :
“Tout à l’heure, quand je suis intervenue pour t’enlever de la situation, parce que j’avais entendu non trois fois…
Je me rends compte que cette attitude, où je me suis positionnée en voulant t’enlever de la situation sans te demander quoi que ce soit, ça ne correspondait pas à ce que j’avais envie de faire.
Je me rends compte que je suis intervenue sans rien savoir, avec le peu que j’avais vu, avec mon jugement. Et en fait, je n’avais pas forcément de quoi juger.
Et donc, je voudrais savoir comment toi, tu te sens par rapport à ça. Est-ce que tu as trouvé que c’était injuste ?”
Il m’a dit : “ Oui, complètement “
Je dis : “ Ah ok, dans ce cas-là, je suis vraiment désolée, parce que ce n’est effectivement pas comme ça que j’avais envie d’intervenir, en ayant une attitude qui peut sembler injuste.
Je pense que ce n’est pas avec cette attitude que je vous transmets quoi que ce soit. Donc, j’aimerais bien revenir dessus parce que je ne suis pas fière de la façon dont je suis intervenue.
Est-ce que tu voudrais bien qu’on en rediscute ? “
Là, il m’a dit : “ D’accord “ Et j’ai pu lui expliquer ce qui se passait.
La demande de Pardon
Alors, avant de vous donner la suite (j’insiste un tout petit peu là-dessus), vous avez vu que j’ai bien séparé les deux choses :
- le fait que j’aie pu avoir des raisons pour me comporter comme je me suis comportée, et
- la façon dont je vais parler à ce moment-là et le fait que je me suis comportée comme je me suis comportée.
C’est-à-dire que la première phase, celle de reconnexion avec lui, était vraiment dans le fait de demander pardon et de prendre mes responsabilités pour mon comportement.
Je ne lui ai pas dit : “ Je suis désolée de m’être comportée comme ça, MAIS tu vois ce qui s’est passé, c’est que moi, je suis xxx et je trouve qu’à ce moment-là, je ne suis pas d’accord pour que… “
Parce que si j’avais dit ça, j’aurais justifié mon comportement. Et donc, ce n’était pas un vrai pardon, c’était : “Pardon, mais en fait, j’avais des raisons de faire ça !”
Et dans ces cas-là, mon pardon, il n’est pas reçu.
Donc, ce que je voulais faire, c’était un vrai pardon, c’était une vraie reconnexion !
C’était lui dire : “ En fait, je me suis comportée d’une façon qui ne correspondait pas à ce que j’aurais voulu faire et je suis désolée de l’avoir fait. Et d’ailleurs, est-ce que tu as trouvé ça injuste ? Oui ! Eh bien, oui, je comprends et j’en suis vraiment désolée.”
L’explication du point de vue de chacun
Et là, on a réparé la relation !
Et maintenant (et parfois, c’est plus difficile et il faut absolument séparer les moments. Dans le cas présent, ça se passait bien, entre autres, parce qu’on avait laissé le temps aux émotions de redescendre des deux côtés), je peux lui dire :
“Voilà, je t’explique ce qui s’est passé pour moi, avec mes lunettes”
(et ça, c’est une expression que je sors directement du Cercle des Parents Heureux, où on a travaillé ensemble sur des formulations bienveillantes, même quand on est un peu en colère. Et une des choses, c’était quand l’agacement commencent doucement à monter, le fait de dire “avec mes lunettes” nous permet de transmettre ce qu’on est en train de voir avec notre perspective, sans forcément transmettre que c’est notre vérité).
Je lui ai dit : “Avec mes lunettes : j’ai entendu plusieurs fois “Non” de la part d’Anatole, puis un bruit, puis Anatole qui pleure et toi qui dis“Je suis désolé”. Donc, je me suis dit que tu avais effectivement dû faire un truc qui n’était pas adapté, puisque tu le reconnaissais toi-même en disant “Je suis désolé” alors qu’il avait dit Non. Et c’est là que ça m’a agacée. Est-ce que tu peux m’expliquer ce qui s’est passé, avec tes lunettes ? Parce que dans le fond, je n’ai pas tout vu.”
Et il m’a dit : “ Avec mes lunettes… ” (comme on connaît cette expression et qu’on l’utilise, il la reprend tout de suite, parce qu’il la connaît).
Et là, il m’a expliqué un petit peu la situation, le fait qu’il était tout seul sur le canapé, tranquillement avec sa BD, et qu’Anatole est arrivé, et qu’il a voulu empiéter sur son espace…
Ils ont discuté un petit peu. Il lui dit : “ Laisse-moi la place s’il te plaît ?”, et qu’Anatole a dit : “Non”. Et Anatole, au bout d’un moment, a voulu imposer sa présence dans son espace à lui, en posant son propre livre au-dessus de la BD, qu’il était en train de lire. Et donc Léon a réagi en soulevant le livre d’Anatole, pour le lui renvoyer.
En faisant ça, il l’a malencontreusement un peu cogné et c’est là qu’il a dit : “ Je suis désolé ” parce que son intention n’était pas de le cogner.
“Je suis d’accord, je comprends mieux ton “Je suis désolé”… Si je comprends bien, toi, ce que tu voulais, c’était faire respecter ton espace physique et pour le faire, tu as poussé le livre et c’est arrivé à un endroit que tu n’avais pas anticipé. Donc tu étais désolé de l’avoir cogné, parce que ça, ce n’était pas ton intention”.
“Voilà, exactement !” me répond Léon.
“Et toi Anatole avec tes lunettes ?”
“Avec mes lunettes…” Et donc Anatole a expliqué que selon lui, il y avait la règle du canapé, qu’il ne voyait pas pourquoi on ne voulait pas la respecter alors que d’habitude, quand c’est dans l’autre sens, c’est OK.
Moi : “Donc toi, si je comprends bien, avec tes lunettes, t’as l’impression qu’il y a quelque chose sur lequel vous étiez d’accord et puis là, il ne respectait pas l’accord.
Donc toi, tu te battais pour le fait que chacun respecte l’engagement déjà pris ? C’est bien ça ?«
Définir le problème en tenant compte de tous
R
R
« Ok donc toi Léon, tu voulais… ? OK.
Et toi Anatole, tu voulais… ? OK.
Et du coup, maintenant que vous vous entendez l’un l’autre, est-ce que vous comprenez mieux d’où vient ce conflit ?”
Les 2 répondent “Oui”.
Moi : “OK et donc, qu’est-ce que vous auriez pu faire d’autre ?”
Et là, ils ont pu réfléchir ensemble sur comment mieux communiquer.
Ensuite, on n’a même pas vraiment cherché à résoudre la situation, parce qu’elle n’était plus tellement vivante.
J’ai raté et je suis désolée
Mais c’était hyper intéressant parce que du coup, j’ai pu aussi dire au passage : “ah oui, c’est ça que j’ai raté. » – qui était tres important et qui était le point de départ de mon podcast.
Puisque mon podcast, c’était surtout sur moi, plus que sur la résolution du conflit, qui n’a pas d’intérêt aujourd’hui par rapport à ce que je veux partager.
C’était sur moi et le fait de revenir sur un comportement, un de mes comportements, que j’ai jugé inadapté.
Ce n’est que quand Léon a pu me parler de ses lunettes, que j’ai pu lui dire
“Oui du coup, quand tu m’expliques avec tes lunettes, je comprends bien pourquoi tu as trouvé que c’était injuste. Parce que effectivement, ça ne correspond pas à ce que moi, j’avais ressenti.
Donc, je vois tout à fait ton point de vue et je suis encore plus désolée d’avoir réagi comme je l’ai fait”.
C’est seulement ensuite qu’on est passé à “Et toi Anatole, avec tes lunettes ?” et qu’on a basculé sur autre chose.
Un moment riche d’apprentissage
Du coup, on a pu conclure en disant “Je suis contente d’avoir eu cette conversation. Parce que le fait d’en parler comme ça et de voir un peu le point de vue de chacun, cela permet de se rendre compte qu’on peut en fait discuter et améliorer la façon dont cela se passe et voir les choses autrement, sans avoir à intervenir de cette façon-là.
Et mon comportement de tout à l’heure ne vous aidait pas à voir cela et donc il ne vous enseignait rien. Et là, je suis contente qu’on puisse le faire maintenant.
Donc, merci d’avoir bien voulu revenir sur cette situation avec moi”.
Et ça, pour moi, c’est riche (et c’est pour ça que je voulais vous partager ça aujourd’hui), parce que c’est une façon de toucher du doigt le fait que même quand on a des manquements à certaines théories (et là clairement, je ne peux que m’en vouloir, vous comprenez bien !
Je répète régulièrement aux parents avec qui je parle : “les disputes sont des opportunités d’apprentissage”, et je vous propose une formation sur Comment en finir avec les disputes dans la fratrie), je me retrouve là, dans une situation de conflit, à intervenir sans saisir cette opportunité, à intervenir quasiment en tant qu’arbitre, alors que c’est justement cette attitude qui met de l’huile sur le feu, etc. Forcément, je me sens un peu coupable, je me dis : “Voilà, c’est bien la peine d’expliquer cela aux parents, et puis toi, tu fais tout ce qu’il ne faut pas…”
Alors évidemment, depuis le temps que je chemine, ce genre de comportement m’arrive beaucoup moins souvent qu’avant.
Mais je sais aussi que j’ai grandi comme vous tous, dans un environnement qui m’a transmis certaines choses et que même en apprenant d’autres attitudes – qui heureusement ont transformé mes comportements de parent et notre vie de famille – malgré cela, je sais que ce genre de comportement vient encore et viendra encore et peut-être toute ma vie. Parce qu’il y a des conditionnements dont il est difficile de sortir.
Mais finalement, l’important, c’est aussi de se rendre compte que, même quand on ne se comporte pas exactement comme on veut, on a toujours une chance de transformer cela en apprentissage pour nous et aussi pour les autres.
Et en revenant dessus, en travaillant ensemble, justement, je montre aussi comment on peut faire quand on a fait quelque chose que finalement on regrette et qu’on aurait pu faire autrement. Parce que c’est un travail pour tous : et pour nous et pour eux au quotidien.
Voilà, j’espère que cela vous inspire. N’hésitez pas à laisser un commentaire positif sur Apple podcasts, si ce podcast vous a plu.
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À bientôt !