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— Note : cet article est d’abord paru dans le magazine Grandir Autrement – N 72 de sept-oct 2018 —-

Lorsque l’on demande à un groupe de parents de parler de leurs difficultés avec leurs enfants, il n’est pas rare d’entendre parler de devoirs. En effet, cette tâche quotidienne se transforme régulièrement en bataille, et devient sujet sensible, pour les parents comme pour les enfants.

En fait, les parents aimeraient que leurs enfants soient responsables de leurs devoirs, et les enfants aimeraient que les parents les laissent prendre cela en charge. A priori, ces objectifs ne sont pas seulement compatibles, ils sont identiques ! Alors, d’où vient le dérapage ?

Sur ce sujet, les mots de Jean-Michel Blanquer, présentant le projet “devoirs faits” sont assez révélateurs : « Ça signifie que des devoirs, il y en a, mais qu’ils ne sont pas faits pour être faits à la maison mais plutôt dans l’établissement, de façon à créer une forme de tranquillité en famille sur ces sujets, à amenuiser les inégalités qui peuvent exister entre les familles et à avoir du temps heureux en famille.”1
Si l’objectif d’amenuiser les inégalités est clair, on peut s’interroger sur celui de “créer une forme de tranquillité en famille” : cela confirme bien, s’il en était besoin, la tension qui existe autour de ce moment…

Notre objectif ici est de proposer des pistes pour revenir à l’objectif commun initial : encourager notre enfant à être autonome sur la question des devoirs, et l’accompagner dans cette direction sans heurt si ce n’est pas encore le cas.

A quoi servent les devoirs ?

Peut-être faudrait-il déjà commencer par là.

Cette simple question est un débat en soi. Certains n’hésiteront pas à citer la circulaire de 1956 qui bannit théoriquement les devoirs écrits au primaire, jugés inutiles… Mais quelle que soit notre position, si notre enfant rentre à la maison avec des devoirs, il va bien falloir qu’il y fasse face.

Or, lorsqu’un enseignant décide de donner des devoirs à ses élèves, il ne le fait certainement pas dans le but de leur nuire. Au contraire. Comprendre les raisons qui soutiennent cette décision sera donc un premier pas important.

Et les raisons sont multiples. Les bénéfices attendus pour l’enfant seraient ainsi : le fait de s’approprier la leçon, voir s’il a bien compris, et s’entrainer pour mieux maitriser les notions abordées ; apprendre à s’organiser dans son travail personnel, compétence qui lui sera bien utile. Et pour l’enseignant : s’assurer une certaine homogénéité dans le groupe, vérifier que les explications ont bien été comprises, ou déceler au contraire un besoin d’approfondissement.

Prend-on le temps de discuter de ces bénéfices avec l’enfant ?

Malheureusement, l’adulte – que ce soit l’enseignant ou le parent – se positionne souvent dans une relation verticale, dans laquelle il attend que l’enfant obéisse, même s’il ne sait pas pourquoi. Je vous encourage aujourd’hui à vous poser la question suivante : cette posture est-elle compatible avec le fait d’attendre de l’enfant qu’il prenne la responsabilité de ces devoirs ?

Pour qui l’enfant fait-il les devoirs ?

C’est une question clef. Car les neurosciences nous ont montré une activité du cerveau bien plus forte lorsque l’activité est choisie, et non imposée. Donc, pour que l’apprentissage soit efficace, il faut éviter que les devoirs soient une simple obligation.

Pas facile. Cependant, si l’on ne peut contrôler l’autre, on peut se contrôler soi-même. Il sera peut-être difficile de persuader notre enfant qu’il fait bien les devoirs pour lui-même, mais ce sera déjà un bon point de départ de ne pas lui enseigner, par notre comportement, qu’il les fait pour nous.

Le simple fait de lui demander, encore et encore, s’il a bien fait ses devoirs, lui montre bien l’importance que cela revêt pour nous, bien plus que le contenu de ce qu’il apprend, dont on lui parle en général très peu… Plutôt que de nous intéresser au contenu de son apprentissage, nous restons focalisés sur le bulletin, qui doit être bon pour nous plaire. Et voilà comment l’enfant en vient à travailler pour nous, plus que pour lui.2

Rendre à César ce qui est à César

L’année dernière, j’assistais à la réunion parents-profs de ma fille, en équivalent CM23. L’une des mamans cherche à faire annuler les notes d’une évaluation, arguant que les notions au programme n’étaient pas claires sur le site qui permet aux parents de voir tous les devoirs de leurs enfants, et qu’elle n’a donc pas préparé son fils de manière adéquate. Je ne peux m’empêcher de penser que si elle avait laissé son fils prendre lui-même cela en charge, au lieu de regarder elle-même le sujet du contrôle, il aurait sûrement mieux su ce qu’il devait travailler…

Il s’agit pour nous d’un vrai travail de lâcher-prise : pour encourager nos enfants à l’autonomie face à leur travail scolaire, laissons-leur cette autonomie. Arrêtons de les harceler, et laissons-les faire. Si les devoirs ne sont pas faits, ils apprendront.

La difficulté vient de notre inquiétude : si notre enfant ne travaille pas bien à l’école, va-t-il bien s’en sortir dans la vie ? Poussés par cette inquiétude, nous prenons souvent le problème à l’envers. En effet, il vaut mieux le laisser “échouer” lorsque cela a encore peu d’importance, afin de lui laisser le temps de développer des qualités d’organisation, plutôt que d’être derrière lui sans cesse, jusqu’à ce qu’il perde tout intérêt dans la démarche.

Lorsque les devoirs mettent l’enfant en échec

Parfois, la difficulté vient du fait que l’enfant “n’y arrive pas”. Il veut bien faire ses devoirs, mais les trouve trop difficiles. A nous alors d’adopter une posture d’écoute, et d’essayer de comprendre ses difficultés. On peut également échanger avec lui sur ce qui est attendu en fonction du contexte. Car quand on fait quelque chose, on peut être en zone d’apprentissage ou en zone de compétence4. Quand l’enfant répond aux questions d’un contrôle, on attend de lui qu’il soit en zone de compétence. Mais quand il fait ses devoirs, il est, au contraire, en zone d’apprentissage. Il est donc normal de se tromper. C’est même important. Car c’est en essayant, et en se trompant, qu’on ajuste le tir. C’est de l’erreur que vient réellement l’apprentissage.

Notre rôle devient alors d’aider l’enfant à comprendre que les choses ne sont pas définies une fois pour toutes. Que ce n’est pas qu’il n’y arrive pas, mais qu’il n’y arrive pas encore. Et ce “encore” fait toute la différence. C’est ce que les anglo-saxons appellent le “growth mindset”5. Et pour l’accompagner vers cette amélioration, mettons bien en valeur ce qu’il réussit, plutôt que ce qu’il fait “mal”. Montrons-lui qu’il est capable6. Car c’est par la confiance en soi que passe la réussite.

Le rôle du parent dans les devoirs

Notre rôle est uniquement de soutenir. Les devoirs leur appartiennent, et ils peuvent avoir besoin d’aide, à n’importe quel âge, pour apprendre à mettre en place des méthodes. Nous pouvons les encourager à trouver des manières originales d’apprendre leur poésie, à explorer ce qui fonctionne le mieux pour eux. A mettre en place un programme de progression si cela est nécessaire.

Soyons à l’écoute. Prenons les notes pour ce qu’elles sont : un indice utile que quelque chose n’a pas été bien compris. Sans jugement, nous pouvons les aider à réfléchir à ce qu’ils peuvent mettre en place pour y remédier. Les encourager à trouver leur propre solution.

Notre attitude sera alors un vrai message de confiance, qui les aidera à croire en eux-mêmes, et les mettra sur la voie de cette autonomie dont nous rêvons pour eux !

  1. https://www.nouvelobs.com/education/20170529.OBS9976/et-si-cette-fois-c-etait-vraiment-la-fin-des-devoirs-a-la-maison.html
  2. https://les6doigtsdelamain.com/je-suis-fier-de-toi-mais-je-ne-te-le-dis-pas/
  3. En système américain, plus cours d’espagnol.
  4. “How to get better at the things you care about”. Eduardo Briceño. TEDxManhattanBeach, Novembre 2016.
  5. “The power of believing that you can improve”. Carol Dweck. TEDxNorrkoping, Novembre 2014.
  6. “L’éducation positive” Claire Blondel. TEDxLyon, Novembre 2011.

Face à des situations qui nous déplaisent, il n’est pas toujours facile de se concentrer sur le message que nous voulons faire passer à nos enfants. Et pour moi, ces derniers temps, un des messages les plus importants, c’est celui de la confiance. Je tiens à montrer à mes enfants que j’ai confiance en eux. Confiance en leurs capacités, confiance en leurs progrès. Parce que je suis persuadée que c’est ce regard confiant qui les aidera justement à grandir.

Or, nous avons eu l’occasion cette semaine d’avoir une vraie conversation à ce sujet avec mon mari. Je pense que notre situation est commune, et vaut la peine d’être partagée.

Le contexte

Notre fils Léon voulait apporter son camion Mack à l’école, avec des voitures dedans. (Oui, ce même camion dont nous avions déjà discuté ce matin où j’avais su garder la tête froide !).

Normalement, on n’a pas le droit d’apporter des jouets à l’école. Mais la maitresse utilise un système de récompenses du comportement (que je déteste). Et ce système prévoit que lorsque l’élève s’est bien comporté dans la semaine, il gagne quelque chose, comme par exemple, le droit d’apporter un jouet.

Nous sommes donc à peu de jours de celui où Léon pourra apporter un jouet, et il veut apporter son camion. Seulement voilà, Nicolas (mon mari) est contre cette idée. (J’ajoute qu’elle ne m’emballe pas non plus, mais nous allons en reparler…)

Alors, au départ, ça se passe comme cela : Léon est tout excité, et nous explique qu’il va apporter son camion et ses voitures à l’école ! Nicolas se tourne vers lui, et annonce « Je ne suis pas d’accord. »
Oups… voilà notre Léon qui déchante d’un coup ! Il a même envie de quitter la table…

Nicolas se rend vite compte de sa maladresse, et rattrape le coup, de sorte que nous puissions discuter calmement de la question du camion.

Analyse parentale…

Quel est le problème en fait ? Pourquoi ne sommes-nous pas enchantés par cette idée du camion ?

Premier et deuxième niveaux de réponse

Parce que nous avons peur, à l’idée d’un partage groupé en cours de récréation, que l’une des voitures soit perdue. D’autant plus que Léon prévoit d’y inclure certaines des nouvelles voitures de son frère !

Mais ce n’est peut-être pas tout…

Le lendemain, lors de notre balade sur la plage, je pousse Nicolas à aller plus loin dans sa réflexion. Il dit que d’une certaine façon, il veut protéger Léon de la tristesse que lui engendrerait la perte d’une voiture. Il veut également protéger Anatole qui a probablement dit oui sans en mesurer le risque. Ce ne serait pas juste qu’Anatole perde une voiture dans l’affaire.

Enfin, il veut également s’épargner la scène qui s’ensuivrait si l’un d’eux perdait une voiture…

Un raisonnement qui ne tient pas vraiment debout !

Hum… il y a donc aussi une dimension toute personnelle. Qui se comprend très bien. Il est naturel de vouloir éviter les difficultés, non ?

Or, être parents, bon sang, c’est déjà bien assez difficile !

Seulement, cela marcherait s’il était possible que l’enfant ne veuille pas apporter les voitures, donc ne les perde pas, ce qui éviterait qu’il pleure de les avoir perdues !

A l’inverse, si nous l’empêchons d’apporter les voitures, nous nous éviterons les pleurs liés à une éventuelle perte de voiture, mais nous devrons de toute façon faire face à l’opposition préalable à cette décision purement arbitraire. Donc, je doute que ce soit vraiment plus facile en fait…

Et surtout… le message derrière notre réaction

Le véritable problème est là, selon moi.
En effet, en communiquant de façon si ferme, quel message fait-on passer ?
Celui que nous ne lui faisons pas confiance !!! Nous prévoyons d’avance qu’il va perdre des voitures.

Je sais bien que ce n’est pas vraiment un manque de confiance en lui, en l’occurence ; plutôt en ses camarades… Mais je l’entends un peu comme le « tu vas tomber ! ». Avertissement qui montre bien le peu de confiance en notre enfant que nous avons, et qui, de plus, ne va certainement pas l’aider à avoir confiance en lui…

Au pire

Que peut-il arriver de pire, en fait ? Qu’il perde effectivement des voitures. Bon. Finalement, il n’y a pas non plus péril en la demeure…

Donc, cette analyse menée, on peut s’interroger vraiment : qu’est-ce qui est le plus important pour nous ? Pour moi, la réponse est claire (et finalement, pour Nicolas également) : montrer à notre fils que nous lui faisons confiance, et l’aider à grandir dans la démarche.

Comment transformer cette difficulté en opportunité ?

Etrangement, je pense que la lecture qui m’a le plus aidée dans cette circonstance, face à mon fils de 6 ans, c’est celle de la discipline positive pour les adolescents. Probablement parce que je viens de le terminer enfin (après une pause de plus d’un an), et que ce que je suis en train de lire trouve toujours un écho dans ce que je suis en train de vivre…

L’encourager à envisager les conséquences

Oui, notre fils n’a que 6 ans, et n’a peut-être pas réfléchi à ce qu’il pouvait advenir de ses voitures.

Notre rôle de parent sera donc de l’aider à y réfléchir. Et de l’encourager à envisager les différentes possibilités, afin de prendre sa décision en connaissance de cause.

Nous lui demandons donc :

« Comment feras-tu pour ne pas perdre des voitures à l’école ?
– Avant de partir de l’école, je compterai si elles sont toutes là, et je demanderai qu’on me les rende.
– Resteront-elles tout le temps dans ta classe ?
– Non, elles viendront à la récréation.
– Et à la récréation, y a-t-il des enfants qui ne sont pas de ta classe ?
– oui, les autres classes aussi.
– Alors, comment feras-tu si quelqu’un qui n’est pas de ta classe a gardé une voiture ?
– Aïe…  »

Là, il y a une pause. Il réfléchit. C’est le moment où il pourrait décider, si la difficulté l’emporte sur le plaisir d’apporter son camion, qu’il vaut mieux le laisser à la maison. Mais ce n’est pas le cas.

« Je vais bien regarder qui prend des voitures, et je les compterai à la fin de la récréation. »

Cette fois, nous savons qu’il sait à quoi il s’expose, qu’il a réfléchi à la conduite à tenir. Sa décision n’est donc plus impulsive, elle est réfléchie.

Reste une précaution

Si sa décision est claire, il faudrait quand même s’assurer que son petit frère a bien compris ce à quoi il s’exposait également.

Nicolas s’en assure : « Je vois que tu as des idées pour t’assurer de revenir avec tes voitures. Malgré tout, il se pourrait que l’une d’elles soit perdue. Je m’inquiète un peu du fait que tu emportes des voitures qui ne t’appartiennent pas, surtout les nouvelles d’Anatole. Il faudrait bien vérifier avec lui. »

Anatole (3 ans), qui n’a pas perdu une miette de tout cet échange, est clair : « En fait, je veux pas que tu prends mes voitures. » (en langue originale -à son âge, on maîtrise mal le subjonctif) – Eh oui, lui n’a pas l’excitation de jouer avec à l’école pour compenser le risque !

Pas de problème, Léon décide qu’il ne prendra pas les nouvelles voitures d’Anatole.

Nous soutenons la décision

Maintenant que nous avons bien tenu notre rôle en l’aidant à réfléchir aux précautions à prendre, c’est l’heure de nous effacer, et de simplement soutenir la décision de notre fils.

(Et j’en profite pour rappeler que soutenir les décisions, c’est également aider nos enfants à être autonomes !)

Ainsi, nous lui montrons vraiment que nous lui faisons confiance. Que nous savons qu’il est capable de se tenir à tout ce qu’il vient de décider et de revenir avec toutes ses voitures.

C’est en tout cas une opportunité pour lui d’essayer.

Et si cela ne marche pas ?

L’échec est possible bien sûr. Parce que pour réussir, il faut également se tromper. Parce que l’apprentissage passe par l’expérience, qui est bien plus porteuse de leçon que le fait de ne pas faire, finalement ! Car, là encore, je garde en tête ce qu’en dit Jane Nelsen : l’erreur est une opportunité d’apprentissage !

Pour moi, l’apprentissage se ferait ici sur deux niveaux différents.

L’organisation, et les précautions pour ne pas perdre de jouets

Evidemment, cette histoire aurait pour résultat d’encourager Léon à prendre plus de précautions la prochaine fois qu’il voudrait apporter un jouet quelque part.

Il conviendra alors de réfléchir avec lui à ce qu’il aura pu se passer. Car les possibilités sont multiples !

Il peut avoir oublié les précautions à prendre sur le moment, parce que trop excité par le jeu, ou parce qu’il y aura eu trop d’enfants autour de lui. Parce que cela aurait été trop précipité, parce qu’il pensait à autre chose à la fin de la journée…

Ou bien il pourrait avoir bien pensé à tout ça, mais avoir eu des difficultés à faire face à certains enfants qui ne voudraient pas l’écouter. Ou ne s’être rendu compte de rien !

Dans tous les cas, il pourra en tirer une leçon ! Peut-être celle de ne pas apporter un jouet qui se « découpe » en tant de bouts à l’école. Peut-être de mieux surveiller. Peut-être un pense-bête à mettre en place, ou bien demander de l’aide à la maîtresse, que sais-je ?

Quelle que soit la conclusion, je suis convaincue que cet apprentissage vaut bien une voiture perdue, non ?

L’expérience émotionnelle

Quelles qu’en soient les raisons, si Léon revient avec moins de voitures, il sera triste. C’est presque sûr. Et il faudra effectivement faire face à sa détresse à ce moment-là.

Il va de soi que nous ne lui dirons pas « ce n’est rien, juste une petite voiture », parce que ce serait nier le sentiment.

Et ce ne sera pas non plus le moment de lui dire « Je te l’avais bien dit ! »… Je sais, ce sera difficile de se retenir, parce que, bon sang, on le lui aura bien dit ! Mais ce n’est pas ainsi que nous l’aiderons à grandir. Il le sait bien que nous le lui avons dit… Et se sent déjà assez mal comme ça ! Il ne me semble pas nécessaire de remuer le couteau dans la plaie. Il vaut mieux se re-focaliser sur la confiance que nous cherchons à transmettre, et basculer, lorsque l’émotion se sera calmée, sur l’analyse évoquée ci-dessus. Ainsi, nous lui enseignons que l’on apprend de ses erreurs, et qu’on peut s’ajuster, pour réussir la fois suivante !

Mais alors… nous aurons échoué à le protéger de ce sentiment désagréable ?

Oui, et heureusement. Parce qu’il y a bien quelque chose qu’il ne faut pas oublier de se répéter régulièrement : les sentiments désagréables font partie de la vie.

Ne vaut-il pas mieux qu’il l’expérimente lors de la perte d’une petite voiture que plus tard, face à des choses bien plus difficiles à digérer ? Qu’il vive le fait que cette émotion arrive, se vit, puis s’en va…

Finalement, c’est bien ce type d’expérience qui lui enseignera la résilience !

Et en vrai… que s’est-il passé ?

Ah ah ! Ce qu’il s’est passé a peu d’importance dans cette histoire, en fait !

Il me semble que l’important, c’est de mener toute cette réflexion, toute cette analyse qui nous aide à être de meilleurs parents pour nos enfants.

A faire nos choix en sachant ce que nous cherchons  à leur transmettre.

Cependant, lorsque j’ai raconté cet épisode à une amie, cette question lui brûlait les lèvres, ce que je comprends !

Alors voilà, je vais satisfaire votre curiosité : Léon est rentré de l’école avec son camion, et toutes ses voitures. Et quand nous lui avons demandé si cela avait été difficile, il nous a répondu que « pas du tout ».

Comme quoi, finalement, ça valait la peine de lui faire confiance, non ?

Le premier livre d’éducation que j’ai vraiment lu, c’est celui-ci : L’éveil de votre enfant, de Chantal de Truchis-Leneveu, il y a déjà 15 ans de cela !
Cela faisait donc un moment que je voulais en faire ici un bref résumé, et que, prise par autre chose, ce résumé restait en bas de ma liste.

(Note : cliquer ici pour voir les autres livres de ma bibliothèque)

Je saisis aujourd’hui l’opportunité du carnaval d’articles (c’est à dire un thème traité à la fois par plusieurs blogueurs) lancé par Sonia, du blog Danse prénatale sur le thème “LE livre à lire pendant votre grossesse”.

Si je n’ai pas lu ce livre à proprement parler pendant la grossesse, je l’ai lu lorsque mon aîné avait tout juste quelques mois, et il m’a énormément apporté.

En particulier, sur le thème de l’autonomie.

En avant-propos, l’auteur, Chantal de Truchis-Leneveu, explique que le fondement de ce qu’elle présente dans son livre découle des principes observés et décrits dans la pouponnière de Loczy. Je sais que cet exemple de Loczy est aujourd’hui présenté aux psychologues et autres professionnels de la petite enfance, et c’est pourquoi je le précise ici.

Principe fort : l’enfant est acteur de son développement. 

Sommaire de l’éveil de votre enfant

Afin que vous ayez une meilleure idée du contenu du livre, en voici le sommaire.

Chapitre 1 : Découvrir un bébé
Chapitre 2 : Les soins quotidiens, moments privilégiés d’échange
Chapitre 3 : Le temps éveillé ou la liberté de mouvements et d’activités
Chapitre 4 : Les jouets et les aménagements
Chapitre 5 : Le droit à l’émotion
Chapitre 6 : L’apprentissage de la réalité et de la vie sociale
Chapitre 7 : Séparation, histoire de toute vie humaine
Chapitre 8 : Accueil, mode d’emploi
Chapitre 9 : Et pour nous les parents ?

Tous les chapitres sont intéressants, en particulier parce qu’ils invitent à un nouveau regard sur l’enfant, à plus d’écoute et d’échange.

Une introduction à la parentalité positive ?

En reprenant ce livre, que je n’ai pas lu depuis des années, je suis surprise d’y voir toute une partie sur le droit à l’émotion. Et en particulier ce sous-titre, qui me semble si important aujourd’hui : “Parler ne supprime pas la difficulté”. Ainsi, l’auteur encourage à l’écoute de l’émotion, à son acceptation, principe même de l’éducation positive. L’avais-je compris à l’époque ?

De la même manière, je trouve dans le chapitre 6 une présentation brève de “Trois conceptions de l’éducation” :
Penser que l’on doit dresser l’enfant
Penser que l’on a à aider l’enfant à comprendre le pourquoi des exigences
Adopter le laisser-faire

Quel lien fort entre cette liste d’options, et le positionnement de la parentalité positive, ni autoritarisme, ni permissivité ! Même si ce livre ne développe pas complètement les principes de parentalité positive, nous voyons bien que nous y sommes déjà un peu ! Je comprends que ce livre m’ait tant parlé à l’époque.

Mais ce que j’ai le plus retenu de ce livre, ce que j’ai le plus appliqué, c’est tout ce qui touche à la liberté de mouvements, et aux activités.

La motricité libre

Dans ses premières années de vie, l’enfant développe sa motricité de manière époustouflante. Et nul besoin pour cela de l’y encourager. En revanche, il est bon de ne pas l’entraver.

J’ai retenu ainsi deux principes fondamentaux :
1- ne pas mettre l’enfant dans une position qu’il ne maîtrise pas (assis sur un canapé coincé par des coussins, posé sur une balançoire…)
2- ne pas le mettre en position de dépendance de l’adulte dans ses mouvements

Deux exemples concrets pour illustrer ce dernier point, qui pour moi est fondamental puisqu’il relève autant du développement que de l’autonomie de l’enfant :

Le toboggan

Tout comme l’explique Floriane dans son article sur l’autonomie du tout petit, dans la partie sur la motricité libre, nul besoin de mettre l’enfant sur le toboggan avant qu’il soit capable d’y monter. Ce n’est pas que l’enfant ne l’apprécierait pas, mais il serait alors dans une relation de dépendance totale par rapport au parent : impossible de renouveler l’expérience sans l’adulte.

Or, l’enfant est tout aussi content de développer sa motricité en apprenant à monter sur la première marche du jeu, à passer le pont… Et lorsque, enfin, il saura monter seul jusqu’en haut du toboggan, son bonheur à le descendre en sera décuplé. Alors, vous pourrez vous réjouir pour lui de le voir remonter, seul et capable, pour recommencer !

La marche

Lorsque nous expliquions que nous ne voulions pas prendre les mains de notre fils pour l’aider à marcher, les gens nous regardaient comme des extra-terrestres… Et c’est bien dans ce livre que j’ai lu cette idée. En fait, l’enfant a déjà bien à faire en apprenant à se mettre debout seul, en apprenant à passer les obstacles à 4 pattes, à descendre les escaliers à reculons, etc… Il se mettra à marcher lorsqu’il sera en mesure de marcher, simplement.

Je ne sais pas bien ce qui nous pousse, en tant que parent, à vouloir accélérer cette étape. Une fierté mal placée ?? Pourtant, nous n’encourageons pas la marche ainsi, au contraire, car l’enfant développe alors de mauvais appuis en se pendant à nos doigts, en plus d’une totale dépendance tant que cette étape n’est pas terminée.

L’avantage de cette indépendance : 

Comme mes enfants n’allaient que là où ils pouvaient aller seuls, ils ont pu seuls découvrir leurs limites. Lorsqu’ils montaient quelque part, je n’avais pas peur. Je savais qu’ils avaient pris les bons appuis, qu’ils avaient confiance en eux-mêmes, qu’ils maitrisaient ce qu’ils faisaient.

Et même plus tard, nous avons gardé ce principe : si mon fils me demande de le monter dans l’arbre, je lui dis : “Tu peux monter où tu veux tant que tu le fais seul. Si tu ne peux pas le faire sans aide, c’est que c’est encore trop dangereux pour toi.”

Pour l’aspect pratique, le livre liste et décrit des tas d’aménagements et d’activités pour l’enfant en fonction de son âge, de 0 à 20 mois.

Et également…

Pour terminer, l’auteur soulève des questions importantes pour le quotidien de l’enfant :
les moments de séparation
les structures d’accueil, voir comment il y sera accueilli et respecté
et ouvre enfin sur l’attitude du parent, et sur son propre vécu.

Ainsi, je ne peux que conseiller aux futurs parents et aux parents de jeunes enfants de lire ce livre, qui vous aidera énormément en terme d’accompagnement de votre enfant vers son propre développement.

Et lorsque vous l’aurez lu, venez donc m’en parler ici !

Lorsque l’on évoque l’idée d’autonomie de l’enfant, on pense souvent au fait de laisser les enfants faire seuls.
Et c’est effectivement fondamental.
Cependant, la notion d’autonomie ne s’arrête pas là, surtout pour les plus enfants plus âgés.

Car, s’il est vrai que les jeunes enfants aspirent à faire seuls et que respecter cette aspiration les aide effectivement à développer leur autonomie, un autre aspect prend de plus en plus de place au fur et à mesure que l’enfant grandit : celui qui veut que l’autonomie se situe également au niveau de la prise de décision, de la prise de responsabilité.

D’une certaine façon, cet aspect-là est présent dès le départ.
Nous le trouvons déjà dans les notions clefs de la pédagogie Montessori, ainsi que dans Les lois naturelles de l’enfant présentées par Céline Alvarez.
Mais le challenge pour nous parents, pour aider l’enfant à développer son autonomie, n’est pas le même en fonction de l’âge de l’enfant.

C’est pour cette raison que cet article sera écrit en deux parties :
Je laisse Floriane, du blog Parents naturellement, vous parler autonomie, en abordant la question du jeune enfant, comme elle sait si bien le faire, tandis que je m’intéresserai ici au cas de l’enfant un peu plus grand.

Et je crois que pour cet enfant plus grand, lui donner de l’autonomie, cela signifie surtout le laisser être en charge de ce qui le concerne.

Un exemple

Il y a peu, j’avais un rendez-vous avec la directrice du primaire (pour discuter de comment je pourrais aider à mettre en place la discipline positive dans la classe !!).
J’attendais donc dans l’entrée, à côté du bureau de la secrétaire.
Or, les élèves arrivant après la sonnerie doivent retirer un bon de retard avant d’aller en classe.

La cloche sonne, et les élèves continuent d’arriver. Ils sont nombreux à venir chercher leur bon de retard. Je n’y fais d’abord pas bien attention, puis je me mets à observer.
Une maman arrive, avec ses deux enfants, de 9 et 7 ans environ.
Ils entrent tous les 3 dans le bureau, elle est devant eux, donne leur nom à la secrétaire qui remplit les bons, prend les bons, et ressort en demandant à ses enfants de la suivre.
Une minute plus tard, une autre maman arrive, avec sa fille, dans les 7 ans. Elle laisse sa fille entrer dans le bureau, en restant à la porte. La fille s’approche du bureau, donne son nom, prend le papier, et rejoint sa maman.
Je reste songeuse. Je me dis que c’est à travers ce genre de scène qu’on peut deviner à quel point la maman laisse ses enfants assumer leur rôle. Agir par eux-mêmes lorsque cela les concerne.
Je ne préjuge pas de ces familles au quotidien, il faudrait voir plus d’une scène de leur vie pour en savoir plus, personne n’est constant dans ses attitudes ! Je dis seulement que ce genre de situation est exactement de celles qui nous permettent d’aider nos enfants à être autonomes, ou non.

Ainsi, donner de l’autonomie à l’enfant est une démarche quotidienne, à attaquer sur plusieurs fronts.

L’autonomie “physique”

L’autonomie physique, c’est probablement l’angle le plus simple par lequel aborder la question d’autonomie. Parce que c’est celle qui fait le lien avec l’enfant plus jeune.

On va cependant viser de plus en plus haut, au fur et à mesure que notre enfant grandit.

1er exemple : la douche

Ainsi, que l’enfant de 9 ans puisse s’habiller tout seul et se doucher tout seul, c’est évident. Mais devez-vous encore lui enjoindre d’aller prendre sa douche ?

Si c’est le cas, je vous suggère de ne plus le faire. Il est également capable de le faire.

Bien sûr, j’ai déjà entendu des mamans me répondre : “Ah, si je ne le lui dis pas, il ne se lavera pas !”. Ok. S’il a pris l’habitude de ne se doucher que lorsqu’on lui en donne l’instruction, il n’est pas question de le laisser à la dérive du jour au lendemain. Il s’agira plutôt de le mettre en situation de réussite.

“Mon enfant, je réalise que je te rappelle encore régulièrement de te doucher, alors que je pense que tu es tout à fait capable de savoir seul si tu en as besoin. Je te propose donc de te laisser en charge de cette question dorénavant. Est-ce que ça te convient ? Comment penses-tu faire pour ne pas oublier ?”

Vous serez peut-être surpris de constater qu’il/elle est bien plus capable que vous ne le pensez !

Et puis, réfléchissons bien. Qu’est-ce qui est le plus important ? Qu’il soit propre demain, ou qu’il apprenne à se prendre en charge, et à savoir compter sur lui-même plutôt que sur vos instructions ?

Alors, lorsque vous vous lancerez dans l’aventure, laissez-lui du temps. Le temps de l’apprentissage. Ne lui tombez pas dessus le lendemain pour lui dire qu’il ne s’est pas douché. Laissez passer une semaine, puis demandez-lui, sans jugement, et sans reproche : “Alors, comment ça se passe au niveau douches ?” , et vous verrez qu’il cherche vraiment à trouver un fonctionnement qui lui convienne. On ne réussit pas toujours du premier coup, et ça fera partie de son expérience !

Ma fille de 10 ans se charge de ses douches depuis plusieurs années.

Alors, c’est vrai, il arrive encore, de temps en temps, dans des contextes particuliers (pendant les vacances par exemple) que quelques jours passent sans douche… mais l’un dans l’autre, elle retombe toujours sur ses pieds, et elle sait que ses douches ne me concernent pas !

2ème exemple : la lessive

Ensuite, on peut décider d’aller plus loin, en incluant les enfants dans d’autres aspects du fonctionnement de la maison.

Ainsi, mes grands (de 15 et 10 ans) sont en charge de la préparation d’un dîner par semaine. Non seulement cela leur permet d’apprendre à le faire, mais également de sentir qu’ils contribuent à la famille !

Depuis 2 mois, ils sont également en charge de la lessive de leurs draps. Nous en avons parlé avant l’été, et ils se sont mis d’accord pour un lavage deux fois par mois, à date fixe. C’est l’occasion pour eux de collaborer, selon le partage des tâches qu’ils ont décidé ensemble : chacun défait son lit, ma fille lance la lessive, mon fils la passe au sèche-linge et remet les draps propres en boule sur les lits, chacun refait son lit !

Pourquoi ne l’avais-je pas mis en place plus tôt ? Probablement parce que je n’avais pas réfléchi à ce que je pouvais faire pour les aider à avancer vers plus d’autonomie…

Pourtant, je sais bien que les encourager à prendre leur part en charge est la meilleure manière de leur prouver indirectement qu’ils en sont capables, et de développer leur estime de soi en même temps que leur indépendance ! (Tout en m’allégeant, même si ce n’est pas l’objectif premier ! C’est du gagnant-gagnant !)

Comme ça fonctionne bien, j’ai envisagé de leur faire aussi faire les lessives des vêtements, mais c’était un peu plus compliqué. Nous avons ici (à Puerto Rico) des machines énormes, où nous lavons le linge de tous. Pas possible de mettre chacun en charge de sa lessive.

Sauf que.. depuis le passage de l’ouragan, et au moment où j’écris ces mots, notre utilisation électrique est comptée, et nous faisons maintenant des cycles de lessives rapides de 15 minutes, très peu remplies. C’est devenu une opportunité : ils sont à présent chacun en charge de faire leur lessive et de l’étendre. Je pense même enseigner cela à Léon, qui vient de fêter 6 ans.

Je crois que, quel que soit l’endroit du curseur actuel, nous pouvons toujours nous demander : que fais-je pour mes enfants qu’ils pourraient faire seuls ?

Et lorsque nous avons bien compris que continuer à faire pour eux n’est pas les aider, cela devient plus facile.

L’autonomie de “responsabilité”

Je n’ai pas le bon titre, car pas les bons termes pour cette partie, mais ce que je cherche à dire a bien rapport avec la responsabilité : enseigner la responsabilité aux enfants, c’est ne pas prendre en charge ce qui les concerne.

Cela revient un peu à “Rendre à César ce qui appartient à César.”

La scène que je relatais au début de cet article en est une bonne illustration.

On pourrait également se centrer sur la question des devoirs.
Tant d’investissement de la part des parents dans les devoirs de leurs enfants…
Mais ces devoirs sont bien la responsabilité des enfants !!

Vérifier que l’enfant a fait ses devoirs, le contrôler, l’assister, c’est :

  • lui passer le message que nous ne lui faisons pas confiance
  • lui enseigner qu’il a besoin d’aide. S’il devait se prendre en charge, il trouverait probablement ses propres solutions
  • placer une importance sur les devoirs qui fait que ces devoirs deviennent plus notre problème que le sien

Et c’est ainsi qu’on entend des enfants qui se désintéressent complètement des questions scolaires. En fait, depuis longtemps, ils ne travaillent pas pour eux-mêmes, mais bien pour leurs professeurs et leurs parents.

Quelle conséquence cela pourrait-il avoir si nous ne nous impliquions plus dans les devoirs ?

Comme pour l’exemple de la douche, il n’est pas question d’abandonner notre enfant face à lui-même du jour au lendemain. Nous pouvons l’aider à s’organiser, à mettre sur pied un fonctionnement qui lui conviendra.

Malgré cela, il y aura des jours où il oubliera de faire ses devoirs, ou bien où ils seront mal faits, des jours où il aura oublié de réviser et où il aura de mauvaises notes. Soit. Mais cela ne nous affecte pas, cela l’affecte, lui. Le travail scolaire, c’est son univers, pas le nôtre.

Montrons-lui que nous lui faisons confiance pour redresser la barre. Qu’il est normal que trouver le bon fonctionnement prenne du temps, mais que nous ne sommes pas inquiets pour lui.

Notre réponse devra relever moins du “Tu n’as pas révisé ?? Alors que tu savais que tu avais un contrôle ?”, et plus du “Tu avais oublié que le contrôle était jeudi ? Mince… Tu as dû être déçu quand tu t’en es rendu compte ! Comment peux-tu t’assurer de ne pas oublier la prochaine fois ?”

Oui, je sais, c’est difficile !!

Nous serons bien sûr disponibles pour l’aider à trouver des méthodes là où il a du mal, mais pas pour le contraindre. Le contraindre n’aurait du résultat qu’à court terme. Ne perdons pas de vue l’objectif, bien plus important que la note de son prochain contrôle : développer son autonomie ! C’est ce qui lui permettra d’être investi quand il aura réellement passé l’âge que nous nous asseyons à côté de lui pour ses devoirs…

De mon côté, je ne me tiens même pas au courant des devoirs de mes enfants, et de leur planning de contrôles, c’est la meilleure méthode que j’ai trouvée pour ne pas m’investir à leur place !

Car, je le vois bien pour le français, pour lequel je joue le rôle de professeur puisqu’il n’y a en pas à l’école où ils vont – nous vivons à Puerto Rico – il est parfois bien difficile de lâcher-prise quand on constate qu’ils ne font pas leur max… Mais peut-on vraiment toujours faire de son mieux ? Quelle pression !

L’autonomie émotionnelle

Enfin, je voudrais aborder un aspect de l’autonomie qui est peut-être le moins évident : l’autonomie que je qualifierais d’émotionnelle.
Ce que j’entends par là : laisser les enfants vivre ce qu’ils vivent, en étant libres de le vivre à leur manière.

D’un certain côté, c’est une piste que nous suivons déjà depuis qu’ils sont petits en les écoutant et en validant leurs émotions. (et que Floriane expose d’ailleurs dans son article sur l’autonomie des plus jeunes, alors que nous n’en avions pas discuté !)

Cependant, quand ils grandissent, cela va encore plus loin.
Leur laisser leur autonomie devient alors ne plus chercher à savoir tout ce qu’ils vivent. Ne plus mener l’enquête. Les laisser libres de nous raconter ce qu’ils veulent nous raconter et pas plus.

Mon message n’est pas ici celui que j’entends parfois de “Vous n’êtes pas son ami, laissez-lui son jardin secret.”. Non, je pense au contraire qu’on peut être ami, même avec son ado, quand on est capable de l’écouter.

Mais nous ne forçons pas un ami à tout nous raconter. Nous ne le harcelons pas avec nos questions. Nous l’écoutons, c’est tout.

Ce faisant, avec notre enfant comme avec un ami, nous pourrons l’aider à trouver ses propres solutions, en lui posant des questions ouvertes, en l’encourageant à réfléchir, sans lui offrir nos solutions.

C’est également un travail sur nous, parents. Car cela signifie que nous avons atteint le stade où nous sommes capables d’accepter qu’il ne relève plus de notre responsabilité de protéger notre enfant. Nous devons réussir à ne plus avoir peur pour lui, et le laisser affronter le monde, en dehors du nôtre.

Ce sera notre cadeau : lui apprendre, peu à peu, à voler de ses propres ailes. 

Car, pour gagner en autonomie, notre enfant aura besoin de chercher, et trouver, ses propres solutions. Si nous avons tendance à lui offrir les nôtres, il se refermera probablement, pour avoir l’opportunité de prendre ses propres décisions. Et ce ne sera pas notre rôle de remettre ces décisions en question. Il est important qu’ils soient aux commandes. Laissons-leur l’espace pour cela, en n’oubliant pas, surtout, que chaque erreur est une opportunité d’apprentissage.

Notre travail de soutien deviendra alors de veiller à garder la connexion avec eux.

Pour créer de la complicité, nous pouvons l’encourager à partager en partageant nous-mêmes, ou surtout, on peut créer les moments pour qu’ils puissent s’ouvrir.

Car le partage dépend surtout de l’opportunité, comme je l’ai bien senti lorsque j’ai réussi à passer un moment seule avec ma fille.

Ainsi, pour laisser à nos enfants de l’autonomie émotionnelle, ne cherchons pas à nous renseigner sur les détails de leur vie sans nous, offrons-leur “simplement” du temps et de l’écoute. 

Et j’espère que nous pourrons garder cette attitude et cette relation lorsqu’ils seront adultes, et tout à fait indépendants !

Et vous, que faites-vous pour encourager vos enfants à être autonomes ?

Ah ah, voilà un sujet qui me connait !
Depuis que nos enfants sont petits, au rythme de L’éveil de votre enfant, de Chantal de Truchis-Leneveu (un livre que je conseille à tous les parents de tout petits) et de pédagogie Montessori (que j’ai bien creusée puisque j’ai obtenu -par correspondance, donc avec un certain manque de pratique, bien que j’aie assisté à des ateliers- un diplôme d’instit Montessori 3-6 ans quand on vivait en Afrique du Sud), je vogue sur les flots de l’autonomie ! Donc, ce chapitre va probablement être facile…
D’ailleurs, je vois bien l’avancement que j’ai sur ce point précis par rapport aux autres mamans ! Oui, toutes ces mamans qui contrôlent dans le détail les devoirs de leurs enfants…
Le groupe de chat des mamans (de CE2) reçoit chaque jour des messages du type « Y a-t-il des devoirs de science aujourd’hui ? Mon fils a oublié son livre à l’école, quelqu’un peut-il m’envoyer la page 22 ? Quel est le programme de l’évaluation de maths de demain ? »
Il y a même une maman qui monte prendre la photo des devoirs à faire sur le tableau dans la classe, pour être sûre d’en avoir la bonne version (parfois un peu différente de celle mise en ligne au début de la semaine par les maîtresses), au cas où son fils ne les note pas bien… (Ca m’étonnerait qu’il se mette à bien les copier, puisqu’il n’en a aucun besoin : sa mère le fait pour lui !!)
Je compare ça à mon « Alice, tu as fait tes devoirs ? » Oui, non, ça me suffit. A moins qu’elle demande de l’aide, je ne sais pas sur quoi elle travaille, quand elle a des contrôles, je la laisse complètement en charge. Et si elle oublie un livre, eh bien, elle ne fait pas son devoir, elle devra arriver plus tôt le lendemain à l’école pour le terminer, et la fois suivante, elle pensera à le rapporter !! Bref, sur ce sujet, je me crois à mon aise…
Eh bien… J’ai en fait encore des choses a apprendre !

Premier axe : Laisser les enfants prendre des décisions.
Là, on revient à la notion du choix (déjà abordée) qui leur donne un contrôle sur la situation.Ca, nous, on le fait déjà bien.
Des décisions idiotes, mais qui leur permettent d’être acteur, et pas seulement d’obéir :
« Quel t-shirt veux-tu mettre ce matin ? Tu voudrais aller au parc ou à la piscine ?… »

Deuxième axe : Respecter les efforts de l’enfant
Une révélation !! C’est fou comme parfois certaines choses peuvent tenir à des détails…
Dans ce chapitre, j’apprends à ne plus dire à un enfant que c’est facile.
Je m’explique : souvent on cherche à encourager l’enfant en lui commentant : « C’est facile, regarde ». Oui mais… S’il n’y arrive pas, c’est justement parce que pour lui ce n’est PAS facile ! Donc, en lui disant que ça l’est, on lui envoie en fait le message que ça devrait être facile, qu’il est donc particulièrement nul de ne pas y arriver, et d’ailleurs, si finalement il y parvient, c’est que dans le fond, c’était facile, aucun exploit… Et si on le prenait dans l’autre sens ? « Ah, attends, c’est difficile d’accrocher sa salopette… Parfois, ça aide quand on commence comme ça ». L’enfant se sent compris, et le « parfois » aide à ce que, s’il n’y parvient toujours pas, il ne se sente pas incompétent pour autant.

Rq : ce changement de réaction face à la difficulté est l’un des points que je soulève dans l’astuce 7 des 39 astuces d’éducation positive.

Troisième axe : Pas trop de questions
Ah, ça, pour moi, c’est difficile ! J’ai toujours envie de demande plein de détails ! « Comment ça s’est passé ? Qu’est ce que vous avez fait ? Et tu étais à côté de qui ? » Mais ce n’est pas bête de penser que l’enfant est en fait en mesure de raconter ce qu’il a envie de partager, et n’a peut-être pas besoin d’être obligé de tout partager, ce qui pourrait lui donner un sentiment de surveillance plus que d’interêt.  En tapant ces mots, je me rends compte que j’ai toujours du mal à m’éloigner de ce modèle…

Quatrième axe : Ne pas se précipiter à donner des réponses
Là encore, ¡qué difícil! Et pourtant, je trouve ça convaincant quand je le lis. C’est une façon naturelle d’amener l’enfant à essayer de réfléchir par lui-même.
« Pourquoi…?
– hum… C’est une bonne question, qu’est-ce que tu crois ? »
Et les laisser trouver une idée avant d’expliquer.
Bon, je fais bien de relire cette partie là…
Le cas particulier où je m’y suis mise, c’est quand ils demandent conseil :
« Maman, qu’est-ce que tu crois que je devrais faire ?
– mmm.. C’est délicat, qu’est-ce que tu en penses ? »
Les aider éventuellement à reformuler le problème, à énumérer les différentes solutions, mais les laisser les explorer un peu avant de donner son opinion (et encore, parfois, une fois le travail préalable accompli, y’a même plus besoin de nous…)
Alors, on peut s’interroger : pourquoi ne pas faire bénéficier nos enfants de notre expérience ? Pourquoi ne pas les aider de nos conseils directement ?
En fait, le point de vue de l’auteur,  que je trouve très intéressant, est le suivant : en donnant à l’enfant des conseils sur la façon de gérer la situation, ça peut bien se passer, ou bien on peut provoquer les réactions suivantes : qu’il se sente idiot de ne pas y avoir pensé seul, qu’il considère qu’on n’a pas à lui dire ce qu’il doit faire, qu’il soit agacé… De plus, ce n’est pas en appliquant quelque chose qu’ils n’ont pas décidé seuls qu’ils vont être poussés à assumer la responsabilité de leur décision !
Cependant, on ne parle pas ici de leur répondre « Ca, c’est ton problème, trouve la solution seul. » Parce que ça, ce serait ne faire aucun cas de leurs problèmes…
Non, il y a un juste milieu, et on peut aider l’enfant à réfléchir :
– d’après ce que tu me dis, tu hésites entre deux possibilités…
– en fait, la question que tu te poses, c’est…
Une fois qu’on lui a laissé le temps d’y penser, il n’est pas impossible de faire des suggestions, ou d’exposer sa façon de penser, tout en restant ouvert.

5ème axe : Encourager les enfants à chercher des réponses en dehors de la maison
Ne pas toujours se reposer sur leurs parents donc. Ainsi, l’enfant apprend peu à peu que le monde entier peut l’aider, qu’il peut trouver assistance en dehors de papa et maman, c’est bien un pas vers l’autonomie. Ca peut être mis en pratique avec un médecin, une personne dans un magasin, une bibliothécaire, le personnel de l’école.. Ca développe également l’habilité à aborder les gens, à échanger avec un être humain, alors même que le monde se recentre autour des téléphones, et que les contacts sont de moins en moins physiques ! Chez nous, pour l’instant, ça s’applique surtout avec Oscar (13 ans): auparavant, à chaque changement d’activité sportive, et donc d’horaires, je devais recontacter le prof de piano pour voir comment on pouvait s’organiser. Maintenant, il est en charge du contact direct avec son prof pour organiser ses horaires.

6ème et dernier axe : Ne pas briser leurs rêves
Eh oui, là aussi, c’est important ! Qu’ils fassent eux-même l’expérience de la difficulté de la mise en oeuvre d’un projet…
« Maman, je veux monter un groupe de musique.
– c’est une bonne idée, comment vas-tu t’organiser ? »
Bien sûr que je sais que la moitié de ses camarades ne va pas venir le jour dit, qu’il ne faut pas toujours compter sur les réponses à la légère, que ce n’est pas évident de trouver un lieu, etc… Mais est-ce vraiment une bonne démarche que de tuer le rêve dans l’oeuf ? C’est ça aussi l’expérience de la vie ! Il se rendra compte tout seul des difficultés, et puis c’est en ratant les premiers projets qu’on réussit les suivants !
(Note a posteriori : le groupe de musique a malheureusement effectivement échoué… Mais au moins, il aura été enthousiaste pendant un temps, et il aura essayé de s’organiser pour !)

La liste formelle du chapitre s’arrête là, mais ensuite, il y a encore quelques bons conseils :
Ne pas parler d’un enfant devant lui.
Laisser l’enfant répondre seul.
« Ca se passe bien dans sa classe ?
– je suppose que c’est plutôt à elle de te répondre »
Eviter de trop dire « non ». Parce que c’est un peu une façon de couper brusquement le rêve ! Ca ne veut pas dire qu’il faut dire oui à tout, mais on peut trouver des alternatives dans les réponses. Par exemple, répondre oui, mais avec un complément :
« Je peux manger ce chocolat ?
– bien sûr, après le dîner, en guise de dessert ! »
Ou bien donner des informations :
« Je peux descendre jouer ?
– on va passer à table dans 5 minutes »
Se donner du temps pour y penser :
« Je peux inviter X à dormir ?
– laisse-moi y réfléchir… »

Eh oui, finalement, et c’est bien l’idée du chemin que l’on suit, on a toujours des choses à apprendre !

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