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Lorsque nos enfants se comportent mal, nous interprétons souvent leurs actes comme dirigés contre nous.

Hier, par exemple, une amie (à laquelle je dédicace cet article, né de ma conversation avec elle) me racontait comment son neveu, de presque un an, faisait exactement ce que sa mère venait de lui interdire de faire, tout en la regardant dans les yeux.
Interprétation de la maman : il est en train de me provoquer !
Mais non, il peut y avoir plein d’explications derrière le comportement d’un enfant !

Voyons donc comment évoluer dans notre manière de considérer son comportement.

Première étape : arrêter de penser que le comportement est dirigé contre nous.

C’est dur à admettre, parfois, mais c’est la réalité : l’enfant a son propre monde, ses propres besoins, ses propres fonctionnements, et nous n’en sommes pas toujours le centre.

Dans le cas ci-dessus, il peut y avoir plusieurs explications (merci Isabelle Filliozat)

Dans tous les cas il le fait POUR lui, et non CONTRE nous.

On peut même aller jusqu’à dire, comme l’explique bien cet article de Parents Naturellement – attention âmes sensibles –  que les caprices n’existent pas !

Deuxième étape : prendre du recul

Une fois que l’on accepte que le comportement n’est pas dirigé contre nous, il faut réussir à sortir de la réaction. Il s’agit plutôt de faire une pause, c’est le S de la méthode STAR proposée par Elizabeth Crary.

Face à l’enfant, plutôt que de s’entêter à chercher à lui faire faire ce qu’on lui demande, marquer un temps et faire mentalement un pas en arrière pour comprendre le contexte.

Ainsi, ce matin, j’ai observé mon Anatole. (3 ans et demi).
D’habitude, c’est surtout moi qui supervise la préparation des plus jeunes avant le départ à l’école. Depuis peu, mon mari et moi avons établi qu’une fois par semaine, il s’en chargerait (préparation et accompagnement à l’école), pour que je puisse partir tôt marcher sur la plage.
Ce matin donc, alors que je m’apprête à partir, je vois mon mari qui explique à Anatole – qui dessine plutôt que de s’habiller – qu’il est en train de perdre patience…
Anatole est bloqué, et dit que lui aussi, il “commence à perdre patience”.
La suite n’est pas difficile à prévoir !!

Je m’attarde donc pour réfléchir avec un peu de recul (toujours plus facile quand on n’est pas la personne impliquée) : les horaires de l’école ont changé depuis 2 jours, les enfants ont une demi-heure de moins le matin. Je viens d’annoncer que je sortais, sans avoir pris de temps avec lui. Anatole n’a pas eu son moment de calme avant l’entrée dans le rythme du matin. C’est clair. Et plus son père s’oppose à lui, plus il aura besoin de montrer qu’il peut également s’opposer, parce qu’il manque de connexion avec nous ce matin.

Troisième étape : changer la dynamique

C’est une chose de comprendre le contexte, ensuite la difficulté reste : comment s’en sort-on ?
Probablement l’étape qui demande le plus de travail, celle pendant laquelle, à court d’idées, on se sent le plus impuissant !!

Quelques idées dans notre besace cependant :

  • indiquer à l’enfant une manière d’être utile

L’enfant aime être impliqué, il aime se sentir utile. Lui proposer d’agir le permettra de sortir de son blocage, car au lieu de nous opposer à lui, nous l’incluons, nous recréons la connexion.

  • basculer dans le jeu ou l’humour

Ah… la parentalité ludique… Souvent très utile pour sortir des situations de blocage. Là encore, cela crée une connexion, et nous sortons de l’opposition. Ce matin, face à Anatole, j’aurais pu par exemple m’exclamer : “Attention, la fusée va décoller ! voooouuu…” en le saisissant et le faisant voler vers sa chambre. “La fusée est en recherche de vêtements…vooouuu”…   Encore faut-il être d’humeur…

  • remplir le réservoir affectif de l’enfant

C’est la solution pour laquelle j’ai opté ce matin : compte-tenu de ce que j’avais réalisé lors de ma prise de recul à l’étape précédente, j’ai pensé que ce petit avait besoin de tendresse plutôt que d’instructions.
Je me suis donc approchée, et lui ai dit : “J’ai l’impression que mon Anatole a besoin d’un câlin, c’est ça ?”
Comme il a acquiescé, je lui ai fait un câlin. Et je sais ce que vous pensez : que c’est bien joli tout ça, mais que le matin, on n’a pas le temps de s’arrêter pour un câlin ! Sauf que c’est faux : si je ne m’arrête pas pour le câlin, je sais que le reste prendra plus de temps, et au final, j’y perdrai.

C’est ça aussi la parentalité positive : savoir investir son temps !! En fait, il a eu besoin de deux câlins. Puis, il a quitté son masque d’opposition, et s’est mis à se déshabiller. Je suis partie, et Nicolas (mon mari) m’a ensuite dit que tout s’était très bien passé.

Quatrième étape : si le comportement se répète

Dans ces cas-là, je crois qu’il convient de prolonger encore la 3ème étape.

Je garde en tête une image vue en formation de discipline positive : celle d’un iceberg.
L’image servait à illustrer le fait que le comportement n’était que la partie immergée d’un problème probablement plus large, et plus enfoui. C’est au dessous de l’iceberg qu’il faut essayer de s’attaquer.

Car, je reprends cette fois l’un des principes d’Adler : “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”

En fait, c’est comme pour nous, si on y réfléchit bien !

Il y a les moments où tout va bien, où les personnes autour de nous réagissent comme nous le voudrions, ou, en tout cas, comme nous nous y attendons, et nous arrivons à nous comporter en accord avec nos valeurs, à utiliser nos compétences de parents positifs, et puis il y a ceux où rien ne va plus, où nous nous sentons impuissants, où nous sommes découragés ! Il suffit alors d’un rien pour que toutes nos compétences volent en éclat, et que nous fassions tout ce que non seulement nous savons que nous ne devrions pas faire, mais que, de surcroît, dans le fond, nous n’avons pas envie de faire !!

En CNV (Communication Non Violente, merci M Rosenberg !), on apprend que nos sentiments sont des indices de nos besoins nourris ou non nourris. Pour réussir à faire en sorte que notre enfant ne se sente plus découragé, il faudrait donc trouver quel est son besoin non nourri !

D’où l’étape suivante :

Cinquième étape : revenir aux nécessités de base

Une fois les besoins de survie remplis (eau, nourriture, sécurité), “Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

En considérant le comportement de l’enfant sous cet angle, nous pourrons probablement adapter notre comportement pour nous adresser plus directement à la source du problème.

Alors, parce que ça en vaut décidément la peine, prenons le temps de rappeler ce que signifient ces concepts d’appartenance et d’importance.

(J’ai simplement fait ici, je l’avoue sans honte, un copier-coller de mon article sur les nécessités de base des enfants…)

Appartenir

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !

On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.

(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance 

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?
Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

“On aide mieux en aidant moins” écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.

Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!

A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?

Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.

On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Pour conclure

Je vous invite à prendre quelques minutes, là, tout de suite, à réfléchir au dernier conflit que vous avez eu avec votre enfant, et vous poser la question : quel était son besoin à ce moment-là ? Comment pourrais-je faire pour l’aider à appartenir et avoir de l’importance ?

C’est à vous !

Dans ce chapitre de La discipline positive, Jane Nelsen nous encourage à analyser les comportements inappropriés (notez bien l’expression : non pas « mauvais comportements » mais « comportements inappropriés ») pour en comprendre les causes et les décoder au lieu de n’y répondre qu’en surface. Et rien que le fait de les considérer sous un autre angle nous aidera !

Pour commencer, nous sommes invités à assumer notre part de responsabilité.

Je trouve ce point particulièrement intéressant, car il est rarement soulevé ainsi.

En effet, Jane Nelsen rappelle que l’adulte participe au comportement inapproprié de l’enfant. Je sais, ce n’est pas facile à accepter, c’est pourtant très vrai ! Notre réaction face à nos enfants, et même parfois nos actions face à nos enfants ont une influence sur leur comportement également ! Ainsi, « s’ouvrir à une responsabilité partagée » nous aidera à mieux aborder le reste.

Ensuite, l’auteure rappelle qu’un comportement inadapté peut être dû à une incompréhension, à une étape normale du développement de l’enfant, ou à un sentiment de découragement.

Dans ce dernier cas, il est fréquent que les interprétations erronées de l’enfant, dont nous avons parlé dans les principes adlériens, lui dictent son comportement dans le but inconscient d’atteindre un objectif mirage.

Je vais recommencer cette dernière explication, parce qu’elle est clef ici.

L’enfant a un besoin.

Disons par exemple qu’il a besoin d’être vu. De manière inconsciente en général. Son observation et son interprétation du monde l’ont conduit à penser qu’on ne le remarque que lorsque l’attention est centrée sur lui. Son objectif mirage est donc d’accaparer l’attention. Il est qualifié de mirage parce que ce n’est pas ce qui répondra réellement à son besoin, mais c’est bien ainsi qu’il voit les choses… Il adaptera donc inconsciemment son comportement pour atteindre cet objectif, agaçant le parent ou le prof, qui lui donnera ainsi toute son attention !

Lorsque j’ai lu pour la première fois ce chapitre, il y a de cela quelques mois, ce n’était pas très clair pour moi.

Cependant, entretemps, j’ai suivi une formation de « discipline positive dans la classe« , au cours de laquelle nous avons fait des exercices autour de ces objectifs mirages, et ça me parait être vraiment bien vu.

Les 4 objectifs mirages (définis par Dreikurs)

  • Accaparer l’attention
  • Prendre le pouvoir
  • Prendre une revanche
  • Confirmer sa croyance d’incapacité

Et, pour identifier quel est l’objectif mirage poursuivi par l’enfant, il s’agit d’observer ce qu’il suscite en nous !

Le livre présente ainsi une « grille d’identification des besoins cachés derrière les comportements inappropriés » qui est fort utile pour toute personne interagissant avec des enfants. C’est cette grille qui nous guidera pour ne pas adresser le comportement lui-même, qui n’est souvent que la partie émergée de l’iceberg, mais bien sa cause : le besoin inassouvi qui est immergé.

Parlons un peu plus de chacun de ces objectifs-mirages.

Accaparer l’attention

L’enfant cherche probablement à accaparer l’attention lorsque l’adulte se sent agacé, irrité…
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’appartiens que si je suis au centre de l’attention ».
Son message codé est en fait : « Remarquez-moi, impliquez-moi ».
Que peut dans ce cas faire le parent ?
Il peut : confier une responsabilité à l’enfant ; planifier des « moments particuliers » ; instaurer des signaux avec l’enfant ; faire une recherche de solution avec lui !

Prendre le pouvoir

L’enfant cherche probablement à prendre le pouvoir lorsque l’adulte se sent défié, remis en cause dans son autorité.
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’ai de sentiment d’appartenance que lorsque je suis en position de force ».
Je rappelle que toute personne, enfants inclus, a besoin d’une part de pouvoir.
Le message codé de l’enfant est : « Laissez-moi participer, donnez-moi des choix. »
Que peut dans ce cas faire le parent, face à l’enfant qui s’oppose ?
Il peut marquer un temps de pause, et penser à sa responsabilité dans ce comportement.
Valider les sentiments de l’enfant, offrir des choix, et l’impliquer dans les solutions.

Prendre une revanche

L’enfant cherche probablement à prendre une revanche lorsque l’adulte se sent blessé, déçu…
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’ai pas de sentiment d’appartenance , je souffre mais je peux au moins rendre la pareille en faisant souffrir l’autre. »
On touche ici au besoin d’appartenance déjà évoqué dans le cas de l’attention ci-dessus, mais l’enfant n’a même plus de solution pour y répondre…
Le message codé de l’enfant est : « Aidez-moi. Je souffre intérieurement. »
Que peut dans ce cas faire le parent ?
Il est d’abord nécessaire de contrôler ses réactions pour briser le cycle de la revanche… Pas facile ! Le temps de pause revêt ici encore plus d’importance, pour réussir à analyser son ressenti, et à refléter les sentiments de l’enfant. Ici encore plus qu’ailleurs, il faut chercher à se reconnecter à l’enfant !

Confirmer sa croyance d’incapacité

L’enfant cherche probablement à confirmer sa croyance d’incapacité lorsque l’adulte se sent impuissant, démuni…
La croyance erronée de l’enfant est « Je n’arrive pas à appartenir ni à avoir de l’importance, ni à me sentir capable, c’est tout simplement impossible, je me désengage. »
L’enfant qui se désengage manque cruellement de confiance en lui. Il s’agira alors de l’accompagner étape par étape.
Le message codé de l’enfant est : « Ne me laissez pas tomber. Tendez-moi la main. »
Que peut dans ce cas faire le parent ?
Ne pas baisser les bras, enseigner les compétences sans faire à la place de l’enfant. Fixer des étapes intermédiaires. Encourager, encourager, en montrant que nous avons confiance dans les capacités de l’enfant !

Reste à intégrer cela…

Savoir identifier ces objectifs-mirages, et les distinguer l’un de l’autre peut se révéler très utile pour savoir comment répondre à un comportement inapproprié.

En effet, nous ne devrons pas réagir de la même manière face à un enfant dont l’objectif mirage est d’accaparer l’attention que face à celui qui cherche à confirmer sa croyance d’incapacité.

Comme vous l’avez vu ci-dessus, notre premier indice d’identification, c’est notre ressenti face au comportement de l’enfant.

Lorsque j’ai lu ce chapitre de La discipline positive pour la première fois, cela m’a semblé bien compliqué.

Depuis, il m’est arrivé plusieurs fois d’y repenser lorsque j’arrivais à écouter mon ressenti, et à me rendre compte à quel point cela semblait tomber juste !

Je ne sais pas toujours garder ce regard, chercher à décoder ainsi, mais j’avance chaque jour un peu plus sur ce chemin, comme vous je l’espère.

Remarque : Un peu plus tard, je retrouve, dans Parents respectueux, enfants respectueux , cette idée de chercher le besoin derrière le comportement (indépendamment des objectifs mirages).

J’avais déjà évoqué Adler lorsque j’avais écrit « Les nécessités de base des enfants », je retombe dessus à la lecture de La discipline positive de Jane Nelsen.

En effet, les principes adlériens ne sont rien de moins que les fondements de la discipline positive développée par Jane Nelsen.

Quels sont ces principes ?

  1. Les enfants sont des êtres sociaux
  2. Le comportement de l’enfant est tendu vers un but
  3. Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance
  4. Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé
  5. La responsabilité sociale ou le sens de la communauté
  6. Le principe d’égalité, fondement de la coopération
  7. Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage
  8. S’assurer de faire passer le message d’amour

Et comment les interpréter ?

Les enfants sont des êtres sociaux

Selon Adler, l’enfant nait avec un vrai sens de solidarité et de communion.
Son comportement dépendra donc grandement de son environnement, du contexte social, de l’interprétation qu’il fera du comportement de ceux qui l’entourent.
Je crois qu’on touche ici à la force du modèle !

Le comportement de l’enfant est tendu vers un but

Selon Adler, le comportement est tendu vers un but à atteindre, qui n’est même pas conscient. L’enfant interprète ce qu’il observe, et adapte son comportement en fonction de ce qu’il ressent devoir faire pour obtenir ce qu’il recherche. Comme quand parfois on cherche le compliment par exemple… Seulement, l’enfant le fait souvent de manière inconsciente, sinon ce serait trop facile. Comme quand Léon cherchait de l’attention… Je ne sais si je l’aurais compris sans Adler.

Enfin, ajoutons à ça que, selon Dreikurs, psychiatre qui poursuivit en son temps le développement des principes adleriens, « les enfants perçoivent bien mais interprètent mal », et nous nous retrouvons face à des comportements agaçants qui n’obtiennent pas toujours le but cherché, et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer !

Un exemple parlant, donné par Jane Nelsen ici : la régression du jeune enfant quand un bébé arrive à la maison. C’est assez simple à comprendre en fait : l’enfant observe que quand le bébé demande un biberon, on s’occupe de lui. Il interprète donc que quand un enfant a envie d’un biberon, les adultes sont là pour répondre à cette envie. Or, il aimerait également qu’on s’occupe de lui, c’est son but. Donc, il demande un biberon !

Le besoin essentiel de l’être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance

On rejoint ici l’article que je citais au début de celui-ci, sur les nécessités de base des enfants.

C’est en se sentant faire partie du groupe, et en sentant qu’on y contribue que l’enfant va se construire une vraie confiance en soi.

La compréhension de ce besoin essentiel nous permettra l’éclairage des principes précédents : le but d’un comportement sera en général d’appartenir et d’avoir de l’importance, car l’enfant est un être social.

Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé

Ainsi, si nous ne nourrissons pas le besoin de l’enfant, il devra chercher un moyen de l’obtenir. Et comme il peut interpréter mal ce qu’il observe, il va basculer dans un comportement inadapté. C’est en réalité sa manière de dire « Je voudrais appartenir et avoir de l’importance, mais je ne sais pas comment y parvenir. »

Lors d’un comportement que nous n’apprécions pas, posons-nous la question : que cherche réellement l’enfant ? Quel est son besoin derrière son attitude ? On pourra ainsi l’aider à répondre à son besoin de manière plus adaptée.

La responsabilité sociale ou le sens de la communauté

Les expériences le prouvent : les petits enfants ont naturellement une envie d’aider l’autre. Prendre en compte le besoin de l’autre, essayer d’y répondre, voilà une belle manière de vivre la communauté. Ne les laissons pas perdre cet élan. Laissons-les contribuer, et que cela devienne un échange.

Dreikurs disait : « Ne faites pas pour un enfant ce qu’il est capable de faire tout seul. » Parce qu’en faisant pour lui-même, l’enfant trouve sa place dans la communauté, et développe le sentiment d’être capable. Etant capable, il pourra à son tour aider l’autre, suivant ainsi son instinct de responsabilité sociale.

A l’inverse, n’abandonnons pas à lui-même un enfant qui ne sait pas. Accompagnons-le dans son apprentissage pour lui donner également le modèle du sens de la communauté, et impliquons-le jusqu’à ce qu’il soit capable de prendre la responsabilité seul.

En résumé : ne faisons pas pour, prenons le temps d’enseigner.

C’est l’histoire si marquante du poisson, non ? « Donnez un poisson à un homme, il mangera une fois. Apprenez-lui à pêcher, il mangera toute sa vie ! »

Le principe d’égalité, fondement de la coopération

Jane Nelsen insiste sur la démarche de » connecter avant d’enseigner ».

L’enseignement se fondant sur la coopération, il faut d’abord être connecté avec l’enfant. Et pour cela, il est nécessaire d’aborder notre relation selon un principe d’égalité. Non, cela ne signifie pas qu’un enfant et un adulte sont identiques, mais plutôt qu’ils ont également droit au respect. Ce qui n’est pour l’instant, en général, pas le cas, comme évoqué dans cet article.

En cas de problème, nous veillerons donc à nous connecter avec respect avec notre enfant, avant de chercher une solution avec lui. Concrètement, nous l’écouterons avec empathie, respecterons ses émotions et besoins, partagerons nos propres émotions et besoins. Alors seulement, nous pourrons avancer ensemble.

Ces étapes correspondent d’ailleurs bien à ce que nous avions lu dans les livres de Faber et Mazlish, ou d’Elizabeth Crary.

La connexion peut et doit évidemment se construire également en dehors des situations de conflits, pour plus d’idées sur le sujet, voir comment connecter avec son enfant ?

Les erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage

Je le mettais dans l’article de présentation de ce livre, parce que c’est un thème qui y revient régulièrement et qui est clef : apprécier la valeur de l’erreur ! Car les erreurs sont des OPPORTUNITES.

L’erreur est un thème que nous avons déjà approché au travers notamment de TED talks : celui de Claire Blondel, celui d’Eduardo Briceño ; grâce à Jane Nelsen, nous la valorisons chez nous également : tous les samedi, avec Oscar (14 ans) et Alice (10 ans), nous avons ajouté à nos « samedi victoire », le « samedi erreur ». Ainsi, chacun partage également son erreur de la semaine, et ce qu’il en a retiré !

Ce n’est pas évident, car pour accepter de faire face à l’erreur, il faut avoir le courage d’être imparfait !

Cas d’application concret : en tant que parent, nous faisons régulièrement des erreurs dans la manière d’aborder les choses avec nos enfants. Ayons le courage d’être imparfaits, et n’hésitons pas à aller les voir avec notre part de responsabilité pour demander pardon pour notre débordement. Ainsi, nous leur donnons le modèle d’une démarche de réparation.

S’assurer de faire passer le message d’amour

Pour terminer, ne perdons pas de vue l’essentiel : quand nous faisons des reproches à nos enfants, souvent, c’est parce que nous les aimons.

Eh oui ! Sinon, peu nous importerait qu’ils se couchent tard et soient fatigués, qu’ils rentrent après la tombée de la nuit, qu’ils ne travaillent pas leur français…

En fait, nous cherchons à leur imposer ce qui nous semble important pour eux, parce que nous les aimons. Seulement voilà : reçoivent-ils bien ce message ?

Essayons de marquer un temps de pause et de réfléchir à nos formulations, pour inclure ce message, parce que finalement, c’est bien lui qui compte le plus !

Bien sûr, après avoir écrit ça, je sais quand même que la prochaine fois que je m’énerverai, je ne marquerai pas de temps de pause, je m’agacerai, et mon message d’amour ne passera pas….

Mais ce sera une opportunité ! Une opportunité de m’en rendre compte, d’y réfléchir, une opportunité de retourner voir mon enfant et de lui montrer comment on répare. Ensuite, nul doute que j’aurai une autre opportunité de faire mieux. Je suis imparfaite, et je l’accepte, tout en cherchant à faire mieux !

Je ne vous apprends rien : dans une maison, les tâches sont nombreuses. On aimerait que nos enfants y participent, mais en même temps, on voudrait ne pas les “forcer”. On se sent tiraillé… en fait, il faudrait qu’ils aident spontanément, ce serait l’idéal !

Oui, mais arrêtons de fantasmer… Qu’ils participent spontanément ne se fera pas !
En revanche, on peut probablement les y amener, peu à peu.

Pour moi, il y a ici plusieurs questions dans cette question :

1- Est-il important qu’ils participent ?

Ce n’est pas important, c’est fondamental ! Eh oui, on touche ici aux besoins fondamentaux de l’être humain (du moins selon Adler, et franchement, plus j’apprends, et plus je suis en ligne) : Appartenir et Avoir de l’importance.
Avoir de l’importance, c’est, entre autres, se sentir capable et utile. On a tous besoin de ça ! Quand quelqu’un fait quelque chose pour moi, je suis sensible à l’attention, mais s’il ne me laisse rien faire, je reçois le message qu’il pense que je ne suis pas capable ! Alors, comme je ne supporte pas cette idée, je vais interpréter autrement le comportement des autres, je vais progressivement intégrer l’idée que je n’ai de l’importance que lorsqu’on s’occupe de moi, et je vais de moins en moins en faire…

Si, au contraire, on me laisse en charge de certaines tâches de la maison, c’est qu’on me fait confiance, c’est qu’on sait que j’en suis capable. J’ai une responsabilité et je m’en acquitte. Au début, peut-être pas avec succès, mais chaque erreur est une opportunité d’apprentissage… Peu à peu, nourri par un environnement bienveillant, je vais m’améliorer, je vais mettre en place une routine, je vais montrer à mon entourage qu’on peut compter sur moi ! Et ça, ça me rend plus fort !
D’ailleurs, en laissant l’enfant contribuer, on fait d’une pierre deux coups, parce que ça répond aussi en partie à son besoin d’appartenance : il trouve ainsi aussi sa place dans la famille. Celle-ci fonctionne, entre autres, grâce à lui !

Premières étapes à franchir donc : premièrement, être convaincu qu’il est bon pour eux de participer ; deuxièmement, changer son vocabulaire pour transmettre cette nouvelle conviction : ils ne participent pas aux tâches de la maison, ils contribuent au fonctionnement de la famille !

2- Quel modèle leur donne-t-on en faisant pour eux ?

Quand on fait pour les enfants, on peut ressentir plusieurs choses.
Le plaisir de donner de notre temps, oui, mais aussi du ressentiment pour ce qu’ils nous “obligent” à faire, et puis de la frustration de ne pas être considéré(e) (notre temps n’est visiblement pas valorisé…). Ainsi, je vois beaucoup de mamans qui ne se sentent pas bien dans le rôle de celle qui fait tout, qui aimeraient bien que les enfants les aident, et qui accumulent du ressentiment pour tout ce que ces derniers ne font pas… Mais l’ont-elles vraiment communiqué avant ?
En fait, ces mamans n’ont pas vraiment su poser leurs limites. Ont-elles seulement compris qu’elles ne respectaient pas leurs limites d’ailleurs ? On l’a déjà vu : on n’a pas appris à écouter nos sentiments, à identifier nos besoins… Comment pourrait-on les communiquer si on n’en a même pas conscience ?

Seulement voilà : en donnant ce modèle-là à nos enfants, on ne leur enseigne pas non plus à poser leurs propres limites !
Parce que les enfants copient ce qu’ils voient, évidemment. Alors, si on leur montre qu’on trouve normal de se laisser dévorer par leurs besoins, au détriment des nôtres, ils recevront qu’il est normal de se laisser dévorer, et risquent fort de reproduire le modèle. Il leur sera probablement plus difficile de faire face à un ami envahissant, de faire respecter leur espace ; en un mot, ils ne sauront pas non plus faire respecter leurs limites.
A l’inverse, si nous leur donnons l’occasion de prendre en compte nos limites pour adapter leur propre comportement, nous leur enseignons le respect de l’autre (en l’occurence, de nous !) et ça aussi, c’est fondamental !
D’ailleurs, si les enfants se mettent à contribuer, notre reconnaissance nous encouragera à les respecter plus à notre tour, et nous entrerons dans un cercle vertueux, où le respect de l’autre pourra enfin remplacer le ressentiment ; avec les conséquences que l’on peut imaginer sur l’ambiance à la maison !

3- Comment faire pour les y inciter ?

Les deux premières questions traitaient des raisons que nous pouvons avoir d’encourager nos enfants à contribuer.
“J’ai deux raisons, dont chaque est suffisante seule.” aurions-nous pu dire, à la manière de Cyrano de Bergerac…
Maintenant, comment ??
Je crois qu’arrivé à ce stade, parfois, sans même qu’on s’en rende compte, la moitié du chemin est faite. Pourquoi ? Parce que si nos enfants participent peu, c’est probablement parce qu’on leur a demandé sans y mettre le coeur, justement parce qu’on ne voulait pas les “forcer”. Maintenant qu’on est convaincu du bien-fondé de la démarche, nos demandes vont avoir plus de poids, ne serait-ce que par leur sincérité.

Je vois 2 manières de commencer réellement :
Celle qui est la plus coopérative, qui cherche à les inclure et à leur donner l’opportunité de constater nos besoins pour leur donner l’envie de contribuer sans qu’on ait à les forcer du tout, c’est la réunion de travail. (suivre le lien pour savoir comment la mettre en place). C’est vraiment la solution à privilégier !
Une réunion familiale au cours de laquelle on leur présente la liste des choses qui doivent être faite dans la maison, et on leur demande en quoi ils veulent contribuer.
Quand chacun choisit, c’est souvent très efficace ! Ca a très bien marché chez nous.

Il y a cependant des familles dans lesquelles les enfants ont tellement l’habitude qu’on ne leur demande pas de participer qu’ils ont du mal à voir le besoin de l’autre. Ils ne reçoivent pas la pose de la limite, parce qu’ils ne savent pas ce que c’est ; et ils sont peut-être déjà dans le cas où ils croient qu’il faut qu’on s’occupe d’eux pour qu’ils aient de l’importance.
Avec ces enfants-là, il faudra y aller peu à peu, et effectivement les « forcer » au début, pour pouvoir rétablir la trajectoire, et le message !
Pour cela, on peut commencer par les tâches qui « leur appartiennent ». Ce que je veux dire par là, c’est : si cette tâche n’était pas faite, à qui cela poserait-il problème ?
Si le problème est vôtre (ex : rangement du salon), ils n’auront pas d’autre motivation que la prise en compte de votre besoin, ce qui est justement ce qui leur pose problème pour l’instant.
Si le problème est leur (ex : linge sale dans le panier), alors on peut s’en servir pour les sensibiliser à la question de la prise en compte du besoin de chacun, en installant des conséquences naturelles !
La conséquence naturelle, c’est ce qui advient lorsque nous ne faisons rien.
Ainsi, s’ils ne mettent pas leur linge au panier à linge, et que nous n’intervenons pas sur ce point, le linge ne sera pas propre. Et ça, ce sera bien leur problème.

Attention : il n’est pas question de se mettre à faire ça du jour au lendemain, sans les avoir prévenus ! Nous allons communiquer avec nos enfants.
Nous leur dirons : « Tu sais, j’ai réalisé que je devais souvent ramasser les vêtements sales par terre dans ta chambre, et je trouve que ce n’est pas mon rôle. Je voulais donc t’informer du fait que dorénavant, je ne laverai que les vêtements qui seront dans le panier. Il sera de ta responsabilité de les y mettre si tu veux des vêtements propres. » On peut même ajouter (surtout si les enfants sont jeunes) : « Penses-tu que tu t’en souviendras, ou as-tu besoin d’aide pour réfléchir à un système qui te permettra de ne pas oublier ? »
Et ensuite, il faut s’y tenir !! C’est à dire :
– ne pas ramasser le linge qui est par terre, bien sûr.
– ne pas remplacer ça par un rappel constant du fait qu’il y ait du linge par terre. On rappelle le principe : c’est devenu LEUR responsabilité. On peut respecter la courbe d’apprentissage en le leur rappelant une fois les premiers jours, et ensuite, on laisse arriver la conséquence. C’est important qu’ils s’en rendent compte, ça les aidera à grandir !
– s’il arrive un jour où ils n’ont plus de caleçon, ou de short de sport, ne pas résoudre pour eux. L’attitude à adopter sera : « Je suis désolée pour toi que tu n’aies plus de caleçon, j’espère que tu vas trouver une solution. » et s’en aller…
– résister à l’envie d’enfoncer le clou : « Je t’avais bien dit que tu devais mettre ton linge au panier !! », ils s’en sont déjà rendu compte. On peut recevoir la difficulté, simplement, et se focaliser sur le futur : « Mince, tu n’as plus de short…  Non, je ne peux pas le laver vite, tu connais la règle que nous avons mise en place. Je comprends que tu sois déçu ! Je suppose que la prochaine fois, tu ne l’oublieras pas. »

Une fois que l’équilibre dans la maison évolue, que les enfants participent plus aux tâches qui les concernent, et qu’ils comprennent ainsi mieux le concept de responsabilité, nul doute qu’ils seront plus ouverts et plus réceptifs à la réunion de travail que nous évoquions plus haut !

Et petit à petit, ce foyer verra se développer plus de respect pour le rôle de chacun.

“Le besoin essentiel de tout être humain est d’appartenir et d’avoir de l’importance.”

Ceci est un des principes exposés par Adler, un psychologue autrichien du 20è siècle, et je suis impressionnée par la manière dont ses principes résonnent dans l’éducation positive. (Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez aussi consulter cet article sur les principes adlériens – fondateurs de la discipline positive)

Appartenir ?

Appartenir, ça se rapporte à la place de l’enfant dans la famille et à sa connexion émotionnelle avec les autres. En bref, l’enfant a besoin d’attention !
On en parle souvent, et c’est fondamental, parce que si l’enfant n’obtient pas d’attention positive, il va quand même l’obtenir, de manière négative, par son comportement.
(Développer son sentiment d’appartenance, c’est d’ailleurs une des compétences relationnelles clefs présentées par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.)

Bien, comment peut-on aider l’enfant à développer son sentiment d’appartenance ?
En lui donnant de l’attention bien sûr. Ce qui peut se décliner de manières différentes :

  • l’écouter quand il nous parle (et poser son téléphone portable…)
  • valider ses sentiments, ce dont nous avons déjà beaucoup parlé…
  • lui consacrer des moments particuliers (si possible en tête à tête pour qu’il n’ait pas à entrer en compétition pour obtenir notre attention : voir à ce sujet le moment particulier)

Avoir de l’importance ?

Avoir de l’importance, c’est se sentir capable et utile. Contribuer à la société. Ca passe par l’autonomie de l’enfant, par sa contribution à la famille.

Oui, il est important que les enfants se sentent capables : il est nécessaire pour cela de les laisser exercer leur part d’autonomie. De les laisser faire seuls ce qu’ils peuvent faire seuls. Aider quelqu’un, c’est parfois gentil, c’est parfois débilitant. Il risque de recevoir le message qu’il n’en est pas capable…

Alors que l’enfant est en pleine construction de son caractère, il risque de recevoir le message erroné qu’il n’a de l’importance que lorsqu’on s’occupe de lui… Est-ce ce qu’on veut pour lui ?

Laissons-le agir, laissons-le se prendre en charge, et encourageons-le à contribuer.

« On aide mieux en aidant moins » « écrivait Haïm Ginott.

Et puis, avoir de l’importance, c’est aussi exercer son pouvoir personnel.
Eh oui, on en parle moins, mais c’est également fondamental : un enfant a un vrai besoin de pouvoir !
C’est ce qui lui permet de se construire comme une personne à part entière, autonome et sachant exercer son libre arbitre.
Quand on passe notre journée à lui donner des ordres qu’il est censé exécuter sans discuter, on ne lui offre aucun pouvoir, et il y fort à parier qu’il entrera alors dans ce qu’on appelle à juste titre des luttes de pouvoir !!
A l’inverse, plus nous donnerons l’occasion à l’enfant d’exercer son pouvoir de décision, plus nous lui permettrons d’être utile, plus il se sentira avoir de l’importance, et cela se ressentira sur son comportement.

Comment l’aider sur ce point-là ?
Ce pouvoir personnel peut être transmis sur plusieurs fronts :

  • par l’autonomie (plus il fait seul, et plus il se sent capable)
  • par la contribution dans la famille : ne pas hésiter à lui confier une tâche, ou à lui demander de l’aide
  • par les décisions qu’on le laisse prendre (à longueur de journée)

Et c’est là que nos compétences interviennent : c’est une chose de comprendre qu’il est bénéfique de laisser l’enfant prendre des décisions, mais encore faut-il savoir comment on peut faire ça ! Heureusement, il existe des techniques.
On peut en trouver un bon résumé dans le chapitre “Communiquer sans imposer” de Poser des limites à son enfant (Catherine Dumontheil Kremer)

Un nouveau regard sur l’enfant

Comprendre ces nécessités de bases, c’est poser un nouveau regard sur l’enfant.
Car les comportements ont un objectif.
Ainsi, voici un autre énoncé d’Adler  “Un enfant qui se comporte mal est un enfant découragé.”
(Lien vers l’article sur l’enfant découragé ici)

Le message inconscient de cet enfant est donc : “Je n’ai pas l’impression d’appartenir ni d’avoir de l’importance, et je ne sais pas toujours comment faire pour changer les choses.”

Ca change la perspective, pas vrai ?

Comme expliqué précédemment, Elizabeth Crary, auteure de Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille, considère que pour éviter les disputes dans la fratrie, il s’agit surtout de développer 4 compétences relationnelles fondamentales. On pourrait même dire que ces disputes représentent une opportunité de les développer ! Comment ? C’est ce que nous allons voir.

Compétence relationnelle n 1 : Développer le sentiment d’appartenance

Les enfants ont un besoin vital de se sentir appartenir, d’appartenir au groupe.
(Rq: cela fait d’ailleurs écho aux nécessités de base dont nous avons pu parler…)
Pour les plus jeunes, cela passe par le regard du parent, qui valide le fait d’appartenir à la cellule familiale. S’il est nécessaire pour obtenir le regard du parent de désobéir aux règles, alors c’est ce qu’ils feront !
Plus tard, si ce sentiment n’est pas assouvi, il peut être la raison pour l’enfant de rejoindre une bande…
Il est donc naturel de chercher de l’attention, à nous de leur enseigner que nous ne sommes pas les seuls à pouvoir répondre à ce besoin : frères et soeurs, amis, peuvent aussi être des sources d’attention.

Le rôle des parents

Bien sûr, c’est fatigant, parce que le besoin d’attention de l’enfant est parfois inextinguible. Mais cela vaut la peine d’essayer d’y répondre. Sinon, l’enfant risque fort de préférer l’attention négative que pas d’attention du tout, ce qui, réfléchissons-y, sera encore plus fatigant pour nous !
Les tout petits ne peuvent comprendre que nous ne répondions pas de suite à leur besoin, pour les plus grands, la réponse peut être différée.

Il existe maintes manières de donner son attention. A nous de choisir de le faire de la façon qui nous convient, que ce soit simplement par un geste tendre, ou par une activité partagée, avant que l’enfant nous y oblige en tirant les cheveux de sa soeur…

Utiliser le parentage STAR

(Je rappelle que le parentage STAR est une méthode en 4 étapes développée par l’auteur de ce livre, Elizabeth Crary. Je l’ai découverte à la lecture de ce livre, et ai écrit un article spécifique à ce sujet.)

Dans cette partie, l’auteure brode à partir d’exemples pour appliquer la méthode STAR, tout en gardant en tête les compétences à développer, et le stade de développement de l’enfant.
Impossible de bien expliquer cela sans entrer dans les exemples eux-mêmes.

Premier exemple :
Le garçon qui enfonce son doigt dans le ventre de son petit frère bébé, jusqu’à le faire pleurer

S : Stop et mise au point
Ce garçon est dans une situation typique de manque d’attention, puisque ses parents sont tres pris par le bébé.

T : Trouver des idées
Eviter le conflit : ne pas laisser les enfants seuls ensemble
Remarquer et valoriser les comportements positifs : “J’ai remarqué que tu avais caressé le bras de ton frère, as-tu vu son sourire ?”
Décider de la manière dont je veux que l’enfant demande : “Si tu as besoin de moi, dis “câlin” et j’arrêterai ce que je fais pour t’en faire un.”
Proposer un choix : “Quand tu veux de l’attention, tu peux venir sur mes genoux, ou me montrer quelque chose”
Réduire les conflits en donnant de l’attention chaque jour : pendant la sieste du bébé par exemple.
Reconnaître sa frustration, son sentiment : “C’est frustrant de devoir me partager.” “Parfois, tu te sens mis de côté…”
Clarifier les limites : “Touche délicatement. Tu as le droit de vouloir être avec moi, ce n’est pas une raison pour embêter ton frère.”
Enoncer une conséquence : “Touche délicatement. Si tu fais pleurer ton frère, je le prendrai dans mes bras et quitterai la pièce.”

Ce qui m’a marquée dans cette étape, et qui m’a donné l’envie de la recopier ainsi, c’est le nombre d’idées et de pistes. Pour vraiment améliorer l’ambiance de la famille, il faut non seulement avoir développé des compétences et des habilités qui nous permettent d’avoir les bonnes idées, mais également se donner le temps de chercher les solutions, comme on l’avait déjà commenté.

Quelques notes personnelles à la lecture de cette liste d’idées
On retrouve ici certaines des habiletés apprises dans nos lectures précédentes (c’est rassurant, on ne part pas complètement de zéro !), en particulier : la validation des sentiments bien sûr (voir premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent), le choix (voir chapitre 3, ou les choix, les choix, les choix), les limites sous la forme positive (voir des règles plutôt que des limites).

A : Agir concrètement
Il faut à présent mettre toutes ces idées en pratique. Pendant une période au moins, s’efforcer à vraiment lâcher ce qu’on fait pour répondre quand on entend “câlin”, valider le sentiment, donner de l’attention. On n’essaye pas encore d’entrer dans la méthode de la conséquence, on se donne d’abord la possibilité de supprimer la cause du problème.
Pendant cette période, il faudra être attentif à ce qui se passe, noter les changements, et bien sûr, faire en sorte de ne pas remettre les enfants en situation de conflit.

R : Revoir et corriger
Au bout d’environ une semaine, faire le point. Voir si ces changements d’attitude ont eu l’effet attendu. Si le problème perdure, cela ne veut pas dire qu’il faudra abandonner, mais ce sera le moment de mettre la conséquence en place.

J’aime le fait que l’auteur inclue cette dernière étape dans sa méthode, cela me fait penser à ce qu’on avait noté à propos de la démarche de résolution de problème, pour laquelle Faber et Mazlish avaient bien ajouté cette étape dans leur livre Parler aux ados pour qu’ils écoutent, les écouter pour qu’ils parlent, dans lequel figure un chapitre qui s’y consacre.

Deuxième exemple :
Le garçon qui dérange sa grande soeur en train de dessiner de façon répétitive.

S : Stop et mise au point
Je note que ce comportement n’est là que depuis que la grande soeur va à l’école : elle a envie d’un moment tranquille quand elle rentre, et son frère au contraire, l’a tellement attendue qu’il veut jouer avec elle de suite.

T : Trouver des idées
Reconnaitre les sentiments
Jouer avec le petit frère à l’heure de retour de l’école
Lui proposer d’inviter un ami ou d’appeler sa grand-mère
Rappeler la règle : Chacun respecte les besoins des autres.
Donner l’exemple (“Ma fille, j’aimerais bien passer un moment avec toi, tu voudrais jouer aux billes avec moi ?”)
Rappeler qu’il faut respecter la réponse
Peut-être leur demander si un système type 15 minutes seuls, puis 15 minutes ensemble leur conviendrait.

Note : La seule idée que je décide ici de ne pas recopier, c’est celle qui consiste à récompenser le garçon quand il n’embête pas sa soeur. J’ai lu maintenant pas mal de choses contre les méthodes de récompenses. Je sauterai donc systématiquement ce qui s’y rapportera dans ce livre.

On peut également soulever le cas du renforcement positif : ne pas oublier de saisir les opportunités de noter le comportement respectueux du garçon lorsqu’il apparait : “J’ai vu que tu avais très envie de jouer avec ta grande soeur, et que tu l’avais quand même laissée faire son dessin sans la déranger. Ca n’a pas dû être facile, cela requiert de la volonté !”  Sur ce thème, je commence à me poser de plus en plus de questions. Pour être honnête, c’est une méthode que l’utilise encore, mais je m’interroge.  Je pense que c’est en fait très subtil, et j’attends d’en apprendre plus pour en parler mieux.

Et bien sûr, ne pas oublier les dernières étapes :
A : Agir concrètement
R : Revoir et corriger

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