Dans le chapitre sur la peur de Au coeur des émotions de l’enfant, Isabelle Filliozat sépare le trac. Pourquoi ? Parce qu’elle démontre comment cette peur spécifique peut être tournée en positif.

En effet, avant de se présenter devant les gens, on sent « le coeur qui bat, le ventre serré, la gorge sèche, les mains moites ». Notre corps ressent la peur : c’est le trac !

J’aime bien la façon dont le tourne Isabelle Filliozat : « La peur permet de se remplir d’énergie pour faire face à un danger ou pour se préparer. » Ainsi, ici, on est dans le cas de la préparation : notre corps se remplit d’énergie pour faire face à la situation.

Si on le voit comme ça, on peut accueillir le trac : on est content de le ressentir, parce qu’on sait que notre corps se prépare… On peut trouver des solutions pour canaliser cette énergie (Isabelle Filliozat dit qu’elle regarde les gens, qu’elle se dit qu’elle est heureuse de leur parler, et qu’elle leur envoie des rayons de lumière pour être en contact avec eux… A chacun de trouver sa propre solution !)
Et quand on commence notre intervention publique, alors on utilise cette énergie, et le trac s’en va…

J’aborde ici le chapitre IV de Au coeur des émotions de l’enfant, et c’est le premier chapitre entièrement consacré à une émotion : la peur.

Nombreuses sont les peurs auxquelles peuvent faire face les enfants.
Pour les dépasser, ils vont avoir besoin d’être accompagnés. Il nous faut accepter le fait qu’affronter sa peur peut prendre du temps, ne les forçons pas.
Ce n’est pas en les jetant dans le grand bain qu’on va leur apprendre à surmonter leur peur de l’eau…

Doit-t-on écouter ses peurs ?

La peur, comme toute émotion, est un signal. Elle nous aide à identifier les dangers.
Nous pouvons aider l’enfant à avoir confiance en ses émotions, ce qui, nous l’avons vu (par exemple dans Parents épanouis, enfants épanouis) est fondamental.

Être courageux ne veut pas dire ne pas avoir peur, ça veut dire réussir à surmonter sa peur. Selon Isabelle filliozat, « Une peur a une raison d’être, même si cette dernière est obscure pour l’adulte ». Bien sûr, il est certaines peurs qui sont démesurés, déplacées. Ce sera à nous d’écouter l’enfant pour l’aider à les comprendre et les surmonter.

Les peurs les plus fréquentes

On parle entre autres des bruits forts, des contes de fées, du premier contact avec les gens, du professeur. Tant de choses importantes que j’ai décidé d’y consacrer des articles différents.

Les enfants aiment-ils avoir peur ?

On peut se le demander, quand on voit comme certaines sources de peurs peuvent fasciner les enfants ! Ainsi, ils reviennent fréquemment à la page du livre sur laquelle est dessiné le monstre… En fait, c’est probablement une manière de faire face à sa peur. L’enfant essaye de comprendre ce qui se passe. 

Si la peur s’installe dans la durée, on peut l’aider à l’extérioriser, en en parlant bien sûr (c’est ce que nous avons fait quand Léon avait peur du manati) ou, comme pour la colère, en l’encourageant à dessiner sa peur.
On peut aussi basculer dans l’imaginaire, (encore, je sais !) en interagissant avec l’objet de la peur : on peut danser avec le monstre, on peut s’attaquer au dragon. Ici, Isabelle Filliozat raconte que quand son fils avait peur du dragon, et qu’elle lui a demandé ce qu’il ferait s’il en rencontrait un, il a répondu : « Je le tuerais, je lui couperais le ventre, je lui donnerais un cadeau, je vais l’apprivoiser. » Je suis marquée par l’évolution dans le discours quand l’enfant se met à s’imaginer dans la situation…

Comment aider l’enfant à traverser ses peurs ?

Parfois mon esprit cartésien d’ingénieur se trouve un peu débordé par les écrits d’Isabelle Filliozat, que je ne juge pas toujours bien structurés. Cette fois cependant, elle propose un cheminement en étapes pour aider l’enfant à traverser sa peur.

1- Respecter l’émotion
On rejoint ce qu’on a déjà lu avant, par exemple dans Parents épanouis, enfants épanouis, l’émotion est valable par le simple fait qu’elle est. Nous ne comprenons peut-être pas la peur de l’enfant, elle peut nous sembler ridicule, mais elle a forcément une raison d’être. Respectons-la ou l’enfant ne nous fera pas confiance.

2- Écouter
Ici, on va aider l’enfant à découvrir les raisons de sa peur en l’encourageant à les préciser.
« Qu’est-ce qui te fait le plus peur ? », permettra de ne pas rester dans le vague. La peur du chien est vague, celle qu’il aboie, ou qu’il lèche est plus précise !

3- Accepter et comprendre
C’est l’étape de validation de l’émotion. Celle dont on a déjà souvent parlé. On se contente d’accepter, on fait preuve d’empathie.

4- Moi aussi/dédramatiser
On a bien reçu le vécu de l’enfant, on peut à présent parler de nos propres émotions, passées ou présentes. Partager une de nos peurs avec lui, une vraie, et si possible, une qu’il ne ressent pas, pour lui donner une image forte de lui-même, cela l’aidera pour la suite !

5- Chercher ses ressources, intérieures et extérieures
L’idée est ici de lui permettre de se remémorer un moment où il a su surmonter une peur. « Tu te rappelles une peur que tu avais et que tu n’as plus ? » On peut l’aider à s’en souvenir : « Tu te souviens quand tu as été invité à dormir pour la première fois ? »

On lui laisse le temps de se rappeler, d’évoquer ses sensations. Puis on lui rappelle ce qu’il s’est passé ensuite, comment il a dépassé sa peur. « Est-ce que tu vois comment tu pourrais utiliser cette expérience pour la peur que tu as de ce chien ? »

6- L’aider à libérer son énergie
Les émotions sont liées à des sensations physiques. Chacune à celles qui lui correspondent.
Quand on a peur, écrit Isabelle Filliozat, on a le diaphragme contracté. Mais ça marche aussi dans l’autre sens : si on le détend, ça aide à évacuer la crainte ! Donc : crier, chanter, respirer profondément !

Une autre méthode consiste à s’imaginer être quelqu’un d’autre, quelqu’un qui n’aurait pas la même peur dans la même situation.
C’est marrant, c’est exactement ce que m’a raconté ma copine Julieta. Quand elle est sortie faire du roller avec sa fille Sol (8 ans), Sol faisait bien les mouvements tant qu’elle tenait la main de sa mère, mais perdait tous les moyens lorsqu’elle ne tenait plus. La peur la bloquer. Alors, Julieta lui a parlé de mon fils, Oscar : « Tu vois comment Oscar avance, sans hésitation, imagine que tu es lui ! » Sol s’est libérée, et s’est mise à rouler…

7 – Satisfaire le besoin d’information
Maintenant que l’enfant n’est plus immobilisé par sa peur, il lui faut des informations pour savoir s’il y a danger ou non. Bien sûr, c’est ce qui lui permettra de ne plus avoir peur, mais si l’explication vient trop tôt (avant la réception de l’émotion), elle ne sera pas entendue…

8 – Faire élaborer différentes réponses possibles face à la peur
On peut enfin l’aider à formuler plusieurs options, et les évaluer. « Si tu fais ça, que se passera-t-il ? »…

Ce qu’il faut garder en tête : pour faire face à la peur, il faut que ce soit l’envie qui l’emporte : l’envie de se baigner aidera à surmonter sa peur de l’eau… Alors : qu’est-ce qui va transformer la peur en envie ? C’est un désir qui doit venir de l’envie. Quand le désir naitra, la peur disparaitra. A l’inverse, si c’est notre désir qui le guide, il agira sous la contrainte. Or, « la contrainte engendre la peur ! »

Pour terminer ce sujet de la peur, Isabelle Filliozat étudie encore 2 cas de figure :
celui du trac, et comment l’utiliser
et celui de l’enfant chez qui la peur est installée… le « peureux ». (Article encore en cours d’écriture).

Il n’est pas rare de qualifier de timide un enfant qui n’est pas à l’aise au premier contact.

Seulement, nous connaissons maintenant le piège de l’étiquette, alors essayons de ne pas faire passer cette image à notre enfant.

Ce n’est pas une mauvaise que notre enfant prenne le temps de se sentir lui-même en confiance avec la personne en face pour se mettre à lui parler. Ca nous sera même utile quand on cherchera à lui enseigner, non pas de ne pas parler aux inconnus, mais bien de savoir distinguer les inconnus auxquels on peut parler et ceux dont il vaudrait mieux s’éloigner… C’est une des fonctions de la peur ressentie.

Laissons-lui donc un temps d’observation.

Le problème : en général, ce n’est pas lui, c’est nous face à la pression sociale : on a honte de notre enfant qui ne dit pas bonjour. Si c’est le cas de votre enfant, vous pouvez trouver votre astuce. Je me contente en général de rappeler que « Quand on retrouve des gens, on leur dit bonjour. », mais si ça ne marche pas, ne pas hésiter à être simple face aux autres : « Nous sommes encore en train de travailler là-dessus…. », avec éventuellement en complément : « Tu me diras quand tu seras prêt à dire bonjour. »

C’est aussi simple que ça ! (Parce qu’après tout, de nouveau : qu’est-ce qui est le plus précieux pour moi ?)

Et si vous faites face à des peurs, liées ou non au premier contact, je vous encourage à lire les conseils donnés par Isabelle Filliozat pour aider l’enfant à traverser ses peurs

Lisez-vous les contes de fées classiques à vos enfants ?

Je me rends compte que les miens manquent de références dans ce domaine…
Parfois, certaines histoires font une allusion au Petit Poucet, au Petit Chaperon Rouge, et mes enfants ratent complètement l’allusion !
Pourquoi ? Parce que je déteste ces contes de fées !!

Voyons… Quel modèle donnons-nous à nos enfants en leur lisant le Petit Poucet ? On lui enseigne que des parents qui n’ont plus le sou vont abandonner leurs enfants dans la forêt… Que les ogres aiment manger les enfants… et qu’ils n’hésitent à leur couper la gorge pendant la nuit (si, si, rappelez-vous, le Petit Poucet s’est montré malin, il a encouragé ses frères à mettre les bonnets de nuit des filles de l’ogre, de sorte que celui-ci a en fait tranché la gorge de ses filles…), mais tout est bien qui finit bien, puisque les enfants finissent par voler l’argent de l’ogre (parce que les gentils ont le droit de voler les méchants), et qu’alors, avec de l’argent, les parents sont contents de les revoir !
Non merci, j’aime mieux qu’ils ratent les références…

Alors, quand je lis dans Au coeur des émotions de l’enfant, qu’Isabelle Filliozat s’en écarte également, je me sens plus sûre de moi. Ces contes créent de la peur chez les enfants encore en construction…

Aujourd’hui, l’image du loup dans les histoires est bien changée, alors penchons-nous sur ces histoires nouvelles, et oublions pour le moment les contes traditionnels !

Et si vous faites face à des peurs, liées ou non aux contes de fées, je vous encourage à lire les conseils donnés par Isabelle Filliozat pour aider l’enfant à traverser ses peurs

Et voici enfin la 4è et dernière compétence clef présentée comme fondamentale par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.

(Tout comme dans le résumé du chapitre précédent, je conseille aux lecteurs de commencer par lire l’article du livre, en lien ci-dessus, avant de s’attaquer à cet article-ci.)

Compétence relationnelle n 4 : Résoudre les problèmes

Je trouve ce chapitre très intéressant : en plus d’étapes de résolution de problème, il s’étend sur le pouvoir, les différents types de pouvoir, et comment on peut les utiliser. De même que dans le chapitre précédent, lorsqu’on parlait d’émotions, il était suggéré d’aider les enfants à développer leur vocabulaire émotionnel, de même ici l’auteure suggère d’aider les enfants à identifier les différents types de pouvoir exercés dans les différentes situations.

Nous nous intéresserons donc d’abord aux différents pouvoirs, puis nous entrerons concrètement dans

  • les étapes pour résoudre un problème
  • les étapes pour aider les enfants à négocier
  • les étapes pour faire face au pouvoir destructeur

Avant d’arriver dans la partie du chapitre qui présente, comme dans les autres chapitres, les étapes du parentage STAR face à des exemples précis.

Cette partie du chapitre sur les pouvoirs est tellement riche en informations que j’avais presque envie d’en faire un article à part entière. Je le ferai peut-être d’ailleurs un jour. Pourtant, l’auteure a bien choisi de le mettre dans ce chapitre, alors je vais respecter cette démarche et le présenter ici.

Ce que les enfants ont besoin de savoir sur le pouvoir

Pour savoir de quoi l’on parle, il s’agit d’abord de différencier les différents types de pouvoir.

Selon Elizabeth Crary, il existe 2 sortes de pouvoir :

  • le pouvoir positionnel
  • le pouvoir personnel

Comme son nom l’indique, le pouvoir positionnel dépend de notre position dans la relation : les parents ont un pouvoir positionnel sur leurs enfants, les profs sur leurs élèves, les patrons sur leurs employés… C’est un pouvoir sur les autres.

Le pouvoir personnel est le pouvoir qu’a chaque personne sur elle-même. C’est notre pouvoir personnel qui nous permet d’agir et de réagir, en fonction des options à notre disposition.

Ainsi, on a tous un pouvoir personnel, même si certains ne l’utilisent pas, et certains ont un pouvoir positionnel.

Ensuite, bien sûr, il existe différentes manières d’exercer son pouvoir, différentes formes que peut prendre le pouvoir :

  • le pouvoir coercitif
  • le pouvoir de persuasion
  • le pouvoir coopératif

Le pouvoir coercitif : c’est quand on a le pouvoir d’obliger quelqu’un à faire quelque chose, par notre position, ou notre taille physique ! Ca peut être sain (comme lorsqu’un adulte rattrape l’enfant qui allait traverser la rue), ou être néfaste (quand on frappe par exemple). Dans tous les cas, il cause de la peur et du ressentiment.

Le pouvoir de persuasion : cette fois, on obtient ce qu’on veut, mais par des méthodes plus douces (flatterie, récompenses, coudoiement…) . Là encore, ce pouvoir peut être employé de manière saine (quand on persuade un malade de prendre ses médicaments par exemple), mais il peut être destructif, car il peut avoir pour effet de détruire l’estime de soi de celui qui a été manipulé.

Le pouvoir coopératif : Le pouvoir coopératif est un pouvoir partagé. Les besoins de chaque personne sont considérés. C’est évidemment celui dont on cherche à développer l’usage dans la fratrie !

Il est important de noter que
1- personne n’a un contrôle absolu. Eh oui, les enfants vont faire face à des situations qu’ils ne peuvent pas contrôler, et ce n’est pas toujours évident à accepter…
2- On a toujours le choix. En effet, on n’a pas toujours le contrôle sur la situation, mais on on contrôle la manière dont on y répond. Là réside notre pouvoir personnel.
3- Les solutions rapides risquent de se retourner contre nous. C’est également ce point qui nous aidera à diriger les enfants vers le pouvoir coopératif : parce qu’ils vont se rendre compte que l’usage d’un pouvoir coercitif, par exemple, risque de se retourner contre eux… (Si mon fils arrache le jouet de son frère, son frère hurle, et je vais intervenir pour rendre le jouet à celui qui l’avait…)

Le rôle des parents 

Nous ne reviendrons jamais assez dessus: les enfants apprennent énormément en nous observant ! Il s’agit donc de modeler notre attitude sur celle que nous voudrions qu’ils adaptent : montrons-leur comment nous négocions avec notre conjoint, n’utilisons pas le pouvoir coercitif face à eux (Bien sûr, ça peut marcher à court terme, mais c’est aussi ce qu’ils apprendront à utiliser dès qu’ils seront eux-même en position de le faire… On est ici au coeur de la parentalité positive : que voulons-nous enseigner à nos enfants ?) !

Soyons clair sur qui a du pouvoir positionnel sur les enfants (l’ainé en a-t-il sur le plus jeune par exemple ? Ca dépend des familles, peut-être des moments. Quelle que soit la situation, il est bon que ce soit clair pour tous…), sur les règles qui sont négociables et celles qui ne le sont pas. (Chez nous, le port de la ceinture dans la voiture n’est pas négociable par exemple). Beaucoup de règles négociables peuvent être discutées, mettant en jeu un pouvoir coopératif !

Enfin, on peut aider les enfants à s’y retrouver dans tous ces types de pouvoir et leur utilisation en les exerçant à les observer. Ca peut être dans une situation réelle, observée, ou dans des histoires… Il est clair que le Renard de La Fontaine, flattant le Corbeau pour parvenir à ses fins fait appel au pouvoir de persuasion… On peut même les encourager à broder : « Qu’aurait-il pu essayer d’autre pour obtenir ce qu’il voulait ? »

Cette faculté d’analyse de la situation les aidera, lorsqu’ils feront face à une situation problématique, à savoir si le problème n’est que le problème, auquel cas ils feront appel aux étapes de résolution de problèmes présentées ci-dessous, ou si le problème est le pouvoir, auquel cas ils auront besoin de compétences spécifiques pour faire face aux pouvoirs destructeurs, qu’on va voir plus loin.

(Je vous avais bien dit que c’était un chapitre riche !!)

Les étapes pour résoudre un problème :

Deux remarques préalables :
Les étapes suggérées ici ressemblent de très près à celles du parentage STAR. La seule différence est la première étape (Stop et mise au point) divisée ici en 2 points : Se calmer et Identifier le problème.

Ces étapes ressemblent également à celles proposées par Faber et Mazlish , avec pour différence que ces dernières insistent sur l’expression des points de vue. Il faut dire que c’est une situation un peu différente : Faber et Mazlish s’intéresse à la résolution d’un problème entre parents et enfants, il est donc nécessaire que chaque point de vue soit clair. Elizabeth Crary s’applique, elle, à décrire les étapes que peut suivre un enfant seul pour essayer de résoudre un problème face à son frère ou sa soeur qui l’embête…

1. Se calmer
Avant de pouvoir se mettre à réfléchir à des solutions, il faut être en mesure de ne pas se laisser emporter par sa colère…

2. Identifier le problème
Une fois que l’enfant est calme, il peut essayer d’observer la situation pour comprendre ce qui ne fonctionne pas. Par exemple : « Je voudrais voir mon film et elle veut jouer avec moi… »

3. Trouver des idées
C’est le moment de trouver plusieurs idées (exactement comme quand c’est le parent qui réfléchit) : « Je peux.. aller demander de l’aide à maman; jouer avec elle devant le film; lui prêter mon nouveau livre en attendant que le film se finisse, lui proposer de voir le film avec moi… »

4. Agir concrètement
L’enfant peut alors choisir ce qu’il va essayer de faire. Ca demande de juger les idées. Par exemple « Je ne veux pas lui prêter mon nouveau livre, elle risque de l’abîmer. » Puis de choisir laquelle on va suivre. « Je vais lui proposer de voir le film avec moi. »

5. Revoir et corriger
L’enfant évalue le résultat. Si ça ne marche pas, il passe à l’idée suivante, jusqu’à ce il trouve la bonne. Et il peut ensuite se sentir fier de lui, parce qu’il a réussi à résoudre la situation !

Les étapes pour aider les enfants à négocier

Cette fois, la résolution du problème se déroule entre 2 enfants. Au début, il conviendra probablement que les parents soient facilitateurs, le temps que les enfants intègrent eux-mêmes ces étapes, et soient en mesure de les mettre en application. Il s’agit uniquement de les accompagner, leur donner le cadre. Au fur et à mesure, ils deviendront de plus en plus autonomes dans cette démarche.

1. Proposer aux enfants de tenter de résoudre ensemble le problème.
« Asseyons-nous et voyons si vous pouvez trouver une solution ensemble. »

2. Aider les enfants à recadrer le problème en restant neutre
« Toi, tu voudrais… et toi, tu voudrais… Comment pouvez-vous vous organiser de manière que chacun d’entre vous soit heureux ? »

3. Encourager la quantité d’idées
Comme dans le cas précédent, avant d’arriver à une bonne solution, il ne faut pas hésiter à être créatif. A ce stade, ça peut être des idées farfelues, peu importe, c’est le nombre qui aidera à trouver une idée qui marchera. Piège : essayer de résister à la tentation de suggérer des idées. Je sais, c’est dur… Le problème, c’est que les enfants risquent de penser que leurs idées sont moins productives que les nôtres et perdre l’envie de participer. Alors que justement, on veut leur enseigner à adopter cette démarche sans nous !

4. Aider au processus de choix, et vérifier que la décision soit satisfaisante pour les 2 enfants.
« A ton avis, quelle idée conviendrait le mieux à la fois pour toi et pour ton frère ? », puis à l’autre enfant « Est-ce que l’idée de ton frère te convient ? » Si la réponse est négative, on continue jusqu’à trouver un accord.

5. Revoir la décision avec les enfants
« Est-ce que l’idée que vous avez essayée a marché ? Est-ce que vous avez le sentiment que c’était juste pour chacun de vous ? »

Et voilà, encore une fois, en tapant ça, je réalise que, comme dans le cas de la résolution de problème entre frères et soeurs proposée par Faber et Mazlish, je rate systématiquement la dernière étape !! J’ai du mal à penser à revenir dessus une fois qu’on est passé à autre chose, il faudrait vraiment que ce soit un effort conscient !

Comme quoi, on a beau se le dire, on met bien du temps à progresser… Une nouvelle occasion de s’en rendre compte, de se féliciter de ce qu’on fait déjà et ne pas se sentir coupable. Nous sommes sur un chemin, et on avance, peu à peu. C’est ce qui compte.

Dans quelques mois peut-être, je relirai cet article, et je me rendrai compte que cette étape est à présent intégrée à ma manière de faire…

Les étapes pour faire face au pouvoir destructeur

Faire face au pouvoir destructeur est très difficile, et les enfants auront besoin d’aide.

1. Se recentrer
D’abord, il s’agit de garder la maîtrise de soi, ce qui est déjà un défi. L’auteure liste ici des idées diverses : « respirer profondément, compter jusqu’à 10, regarder par la fenêtre, imaginer l’autre personne couverte de boue… ».

2. Clarifier la situation
Simplement remettre les faits à plats, aider l’autre à se concentrer sur la situation en posant des questions.

3. Définir ses souhaits
On exprime ici ce qu’on l’on voudrait qu’il se passe, afin que ce soit clair pour tous. (Note perso : ces étapes me font rudement penser à la CNV – Communication Non Violente – . Et c’est bien ce dont il s’agit, n’est-ce pas ? Finalement, quelqu’un qui cherche à utiliser un pouvoir néfaste est en plein dans la communication violente !)

4. Requérir une action
Il s’agit ici de préciser ce qu’on attendrait de l’autre, en étant spécifique (on est encore dans la lignée de la CNV). J’ai bien écrit « attendrait », au conditionnel : c’est une demande, pas un ordre, sinon l’on n’obtiendra rien.

5. Revoir ses choix
A ce stade, 3 possibilités : Négocier, Bouger, Chercher de l’aide.
La négociation est évidemment signe de réussite : on a pu faire face au pouvoir néfaste de l’autre, on lui a permis de voir notre point de vue sur la situation, et à le faire entrer à notre table de négociation, celle où l’on va utiliser le pouvoir coopératif !
Bouger est un abandon : ça ne fonctionne pas, je m’éloigne de la personne. (Pas un échec cependant : on a quand même fait face !)
Demander de l’aide, enfin, est également pour l’enfant une manière d’utiliser son pouvoir personnel face au pouvoir néfaste auquel il fait face. Dans le cas d’un harcèlement par exemple. un enfant ne peut pas y faire face seul, et il faut qu’il sache identifier les situations dans lesquelles il devra demander de l’aide.

Dans le concret, qu’est-ce que ça pourrait donner ?
Prenons le cas où Camille  détruit la tour de Léo. Comment peut-il réagir face au pouvoir néfaste de sa soeur ?
1. Se recentrer : Léo peut respirer profondément et penser « Je peux décider de la manière dont je vais répondre. »
2. Clarifier la situation : « Tu as fait exprès de détruire ma tour. »
3. Définir ses souhaits : « J’aimerais que tu gères tes problèmes toi-même plutôt que de m’en faire subir les frais. »
4. Requérir une action : « Est-ce que tu veux bien m’aider à reconstruire ma tour ? » (Camille : « non ! »)
5. Revoir ses choix : essayer de bouger : « OK, je vais aller la construire dans ma chambre. »

Pas mal, hein ? Si on arrive à enseigner ces compétences à nos enfants, on aura bien avancé !!
Pour être honnête, je m’en sens assez loin…

Il est quand même précisé qu’évidemment, toutes ces compétences demandent du temps pour être développées. Pour référence, Elizabeth Crary estime qu’un enfant développe en général entre 3 et 6 ans ses capacités de résolution de problèmes. Il ne commence qu’après à être capable de faire face au pouvoir destructeur…

Utiliser le parentage STAR
(Pour savoir ce qu’est le parentage STAR, voir cet article)

Comme pour les premières compétences (l’appartenanceles limites, et les émotions), l’auteur applique la méthode STAR à des exemples, en gardant bien en tête la compétence à développer, et l’étape de développement de l’enfant.

Je vais encore une fois développer ici un des exemples (qui correspond à celui illustré du point de vue de l’enfant dans la partie « Les étapes pour résoudre un problème » ci-dessus.)
Yoann, 9 ans, regarde un film, tranquillement. Erica, 4 ans, s’approche de lui et lui chatouille les pieds. Il lui demande d’arrêter, elle continue ; il cache ses pieds, elle cherche à le pousser, tombe et se cogne…

S : Stop et mise au point
Yoann et Erica se disputent souvent autour de la télévision. Ils ont besoin d’apprendre à régler ensemble leurs conflits. Il va falloir leur enseigner à négocier.

T : Trouver des idées
Eviter les problèmes : je peux inviter un ami d’Erica pour qu’elle joue avec lui.
Enseigner de nouvelles compétences : Je vais introduire le processus de résolution des problèmes avec un livre sur le sujet, et en discuter avec eux.
Donner le choix entre 2 options : « Si tu veux quelque chose, tu peux négocier, ou attendre. »
Remarquer les améliorations : « Yoann, tu as réfléchi à une façon de réagir quand Erica t’a poussé les pieds, j’ai remarqué ça. »  –  « Erica, tu as demandé à Yoann si tu pouvais t’asseoir à côté de lui, c’était une bonne idée. »
Reconnaître les émotions : « C’est frustrant quand quelqu’un t’embête quand tu veux te concentrer. »   –  « Erica, tu te sens ignorée. Tu aimerais que Yoann joue avec toi. »

A : Agir concrètement
Erica a 4 ans. Elle est assez grande pour commencer à utiliser la négociation. Je vais les aider à utiliser le processus de résolution de problème pour trouver une solution.

R : Revoir et corriger
Pendant une semaine, je vais observer les progrès.

Avant de terminer ce résumé, j’ajouterai une note de l’auteur, qui me semble importante :

Parfois, les parents ont un fort besoin de contrôle. Quand ce contrôle est trop développé, les enfants peuvent croire qu’ils n’ont pas de pouvoir personnel.
Il faut donc bien faire en sorte de leur en laisser.

D’autre part, pour les aider à se respecter, insistons sur l’utilisation respectueuse du pouvoir, avec des règles positives. Ne sommes-nous pas bien au coeur de l’éducation positive ??

Retour à l’article du livre.

Un chapitre intéressant du livre Au coeur des émotions de l’enfant, d’Isabelle Filliozat, intitulé « Il m’énerve avec ses jérémiades« . On a beau savoir qu’il est important de recevoir les émotions de nos enfants (on l’a déjà vu dans les oeuvres de Faber et Mazlish, d’Isabelle Filliozat, d’Elizabeth Crary…), on se retrouve parfois simplement exaspéré !

Selon Isabelle Filliozat, plusieurs hypothèses sont possibles :

1- On est épuisé.

Quand un enfant est fatigué, c’est flagrant, il réagit beaucoup plus fort, il est beaucoup plus râleur, on l’a tous constaté. (Je l’ai vécu cet après-midi même !)
Et bien il en est de même pour nous : quand on est épuisé, on se met en colère « pour un rien ».
Alors parfois, osons poser la limite : la lessive ne se fera pas, il vaut mieux se poser, aller se coucher plus tôt. Si on n’est pas reposé, on aura forcément moins de patience !

2- Nos besoins sont en compétition avec ceux de nos enfants

Quand on est soi-même en colère, et qu’on refuse de le reconnaître, les enfants sont souvent capable de s’en apercevoir. Ils ne savent alors plus sur quel pied danser, ils vont probablement avoir un comportement qui déclenchera notre colère. Effet secondaire intéressant d’ailleurs : quelque part ils nous aident à faire sortir notre émotion ! Dommage seulement que ce soit contre eux…

Mais c’est également à nous de reconnaître nos limites, de les poser, de les communiquer. C’est ce qu’on a déjà vu dans ce même livre sur nos besoins en compétition, et ça rejoint également ce que disait Elizabeth Crary sur la nécessité de montrer le modèle en termes de limites.

3- L’émotion exprimée n’est pas juste, c’est une émotion parasite.

Le jour où je prendrai enfin le temps de finir d’expliquer les choses apprises dans mon stage de «  », j’expliquerai mieux le concept de l’émotion parasite.

On parle ici d’une émotion qui en cache une autre. Il est possible, tout comme pour nous dans le cas précédent, que la source de la colère exprimée par l’enfant ne soit pas celle qu’on voit : il s’énerve contre son frère parce qu’il est en colère contre son copain…
Seulement voilà, et c’est ce qui biaise souvent les réactions : si l’émotion exprimée n’est pas juste, on est incapable de la recevoir ! Il faudrait ici avoir le recul suffisant pour réfléchir avant d’agir, pour identifier ce qui peut se cacher…

Pour en avoir plus sur les émotions parasites, dont j’ai plus entendu parler lors de mon stage de  grammaire des émotions, vous pouvez aller lire mon article spécifique : les réactions émotionnelles parasites. 

4- C’est une émotion que l’on ne se permet pas.

Il arrive que nous ayons appris à refouler un certain type d’émotion. On n’a pas le droit d’avoir peur, ou de pleurer, ou d’exprimer sa colère… alors on ne supporte pas que nos enfants le fassent. L’exemple le plus classique est probablement le père « fort » qui ne peut pas accepter que son fils se montre « faible » en termes d’émotions…
C’est difficile de se remettre en question sur ce point, parce que comprendre qu’on a appris à s’interdire une émotion, c’est également remettre en cause nos propres parents… Le veut-t-on ?

5- Cela nous rappelle notre enfance.

Là, on va encore un cran plus loin que dans le point précédent : l’émotion de l’enfant nous renvoie à une blessure de notre enfance.
C’est une idée que j’ai déjà régulièrement vue, et dont je notais précédemment qu’elle me restait distante, mais il reste nécessaire de revenir dessus, parce que c’est visiblement un problème courant. Dans certains cas, on ne peut bien écouter son enfant que si on guérit de nos propres blessures. Il s’agit d’accepter notre colère d’enfant, rencontrer l’enfant en question, le comprendre. Certains parents auront pour cela besoin d’aide.

Retour vers l’article du livre

L’écoute emphatique, au coeur de la réception des émotions.

Il est donc naturel qu’Isabelle Filliozat en parle dans Au coeur des émotions de l’enfant.

On est ici dans l’intersection entre la parentalité positive et la communication non violente, avec la technique de reformulation, expliquée ainsi :

« En reformulant, vous ne jugez pas, vous ne commentez pas, vous n’intervenez pas, vous accueillez simplement le sentiment de l’enfant. Il se sent alors reconnu, validé. Il acquiert le sentiment qu’il a le droit de sentir par lui-même, d’exprimer, et qu’il peut faire confiance à son ressenti. »

Alors que je viens de lire cette phrase, Anatole (presque 3 ans), qui était aux toilettes, s’approche de moi :
« J’ai pas envie de me laver les mains. ».
Tiens… il tombe bien ! J’essaye la reformulation :
« Ah oui je vois, tu n’as pas envie de te laver les mains…
– non.
– Tu préfères garder les saletés sur tes mains ?
– oui
– Je vois… Cependant, quand on fait pipi, après on se lave les mains. »
(Juste un rappel de la règle générale, sans entrer dans l’ordre de ce qu’il doit faire.)
Magique : Anatole repart se laver les mains.

Merci Isabelle !

Retour vers l’article du livre

Nous abordons ici la 3è compétence clef présentée comme fondamentale par Elizabeth Crary dans Arrête d’embêter ton frère, laisse ta soeur tranquille.

(Tout comme dans le résumé du chapitre précédent, je conseille aux lecteurs de commencer par lire l’article du livre, en lien ci-dessus, avant de s’attaquer à cet article-ci.)

Compétence relationnelle n 3 : Gérer les émotions

Ceux qui fréquentent déjà ce site savent que les émotions sont un sujet récurrent et fondamental. Fondamental au sens même de fondation, dans la relation que l’on cherche à mettre en place quand on chemine vers la parentalité positive. Je vais donc essayer de faire passer ici les idées comme elles sont dans le livre, tout en renvoyant à ce qu’on a déjà vu…

Voici donc ce qu’Elizabeth Crary dit sur « Ce que les enfants ont besoin de savoir sur les émotions » :

  • Un vocabulaire émotionnel

Dans le premier chapitre de Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, l’un des conseils donné pour valider les sentiments était de donner un mot au sentiment.
Plus le temps passe, et plus je me rends compte du pouvoir des mots.
Et savoir nommer ses émotions nécessite d’abord d’avoir du vocabulaire.
Il est difficile d’exprimer la différence entre du bleu roi et du bleu marine si personne ne nous a enseigné ce vocabulaire. Il en va de même pour les émotions.
Je me rends compte que c’est une de mes failles.
Certes, j’écoute l’émotion de mes enfants, mais je ne leur offre pas un vocabulaire varié en la matière. Anatole me dira “Mamaaaaaan, Léon m’a pris ma voiture et ça m’a rendu triste !”
“Triste” est devenu un mot un peu passe partout, pour dire qu’il ne se sent pas bien.
Pourtant, comme l’écrit ici Elizabeth Crary,  il y a bien des nuances dans les sentiments : on est embêté, énervé, ou furieux; on est hésitant, effrayé, ou pétrifié…
Essayons de leur donner la palette des couleurs, pour les aider à identifier ce qu’ils ressentent.
Peut-être faut-il pour ça commencer par savoir décrire ce que l’on ressent soi-même ?

  • Les émotions ne sont ni bonnes ni mauvaises

On l’a déjà vu : “L’ émotion est valable par le simple fait qu’elle existe » dit le Dr Haim Ginott.
Cette idée d’accepter l’émotion pour ce qu’elle est, sans la juger, me fait profondément penser aux principes de pleine conscience…
Pour Elizabeth Crary, l’émotion est une information. Par exemple, la peur peut nous renseigner sur le fait que nous devons être sur nos gardes…
Quand nous nions les sentiments « nous enseignons à l’enfant à ne pas avoir confiance en ce qu’il éprouve ». Je me souviens encore de la façon dont j’avais été marquée par le chapitre sur l’enfant qui se fait confiance, dans Parents épanouis, enfants épanouis.

  • Les sentiments changent

Les enfants vivent dans le présent. Ils n’ont pas encore bien conscience que ce qu’ils ressentent passera. Plus cette conscience progressera, plus il sera facile de faire face à leurs émotions.

  • Sentiment et action sont différents et à séparer

Comme on l’avait écrit dans le résumé du chapitre 2 de Parents épanouis, enfants épanouis, « tous les sentiments sont autorisés, les actions sont limitées. » Et c’est ce que les enfants vont devoir apprendre. Une émotion n’entraîne pas obligatoirement telle ou telle action. Plus l’enfant a d’options, mieux il saura faire face.

  • Il existe de nombreuses façons d’exprimer ses sentiments

Certaines sont utiles, d’autres font mal. La technique la plus fondamentale est probablement de savoir rétablir le calme en soi. Pour cela, on peut trouver plusieurs idées : des façons de bouger, de faire du bruit, de penser, de se réconforter, de créer (vous vous souvenez de l’idée du dessin ?), de faire de l’humour… Certaines idées viendront spontanément à l’enfant, d’autres devront lui être suggérées, ou montrées.

Elizabeth Crary a d’ailleurs écrit une série de petits livres à destination des enfants, remplis de différentes façons de réagir face à un sentiment. Léon et moi avons commencé à lire « I feel frustrated », et c’est très bien fait. Ca n’existe malheureusement pas en français, mais c’est un bon moyen de proposer différentes réactions aux enfants. Je ferai un article dessus prochainement.

Le rôle des parents

Comme on peut s’y attendre, le rôle des parents suit les points précédents sur ce que les enfants doivent savoir sur les émotions.

  • utiliser un vocabulaire émotionnel, tant pour partager ce que nous ressentons que pour refléter ce qu’ils semblent ressentir.
  • faire la différence entre sentiment et comportement
  • clarifier les limites
  • enseigner des compétences pour gérer les émotions

Utiliser le parentage STAR

(Pour savoir ce qu’est le parentage STAR, voir cet article)
Comme pour les premières compétences (l’appartenance et les limites), l’auteur applique la méthode STAR à des exemples, en gardant bien en tête la compétence à développer, et l’étape de développement de l’enfant.

Je vais développer ici, pour plus de clarté, un des exemples :
Jean-Marc part à un camp scout avec son père. Son petit frère, Antoine, a très envie d’y aller aussi. Il insiste, sans succès. Tandis que Jean-Marc prend ses chaussures, Antoine subtilise la lampe de poche. Jean-Marc, ne la trouvant, va voir sa mère et accuse Antoine de l’avoir prise.

S : Stop et mise au point
Antoine est visiblement déçu, mais les choses s’améliorent : il n’a ni frappé, ni cassé quoi que ce soit. il s’agit donc de travailler sur la déception.

T : Trouver des idées
Refléter les sentiments : « Tu es déçu de que ton frère parte camper et pas toi. »
Clarifier les règles : « Je comprends que tu sois déçu, mais tu peux trouver une autre manière d’exprimer tes sentiments »
Donner le choix entre 2 options : « Quand tu te sens déçu, au lieu de cacher les affaires des autres, tu peux faire une activité que tu aimes, ou bien parler à quelqu’un de ce que tu ressens. »
Remarquer les améliorations : « Antoine, j’ai remarqué que tu étais énervé, mais tu t’es souvenu de ne pas frapper. Tu gagnes en maîtrise de soi ! » Note : Pour être efficace, mieux vaut éviter de commenter le mauvais comportement au même moment.
Eviter que le problème ne se pose : Je pourrais organiser des activités sympas pour Antoine, pour qu’il ne se sente pas aussi déçu.
Montrer l’exemple, mettre des mots sur ses propres émotions : « je suis triste que ton papa et Jean-Marc partent camper. Ils vont me manquer. Mais je vais écouter beaucoup de jazz ce week-end parce qu’on ton papa n’aime pas du tout ça, et moi j’adore ! »
Enseigner à Antoine à penser positivement : « Tu peux te sentir déçu de ne pas aller camper, ou content que nous puissions passer du temps ensemble toi et moi»
Rappeler à Antoine qu’il est responsable de ses sentiments : « Tu peux choisir de rester déçu ou de te sentir heureux. Les sentiments changent naturellement si tu les laisses évoluer. C’est ton choix. »

Encore une fois, à la lecture de toutes ces idées, on voit qu’on navigue partiellement en terrain connu, avec la validation des sentiments, le choix, les règles… Mais j’aime voir tous ces exemples, parce que ça donne une perspective bien concrète de ce à quoi on peut arriver quand on prend le temps d’y réfléchir. Comme quoi, encore une fois, c’est bien ça le secret : prendre le temps d’y réfléchir !

A : Agir concrètement
Je vais reconnaitre les sentiments d’Antoine et partager ce que je fais dans une situation semblable. Je lui rappellerai qu’il es responsable de ses sentiments.

R : Revoir et corriger
Le jour suivant, je verrai comment aura évolué la situation. Si Antoine se sent toujours déçu, je clarifierai ses options et lui proposerai de l’aide : « Je vois que tu veux toujours être en colère. Si tu veux changer de sentiment, tu peux me demander des idées. »

Là encore, le chapitre présente 2 autres exemples, qui sont tout aussi intéressants.

Dans tous les cas, il est important de se rappeler l’étape de développement de l’enfant, de lui laisser la responsabilité de ses sentiments, et de modeler. Encore une fois, modeler ne signifie pas qu’on ne s’énerve jamais, mais on prend la responsabilité de ses émotions.
Il y a ainsi une différence forte entre « Vous me mettez en colère. Je ne peux pas réfléchir quand vous faites autant de bruit. » et « Je me sens en colère quand j’ai besoin de silence et que mes enfants sont en train de se chamailler. »… Vous la voyez ?

Mais le livre ne se termine pas là : s’il est important de voir gérer les émotions générées par certaines situations, il faut également faire face aux situations elles-mêmes !
Et pour cela, le dernier chapitre : compétence 4 – résoudre les problèmes.

Retour à l’article du livre.

Selon Isabelle Filliozat, dans Au coeur des émotions de l’enfant, cette question est « à éviter absolument ».

En lisant ça, je comprends mieux pourquoi certains parents trouvent que ce livre de l’enfant est difficile à lire. J’ai lu des commentaires disant que dans ses livres plus récents, Isabelle Filliozat adoptait des formulations moins culpabilisantes. En effet, on comprend que celle-ci puisse dérouter…
Nous avons tous un jour ou l’autre demandé à nos enfants « Pourquoi tu pleures ? ».
Alors lire que la question est « à éviter absolument » nous renvoie à notre échec. Et ce n’est probablement pas toujours facile à lire.

Heureusement pour moi, je ne me culpabilise pas facilement. Comme on a déjà parlé, je suis en paix avec l’idée que je ne suis pas parfaite, et j’aime apprendre pour m’améliorer.

Je continue donc ma lecture sans sourciller.

Eviter « Pourquoi tu pleures ? », disions-nous.
Pour 2 raisons.
D’abord parce que cette tournure est culpabilisante. (ah, tiens, justement…)
Je suppose que cela dépend du ton, mais je crois que je comprends ce qu’elle veut dire. Demander pourquoi peut sous-entendre qu’il n’y a pas de raison. Donc que, dans une certaine mesure, l’enfant a tort de ressentir l’envie de pleurer. Or nous savons que les sentiments sont valables par le simple fait qu’ils existent. Ils n’ont pas besoin de raison d’être. Bon.

Ensuite et surtout, parce que « Pourquoi » amènerait l’enfant dans une démarche de raisonnement, d’explication. Alors qu’au moment où il pleure, il est dans l’émotion. Et c’est bien ça qu’il veut d’abord nous faire entendre. L’auteure propose donc un « Que se passe-t-il ? » ou « Qu’est-ce que tu ressens ? », qui le renvoie à son vécu. Le temps des explications viendra ensuite.

Ca me fait penser à une discussion d’un de mes derniers ateliers.

Une maman, très appliquée, avait noté un épisode de dispute entre ses enfants.
Le petit frère arrive en criant :
« Mamaaan… Mon frère m’a tapé ! – Qu’est-ce que tu lui as fait ?  » répond la maman.

Bien sûr, il y a probablement une raison, bonne ou mauvaise (enfin, toujours mauvaise puisque ce n’est jamais une bonne façon de s’exprimer) pour laquelle le frère a tapé, mais recevons-nous le sentiment du garçon qui a été tapé en posant cette question ?
Avec le groupe, on a remplacé la réponse par « J’imagine que ça ne t’a pas plu ! »
Quand l’enfant aura été entendu, on pourra passer à la phase des explications !

L’idée est la même en fait : personne n’est vraiment capable de discuter et de régler les problèmes tant qu’il est envahi par son émotion ! Il faut d’abord savoir la recevoir, l’exprimer, et passer au dessus…

Qu’en pensez-vous ? Prêts à changer votre formulation ?

Retour vers l’article du livre

Quand on arrive au stade où nos sources se multiplient, on n’arrive plus toujours à bien savoir où on a d’abord lu ou entendu certaines idées.

Il est des principes qui font leur chemin chez nous, au point que ça nous devient évident, et c’est probablement une bonne nouvelle : la preuve que l’idée a réellement pénétré…

Ainsi, il est probable qu’on n’ait pas bien fait attention à une idée à la lecture d’un livre, mais qu’en la retrouvant dans un autre ouvrage, elle fasse écho. C’est ce que je ressens en lisant ce passage de Au coeur des émotions de l’enfant : 

« Porter un réel interêt aux sentiments et aux pensées d’un enfant l’aide à être lui-même. »

Une idée déjà soulevée plus tôt dans l’ouvrage, quand nous notions que l’enfant cherchait à dire JE. Mais également présente dans les ouvrages de Faber et Mazlish (Je pense en particulier au chapitre sur les sentiments de Parents épanouis, enfants épanouis).

Ici, Isabelle Filliozat détaille ce point.
Et, bien sûr, ce n’est qu’un tout petit extrait de ce livre, mais je le trouve tellement important à la relecture, que je décide qu’il vaut la peine d’être noté :
« Accompagner un enfant dans la conscience de lui-même, c’est tout d’abord l’écouter vraiment, sans le juger, sans le conseiller, sans tenter de le diriger, simplement en lui permettant de mettre des mots sur ce qu’il vit, en l’aidant à identifier, à accepter et à comprendre ce qui se passe en lui. »

Ainsi, le rôle du parent va être d’aider l’enfant à canaliser ses émotions, à les exprimer de manière adéquate. Et pour ça, il faut être capable (et c’est difficile !) de ne pas prendre les choses personnellement.

Un exemple : Un enfant qui nous tape en disant qu’il ne nous aime pas a besoin de nous. Si on l’envoie se calmer dans sa chambre, il se sentira abandonné. Il est en fait en train de chercher notre contact, allant jusqu’à mettre en jeu son amour pour nous. Il ne cherche pas à nous blesser ! Il est simplement envahi par son émotion et ne sait pas y faire face.
Si nous le pouvons, donnons-lui par notre attitude l’occasion de constater qu’on peut être envahi par une émotion, même forte, sans être détruit. Ca l’aidera à se construire et à y faire face seul en grandissant.

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